• l’année dernière
Félix Auger-Aliassime a souffert mais aussi beaucoup appris cette saison. Bien lancé en début d'année, le Canadien, 6e mondial en janvier, a été freiné dans son élan par une blessure au genou en février. Un défi pour un jeune joueur qui n'avait jamais été confronté à la blessure auparavant. Gêné pendant de longs mois, "FAA" a traîné sa peine sur le court jusqu'en octobre dernier où, libéré physiquement, il a pu vaincre son premier Top 10 de l'année, Holger Rune, et s'adjuger le titre à Bâle.

Pour son entraîneur, Frédéric Fontang, cette année 2023 aux côtés de son protégé a également été un challenge. Coach du Canadien depuis décembre 2016, l'ancien 59e mondial reste, comme à son habitude, serein et très ambitieux pour "FAA. Dans un entretien avec Tennis Actu, l'ancien coach de Caroline Garcia et Vasek Pospisil a dressé le bilan de la saison de Félix, désormais 29e mondial, et a évoqué les objectifs pour 2024, notamment les Jeux Olympiques de Paris.

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Transcription
00:00 Il a gagné 5 titres jusqu'à présent.
00:06 Il commence à avoir un ratio bien positif sur les finales dans les tournois, alors qu'au
00:11 début de sa carrière, il a vraiment progressé par rapport à ce ratio de victoire en finale
00:18 de tournois.
00:19 D'être numéro 1 mondial, c'est gagner 54% des points dans une saison.
00:28 Et quand il était 6ème, c'est 52,5%.
00:32 Donc il y a 1,5% de points à aller chercher.
00:36 Ce qui est intéressant pour un entraîneur et toute l'équipe autour de l'athlète,
00:41 notamment Félix, c'est de se demander sur quoi on va agir pour aller gagner ces petits
00:48 pourcentages qui restent.
00:49 Comme ça a été pour la Coupe Davis, Félix est très attaché aux Jeux Olympiques, à
00:59 son pays, le Canada.
01:00 Les Jeux Olympiques, pour Félix, c'est très important.
01:06 Il est dans le calendrier.
01:08 On va le préparer comme un tournoi majeur.
01:10 Moi, quand je joue, chaque point que je gagne, je joue, je marque un point.
01:16 Et à chacun de ces points, il y a de l'argent qui va des points du match pour vous ici.
01:22 C'est comme ça que ça fonctionne.
01:24 Comment va le coach de Félix Ogéadiasim après une saison 2023 à la fois compliquée et
01:33 on l'imagine aussi éprouvante ?
01:34 Oui, c'est sûr, ça peut être la même que 2022.
01:40 Pour plusieurs raisons, notamment, Félix a été embêté par une blessure au genou
01:49 pendant pas mal de mois, qui a évidemment perturbé son programme de compétition.
01:54 Mais finalement, ce qu'on veut retenir, c'est une bonne note positive en fin d'année,
02:03 où il a retrouvé son niveau de jeu et avec une victoire au tournoi de balle.
02:09 C'était important de bien finir l'année.
02:13 Alors justement, vous l'avez dit, la saison fait 23 victoires et 19 défaites sur le circuit ATP,
02:19 si je ne me trompe pas, avec un énorme trou d'air entre mars et fin mars,
02:24 au moment de Miami, après Miami et la mi-octobre.
02:30 Comment on explique ces difficultés à 100% physique ?
02:34 On a entendu justement parler de problèmes, notamment à l'épaule.
02:37 Vous nous parlez du genou, c'est le physique qui n'a pas tenu sur cette séquence ?
02:42 Oui, on s'est retrouvé avec une blessure au genou qui est apparue au tournoi de Dubaï en février.
02:54 Il a réussi à gérer à Indian Wells où il a fait quart de finale sur Alcaraz.
02:59 Et puis là, il avait trop de douleurs au tournoi de Miami.
03:04 Il s'est fait traiter, il a vu son équipe médicale.
03:06 On a identifié le problème.
