• l’année dernière
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
Général Christophe Gomart, ancien directeur du renseignement militaire et ancien commandant des forces spéciales, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur la libération des otages détenus par le Hamas depuis le 7 octobre et sur le rôle que la France pourrait avoir jouer dans les négociations.

Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-interview-de-7h40
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video


Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Marie Pavlenko, vous recevez ce matin l'ancien directeur du renseignement militaire et ancien commandant des forces spéciales, le général Christophe Gomart.
00:06 - Bonjour Christophe Gomart. - Bonjour.
00:08 - Bienvenue sur Europe 1. On l'a attendu toute la journée d'hier à cette quatrième remise d'otages israéliens par le Hamas.
00:14 Ils étaient donc onze, dont trois jeunes franco-israéliens. Alors on s'attarde naturellement sur leur cas ce matin,
00:21 mais vous Christophe Gomart, à la lumière de votre expérience, votre expérience militaire, qu'est-ce que vous voyez de ces libérations ?
00:29 - Alors ce que je vois d'abord, on n'a jamais eu une telle quantité d'otages qui ont été pris.
00:35 Ce que l'on voit également, c'est qu'il y a un certain flou également au sein du Hamas,
00:40 parce qu'ils ne savent pas exactement de qui ils détiennent en réalité.
00:43 Un certain nombre d'otages sont détenus par le Hamas, un certain nombre d'autres sans doute par le djihad islamique,
00:47 voire par des groupuscules. Parce que le 7 octobre, ce qui s'est passé, c'est que lorsqu'ils ont reçu l'ordre d'arrêter de tuer,
00:54 mais de récupérer les otages, il y a même des palestiniens privés, je vais dire, qui sont venus,
00:59 et qui ont profité de la présence des gens du Hamas, et de combattants du Hamas, voire du djihad islamique, pour en récupérer.
01:05 - Des particuliers se sont joints au pogrom le 7 octobre ? - Absolument.
01:09 - Et ont pris des otages pour leur compte à eux ? - Absolument.
01:12 Alors c'est pour leur compte ou pour leur compte de groupuscules, qui ne sont pas liés au Hamas, ou qui sont liés de près ou de loin au Hamas.
01:18 Donc effectivement il y a un certain flou, et je pense que les israéliens annoncent 240 otages,
01:22 mais côté Hamas ils n'ont jamais parlé de chiffres en réalité. Donc on ne sait pas s'ils sont réellement otages, si certains d'entre eux ont disparu.
01:29 Donc oui il existe un grand flou, et on voit bien la difficulté d'ailleurs de ces deux jours de trêve supplémentaires,
01:34 parce que les israéliens doivent demander à libérer certains otages, dans le dialogue avec le Qatar, et donc pour ensuite la destination du Hamas.
01:42 - Oui parce qu'Israël sait combien il y a de disparus au total, mais leur sort, leur statut, ça en revanche on n'est pas tout à fait certain pour tout.
01:49 - Exactement, on ne sait pas où ils sont détenus d'ailleurs, quand on écoute les témoignages de certains libérés,
01:52 certains étaient dans un appartement, d'autres étaient dans les tunnels, certains entendaient des bombardements, les autres n'entendaient pas des bombardements,
01:58 donc on voit bien qu'ils étaient détenus pas du tout aux mêmes endroits.
02:00 Il faut s'imaginer le retour effectivement dans la bande de Gaza, au moment où les bombardements israéliens ont commencé,
02:06 ce qui a effectivement désorganisé un certain nombre de liaisons qu'avaient les gens du Hamas entre eux, voire les liaisons avec le djihad islamique.
02:15 - Alors parlons des otages, ceux qui ont été libérés hier, ils vont passer en débriefing entre les mains donc du renseignement militaire israélien très probablement,
02:25 comment ça se passe ce genre de débriefing, quel genre de questions on pose à des otages qui viennent de sortir de captivité,
02:33 comment s'y prend-on pour les faire parler, et notamment quand il s'agit de jeunes enfants ?
02:37 - Alors ce qui compte d'abord c'est qu'effectivement ils se sentent en sécurité, en confiance, en ayant vu les médecins, en ayant vu leur famille,
02:44 et ensuite vis-à-vis de jeunes enfants, on va sans doute leur montrer des photos pour savoir exactement à qui ils étaient,
02:49 des enfants retiennent des choses mais peuvent imaginer un certain nombre de choses, donc à partir de photos j'imagine,
02:54 ou à partir de lieux pour leur dire les bruits qu'ils ont entendus également, mais c'est vrai qu'on va plus se tourner vers les adultes que vers les jeunes enfants,
03:03 un adulte ayant fait la part des choses alors qu'un enfant, dans l'imaginaire de l'enfant, on ne sait pas très bien ce qu'il va retenir ou pas,
