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L'invité de la rédaction de France Bleu Gard Lozère du 20 novembre 2023

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Transcription
00:00 Bonjour Alain Bourdereau, merci d'être avec nous ce matin.
00:03 Vous lancez donc aujourd'hui la campagne d'hiver des restos
00:06 dans un contexte de hausse spectaculaire du nombre de bénéficiaires.
00:10 Du coup, dans le Gard, comment ça va se passer Alain Bourdereau ?
00:13 Pour tous ceux qui viendront vous demander de l'aide ?
00:15 On va les recevoir et ça va se passer comme ça se passe d'habitude
00:21 si ce n'est qu'on a été contraints pour les raisons que vous avez évoquées précédemment
00:25 de prendre des mesures de restriction et notamment au niveau des barèmes d'acceptation
00:30 puisqu'on fonctionne sur la base d'un reste à vivre
00:32 et que cet hiver on va continuer à appliquer le barème d'été
00:37 qui est 30% inférieur à celui du barème d'hiver.
00:39 Donc par définition il y a les personnes qu'on pouvait accueillir l'hiver dernier
00:43 qu'on ne pourra pas accueillir cette année.
00:44 Donc concrètement vous allez dire oui à qui ?
00:46 On va dire oui comme d'habitude, on va dire oui aux personnes
00:49 qui rentrent dans les critères de reste à vivre qu'on a définis au niveau des restos du cœur.
00:53 Qui et de combien ?
00:55 Alors pour une personne seule il y a à peu près de 500-530 euros pour une personne seule.
01:00 Bon après évidemment on compte aussi les situations particulières.
01:04 Contre plus de 700 euros habituellement ?
01:06 Tout à fait oui.
01:07 Et alors à ceux à qui vous allez dire non, ça va se passer comment ?
01:11 Ecoutez dans les 20-21 centres gardois les inscriptions pour cette campagne d'hiver
01:18 a déjà commencé et je dirais que ça se passe.
01:20 Ça se passe bien parce que de toute façon l'information de difficulté des restos du cœur
01:25 a été largement communiquée donc il n'y a pas de surprise de ce point de vue là.
01:28 Les personnes étaient déjà avisées qu'on était en difficulté et ils le comprennent bien.
01:34 On n'a pas franchement de difficulté en termes de réaction des personnes.
01:38 C'est toujours désagréable de dire non.
01:39 Même si on dit non parfois aux restos du cœur.
01:44 Contrairement parfois je l'entends que pour la première fois on va dire non.
01:47 Non puisqu'on fonctionne sur la base d'arrestes à vivre, ça nous arrive de manière régulière.
01:52 Là le contexte est un peu particulier effectivement
01:54 puisqu'on a baissé le seuil des personnes qu'on peut accueillir.
01:56 Vous allez dire non dans un contexte on l'a dit d'afflux du nombre de bénéficiaires.
02:00 Vous vous attendez à combien de personnes en plus peut-être par rapport à l'an dernier dans le Gard ?
02:04 Moi j'ai juste deux chiffres.
02:06 L'année dernière la campagne d'été qui couvre la période de mars à novembre
02:11 on a servi l'équivalent de 835 000 repas en 2022.
02:17 Et là en 2023 on est à plus d'un million trois cent mille repas.
02:20 Donc c'est spectaculaire.
02:22 Et on a mille familles supplémentaires par rapport à l'été 2022.
02:26 Et ça se freine pas quoi.
02:27 L'augmentation elle est récurrente et elle continue.
02:31 On n'en voit pas le bout.
02:32 Mais voilà ça montre aussi les difficultés dans lesquelles on est dans ce pays.
02:37 Et à ceux que vous allez aider, vous allez leur donner quoi très concrètement ?
02:40 Et combien surtout ?
02:42 Alors on a aussi joué, enfin joué c'est pas le terme qui convient excusez-moi.
02:45 On a aussi été contraints d'utiliser le levier du nombre de repas qu'on sert sur une semaine.
02:51 On servait l'équivalent de six repas par semaine à chaque personne qu'on recevait.
02:58 On va passer à quatre repas.
03:00 On était obligés de jouer aussi sur ce levier-là pour pouvoir répondre aux difficultés financières
03:05 qu'on a actuellement dans l'association.
03:08 Donc quatre repas par semaine.
03:10 Voilà oui oui.
03:10 Oui c'est des alimentaires.
03:13 Si je résume, vous devez faire moins pour vos bénéficiaires.
03:16 Notamment parce que lorsque vous achetez pour eux, on reparlera des dons après.
03:20 Oui.
03:20 Vous avez moins et aussi parce que vous devez faire face vous aussi à l'inflation.
03:25 Qu'il y a-t-il de conséquences sur votre fonctionnement ?
03:28 Conséquences je dirais aussi sur l'achat des denrées alimentaires.
03:33 Parce que 40% des denrées alimentaires qu'on distribue sont achetées,
03:36 c'est du négocié, acheté par les Restos du Coeur.
03:38 Et après on rencontre les mêmes difficultés qu'on peut avoir en tant que particulier
03:42 sur une hausse des coûts d'électricité, des coûts d'énergie.
03:47 79% de plus par rapport à l'année dernière.
03:49 Pour le carburant, c'est 35% de plus par rapport à l'année dernière.
03:53 On a les camions qui sillonnent le département toutes les semaines.
03:55 Et ça, c'est un impact fort sur nos finances bien évidemment.