03:09 Il n'a pas joué de compétition pendant presque six semaines.
03:13 Il a repris la compétition au tournoi de Madrid.
03:17 Mais finalement, la douleur, la cicatrisation n'a pas été complète.
03:26 On a eu du mal à gérer la cicatrisation, la blessure, le retour à la compétition.
03:32 On est resté dans un "no man's land" trop longtemps.
03:38 Dans le fait de jouer, pas jouer, peu jouer, perdre, s'entraîner, pas s'entraîner.
03:44 Ça a duré jusqu'à l'été.
03:47 En sachant que ça rentrait dans trop de détails.
03:51 C'est une blessure qui est compliquée à gérer.
03:56 Notamment par l'aspect médical, mais aussi par rapport au fait de
04:03 lorsqu'on joue peu, lorsqu'on perd, le joueur a moins de repères,
04:08 perd confiance et rentre dans une spirale qui n'est pas évidente pour en sortir.
04:13 Pourquoi avoir continué à jouer après les six semaines de repos ?
04:19 Est-ce que c'était le fait d'être dans l'inconnu qui n'a pas permis de choisir la meilleure option ?
04:25 Ou comment ça s'est passé, le choix de continuer à jouer malgré les douleurs ?
04:31 C'est une blessure qui, malgré tout, demande un repos,
04:39 qui ne règle pas forcément le problème.
04:41 C'est le genre de blessure où il faut continuer à faire de la préparation physique,
04:45 à jouer en tournoi pour que la cicatrisation se fasse.
04:49 C'était cet aspect qui était vraiment compliqué à gérer.
04:54 On s'est bien entouré au niveau médical, mais c'est parfois pas une science exacte.
05:03 On a navigué dans ces eaux troubles, on a quand même, entre temps,
05:12 essayé des choses qui ont fonctionné, qui n'ont pas fonctionné.
05:16 Au final, Félix a trouvé les rôles.
05:22 Ce qui est compliqué dans ce genre de situation, c'est qu'il faut apprendre.
05:28 C'était la première fois qu'il devait apprendre à jouer sans être à 100% physiquement.
05:33 Et ça, c'était pas facile.
05:36 A jouer, à s'entraîner, à compétitionner sans être à 100% physiquement,
05:40 à avoir des bonnes sensations.
05:42 Et pour un athlète, on sait qu'il est très proche de son corps.
05:45 Et dès qu'on a une douleur quelque part, ça vient modifier la perception,
05:51 le jeu, la confiance.
05:53 Je dirais que Félix a mis un certain temps à intégrer, à absorber
06:00 cette expérience qui était nouvelle pour lui.
06:03 Et il a réussi à être plus fort en fin d'année.
06:09 Est-ce que ce souci au genou, c'est la conséquence des 87 matchs de 2022 ?
06:14 Est-ce que le staff médical a pu faire un lien entre ces éléments ou pas ?
06:21 Non, c'est difficile de savoir exactement les causes et conséquences.
06:29 Bien sûr que Félix est jeune.
06:34 Les saisons de tennis sont très longues.
06:37 Tous les joueurs le savent.
06:40 Après, c'est la responsabilité de l'entraîneur, de l'équipe autour de Félix
06:45 et de Félix lui-même de gérer au mieux avec le calendrier, les obligations.
06:53 Parce que le problème se pose aussi à l'inverse.
06:57 Quand on joue très peu, à part pour des joueurs très expérimentés
07:01 comme Djokovic, Nadal ou Federer, qui a très bien pu faire ça dans sa carrière,
07:07 c'est de jouer les gros tournois, quelques tournois de préparation
07:10 et se reposer, s'entraîner.
07:12 Donc de tourner autour de 16-18 tournois.
07:15 On a vu que pour des jeunes joueurs et pour des joueurs comme Félix,
07:20 quand on diminue le nombre de tournois, il faut quand même avoir certains repères,
07:27 gagner, avoir la victoire pour pouvoir enchaîner les matchs.
