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00:00 A 7h46, nous vous donnons la parole sur France Blue Is Air.
00:03 Et ce matin, Théo Welch, on parle de la scolarisation parfois difficile des enfants en situation de handicap.
00:07 - Oui, quelle que soit la structure, en milieu ordinaire, il faut des accompagnants qui manquent.
00:12 Dans les instituts spécialisés, les places sont rares.
00:14 Résultat, près d'un enfant handicapé sur quatre ne peut toujours pas aller à l'école, selon les associations.
00:20 - Et bien sûr, on attend vos appels. Venez témoigner 04 76 46 45 45.
00:25 Que vous soyez professionnels, que vous soyez parents d'un enfant handicapé.
00:29 Dites-nous comment ça se passe sur le terrain et venez poser vos questions à notre invité Théo.
00:32 - La députée de l'Isère, Servane Hugues, bonjour.
00:35 - Bonjour.
00:37 - Merci d'être avec nous ce matin, députée Renaissance de l'Isère, de la première circonscription, celle de Grenoble-La Tronche-Mélenc.
00:43 Vous venez de publier un rapport sur l'instruction des enfants en situation de handicap.
00:48 Vous êtes vous-même maman de deux enfants handicapés, professeure des écoles aussi de formation, doublement concernée.
00:54 Donc j'aimerais, Servane Hugues, vous faire d'abord entendre le témoignage d'une maman iséroise qui tente depuis des années de faire entrer son fils dans un IME, un institut médico-éducatif.
01:06 En vain, il n'y a pas de place. Écoutez sa maman Frédérique.
01:10 - Il avait une reconnaissance comme quoi il fallait qu'il aille dans un institut comme celui-ci et on ne lui fournit pas sa place.
01:16 Pour moi, c'est la maltraitance que l'État nous fait.
01:18 Nos enfants, on leur fournit pas leurs besoins et ça, c'est inacceptable.
01:22 - Servane Hugues, des témoignages comme celui-ci, vous en avez recueilli beaucoup.
01:26 Il n'y a pas le mot "maltraitance" dans votre rapport, mais est-ce que vous l'utiliseriez ?
01:30 - Je pense qu'effectivement, on peut se rapprocher de ce terme.
01:36 Aujourd'hui, comme l'évoque cette maman, il y a 10 000 enfants qui sont en attente d'une place en établissement spécialisé.
01:44 Cela induit fortement, il y a un impact très fort sur toute la famille.
01:53 Un enfant qui n'est pas bien accompagné, avec des besoins particuliers,
01:57 cela met aussi en péril la possibilité pour les parents d'accéder à l'emploi.
02:04 Donc en fait, ce n'est pas juste la scolarisation de l'enfant en tant que tel qu'il faut concevoir,
02:08 mais l'ensemble de l'impact sur la vie de la famille concernée.
02:14 - Vous-même, je crois que vous avez arrêté de travailler lorsque vous êtes devenue maman ?
02:18 - Oui, tout à fait. Je me suis arrêtée de travailler pendant 12 ans.
02:22 Et je mesure combien c'est vraiment... On a l'impression de porter la double peine.
02:30 C'est-à-dire que nos enfants n'arrivent pas à accéder à ce qu'on aimerait pour eux.
02:35 Parce que l'essentiel dans l'histoire, c'est quand même que nos enfants soient heureux,
02:40 certes avec une fragilité profonde, mais qu'ils soient considérés
02:43 et qu'ils aient une place entière dans notre société.
02:46 Et nous, en tant que maman, avoir une autre casquette que celui d'une aidante.
02:51 On a besoin d'exister aussi via le monde professionnel
02:54 parce qu'on peut être maman d'un enfant handicapé et avoir des compétences professionnelles avérées.
02:59 - Évidemment. Autre témoignage au Standard de France Blue Easer, Marianne Lefebvre. Bonjour.
03:05 - Bonjour à tous.
03:06 - Vous êtes fondatrice du collectif IME Enfants Oubliés de Renalp.
03:10 Vous représentez 600 familles en quête de place dans un institut médico-éducatif.
03:15 - Voilà, c'est ça, oui, exactement.
03:17 - Et votre question à Servamug.
03:18 - Oui, alors bonjour, Madame Mug.
03:21 Comme vous le savez, la politique du gouvernement tend vers l'inclusion pour tous.
