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CRiMES SPECIALE - FEMINICIDES

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00:00:00 Nous vous informons que ce programme est déconseillé aux moins de 10 ans.
00:00:04 Crimes, va vous raconter ce soir 3 faits divers bouleversants dans lesquels des femmes ont été victimes de violences conjugales.
00:00:16 Crimes spéciales féminicides, c'est tout de suite.
00:00:20 Et.
00:00:38 Et une mère au foyer de 43 ans elle vit à Aizy sur heure avec son mari Jean-Pierre et leurs 6 enfants.
00:00:49 Le 26 septembre 2011 dans un village voisin elle est retrouvée morte enchaînée à l'intérieur du monospace familial.
00:01:00 Le corps d'Eliane est dénudé et la voiture a été incendiée.
00:01:06 Jean-Pierre est à ses côtés grièvement brûlé.
00:01:11 Alors que s'est il passé à l'intérieur du véhicule le père de famille va-t-il s'en sortir et surtout qui a bien pu s'en prendre à Eliane et Jean-Pierre.
00:01:27 Dans un autre monde tout s'est arrêté c'était inimaginable pour moi c'était pas possible.
00:01:36 A 28 ans Amina et maman de 2 petites filles de 2 et 5 ans.
00:01:42 Elle vit à Aizenville dans le Val d'Oise avec son mari prénommé Bouyer.
00:01:51 Dans la nuit du 12 au 13 octobre 2013 Bouyer appelle les pompiers.
00:01:57 Sa femme est inanimée dans l'appartement familial.
00:02:01 Elle a visiblement été rouée de coups.
00:02:05 Transportée à l'hôpital Amina ne survivra pas à ces blessures.
00:02:11 Alors comment Amina est-elle morte ?
00:02:15 Que va révéler l'autopsie de la jeune mère de famille ?
00:02:19 Et surtout par qui a-t-elle été battue à mort ?
00:02:24 On assiste à une surenchère à une escalade dans la violence qui est employée à l'encontre de cette femme.
00:02:30 Notamment par les objets auxquels il recourt pour augmenter encore et encore la violence qui lui inflige.
00:02:37 C'est une des rares fois où je me suis dit tiens ça peut aller aussi loin dans l'horreur.
00:02:42 Juste à côté de chez nous justement dans une ville ordinaire.
00:02:46 Zoé est une jeune femme de 21 ans installée à Boulogne-Biancourt près de Paris.
00:02:53 Depuis 5 ans elle est en couple avec Julien.
00:02:57 Ils ont une relation a priori sans histoire.
00:03:01 Lorsque le 12 février 2015 dans la soirée Zoé est retrouvée morte chez elle.
00:03:07 Etendue dans une mare de sang elle a une paire de ciseaux enfoncée dans la gorge.
00:03:15 La scène de crime est d'une extrême violence.
00:03:19 Alors pourquoi Zoé est-elle décédée dans de telles circonstances ?
00:03:25 Que lui est-il arrivé ce soir d'hiver 2015 ?
00:03:29 Et surtout qui a bien pu s'en prendre à la jeune femme ?
00:03:35 Le décès est dû à une hémorragie massive causée par la plaie occasionnée par la paire de ciseaux.
00:03:40 Il y a aussi des lésions qui apparaissent sous la paupière et qui sont révélatrices aussi d'un début d'asphyxie.
00:03:46 Donc une personne qui a pu être étranglée.
00:03:49 Dans l'affaire qui va suivre vous allez découvrir l'histoire tragique d'Eliade.
00:04:07 Une femme de 43 ans décédée dans d'étranges circonstances.
00:04:12 Une enquête qui plongera les gendarmes de Dreux dans les méandres d'une famille déchirée.
00:04:20 Comment est-ce qu'un incendie de cette violence se déclenche dans l'habitacle de ce monospace ?
00:04:28 Et puis on est quand même intrigués évidemment par le fait qu'Eliade ait été enchaînée.
00:04:33 Nous sommes à Saucé, à moins de 20 kilomètres de Dreux.
00:04:39 Entourée de rivières et de forêts, cette modeste commune de 1000 habitants ressemble à beaucoup d'autres dans la région agricole de la Beauce.
00:04:49 C'est un petit village qui est particulièrement tranquille.
00:04:53 On ne peut pas dire qu'il y a de la vie, mais on peut dire qu'il y a de la vie.
00:04:57 C'est un petit village qui est particulièrement tranquille.
00:05:02 On ne peut pas dire qu'il ne s'y passe rien, mais il ne s'y passe quand même pas grand-chose.
00:05:05 C'est vraiment l'inquiétude et puis presque la monotonie en réalité.
00:05:10 Mais le 26 septembre 2011, au matin, un événement va bouleverser la paisible commune.
00:05:20 Ça se passe dans une impasse devant le centre périscolaire de Saucé.
00:05:25 C'est une scène un petit peu étrange parce qu'il y a un monospace qui est garé en marche arrière.
00:05:29 Il est 8 heures du matin. Ce monospace a priori n'a rien à faire en marche arrière dans cette impasse.
00:05:35 Et il y a une dame qui sort de la garderie et qui s'approche du monospace.
00:05:41 Elle sent que quelque chose bouge dans le monospace. Elle entend une voix faible qui dit police, police.
00:05:48 Et tout est parti de là.
00:05:51 Méfiante, la passante n'ose pas regarder à l'intérieur du véhicule et contacte immédiatement les gendarmes de DRE.
00:06:01 Alors, que s'est-il passé devant cette école de Saucé ?
00:06:06 Qui est cette personne dans la voiture ?
00:06:10 Et pourquoi appelle-t-elle Alain ?
00:06:19 Suite au signalement, les gendarmes de DRE interviennent devant l'école de Saucé.
00:06:25 Et très vite, ils réalisent la gravité de la situation.
00:06:31 On va découvrir deux personnes à l'intérieur du monospace.
00:06:38 Un homme qui est vivant.
00:06:42 Une femme qui, a priori, ne donne pas de signe de vie.
00:06:47 Un véhicule qui est extrêmement dégradé, qui semble-t-il a été le siège d'un incendie.
00:06:55 Si la femme est décédée, l'homme parvient quant à lui à prononcer quelques mots avant d'être pris en charge par les secours.
00:07:05 Il va expliquer de manière un peu confuse qu'il y a eu un accident.
00:07:11 Qu'il était là avec l'autre personne dont on va découvrir le corps.
00:07:17 Et qu'il y a eu un accident et que ça s'est mal passé.
00:07:21 En analysant l'habitacle du véhicule, les gendarmes notent que la banquette arrière a été retirée.
00:07:29 Et la suite des découvertes va surprendre encore plus les enquêteurs.
00:07:36 D'abord, la femme est enchaînée avec des chaînes qui sont cadenassées, accrochées au point d'ancrage des sièges arrière de la voiture.
00:07:46 Et il y a des objets sexuels qui sont posés à côté d'elle.
00:07:50 Et il y a également un bidon d'essence qui est dans un sac en plastique.
00:07:55 Il y a des odeurs, il y a des vapeurs d'essence.
00:07:58 Et l'intérieur est carbonisé.
00:08:01 A partir de la plaque d'immatriculation, les gendarmes retrouvent le propriétaire du véhicule.
00:08:07 Un certain Jean-Pierre.
00:08:10 L'homme d'une quarantaine d'années est installé dans une commune voisine avec sa femme, Eliane.
00:08:17 Ensemble, ils ont six enfants âgés de 9 à 22 ans.
00:08:23 On découvre très rapidement qu'il s'agit d'un couple qui habite à Issy-sur-Or, où ils les habitent avec leurs enfants.
00:08:29 C'est un couple qui, a priori, n'a aucune particularité, aucune difficulté.
00:08:34 Et qui n'est pas signalé dans le village où ils vivent comme ayant des difficultés particulières.
00:08:40 À 43 ans, Eliane est une femme au foyer, très appréciée au sein de sa famille.
00:08:48 L'annonce de son décès plonge ses proches dans le désarroi et l'incompréhension.
00:08:55 J'étais dans un autre monde.
00:08:57 Pour moi, tout s'est arrêté.
00:09:01 C'était inimaginable.
00:09:04 Pour moi, ce n'était pas possible.
00:09:07 Elle était formidable.
00:09:09 C'était ma petite soeur.
00:09:13 Et elle vivait pour ses enfants.
00:09:17 Ses enfants, ses enfants.
00:09:19 Moi, j'étais très proche d'elle.
00:09:23 Elle se confiait beaucoup à moi.
00:09:27 Peu de temps avant sa mort, cette mère de famille avait exprimé son envie d'indépendance.
00:09:34 C'est une femme qui désire, à ce moment-là de sa vie, prendre un peu sa vie en main.
00:09:38 Et en tout cas, prendre un virage.
00:09:41 Reprendre une formation, passer son permis de conduire, trouver un emploi.
00:09:44 Et sortir un peu du foyer stricto sensu.
00:09:49 Mais alors, qu'est-il arrivé à Eliane ?
00:09:53 Son mari Jean-Pierre survivra-t-il à ses blessures ?
00:09:57 Et donnera-t-il plus d'informations sur les circonstances de ce drame ?
00:10:04 Le 28 septembre 2011, deux jours après la découverte du corps sans vie d'Eliane,
00:10:19 le médecin légiste rend ses conclusions.