07:30 C'est une alchimie qui n'est pas facile.
07:33 En Coupe d'Éviste, il était présent, pas de match.
07:39 C'était de la fatigue accumulée ?
07:44 Non, tout simplement, on avait pris la décision de prendre le temps,
07:52 parce que c'est quand même le temps nécessaire pour donner toutes les chances
07:57 à sa blessure de guérir et de reprendre le temps.
08:04 Quand on est coach, après une saison comme ça, un petit peu tronqué,
08:10 est-ce qu'on arrive à faire un bilan de la saison de son joueur ?
08:16 C'est nécessaire.
08:19 Dans la tempête, en période de beau temps, de succès,
08:25 il est important de faire un bilan, d'essayer d'apprendre des leçons
08:31 de toutes les expériences.
08:34 Comme ça, on en revient à…
08:37 C'est vrai qu'aujourd'hui, au niveau du jeu, j'entends des statistiques.
08:43 On a des éléments très intéressants pour pouvoir analyser les choses.
08:49 Après, chacun peut prendre sa responsabilité.
08:54 Dans les grandes lignes, très bonne saison, moins bonne saison,
09:00 notamment en 2023, très bonne saison en 2022,
09:03 Félix n'a fait que progresser au classement.
09:08 C'est la première année où il fait moins bien en fin d'année au classement.
09:14 Bien évidemment, l'important, c'est que chacun prenne ses responsabilités,
09:21 en ayant fait une synthèse.
09:23 Mais le plus important, c'est d'avoir des directions claires,
09:27 d'être dans l'action de ce qu'on va mettre en place pour apprendre de ces leçons,
09:32 en sachant que parfois, on est aussi obligé d'accepter les choses telles qu'elles sont.
09:41 On ne peut pas dire d'être fataliste, mais parfois, il y a des choses qui ne sont pas sous notre contrôle.
09:46 Donc, c'est être capable de faire la part des choses par rapport à ça,
09:49 mais de très vite, en équipe, autour de l'athlète de Félix,
09:53 et Félix, par rapport à sa partie personnelle,
09:57 d'avoir toujours l'énergie dirigée vers quelles sont les directions
10:03 et les actions qui vont être alignées à ses objectifs.
10:06 Est-ce que, quand on est un coach et qu'on est protégé,
10:11 il est comme ça dans le dur, donc là, il y a eu le souci physique principalement,
10:15 est-ce qu'on doute aussi en tant que coach ?
10:19 De toute façon, en tant que coach, je ne dirais pas que…
10:25 je dirais qu'on est toujours en perspective, en recherche.
10:30 Le mot « doute » n'est pas approprié à mon goût,
10:34 parce qu'on est toujours en perpétuelle recherche d'amélioration.
10:39 Ça, c'est le travail du coach, de l'équipe,
10:43 parce que la base de la compétition, de toute façon, il faut être fort,
10:49 puisque c'est un système de compétition,
10:52 tout le monde veut progresser, être meilleur, être plus fort.
10:55 Donc, quel est le moment principal pour être plus fort ?
10:58 C'est être stimulé.
10:59 Si on est stimulé de la même façon, on va stagner.
11:03 Donc, il faut stimuler un peu plus fort à chaque fois,
11:07 ou de façon différente, que ce soit en tennis, en préparation physique,
11:11 au niveau mental, ça, c'est la base.
11:14 On avait été surpris en Levercup,
11:19 qu'il y avait une petite brouille entre Gaël et Félix.
11:22 C'est anecdotique, puisqu'après, il y avait eu des explications.
11:27 Mais est-ce que ça traduisait aussi un mal-être de Félix sur cette période,
11:32 cette nervosité qu'on ne connaissait pas,
11:34 parce que lui, justement, ne connaissait pas encore cette situation
11:37 avec son genou qui grinçait ?
11:39 Non, c'est sûr que, de toute façon, Félix est un athlète,
11:44 est un joueur de tennis, c'est quelqu'un de fort,
11:47 parce que pour faire de la compétition à très haut niveau,
11:50 c'est quelqu'un de très fort mentalement.