03:58 Oui, notamment pour ces véhicules que vous devez, comme vous dites,
04:01 emmener dans les coins reculés.
04:02 Parce que vous pouvez aider tout le monde dans ce cas-là.
04:06 Si vous allez au contact des bénéficiaires, là il n'y a pas de problème à ce niveau-là ?
04:10 Non mais tout à fait.
04:10 On a 21 centres répartis sur le département.
04:13 Il y a un camion itinérant qui circule aussi.
04:16 On va en mettre un deuxième en circulation.
04:19 C'est un projet.
04:20 Parce qu'on continue à avoir quand même des projets pour couvrir les zones qui sont isolées,
04:25 où les personnes ne peuvent pas se rendre dans un centre resto.
04:28 Donc un camion en plus, ce qui évidemment va alourdir un petit peu plus vos charges.
04:32 Vous fonctionnez aussi avec des dons.
04:34 Tout à fait.
04:35 On le disait.
04:36 Des dons en baisse, là encore, à cause de l'inflation.
04:40 Combien est-ce qu'on vous donne concrètement aujourd'hui ?
04:42 Plutôt dans quelle proportion ?
04:46 Les gros dons financiers, de toute façon, sont gérés au niveau du National,
04:50 au niveau des Restos du Coeur, et pas forcément au niveau du département du Gard.
04:54 Après on a beaucoup de dons de particuliers qui se manifestent,
04:58 qui font part de leur générosité.
05:01 Ça peut aller de 10 euros à 500, 600 euros.
05:04 Enfin peu importe.
05:04 Chacun donne en fonction de ses moyens.
05:06 Et là, au mois d'octobre, on continue la difficulté.
05:09 On a relancé toutes les municipalités du département pour leur demander une aide exceptionnelle.
05:14 Et puis on attend maintenant les retours de ces municipalités.
05:16 Il y en a déjà qui ont répondu favorablement.
05:18 Et qui vous ont donné combien, par exemple ?
05:20 Là, on a à peu près, pas loin de 10 000 euros de collectés par rapport à cette aide exceptionnelle qu'on a demandé.
05:27 Et qui vous a donné le plus, en réalité ?
05:29 Je vous le dirai pas.
05:30 Mais pour en revenir, aux particuliers qui vous donnent, ils ont quel profil ?
05:37 Est-ce que ce sont des gens qui ont les moyens encore, qui peuvent encore vous donner ?
05:41 Ou pas forcément ?
05:42 C'est vrai, on les rencontre pas nécessairement.
05:44 Ce sont des personnes qui téléphonent, qui envoient un chèque à l'adresse des Restos du Coeur,
05:49 au siège des Restos du Coeur.
05:50 Donc c'est pas des personnes qu'on trace le profil particulièrement.
05:53 Ce sont des personnes généreuses.
05:56 Si tu n'as pas l'ISAN, on ne trace pas le profil des personnes qui nous donnent.
06:03 Parce qu'on les rencontre pas nécessairement.
06:05 Parce qu'on dit que ce sont ceux qui ont le moins qui donnent le plus.
06:08 C'est pas faux.
06:09 C'est ce que vous constatez ?
06:11 On le voit lors des collectes alimentaires qu'on fait dans les magasins.
06:13 Effectivement, oui.
06:14 Sans que ça nous coûte beaucoup, qu'est-ce qu'on peut faire pour vous aider ?
06:20 Quelque chose à laquelle on n'avait pas forcément pensé ?
06:23 Déjà, on a besoin de ressources bénévoles.
06:28 Parce que l'afflux de monde, ça nécessite de mobiliser pas mal de ressources bénévoles.
06:32 Et je rappelle que ce sont des personnes qui donnent de leur temps en fonction de ce qu'ils ont envie de donner à l'association.
06:38 Donc on a besoin de ressources humaines.
06:40 Et après, on a besoin de dons financiers.
06:44 Ça c'est clairement.
06:46 Et après, il y a des associations, il y a des écoles, il y a des entreprises qui font des collectes en interne pour nous aider.
06:52 Des collectes alimentaires, des collectes de vêtements.
06:54 Donc ça, c'est très encourageant.
06:58 Et j'incite à ceux qui ne le font pas encore de pouvoir se lancer dans l'aventure.
07:04 Dernière question.
07:05 Est-ce que vous êtes inquiet pour tenir pendant tout l'hiver ?
07:08 Ou pour l'instant, pas trop d'inquiétude à ce niveau-là ?
07:11 Non, je ne suis pas inquiet.
07:13 C'est peut-être ma nature.
07:14 C'est notre nature.
07:15 On reste optimiste.
07:16 On a pris des mesures justement pour être en capacité de pouvoir continuer à fonctionner et à aider les personnes qui sont en difficulté.
07:23 Je pense que l'appel de notre président a aussi sensibilisé très fortement tous les différents interlocuteurs institutionnels et autres.
07:31 Donc j'espère qu'on va pouvoir continuer à aider les personnes qui sont dans la difficulté.
07:36 Alain Bourderon, merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin.
07:40 Je rappelle que vous êtes le président de l'antenne gardoise des Restos du Cœur.
07:43 Les Restos du Cœur dans le Gard, c'est 21 centres, si je ne dis pas de bêtises, et 600 bénévoles qu'on salue ce matin.
07:50 Merci à vous Alain Bourderon.
07:51 Merci à vous.
07:52 Merci à vous.
07:53 Merci à tous.
07:55 [SILENCE]

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