00:10:23 Eliane est décédée des suites d'une intoxication aiguë au monoxyde de carbone
00:10:29 et puis aux fumées, surtout, qui ont résulté de l'incendie de l'habitacle du monospace.
00:10:36 Jean-Pierre, dont le pronostic vital reste engagé, est hospitalisé au centre des grands brûlés de Clamart.
00:10:47 Les brûlures constatées sur son corps, plus de 60%, nécessiteront plusieurs interventions chirurgicales,
00:10:53 plusieurs mois, très longs mois d'hospitalisation.
00:10:58 Les gendarmes ne sont pas en mesure de l'entendre.
00:11:02 Et ils font face à de nombreuses interrogations.
00:11:07 La vraie question, c'est comment est-ce qu'un incendie de cette violence se déclenche dans l'habitacle de ce monospace ?
00:11:15 Et puis on est quand même intrigués, évidemment, par le fait qu'Eliane ait été enchaînée.
00:11:23 Dans l'espoir de lever le voile sur ce couple mystérieux, les gendarmes auditionnent leurs proches.
00:11:32 Si on interroge la famille de Jean-Pierre, ils décrivent un couple normal, sans difficultés.
00:11:38 Par contre, l'entourage d'Eliane, voire éventuellement les enfants, décrivent une vie familiale un peu mouvementée.
00:11:47 Et certains membres de la famille révèlent que Jean-Pierre est un homme qui montre tous les signes d'une jalousie maladie.
00:11:57 Si elle passait la journée avec moi, c'était toutes les 2 minutes. Il appelait même sur mon téléphone.
00:12:02 "Et qu'est-ce que tu fais ? T'es où ? Pour rentrer à quelle heure ?" Enfin, ça devenait vraiment du harcèlement. Il la harcelait.
00:12:09 Il y a un exemple absolument frappant de la jalousie de Jean-Pierre, c'est la scène d'un barbecue où tout le monde était réuni dans un moment plutôt joyeux, un barbecue d'un après-midi.
00:12:21 Et puis quelqu'un passe à proximité de la maison et klaxonne.
00:12:26 Et là, Jean-Pierre est persuadé que c'est un amant, bien évidemment imaginaire, d'Eliane qui lui faisait coucou en appuyant sur son klaxon lorsqu'il passait à côté de la maison.
00:12:38 Mais ce n'est pas tout. Le père de famille pourrait également faire preuve d'agressivité envers Eliane.
00:12:48 Il l'a menacée un jour avec un couteau. Et moi, je suis arrivé et je lui ai dit... Je l'ai pris à part et je lui ai dit "Mais ça va pas de faire des trucs comme ça ?" Il m'a dit "Ouais, je sais, j'ai déconné", enfin bref.
00:12:59 Une fois, je l'ai entendu textuellement menacer Eliane à un mariage qui s'est passé une semaine ou 2 semaines avant le décès de ma belle-mère.
00:13:11 Je l'ai entendu dire textuellement "T'as de la chance qu'on ait les enfants".
00:13:16 Originaire de Maule, dans les Givelines, le couple s'installe dans l'Eure à la fin des années 90.
00:13:24 Mais pour les proches d'Eliane, ce déménagement était calculé.
00:13:31 Pour moi, j'ai toujours pensé et j'en suis pratiquement persuadé qu'il l'a emmené là-bas pour l'éloigner de la famille.
00:13:38 N'ayant pas son permis et tout ça, il s'est dit "Au moins, elle va être à la maison et elle ne pourra pas faire ce qu'elle veut".
00:13:46 Au mois d'octobre, après plusieurs semaines en soins intensifs, Jean-Pierre sort du coma.
00:13:53 Mais son comportement intrigue les enquêteurs.
00:13:57 Ce qui frappe, c'est qu'il ne prend pas de nouvelles d'Eliane.
00:14:02 On a affaire à un homme extrêmement calme, tranquille, qui ne semble pas être particulièrement bouleversé par ce qu'il a vécu.
00:14:15 Alors, quel sera le témoignage de Jean-Pierre ?
00:14:20 Sa femme a-t-elle été victime d'une mort accidentelle ?
00:14:25 Ou l'homme de 46 ans est-il directement impliqué ?
00:14:30 L'état de santé de Jean-Pierre n'étant toujours pas compatible avec une audition,
00:14:42 les gendarmes de Dreux en profitent pour assembler un maximum d'informations sur lui.
00:14:48 Jean-Pierre est un homme de 46 ans, il est agent de production dans une entreprise de métallurgie,
00:14:54 qui donne absolument toute satisfaction dans son travail.
00:14:58 Sur le plan personnel, le portrait est un peu plus nuancé.
00:15:03 Ainsi, plusieurs de ses proches révèlent que l'homme peut se montrer violent, physiquement.
00:15:11 Je l'ai vu carrément agresser un automobiliste qui avait klaxonné comme ça dans la route,
00:15:18 parce que c'était bouché pour je ne sais plus quelle raison.
00:15:22 Il s'est vraiment mis en colère à un point de mettre un coup de poing dans le phare de la voiture, comme ça, sans aucune raison.
00:15:29 Les gendarmes découvrent également que Jean-Pierre a déjà consulté pour des problèmes de dépression et de jalousie.
00:15:39 Plusieurs années avant les faits, il était suivi d'un point de vue psychiatrique et psychologique.
00:15:45 A priori, ce traitement était positif, si ce n'est qu'il y avait un traitement médicamenteux dont il a estimé à un moment
00:15:55 qu'il l'anéantissait tellement qu'il l'a tout simplement arrêté.
00:16:00 Afin de savoir comment le couple s'est retrouvé devant cette école de saucer,
00:16:06 les enquêteurs reconstituent leur emploi du temps. Et cela depuis le 25 septembre 2011.
00:16:14 La veille des faits, la famille est allée faire une brocante.
00:16:18 Tout s'est bien passé, a priori l'ambiance était bonne, il y avait les enfants, il y avait Diane, Jean-Pierre, tout se passait bien.
00:16:27 Le couple et les enfants se retrouvent ensuite chez la fille aînée, Vanessa, à Nonancourt pour dîner ensemble.
00:16:37 Au moment de quitter les lieux, l'une des aînées de la fratrie explique à Jean-Pierre qu'elle a une panne d'essence avec sa voiture.
00:16:46 Et le père de famille va alors avoir une réaction surprenante.
00:16:52 Jean-Pierre, d'après les témoins qui rapportent la scène, aurait expliqué qu'il avait un bidon d'essence, mais qu'il l'apporterait lui-même à sa fille plus tard.
00:17:05 Et ça a surpris un certain nombre de gens qui étaient présents, disant mais le bidon est là, il suffit de le lui donner et puis elle va mettre de l'essence dans sa voiture.
00:17:14 Pourquoi est-ce qu'il veut conserver ce bidon absolument avec lui ? Ça n'avait aucune logique.
00:17:23 Une fois de retour chez eux, l'homme de 46 ans se comporte à nouveau de façon intrigante.
00:17:32 - Jean-Pierre, ce soir-là, aurait prétexté auprès de son plus jeune fils un problème de pneus sur le monospace qui serait endommagé.
00:17:42 Et que donc, pour alléger le poids du véhicule, il fallait retirer la banquette pour ne pas aggraver le défaut sur un pneu.
00:17:52 Après cette réorganisation de leur voiture, Jean-Pierre et sa femme quittent le domicile familial vers 23h.
00:18:01 Un départ en pleine nuit qui surprend les 4 enfants présents à ce moment-là.
00:18:09 - La famille dira clairement que jamais, jamais une fois auparavant, ils étaient partis de la sorte.
00:18:18 - Elle serait jamais partie comme ça en laissant ses enfants parce que c'est jamais arrivé. C'est pas possible.
00:18:23 - Je pense même que si elle est partie ce soir-là, c'est qu'elle était obligée de partir. Elle est partie sous la menace. Je vois pas autre chose.
00:18:31 Le 6 janvier 2012, plus de 3 mois après les faits, les médecins donnent leur aval et Jean-Pierre est placé en garde à vue.
00:18:42 Son audition se déroule dans l'enceinte de l'hôpital.
00:18:47 L'homme de 46 ans raconte que ce 25 septembre, il a quitté sa maison familiale avec sa femme vers 23h pour rejoindre Sossé.
00:18:59 - Il a expliqué qu'en réalité, il pratiquait des jeux sexuels avec Eliane et que c'était tout à fait habituel et qu'ils étaient déjà allés sur les lieux plusieurs fois
00:19:09 pour ensuite expliquer que non, ces lieux-là, c'était la première fois et que c'était pour mettre du piment dans leur vie.
00:19:17 Le père de famille enchaîne les réponses confuses et notamment au sujet de l'origine du décès de sa femme.
00:19:25 - Jean-Pierre n'a très peu de souvenirs et il le dira tout de suite. Peu de souvenirs de la journée d'avant, peu de souvenirs de ce qui s'est passé.
00:19:33 Pour lui, c'est une boule de feu qui intervient quand il manipule son briquet.
00:19:40 Persuadé que le suspect ne leur dit pas toute la vérité, les gendarmes de DRE le mettent face à ces contradictions.
