• l’année dernière
Transcription
00:00 Imaginez-vous en plein milieu d'une fête de lycéens.
00:02 C'est ce que sont en train de vivre ces personnes équipées de masques de réalité virtuelle.
00:06 Cette expérience tirée d'une création théâtrale
00:10 interroge les masques sociaux que l'on se crée à l'adolescence.
00:13 Le but, susciter de l'empathie et aider à appréhender les mutations
00:16 que l'on vit tous à cette période.
00:17 Avant de juger sur la superficialité des ados en raison du monde numérique
00:21 dans lequel ils sont, en réalité, tout ce qu'ils utilisent
00:25 nous raconte les mêmes crises existentielles que nous on a pu traverser.
00:28 C'est aussi pour avoir un regard un peu plus bienveillant sur cet âge-là.
00:30 Le projet transmedia "Crarie or not" est à la croisée du théâtre et des arts numériques.
00:36 Le récit virtuel, ce qu'il se passe sur les réseaux sociaux,
00:38 se mêle au réel, les émotions ressenties par les adolescents.
00:41 "Crarie", c'est faire genre, frimer.
00:44 Et c'est "Crarie or not", évidemment, il y a un écho avec Hamlet, "être ou ne pas être",
00:48 c'était aussi cette référence, est-ce que j'existe ou est-ce que j'existe pas ?
00:51 Est-ce que je fais de la frime ou est-ce que j'en fais pas ?
00:53 Ce qui m'intéressait en particulier, c'est la dichotomie qu'il y a
00:57 entre ce qu'on doit montrer de soi pour exister dans ce monde
01:00 et ce qu'on éprouve à un âge particulier où on teste pour la première fois des masques sociaux.
01:05 Le fil rouge de la création, ce sont 10 jeunes de 16 ans.
01:08 On suit leur vie à travers 3 installations de théâtre augmenté.
01:12 Une web-série où l'on voit leur quotidien sur les réseaux sociaux,
01:15 via des comptes Instagram fictifs.
01:16 - On va faire 20 millions de likes, mec. - Tu vas faire 50 likes.
01:19 Un spectacle et une expérience de réalité virtuelle qui est au cœur du projet.
01:23 Bienvenue dans une soirée d'adolescents comme si vous y étiez.
01:26 C'est très excessif tout ça.
01:27 Une fête c'est aussi un autre endroit de représentation sociale.
01:30 C'est aussi un endroit où on doit montrer que tout va bien.
01:32 Musique, jeu de la bouteille, rire, discussion, danse,
01:35 tout est fait pour vous mettre dans l'ambiance.
01:38 L'expérience se passe aussi dans l'espace puisque les spectateurs
01:40 sont amenés à se déplacer grâce à l'aide des performeurs.
01:43 Qu'est-ce que je fais là ?
01:45 Chaque casque permet de vivre la soirée selon le point de vue d'un jeune.
01:48 On peut se retrouver dans des films qui vont aborder des questions aussi centrales
01:52 pour les jeunes, que ce soit le harcèlement, l'objectivation,
01:56 la question de l'homosexualité aussi est abordée.
01:58 Plusieurs thématiques sont abordées, mais d'un point de vue de l'intériorité du personnage.
02:02 Donc forcément, comment on le vit, comment on le subit,
02:05 particulièrement quand on est ado, mais c'est aussi quelque chose qu'on vit après.
02:08 On a l'impression que c'est l'autre qui agit.
02:09 Donc c'est aussi ça que je peux travailler sur la réalité virtuelle.
02:12 Le projet a un but éducatif.
02:14 Des sessions sont organisées avec des lycées partenaires.
02:16 Parmi les installations, les élèves peuvent choisir le personnage qui leur correspond
02:20 en répondant à un QCM, comme dans les magazines féminins,
02:23 sauf qu'ici, les réponses sont de courts extraits de littérature.
02:25 Une qualité qui pourrait vous caractériser ?
02:27 À cette question, on peut répondre avec du Marguerite Duras ou du William Shakespeare.
02:31 Ils peuvent alors s'approprier des textes qui font écho à ce qu'ils traversent.
02:35 Le corps est l'autre volet éducatif du projet.
02:37 Dans l'un des casques, on se met dans la peau d'une jeune fille objectifiée.
02:40 Elle est scrutée, harcelée par d'autres personnes du groupe.
02:43 L'expérience peut même provoquer un certain malaise
02:45 chez celui ou celle qui se trouve en dessous.
02:47 On ne va pas mettre de jeunes filles qui vivent ça sous ce casque.
02:51 Par contre, on va mettre des garçons sous ce casque,
02:52 qui vont vivre cette expérience et qui vont comprendre qu'est-ce que c'est.
02:56 Il n'y a aucun mot violent de la part des personnages autres qu'on traverse,
03:00 mais c'est violent.
03:01 L'addition fait qu'on se sent oppressé par le regard des autres.
03:05 Le but est donc de les amener à ressentir des émotions
03:07 qu'ils n'ont pas l'habitude d'éprouver.
03:09 Le déplacement de son propre corps dans la pensée de quelqu'un d'autre
03:12 ou dans l'expérience de quelqu'un d'autre,
03:14 parce que ce qui est intéressant dans le dispositif VR,
03:16 c'est qu'ils peuvent faire différents personnages
03:18 et donc avoir les questions-réponses, les différents points de vue.
03:21 Et donc, ça crée des débats sur la question de l'empathie.
03:24 [Musique]

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