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Le premier film de Stéphan Castang, "Vincent doit mourir", avec Karim Leklou et Vimala Pons, est une très belle réussite.
Nos critiques vous expliquent pourquoi.
Transcription
00:00 Vincent doit mourir, le titre n'est vraiment pas engageant, mais le film, il est vraiment bien.
00:04 J'étais à mon poste de travail et on m'agressait.
00:07 Il y a une absence au niveau du regard et ils font sur moi.
00:10 J'ai l'impression qu'il y a un délire autour de moi.
00:13 Vous vous êtes senti en colère ces derniers temps ?
00:17 C'est l'histoire de Vincent, un employé de bureau, tout ce qu'il y a de plus normal,
00:24 qui d'un seul coup devient un petit peu le bouc émissaire de tous les gens qui l'entourent.
00:29 Dès qu'il croise quelqu'un, dès qu'il regarde quelqu'un, cette personne lui tape dessus.
00:32 Mais quand je lui dis "lui tape dessus", c'est vraiment pour le tuer, par tous les moyens du bord.
00:36 Alors forcément, le garçon, au bout d'un moment, il se dit "mais qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui se passe ?"
00:39 Et donc il se cache.
00:40 Et en fait, on est trop loin dans l'histoire.
00:42 On va se rendre compte qu'il y a une espèce de virus qui fait que plein de personnes,
00:45 évidemment, deviennent les victimes potentielles de toutes les personnes qui croisent leur route.
00:49 Et donc, c'est le début d'un road movie à travers la France pour essayer d'échapper à ses poursuivants.
00:53 T'es vraiment chelou, toi.
00:55 Regarde bien, tu regardes ce qui va se passer.
00:56 Vincent, il est graphiste à Lyon, il va partir à la campagne,
01:05 il va se passer des trucs en région autour de chez lui, sur un parking de supermarché,
01:09 sur un bateau, dans une marina.
01:11 C'est vraiment inscrit dans un paysage français, un paysage mental aussi, et un paysage social.
01:17 Je trouve que c'est la grande réussite du film.
01:19 Qu'est-ce que c'est que ce monde, à l'air de nous demander le film,
01:23 où on ne peut pas regarder les gens dans les yeux ?
01:24 Qu'est-ce que c'est que ce monde où on est menacé ou menaçant,
01:30 à tour de rôle, dans une société qui est vraiment en crise,
01:35 vraiment où tout est à fleur de peau ?
01:37 Et je dois dire que le film, aussi merveilleusement,
01:41 entre cette dimension fantastique ou de science-fiction, volontairement inexpliquée,
01:48 et une dimension sociale très importante.
01:50 Il y a un combat épique entre Vincent et un facteur
01:55 qui finissent par tomber dans une fosse sceptique, pleine de merde, on va le dire,
01:59 et qui serait une sorte de représentation de la situation
02:02 dans laquelle se trouve la France, l'Europe, le monde, allez savoir.
02:05 Et vraiment, là, on sent que le film est très, très fort
02:09 entre ce qu'il nous montre et ce qu'il nous raconte en réalité,
02:11 et les questions qu'il pose.
02:12 Et puis, il y a aussi toute une dimension plus sentimentale du film
02:16 et toute une autre manière d'appréhender ce qui arrive à Vincent.
02:21 Évidemment, quand il fait la rencontre de Margot, alias Vimala Pons.
02:25 - Tu t'appelles comment ? - Vincent.
02:28 - Tu n'as pas l'impression, toi, des fois, que le monde entier est en vue ?
02:31 - Oui, ça m'arrive, oui.
02:33 - Alors, Vimala Pons, c'est vraiment une actrice toujours très étonnante
02:36 et qui est une fois de plus très surprenante dans ce film,
02:40 épatante de bout en bout.
02:41 Et puis, Vincent, c'est Karim Leclos, un acteur qu'on suit
02:44 et qu'on aime beaucoup à Télérama,
02:45 et qui amène encore quelque chose à son talent, qui est immense.
02:49 Il est vraiment dans un rôle un peu comme on a l'habitude de le voir au début,
02:53 le type un peu sympa, etc., qu'il arrive que des emmerdes.
02:56 Et puis, petit à petit, il devient un vrai héros de film d'action
02:59 avec une dimension physique très, très impressionnante.
03:01 Après, on peut se dire, au fur et à mesure qu'avance le film,
03:04 mais bon, comme tout passe les yeux, pourquoi il ne met pas des lunettes de soleil ?
03:07 Donc, je pense que beaucoup de spectateurs se feront cette réflexion-là
03:10 et on se dit, ben oui, forcément, s'il met des lunettes noires, il n'y a plus de film.
03:13 Il faut accepter d'emblée que le scénario repose sur une béquille peut-être un peu forte.
03:18 Une fois qu'on a accepté ça, vraiment, le film vaut la peine par son originalité,
03:22 sa grande maîtrise de mise en scène.
03:24 On sent vraiment que toutes les scènes d'action ont été très, très préparées,
03:27 sans doute hyper storyboardées.
03:28 C'est le premier long métrage de Stéphane Castan.
03:30 Alors, ce n'est pas un perdre-droit de l'année.
03:32 Il approche de la cinquantaine.
03:33 Il a fait quelques courts-métrages très remarqués.
03:35 Il a mis du temps à faire ce film, mais il a bien fait,
03:37 parce que c'est vraiment un film hyper original.
03:39 Une tentative de faire du cinéma de genre en France,
03:41 il n'y en a pas tant que ça, et il n'y en a pas tant que ça des réussis.
03:44 Il y a une efficacité, une sécheresse dans les scènes d'action
03:46 qui se rapproche un petit peu de ce que peut faire John Carpenter
03:49 quand il est très en forme.
03:49 Donc, voilà, on est quand même dans du très bon niveau en termes de mise en scène.
03:53 Et puis, il y a cet univers vraiment assez engoutant de bout en bout.
03:56 Même la partie sentimentale, on pouvait craindre un petit peu
03:59 que ça devienne un peu moins fort.
04:01 Il tient quand même ça très, très bien grâce à la qualité de ses interprètes.
04:04 Et puis aussi, il y a un chien aussi qui a un rôle très important dans le film
04:07 et qui est assez formidable.
04:08 Vincent doit mourir, c'est très bien.
04:16 On doit voir Vincent doit mourir parce que c'est très bien.
04:19 [Musique]

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