00:19:51 - Vous n'avez pas détaché votre femme, vous n'avez pas essayé de la sortir du véhicule, vous n'avez pas appelé les secours,
00:19:58 alors qu'il y a un téléphone qui est retrouvé et qui est en état de fonctionnement.
00:20:03 Et il va dire "mais j'ai dû m'évanouir, j'ai perdu connaissance et ensuite j'étais complètement perdu".
00:20:11 Le 20 mars 2012, 6 mois après le drame, Jean-Pierre est mis en examen pour assassinat, mais laissé libre à cause de son état de santé.
00:20:23 Pour la famille, le choc est immense.
00:20:29 - A un moment donné, je me dis que c'est lui, mais je garde l'espoir qu'il est innocent parce que c'est sur les parents qui me laissaient,
00:20:36 donc je m'accroche à ce truc-là. Mais je sais qu'au fond de moi, c'est lui.
00:20:40 Alors Jean-Pierre reviendra-t-il sur sa version des faits ? A-t-il délibérément laissé sa femme mourir dans la voiture ?
00:20:52 À Dreux, les gendarmes cherchent à comprendre comment un incendie a pu se déclencher dans la voiture de Jean-Pierre et Eliane.
00:21:07 - Il y avait un bidon d'essence qui était dans un sac en plastique. Ce bidon d'essence avait été coupé, peut-être à l'aide d'un cutter, on le saura jamais,
00:21:17 sur 10 à 15 cm, et l'essence s'est écoulée dans le sac plastique.
00:21:22 Mais pour l'homme de 46 ans, le décès d'Eliane n'est qu'un malheureux concours de circonstances.
00:21:30 - Jean-Pierre dit que le bidon d'essence a été ouvert avec son pied, ce qui est peu probable. Il était pieds nus. On voit mal comment il aurait pu couper le bidon d'essence.
00:21:41 Les experts en incendie assurent également que le feu ne pouvait prendre qu'après l'épandage d'un, voire de plusieurs litres d'essence dans l'habitacle du véhicule.
00:21:54 - Il est impossible de ne pas savoir qu'il y a de l'essence dans l'habitacle. Parce que vous êtes, si vous voulez, comme si vous aviez la tête dans un bidon d'essence, ce que nous ont dit les experts.
00:22:03 - Mon beau-père était quand même du genre bricoleur. Il sait très bien qu'on allume un briquet quand ça sent l'essence, ça prend feu. Il le sait très bien.
00:22:14 Donc, pour moi, déjà, tout ça, ça a été fait exprès.
00:22:18 Une question va toutefois semer le trouble parmi les experts. Jean-Pierre était-il, oui ou non, présent dans la voiture au moment de l'incendie ?
00:22:30 - A partir du moment où cette personne est consciente, ça veut dire qu'elle est sortie du véhicule. Pourquoi ? Parce que toute personne qui serait restée dans le véhicule aurait respiré l'air empoisonné par l'essuie et par le dioxyde de carbone qu'a respiré Éliane.
00:22:46 Mais les analyses réalisées sur la voiture vont mettre à mal cette hypothèse.
00:22:56 - On pourrait penser qu'il était sorti du véhicule, mais comme il n'y a pas d'essuie dans les embrasures des portes, il n'y a pas de chance que le véhicule ait été ouvert pendant l'incendie.
00:23:07 Mais alors, comment Jean-Pierre a-t-il survécu au milieu des fumées toxiques ?
00:23:14 - Ça peut s'expliquer par la position des corps, puisque les fumées montent effectivement dans l'habitacle et qu'Éliane, étant à genoux, elle avait la tête plus haute que Jean-Pierre qui, lui, a été retrouvé allongé au sol.
00:23:29 A partir de ces éléments, les gendarmes de DREU établissent un possible déroulement des faits.
00:23:38 - Le scénario qui est proposé par les enquêteurs à l'issue de l'instruction, c'est le déplacement du couple vers Saucey, le fait qu'Éliane soit attachée, puis l'épandage avec l'essence et de manière massive et évidemment volontaire.
00:24:01 - La mise à feu aux alentours de minuit du véhicule, l'incendie rapide.
00:24:08 Pour autant, l'instruction n'a pas permis d'éclaircir tous les mystères qui entourent cette affaire.
00:24:16 - Est-ce qu'il a voulu se suicider, enfin tuer sa femme et se suicider ? Est-ce qu'il a voulu tuer sa femme et s'en sortir ?
00:24:27 - Les points d'interrogation restent toujours très nombreux à l'issue de l'enquête.
00:24:32 Le mobile de ce crime est également très incertain, mais la volonté d'indépendance de la victime semble être au cœur de ce drame.
00:24:43 - C'est un homme qui sent que sa femme est en train de lui échapper et qui, d'une manière inconsciente, ne supporte pas une telle idée.
00:24:54 - Il s'est imaginé quelque chose dans sa tête, il s'est dit "ça y est, elle veut gagner sa vie, ça se trouve, c'est pour avoir son chez elle et me quitter quoi". Alors que non, pas du tout.
00:25:07 Alors, le procès permettra-t-il de connaître toute la vérité sur la mort d'Elias ?
00:25:16 Et Jean-Pierre continuera-t-il à clamer son innocence ? Et quel sera le verdict de la cour d'assises ?
00:25:24 Le procès de Jean-Pierre s'ouvre le 9 décembre 2016 devant la cour d'assises d'Eure-et-Loire, à Chartres.
00:25:41 Tandis qu'il risque la perpétuité pour l'assassinat de sa femme, l'homme de 46 ans comparaît libre. Il n'a jamais été placé en détention provisoire au grand désespoir de la famille d'Elias.
00:25:56 - Je ne comprends toujours pas pourquoi on a laissé cette personne libre pendant 5 ans alors qu'il avait tué ma soeur. Là, je peux vous dire qu'il y avait la colère.
00:26:10 Malgré la douleur, Vanessa, qui est à la fois la fille de la victime et de l'accusé, a tenu à prendre place sur le banc des partis civils.
00:26:21 - Alors, ce que j'attends du procès, c'est qu'il soit condamné, qu'il prenne le maximum. Et ce que j'attends de lui, c'est d'avoir la vérité, qu'il nous dise le pourquoi.
00:26:34 - J'avais hâte de le voir parce que je voulais au moins qu'il puisse nous regarder en face. A aucun moment, il nous a regardés. Il avait toujours la tête baissée.
00:26:41 Jean-Pierre n'ose pas affronter les proches d'Elias et s'enferme dans un mutisme durant les 3 jours d'audience.
00:26:52 - Il reste dans une posture qui est celle de ne pas se souvenir, ce qui lui permet de ne pas répondre aux questions qui le mettraient face à un dilemme très important.
00:27:03 - Il est également dans une posture de dire que c'est un accident, qu'il n'a jamais voulu la mort de sa femme.
00:27:13 Le 13 décembre, Jean-Pierre est condamné à 25 ans de réclusion criminelle. Pour les proches d'Eliane, c'est un soulagement. Mais leurs attentes restent déçues.
00:27:25 - On n'a pas eu de réponse, donc il n'y avait pas de satisfaction à 100%. OK, 25 ans, c'est bien. Mais qu'est-ce qui s'est passé, ça, on le saura jamais.
00:27:42 Jean-Pierre fait appel et un second procès se tient à Versailles au mois d'avril 2018. Il est de nouveau reconnu coupable d'assassinat, mais sa peine est diminuée de 5 ans.
00:28:04 Aujourd'hui, plus de 8 ans après les faits, les proches d'Eliane peinent encore à se remettre de la mort violente de la mère de famille.
00:28:13 A cette tristesse se mêle une haine profonde contre Jean-Pierre, le meurtrier.
00:28:22 - J'ai toujours pas fait le deuil, parce qu'en fait... Et puis je pense que je le ferai jamais, de toute façon. Mais au moins, j'aurais au moins voulu savoir pourquoi. Pourquoi il lui a enlevé la vie, quoi.
00:28:32 - Il a détruit toute une famille. Ses enfants, ses parents, ses frères et soeurs. Il a détruit tout le monde.
00:28:41 Malgré le manque de réponse à leurs questions, les enfants de la victime essaient coûte que coûte de faire perdurer le souvenir de leur mère.
00:28:53 - On parle souvent d'elle. Donc oui, même si elle n'est plus là, elle existe, quoi. Même s'ils ne l'ont pas connue, elle existe. Ils savent très bien que c'est leur mamie, puis voilà.
00:29:06 Le jour où la victime de la mort de Jean-Pierre est découverte.
00:29:12 Dans l'affaire qui va suivre, vous allez découvrir le sort épouvantable d'Amina dans le Val-d'Oire. Une jeune femme complètement asservie par son mari. Un huis clos infernal qui aura raison d'une famille tout entière.
00:29:41 - Pour lui, l'homme domine la femme. Et si elle ne fait pas exactement ce qu'il souhaite, il frappe, il tape ou il torture.
00:29:50 - La fille née, elle a très peur de son père. Et puis surtout, elle va utiliser le mot "mon père a défoncé ma mère", ce qui n'est vraiment pas un mot d'enfant de 5 ans.
00:30:06 Nous sommes à Aizanville. Cette commune de 10 000 habitants est située dans le département du Val-d'Oise, à proximité immédiate de l'aéroport du Bourget.
