Laurence Ferrari revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd'hui elle revient sur les propos de Jean-Pierre Sakoun, président de l'association Unité Laïque, invité dans l'émission Europe 1 Matin avec Dimitri Pavlenko.
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Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 les maires doivent-ils donner le nom de Samuel Paty à une voie de leur commune ou à un établissement ?
00:05 C'est la question qu'on se pose dans un instant.
00:07 Laurence Ferrari sur Peur Europe 1
00:09 Alors les maires doivent-ils donner le nom de Samuel Paty à une commune,
00:15 alors une voie de leur commune ou un établissement ?
00:17 C'est le combat notamment de l'association Unite Laïque,
00:21 son président Jean-Pierre Saccoun était l'invité de Dimitri Pavlenko ce matin sur Europe 1.
00:26 Écoutez-le.
00:27 Le combat pour la liberté d'expression, pour la liberté de conscience, pour ce qu'on appelle la laïcité,
00:33 et pour que les professeurs ne soient pas soumis à une forme d'autocensure de plus en plus terrible dans les écoles.
00:40 Et puis il y a le fondement de tout ça, c'est-à-dire la mémoire, le souvenir, le respect pour celui qui a vécu Samuel Paty.
00:49 C'est dans cette partie-là de ce combat que nous nous inscrivons, en demandant que partout ce nom soit repris.
00:56 - Voilà pour M. Saccoun qui était l'invité ce matin de Dimitri Pavlenko.
01:00 On est en ligne, Hamid, bonjour Hamid, vous êtes ancien policier, qu'est-ce que vous pensez de cette question-là ?
01:06 Est-ce qu'il faut qu'il y ait un collège Samuel Paty, une rue Samuel Paty, un square ?
01:10 Je rappelle que le collège, l'établissement dans lequel il enseignait, ne porte toujours pas son nom,
01:14 parce que l'éducation nationale a peur.
01:16 Allez-y.
01:18 - Bonjour Hamid.
01:19 - Bonjour Madame Ferrari.
01:21 - Bonjour. - Et bien, si, non, moi je pense que ce collège, ou d'autres, ou même pourquoi pas des noms de voix, ou d'arrêt de bus, s'appelle Samuel Paty.
01:34 Je ne vois pas pourquoi l'éducation nationale a peur.
01:36 Alors ce qu'il veut dire, je vais le dire poliment, si on ne fait pas ça, ça veut dire que l'État et l'éducation nationale baissent son pantalon face à des menaces venues d'ailleurs.
01:46 Moi je suis désolé, là il faut de la fermeté.
01:48 M. Samuel Paty, pour moi, c'est une victime du devoir.
01:52 Une victime du devoir d'un monsieur qui a voulu faire son boulot et qu'on ne l'a pas laissé faire.
01:56 Donc c'est une victime du devoir.
01:58 Tout comme un policier, par exemple, qui tombe sous les balles d'un marginal.
02:03 Voilà, c'est tout.
02:04 Non, non, non, l'État doit être ferme et définitif.
02:07 Et je pense que M. Attal le fera.
02:12 - Le ministre de l'éducation nationale, oui.
02:14 - C'est au nom de M. Samuel Paty.
02:16 - Vous avez raison, il devrait donner l'exemple.
02:18 Alors vous, vous êtes ancien policier, je crois.
02:20 Alors les policiers, vous étiez un peu mieux formés, préparés à faire face à ce type de violence.
02:25 C'est vrai que les professeurs, non, ne le sont pas.
02:27 Et qu'ils sont tétanisés parfois à l'idée de subir le même sort que M. Samuel Paty.
02:31 Il y a eu le cas de Dominique Bernard, malheureusement, professeur de français, il n'y a pas trop longtemps, à RAS.
02:34 - Oui, mais enfin bien sûr.
02:36 Je vais vous dire, mais partout, tout le monde a peur maintenant malheureusement.
02:39 Parce que regardez, moi je suis ancien policier, je suis en retraite depuis 12 ans.
02:42 Mais maintenant un policier qui fait son boulot, c'est lui qui se retrouve au tribunal.
02:46 Attendez, on essaye de tuer, je vais sortir un peu du sujet, mais regardez.
02:51 On a essayé de tuer un policier avec une voiture volée, l'auteur des faits, il prend 35 heures de travaux des intérêts généraux.
02:57 Attendez, obligatoirement, il y a une peur qui s'installe partout.
03:00 Il y a une peur qui s'installe partout et c'est pour ça qu'il faut qu'on ait, maintenant que l'exécutif réagisse,
03:05 là c'est même plus la ligne qu'il faut sonner.
03:08 Là, il faut vraiment réagir et maintenant taper du poing sur la table, siffler la fin de la récré,
03:13 et on dit l'autorité c'est nous. Voilà, n'en déplaise à certains.
03:17 - Est-ce que vous avez le sentiment, comme le disait Olivier Véran il y a quelques instants, d'un basculement dans la société ?