11:52 Et c'est sûr qu'il a vécu cette année une expérience nouvelle,
11:57 c'est d'être confronté à une blessure qui est plus difficile à gérer
12:01 que celle qu'il avait eue auparavant dans sa jeune carrière.
12:05 Donc forcément, il a gagné moins de matchs,
12:08 il gagne moins de matchs, donc on est moins en confiance.
12:12 Et donc la Lever Cup, comme les années auparavant,
12:16 l'approche qui est faite dans son équipe, du moins,
12:20 mais je pense que de l'autre côté de l'Europe aussi,
12:24 c'est de gagner.
12:25 C'est-à-dire que ces joueurs, même, entre guillemets,
12:28 c'est le label qu'on met, mais bon, la Lever Cup,
12:30 il n'y a pas de point ATP, mais comme la Coupe d'Élysée d'ailleurs,
12:34 mais pour Félix et les joueurs de l'équipe,
12:37 même s'il y a un aspect décontracté parce qu'il y a plus d'échanges
12:40 entre les joueurs, les médias voient quelques images
12:43 un peu différentes de ce qu'ils ont l'habitude de voir
12:45 dans d'autres compétitions, mais l'objectif de chaque joueur
12:49 est de gagner son match et de l'équipe de gagner.
12:51 Donc Félix, lui, il est rentré à la Lever Cup
12:54 comme il est rentré les années d'avant et comme il rentre
12:56 dans beaucoup de tournois pour gagner son match.
12:59 Donc après, c'est sûr que peut-être il y avait un décalage
13:02 par rapport à ce qu'il a… mais ça, c'est son droit.
13:05 C'est à respecter totalement.
13:08 Il était peut-être venu, lui, dans sa façon à lui,
13:11 sur une exhibition, donc il y a eu un peu une interaction,
13:14 mais après, ils se sont expliqués de façon saine.
13:19 Mais par rapport à mon explication, par rapport à comment Félix
13:24 aborde un match et d'autant plus comme il avait cette recherche
13:29 d'une victoire est une victoire pour la confiance,
13:32 pour la fin de saison, ça rentrait dans le calendrier de Félix.
13:35 Une victoire, c'est une victoire.
13:37 Et d'ailleurs, derrière, il a enclenché d'autres victoires
13:40 à Tokyo, puis à Balle.
13:42 Ça faisait partie d'une… on essaie de gagner des matchs
13:46 pour reprendre de la confiance.
13:47 Quand il peut y avoir des accrochages comme ça
13:50 avec Félix et son adversaire.
13:54 Est-ce que vous, vous avez un rôle ?
13:55 Est-ce que vous, après le match, vous revenez un peu
13:58 sur la situation avec lui pour faire un petit débrief ?
14:02 Peut-être lui dire « tu n'aurais pas dû réagir comme ça »
14:04 ou alors essayer de le comprendre ?
14:06 Ou alors vous balayez ce genre de séquence ?
14:10 Là, notamment, je n'étais pas avec lui sur la Lever Cup,
14:12 parce que là, c'est un contexte d'équipe où le coach individuel
14:17 a très peu de place.
14:18 Donc là, je n'étais pas présent avec lui.
14:20 Mais après, s'il y a un accrochage comme ça,
14:24 ou si je suis présent, bien évidemment, on en discute.
14:27 Et on a discuté de ça, mais ça fait partie…
14:30 Voilà, ça fait partie… Dans ce cas précis,
14:33 il n'y avait rien de très important, rien de méchant.
14:36 Donc de toute façon, voilà, Félix…
14:38 Ce qui est important, je trouve, moi, en tant qu'entraîneur
14:41 et entre guillemets, on est toujours un peu un éducateur.
14:45 L'entraîneur, c'est aussi ce rôle-là.
14:49 On va donner notre feed-back sur un sujet,
14:52 mais de toute façon, à un moment donné,
14:54 c'est d'être clair, de défendre sa position
14:59 de façon normale, ni trop agressive, ni trop passive.