03:27 Or, nous pouvons constater qu'il y a encore de grosses lacunes à ce niveau-là.
03:31 Si ce système peut être bénéfique pour une partie des enfants en difficulté avec un handicap,
03:38 on a tout un autre panel de pathologies qui ne peuvent pas s'intégrer à ce système d'éducation.
03:43 De ce fait, voilà, je voulais savoir qu'est-ce qu'il en était pour ces enfants
03:49 et comment l'État voit le futur des instituts pour leur assurer une bonne prise en charge pour leur avenir,
03:55 aussi bien quantitativement que qualitativement.
03:58 - Servamug vous répond, députée de l'ISER. Est-ce qu'il faut, Madame Mug, arrêter avec le tout inclusif ?
04:05 - Je pense que c'est quelque chose qui ressort effectivement très clairement de notre rapport.
04:12 Il faut absolument garder cette dichotomie possible, en tout cas, de ce qu'on peut proposer à un enfant
04:18 selon son degré, j'ai envie de dire, de dépendance et de besoin en termes d'accompagnement.
04:25 On n'accueille pas un enfant qui est 10 comme un enfant qui va avoir des troubles du comportement avec un autisme sévère.
04:32 Non, c'est pas possible, c'est idéalisé, si vous voulez, le monde vers lequel on voudrait tendre, mais ce n'est pas possible.
04:38 Donc, je pense qu'il faut vraiment se recentrer sur les besoins essentiels de l'enfant.
04:43 Et aujourd'hui, j'ai à cœur de penser qu'on est quand même dans la bonne direction
04:48 parce qu'il va y avoir un appel d'air dans les instituts spécialisés
04:52 parce qu'on va essayer de faire en sorte que les plus âgés qui sont encore dans ces établissements pour enfants,
04:58 qui ont parfois passé la barre de la majorité, puissent justement laisser la place aux plus jeunes.
05:04 Donc, ce sont les fameuses 50 000 solutions proposées par notre président dans la dernière conférence nationale du handicap.
05:10 Donc, on est en attente de toutes ces promesses, j'ai envie de dire.
05:14 Qui fait débat et conférence qui a été boycottée en partie par les associations, mais on va y revenir, Servan Hugues.
05:20 17h51, notre invité ce matin, c'est la députée de l'ISER Servan Hugues pour parler de la scolarisation des enfants handicapés.
05:25 Elle répond à vos questions et à vos questions TOH.
05:27 Et aux questions des auditeurs de France Bleu ISER, on retourne au standard avec Fayda qui nous appelle de Bourg-les-Valences.
05:33 Bonjour Fayda.
05:34 Oui, bonjour.
05:36 Votre question, votre témoignage ce matin.
05:39 Alors, je viens d'écouter la proposition qui a été faite par rapport aux enfants qui sont plus âgés
05:46 et je vous avoue que ça me choque un petit peu parce que justement, les parents ont vraiment des difficultés
05:50 et en plus, dans le temps, quand ils deviennent adultes,
05:55 quand ils sont proches de la majorité, on voudrait les expulser en fait, ce que j'ai entendu.
06:02 Donc je suis très touchée par cette problématique.
06:06 On va laisser Servan Hugues, simplement avant d'avoir votre question, on va laisser Servan Hugues répondre
06:12 ou préciser peut-être ce qu'elle vient de dire.
06:16 Oui, non, alors là, je rebondis parce qu'il n'est pas question d'expulser des enfants
06:22 et de les laisser sans solution.
06:25 Croyez-moi, je suis la première à défendre ce que vivent nos familles au quotidien
06:31 parce que comme ça a été présenté et je ne m'en cache pas du tout,
06:35 je suis moi-même concernée par un jeune homme qui va avoir 18 ans en début d'année
06:42 et je sais combien on a besoin.
06:45 Je crois que c'est aussi un peu le résumé, c'est que quand on a un enfant lourdement handicapé,
06:48 on a besoin de relais, on a besoin d'accompagnement et on ne peut pas laisser repartir les enfants
06:53 parce que je pense que c'est ce qui est caché derrière la question de cette maman
06:56 et qui est tout à fait légitime, c'est est-ce que finalement, ces jeunes adultes,
07:00 est-ce qu'on ne va pas les ramener à la maison ?