03:10 ce qui pour lui est important alors qu'en fait ça ne l'est pas, mais peut-être qu'il aura vu des choses que n'auront pas vu les adultes.
03:16 - Alors question un peu spéculative à présent Christophe Gomart, je ne suis pas du tout certain que vous ayez la réponse,
03:20 mais peut-être encore une fois votre expérience peut nous donner des indications,
03:24 quel rôle selon vous la France pourrait avoir joué dans ces libérations ?
03:29 Vincent Herouet nous le dira tout à l'heure, nous avons en France une longue expérience des prises d'otages,
03:35 mais pour ces libérations-là qu'est-ce que l'on sait ?
03:37 - Ce que l'on sait c'est que le ministre des Armées Sébastien Lecornu est allé en mission par le président de la République.
03:44 - Et je rappelle qu'il est tout à l'heure l'invité de Sonia Mabrouk à 8h15.
03:47 - Et il a fait effectivement un aller-retour, il est même reparti au Qatar alors que je crois que ce n'était pas prévu,
03:50 donc preuve qu'effectivement il a négocié avec le Qatar pour pousser ce que je crois qu'on comprend également...
03:56 - Qatar qui semble-t-il est un peu l'avocat de la France auprès du Hamas.
04:00 - Oui parce que visiblement le Hamas ne souhaitait pas forcément libérer les Français et faire plaisir aux Français,
04:05 d'abord parce que nous on a reconnu le Hamas comme étant un mouvement terroriste.
04:09 - Mais nous ne sommes pas le seul.
04:12 - Mais on voit bien derrière que la position de la France...
04:14 - Il y a un traitement de défaveur particulier de la France dans la face du Hamas ?
04:18 - Je ne sais pas mais en tous les cas oui, la France n'est pas un des amis du Hamas,
04:22 on est plus effectivement vu comme un ami d'Israël et on voit bien d'ailleurs dans le discours de nos dirigeants politiques
04:28 une certaine équilibre, enfin une volonté d'équilibre entre effectivement le soutien à la population palestinienne et le soutien à Israël.
04:34 - Mais on a vu le rééquilibrage d'Azur opéré par Emmanuel Macron qui dès le départ se tient très fermement du côté d'Israël
04:40 et petit à petit recentre un peu sa position.
04:43 Le journal Le Parisien écrit ce matin que le Hamas voulait que les otages qui ont une part de nationalité française soient relâchés en dernier.
04:51 Donc il y avait peut-être une intention de punir la France ?
04:54 - Alors ça je ne suis pas dans la tête des dirigeants du Hamas, surtout ce qu'il faut bien voir c'est que
04:58 effectivement l'homme-clé de cela c'est un certain Yahya Sinwar qui lui-même a été détenu quand même 22 ans dans les prisons israéliennes,
05:05 qui parle hébreu couramment.
05:06 - Et qui fait partie des libérés de 2011.
05:09 - Absolument.
05:09 - En échange de Gilad Chalit.
05:10 - Absolument.
05:11 Et lui, c'est lui en fait l'homme-clé et c'est lui qui est décrit comme un homme cruel et manipulateur
05:17 par l'administration pénitentiaire israélienne.
05:20 Donc on voit très bien derrière que c'est sans doute lui qui implique le là, qui donne le là,
05:26 et effectivement le Qatar n'étant que le négociateur,
05:28 et celui qui donne le oui ou le non, le feu vert ou le feu rouge, c'est bien ce Yahya Sinwar.
05:33 - Alors la trêve va être prolongée semble-t-il à deux jours,
05:37 on attend toujours la confirmation d'Israël mais semble-t-il ça va se faire.
05:40 Qu'est-ce qui se passe en coulisses de cette période pendant laquelle les armes se taisent ?
05:46 Pas totalement on imagine, mais quand même, qu'est-ce qui peut se passer en coulisses d'après vous Christophe Gomart ?
05:50 - Côté du Hamas, ils n'ont pas envie de se réorganiser,
05:53 il faut s'imaginer 50 jours de bombardement, ça n'est pas neutre pour une organisation combattante,
05:59 et côté israélien ils en profitent éventuellement, enfin c'est même pas éventuellement, c'est certain,
06:04 pour compléter leur renseignement, en connaître plus,
06:07 parce qu'ils n'ont pas fouillé tout le nord de la bande de Gaza,
06:09 donc essayer de savoir où se trouvent les autres tunnels,
06:11 interroger la population, interroger effectivement les otages,
06:15 pour essayer de déterminer où se trouvent effectivement certains états-majors du Hamas,
06:20 les combattants, les munitions, de façon à ce que le jour où la trêve s'arrête et que les combats reprennent,
06:25 à viser juste à l'endroit où se trouvent ces tunnels et ces dépôts de munitions.
06:30 - Merci beaucoup de vos lumières, général Christophe Gomart, ancien directeur du Renseignement Militaire.
06:36 Merci d'être venu nous voir ce matin sur Orpah.

Recommandations