• l’année dernière
Transcription
00:00 Comment allez les Corbini ? Bienvenue à La Réunion, sur mon île natale.
00:03 Je vous amène ici découvrir mon spectacle.
00:05 Et pif !
00:06 Ma montée à Zotte, le reste.
00:07 Où ça m'y sort, où ça m'a lavé, où ça m'a agrandi.
00:10 Et...
00:11 Où est-ce que j'ai failli mourir ?
00:13 C'est par là.
00:13 Lui, c'est Emmanuel Payet.
00:19 Vous le connaissez pour Radio Star, pour Budapest.
00:21 Il a fait la voix de Kung Fu Panda.
00:23 En 2017, il a fait son premier one-man show, Emmanuel.
00:25 - Tu vas bien ? - Bien et toi ?
00:26 - Ça va ? - Oui.
00:28 - Merci mille fois, monsieur. - Avec plaisir.
00:30 Et aujourd'hui, il fait un nouveau spectacle.
00:31 Ça s'appelle Emmanuel 2, où il se voit vieillir, où il apprend à être un père.
00:35 Je crie comme ça, après je culpabilise, évidemment.
00:38 Moi, j'y retourne en marche arrière.
00:39 Donc tu fais des boudins à papa, tu fais des boudins, pour pas s'énerver.
00:41 Du coup, nous, on est allés avec lui là où il a grandi,
00:44 pour la tournée de son nouveau spectacle.
00:45 À domicile !
00:47 C'est marrant, je ne sais pas si toutes les plages sentent cette odeur.
00:52 Mais je crois que si on me conduisait ici, les yeux bandés,
00:55 je pourrais dire que je suis là.
00:57 Tout de suite, j'ai 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 ans jusqu'à là.
01:05 Je négociais pour venir, mais ce n'était pas possible.
01:09 Parfois même, je faisais le mur.
01:10 Je disais que j'allais au cinéma ou je ne sais pas où,
01:12 et puis je me retrouvais là, comme un con à regarder l'heure,
01:15 à me dire "putain, il faut que je sois rentré avant la fin du film".
01:18 Je revenais en stop, c'était n'importe quoi.
01:20 Moi, on m'a toujours dit "Emmanuel, je te jure,
01:22 c'est pas possible, cet enfant, c'est pas possible.
01:26 Il faut toujours qu'il soit en train de dire...
01:28 C'est pas possible".
01:29 Je te jure, des fois, il se demandait si j'étais possédé.
01:33 Alors effectivement, on m'a toujours dit "ça suffit,
01:37 tais-toi, range ta chambre, sois à l'heure".
01:43 Je n'ai vraiment à peu près rien fait de tout ça,
01:46 et pourtant, j'ai le micro certains soirs, c'est moi qui l'ai.
01:53 La première fois que j'ai quitté La Réunion pour aller vivre ailleurs,
01:56 vraiment, c'était en 2000.
01:58 Je suis allé vivre à Paris.
01:59 Je trouvais ça grandiose, je trouvais ça...
02:02 Je trouvais tout le monde très occupé.
02:04 Je me suis dit "ah oui, en fait, il faut être comme ça,
02:05 il faut avoir les sourcils français,
02:10 faire des trucs, accomplir des choses".
02:12 Cette assurance que tu devais avoir,
02:14 c'est vraiment ce que j'ai trouvé,
02:15 c'est vraiment ce que j'ai trouvé.
02:17 Je me suis dit "je vais faire ça, je vais faire ça".
02:19 Accomplir des choses, quoi.
02:21 Cette assurance que tu devais avoir un peu à l'antenne,
02:23 "ouais, salut, c'est NRJ, tout va bien pour vous,
02:25 en tout cas, nous, tout est super et on contrôle absolument tout".
02:29 Alors qu'au fond de toi, tu ne contrôlais que dalle,
02:31 tu ne sais même pas où tu habites, mais littéralement.
02:34 À chaque fois, je prenais le métro dans l'autre sens.
02:36 Non, mais je me repère toujours très mal dans Paris, bizarrement.
02:38 C'est vrai.
02:39 En fait, moi, je me repère très, très bien quand je suis sur une île,
02:42 quand je suis entouré de la mer.
02:44 Là, je sais que, par exemple, le Nord, c'est là.