00:30:19 - Aizanville est une petite ville dans la campagne, mais pas si loin de Paris, en réalité à une vingtaine de kilomètres. Et vous avez une gare qui dessert cette commune. Petite ville résidentielle.
00:30:32 Une localité d'Ile-de-France comme beaucoup d'autres, qui va être le théâtre d'un drame nocturne.
00:30:39 Le 13 octobre 2013, vers 1 heure du matin, les sapeurs-pompiers de Daumont sont appelés en urgence pour une intervention dans un appartement du centre-ville.
00:30:51 Sur le trottoir, devant l'immeuble, ils retrouvent l'auteur de l'appel accompagné d'une petite fille.
00:31:01 - Les pompiers suivent cet homme, montent à l'étage, arrivent devant un appartement, la porte est ouverte et ils voient le corps d'une femme allongée.
00:31:08 Alors, que s'est-il passé dans cet appartement ? L'auteur de l'appel fera-t-il des révélations ? Et dans quel état est la victime ?
00:31:20 Dans l'appartement, les pompiers portent immédiatement secours à la victime.
00:31:35 Âgée d'une vingtaine d'années, cette femme, gît au sol, en tenue de nuit. Elle est en arrêt, cardio-respiratoire.
00:31:47 - Les pompiers découvrent une jeune femme qui a été rouée de cou, manifestement, qui est inconsciente, qui ne réagit plus, et qui n'a plus de maintien tête ou tronc, qui de ce fait ne peut plus maintenir sa tête quand on la soulève.
00:32:00 Pendant que les pompiers la prennent en charge, l'homme qui les a amenés dans l'appartement se présente comme le mari de la victime. Une certaine, Amina.
00:32:13 - Il interpelle régulièrement les sapeurs-pompiers pour savoir si sa femme va s'en sortir, et à un moment les pompiers vont lui demander de se pousser, de le mettre en dehors de l'appartement avec sa fille pour pouvoir travailler dans de meilleures conditions.
00:32:26 Prénommé Bouillé, le mari s'agite et ne tient pas en place. Malgré son comportement, les pompiers poursuivent leur intervention. Une intervention déjà rendue difficile par la configuration des lieux.
00:32:42 - L'appartement dans lequel les pompiers arrivent est petit, il est manifestement insalubre, les objets s'avoncèlent un peu partout, il est mal entretenu, et on voit par exemple le lit parapluie d'un enfant qui jouxte immédiatement la télévision, autant dire que tout le monde vit un peu les uns sur les autres.
00:33:01 Dans un coin du logement, les secours retrouvent une deuxième petite fille. Elle est confiée à Bouillé, qui se dit être le père.
00:33:11 - Les pompiers vont appeler les gendarmes pour deux raisons, la première, la constatation de toutes ces échymoses, c'est le protocole habituel, et puis le fait aussi que cet homme les a accueillis en disant qu'il avait fait une grosse bêtise.
00:33:25 Quelques minutes après avoir été contactés, les gendarmes des coins, la caserne la plus proche des Anvilles, débarquent sur les lieux, et ils décident d'interroger Bouillé à l'extérieur de l'appartement.
00:33:39 - L'homme est dans un état de nervosité relative, il n'est pas agressif, il n'est pas violent envers les services de secours, ni envers quiconque à ce moment là, il est évidemment nerveux au vu de ce qui vient de se passer.
00:33:53 - A l'issue de l'intervention, le samuel étant également intervenu, Amina est emmenée à l'hôpital, Bouillé lui est emmené par les gendarmes et placé en garde à vue, quant aux deux enfants, ils sont placés chez une voisine en attendant qu'un frère vienne les récupérer le lendemain matin.
00:34:12 Alors, Bouillé a-t-il battu sa femme ? Quelle sera sa version face aux gendarmes ? Et Amina survivra-t-elle à ces blessures ?
00:34:30 - Amina est admise aux urgences immédiatement, elle va subir des soins intensifs tout de suite qui ne vont malheureusement pas permettre de la réanimer et de la sauver, elle va décéder dans les heures qui vont suivre son admission aux urgences.
00:34:58 Une enquête est ouverte par la brigade de recherche de Montmorency. Tandis que les gendarmes suspectent un acte criminel, une autopsie est réalisée sur le corps d'Amina.
00:35:14 - Les experts légistes vont constater une quantité incroyable d'équimause de lésions récentes et anciennes, j'avais rarement vu autant de constatations, il y a 6 pages de descriptions des blessures.
00:35:28 - Donc la conclusion du médecin légiste dans son rapport c'est qu'Amina est décédée parce qu'elle a été battue à mort.
00:35:34 Au-delà des traces de coups, l'état général du corps de la victime est très préoccupant.
00:35:43 - Amina est une femme de 28 ans qui mesurait 1m70 mais qui ne pesait que 50 kilos, elle était au moment de son décès extrêmement amégrée.
00:35:52 En consultant son dossier médical, les enquêteurs du Val d'Oise découvrent avec effroi que la jeune femme était enceinte de 3 mois.
00:36:02 Et ce n'est pas tout, ils apprennent qu'elle est également séropositive.
00:36:11 - Elle avait avec certains membres de sa fratrie été victime d'une transfusion contaminée dans le cadre de ce qu'on a appelé l'affaire du sang contaminé et elle était porteuse du virus du sida depuis son enfance.
00:36:22 Afin de comprendre ce qui a bien pu se passer dans ce huis clos, les gendarmes interrogent les voisins du couple.
00:36:34 - Certains ont entendu des cris et personne n'a jamais été posé de questions ni frappé à la porte.
00:36:41 Un défaut d'attention qui est hélas récurrent dans les affaires de violence conjugale.
00:36:50 - Le voisinage souvent ne réagit pas parce que ça concerne la sphère privée, la sphère privée ne concerne pas la sphère publique.
00:36:58 - Mais il est important d'aller taper à la porte pour voir ce qui se passe même s'il ne se passe pas grand chose.
00:37:05 - C'est vraiment important de dire à la victime "nous sommes là, nous avons entendu, nous savons".
00:37:09 Au cours de leurs auditions, les gendarmes réalisent que finalement peu de gens dans l'immeuble connaissaient vraiment la victime.
00:37:22 - Amina c'est une jeune femme discrète que personne ne voyait en réalité, qui était quasiment fantomatique presque, même dans son environnement immédiat.
00:37:31 - Et que très peu de gens ont remarqué parce qu'en fait elle était vraiment quasiment transparente.
00:37:36 - C'est une femme extrêmement discrète qui manifestement porte le voile pour cacher des bleus et qui ne rencontre personne.
00:37:45 - Elle ne parle pas aux voisins et elle n'a aucune forme de contact avec l'extérieur.
00:37:51 - Les femmes pensent toujours que lorsqu'elles sont battues, les gens vont penser qu'elles le méritent, qu'elles ont commis un certain nombre de choses qui justifieraient une certaine forme de punition même si ce n'est pas celle-là.
00:38:00 - Et puis on est aujourd'hui dans un monde où la réussite sociale, l'apparence, le bonheur à tout prix fait que lorsque vous ne connaissez pas cette image-là, évidemment vous vous excluez de la société, de l'ensemble de la société.
00:38:14 Vu l'ancienneté des blessures d'Amina, les enquêteurs cherchent à savoir si la victime avait entamé des démarches judiciaires dans le passé.
00:38:23 - Amina, après vérification par les services de gendarmerie, n'a jamais déposé plainte au préalable, n'a jamais fait état de violence de la part de Bouillet.
00:38:36 Alors le mari de la victime avouera-t-il les faits lors de sa garde à vue ? Qui se cache derrière cet homme ? Et ce drame aurait-il pu être évité ?
00:38:49 Avant d'interroger Bouillet, les enquêteurs tentent d'obtenir un maximum d'informations sur l'homme de 28 ans.
00:39:05 En consultant leur fichier, ils découvrent trois mentions dans son casier judiciaire et notamment sur des faits de violence.
00:39:14 D'origine malienne, Bouillet a grandi dans les Hauts-de-Seine, aux côtés de ses sept frères et soeurs.
00:39:23 C'est un homme qui s'est illustré par des épisodes de violence à répétition, que ce soit dans son enfance, lors de sa scolarité, ou que ce soit au travers de ses relations sociales et de ses relations d'amitié.
00:39:34 C'est un homme qui manifestement a des difficultés à supporter la frustration.
00:39:40 Bouillet est un homme extrêmement rigide, qui a un espèce de sentiment de toute puissance, très manipulateur vis-à-vis des autres, et toujours dans la plainte en disant que c'est la responsabilité des autres et qu'il n'est responsable de rien du tout.
00:39:55 C'est lors d'un séjour en Égypte, en 2006, que Bouillet et Amina ont fait connaissance.
00:40:05 De retour en France, ils finissent par s'installer à Eisenville, dans un petit appartement en location.
00:40:12 Au moment où les faits se produisent, on s'aperçoit que cet homme ne travaille pas. Il est marié avec Amina depuis plusieurs années. Ils ont ensemble deux enfants de deux et cinq ans, et elle est enceinte du troisième.
00:40:26 Mais Bouillet, sa vraie vie, c'est d'aller faire la fête sur Paris avec ses amis, pas avec Amina, qui reste, elle, à la maison.
