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00:00 - Allez, on passe à l'invité du 6/9 de France Bleu Hiver et ce matin Théo, on parle de handicap.
00:04 - Oui, et plus particulièrement du handicap à l'école.
00:07 Comment mieux inclure les enfants en situation de handicap dans les écoles, dans les collèges, dans les lycées ?
00:12 Bonjour Servane Hugues. - Bonjour.
00:14 - Merci d'être avec nous ce matin.
00:15 Vous êtes députée de l'ISERD, la première circonscription, celle de Grenoble, la Tronche-Mélenc.
00:19 Vous l'avez remportée dans un ticket avec le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.
00:24 Vous êtes très impliquée dans ce combat.
00:26 Vous avez vous-même un enfant atteint de handicap.
00:28 On va y revenir.
00:29 J'aimerais d'abord vous faire entendre ce témoignage.
00:32 Il va vous parler. C'est une maman ISERD, écoutez, et on en parle juste après.
00:36 - Franchement, c'est souvent pas simple.
00:38 Il n'y a pas de place dans les structures.
00:39 Il n'y a pas de possibilité.
00:41 Nos enfants, ce n'est pas des enfants qu'on invite aux anniversaires, il faut le dire.
00:44 Nous, on l'aime moins.
00:46 Le mien, on ne l'invite jamais.
00:47 Donc voilà, on l'aime bien, mais de loin.
00:49 - Christelle, une maman d'enfants handicapés à Grenoble au micro de France 3, ça vous parle, j'imagine ?
00:55 - Oui, forcément, ça me parle complètement.
00:57 Si je peux me permettre juste de revenir très brièvement sur mon parcours.
01:01 Je suis professeure des écoles de formation,
01:02 donc l'enfance déjà est une thématique qui me passionne.
01:06 - Et vous avez milité pendant des années dans le milieu associatif aussi.
01:08 - Alors voilà, j'ai dû m'arrêter de travailler parce que je suis devenue maman.
01:13 Et lors de l'arrivée de mon cadet, qui a aujourd'hui 17 ans,
01:18 j'ai dû m'arrêter de travailler pour m'occuper de lui
01:21 parce qu'il est né avec une paralysie cérébrale sévère,
01:24 donc un handicap très lourd.
01:27 Si je peux me permettre, mon troisième enfant est atteint de surdité.
01:31 Donc si vous voulez, j'ai vraiment les deux pans de aujourd'hui,
01:36 finalement, quels sont les enfants qui sont facilement scolarisables,
01:40 excusez-moi le mot, mais je l'entends de cette façon,
01:43 par rapport à ceux qui sont lourdement handicapés,
01:45 qui sont "cachés" dans les établissements spécialisés,
01:48 mais qui ont tout à fait leur part par rapport à l'instruction notamment,
01:54 la mission que je suis en train de mener, mais peut-être qu'on en reparlera après.
01:57 - Oui, vous voyez où il se trouve.
02:01 - Je me suis engagée dans l'associatif parce que me retrouvant maman au foyer,
02:05 avec très souvent lors de séances à l'hôpital,
02:10 dans des séances de rééducation avec mes enfants,
02:12 dès lors qu'ils avaient une prise en charge,
02:15 je pouvais donner du temps à ces familles qui sont épuisées.
02:21 Vous voyez, je suis encore émue en en parlant
02:22 parce que je comprends complètement cette maman
02:26 qui parle malheureusement d'encore un fossé énorme
02:30 entre ce qu'on aimerait pour nos enfants et ce qui existe actuellement,
02:34 mais j'ai envie d'y croire et c'est pour ça aussi que je me suis engagée en politique
02:38 pour défendre toutes ces familles qui sont trop dans l'ombre actuellement.
02:42 - J'aimerais vous faire entendre un autre témoignage,
02:44 c'est celui d'Anthony Corfail, président des parents d'élèves
02:47 d'une école à Villard-de-Langues, une classe Ulysse notamment.
02:50 Bonjour M. Corfail.
