En cette journée mondiale de lutte contre le Sida, RTL reçoit la directrice générale de l'association Sidaction, Florence Thune. Nous sommes donc 40 ans après la découverte du VIH, avec lequel vivent 180.000 personnes en France. Environ 5.000 nouveaux cas sont détectés chaque année. C'est encore beaucoup. Est-ce que c'est une tendance stable, à la baisse, ou qui continue de progresser ?
Regardez L'invité de RTL Soir du 01 décembre 2023 avec Marion Calais et Vincent Parizot.
Regardez L'invité de RTL Soir du 01 décembre 2023 avec Marion Calais et Vincent Parizot.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL bonsoir.
00:05 Vincent Parizeau, Marion Calais, Isabelle Choquet.
00:07 Et notre invité événement ce soir en cette journée mondiale de lutte contre le sida, la directrice générale de l'association SIDAction.
00:15 Bonsoir Florence Thune.
00:17 Bonsoir.
00:17 Merci d'être avec nous dans ce studio. On est donc 40 ans après la découverte du VIH
00:23 avec lequel vivent aujourd'hui
00:26 180 000 personnes en France.
00:29 On comptabilise environ 5000 nouveaux cas chaque année.
00:32 C'est encore beaucoup.
00:34 C'est une tendance qui est à la hausse, qui est à la baisse, qui est stable ?
00:37 Alors ça avait un peu baissé en 2019.
00:40 Donc on était plutôt sur une pente descendante qui était où on était optimiste.
00:44 Ça s'est un peu arrêté avec la crise Covid.
00:47 Donc depuis 3-4 ans on reste sur ces 5000...
00:50 C'est un plateau.
00:51 Oui alors en tout cas on n'arrive pas à descendre.
00:53 Et aujourd'hui on sait pourtant qu'on a les moyens de faire descendre ce chiffre.
00:58 Mais voilà, on reste quand même sur ces 5000 découvertes de séropositivité chaque année depuis 3 ans.
01:02 Avec une inquiétude particulière sur la progression des contaminations chez les femmes.
01:06 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il y a un relâchement sur la protection et le port du préservatif ?
01:11 Alors on a une inquiétude de manière globale en termes d'âge par exemple
01:16 d'abord sur les personnes de plus de 50 ans.
01:18 Parce qu'on parle beaucoup des jeunes mais on voit aussi qu'il y a une progression de la part des personnes de plus de 50 ans
01:22 qui découvrent leur séropositivité.
01:24 22% il y a 15% de moins de 25 ans et 22% de plus de 50 ans.
01:27 Il y a environ un tiers de femmes qui découvrent effectivement leur séropositivité.
01:31 C'est une situation aussi où parmi ces femmes on a beaucoup de femmes en situation de grande précarité.
01:38 Notamment parfois des femmes qui arrivent de loin d'Afrique et qui sont en situation très difficile
01:44 et qui ne peuvent pas toujours utiliser le préservatif parce que la prévention quand on cherche où se loger
01:50 et c'est pas forcément la priorité.
01:52 Donc on est souvent là dans une difficulté d'accès aux moyens de prévention.
01:56 Et on sait qu'aujourd'hui on a d'autres moyens de prévention comme la PrEP
02:00 qui est un traitement préventif qui pourrait convenir aussi à ces femmes
02:04 qui ne peuvent pas forcément avoir accès au préservatif pour différentes raisons.
02:07 - Il faut prendre avant ou après ?
02:09 - Avant. Pour les femmes en plus c'est un traitement préventif en continue
02:13 qu'il faut prendre effectivement tous les jours.
02:15 C'est quelque chose qu'on peut prendre pendant deux mois, pendant trois mois, selon les moments de sa vie.
02:20 Et on essaye un peu de faire passer les messages comme
02:22 vous savez pour les femmes et les moyens de contraception, on a plusieurs moyens de contraception
02:26 qu'on choisit selon son envie, sa situation, etc.
02:29 Et on voudrait que pour la prévention ce soit la même chose,
02:32 que pour les jeunes ou moins jeunes on puisse choisir le préservatif, la PrEP, peu importe.
02:35 Mais qu'on choisisse son moyen de prévention et qu'on puisse éviter d'être contaminé.
02:39 - Alors il y a un élément particulièrement inquiétant qui est révélé par un sondage réalisé en partenariat avec l'IFOP
02:44 c'est le poids des idées reçues chez les jeunes.
02:47 Par exemple, un tiers des 15-24 ans pensent que le virus peut se transmettre par un baiser.
02:52 Un quart estiment même qu'il peut s'attraper en s'asseyant sur un siège de toilette publique.
02:57 Selon l'IFOP, depuis la création du sondage, donc en 2009, ça n'a jamais été aussi mauvais ces indicateurs.
03:03 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on ne parle pas du sida comme on devrait en parler ?
03:06 Qu'on ne fait pas le job ?
03:08 - On ne fait pas le job. On n'en parle pas suffisamment.
03:12 On n'a plus de campagne de prévention en dehors du 1er décembre.
03:17 Ce qui fait que moins on en parle, plus les idées fausses reviennent.
03:22 On oublie ce que sont les vrais modes de transmission, par le sang, le sperme et les séquelles vaginales.
03:29 Et on s'invente. On invente de nouveaux modes de transmission.
03:32 Et je pense que c'est vraiment lié à la peur fantasmatique qui reste vis-à-vis du sida,
03:38 où on imagine que ce virus peut être partout.
03:40 - La peur, justement, elle s'est exprimée, on s'en souvient, à la fin des années 80, au début des années 90,
03:45 la question du baiser. Il fallait une émission de télé, on se souvient, avec Clémentine Sellerier,
03:51 qui embrasse un séropositif pour que ce tabou saute.