15:06 Mais d'être un homme sur le terrain.
15:09 Et Félix, voilà, s'est bien comporté.
15:13 Comme tu l'avais dit, ensuite, il y a eu ce titre à balles,
15:17 qui a été quand même, j'imagine, presque salvateur.
15:21 Ça a dû faire beaucoup de bien au moral.
15:23 Et ensuite, deux beaux matchs à Bercy.
15:26 Quelle a été la clé pour que Félix rebondisse ?
15:29 Est-ce qu'enfin, il s'est senti un peu plus libre physiquement ?
15:32 Ou justement, il appréhende mieux, il gérait mieux peut-être la douleur au genou ?
15:37 Oui, oui, c'est ça. C'est un ensemble d'éléments.
15:41 C'est-à-dire qu'avec le temps, il y a quand même la cicatrisation,
15:47 aller dans le bon sens.
15:50 Son expérience de gestion de la douleur,
15:54 d'être capable de trouver le chemin de la victoire
15:57 avec les éléments du moment, qu'ils soient techniques, tactiques, physiques ou mentales.
16:01 Puisque c'est ça la direction principale.
16:04 Et c'est ce qui fait la différence entre les tout meilleurs.
16:08 Des joueurs comme Djokovic, il y a des jours,
16:11 je me souviens encore de cette demi-finale au Wimbledon,
16:13 où il était un peu malade sur Chapovalov.
16:15 Mais il a réussi à s'adapter, à trouver les moyens.
16:18 Et puis après, hop, deux jours après, ça va mieux.
16:20 Ou en Australie aussi, lorsqu'il avait sa blessure aux adducteurs.
16:24 Donc Félix, il a progressé dans cette gestion.
16:29 C'était nouveau pour lui, parce qu'il a jamais été embêté
16:34 par des grosses blessures ou des blessures très handicapantes.
16:38 Donc voilà, c'était nouveau.
16:40 Et je dirais aussi même autour de lui, autour de son équipe,
16:43 même moi en tant qu'entraîneur, c'est pas nouveau,
16:45 parce que j'ai eu d'autres joueurs qui ont eu des blessures, etc.
16:49 Mais en termes de gestion d'équipe avec Félix, c'était une nouvelle expérience.
16:54 Donc tout le monde autour de lui en a tiré des leçons,
16:59 que ce soit dans la manière d'aborder le calendrier de la compétition,
17:03 la préparation physique, l'entraînement tennis, la communication d'équipe.
17:09 Et puis Félix, lui en tant que personne, en tant qu'athlète,
17:12 c'est une partie, je pense, importante que tout athlète rencontre dans sa carrière.
17:18 Et ça, Félix en ressort plus fort.
17:23 Est-ce que Tony Nadal joue encore un rôle auprès de l'équipe de Félix ?
17:32 Tout à fait, même s'il a été moins présent sur la deuxième partie,
17:35 c'est-à-dire qu'il était avec nous, comme d'habitude, sur les Grands Chelèmes.
17:38 Mais à partir du moment où il y avait cette…
17:41 Par exemple à Wimbledon, Félix n'a pas pu jouer les tournois de préparation.
17:46 Il a été à Wimbledon, sur le fil.
17:50 Et pareil, un peu pour le West Open,
17:52 Tony est toujours présent à nos côtés en tant que consultant
17:56 et en présence sur les gros tournois, sur les tournois du Grand Chelèmes.
17:59 Donc il sera avec nous l'année prochaine dans la même configuration.
18:03 Et dans son rôle, il nous apporte des choses très positives.
18:09 Et ce qui est intéressant, je dirais,
18:13 parce que bien sûr une carrière de joueur est longue,
18:17 et il y a cette perspective.
18:19 Aujourd'hui, on sait que la carrière s'arrête plus après 35 ans
18:24 qu'avant 30 ans, comme dans les années 90.
