Le Français Ugo Blanchet au micro de Tennis Actu. Ugo Blanchet est l'une des belles histoires de cette année 2023. Le 31 juillet, le jeune joueur de 24 ans était 357e mondial. Cette semaine, le voilà 195e à l'ATP et assuré de disputer les qualifications du prochain Open d'Australie. Les qualifs de Roland-Garros et Wimbledon pourraient suivre. Que s'est-il passé entre le mois d'août et cette semaine ? Le natif de Saint-Julien-en-Genevois, qui s'entraîne à All In Academy et qui est coaché par Olivier Coyras, a atteint la finale du 25 000 dollars de Monastir avant d'éblouir au Challenger de Malaga. Sorti des qualifs, Blanchet a enchaîné les victoires puis s'est offert son premier titre en Challenger. La semaine suivante, il a dompté Alexandre Müller, 85e mondial à ce moment. Sa plus belle victoire. Son premier sacre en Challenger, la All In Academy, son amitié avec Kyrian Jacquet, l'Australie, son rêve à Roland-Garros... Ugo Blanchet a évoqué tous ces sujets au micro de Tennis Actu.
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00:00 Quand on me demandait quel était l'objectif ultime pour moi au tennis, ce qui me motivait
00:23 vraiment c'était de jouer un match sur le châtelier ou sur l'anglaine à Roland sur
00:28 un gros cours contre un bon joueur.
00:31 A la limite, victoire ou défaite, ce n'était même pas important.
00:35 L'objectif pour l'instant final c'est celui-là.
00:37 Après on sait comment ça marche.
00:39 Alors Hugo, tu as crevé l'écran depuis septembre avec déjà un titre en 25 000 dollars,
00:55 mais surtout le premier sac en challenger en sortant des qualifs.
00:59 Au passage, il y a eu juste dans la foulée la plus belle victoire en carrière contre
01:04 Alex Müller qui était 85ème à ce moment-là.
01:07 Raconte-nous un peu ce mois de folie.
01:10 D'abord j'ai commencé, j'ai repris quelques jours de vacances en août et j'ai repris
01:22 par deux challengers où j'ai perdu directement au premier tour.
01:26 C'était un peu dur.
01:28 Puis du coup je suis retourné sur la future où j'ai fait une belle semaine, j'ai perdu
01:33 en finale.
01:34 Mais franchement, je perds sur Robin Bertrand qui fait vraiment un super match et je sens
01:40 que je ne suis pas très loin.
01:41 Ensuite j'ai la chance d'avoir Wild Card à Saint-Tropez et je perds du coup deux
01:49 sets accrochés sur Arthur Cazot.
01:52 Je sens que je ne fais pas un super match, mais je sens que je ne suis vraiment pas loin.
01:56 Je me rends compte qu'il y a deux ou trois petites erreurs que j'ai à gommer pour
02:03 vraiment battre des très bons joueurs sans forcément faire des matchs de fou.
02:10 Après ça, je me suis entraîné deux semaines à la All-In Academy, là où je m'entraîne
02:16 à Lyon.
02:17 On est parti à Malaga avec Kyrian, parce que je m'entraîne avec Kyrian Jacquet aussi
02:25 et notre coach.
02:26 L'objectif c'était vraiment de gommer ces petites erreurs qui m'avaient un peu empêché
02:35 de faire des bons résultats.
02:36 Le tournoi commence et d'entrée je me sens assez bien.
02:42 Je sens que je joue un super niveau, je commence à gagner quelques matchs, je commence un
02:52 peu plus à y croire petit à petit.
02:54 Après le titre, je suis vraiment super content.
03:02 Après, il me manquait quelques points encore pour aller en Australie.
03:13 Du coup, je suis parti à Olbia et je savais qu'il me manquait une vingtaine de points
03:22 pour être dans le cut pour l'Australie.
03:24 J'avais un peu le sentiment que le travail n'était pas fini à la fin de Malaga.
03:30 C'était pas difficile, mais la pression n'est pas trop retombée.
