27 novembre 2023 - 7h45
Danièle Sondag - référente santé de l'antenne nîmoise de l'UFC Que Choisir
Danièle Sondag - référente santé de l'antenne nîmoise de l'UFC Que Choisir
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00:00 8h moins le quart dans un quart d'heure, 8h avec le journal qui arrive sur France Bleu,
00:06 Garlotzer. Merci d'être avec nous et que notre invité ce matin est un vrai sujet de
00:09 société. Encore un avec vous, Quentin Pérez de Tudela, c'est la référente santé de
00:13 l'antenne nîmoise de l'UFC Que Choisir.
00:15 Oui, bonjour Daniel Zondag, merci d'être avec nous.
00:18 Parlez-nous près du micro, excusez-moi.
00:20 Oui, l'UFC Que Choisir, Daniel Zondag, vient d'attaquer l'État pour inaction après avoir
00:24 dévoilé une nouvelle carte de France des déserts médicaux qui progresse, notamment
00:29 dans le Gard.
00:30 Cela dit, avant de rentrer dans le détail, aujourd'hui une question simple, qui vit dans
00:34 un désert médical dans le département ?
00:35 C'est principalement le nord du département, l'ouest, un peu l'est.
00:41 Pour les généralistes, c'est surtout le nord ouest du département.
00:46 Pour les spécialistes, c'est quasi tout le département sauf les grandes villes, Nîmes,
00:52 Alès, un petit peu Bagnoles, mais c'est principalement toutes les zones rurales.
00:57 Donc là-dessus, pas de surprise véritablement, mais la nouveauté dans votre enquête, c'est
01:01 que vous avez choisi deux critères pour identifier un désert médical.
01:05 La distance, bien sûr, entre son domicile et un cabinet de médecins, mais aussi les
01:09 tarifs des consultations.
01:11 Pourquoi vous avez retenu ce critère-là précisément ?
01:13 Parce que la distance, ça va de soi, parce que c'est très important d'avoir un médecin,
01:18 surtout un médecin généraliste, pas trop loin de chez soi.
01:21 Quand on est spécialiste, souvent c'est un peu plus loin.
01:24 La partie financière, c'est parce qu'actuellement, ça commence à être difficile pour tout le
01:29 monde et il est difficile de trouver un spécialiste sans dépassement d'honoraires.
01:34 C'est-à-dire qu'en fait, on peut avoir, si je vous suis, un médecin à côté de
01:38 chez soi, mais selon les prix qu'il pratique, ça ne veut pas dire qu'on va le consulter.
01:43 Exactement.
01:44 C'est surtout vrai pour les spécialistes, parce que pour les généralistes, il y a
01:48 très peu de dépassement d'honoraires, mais pour les spécialistes, quasi tous les spécialistes
01:54 ont des dépassements d'honoraires de plus ou moins important.
01:57 Mais plusieurs personnes, les gens, ne se font plus soigner actuellement, parce que
02:03 ces dépassements d'honoraires, s'il n'y a pas de mutuel, ils ne sont pas pris en charge.
02:07 Alors on le rappelle quand même, ces dépassements d'honoraires, c'est autorisé par la loi.
02:10 C'est autorisé par la loi.
02:12 Il y a trois secteurs pour les médecins.
02:13 Il y a un secteur 1, 2, 3.
02:15 Le secteur 1, il n'y a pas de dépassement d'honoraires, c'est souvent les médecins
02:18 généralistes.
02:19 Le secteur 2, ce sont des dépassements d'honoraires qu'on appelle opta, mais ça veut dire que
02:24 c'est des dépassements d'honoraires corrects, pas trop élevés.
02:27 Et le secteur 3, ils ne sont absolument pas reconnus.
02:30 Et alors justement, quels sont les spécialistes qui sont dans ce secteur 3, où il y a le
02:35 plus de dépassements d'honoraires ? Vous vous intéressez à trois spécialités, les
02:39 pédiatres, les gynécologues et les ophtalmologues.
02:41 Il y a très peu de médecins au total, mais très peu de spécialistes qui sont dans le
02:46 secteur 3.
02:47 La majorité sont dans le secteur 2.
02:48 Donc, ils ont des dépassements d'honoraires qui sont corrects, enfin, c'est toléré
02:54 par rapport à la législation et à la sécurité sociale.