03:22 À un moment, on va se retrouver communauté contre communauté. Est-ce que c'est votre sentiment à vous ?
03:26 - Ah bah de toute façon déjà ce que disait M. Collomb, c'est tout à fait vrai.
03:30 Mais je vais vous dire, M. Collomb, ça existe depuis 30 ans, hein.
03:34 Depuis 30 ans qu'il y a des affrontements comme ça.
03:37 Moi je vais vous dire, personnellement, moi j'ai payé de ma carrière pour ça, pour avoir dénoncé certaines choses.
03:42 Je ne veux pas vous le dire parce que sinon, en quarantaine, je pourrais vous le dire parce que ça serait un peu long.
03:47 Mais ça fait comme ça plus de 30 ans qu'on a de gros problèmes
03:51 et qu'on fait la politique de l'autruche ou la politique du tartuffe.
03:55 Cacher ce sac et je ne saurais voir.
03:57 Ben voilà, maintenant on en est arrivé. On a tout fait pour que ça arrive.
04:00 Et ben voilà, ben c'est arrivé.
04:02 Et là malheureusement, si ça continue comme ça, je ne le souhaite pas loin de là.
04:07 Mais ça va finir comme un certain 6 février 34 et comme dans les années 30.
04:11 On fait tout pour que ça finisse comme ça. Je ne le souhaite pas, je vous le dis tout de suite.
04:14 - Non, personne ne le souhaite. - On a tout fait pour que ça arrive, malheureusement.
04:17 - Et est-ce que vous sentez la colère monter aussi du côté des Français ?
04:20 Ils disent "bon si l'État ne nous protège pas, ça va être à nous de nous protéger".
04:24 C'est le risque ?
04:25 - Ah ben bien sûr ! Et moi je vais vous dire, moi tout à fait d'accord.
04:29 Moi on aurait flingué un de mes gamins, bon j'ai pas eu d'enfant moi,
04:32 m'on aurait flingué un de mes gamins, je crois que j'aurais été capable du pire, moi je vous le dis tout de suite.
04:36 Attendez, il faut quand même arrêter. Et il n'y a pas longtemps encore, j'ai revu, si vous l'avez vu ce film,
04:41 avec l'excellent Jean Gabin qui s'appelle "La Horse".
04:44 Si vous connaissez ce film, et ben si vous ne l'avez pas vu, regardez-le.
04:48 Et ben moi je dis qu'on va en arriver à des extrémités comme ça,
04:52 parce que les gens en ont marre, les gens en ont marre.
04:54 - Je comprends, je comprends. Merci beaucoup de votre réaction Amide ce matin sur Europe 1.
04:59 Pour ce film là, je pense que c'est plus Pascal Praud qui est un grand spécialiste de ces films là.
05:03 Donc je vais l'appeler en espérant qu'il aille mieux, pour qu'il me dise ce que c'est ce film là.
05:10 Merci en tout cas Amide de ce témoignage. On se retrouve dans un autre instant sur Europe 1.
05:13 - Exactement, c'est Laurence Ferrari sur Europe 1 de 11h à 13h.
05:16 De midi, les infos d'Emilie Dez et vous au standard 01.80.20.39.21.
05:20 Vous réagissez sur Europe 1.
05:23 Laurence Ferrari et vous.
05:24 - 01.80.20.39.21.
05:27 Europe 1.
05:28 Europe 1.
05:30 Laurence Ferrari et vous.
05:32 - Et Laurence Ferrari vous écoute au 01.80.20.39.21.
05:36 Les maires doivent-ils donner le nom de Samuel Paty à une voix de leur commune ou à un établissement ?
05:40 Charles nous a appelé Laurence au standard pour réagir.
05:43 - Effectivement Géraldine, c'est très intéressant parce que Charles est professeur à Montpellier,
05:48 si je crois bien ce qui est écrit. Bonjour Charles.
05:51 - Oui bonjour.
05:52 - Bonjour. Vous dites, vous, et vous avez un point de vue assez fort, assez radical,
05:57 vous dites "les fleurs et les minutes de silence, il y en a marre".
06:00 Ça ne changera rien de donner le nom de Samuel Paty à un collège, c'est ça ?
06:03 - Écoutez, ça tient du folklore mémoriel ça.
06:07 Et je crois que le symbole en fait...
06:11 Je sais pourquoi on veut agir sur le symbole, parce que finalement ça n'engage à rien.
06:15 On ne voit pas grand chose en tous les cas d'un point de vue pragmatique.
06:18 - On se donne bonne conscience à peu de frais, c'est ça ?
06:20 - Bien sûr, évidemment.
06:22 Et on pourrait même baptiser 50 établissements scolaires en France avec le nom de Samuel Paty,
06:27 ça ne changera rien du tout.
06:29 Par contre, les décisions qui, elles, auraient de l'incidence,
06:32 là par contre on se garde bien de faire quoi que ce soit.