02:46 On va dans un lieu, on va déjeuner et tout,
02:48 apparemment, c'est dans une cuisine au feu de bois, etc.,
02:51 comme on aime, comme la tradition créole.
02:55 Alors, je te présente Mathieu.
03:14 Mathieu, bon man.
03:14 Notamment sur la mise en scène du spectacle.
03:16 Parce qu'on est arrivé à Paris, en même temps,
03:17 lui, il est arrivé de Saint-Etienne et moi, j'ai arrivé de La Réunion.
03:21 Presque dix ans à NRJ.
03:24 C'est pour ça que vous arrivez à rebondir l'un sur l'autre.
03:26 Exactement. Et là, c'est moi qui prends le relais.
03:28 Et là, j'envoie une jingle.
03:30 Oh là là, que c'est beau.
03:35 Ça, je peux vous dire, c'est un curry de volaille authentique.
03:40 Authentique et trop typique, cette saveur aromatique.
03:43 Et là, on y voit, dedans, on y trouve la pâte,
03:45 les abats avec le foie.
03:47 Le groupe abat.
03:48 You get it.
03:50 Et alors, ça, c'est vraiment la marmite créole,
03:52 parce que la marmite feu de bois,
03:55 et ça, ça reste au feu de bois.
03:57 Tu sens qu'en fait, elle est en train de gueuler un gars dans le passé
04:00 qui a déconné avec ses marmites.
04:02 Nous, on est pour rien dans cette affaire.
04:03 Mais c'est la marmite qui reste au feu de bois.
04:07 Voilà.
04:08 Notre parentalité, celle que moi, j'ai connue
04:12 et celle que j'ai transmise à mes enfants,
04:14 c'était d'abord quelque chose construit sur la peur.
04:18 On ne fonctionnait que à ça.
04:20 Autorité, punition, ou en tout cas, menace de la punition.
04:25 Bien sûr.
04:26 C'était le fouet pour les bœufs.
04:29 Il y a parmi nos parents des gars qui ont pris ça dans le...
04:32 Vous avez fait ça ?
04:33 Moi, je n'ai jamais pris ça.
04:35 J'ai pris le plus petit.
04:36 Non, je déconne.
04:38 Cette histoire qui a été celle de mes parents, mes aïeux, proches,
04:42 qui touche à la colonisation, qui touche à l'esclavage,
04:45 ça m'éclaire sur pourquoi, comment fait-il que mes parents
04:48 aient agi de telle ou de telle façon.
04:51 Je ne sais pas, je trouve que ça nous donne une légitimité,
04:54 notre génération à nous, et encore, nous, on est déjà les vieux,
04:57 mais les jeunes d'aujourd'hui, mais c'est des...
05:00 Réunionnais, c'est un pouvoir aujourd'hui.
05:03 C'est une force.
05:05 Porte la cuillère en haut, juste pour la caméra.
05:07 En fait, non, c'était pour moi la magie.
05:10 Notre cuisine, c'est un métissage.
05:11 Des gens qui sont venus du Pakistan, de Chine,
05:14 ainsi que des Européens qui arrivaient dans ce sens-là,
05:16 se sont souvent arrêtés chez nous, et certains ont élu domicile.
05:21 Et ensuite, tout le monde a baisé avec tout le monde,
05:23 et on est arrivés.
05:24 Là, ici, on est au gîte de Malmanie, dans les hauteurs de Saint-Joseph,
05:40 exactement, qui est une des villes où mon père a grandi.
05:43 Et ce soir, il n'y a que des copains qui sont là.
05:45 En fait, je ne les vois jamais.
05:46 Quand je les vois, c'est toujours après le spectacle, avant le spectacle.
05:49 Je les ai fait venir haut, loin, pour qu'on soit...
05:52 On passe un vrai moment ensemble, tu vois.
05:54 Mes amis, c'est ma deuxième famille.
05:55 J'ai quitté mon île, mais pas mes amis.
05:57 - Bonne estie ! - Merci, merci.
05:59 - C'est pas fini. - Merci.
06:01 - Il y a une petite signification dessus.
06:03 - C'est personnalisé, en fait.
06:05 - Ici, il y a l'océan.
06:06 Là, il y a la tortue et le drapeau à l'intérieur de la Réunion.