00:40:35 D'ailleurs, il a aussi des aventures extra-conjugales, et puis les relations avec ses maîtresses vont s'y emprunter de violences et vont se terminer par des coups avec elle aussi.
00:40:44 Grâce aux résultats des analyses de sang, les enquêteurs réalisent que l'homme n'était pas en pleine possession de ses moyens la nuit du drame.
00:40:55 Elles ont montré qu'il avait consommé beaucoup d'alcool au moment des faits, et qu'il consomme très régulièrement du cannabis, ce que le dossier démontrera également.
00:41:03 En plus de ces expertises, l'audition de la fille aînée du couple va s'avérer capitale.
00:41:11 Parce qu'en réalité, elle est la seule témoin directe de ce qui s'est passé. Elle en a conscience, et elle va raconter un certain nombre d'étapes qui sont extrêmement importantes pour la suite de l'enquête.
00:41:23 Âgée de seulement 5 ans, la petite fille explique aux enquêteurs que son père frappe sa mère depuis longtemps.
00:41:32 Parfois même avec différents accessoires, comme des ceintures, des câbles, ou des casseroles brûlantes.
00:41:42 Elle a très peur, très peur de son père, elle le dit dans ses auditions auprès des services de gendarmerie, et puis surtout, elle utilise des mots qui ne sont pas des mots d'enfant de cet âge-là.
00:41:54 Elle va utiliser le mot "mon père a défoncé ma mère", ce qui n'est vraiment pas un mot d'enfant de 5 ans.
00:42:00 Les déclarations de la fille aînée sont confirmées par les constatations médico-légales.
00:42:08 Face aux témoignages de son enfant, Bouillet avoue les coups, mais réfute toute volonté d'homicide.
00:42:16 Il va nier tout ce qui vient exprimer la cruauté extrême de ses agissements.
00:42:22 C'est-à-dire qu'il veut bien reconnaître quelque chose de l'ordre de l'impulsivité et de l'acte non réfléchi de violence.
00:42:30 Il refuse de reconnaître la souffrance qu'il a nécessairement pensée et infligée, notamment le fait d'avoir brûlé sa femme avec le dos d'une casserole bouillante.
00:42:42 Le 19 novembre 2013, une perquisition est menée au domicile du couple en présence de Bouillet.
00:42:51 Mais devant son appartement, l'homme s'emporte et refuse même d'entrer à l'intérieur.
00:42:59 En dépit de cette attitude, de nombreuses pièces à conviction vont être saisies sur place.
00:43:06 Dans ce domicile, on voit les fils électriques avec lesquels il a pu frapper.
00:43:11 On voit les casseroles avec lesquelles il a pu brûler.
00:43:14 Et il reste des traces révélées au bluestar de sang qu'il a pu effacer.
00:43:20 Et ça vient dire bien au-delà de ce qu'il a bien voulu reconnaître.
00:43:25 Ils savent qu'il n'est pas content et donc il frappe encore, et cette fois-ci un poste de télévision.
00:43:30 Un coup de colère qui en dit long sur l'ambiance qui devait régner dans l'appartement.
00:43:38 Incontestablement, elle a subi pendant des semaines un calvaire dans cet appartement et des violences répétées de la part de Bouillet.
00:43:50 A l'issue de la perquisition, Bouillet reconnaît avoir frappé sa femme avec une ceinture et un câble de télévision.
00:43:58 Mais il réfute toute utilisation de casseroles brûlantes.
00:44:03 A la fin de sa garde à vue, il est présenté au juge d'instruction et mis en examen pour meurtre aggravé par la qualité de conjoint.
00:44:09 Pourquoi c'est une circonstance aggravante ?
00:44:11 C'est parce qu'en fait la conjointe, c'est celle avec laquelle on construit un foyer en principe.
00:44:17 Et puis en réalité, quand on trahit ce qui relève de la sécurité absolue que doit donner le foyer et de l'amour qui doit y régner,
00:44:25 quand on trahit ça, alors on porte atteinte à la toute première des cellules de la société.
00:44:30 Donc c'est beaucoup plus grave qu'ailleurs.
00:44:33 À Eisenville, l'annonce du meurtre d'Amina suscite une vive réaction au sein de la commune.
00:44:41 Sous le choc, les habitants expriment le besoin de se rassembler.
00:44:46 En mémoire de la jeune femme.
00:44:49 Pendant cette marche blanche, j'ai été très touchée par un des membres de la famille qui a pris conscience de ce qui s'était passé
00:44:56 et qui avait envie de sensibiliser tous les membres masculins de la famille, de l'entourage, de la proximité, pour que l'histoire ne se reproduise jamais.
00:45:05 Alors Bouillé dit-il toute la vérité aux enquêteurs ?
00:45:11 Pourquoi cet homme est-il tombé dans une telle spirale de violence ?
00:45:16 Et que vont révéler les expertises psychiatriques ?
00:45:21 En croisant les différents éléments de l'enquête,
00:45:35 les experts de Montmorency tentent d'établir le déroulé de cette funeste nuit du 13 février 2013.
00:45:43 Bouillé rentre tard dans la nuit, dans un état d'ébriété.
00:45:50 Il manifeste son mécontentement parce que Amina n'a pas donné à manger à ses enfants comme il le souhaite.
00:45:57 Il demande à ses filles de s'éloigner.
00:46:02 Les petites comprennent parfaitement parce qu'elles ont déjà assisté à des violences épouvantables.
00:46:06 Amina se retrouve au sol parce que Bouillé va lui mettre un coup de genou.
00:46:11 En pratique, elle ne se défend pas, elle est trop faible pour pouvoir se défendre.
00:46:15 D'ailleurs, la fille aidée indiquera que sa mère Amina ne se défendait jamais, peut-être par résignation.
00:46:22 Bouillé s'acharne sur sa femme, même inconsciente, jusqu'à ce qu'elle ne respire plus.
00:46:31 Pour la première fois, il va s'arrêter et appeler les secours parce qu'il se rend compte de l'extrême gravité de ce qu'il vient de commettre
00:46:36 et du fait que sa femme est probablement en train de mourir sous ses coups.
00:46:40 Et cette fois, l'issue a été fatale pour Amina.
00:46:44 Son mari n'en était pas à son premier passage à tabac.
00:46:48 Les enquêteurs se demandent alors pourquoi la famille de la victime ne l'a jamais éloigné de lui.
00:46:56 Mais durant les auditions, les gendarmes comprennent que les proches de la jeune femme étaient eux aussi terrifiés.
00:47:04 Par Bouillé.
00:47:06 La famille d'Amina décrit cet homme comme un homme violent, impulsif, nerveux, autoritaire
00:47:14 qui a progressivement isolé leur soeur et fille du reste de la famille en lui interdisant d'avoir la moindre vie en dehors de lui.
00:47:22 Il effraie beaucoup, il donne des ordres et on lui obéit.
00:47:25 Il demande de l'argent, beaucoup, il veut de l'argent des autres.
00:47:29 Il exige de l'argent et il l'a.
00:47:31 Tenue à l'écart de ses proches, la jeune femme se retrouve de plus en plus seule, sans aucune possibilité d'appeler à l'aide.
00:47:41 À la fin, elle n'a plus de téléphone portable, elle n'a plus sa carte bancaire parce que lui seul l'utilise.
00:47:48 Elle n'a plus aucun lien même avec les voisins.
00:47:51 C'est une femme qui demande l'autorisation pour aller sortir les poubelles.
00:47:54 Pour lui, l'homme domine la femme et si elle ne fait pas exactement ce qu'il souhaite, il frappe, il tape ou il torture.
00:48:02 Un enfermement physique et moral dont il est extrêmement difficile de s'extirper.
00:48:10 Une femme victime de violence va pouvoir s'en sortir du moment où elle prend conscience de ce qu'elle a vécu et qu'elle est victime de violence
00:48:19 et elle peut ensuite être accompagnée par des associations qui vont travailler avec elle le traumatisme qu'elle a vécu
00:48:25 et aussi lui faire prendre conscience que ses enfants aussi sont co-victimes et qu'il faut aussi qu'ils puissent consulter.
00:48:30 Entendu par des experts psychiatres, Bouillet se réfugie derrière un mystérieux groupe religieux qui serait à l'origine de ce déferlement de violence.
00:48:43 En réalité, on s'aperçoit que ce groupe religieux, peut-être sectaire ou pas, avait un chef dont il était "le préféré"
00:48:52 et en réalité, au fur et à mesure de son comportement de violence à l'égard de tout le monde, il n'est plus le préféré et il va en être éjecté.
00:49:01 On sent bien quand même que cette violence qu'il a en lui, Bouillet, c'est sa personnalité et elle préexiste depuis très très longtemps.
00:49:11 Pour les enquêteurs, le comportement extrême de Bouillet est bien antérieur à 2005 et à son intégration dans ce groupe religieux.
00:49:21 Groupe qu'il avait d'ailleurs quitté trois ans avant les faits.
00:49:26 Souvent les gens qui sont violents avec leurs épouses, se défoulent avec leurs épouses de toutes les violences qu'ils ont pu subir,
00:49:34 sont dominants avec leurs épouses parce qu'ils ont peur d'être dominés par ailleurs et se relâchent en famille de toutes leurs souffrances, ou sociales ou d'enfance.
00:49:44 Et donc l'épouse est en fait un exutoire à toutes ces problématiques qui ont été accumulées au travers de la vie.
