• l’année dernière
Transcription
00:00 Napoléon, sa vie, son oeuvre en 2h40 chrono, c'est le projet de Ridley Scott dans Napoléon,
00:05 son nouveau biopic à très grand spectacle.
00:06 Il faut savoir que le Napoléon de Ridley Scott est un film produit par Apple pour sa
00:26 plateforme à l'origine et il est prévu que le film fasse 4h quand il sera diffusé
00:31 sur Apple TV+.
00:32 Pour la version sale, Ridley Scott a décidé de faire plus court, ça ne fait que 2h40
00:38 et c'est un peu le problème.
00:39 C'est à dire que le film fait un petit peu l'effet d'une bande annonce un peu étirée
00:44 d'un film plus ambitieux, plus ample.
00:46 Ridley Scott est tombé dans le piège du biopic, c'est à dire de vouloir tout raconter
00:50 de la vie d'une personnalité en un laps de temps très réduit.
00:54 Ça démarre sous la révolution avec l'exécution de Marie Antoinette à laquelle assiste Napoléon,
01:01 premier en tourloupe avec l'histoire.
01:03 Il n'a jamais assisté à l'exécution de Marie Antoinette, à la même époque il
01:07 était en train d'essayer de bouter les anglais hors de Toulon.
01:10 Et on va jusqu'à la mort à Sainte-Hélène, ce qui doit faire 30 bonnes années de vie.
01:15 A l'arrivée, ça veut dire qu'on va faire l'impression de feuilleter de manière un
01:18 peu rapide et d'une manière extrêmement superficielle un livre d'histoire.
01:21 Ça ne me dérange pas du tout qu'il y ait un point de vue anglo-saxon sur Napoléon
01:25 qui est considéré à l'étranger, on les comprend, comme une espèce de tyran sanguinaire,
01:29 un fou furieux.
01:30 Ce qui m'ennuie un peu c'est que finalement on ne comprenne pas grand chose au personnage.
01:35 C'est à dire qu'au bout d'une demi-heure on se dit "mais est-ce qu'il est bête ?"
01:38 Ce ne sera jamais vraiment explicité.
01:40 Le point de vue sur le personnage est assez sommaire.
01:46 C'est un type en gros qui a une sorte de génie militaire mais sur lequel on ne va pas s'étendre
01:50 tellement, qui est un stratège génial, doublé d'une brute épaisse et d'un mauvais amant.
01:56 Visiblement, ça intéresse beaucoup Ridley Scott.
01:58 Je pense qu'il a décidé de se payer les français.
02:00 Le mythe du French Lover, ça va deux minutes.
02:02 Ok, Napoléon était une brelle au lit.
02:05 Ce qui est un peu troublant, c'est que Joséphine est présentée comme une demi-pute quand
02:12 on la rencontre.
02:13 Elle lui fait le coup de Sharon Stone, les jambes écartées, en lui disant "quand tu
02:16 vas regarder ça, tu ne vas jamais t'en remettre, tu ne pourras jamais oublier ce que tu vas
02:20 voir sous cette jupe, why not ?"
02:22 Le souci, c'est que ce n'est pas très intéressant ce que ça produit parce que finalement le
02:25 personnage de Joséphine n'existe pas beaucoup.
02:27 Il n'est pas très passionnant.
02:29 Or, c'est quand même la rencontre de l'Ancien Régime et du monde révolutionnaire.
02:33 Ça devrait produire des étincelles.
02:34 Tout ce qu'on sait en gros, c'est qu'il baisait mal.
02:36 Il y a un énorme problème de casting dans ce film.
02:39 Joaquin Phoenix, quoi qu'on en pense, il est beaucoup trop vieux.
02:43 Parce que Napoléon, c'est l'histoire d'une jeunesse au départ.
02:47 Quand Marie-Antoinette est décapitée, il n'était pas là.
02:51 Enfin, il avait 24 ans.
02:52 Joaquin Phoenix, il en a 49.
02:55 Napoléon était plus jeune dans la réalité que Joséphine de Beauharnais.
02:59 Là, ils ont 13 ans d'écart, mais dans le mauvais sens.
03:01 Marie l'a dit, il y a un problème d'âge.
03:03 Et puis surtout, le problème, c'est qu'on ne voit jamais Napoléon.
03:05 On voit toujours Joaquin Phoenix.
03:06 L'acteur n'arrive pas à s'effacer derrière le rôle.
03:09 Et puis je dirais même, on voit Joaquin Phoenix, on serait presque… Certaines scènes,
03:12 on verrait presque Serge Lama, même.
03:13 C'est un petit peu plus embêtant.
03:14 Et c'est dommage parce qu'en face de lui, Vanessa Kirby, et Dieu sait qu'elle a un rôle
03:18 pas facile à défendre parce qu'il n'est pas assez développé, elle s'en sort plutôt bien.
03:22 Dans le rôle de Joséphine, elle arrive, à certaines scènes, à la faire exister
03:26 un petit peu plus que ne le fait Joaquin Phoenix avec Napoléon.
03:30 Moi, j'ai été assez troublée parce qu'il y a des séquences de bataille, évidemment.
03:34 Maintenant, c'est Ridley Scott.
03:35 On sait qu'il n'est pas manchot.
03:36 On sait qu'il s'est orchestré des séquences d'ampleur avec beaucoup de figurants.
03:41 Un peu d'effet numérique, ne nous le ronds pas.
03:43 Et c'est cette esthétisation qui me pose un peu problème.
03:45 Je pense à la bataille d'Austerlitz, alors qu'il est dépeint de manière absolument
03:49 superbe, avec toute la gravitas nécessaire dans les ralentis, etc.
03:54 Ce qui me tracasse un peu, c'est que quand on parle d'un boucher, quand on prend ce
03:58 parti-là, l'esthétisation absolue de ces boulets qui viennent tomber dans la glace,
04:05 de cette mer glacée qui s'ouvre avec les chevaux et le sang des hommes qui se mêlent
04:11 à l'eau froide, etc.
04:12 Autant de joliesse, autant d'images presque un peu publicitaires.
04:18 Et c'est un défaut de Ridley Scott depuis le début de sa carrière.
04:21 Ça me tracasse un peu, qu'on vienne encore flatter l'imaginaire viril, finalement,
04:29 des films de guerre.
04:31 Napoléon de Ridley Scott, c'est la Bérésina, hélas.
04:34 J'ai vu Napoléon, mais j'ai pas vu Napoléon, hélas.
04:38 [Générique]

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