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00:00 - On parle alsacien ce matin. - En tout cas on parle de l'alsacien, parce qu'un office public de la langue alsacienne va voir le jour,
00:05 ça a été annoncé hier, on vous présente ça ce matin avec son nouveau président, bonjour Victor Vogt.
00:10 - Que de m'en rire. - Alors on connaissait déjà l'Office pour la langue et les cultures d'Alsace, l'association,
00:16 qu'est-ce que ça va changer ce nouvel office public ?
00:18 - L'objectif en fait c'est de passer je dirais d'un accompagnement qui était beaucoup dans les représentations de la langue,
00:29 je le résume parce que l'OLCA mène beaucoup d'actions, à une structure qui fait vraiment du pilotage de politique linguistique,
00:38 et donc avec vraiment des objectifs de développement, l'analyse de politique publique, la planification linguistique d'une part,
00:47 et d'autre part aussi c'est d'être en appui en fait sous forme d'ingénierie comme on dit, pour les différents acteurs,
00:56 notamment les communes, les communautés de communes, pour être en proximité et finalement accompagner le développement de la langue.
01:05 - Donc c'est plus de liens entre les différents acteurs, plus de coordination, mais pour faire quoi en fait concrètement ?
01:10 C'est surtout des actions pour la jeunesse ?
01:12 - Je vais vous donner quelques exemples. On a eu sur les dernières années un développement entre guillemets
01:20 qui s'est fait en Alsace surtout sur la base du volontariat, donc ici ouvre une école, ici ouvre un péri-scolaire, ici une crèche, etc.
01:31 Mais l'idée c'est d'apporter une vraie lisibilité, d'aller dans les zones blanches de l'apprentissage de l'alsacien ou de l'allemand,
01:38 d'une part, et pour ce faire en fait on a besoin d'une structure qui accompagne les territoires.
01:47 - Ça veut dire mettre des quotas par exemple ? Dire sur tel territoire on met tel nombre de péri-scolaires qui proposent des activités en alsacien ?
01:54 - Ça peut être par exemple de dire sur tel secteur il manque tout, crèche, péri-scolaire, école, dans ce cas il faut mettre tout à disposition.
02:05 Ou alors dans d'autres territoires où il manque qu'une partie, c'est-à-dire peut-être un morceau d'école élémentaire ou un péri-scolaire ou une crèche,
02:12 c'est de compléter l'offre qui manque. Mais très concrètement, aujourd'hui il n'y a que 4-5-6 communautés de communes qui ont aujourd'hui,
02:23 enfin je dirais EPCI parce qu'il y a aussi des agglos, qui ont des chargées de mission bilinguisme et qui travaillent vraiment à la mise en œuvre de ces actions-là.
02:35 - Donc il faut mettre des gens compétents, des gens qualifiés en tout cas, dans chaque collectivité qui puissent développer ça très localement ?
02:42 - Oui, et d'accompagner aussi ces acteurs-là avec finalement un office qui fédère toutes ces personnes.
02:51 Et finalement c'est l'objectif du développement de l'offre pour que la population puisse accéder d'ici quelques années,
03:03 ça c'est vraiment l'ambition que j'ai, c'est de pouvoir accéder au coin de la rue à l'apprentissage de l'alsacien,
03:09 soit pour les enfants ou les adultes, ça peut être l'alsacien dans les jeunes années, la langue vernaculaire,
03:15 puis progressivement un bilinguisme français-allemand.
03:18 - Au coin de la rue, c'est assez littéralement ce que demandent aussi les communes,
03:22 avec cette question de rendre l'alsacien plus présent aussi visuellement, je vous propose qu'on écoute ce qu'en dit la maire de Lavandzenau.
03:30 - On l'a sporadiquement, on va le faire de manière massive avec aussi une traduction assez systématique
03:35 de ce qui est important dans le village.