06:09 Ma femme, ma fille, ma sœur, ma mère.
06:12 - Chacun, chacune des gens ici connaît une partie.
06:15 - Ça va être évidemment le sexe.
06:16 - On jouait dans un bar le mercredi soir, qui s'appelait L'Élixir.
06:22 Et on joue, ce soir-là, ça se passe bien et tout.
06:24 Mes parents arrivent.
06:25 Je me dis "merde".
06:26 Et je dis au patron du bar, je dis à mes parents "trouve un truc".
06:30 "Et donne-moi un verre d'eau".
06:31 Il me donne un verre d'eau devant mes parents.
06:33 Il donne les deux bières à Fred.
06:35 Et il passe devant mes parents et il dit
06:37 "Fred boit énormément de bières.
06:39 C'est vraiment un gros consommateur de bières".
06:41 - Depuis, sa mère me dit...
06:42 - Oui, depuis, ma mère me dit "tiens, un verre d'alcoolique".
06:45 - C'est ça.
06:46 - Avec Manu Payet, vous nous rejoignez sur Les Chansons Réunion,
06:50 un moment franchement à part.
06:52 - L'histoire Manu. Manu de retour en famille.
06:56 Allez, c'est ça.
06:58 Alors c'est ça, il va le découvrir.
07:01 - On va le redire.
07:04 La dernière fois que j'ai fait une émission avec Fano, on voulait la raconter,
07:07 mais il y a eu un matin, je faisais NRJ
07:10 et Fano faisait NRJ et Chéri FM Réunion.
07:13 Et un jour, la journaliste qui s'appelle Léa était malade.
07:16 Elle m'a dit "Manu, est-ce que..."
07:17 Mais sans déconner, je te demande vraiment de ne pas déconner.
07:20 "Est-ce que tu peux venir faire les flashs sur Chéri FM Réunion ?"
07:24 Je dis "bah ouais, mais je te dis tout de suite, je ne suis pas sûr du résultat".
07:28 Il est 7h du matin, le flash Emmanuel Payet.
07:31 Et donc, il y a un jour, plus de 30 000 personnes ont été là.
07:37 Je ne sais même pas donner l'info.
07:38 - On a eu un fou rire.
07:40 - On a eu un fou rire.
07:41 Il y avait la musique qui passait.
07:43 *Musique*
07:48 Et on entendait tout le monde *Rire*
07:51 C'est un fou rire que je n'oublierai jamais de ma vie.
07:54 Je n'oublierai jamais.
07:56 - Il a le touch. Et ce touch-là,
07:58 tu vois, quelle que soit la situation, dans quel que soit l'endroit où il est,
08:01 il va toujours avoir des conneries à dire.
08:04 On va le faire, et ça c'est génial.
08:06 *Musique*
08:25 Les gars, là, on a un programme sucré-salé.
08:28 On va s'arrêter deux secondes là, chez nos amis "Y vous la grillée"
08:31 pour prendre des sarsives.
08:32 - Salut, ça va ?
08:34 *Musique*
08:38 Les sarsives, man, c'est ta nouvelle obsession.
08:40 C'est du porc laqué, man.
08:41 Fait en grillade, cuit à l'étouffée.
08:43 Et ça se tape comme ça, là.
08:45 En apéro avec des petits cure-dents.
08:47 *Musique*
08:48 Tu vas à la plage, il y a des camions-barres,
08:51 ils font tous des sarsives.
08:52 C'est comme aujourd'hui, on met du gel quand on arrive quelque part, tu vois.
08:55 Quand on arrive à la plage, on tape une barquette de sarsives.
08:57 Et la journée, elle pouvait démarrer.
08:59 Bon, on va à Saint-Gilles ?
09:01 *Musique*
09:09 Tu vois, là on arrive au théâtre de Saint-Gilles.
09:12 Tiens, regarde, regarde l'affiche.
09:14 Regarde, c'est pas beau ça.
09:16 C'est beau, hein ?
09:18 Toute mon enfance, j'ai vu la tête de tout le monde là-dessus.
09:22 Tout le monde.
09:24 - Tu t'aurais cru hier ? - Mais jamais !
09:26 *Silence*
09:29 Jamais !
09:30 - T'aurais eu envie, hier ? - Mais je sais même pas, tu vois.