03:38 J'étais toujours dans ce truc de me dire que si je veux aller en Australie, il ne reste
03:44 pas beaucoup de tournois parce qu'après il y a les matchs par équipe.
03:48 À Malaga, je faisais un premier tour au début d'un premier set un peu compliqué où je
03:55 pensais que tout allait être un peu facile de ma semaine passée.
04:00 J'ai un peu de réussite, je gagne le set et je me reprends bien.
04:04 Après, je fais un super match contre Alex Muller qui me permet de valider mon ticket
04:12 pour l'Australie, même si ce n'est pas encore officiel.
04:15 Après, j'étais un peu fatigué contre Kyrian.
04:21 C'était un peu dur, mais ces 10 derniers jours, c'était vraiment top.
04:29 En plus, le 31 juillet, si je ne me trompe pas, tu devais être encore 357e par là.
04:36 Est-ce que le top 100, c'était quelque chose qui était dans un coin de ta tête
04:41 ou à ce moment-là, tu n'y penses même pas ?
04:43 Le top 200, pardon.
04:44 Est-ce qu'à ce moment-là, tu l'avais quand même dans un coin de ta tête ?
04:48 Franchement, dans ma tête, je savais que c'était possible au niveau comptable,
04:55 mais j'avais un peu accepté l'idée que l'Australie, ce ne serait pas possible.
05:04 J'étais plutôt parti pour essayer de me qualifier pour les qualifs de Roland.
05:10 Ce n'était pas trop d'actualité à ce moment-là.
05:18 Tu as 24 ans, donc tu as déjà une petite expérience sur le circuit.
05:24 Comment tu expliques que d'un coup, les sensations sont là ?
05:28 En plus, ce ne sont pas seulement les sensations d'une semaine,
05:31 mais il y a quand même une certaine régularité.
05:33 Comment tu expliques qu'il y a finalement cette explosion à ce moment-là,
05:37 dans cette deuxième partie de l'année ?
05:40 Forcément, il y a un peu de réussite, un peu de chance.
05:45 Après, c'est aussi pas mal le travail que j'ai fait depuis deux ans,
05:52 où je sentais quand même que je progressais au niveau,
05:56 technistiquement, vraiment.
05:59 Je sentais que j'avais vraiment le niveau pour battre tous les gars que j'ai battus,
06:03 et puis même m'installer à ce niveau-là.
06:06 Après, je trouvais tactiquement, mentalement, même physiquement dans l'enchaînement,
06:13 je sentais qu'il manquait quelques petits détails à aller chercher.
06:18 Et voilà, la semaine de Malaga, j'ai eu un peu de réussite, tout s'aligne bien.
06:26 Et puis, voilà, les bons résultats qui confirment un petit peu ce que je pensais
06:30 depuis vraiment un an.
06:32 Parce que ça fait deux ans où je travaille vraiment beaucoup plus sérieusement,
06:36 tout ça et tout, mais ça fait déjà depuis le début de l'année 2023
06:41 où je sens que j'ai le niveau, mais ça ne se concrétise pas par vraiment des résultats.
06:47 Donc là, j'étais vraiment content d'y arriver enfin, on va dire, la semaine dernière.
06:54 - Et qu'est-ce que tu appelles travailler plus sérieusement ?
06:56 Est-ce qu'à un moment, tu t'es dit, bon, là, si je veux réussir à peut-être atteindre mes rêves,
07:02 il faut que je change de stratégie, de mentalité ?
07:06 Comment tu as eu un peu ce déclic, on va dire, pour le travail, changer tes habitudes ?
07:12 - Alors déjà, quand j'ai eu 22 ans, je me suis dit, je devais être 900,
07:17 quelque chose comme ça, 900 mondial.
07:19 Je me disais, enfin, voilà, je me disais un peu, je n'ai pas trop d'avenir.
07:24 Si j'ai 22 ans, je suis 900e joueur mondial.
07:27 Je sentais que surtout sur l'année complète, il y avait des moments où vraiment,
07:34 je faisais bien les efforts, mais je ne les maintenais pas sur la durée.