03:37 Notre ambition c'est en effet d'avoir une toile de fond complètement bilingue,
03:41 ça va faciliter aussi l'éducation vers l'allemand, et donc on se réjouit en effet de pouvoir le décliner un peu dans tout.
03:48 - La mise en place de panneaux de signalisation en alsacien dans nos communes,
03:52 pour l'instant en fait c'est assez minoritaire, on a l'impression que c'est pas grand chose, juste un panneau,
03:56 en fait c'est très important.
03:57 - Alors c'est effectivement très très important parce qu'en fait les représentations mentales vis-à-vis de la langue sont importantes,
04:05 donc le fait d'afficher la langue à l'entrée des communes, sur le nom des rues,
04:11 mais même déclinée sur plein d'autres types de signalétique en fait,
04:14 permet en fait de retrouver ce réflexe aussi de la pratique,
04:19 mais aussi de sentir la légitimité de la pratique,
04:22 ce qu'on a entendu là de Michel Kanguisser, c'est l'exemplarité qu'il faut suivre.
04:30 Actuellement on a à peu près 20% des communes qui ont une signalétique bilingue,
04:35 c'est peu mais c'est déjà en progression,
04:39 et aujourd'hui la collectivité européenne d'Alsace par exemple,
04:42 se propose de mettre en place la signalétique déjà des panneaux d'entrée d'agglomération sur les routes départementales,
04:48 donc je pense que d'ici un ou deux ans, rien que sur les panneaux d'entrée d'agglomération,
04:55 là on sera plutôt majoritaire, et on a une forte demande à ce niveau-là,
05:02 tant à l'Holca qu'à la CEA, mais je pense que les personnes de la région
05:06 reçoivent aussi beaucoup de demandes de subvention de la part des communes.
05:10 La nouvelle génération d'élus de 2020 est fortement en demande à ce niveau-là,
05:17 et il y a de plus en plus d'activités qui s'organisent au niveau du bloc local.
05:22 - Vous écoutez France Bleu Alsace, c'est 7h51, Victor Vogt est l'invité de France Bleu Alsace,
05:27 le président de l'Office pour la langue et les cultures d'Alsace,
05:30 on évoque cet office public de la langue alsacienne qui verra le jour l'année prochaine, début d'année prochaine,
05:34 et on vous pose la question à vous ce matin, vous qui aimez l'alsacien, vous qui êtes alsacien, vous qui le parlez éventuellement,
05:39 comment sauver cette langue ? On entend différentes actions qui vont être menées pour préserver,
05:43 pour transmettre également cette langue alsacienne, quelles sont vos pistes à vous ?
05:46 Vous échangez, c'est votre moment comme chaque jour, 0388 25 15 15.
05:51 - Et on a déjà Simone sur notre page Facebook qui nous écrit "mes enfants savent parler alsacien mais ils ne l'utilisent jamais,
05:57 l'alsacien est juste encore pour les anciens et ce ne sont pas quelques classes bilingues qui sauveront notre langue",
06:02 ça c'est ce que dit Simone, Victor Vogt c'est vrai que l'alsacien est quand même en perte de vitesse.
06:07 - Alors c'est très intéressant ce qui est dit là, parce qu'en fait je pense que les alsaciens,
06:13 il ne faut pas qu'ils soient vexés, il faut qu'ils commencent à changer un peu de discours,
06:18 c'est facile de dire ça ne servira pas, quand on regarde dans l'ensemble, il y a une espèce de,
06:32 il ne faut pas le prendre mal chers auditeurs, mais d'une jalousie des anciennes générations
06:38 qui disaient "très bien le parler", "c'est ma langue", etc.
06:43 Mais nous la jeune génération on a été dans l'envie, on a souhaité avoir cette langue,
06:50 et souvent pour un certain nombre d'entre nous, alors ce n'est pas mon cas, moi j'ai eu cette chance là,
06:55 on avait un peu cette frustration globale, et je pense qu'il faut qu'on sorte de ce récit pour avoir un autre récit.