02:52 - Oui, bonjour.
02:52 - Bonjour. Votre question à Servan Hugues.
02:55 - Oui, alors effectivement, je suis président de l'association des parents d'élèves de Villard-de-Langues
02:59 et en fait, on est directement concerné par le sujet de l'émission
03:01 car on a malheureusement appris au mois de mars
03:03 que le dispositif Ulysse de notre école allait fermer
03:06 parce qu'il y aurait, selon la direction académique,
03:07 pas assez d'élèves inscrits pour la rentrée prochaine.
03:10 Alors, je fais juste un petit aparté pour les auditeurs,
03:12 je sais que le gouvernement aime beaucoup faire de la pédagogie,
03:14 alors je vais en faire un peu également.
03:15 - Rapidement s'il vous plaît, pour que Mme Servan Hugues puisse répondre.
03:18 - Oui, c'est parce que le terme Ulysse,
03:20 c'est un acronyme pour "unité locale d'inclusion scolaire".
03:23 Donc on est vraiment dans le thème,
03:23 c'est un dispositif qui est mis en place pour les enfants qui ont un handicap
03:26 quand l'AESH ne fonctionne pas en classe classique.
03:28 Et donc c'est ce dispositif que la direction académique a essayé de fermer à Villard-de-Langues.
03:31 Et pour nous, c'est vraiment dramatique comme décision
03:32 parce que ce n'est pas juste une fermeture de classe,
03:34 c'est vraiment la perte d'un dispositif qui est indispensable à l'échelle d'un territoire.
03:38 Et on est vraiment mobilisés, tous les parents d'élèves du mafieux du Vercors
03:40 et même tous les élus sont mobilisés contre ces décisions.
03:44 Et voilà, on a lancé une pétition qui a recueilli pour l'instant 750 signatures.
03:49 Donc pour donner un ordre d'idée,
03:50 ça représente environ 80% des parents du plateau
03:52 qui sont mobilisés contre ces décisions.
03:54 C'est vraiment significatif.
03:55 - Et qu'est-ce que vous attendez de Sarbanug ?
03:57 - Ma question, c'est la suivante.
03:59 Alors comment on fait-on pour résoudre ce paradoxe ?
04:00 Entre d'un côté, le discours porté par le président de la République lui-même sur l'école inclusive,
04:05 notamment lors de la conférence nationale du handicap le 26 avril dernier,
04:08 et de l'autre côté, la décision de priver un territoire comme le nôtre d'un dispositif d'inclusion.
04:12 Et j'en profite également pour poser une autre question.
04:14 - Très rapidement.
04:15 - Est-ce que je peux prendre contact avec M. Patrice Gros, s'il vous plaît, Mme Hugues ?
04:18 M. Patrice Gros qui est l'inspecteur et directeur académique du LISER.
04:21 On lui a envoyé un courrier le 2 mai.
04:23 Il ne nous a toujours pas répondu. Voilà, merci.
04:24 - Elle vous entend, le message est passé.
04:26 Votre réponse, Sarbanug, à M. Korfa ?
04:28 - Oui, bien sûr. Patrice Gros, c'est un des interlocuteurs que j'ai régulièrement au téléphone.
04:34 Effectivement, je peux lui en parler.
04:37 Je crois qu'aujourd'hui, si vous voulez,
04:39 on arrive à un moment un peu hybride, dans le sens où on veut de l'inclusion.
04:46 Mais aujourd'hui, l'école inclusive est incomplète dans son fonctionnement.
04:50 Donc, tout ce qui marche, effectivement, ce sont les petites unités,
04:53 notamment les UEE, qu'on développe beaucoup, notamment dans le champ de l'autisme.
04:57 Les ULIS, moi, pour en témoigner personnellement,
05:00 mon fils, atteint de surdité, a pu bénéficier de l'ULIS,
05:04 qui est pour moi un dispositif extraordinaire.