07:39 Donc vraiment, j'ai eu un peu ce truc de me dire, bon, bah, maintenant, voilà,
07:43 si tu veux te donner une chance et arrêter un peu de te mentir à toi-même,
07:49 il va falloir vraiment changer, surtout au niveau de la mentalité.
07:54 Quand c'est dur, que ce soit en match, en entraînement, tout ça,
07:58 quand même faire l'effort et être tout simplement professionnel, en fait.
08:04 Et voilà, et puis ça a mis quand même un peu de temps à se mettre en place.
08:09 Même si c'était beaucoup mieux, voilà, c'était encore pas top.
08:14 Et je trouve, donc après, j'ai eu 23 ans, c'est pareil,
08:17 je me suis dit un petit peu la même chose.
08:19 Il faut vraiment que j'enclenche vraiment la vitesse supérieure.
08:23 Et je trouve que là, ça fait quand même deux ans,
08:27 même s'il y a des périodes où c'est un petit peu moins bien,
08:30 c'est quand même mon niveau d'exigence, que ce soit en entraînement ou en tournoi,
08:38 il est quand même beaucoup plus proche d'un niveau professionnel, on va dire.
08:45 - Et dans ces moments-là, est-ce que tu avais déjà pensé,
08:48 j'ai envie de dire, à une autre voie, à réfléchir à un plan B ?
08:52 Ou alors, même si tu avais ces doutes-là,
08:54 tu restais quand même dans l'optique de réussir à un moment à percer ?
09:01 - Non, il y a plein de moments où je me suis un peu posé des questions
09:05 sans que ça soit vraiment concret.
09:07 Après, il y a une fois où vraiment, à la fin de la saison,
09:12 moi, je considère la fin de la saison, c'est un peu l'année scolaire.
09:16 Donc en fin août, j'étais toujours 900 ou 880, quelque chose comme ça.
09:21 Et je suis allé voir mes parents parce que c'était eux qui finançaient
09:25 quasiment totalement mes saisons.
09:30 Donc je suis allé les voir et je leur ai dit, bon, peut-être que, voilà,
09:33 moi, j'adore le tennis, j'adore m'entraîner,
09:38 j'adore être la vie du circuit, tout ça et tout.
09:41 Et bon, je vois que je fais plus d'efforts,
09:46 mais mon classement, il stagne un petit peu, je ne passe toujours pas le cap.
09:49 Donc je me dis autant que tout le monde garde son argent,
09:55 surtout que moi, je sentais qu'au niveau des entraînements,
09:58 c'était quand même mieux, mais c'était quand même pas parfait.
10:02 Donc je leur ai dit que tout le monde garde son argent
10:05 et qu'on l'utilise un peu différemment.
10:08 Surtout que j'avais mon petit frère aussi.
10:11 Donc mes parents, ils investissaient beaucoup sur moi et un peu moins sur mon frère,
10:15 forcément, même s'ils ont essayé de garder au maximum un équilibre.
10:21 Donc vis-à-vis de mes parents, de mon frère, je me sentais un petit peu...
10:28 pas vraiment...
10:32 enfin, un petit peu redevable et pas vraiment fiable de mon côté.
10:35 Donc voilà, je leur ai dit ce que je te dis là.
10:39 Et voilà, eux m'ont dit qu'ils trouvaient que c'était dommage
10:42 parce que les trois, vraiment, m'ont dit qu'ils trouvaient quand même
10:45 qu'il y avait des progrès, un petit peu, que ce soit dans mes résultats
10:49 ou même dans ce que leur racontaient mes coachs, tout ça et tout,
10:52 que dans ma manière de m'entraîner, tout ça et tout.
10:54 Et eux, ont tous dit que l'aspect financier, ce n'était pas vraiment un sujet
11:00 et que si moi, vraiment, je me régalais toujours à jouer au tennis,
11:05 eux, ils ne voyaient vraiment aucune raison d'arrêter.
11:08 Donc ça m'a fait aussi vachement du bien d'entendre ça de leur part.
11:12 Et voilà, je suis content de leur rendre un peu cette confiance aujourd'hui.
11:17 - Finalement, c'est ton noyau familial, le frère et les parents,
11:22 qui t'ont quand même permis peut-être de rebondir.