00:49:51 Au terme de l'instruction, Bouillet est renvoyé devant la cour d'assises du Val-d'Oise pour meurtre aggravé sur son épouse.
00:50:03 Alors, quelle attitude aura-t-il pendant son procès ?
00:50:07 Exprimera-t-il enfin des regrets ?
00:50:11 Et quel sera le verdict ?
00:50:14 Le 12 janvier 2016, deux ans et demi après le décès d'Amina, le procès de son mari s'ouvre au tribunal de grande instance de Pontoise.
00:50:33 Dans un climat inhabituel.
00:50:35 L'ambiance est très tendue à l'ouverture du procès parce que tout le monde sait que l'accusé est quelqu'un d'impulsif, d'irritable, de potentiellement violent.
00:50:43 Et tout le monde se demande s'il va être en mesure de comparaître dans le calme et la sérénité requises pour une audience d'assises.
00:50:49 Des craintes qui vont rapidement s'avérer justifiées.
00:50:55 Durant le procès, il a une attitude extrêmement agressive et il défie la famille d'Amina comme s'il lui seul était détenteur de la mémoire de cette jeune femme.
00:51:06 Et il veut leur enlever jusque ça.
00:51:09 Pour être dans la toute puissance.
00:51:12 Pour l'avocat général et les partis civils, la mort de la jeune femme est l'aboutissement d'un processus de destruction.
00:51:20 Mis en place par Bouillier.
00:51:24 Atteinte du VIH et enceinte de 3 mois, Amina était déjà très affaiblie.
00:51:29 Ce que son conjoint ne pouvait ignorer.
00:51:33 On s'aperçoit dans le dossier qu'on assiste à une surenchère, à une escalade complètement dans la violence qui est employée à l'encontre de cette femme.
00:51:43 Notamment par les objets auxquels il recourt pour augmenter encore et encore la violence qui lui inflige.
00:51:51 Il y a rares fois où je me suis dit tiens, ça peut aller aussi loin dans l'horreur.
00:51:55 Juste à côté de chez nous justement, dans une ville ordinaire.
00:51:59 Malgré l'épreuve accablante, la défense de Bouillier reste la même.
00:52:05 L'homme reconnaît avoir porté des coups mais assure qu'il ne voulait pas assassiner sa femme.
00:52:14 Pour moi, il a voulu laisser entendre que tout ça ne lui ressemblait pas parce que drogue, parce que alcool, parce que groupe religieux.
00:52:25 Et en réalité, il a un parcours de vie indépendamment de ça qui exprime la violence et la dangerosité.
00:52:36 Le 15 janvier 2016, après 4 jours d'audience, Bouillier est condamné à 30 ans de réclusion criminelle.
00:52:44 Une peine assortie d'une période de sûreté de 20 ans.
00:52:50 À l'issue du procès, c'est également poser la question, parce que c'est la loi qui le prévoit, de l'autorité parentale.
00:52:57 A savoir est-ce que Bouillier allait conserver l'autorité parentale sur ses deux filles.
00:53:01 Est-ce que la cour a retiré cette autorité parentale de manière définitive.
00:53:06 Ce qui s'explique et est logique que dans cette affaire, c'est extrêmement grave.
00:53:11 Aujourd'hui, plus de 6 ans après le décès d'Amina, la liste des victimes de violences conjugales n'a cessé de s'allonger.
00:53:30 Depuis 2013, les féminicides s'accélèrent, puisqu'une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son ex-conjoint.
00:53:37 C'est un véritable fait de société. Il faut vraiment que tout le monde prenne à bras le corps ce problème-là pour éradiquer cette violence.
00:53:45 L'histoire d'Amina a profondément marqué tous les protagonistes de l'affaire.
00:53:53 Certains ont eu une véritable prise de conscience à la suite de cette disparition tragique.
00:54:00 Ce que je sais depuis, c'est que le rôle des témoins est essentiel.
00:54:06 Il faut aller frapper à la porte de la voisine quand on a entendu crier pour juste demander comment ça va.
00:54:12 C'est une question de citoyenneté et plus on parle de ça, plus on éveille un peu les consciences sur la question,
00:54:19 plus les témoins interviendront pour éviter peut-être des drames.
00:54:47 Dans l'affaire qui va suivre, vous allez découvrir le destin terrible de Zoé,
00:54:52 une jeune femme retrouvée morte dans son appartement à seulement 21 ans.
00:54:58 Un fait divers dramatique, sur fond de jalousie, qui va mettre en lumière de troublantes relations de couple.
00:55:07 Elle voulait absolument qu'il se passe quelque chose pour Zoé.
00:55:10 Une élimination quelque chose, qu'elle souffre de cette situation, probablement comme elle en avait souffert.
00:55:16 Qu'est-ce que c'est ?
00:55:17 Nous sommes à Boulogne-Biancourt, une des villes les plus peuplées de la banlieue parisienne.
00:55:30 Accolée à la Seine, cette agglomération séduit autant pour son activité économique que pour son accès privilégié au bois de Boulogne,
00:55:43 l'un des poumons verts de la capitale.
00:55:46 Ça fait partie, avec Neuilly-le-Valois, des quartiers assez chics et paisibles, limitrophes à la capitale.
00:55:56 Boulogne, c'est plutôt une ville tranquille. On n'entend pas parler de déchaînement de violences par-ci, par-là.
00:56:07 Pourtant, le 12 février 2015, la quiétude de cette ville va être perturbée par un événement.
00:56:15 Il est 20h30, lorsqu'un habitant du quartier du Point du Jour est saisi par une forte odeur de brûlé dans les parties communes de son immeuble.
00:56:25 Le trentenaire se dirige alors vers l'endroit d'où semblent venir les fumées, un appartement situé au deuxième étage.
00:56:35 La porte étant ouverte, Alain pénètre dans les lieux.
00:56:39 Il constate le corps d'une jeune femme étendue au sol, baignant dans une mare de sang massive.
00:56:45 Elle avait une paire de ciseaux plantés sur le côté droit de la carottie. Une paire de ciseaux enfoncées quasi intégralement.
00:56:55 Alors, qui est cette jeune femme retrouvée morte ? Dans quelles circonstances a-t-elle perdu la vie ?
00:57:04 Et s'agit-il d'un meurtre ou d'un accident ?
00:57:09 Face à cette découverte, la police judiciaire des Hauts-de-Seine est immédiatement dépêchée sur place.
00:57:25 À partir des factures et des pièces d'identité retrouvées dans l'appartement, les enquêteurs parviennent à mettre un nom sur la victime, étendue dans l'entrée.
00:57:35 Il s'agit d'une jeune femme, âgée de 21 ans, prénommée Zoé. Et autour d'elle, la scène est chaotique.
00:57:44 Les enquêteurs du SDPJ 92 constatent énormément de sang dans l'appartement, dans l'entrée, dans le salon.
00:57:52 Il y a un téléphone portable cassé qui jonche le sol. Et voilà, il y a une pâte à air, un porte-manteau, qui est posé par terre quelque part dans l'entrée.
00:58:03 C'est un appartement très exigu.
00:58:06 La plaque de cuisson d'où émane l'odeur de brûlé est encore rougie par la chaleur.
00:58:12 Les policiers ont le sentiment d'être au milieu d'une scène de crime. En revanche, les enquêteurs ne remarquent aucune trace d'effraction.
00:58:22 La porte d'entrée étant ouverte, ce qui laisse supposer aux enquêteurs que Zoé connaissait son agresseur.
00:58:29 Un habitant de l'immeuble a peut-être vu ou entendu quelque chose dans la soirée.
00:58:35 Sans plus attendre, la police judiciaire procède à une enquête de voisinage.
00:58:41 Personne n'a vu quelqu'un entrer ou sortir. Il y a eu des bruits manifestement à un moment.
00:58:49 À Boulogne, comme à Paris, il n'est pas coutume qu'on se mêle de ce qui se passe dans les appartements, même à proximité.
00:59:00 Il y a une espèce de discrétion qui fait qu'il peut effectivement se passer des choses terribles et que personne ne bouge.
00:59:11 Au cours des investigations de la police, un jeune homme se présente au bas de l'immeuble.
00:59:19 C'est Julien, le concubin de Zoé. Il est immédiatement pris en charge par la police qui l'empêche d'entrer.
00:59:24 Donc il a le temps de s'inquiéter et puis il est aussi regardé en premier lieu, au tout début, comme un suspect.
00:59:32 Les enquêteurs prennent Julien à part et lui révèlent dans quelles conditions Zoé a été retrouvée.
00:59:41 Je ne saurais pas vous décrire son état parce que lui-même n'était pas capable vraiment de mettre des mots sur le choc qu'il a envahi à ce moment-là.
00:59:50 Alors, le compagnon de la victime a-t-il des informations à livrer aux policiers ?
00:59:57 Qui s'en est pris à Zoé ? Et la jeune femme, connaissait-elle son meurtrier ?
01:00:10 Les enquêteurs de la police judiciaire veulent en savoir plus sur la victime.
01:00:15 Pour cela, ils interrogent son compagnon ainsi que ses proches.
01:00:21 Zoé est employée de commerce dans une chaîne et elle est décrite par ses collègues comme quelqu'un de très enjoué, très agréable, toujours sympathique.