18:27 Donc il faut à la fois garder cette perspective sur la durée,
18:32 de construire un édifice avec des bonnes fondations, des piliers solides.
18:37 Et puis après, de faire des ajustements dans l'équipe,
18:41 parce que c'est toujours un peu une question qui revient,
18:45 de dire "Tiens, quand un joueur ne gagne pas,
18:47 est-ce qu'il doit changer son entraîneur ? Est-ce qu'il doit changer son staff ?"
18:50 C'est des choses récurrentes, je dirais, dans le sport de haut niveau.
18:55 Le tennis n'échappe pas à sa règle, mais on peut aussi se poser la question,
19:00 mais on n'a jamais la réponse, c'est de dire "Tiens".
19:03 Après, je dirais que c'est des philosophies.
19:05 Il y a des joueurs, ou des sportifs, ou dans certaines organisations,
19:08 où on est focus sur le fait d'avoir une stabilité,
19:14 de donner la chance aux personnes d'évoluer, de progresser,
19:19 parce qu'au bout d'un certain temps, il y a quand même une plus-value
19:23 qui se crée quand on est patient, dans la difficulté,
19:26 et qu'on surmonte des épreuves, mais une plus-value qui est réelle,
19:31 et qui peut aussi faire la différence à un moment donné,
19:33 plutôt que de changer, de faire des changements infusibles
19:39 pour l'entraîneur, pour le préparateur physique,
19:41 ou pour la préparation mentale, ou pour tout ce qui entoure un athlète de haut niveau.
19:46 Il y a deux systèmes.
19:50 Mais ce qui est sûr, de toute façon, c'est qu'on est dans un sport,
19:54 un business de résultats, et l'indicateur principal,
19:59 à un moment donné, il faut gagner.
20:02 Oui. Après, ce qui est aussi intéressant, c'est que vous avez un lien.
20:05 Vous êtes proche de Félix, donc j'imagine que même dans les séquences négatives,
20:10 vous ne vous dites pas que le lien va être rompu,
20:14 ou que même vous, en tant que coach, vous êtes en danger.
20:16 Oui, de toute façon, si ce métier-là, on ne le ferait pas si on était dans le fait d'avoir peur.
20:22 Parce qu'il y a toujours deux grandes forces qui s'affrontent,
20:25 quels qu'elles soient, dans la vie, sur le cours, sur un terrain de sport,
20:29 c'est l'envie de gagner ou la peur de perdre.
20:33 Au plus simple, c'est ces deux grands forces qui s'affrontent.
20:36 Et moi, de façon personnelle, il ne peut pas y avoir que du 100%,
20:41 mais on est plus dans l'envie de gagner, l'envie de bien faire,
20:44 l'envie de trouver des solutions.
20:46 Et c'est le cas, évidemment, en tant que coach,
20:48 on ne fait pas les choses pour avoir peur de perdre son rôle de coach,
20:52 mais on fait les choses pour gagner, pour faire de son mieux,
20:58 pour que son joueur puisse progresser et être meilleur et gagner.
21:02 Alors Félix, il avait commencé 6e la première semaine de janvier, il termine 29.
21:08 Quels sont les objectifs pour 2024 ?
21:12 Alors là aussi, les objectifs restent toujours les mêmes, bien sûr,
21:17 qu'aujourd'hui en termes d'objectifs, de résultats, Félix a deux demi-finales
21:23 de Grand Chelem, à l'US Open, il a deux quarts de finale,
21:26 en Australie, à Wimbledon, 8e à Roland-Garros.
21:31 Donc c'est de faire mieux, de faire mieux que ses résultats en Grand Chelem.
21:36 Il a fait deux demi-finales en Master 1000, maintenant pareil,
21:39 c'est d'aller au-delà de ce résultat, il a gagné 5 titres jusqu'à présent,
21:44 il commence à avoir un ratio bien positif sur les finales dans les tournois,
21:49 alors qu'au début de sa carrière, il a vraiment progressé par rapport
21:54 à ce ratio de victoire en finale de tournois.