07:03 Quand on regarde ce qui se fait ailleurs en Europe, ou même en France, aujourd'hui au Pays Basque,
07:07 il y a plus de jeunes qui parlent le basque que la génération qui a 40 ans.
07:12 - Mais on n'en est pas là en Alsace !
07:14 - On n'en est pas encore là, mais l'objectif du politique c'est aussi de fixer des ambitions,
07:18 c'est de mobiliser les gens, de susciter l'espoir, et pour moi c'est ça qui est important,
07:24 il faut que la société se mobilise, il faut qu'on arrête de regarder vers en bas,
07:27 il faut qu'on commence à regarder vers le haut.
07:29 - Nicole, bonjour à vous ! - Bonjour Nicole !
07:31 - Bonjour ! - Auditrice de France Bleu Alsace depuis Hillkirch, Grafenstaden,
07:35 dans le barrage sud de Strasbourg.
07:37 - Ecoutez, c'est très bien que vous ayez ce propos ce matin, parce que j'étais...
07:42 Je vais baisser la radio.
07:44 - Oui, éteignez-la même s'il vous plaît Nicole, ça évitera d'avoir un écho.
07:47 - Voilà, j'étais obligée d'aller aux urgences lundi matin, lundi après-midi,
07:53 et j'ai passé toute la nuit.
07:55 Alors évidemment, dans les urgences, ils étaient vraiment surbookés, ça, voilà.
07:59 On ne peut pas... Bon, ça c'est les urgences.
08:01 Mais j'ai remarqué une chose qui m'a fait énormément mal.
08:05 Bon, moi je suis... Disons que j'ai un nom alsacien, mais je viens de la côte d'Azur.
08:09 Ce qui n'empêche pas que je comprends l'alsacien.
08:13 Si maintenant, bon, ben j'ai...
08:15 Et alors il y avait des dames plus âgées dans les couloirs,
08:19 et les médecins venaient leur parler en français,
08:24 ces dames ne comprenaient pas vraiment.
08:27 Alors ils n'avaient aucun... Ils ne parlaient pas alsacien,
08:31 mais même pas allemand.
08:33 Alors ces femmes étaient là "Docteur, docteur, mais qu'est-ce que vous dites ?
08:37 Ne criez pas, ne criez pas !"
08:39 Alors c'est ça qui m'a vraiment...
08:43 - Il y avait une incompréhension, Nicole, si on comprend bien.
08:46 - Il y avait des gens qui n'arrivaient pas à s'exprimer vraiment,
08:49 parce que les jeunes médecins n'ont aucune notion de l'alsacien.
08:55 Et voyez ce que ça peut créer comme difficulté à ce niveau.
09:00 - De l'incompréhension, et on l'entend.
09:02 - De l'incompréhension entre le malade et le médecin.
09:05 - Nicole, merci de votre témoignage depuis Ilkirch ce matin,
09:08 on retrouvera Françoise dans un très court instant.
09:11 - Victor, enfin, c'est vrai que des fois il y a un rapport un peu...
09:14 Il y a aussi beaucoup de gens qui ont été obligés de ne pas parler alsacien,
09:17 il y a un peu une rupture de génération et un rapport très épidermique à la longue.
09:21 - Ce que dit cette personne, c'est vrai que c'est un drame,
09:28 et je pense que justement tout le combat pour la préservation et le développement de la langue,
09:34 c'est d'avoir aussi de la dignité.
09:37 À une certaine époque, encore récente, on avait quasiment tous les personnels,
09:41 dans les EHPAD, dans les hôpitaux, qui parlaient l'alsacien,
09:44 ou on avait quelqu'un qui parlait l'alsacien,
09:46 et ça permettait aussi à nos aînés de ne pas se retrouver à être seul locuteur de leur langue,
09:54 prisonnier de leur langue, et psychologiquement c'est quelque chose de très très difficile.