03:54 Et on a l'impression que 25 ans après, il faut tout recommencer.
03:59 - On voit à quel point on aurait besoin de nombreux baisers, de nouveau.
04:03 Et de fait, on reste avec cette idée que le VIH peut se transmettre de manière récoutouchée.
04:10 Parce qu'on voit dans le sondage aussi, où à quel point les personnes n'imaginent même pas
04:15 que leur enfant puisse être gardé par une personne séropositive.
04:19 Ils seraient mal à l'aise s'ils apprenaient que leur enfant était gardé par une femme,
04:23 enfin une personne séropositive.
04:24 - Donc ça, ça veut dire des discriminations pour les séropositifs ?
04:27 - Bien sûr, c'est un impact direct. Là, on a des pourcentages, mais c'est un impact direct
04:30 sur la vie quotidienne des personnes vivant avec le VIH.
04:32 Ça empêche aussi les personnes d'aller vers le dépistage, parce que malgré les problèmes scientifiques
04:37 qui sont incroyables, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, quand on est sous traitement,
04:39 non seulement on reste en bonne santé, mais en plus on ne transmet plus le VIH.
04:42 Ça veut dire très concrètement qu'on peut avoir une relation sexuelle sans préservatif.
04:46 On est protégé par les traitements. Et ça, c'est une avancée formidable.
04:49 Mais les idées fausses persistent.
04:51 - Et vous-même, vous êtes séropositif, ce sont des choses, ces discriminations-là
04:55 que vous avez vécues, que vous continuez peut-être aujourd'hui encore de vivre ?
04:58 - Oui, je les ai vécues. Je les ai vécues paradoxalement dans le milieu où on s'y attend moins,
05:03 c'est-à-dire dans le milieu de la santé.
05:05 Voilà, avec un refus de soins par un dentiste, avec une anesthésiste qui m'a dit
05:13 que j'allais passer en dernier au bloc opératoire, vous comprenez, avec ce que vous avez.
05:16 Non, alors que ce n'était pas du tout le protocole.
05:19 Donc, c'est un souci, parce que ça peut éloigner aussi les gens du soin.
05:23 C'est-à-dire que parfois, si vous êtes reçu dans un établissement, on vous dit ça,
05:26 vous n'avez pas envie de revenir, donc vous n'avez pas accès à vos soins.
05:29 Donc, c'est un impact réel sur la vie des personnes.
05:31 - Alors, effectivement, il y a ce genre de discrimination, mais sinon, c'est quoi la vie d'un séropositif ?
05:36 Aujourd'hui, vous nous expliquez qu'effectivement, on peut avoir des relations sexuelles sans préservatifs,
05:40 qu'on ne transmet pas la maladie. Donc, c'est quoi ? C'est une prise de médicaments quotidienne ?
05:45 - Alors, c'est une prise de médicaments quotidienne, mais qui là aussi progresse,
05:49 puisqu'on a des personnes parfois qui prennent des médicaments 4 jours sur 7 uniquement.
05:53 Et on a un nouveau traitement qui permet d'avoir une injection tous les deux mois.
05:57 Donc, on progresse peu à peu vers une vie plus facile avec le VIH, hormis la question des discriminations.
06:03 On a un autre souci qui arrive aussi, c'est que les personnes, alors c'est une bonne nouvelle,
06:07 mais les personnes vieillissent avec le VIH, mais développent parfois des comorbidités
06:11 ou d'autres pathologies qui sont liées à la prise de traitements depuis très longtemps,
06:14 ou à la persistance malgré tout du VIH. Mais c'est important de rappeler qu'aujourd'hui,
06:19 on peut mener une vie normale. C'est-à-dire qu'on peut avoir des enfants sur le VIH depuis très longtemps,
06:23 sans risque de transmission. On peut avoir une vie amoureuse, on peut travailler et mener une vie normale.
06:29 C'est important de le rappeler pour que les gens osent aller se faire dépister et puissent se dire
06:33 "Si je suis séropositif, la vie ne va pas s'arrêter. Je vais être sous traitement et je vais continuer."
06:38 - Et toujours selon l'IFOP, il y a près d'un tiers des 15-24 ans qui pensent qu'il existe un vaccin
06:42 pour empêcher la transmission de la maladie. En fait, c'est toujours au stade de l'essai clinique pour l'instant,
06:47 notamment en France, c'est ça ?
06:50 - Oui, ce sont toujours des essais. Le VIH est un virus extrêmement complexe, avec des milliers de variants,
06:57 y compris chez une même personne. On n'arrive pas à trouver un vaccin qui soit valable contre tous ces virus
07:03 qui mutent énormément. Et on sait aussi que depuis la crise Covid, on a aussi un effet complotiste
07:08 qui augmente ce pourcentage. Parce que parfois, les jeunes ou les moins jeunes pensent qu'on a déjà le vaccin,
07:14 mais qu'on n'en parle pas. Or, on est vraiment dans cette situation-là aujourd'hui. Donc il n'y a pas de vaccin.
07:19 Les seuls vaccins qui restent, c'est le préservatif et la PrEP.
07:23 - Voilà, le préservatif, la PrEP, c'est le conseil finalement que vous donnez ce soir.
07:29 Merci beaucoup Florence Thune, directrice générale de l'association CidAction.
07:33 Merci d'avoir été avec nous dans RTL. Bonsoir.
07:36 Qui continue ?
07:37 - Exactement, qui continue avec, dans un instant, notre second invité, le second invité de RTL.
07:45 Bonsoir pour évoquer la situation à Gaza après une semaine de trêve.
07:49 - Et la directrice des opérations internationales à Médecins du Monde. À tout de suite.
07:53 RTL. Bonsoir.
07:55 [SILENCE]