05:07 Mais aujourd'hui, à vouloir faire aussi du tout inclusif,
05:10 sans avoir forcément prévu les moyens d'accessibilité aux apprentissages,
05:16 parce qu'en fait, on passe de l'accueil des enfants handicapés
05:19 à l'accessibilité des apprentissages pour les enfants qui ont des besoins particuliers.
05:23 Et je pense que le gouvernement est vraiment dans cette optique.
05:26 Par rapport à la fermeture de cette ULIS,
05:29 forcément, je vais me rapprocher de l'inspecteur d'académie.
05:34 L'éducation nationale qui nous a répondu, qui nous a dit aussi
05:37 qu'il n'y avait pour l'instant qu'un seul enfant qui, visiblement,
05:39 avait fait la demande de cette classe ULIS,
05:41 et que le rectorat se laissait la possibilité de garder cette classe ouverte,
05:47 si d'autres enfants en faisaient la demande.
05:49 D'accord. Alors après, juste pour rebondir,
05:52 je pense qu'on est en train de chercher de nouvelles solutions avec l'éducation nationale.
05:55 On a parlé lors de la CNH du rapprochement entre l'éducation nationale et le médico-social.
06:01 Je pense que c'est une réelle avancée.
06:03 Je pense qu'en mettant des professeurs spécialisés sur l'accessibilité des apprentissages,
06:11 des éducateurs, les unités d'externalisation sont vraiment des choses concrètes qui marchent.
06:20 Après, il faudrait les développer sur tout le territoire de façon plutôt homogène.
06:26 Mais ce rapprochement, j'ai vraiment envie d'y croire.
06:30 Je reviens au témoignage d'Anthony Korfa,
06:33 et à ce qu'il a dit effectivement sur la conférence nationale du handicap,
06:37 c'était il y a un mois avec un certain nombre de promesses d'Emmanuel Macron,
06:40 et cette conférence a été boycottée par un certain nombre d'associations du handicap.
06:45 Est-ce que ça vous le comprenez ?
06:47 Et comment vous expliquez effectivement que ce discours volontaire que vous portez aujourd'hui
06:51 soit visiblement mal compris ?
06:53 Je pense que...
06:56 Il y a une problématique.
06:57 Pour être sur les deux volets, je pense que ce qu'attendent les familles et les associations
07:04 n'est pas à la hauteur au niveau de la temporalité de ce que proposent les politiques.
07:08 C'est-à-dire ?
07:10 C'est-à-dire que, je vais prendre un exemple très concret,
07:13 de tous ces enfants qui sont quand même 11 000,
07:15 je tiens à le mettre en lumière parce que c'est le quotidien de beaucoup de parents
07:23 qui restent quand même dans l'ombre,
07:24 11 000 enfants qui sont en attente de place en institut spécialisé.
07:28 Ces enfants-là, ils peuvent mettre 4, voire 5 ans à attendre une place.
07:32 Est-ce qu'on accepterait ça pour un enfant valide d'attendre 5 ans pour rentrer à l'école ?
07:40 Voilà, je suis un petit peu... C'est volontaire.
07:43 J'estime être porte-parole de tous ces enfants en souffrance.
07:48 Un enfant qui n'est pas accueilli dans un établissement spécialisé,
07:51 ce sont des parents qui s'arrêtent de travailler,
07:54 ce sont des fratries qui sont aussi très lourdement impactées
07:59 parce qu'avoir un frère ou une soeur handicapée,
08:01 ça perturbe toute la cellule familiale, même au niveau du rythme,
08:06 c'est-à-dire qu'on est focalisé sur l'enfant qui a des besoins spécifiques
08:09 et c'est pas qu'on oublie le reste de la fratrie, mais en tout cas on a moins de temps.
08:13 Donc, la forte demande de répit, qui est un mot qu'on entend de plus en plus,
08:18 le répit des aidants.
08:19 Je tiens à souligner que je fais partie du comité de suivi de la stratégie des aidants
08:24 auprès du ministère de madame Dariussek.