11:27 - Oui, bien sûr. Moi, je me posais des questions par rapport à ma vie,
11:32 par rapport à plein de choses.
11:36 Au fond de moi, je pense que j'avais quand même envie de continuer
11:39 parce que vraiment, je me plaisais dans cette vie-là.
11:43 Mais…
11:45 - Oui, c'était le poids financier, finalement,
11:47 qui était le plus gênant pour toi dans ton esprit.
11:50 - Surtout que je n'étais pas autonome à ce niveau-là.
11:52 À la limite, si moi, j'étais autonome,
11:54 ça aurait posé certainement beaucoup moins de problèmes.
11:58 Et là, voilà, j'avais ce petit truc de me dire,
12:01 mes parents, ils commencent à avoir la cinquantaine.
12:05 C'est un peu les dernières années où ils peuvent profiter, mais voilà,
12:11 ils peuvent…
12:12 Après, quand ils vont un peu plus prendre de l'âge, tout ça et tout,
12:15 c'est un peu plus dur de profiter de la vie à fond.
12:17 Donc, je me disais, autant qu'ils utilisent cet argent
12:20 pour faire les choses vraiment qu'ils ont envie de faire,
12:24 que me donner de l'argent pour mon tennis.
12:27 Et moi, je ne fais pas tous les efforts pour y arriver.
12:31 - Donc, du coup, là, c'est vrai que financièrement,
12:33 j'imagine que d'avoir enquillé quand même quelques victoires…
12:36 Alors attention, on sait très bien que sur le circuit Challenger,
12:38 ça ne permet pas d'avoir la vie changée ou de révolutionner son année.
12:45 Mais bon, j'imagine que ça t'aide quand même pour finir l'année
12:49 et puis peut-être aussi enlever une part d'aide de tes parents.
12:55 - Oui, déjà, depuis l'année dernière,
12:59 mes parents m'aidaient un peu pour mon appart et pour les courses ou ça.
13:06 Mais déjà, sur le plan tennis, c'était « moi » qui m'en occupais
13:11 avec quelques mécènes à côté, les matchs par équipe
13:14 qui permettaient aussi de financer ma saison.
13:16 Donc déjà, de ce côté-là, je leur avais enlevé un petit peu ces investissements.
13:27 Mais là, c'est sûr que là, maintenant, je vais pouvoir leur dire
13:31 que même pour mon appart, pour le reste, tout simplement,
13:36 je n'aurai plus besoin d'eux.
13:38 Donc forcément, c'est aussi sympa d'être totalement autonome
13:47 avec quelques mécénats, quelques mécènes.
13:51 - Je pose souvent cette question et les joueurs n'ont pas vraiment le même rapport.
13:54 Est-ce que toi, tu te sens un peu plus libre financièrement
13:59 d'avoir eu quelques chèques supplémentaires et des plus gros chèques ?
14:02 Est-ce que tu te sens un peu plus léger sur le cours aussi ?
14:06 Est-ce que cette pression un peu financière t'a déjà posé problème sur le cours ?
14:13 Ou alors, tu arrives quand même à te détacher de tout ça
14:17 quand tu es sur un court tennis ?
14:21 - Non, de ce point de vue-là, de toute façon, mes parents,
14:24 comme je l'ai dit, ils m'ont toujours dit que l'argent, ce n'était pas un souci.
14:28 Il fallait juste que je donne le maximum sur le terrain
14:31 et qu'eux, ils étaient contents de pouvoir m'offrir ça.
14:36 Donc honnêtement, sur le terrain, je n'ai jamais senti vraiment cette pression de l'argent.
14:40 Après, on ne va pas se mentir.
14:43 Je pense qu'on arrive tous à partir à un certain âge
14:47 où on a tous nos copains, nos amis qui commencent à gagner de l'argent
14:52 parce qu'ils ont une vie un peu plus normale, tout ça et tout,
14:56 à être autonomes, à pouvoir partir en vacances avec leurs copines, leurs amis.