06:36 Et le problème c'est que ça fait des années et des années et des années que ça dure,
06:39 et c'est pour ça qu'on en arrive à ces situations comme ça d'impunité.
06:42 C'est pour ça que finalement les adolescents et même les adultes après
06:48 se sentent très à l'aise pour faire ce qu'ils ont envie de faire, etc.
06:51 Regardez de quelle façon les réseaux sociaux sont parsemés de vidéos
06:55 où vous avez des lynchages et des agressions comme ça, gratuites.
07:00 Et pour ce qui est de ces assassins, puisqu'il faut bien qu'on les appelle par leur nom,
07:06 eh bien les OQTF qui ne sont pas exécutés, les fichiers S,
07:12 je sais qu'on a des élèves qui sont fichiers S dans les établissements scolaires,
07:16 on ne sait pas qui évidemment. - Les professeurs n'ont pas accès à ça évidemment.
07:20 - Mais je veux dire, c'est quand même une forme de faillite.
07:25 Il faut dire les choses comme elles sont, on ne peut pas se réjouir de ce genre de choses.
07:30 Et il n'y a pas de vraie volonté politique justement pour aller dans ce sens-là.
07:35 Il faut rétablir en fait de la dissuasion auprès des jeunes et auprès des adultes.
07:41 - C'est-à-dire des sanctions, c'est ça, quand même il y a un moment, un acte délictuel impose une sanction.
07:47 - Mais il faut surtout qu'il y ait ce sentiment de peur.
07:53 En fait, je vais vous dire, redonner le sentiment de peur, c'est salutaire en fait pour une démocratie.
07:59 Parce qu'en réalité, c'est se dire "punaise, si j'enfreins la loi ou si je fais quelque chose
08:05 qui n'est pas du tout dans les règles, je vais prendre cher".
08:09 Et évidemment, comme c'est des choses qui font bondir en général, je dis bien en général les gens de gauche,
08:16 et même les gens de droite, j'ai envie de vous dire, parce que je veux dire,
08:20 je n'ai pas eu l'impression que du côté des républicains, ça les ait particulièrement bougés,
08:27 d'un point de vue pragmatique là non plus.
08:30 Bon, voilà. Alors après, c'est peut-être malheureux pour certaines personnes,
08:34 et voilà, il y a des responsables politiques qui disent ces choses-là,
08:39 et évidemment, bon ben voilà, il y a beaucoup de Français qui les pensent aussi,
08:44 mais qui sont qualifiés évidemment, bon voilà, c'est toujours l'extrême droite, etc.
08:50 Mais si vous voulez, ce n'est pas une bonne idée si vous voulez que de museler ces opinions-là.
08:57 Et de toute façon, je vais vous dire, dans le quotidien, si vous parlez avec des gens,
09:01 ils ont quasiment tous la même opinion, quelle que soit entre guillemets leur tendance politique,
09:09 à part ceux qui se mêlent la tête dans le sable, et qui trouvent que de toute façon,
09:14 on est tous frères, et que tout va bien, et que la créolisation de la France est magnifique.
09:20 - Je vois à qui vous faites allusion. Charles, vous êtes professeur, vous,
09:23 alors on disait au début de l'émission, ok, donner le nom d'un collège,
09:27 Samuel Paty, ça ne change rien, n'empêche que personne ne le fait, déjà.
09:30 Et deuxièmement, est-ce que vous, vous avez peur ? Vous êtes encore actif ?
09:33 Vous êtes encore prof ? Vous êtes à l'arc-rec ?
09:35 - Oui, oui, tout à fait, bien sûr, je suis enseignant.
09:38 Écoutez, au moment où ça se produit, c'est quand même très curieux.
09:43 C'est-à-dire que forcément, qui a un sentiment de peur,
09:49 et je ne parle pas que pour moi, je parle en fait de la profession en général,
09:54 là aussi quand même, c'est une faillite du système.
09:59 C'est-à-dire qu'on arrive à s'en prendre à des angles.
10:04 On a laissé s'installer...
10:07 - Charles, on ne vous entend pas très très bien, mais ce qui est dommage,
10:09 parce que moi ce qui m'intéresse, c'est comment vous vous sentez face à une classe de 32, 33 élèves parfois.
10:15 Alors je ne sais pas si on est encore, Charles, non la ligne a dû couper,
10:18 mais c'est ça qui est très intéressant, parce que ce n'est pas simple d'être professeur aujourd'hui.
10:21 Moi je leur tire mon chapeau, parce que faire face à des gamins,
10:24 parfois 16, 17 ans, qui à la maison évidemment n'obéissent pas,
10:29 et se retrouver face à un mur de 33 élèves, chapeau bas aux professeurs,
10:33 et évidemment on pense à Samuel Paty et Dominique Bernard,
10:36 qui ont été assassinés dans notre pays.