01:00:31 Originaire des Hauts-de-Seine, Zoé était en couple depuis 5 ans avec Julien.
01:00:38 Une jeune fille sans histoire, une jeune fille assez calme et appréciée de tous.
01:00:44 Ça peut paraître assez banal mais c'est vraiment des témoignages qui ressortent de façon très spontanée.
01:00:49 Si Zoé ne semblait pas avoir d'ennemis connus, Julien va mettre les policiers des Hauts-de-Seine sur une piste.
01:00:58 Au moment où il est interrogé, quasi immédiatement, il désigne effectivement un homme qui s'appelle Rodrigo, qui travaille sur le même milieu de travail que Zoé.
01:01:08 Et dont il a appris récemment, à peu près 3 semaines avant, qu'il avait eu une aventure avec Zoé.
01:01:14 Rodrigo a entretenu une relation extra-conjugale avec Zoé entre les mois d'avril et de juin 2014.
01:01:26 Et c'est la compagne de Rodrigo, que nous appellerons Manon, qui avait découvert cette liaison.
01:01:32 Et à partir de ce moment-là, Rodrigo qui est très épris de Manon, va faire la promesse de rompre immédiatement.
01:01:40 Et pour la rassurer qu'il n'y aurait aucune possibilité de renouer ultérieurement, il va adresser une lettre au couple Zoé-Julien,
01:01:49 et surtout à Julien, pour l'informer de ce qui s'était passé, donc de cette relation illégitime, on va dire.
01:01:56 Dans cette lettre, Rodrigo avait également fait savoir que cette histoire avec Zoé avait causé énormément de torts à son couple.
01:02:06 Rien ne permet de déterminer pourquoi Julien va désigner Rodrigo immédiatement, si ce n'est dans un esprit de vengeance.
01:02:16 Au même moment, à Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis, un habitant de la commune pousse la porte du commissariat.
01:02:24 Il déclare avoir eu une dispute avec une amie à Boulogne-Biancourt le même jour.
01:02:31 L'individu déclare que la victime s'est blessée à la gorge, mais qu'il s'agit d'un accident.
01:02:40 Le rapprochement est assez vite fait entre le corps de la jeune femme retrouvée à Boulogne et les faits que vient de dénoncer cet homme ce soir-là.
01:02:47 Cet homme, c'est Rodrigo, le collègue et amant de Zoé.
01:02:53 Alors, que s'est-il passé ce 12 février 2015 ?
01:02:58 Rodrigo est-il responsable de la mort de Zoé ?
01:03:02 Et va-t-il retrouver la mémoire devant les policiers ?
01:03:09 Les enquêteurs de Livry-Gargan
01:03:13 Alertés par leurs homologues de Livry-Gargan, les enquêteurs se déplacent jusqu'en Seine-Saint-Denis.
01:03:21 Sur place, les policiers découvrent à leur tour Rodrigo.
01:03:26 L'homme de 25 ans présente des griffures suspectes au niveau du visage.
01:03:33 Intrigués par ce mystérieux personnage, ils décident de se renseigner sur lui.
01:03:39 Rodrigo est décrit par sa famille comme quelqu'un d'extrêmement calme, doux.
01:03:45 C'est ce qui ressort très souvent.
01:03:49 Incapable de faire du mal.
01:03:52 C'est très fréquent que tous les amis, la famille tombent de haut.
01:03:57 Il est connu pour être gentil, aimable, avenant, amoureux de sa femme ou de sa maîtresse.
01:04:03 Et que tout est très bien.
01:04:06 Dans la nuit du 12 au 13 février 2015, Rodrigo est placé en garde à vue au commissariat de Nanterre.
01:04:14 Comme l'autorise le droit français, il fait immédiatement appel à un avocat.
01:04:22 Quand j'arrive, je vois un jeune homme calme, extrêmement calme.
01:04:27 Mais quand même avec un regard sur lequel on peut lire une certaine angoisse, une anxiété.
01:04:32 Certainement de ce qui va venir de lui.
01:04:35 Peut-être aussi, je pense, choqué par ce qu'il avait vu ou fait.
01:04:41 Afin de préparer leur interrogatoire, les policiers des Hauts-de-Seine prennent connaissance du rapport du médecin légiste.
01:04:50 Ils veulent savoir dans quelles conditions Zoé est décédée.
01:04:55 L'autopsie révèle que le décès est dû à une hémorragie massive causée par la plaie occasionnée par la perte de ciseaux.
01:05:03 Il y a aussi des pétéchies, qui sont des rougeurs, des lésions qui apparaissent sous la paupière.
01:05:08 Et qui sont révélatrices aussi d'un début d'asphyxie, donc une personne qui a pu être étranglée.
01:05:14 Des stats de l'ADN de Rodrigo sous ses ongles.
01:05:17 Et aussi des petites plaies qui suggèrent un objet contendant.
01:05:21 Des petites plaies étoilées.
01:05:23 La thèse de l'accident prend désormais du plomb dans l'aile.
01:05:29 Forts de ces informations, les enquêteurs auditionnent Rodrigo et le confrontent au résultat de l'autopsie.
01:05:39 Il va expliquer qu'il s'est rendu au domicile de Zoé en voulant avoir une explication avec son concubin Julien.
01:05:48 Mais Zoé est seule à son domicile.
01:05:53 D'après Rodrigo, ils auraient commencé à discuter sur le pas de la porte.
01:05:58 Puis, elle serait rentrée dans l'appartement pour répondre à un appel téléphonique.
01:06:03 Et serait revenue avec une paire de ciseaux.
01:06:08 Une violente dispute aurait alors éclaté.
01:06:11 Selon Rodrigo, c'est une mort accidentelle et il va tenir ce discours tout au long de la procédure.
01:06:18 Il réfute totalement avoir étranglé Zoé et lui avoir porté des coups.
01:06:24 Lui, il reste sur sa version qui consiste à dire que pendant la dispute, pendant qu'ils se débattaient l'un l'autre,
01:06:32 Zoé a chuté accidentellement et serait, d'après sa version à lui, tombée malencontreusement sur les ciseaux.
01:06:42 C'est sa version.
01:06:44 Rodrigo est confus dans ses explications et sur les raisons précises qui l'ont poussé à venir chez Zoé.
01:06:53 Il n'explique pas non plus les différentes lésions constatées sur le corps de la victime.
01:07:00 Ni les traces de sang sur les murs.
01:07:02 Sa compagne, Manon, est elle aussi entendue et elle raconte que le jour des faits, elle a reçu un appel de son compagnon.
01:07:12 Elle va recevoir un appel de Rodrigo totalement paniqué, en pleurs, incapable de bien s'exprimer.
01:07:21 Une fois qu'il va la rejoindre à leur domicile, il va lui faire cette déclaration "je l'ai tué".
01:07:28 Après cet appel, la femme d'une vingtaine d'années assure que Rodrigo est venu la retrouver chez eux à l'ivrigargan.
01:07:36 Elle raconte qu'il avait le visage griffé et que ses chaussures ainsi que la manche de son manteau étaient tachées de sang.
01:07:45 Pris de panique par la soudaineté de l'événement, le couple Rodrigo et Manon vont entreprendre de quitter la France.
01:07:55 Rodrigo va leur appeler sa soeur et son beau-frère afin qu'il aide à trouver des billets d'avion.
01:08:02 Mais ces derniers refusent, ne voulant pas être mêlés à cette histoire.
01:08:08 Il est très loin d'aller se rendre au commissariat directement, il est très très loin.
01:08:13 Il passe par sa soeur, il passe ensuite par sa compagne et c'est l'effet de sa compagne finalement qui le convainc d'aller se rendre au commissariat tout seul.
01:08:23 En interrogeant les collègues de Zoé, les enquêteurs vont apprendre que Rodrigo et Manon ont été vus sur le lieu de travail de la victime le 12 février dans l'après-midi.
01:08:35 Zoé n'était pas là, ce qui va à l'encontre de la thèse qui consistait à dire que c'était pas la jeune femme qu'il cherchait mais Julien.
01:08:45 Ensuite la compagne de Rodrigo va lui demander de lui montrer un parc dans lequel il passait du temps avec Zoé.
01:08:53 Et s'ensuit une dispute entre eux et je crois que c'est à ce moment-là que leur chemin sépare et il se rend chez Zoé.
01:09:02 Les enquêteurs se disent que Manon a peut-être fait marche arrière et se demandent si elle ne se serait pas rendue à son tour au domicile de sa rivale.
01:09:14 Afin de vérifier cette hypothèse, ils décident de géolocaliser son téléphone portable à l'heure présumée du décès de Zoé.
01:09:23 Le téléphone de Manon va borner à Livry-Gargan là où ils habitent, ce qui va démontrer qu'en tout cas à ce moment-là elle n'était pas sur les lieux du drame.
01:09:33 Si Manon est écartée de la liste des suspects, Rodrigo est déféré devant le juge d'instruction de Nanterre à la suite de sa garde à vue.
01:09:44 Il est mis en examen pour homicide volontaire sur la personne de Zoé. Il est placé en détention provisoire le jour même.
01:09:50 Alors, Rodrigo reviendra-t-il sur sa version des faits ? Fera-t-il enfin des aveux ? Et pour quelle raison aurait-il tué Zoé, son ancienne maîtresse ?