15:04 Et donc, c'était quelque chose qui, quand même, je pense, me travaillait un petit peu,
15:10 mais sans avoir vraiment d'impact quand j'étais vraiment sur le terrain.
15:14 Après, à quel point ça avait un impact dans ma vie, je ne sais pas, mais voilà.
15:20 Alors, on imagine aussi que la All-In,
15:23 elle a eu un grand rôle dans ta progression et le gain de confiance.
15:29 Évidemment, oui, ça fait…
15:31 Donc là, ça fait 4, au moins 4 ans, peut-être 5 ans même que je suis à la All-In.
15:38 Et donc, moi, avant, je m'entraînais moitié ligue,
15:43 moitié donc à la Ligue du Lyonnais, moitié FCL tennis.
15:47 C'était une académie aussi à Calouir.
15:51 Et voilà, en fait, ça se passait plutôt bien avec tous mes coachs.
15:57 Enfin, ça se passait même très bien avec tous mes coachs, voilà.
16:00 Mais je sentais que j'étais un petit peu arrivé à la fin d'un cycle.
16:04 Et du coup, il y a la All-In qui est arrivée à Lyon.
16:07 Et je me suis dit, ça peut être une super occasion
16:13 un petit peu de me bouger le cul, tout simplement.
16:17 Et voilà, d'entrée, quand je suis arrivé,
16:21 dans mon investissement physique, mental, tout ça,
16:27 j'étais déjà beaucoup plus professionnel, même si j'étais encore loin du compte.
16:33 Et voilà, au fur et à mesure des années,
16:36 je me suis de plus en plus professionnalisé, on va dire.
16:41 Et voilà, et là, ça fait 2 ans que je travaille avec Olivier Kouaras.
16:46 Du coup, mon entraîneur.
16:47 Et franchement, ça fait 2 ans que j'ai des bons résultats.
16:52 Je pars aussi un peu plus accompagné en tournoi.
16:57 Alors qu'avant, je faisais vraiment toute ma saison tout seul.
16:59 Alors que là, ça fait 2-3 saisons que je fais 15 tournois
17:04 avec pour la plupart du temps Olivier.
17:07 Donc, ça m'a aussi beaucoup aidé.
17:12 Alors, on a vu en plus Kyrian Jacky, pareil Lyonnais,
17:17 remporter un Challenger comme toi, sortie de qualif et puis derrière,
17:21 parcours superbe.
17:23 Ce gang des Lyonnais, comme on peut le voir maintenant,
17:28 ils se tirent vers le haut.
17:29 Vous arrivez à… Tu sens, toi, que c'est très positif pour toi
17:33 d'avoir comme ça un pote finalement assez proche en termes de niveau ?
17:39 Ouais, carrément.
17:41 Là, ça fait depuis juin, je crois qu'il s'entraîne avec nous à la All-In.
17:48 Et je pense aussi que le résultat que j'ai eu la semaine dernière
17:52 ou même les deux dernières semaines,
17:54 je pense aussi qu'il a une grande part de responsabilité
17:57 parce qu'il a amené un peu plus de constance,
18:01 d'exigence dans les entraînements.
18:07 Par rapport aux autres partenaires que j'avais auparavant,
18:12 c'était des gars qui jouaient vraiment aussi super bien au tennis,
18:16 mais sur une séance de deux heures, c'était quand même moins exigeant.
18:23 Ou même sur une semaine entière,
18:25 je sentais que je pouvais un peu plus me relâcher et tout ça,
18:30 et quand même gagner les séries,
18:36 ou en tout cas pas être ridicule dans l'entraînement.
18:39 Alors que depuis qu'Irène est arrivée,
18:41 je sens que si je me relâche un petit peu dans la séance,
18:47 déjà si je me relâche 10 minutes,
18:49 après je vais mettre peut-être un quart d'heure, 20 minutes à revenir,
18:52 ça fait déjà 30 minutes et du coup,
18:55 la séance dans les séries, dans tout ça,
18:58 je sens que lui, il est devant.
19:02 Et même des fois, j'en gagne pas une.
19:04 Et ça m'embête un peu,
19:06 donc moi je vais essayer de ne pas faire la même erreur sur les prochaines séances.