07:01 Il en est hors de question et croyez-moi, je serai la première pour défendre justement
07:06 le fait qu'il faut penser la suite pour nos enfants et qu'il est inconcevable
07:12 que ce soient les familles, encore une fois, qui soient responsables de cet accompagnement
07:16 parce qu'on a besoin de vivre en tant que parents et les fratries
07:19 avec l'impact qui est très fort sur les fratries aussi, je tiens à le préciser.
07:24 J'entends votre volontarisme Servane Huc, mais est-ce que vous avez le sentiment
07:28 d'être soutenu par le gouvernement et par le président de la République ?
07:32 Notamment, on sent en tout cas un besoin des familles
07:36 et puis on le disait, la conférence nationale du handicap a été boycottée en partie par des associations.
07:41 On sent qu'il y a un malaise quand même.
07:45 Je pense que c'est un sujet qui est très méconnu.
07:51 Malheureusement, en 2023, en France, on est toujours aussi en retard.
07:58 Moi, j'ai eu l'occasion d'aller voir ce qui se passait en Belgique,
08:01 qui est quand même très controversée avec l'accueil de beaucoup d'enfants français
08:05 qui s'exilent en Belgique, faute de place en France.
08:08 Je trouve ça quand même lamentable.
08:10 En tout cas, en Belgique, ils savent faire des choses extraordinaires.
08:13 Est-ce que vous avez le sentiment que le gouvernement et le président de la République
08:16 veulent combler véritablement ce gouffre ?
08:19 On a l'impression que les moyens ne suivent pas.
08:21 Écoutez, moi, je ne suis pas à la place du président, malheureusement.
08:26 Je n'ai pas la main sur...
08:29 Effectivement, je pense qu'on est dans un monde en plein chaos.
08:32 Il y a des priorités dans tous les sens.
08:35 Néanmoins, il y a quand même dans les cabines ministérielles
08:40 des gens tout à fait en mesure d'écouter ce que j'ai à revendiquer.
08:43 Moi, j'ai l'impression d'être vraiment la charnière entre
08:46 le monde de ces familles et puis les décideurs.
08:54 Je pense malheureusement que ça va prendre du temps.
08:56 Je suis en train de semer des graines.
08:59 Ça peut paraître très symbolique, mais je pense qu'il faut encore du temps.
09:04 Et c'est malheureux parce que derrière cette temporalité
09:08 qui n'est pas du tout la nôtre en tant que famille,
09:10 ça laisse des familles effectivement dans un état d'épuisement terrible
09:14 et puis des enfants qui n'ont pas accès à ce qu'ils devraient avoir.
09:18 Et notamment dans les moyens, il y a la question des AESH.
09:21 Ça, vous proposez aussi dans votre rapport davantage de moyens pour en recruter.
09:26 C'est essentiel.
09:29 Oui, alors...
09:30 Oui, je pense qu'il faut aussi...
09:33 Le rapport le met clairement en évidence.
09:35 Je pense qu'il faut aussi sortir de notre tête...
09:39 Il faut sortir du tout compensatoire.
09:41 Je m'explique.
09:43 On a voulu mettre des accompagnants auprès de ces enfants fragiles
09:48 en pensant que c'était la meilleure solution.
09:49 Aujourd'hui, ces AESH ne sont pas forcément formés avant même leur prise de fonction.
09:56 Donc il y a quand même une incohérence totale.
09:59 Et je pense que ce qu'il faut imaginer pour la suite,
10:03 c'est que la solution unique, ce n'est pas de mettre systématiquement un AESH auprès d'un enfant,
10:10 c'est aux enseignants.
10:11 Et là, ça va être vraiment un changement de paradigme total auprès des enseignants.
10:16 C'est-à-dire qu'il faut recentrer la mission inclusive en tant que telle auprès des enseignants.
10:19 C'est à eux, c'est eux qui ont les outils pour faire en sorte que les enfants à besoin particulier
10:26 puissent accéder aux apprentissages avec l'aide d'une AESH.
10:29 Mais ce n'est pas aux AESH de tout porter.
10:31 Et vous en appelez donc aussi à l'éducation nationale.
10:34 Merci beaucoup, Servane Hugues, d'avoir été notre invitée ce matin,
10:37 députée de l'ISER, de la première circonscription. Merci et belle journée.