01:10:09 Le 19 juin 2015, 4 mois après le drame, une reconstitution est organisée dans l'appartement de la victime.
01:10:18 Aux côtés de la police judiciaire sont présents le juge d'instruction ainsi qu'un expert en morpho-analyse de traces de sang.
01:10:29 Tout ce petit monde s'est rendu sur place pour voir s'il était possible de tomber sur les ciseaux de sorte que ça transperce la carotide.
01:10:38 Si on admet cette version, ça voudrait dire que le coup a été porté non pas alors qu'elle était debout mais alors qu'elle était à terre.
01:10:47 D'où la présence de l'expert en morpho-analyse des traces de sang.
01:10:53 En plus ça ne collait absolument pas puisqu'il y avait des éclaboussures à une hauteur telle que c'était pas envisageable.
01:10:59 La thèse de l'accident s'éloigne. D'autant plus que les plaies en forme d'étoiles retrouvées sur le cou de Zoé laissent penser à un véritable acharnement.
01:11:11 C'étaient manifestement les ciseaux qui avaient causé ces blessures.
01:11:16 Ça veut dire qu'il y aurait eu plusieurs coups ou tentatives de coups portés sur Zoé avant le coup mortel.
01:11:23 La thèse de l'accident de Rodrigo n'a jamais vraiment été acceptée ou crue par qui que ce soit.
01:11:32 On peut dire qu'elle était tout de même assez farfelue.
01:11:35 Pour les enquêteurs de l'APJ des Hauts-de-Seine, le suspect de 25 ans leur a menti à plusieurs reprises lors de sa garde à vue.
01:11:45 Dans l'espoir d'en savoir un peu plus sur Rodrigo, il fait l'objet d'une expertise psychiatrique.
01:11:50 Elle ne révèle rien de particulier. Les expertises psychiatriques ont vocation à indiquer si une personne est accessible à une suction pénale ou si son discernement était altéré au moment des faits, ce qui n'était absolument pas le cas de Rodrigo.
01:12:02 L'expert psychiatre va toutefois mettre en avant l'immaturité et le fonctionnement narcissique de Rodrigo.
01:12:12 C'est une personnalité qui est plutôt repliée sur elle-même, qui aime bien que les choses fonctionnent sans heure de façon habituelle. C'est quelqu'un qui est très routinier.
01:12:20 Alors du coup, les gens qui sont dans cette position psychique-là, ils ont effectivement tendance à banaliser tout ce qui se passe.
01:12:27 Si rien n'est grave, rien ne vient à chambouler, ils ne vont pas chercher d'explications compliquées, donc ils banalisent tout.
01:12:35 Mais ces expertises ne permettent pas de comprendre pourquoi cet homme sans casier judiciaire s'en est pris à Zoé de la sorte.
01:12:44 Afin de déterminer le mobile du crime, les enquêteurs s'intéressent aux relations troubles qui unissaient les deux couples.
01:12:53 Ils apprennent alors que lorsque Manon avait découvert l'adultère, elle avait immédiatement contacté Julia.
01:13:03 Elle voulait absolument qu'il se passe quelque chose pour Zoé, qu'elle souffre de cette situation, probablement comme elle en avait souffert.
01:13:11 Donc Julia a essayé de lui expliquer qu'ils étaient un couple solide, que son intention c'était de pardonner à Zoé et de se reconstruire à partir de tout ça.
01:13:20 C'est probablement quelque chose que cette jeune femme n'a pas supporté. Elle est venue quelques jours après sur le lieu de travail de Zoé, et elle l'a menacée. En tout cas, Zoé avait peur de cette jeune femme.
01:13:32 Si Julien dans un premier temps tente d'apaiser la situation, il va, à son tour, changer d'attitude.
01:13:40 Ça va se terminer effectivement par des menaces verbales de la part de Julien envers Rodrigo et Manon.
01:13:49 Menaces d'envoyer des personnes pour lui faire du mal, pour le brutaliser. Et à partir de ce moment-là, il va se créer une tension très forte entre les deux couples.
01:13:59 Au cours de leurs investigations, les enquêteurs réalisent également que les liens entre Zoé et Rodrigo étaient extrêmement complexes, même une fois leur idylle révélée.
01:14:12 Cette relation, elle était bien vivante. Est-ce qu'elle était terminée au sens où ils avaient encore des relations intimes, sexuelles, adultères entre Zoé et puis Rodrigo ?
01:14:23 On peut peut-être croire que non, mais quelque chose de l'ordre sentimental était toujours présent entre eux, et en particulier de monsieur vers madame.
01:14:31 Ça, c'est pas impossible. C'est ce que pouvaient ressentir peut-être l'un et l'autre des conjoints pour alimenter leur suspicion ou leur jalousie.
01:14:39 Le mobile, il est là. Il y avait une jalousie maladive de la compagne de Rodrigo qu'elle a transmise à Rodrigo, et c'est ce qui a abouti au crime.
01:14:51 Mais la responsabilité présumée de Manon n'a jamais été clairement établie dans ce dossier.
01:14:57 Rodrigo devra répondre seul du meurtre de Zoé devant la justice.
01:15:04 Alors, le procès d'assise permettra-t-il de faire toute la lumière sur cette affaire ?
01:15:11 Quel comportement aura Rodrigo lors de l'audience ?
01:15:15 Et sera-t-il reconnu coupable ?
01:15:19 Coupable.
01:15:21 Le 20 novembre 2017, le procès de Rodrigo s'ouvre devant la cour d'assise des Hauts-de-Seine, à Nanterre.
01:15:35 Plus de deux ans et demi après le meurtre, Julien, le compagnon de la victime, espère une lourde condamnation, même si rien ne pourra compenser la perte de Zoé.
01:15:48 Il a été totalement dévasté par la mort de Zoé.
01:15:52 C'est une jeune femme avec qui il vivait depuis cinq ans, dont il était très amoureux et qu'il avait l'intention de demander en mariage.
01:15:58 Il attendait que justice soit faite, tout en sachant que ce ne serait jamais une satisfaction pour lui.
01:16:04 De toute façon, il savait très bien que la peine qui pourrait être prononcée ne serait jamais suffisante à ses yeux.
01:16:12 Et donc c'est un climat très lourd et douloureux. Et sur les bancs des parties civiles, il n'y a que les avocats.
01:16:19 C'est trop douloureux pour les parties civiles d'être présentes à ce procès.
01:16:23 Dans le box des accusés, Rodrigo continue de clamer son innocence.
01:16:29 Mais il admet pour la première fois avoir une part de responsabilité dans la mort de Zoé.
01:16:38 J'avais exprimé un sentiment de regret pendant le procès, même avant. Le regret de s'être rendu au domicile de façon impromptue.
01:16:45 Puisque sans cette visite, il n'y aurait pas eu cette rique, sans cette risque, il n'y aurait pas eu ce décès accidentel.
01:16:49 Malgré cette nouvelle prise de position de l'accusé, les témoignages des experts ne plaident pas en sa faveur.
01:16:57 Ça se présentait plutôt bien, mais je dois vous dire qu'à partir de ce moment-là, plus rien ne s'est passé comme je l'attendais.
01:17:06 D'intervenant en intervenant, et très rapidement, notamment par les médecins légistes, la défense a très rapidement été perçue comme n'étant plus crédible.
01:17:17 C'est dans cette atmosphère étouffante que Manon, la compagne de Rodrigo, est appelée à témoigner.
01:17:26 Elle a été regardée, désignée par beaucoup comme la main invisible derrière Rodrigo.
01:17:35 Elle a été à un moment soupçonnée par le juge d'instruction, qui a finalement écarté cette thèse.
01:17:39 À la barre, Manon reste sur sa version. Elle n'a jamais incité son compagnon à supprimer Zoé, sa rivale.
01:17:48 Au terme de ce témoignage, et des trois jours d'audience, le verdict tombe le 23 novembre 2017.
01:17:58 Rodrigo a été condamné à la peine de 18 ans de réclusion criminelle pour homicide volontaire.
01:18:04 La préméditation n'a jamais été visée en ce qui le concerne. Il a encouré la peine de 30 ans.
01:18:09 Si Rodrigo affirme en premier lieu vouloir faire appel, l'homme de 28 ans revient finalement sur sa décision.
01:18:19 C'est un appel conservatoire pour se donner le temps de la réflexion, pour voir si on perdure dans cette volonté.
01:18:26 Et puis il se désiste parce qu'il voulait absolument payer, il ne voulait surtout pas s'en sortir à bon compte,
01:18:31 savoir elle décédée et lui libre sans rien. Et on appelle ces périodes dans la mesure où les 18 ans auraient pu se transformer en 20 ans, 25.
01:18:39 Aujourd'hui, près de 5 ans après ce funeste 12 février 2015, les proches de Zoé n'acceptent toujours pas sa disparition.
01:18:56 Et notamment Julien qui a perdu la femme de sa vie.
01:19:02 Il a le sentiment qu'il n'y a pas de regret ni de la part de Rodrigo, ni de la part de sa compagne parce qu'il l'inclut dans la responsabilité du meurtre de Zoé.
01:19:14 Ce que Julien attend c'est de pouvoir aller mieux et ça je ne pense pas que ce soit la justice qui puisse le lui procure.
01:19:23 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
01:19:27 "Musique de générique"

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