19:12 - Oui, et puis même c'est intéressant pour vous deux,
19:14 parce qu'en termes de classement, il a un petit peu de retard, forcément,
19:18 mais là, peut-être que vous allez sûrement avoir les mêmes étapes.
19:24 On se dit que mentalement, vous allez avoir aussi un petit plus,
19:27 parce que vous allez pouvoir échanger,
19:29 peut-être parler des problèmes qui vont se poser, des défis.
19:32 Et donc ça aussi, c'est quand même un bel atout dans ta manche
19:35 et que lui aussi a dans sa manche.
19:38 - Oui, carrément, c'est une chance.
19:40 Après là, on va vraiment être…
19:41 il y a cinq places d'écart entre nous cette semaine,
19:43 donc on est vraiment très, très proches.
19:47 Donc voilà, j'espère qu'on va continuer tous les deux de progresser,
19:51 de monter au classement.
19:53 Et franchement, on est super contents l'un pour l'autre,
19:57 pour les bons résultats qu'on a eus ces derniers temps.
20:02 Et carrément, j'espère qu'on va continuer à garder une émulation positive.
20:09 - Alors, tu l'as dit,
20:11 tu entres dans le cut calif de l'Open Australie,
20:13 donc on ne peut jamais dire que c'est officiel,
20:15 mais mathématiquement, il n'y a pas vraiment de suspense.
20:19 Ça représente quoi pour toi,
20:22 qui n'as jamais joué un match en grand chelem jusqu'à maintenant ?
20:27 - C'est quand même une petite consécration,
20:29 parce que je ne sais pas pour les autres,
20:33 mais en tout cas pour moi,
20:34 le rêve, ça a toujours été de jouer les grands chelems.
20:39 Donc voilà, là, je sais que l'Australie, c'est quasi sûr.
20:46 Derrière, jusqu'à Wimbledon, j'ai 15 points à sauver.
20:49 Donc normalement, à moins qu'il y ait une grosse blessure
20:53 ou que je ne puisse plus gagner un match,
20:57 il y aura aussi Roland-Wimbledon, que je vais jouer.
21:04 Donc franchement, ça fait super plaisir.
21:09 Ça récompense un petit peu tous les efforts qu'on a faits
21:13 depuis petit, les sacrifices.
21:18 Puis aussi, ça fait plaisir par rapport à tous les gens
21:20 qui nous ont soutenus et de se dire,
21:24 même si c'est que le début et que bien sûr,
21:28 j'ai envie d'aller chercher bien plus loin,
21:31 c'est quand même se dire, au moins dans le pire des cas,
21:35 dans toute ma vie, j'aurais joué trois qualifs de grand chelem.
21:39 Et c'est grâce à vous et merci beaucoup.
21:42 - En plus, tu l'as dit, il y a Roland-Garros
21:44 qui se coince entre Wim et l'Open Australia.
21:48 Et en parlant de tes proches, ils seront sans doute là, j'imagine.
21:53 Ça, pour toi, ça va être aussi un moment exceptionnel.
21:58 Ça sera forcément un beau souvenir.
21:59 J'imagine que tu y penses déjà.
22:02 - Oui, non, je n'y pense pas encore,
22:04 mais je sais que ça va être quelque chose de super sympa à vivre.
22:10 Donc voilà, ça donne encore plus de motivation pour s'entraîner.
22:17 Quand ça va être dur, la prépa foncière, elle va arriver.
22:20 Donc on le sait, mais quand ça va être dur,
22:24 penser à ce genre de moment qu'on va vivre,
22:28 qu'on a une chance incroyable de vivre,
22:31 c'est sûr que ça aide et puis ça pousse à vraiment aller chercher plus loin.
22:38 - Maintenant, quels vont être un peu les ambitions ?
22:41 J'imagine que là, avec ce classement,
22:43 tu dois encore gratter des points en challenger.
22:47 Mais quels vont être les objectifs principaux
22:49 maintenant que tu as ce premier challenger au Palmarès ?
22:53 - Bien sûr, ça va être de confirmer et de montrer
22:57 que ce n'était pas un coup de chance, entre guillemets.