08:29 Ce répit, il passe déjà par la possibilité de mettre son enfant la journée
08:36 dans un endroit qui va l'accueillir dignement
08:39 dans des questions de sécurité, de confort et d'apprentissage.
08:44 Donc le gouvernement doit mettre plus de moyens aujourd'hui ?
08:47 Ils sont pas suffisants les moyens ?
08:49 Je crois qu'on est dans un tournant, je crois aussi que c'est dans le changement des mentalités
08:55 que ça va se faire.
08:56 Moi, si vous voulez, à mon niveau de parlementaire, je suis arrivée il y a dix mois,
09:01 je me rends compte avec mes collègues combien le sujet finalement est encore très méconnu.
09:08 On se fait une représentation du handicap qui n'est pas la bonne représentation.
09:12 Mais c'est pas qu'une question de mentalité, si je peux me permettre.
09:15 On a par exemple la question de Julien sur Francebleu.fr
09:20 qui nous écrit de Saint-Etienne de Saint-Jouar qui dit
09:23 "Pourquoi les accompagnements inclusifs sont aussi mauvais ?"
09:26 C'est le mot qu'il utilise.
09:28 "Personnels mal formés, peu sont spécialisés, mal accompagnés."
09:32 "Il y a un problème à recruter aussi des AESH."
09:35 C'est beaucoup une question de moyens, pas que de mentalité.
09:37 Oui, oui, tout à fait.
09:38 Sur les AESH, on est en train quand même de proposer des choses concrètes.
09:41 Le passage à 35 heures pour ce personnel dont on a absolument besoin
09:46 dans l'accompagnement des enfants en situation de handicap à l'école.
09:49 Revalorisation de salaire, je pense que c'est une chose qui est évidente forcément.
09:55 Je crois que le plus gros souci c'est la formation.
09:58 Donc ce rapprochement avec le médico-social va créer une espèce d'émulation, une synergie.
10:05 Après voilà, il faut que les enseignants soient en mesure de travailler avec des gens du médico-social.
10:10 Et je pense que ça peut être un beau pari à relever.
10:14 Et pour ça, vous menez actuellement des concertations.
10:17 Vous co-présidez un groupe d'études à l'Assemblée sur l'inclusion des enfants dans le handicap.
10:23 Parlez-nous-en.
10:24 Alors, il y a deux choses.
10:25 Le groupe d'études, c'est un groupe si vous voulez qui est effectivement transpartisan,
10:30 qui regroupe quand même 69 députés de tous bords.
10:32 Je suis co-présidente comme mon collègue Sébastien Pétavy qui est écologiste.
10:39 Et nous avons à cœur de mener une veille juridique et technique sur justement des sujets
10:45 qui ne sont pas abordés dans des commissions parce qu'on n'a pas forcément le temps.
10:49 Donc moi j'ai décidé de mener cette présidence avec Sébastien Pétavy sur le handicap et l'inclusion
10:55 parce que le sujet est juste titanesque.
10:57 Et ça va aboutir à quoi ?
10:59 Alors là pour l'instant, on pratique beaucoup d'auditions, des visites sur site
11:03 pour aussi faire valoir ce qui marche parce qu'il y a des très beaux projets au niveau locaux
11:09 qui marchent, qui sont porteurs d'espoir et écouter à terme peut-être une proposition de loi
11:17 sur un sujet qui rassemble.
11:20 Merci beaucoup Servane Hugues d'avoir été avec nous ce matin pour parler du handicap
11:24 et de l'inclusion des enfants atteints de handicap.
11:27 Je rappelle que vous êtes députée de la première circonscription de l'Isère, députée Renaissance.
11:31 Merci bien, belle journée.
11:32 Merci beaucoup, si je peux me permettre juste.
11:34 Très rapidement.
11:35 N'hésitez pas pour des questions très spécialisées à venir vers mes collaborateurs parlementaires.
11:41 Je suis tout à fait capable de recevoir qui que ce soit, hors circonscription même.
11:45 Voilà, le sujet me tient trop à cœur. Merci beaucoup.

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