10:01 Mais justement, ce renouvellement générationnel, il faut y aller.
10:07 Moi je peux vous dire qu'à mon niveau, la demande de la génération de parents d'aujourd'hui,
10:13 qu'ils parlent l'alsacien ou non, elle est forte.
10:16 - On va en parler justement avec Françoise qui témoigne ce matin.
10:20 - Il faut y aller, vous nous dites, pour la jeune génération,
10:22 j'ai l'impression que la jeune génération c'est Françoise, ça parle l'alsacien.
10:24 Bonjour à vous Françoise.
10:25 - Oui bonjour tout le monde.
10:27 Je voudrais témoigner juste parce que j'ai deux petits-enfants,
10:30 moi-même j'ai trois enfants qui sont métissés.
10:34 Et là j'ai deux petits-enfants qui parlent super bien alsacien,
10:39 ils communiquent en alsacien avec tout le monde,
10:42 et je trouve que dans le pays de Hano par rapport à chez nous,
10:45 c'est beaucoup encore de la culture.
10:48 - Comment ils l'ont appris l'alsacien ?
10:50 - Avec vous ?
10:51 - Avec leurs parents.
10:53 Pas ma fille parce qu'elle ne parle pas, mais avec son père, les grands-parents,
10:58 l'entourage, la famille, et c'est super bien.
11:02 Moi-même je n'ai pas eu cette chance-là parce que je suis de Strasbourg
11:05 et on ne m'a pas appris, et je le regrette.
11:09 J'essaie quand même de communiquer un petit peu avec eux.
11:12 Et franchement ils ont une culture de langage alsacien, c'est magnifique.
11:17 - Françoise, merci d'avoir échangé, d'avoir témoigné ce matin,
11:20 d'avoir fait part de cet alsacien du côté de vos petits-enfants.
11:23 Merci beaucoup Françoise, passez une belle journée depuis Sous-les-Bains.
11:26 - Victor Vogt, Françoise elle dit qu'on parle beaucoup dans la famille,
11:30 qu'on apprend dans la famille, est-ce que vous avez assez de monde
11:33 pour transmettre l'alsacien dans les différentes actions que vous voulez mettre en place ?
11:37 - Alors ça c'est l'espoir, et puis je pense l'opportunité qu'on a.
11:43 C'est qu'on a mené différentes enquêtes et on s'est rendu compte
11:47 qu'en fonction des zones géographiques, on a encore une bonne quarantaine de pourcents
11:51 de gens qui le pratiquent même au travail, un tout petit peu moins.
11:55 Dans le domaine de l'enfance et de la petite enfance,
11:58 en fonction des aires géographiques, on est sur une moyenne
12:01 d'une quarantaine de pourcents également.
12:04 Donc ça veut dire qu'il y a encore beaucoup de monde sur le marché du travail
12:07 qui parle l'alsacien, qui a des compétences, il faut les certifier,
12:12 il faut leur donner des diplômes qui certifient cette pratique,
12:16 mais on a aujourd'hui encore énormément de monde,
12:19 ce qui n'est pas forcément le cas par exemple en Bretagne,
12:22 où c'est très très difficile pour développer ou redévelopper la langue.
12:27 Chez nous on a encore un vivier suffisamment fort.
12:30 - Donc des bras pour mener ces différentes activités ?
12:32 - Pour mener les actions et les transmettre.
12:34 Donc justement, si on a la chance de pouvoir le faire,
12:36 il faut qu'on arrête de regarder vers le bas et qu'on transmette.
12:39 Et la dame aussi avait raison sur une chose,
12:41 il y a encore des zones où on transmet encore énormément l'alsacien.
12:44 Le pays du Hano, effectivement, c'est la langue majoritaire.
12:48 - Donc il faut continuer de transmettre.
12:50 Merci beaucoup Victor Nockdet de venir nous présenter ça ce matin.
12:52 Bonne journée.

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