23:01 Donc voilà, de gagner un autre titre sur le circuit de challenger.
23:08 Après, en termes de classement, pour l'instant, comme c'est un peu frais,
23:13 je ne me suis pas trop fixé d'objectif,
23:15 mais après, on ne va pas se mentir, le top 100,
23:19 le tableau final de Grand Chelem,
23:22 ça peut être quand même un objectif à court ou moyen terme,
23:30 on peut se fixer.
23:32 Après, il va falloir que je me pose un petit peu avec les coachs
23:36 pour bien définir des objectifs qui me correspondent,
23:42 qui parlent à tout le monde,
23:44 pour qu'on puisse bien travailler tous dans la même direction.
23:49 - J'imagine que tu as dans un coin de ta tête
23:52 de jouer aussi un petit peu sur le circuit ATP,
23:54 donc ça, ce n'est pas évident,
23:55 il faut cocher les bonnes dates dans les calendriers.
24:00 Tu as déjà joué au Cirque Match, je crois, si je ne me trompe pas,
24:04 ATP avec des qualifs.
24:06 - Oui.
24:07 - Donc j'imagine que ça, c'est aussi une carotte,
24:10 on va dire, pour toi, pour te motiver.
24:15 - Oui, bien sûr.
24:16 Après, moi, ce qui me motive vraiment,
24:20 c'est d'aller loin dans les semaines.
24:24 Donc vraiment, les matchs que…
24:27 Tout le monde préfère jouer ces matchs-là,
24:30 mais moi, je pense que ça me parle encore beaucoup plus.
24:34 Parfois, les qualifs, même si c'est des gros tournois de 250,
24:39 ou Master 1000, je n'ai jamais fait,
24:43 mais surtout 250, ou même plutôt les Challengers,
24:48 j'avais un peu de mal parfois à trouver la motivation.
24:52 Et donc, voilà, après, c'est sûr que si ça se passe bien,
24:58 on va mettre des 250 dans la prog.
25:03 Après, il y aura quand même beaucoup de Challengers,
25:07 pour essayer de faire monter le ranking.
25:12 Et voilà.
25:13 - Oui, toi, finalement, pour bien fonctionner,
25:15 tu as besoin de sentir que tu as de bonnes chances d'aller loin.
25:21 - Oui, c'est ça.
25:22 Parce que j'avais fait une prog un peu cette année,
25:24 même si j'ai fait deux tiers de Challengers
25:27 et un tiers de Futur depuis le début de l'année.
25:31 J'étais quand même un peu plus motivé, bizarrement,
25:34 à aller jouer les Futur,
25:37 parce que je savais que j'étais tête de série,
25:42 donc j'étais un peu protégé.
25:44 C'était un peu plus facile d'aller en quart,
25:47 que de passer par les qualifs de Challengers,
25:52 de devoir gagner encore deux matchs.
25:54 En tout, pour être en quart, il fallait gagner quatre matchs.
25:56 Puis pour gagner le tournoi, il faut encore gagner trois autres.
25:59 Donc moi, j'avais un petit peu ce souci-là de motivation par moment.
26:07 Et voilà.
26:07 Pour rien cacher,
26:12 c'est des discussions qu'on a eues en premier lieu avec mon coach, Olivier,
26:18 où il me disait que ça serait quand même bien,
26:22 parce qu'au niveau de mes adversaires,
26:26 c'est ça qui allait me faire progresser, tout ça.
26:29 Ça serait bien quand même de faire beaucoup plus de Challengers
26:32 et surtout avoir envie d'être motivé quand j'y suis.
26:38 Et ce qui a fait un peu la bascule,
26:40 c'est qu'on a discuté un petit peu avec Greg Barère et Nico Copin,
26:45 qui sont de la All-In, mais qui eux s'entraînent à Paris.
26:49 Et voilà, on a un peu discuté avec eux.