09:33 Je sais même pas si j'aurais eu envie.
09:35 J'aurais pas osé.
09:37 J'aurais dit, mais qui je suis, moi, pour mériter d'être là ?
09:41 C'est les grands, là.
09:43 Déjà que j'ai deux places, estime-toi heureux.
09:47 *Rire*
09:48 *Musique*
09:53 Je pensais que le stress serait passé parce qu'on l'a déjà fait un soir hier
09:56 et en fait, ça revient, quoi.
09:58 Et puis, tu vois, je suis toujours en train de parler à des amis d'enfance qui sont là.
10:02 "Mais Manu, il faut qu'on...
10:04 ça serait trop cool qu'on se voit jouer, on se retrouve après, machin."
10:08 Je me dis, mais ils s'en foutent de parler de l'après.
10:11 Y a pas d'après.
10:13 Il faut faire ça, là, d'abord.
10:15 Mais ils sont pas dans ce délire-là, ils ont rien à faire.
10:18 Et ça, c'est que moi.
10:20 C'est en ça que je me dis que "One Man Show", ça porte bien son nom, c'est que...
10:24 y a vraiment un moment où t'es tout seul, quoi.
10:27 -Comment tu vas gérer cette solitude ?
10:29 -Bah en fait, j'en ai un peu l'habitude, je la connais.
10:32 Je la connais bien, moi, cette solitude.
10:34 Parce que je suis quand même tout seul, un peu, dans ma tête, aussi,
10:36 même si t'as l'impression qu'on est plusieurs.
10:39 C'est impossible pour moi, j'aimerais trop dire...
10:42 Alors tu dis que demain matin, à 9h15, tout le monde se pointe sur le truc,
10:45 je veux aussi la liste des trucs, et puis...
10:47 Ah oui, les gars, au fait, je compte sur vous, hein, le 24...
10:51 Enfin, je n'arrive pas à me projeter plus que dans...
10:54 Tu vois ? C'est impossible, quoi.
10:56 -T'as mère, là, aujourd'hui ?
10:58 -Ouais, voilà, ouais, tu vois, exactement.
11:00 -T'as une autre sœur.
11:03 -Exactement, tu vois.
11:05 Tu te dis "Mec, kiffe, putain, kiffe, t'y es, là !
11:10 Kiffe !"
11:12 Là, c'est bon, ça y est, Manu, tu la refais,
11:15 c'est pas ton premier théâtre de Saint-Gilles...
11:18 Mais je sais pas, il y a toujours un truc...
11:21 Qu'est-ce que ça aurait été si j'avais toujours mon père et qu'il serait là ?
11:26 -Au revoir, Saint-Gilles !
11:39 -Au revoir, Saint-Gilles !
11:41 -Saint-Gilles, là, le nom de...
11:45 J'étais juré de pas devenir mes parents.
11:47 Alors j'ai choisi l'école des génies, je l'ai mis chez Montessori.
11:50 Montessori, c'est une école qui va t'expliquer, quand t'auras payé,
11:53 que l'enfant d'aujourd'hui peut dormir où il veut dans la maison,
11:56 tant qu'il dort, c'est bon.
11:58 J'aimerais trop que mon père soit encore en vie, aujourd'hui,
12:01 juste pour voir sa gueule, si on lui expliquait que les enfants,
12:04 maintenant, ils ont le droit de dormir sous la table de la cuisine, c'est OK.
12:07 Juste pour voir sa gueule et écouter sa réaction.
12:10 -Eh ben, on va à nouveau utiliser la violence.
12:13 -Merci, Fadjou !
12:24 -Tu fais quoi, là ?
12:30 -Ah ouais, c'est puissant.
12:32 -Moi, stress quillage, j'ai vu, et tout.
12:34 -Non, mais là, je suis arrivé en rocking, j'étais comme ça, sur un truc, tu vois.
12:37 C'est comme dans un bobsleigh, tu vois.
12:40 Et des fois, il fallait pas que ça fasse...
12:42 Je sais pas, j'arrive pas à expliquer, mais c'était puissant, quoi.
12:46 On y va, les gars, ou vous attendez que je pleure ?
12:52 -Ca me mignonne ! Ca me mignonne !
12:56 (Générique)

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