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Avant d'être une destination de vacances, Belle-Île-en-Mer a accueilli un bagne pour enfants. En 1936, 56 détenus se sont évadés au cours d'une mutinerie historique. Ecoutez cette histoire passionnante !

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Transcription
00:00 Et donc quelques minutes à peine après le début de la mutinerie,
00:03 les pupilles prennent les échelles qui sont sur le toit,
00:05 ils les posent contre le mur, ils passent le mur,
00:08 et il y a 56 jeunes détenus de la maison de correction de Bélé-Lammer qui s'évadent.
00:11 [Musique]
00:35 On est en 1934, ça fait 50 ans que la maison de correction de Bélé-Lammer existe,
00:40 et en 50 ans, il n'y a quasiment rien qui a changé, malgré les lois.
00:43 C'est-à-dire qu'il y a toujours autant de violence physique et psychologique
00:46 envers ces jeunes qui finalement ne sont pas des criminels, ce sont des petits délinquants.
00:51 Le 27 août 1934, il est 19h et puis les pupilles vont rentrer comme chaque soir,
00:57 finalement pour manger dans le réfectoire.
00:59 Ils rentrent dans le réfectoire et avant de rentrer, il y a déjà pas mal d'agitation, pas mal de brouhaha.
01:04 Cette agitation se transforme assez rapidement en insurrection,
01:08 des assiettes sont jetées, des verres sont jetés, des couverts,
01:11 quelques bagarres avec les gardiens, et puis les pupilles ressortent.
01:15 Ils ressortent et, chose qui pourrait apparaître aujourd'hui comme une coïncidence,
01:19 mais qu'il n'est sans doute pas, une mutinerie ça ne s'improvise pas,
01:22 et bien à ce moment-là, les toitures de haute boulogne sont en train d'être refaites.
01:26 Les couvreurs ont laissé les échelles, les pupilles prennent les échelles,
01:31 ils les posent sur les murs et ils s'évadent.
01:33 [Musique]
01:53 Alors 56 détenus qui s'évadent, c'est évidemment absolument considérable.
01:57 En plus des gardiens de la colonie sont également mobilisés les gendarmes,
02:00 ce qui est tout à fait classique pour une évasion, les gendarmes de Béli-Lammer et les gendarmes du continent,
02:05 au cas où un pupille voudrait s'évader et partir rejoindre Enmer-Quibron, ce qui ne sera pas le cas,
02:10 mais parce qu'ils sont très nombreux à être parti également les militaires de la citadelle de Palais,
02:16 qui sont mobilisés, si bien qu'on a entre eux une bonne cinquantaine, centaine de fonctionnaires,
02:22 finalement, qui participent à la recherche des fugitifs.
02:25 Et la particularité de cette recherche en fait de fugitifs, de jeunes fugitifs,
02:30 c'est qu'il y a beaucoup d'autochtones également, donc des Bélilois, des hommes,
02:35 qui partent à la recherche des pupilles.
02:37 Alors ils vont les chercher un peu partout, par exemple dans les Landes, comme on voit ici,
02:42 mais également au bord des falaises, dans les grottes parfois,
02:45 et ils sont pour certains armés de fusils pour essayer de rattraper les jeunes détenus.
02:50 [Musique]
02:56 Parmi les Bélilois qui participent aux recherches,
02:58 il y a un groupe composé de trois jeunes d'une trentaine d'années et qui portent un fusil de chasse.
03:03 Alors il semblerait, d'après les archives, qu'il y ait des gardiens qui soient avec eux.
03:07 Les gardiens en fait veulent profiter de la situation,
03:09 ils n'ont pas le droit d'utiliser d'arme à feu pour ramener un maximum de pupilles à la colonie.
03:14 Alors ils arrivent, ces trois jeunes Bélilois avec les gardiens,
03:17 au bord d'une falaise qui est un petit peu comparable à celle-ci,
03:20 et ils tombent nez à nez avec 27 pupilles,
03:24 dont l'un d'entre eux, d'après la presse, on ne sait pas si ça appartient au mythe ou à la réalité,
03:28 aurait arraché sa chemise et dit "Tirez donc si vous n'êtes pas des lâches".
03:33 [Musique]
03:52 L'évasion en elle-même dure finalement assez peu de temps.
03:55 Dès minuit, le soir de la mutinerie, il y en a déjà 40 sur 56 qui sont rentrés,
04:00 et puis en 24-48 heures maximum, tous les pupilles sont revenus.
04:04 Bon, il en reste un qui est toujours évadé, mais en fait il s'était évadé avant,
04:08 il ne faisait pas partie de la mutinerie, et d'ailleurs, il met un certain temps avant de le récupérer.
04:12 Enfin, toujours est-il que les pupilles qui rentrent, par petits groupes, plus ou moins nombreux,
04:17 ils sont très énervés évidemment, ils sont un petit peu provocateurs d'après les sources,
04:22 et les gardiens, quant à eux, sont extrêmement vexés par ce qui s'est passé.
04:26 Alors les pupilles demandent à rentrer par la grande porte de l'établissement,
04:30 et les gardiens refusent, et ils les font passer par ici, par la porte de service,
04:35 pour leur montrer qu'ils ne veulent pas du tout leur faire le moindre honneur, évidemment,
04:38 puisqu'ils les ont mis dans une situation extrêmement problématique.
04:42 [Musique]
04:48 Quand ils ramènent les pupilles dans l'intérieur de la maison de correction,
04:52 les gardiens prétextent qu'ils sont trop nombreux pour les fouiller minutieusement,
04:56 et donc ils les déshabillent, ils les mettent à nu, c'est marqué dans les sources qu'ils sont dévêtus,
05:02 et ils les attachent trois par trois avec des menottes.
05:06 Ensuite, ils les conduisent au quartier disciplinaire, dans les cellules,
05:11 et là les pupilles sont violentées de manière extrêmement forte,
05:16 avec des matraques en caoutchouc, des nerfs de bœuf, des cordes, des bâtons.
05:21 C'est vraiment une répression physique qui est d'abord totalement interdite par la loi.
05:26 La loi interdit les cours sur les pupilles, et c'est quelque chose de tellement violent
05:31 que les populations locales vont garder ça en mémoire pendant des décennies.
05:34 La preuve, c'est qu'on en parle encore aujourd'hui, quasiment un siècle plus tard.
05:38 L'administration pénitentiaire se rend bien compte que ce qui s'est passé n'est absolument pas normal,
05:43 l'opinion publique se mobilise, et il y a des sanctions qui sont prises.
05:46 Certains gardiens reçoivent des blâmes, d'autres sont mutés disciplinairement,
05:50 et puis il y en a carrément qui sont radiés de l'administration pénitentiaire.
05:54 Le directeur lui-même est muté de bélisle, et le chef des gardiens, le premier surveillant,
06:00 est radié de l'administration pénitentiaire,
06:02 ce qui prouve quand même que les pouvoirs publics se sont bien rendus compte
06:05 que ce qui s'est passé n'était absolument pas normal.
06:09 [Souffle du vent]
06:11 [SILENCE]

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