02:57 Pourquoi est-ce qu'ils font ces dépassements d'honoraires-là ? Il y a bien une raison
03:00 s'ils le font.
03:01 Oui, parce que les honoraires ne sont pas suffisamment hauts, les honoraires fixés
03:07 par la sécurité sociale.
03:09 Donc, la première étape, c'est la sécurité sociale qui rembourse un certain montant et
03:13 les dépassements d'honoraires, c'est au-delà de la sécurité sociale.
03:16 Actuellement, beaucoup de mutuelles remboursent ces dépassements d'honoraires, mais tout
03:22 le monde ne peut pas se payer une mutuelle qui devient de plus en plus chère.
03:26 Évidemment, plus ces dépassements d'honoraires-là sont élevés, plus le reste à charge pour
03:30 le patient est fort.
03:31 C'est pour ça qu'il y en a qui décident carrément de ne pas consulter.
03:36 Absolument.
03:37 Et vous savez combien de personnes dans le Gard justement refusent, renoncent à des
03:40 soins pour ces raisons-là ?
03:42 C'est un chiffre qu'on n'a pas.
03:43 Bon, il y a aussi une autre difficulté, puisqu'on parle des spécialistes, on reviendra après
03:47 sur les généralistes, c'est que le délai de consultation est long.
03:52 Il est de combien à peu près dans le Gard ?
03:54 Suivant les spécialités, ça varie de 3 à 6 à 7-8 mois.
03:58 Pour des ophtalmo, ça peut être 6 mois.
04:03 Il y a des spécialités qu'on n'a pas étudiées, mais par exemple le dermatologue, ça peut
04:07 être quasi 9 mois, 1 an.
04:10 9 mois dans le Gard pour un dermatologue ?
04:12 Oui.
04:13 Et ce qui ressort dans votre enquête aussi, c'est que les femmes pour schématiser sont
04:19 peut-être un petit peu plus pénalisées justement par ces déserts médicaux.
04:23 Absolument, parce qu'on a étudié les gynécologues, qui est une spécialité quand même très
04:27 féminine, et là c'est la même chose.
04:30 Les femmes ont du mal à trouver un gynécologue pour avoir des consultations par exemple annuelles,
04:40 et tous les gynécologues ont presque des dépassements d'honoraires également.
04:45 Donc si on veut avoir un gynécologue sans dépassement d'honoraires, ça peut être
04:49 très très très long.
04:51 Des dépassements d'honoraires qui sont assez élevés je crois pour les gynécologues ?
04:54 Pas plus que pour les ophtalmo, mais ça peut amener des femmes à ne pas se faire soigner,
05:03 en tout cas à ne pas faire des consultations annuelles chez le gynécologue.
05:06 Le médecin qui est au cœur du parcours de soins en France, c'est le généraliste,
05:11 bien sûr, vous dites qu'ils sont peu à faire du dépassement d'honoraires, en revanche
05:15 ils sont très très nombreux à refuser de nouveaux patients.
05:19 Comment vous l'expliquez ça ?
05:20 Parce qu'il n'y a pas assez de généralistes en France et dans le Gard spécifiquement,
05:27 et quand vous habitez dans des régions rurales comme le nord du département ou l'ouest
05:34 du département, vous ne trouvez pas un généraliste très très près de chez vous, à moins de
05:40 30 kilomètres, vous n'en trouvez quasi pas.
05:42 Et donc ces généralistes sont surchargés de travail, malgré qu'il y a encore des
05:46 généralistes qui à 75 ans, 77 ans, continuent à travailler parce qu'ils ne trouvent personne
05:52 pour se faire remplacer, mais malheureusement il y a trop peu de médecins généralistes
05:57 dans le Gard et en France.
05:58 Combien de généralistes refusent justement des nouveaux patients ?
06:00 Ici on a fait une petite étude qui vaut ce que ça vaut, on a fait un patient mystère,
06:06 c'est-à-dire qu'on a téléphoné à 40 généralistes dans l'agglomération, la
06:11 grande agglomération Nîmoise, pas dans le Gard total, et en fait 3 généralistes sur
06:16 4 ne prennent plus de nouveaux patients.
06:19 3 généralistes sur 4, donc c'est à peu près 87-80% ?