26:53 Je ne sais pas si c'est de par leur statut ou quoi,
26:56 mais en tout cas, ils m'ont un peu fait comprendre
27:01 que l'intérêt vraiment d'aller jouer les Challengers,
27:05 plutôt que les futurs,
27:07 sans avoir peur de "perdre mon classement"
27:11 parce que j'allais gagner moins de matchs, tout ça et tout.
27:14 Et voilà.
27:15 Et du coup, le tournoi suivant,
27:18 je ne vais pas dire comme par hasard,
27:19 mais le tournoi suivant, ça a été Malaga.
27:23 Et voilà, j'ai trouvé une vraie motivation à y aller,
27:26 puis à enchaîner à Oliga, puis à faire Brest-Lubergame.
27:31 Et je me disais, je suis content de faire ça vraiment.
27:33 Et je me sentais motivé.
27:35 Et voilà, j'ai eu un peu de réussite et ça a bien marché tout de suite.
27:39 Pour un petit peu conclure,
27:41 est-ce que tu as des rêves, toi, en tant que joueur ?
27:47 Parce que c'est découvrir peut-être un site qui te fait rêver
27:52 ou c'est réaliser un accomplissement sur le circuit.
27:54 Est-ce que tu en as en tête ?
27:57 Moi, souvent, quand on me demandait
28:04 quel était l'objectif ultime pour moi au tennis,
28:10 je n'avais pas spécialement d'objectif de classement
28:13 ou de gagner un certain type de tournoi
28:17 parce que je me sentais vraiment, entre guillemets, assez loin de tout ça.
28:24 Donc, c'était difficile pour moi de mettre des mots dessus.
28:28 Mais vraiment, je dirais, moi, ce qui me motivait vraiment,
28:33 c'était de jouer un match sur le Châtelier ou sur l'Anglaine
28:38 avec le public en fusion et partager ce moment avec mes proches,
28:44 avec le public, avec forcément mon équipe
28:48 et vraiment vivre des émotions de fou, quoi,
28:53 en roulant sur un gros cours contre un bon joueur.
28:57 À la limite, victoire ou défaite, ce n'était même pas important,
29:00 mais c'était vraiment sentir un peu toute la foule derrière moi.
29:08 Et voilà. Donc, c'était plutôt ça, mon plus gros objectif, entre guillemets.
29:13 Ça, en plus, tu peux y croire.
29:17 Quali, sortie de quali et puis tirage énorme ensuite au premier tour.
29:24 Et finalement, on ne sait pas, ça peut même se produire dès l'année prochaine.
29:28 Ouais, carrément, carrément.
29:30 Donc, voilà. Après, l'objectif pour l'instant final, c'est celui-là.
29:36 Après, on sait comment ça marche.
29:38 Si un jour j'ai la chance de le vivre,
29:42 j'aurais envie de vivre des choses encore différentes et d'aller chercher peut-être des titres.
29:50 Voilà. Bien sûr, aujourd'hui, j'ai envie d'aller chercher des titres sur le circuit ATP,
29:55 mais pour moi, ça reste quand même difficile de vraiment le dire et d'avoir cette ambition.
30:04 Voilà. Aujourd'hui, je trouve plus accessible, entre guillemets,
30:09 de vivre un gros match sur un gros cours à Roland.
30:14 Écoute, c'est tout ce qu'on te souhaite.
30:15 Et puis, on va te souhaiter bonne chance pour la fin de la saison.
30:19 Les inter-clubs que tu disputes avec qui ?
30:22 Annecy Tennis. On est en Pro B.
30:25 OK, donc l'objectif, c'est de monter en Pro A pour cette année ?
30:29 Franchement, on a une belle équipe.
30:31 Alors après, je ne sais pas qui va faire.
30:36 Moi, je vais jouer toutes les rencontres.
30:39 Après, les autres, je ne sais pas.
30:40 Mais je sais que si ça se goupille bien, oui, on peut monter.
30:46 Après, au moins le maintien.
30:49 Donc inter avec le prépa foncière en même temps et ensuite, préparation pour l'Australie.
30:55 Voilà, c'est ça.
30:57 Écoute, on va te souhaiter le meilleur et encore de bonnes paires pour 2024.
31:04 Merci beaucoup. C'est gentil.