21:57 Et puis donc, en termes de résultats, c'est de faire mieux par rapport
22:02 à ce que je viens de dire, et puis la même chose par rapport
22:05 au niveau du classement, donc le classement c'est de revenir
22:08 à son niveau, quand Félix a ses moyens physiques en fin d'année,
22:17 on voit que c'est un joueur qui a les capacités de gagner des gros tournois,
22:22 de battre des grands joueurs, d'avoir sa place dans le Top 10,
22:26 et de terminer au Master, parce que le Master c'est quand même
22:29 la finalité, c'est l'état des lieux de la saison.
22:34 L'an passé, vous m'avez dit que le projet, maintenant il lui est resté
22:40 à cocher Master's Me, Grand Slam et place de numéro 1, ça finalement
22:46 ça n'évolue pas malgré les difficultés, malgré on peut dire une perte de temps,
22:51 même si ça reste de l'apprentissage, tout ça, ça reste en tête
22:55 et dans un coin de vos esprits quand vous travaillez ?
23:00 Exactement, la direction est vraiment alignée par rapport à ça,
23:04 pourquoi ? Parce que Félix n'a pas seulement le potentiel,
23:08 puisqu'il a déjà créé ce résultat qui s'en approche,
23:13 donc là on parle de pourcentage à gagner, et après ce qui est le plus intéressant
23:18 c'est qu'est-ce qui va permettre d'aller gratter ce petit pourcentage,
23:23 parce que pour rappel, d'être numéro 1 mondial c'est gagner 54% des points
23:29 dans une saison, et quand on est 6ème, c'est 52,5,
23:35 donc il y a 1,5% de points à aller chercher,
23:39 donc là ce qui est intéressant pour un entraîneur et toute l'équipe
23:42 autour de l'athlète, et notamment Félix, c'est de se dire comment,
23:47 sur quoi on va agir pour aller gagner ces petits pourcentages qui restent.
23:53 Alors 2024, ça va être aussi particulier, année olympique forcément,
23:57 forcément une année différente, la place des JO,
24:02 ça sera aussi une case importante pour Félix en 2024 ?
24:08 Oui, tout à fait, comme ça a été pour la Coupe Davis,
24:12 Félix est très attaché aux Jeux olympiques, à son pays, le Canada,
24:19 et les Jeux olympiques pour Félix sont très importants,
24:25 il est dans le calendrier, on va le préparer comme un tournoi majeur.
24:30 J'imagine que pour vous c'est aussi particulier à gérer,
24:33 parce qu'il va représenter le Canada, mais d'un autre côté,
24:37 votre joueur, vous le suivez, on est 11 mois sur 12 de compétition,
24:41 donc comment va se passer l'approche des JO pour vous en termes de gestion ?
24:48 Dans les détails, je sais que les entraîneurs peuvent continuer
24:52 à entraîner le staff autour du joueur, le Canada le permet,
24:57 puisque c'était possible dans les derniers JO,
25:00 le staff peut être présent dans les entraînements et dans les matchs
25:06 avec l'athlète, donc on va le préparer comme un tournoi majeur.
25:10 Qu'est-ce qu'on peut souhaiter à Félix pour 2024 ?
25:14 Au moins déjà d'être à 100% physiquement ?
25:18 Exactement, de toute façon, l'équation reste la même,
25:23 d'être en bonne santé, c'est la première des choses,
25:27 après on passe vraiment à l'aspect du jeu,
25:32 mais la santé c'est le premier pilier.
25:39 Et plutôt un grand chelem ou l'Eurolympique ?
25:43 Personnellement, en tant qu'entraîneur, je préférerais un grand chelem,
25:49 mais après il faudrait poser la question, s'il y avait un choix entre les deux,
25:54 c'est encore mieux, mais moi en tant qu'entraîneur,
25:57 je préférerais un tournoi du grand chelem,
26:00 mais pour Félix, il faut lui poser la question directement.
26:03 On va lui souhaiter les deux alors ?
26:06 Voilà !

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