06:23 C'est beaucoup plus qu'à l'échelle nationale puisque l'échelle nationale c'est 51%.
06:27 Exactement, mais le Gard est un département plus rural et plus les départements sont
06:32 ruraux, plus il est difficile de retrouver plus facilement un généraliste en ville
06:37 que dans les zones rurales.
06:39 Daniel Tsondag, référent de santé de l'antenne Nîmoise de l'UFC Que Choisir, c'est la
06:43 quatrième carte que vous faites depuis 2012, vous avez du coup 10 ans de recul, si vous
06:49 comparez ce qu'il y a 10 ans, c'est quoi aujourd'hui la situation ?
06:53 Absolument, la situation ne s'améliore pas puisque le numérosclosus a seulement été
07:01 supprimé je pense il y a 2 ans et on avait prévu qu'il y aurait des difficultés jusqu'en
07:07 2030, mais on n'avait pas prévu que les difficultés arriveraient si tôt.
07:10 Pourquoi si tôt ? Parce qu'il y a eu la crise du Covid, beaucoup de médecins généralistes
07:15 et autres sont partis de la pratique, ont arrêté leur pratique parce qu'ils étaient
07:21 plus âgés et ils ont arrêté leur pratique plus tôt que ce qu'ils avaient prévu.
07:25 En plus la société change, les médecins comme les autres personnes dans la société
07:32 veulent travailler un peu moins, avoir des loisirs, mais ce n'est pas différent pour
07:38 un médecin que pour quelqu'un qui travaille dans un bureau.
07:41 Vous avez vu ce que disait le ministre de la Santé sur l'étude que vous publiez,
07:46 cette nouvelle carte, il dit qu'elle est insupportable.
07:50 Vous lui répondez quoi ? Elle est insupportable.
07:53 D'abord l'enquête ne vise pas le ministre de la Santé actuel, ni les gardois en plus,
07:57 il faut le rappeler, ni les ministres de la Santé qui l'ont précédé.
08:02 C'est juste une constatation.
08:04 Le problème des déserts médicaux a été créé il y a 10-15 ans, ce n'est pas une
08:12 création récente les déserts médicaux.
08:14 Donc on ne va pas résoudre le problème des déserts médicaux dans un délai de 6 mois
08:20 et ce n'est pas un ministre qui va résoudre le problème des déserts médicaux.
08:25 Il faut prendre en charge ce problème-là, mais former un médecin c'est 10 ans presque,
08:31 et donc entre temps, pour moi, il faut encourager toutes les initiatives locales.
08:37 Parce qu'il y a des initiatives locales pour retrouver un médecin, les maires font beaucoup,
08:41 les métropoles, les communes, les mairies font énormément pour se retrouver un médecin
08:48 pour leur population.
08:49 Donc il faut encourager ça parce que les médecins ne vont pas, il n'y aura pas plus
08:54 de médecins en juin de l'année prochaine qu'il y en a eu en juin de l'année dernière.
08:58 Donc il faudra encore attendre un certain nombre d'années.
09:02 Donc favoriser les initiatives locales pour combattre ou faire reculer au moins ces déserts
09:07 médicaux.
09:08 On voudrait qu'on prenne Arlette qui nous a appelé.
09:11 Elle est plus là ? Elle est en ligne ?
09:13 J'ai personne, non.
09:14 Ah, bon on essaiera de retrouver Arlette qui nous appelle pour ce sujet-là du désert médical.
09:24 Je vous remercie beaucoup Daniel Sondag d'avoir été avec nous ce matin sur France Blog Garlose.
09:27 Je rappelle que vous êtes référent de santé de l'antenne nîmoise de l'UFC Que Choisir.
09:32 Merci à vous.
09:33 Et la bonne journée à chacune et à chacun d'entre vous.
09:35 Alors de fait, vous réagissez à ce qui a été dit là, l'enquête du UFC Que Choisir.
09:38 Vous avez des difficultés pour trouver un généraliste, un médecin ? On suppose que
09:42 oui, globalement c'est tout le monde.
09:43 La difficulté c'est que par moment on annule des soins parce qu'on ne trouve pas.
09:47 Racontez-nous chez vous dans votre zone, dans le Gard-Holland-Loser, comment c'est ? Et
09:51 vous nous appelez évidemment comme tous les matins, 04 66 21 36 37.