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00:00 quand on a filmé ce combat, qui est donc un combat dans une fosse sceptique,
00:03 on s'est tous rendu compte tout d'un coup de ce qu'on était en train de faire.
00:06 Eh bien, c'est par l'entremise de Claire Bonnefoy et Thierry Lounaz,
00:19 qui sont les producteurs et productrices du film,
00:22 qui développaient ce scénario de Mathieu Naher, qui me l'ont fait lire.
00:25 A priori, moi, j'étais pas très partant parce que
00:28 je suis plutôt du genre à réaliser ce que j'écris.
00:32 Et quand j'ai lu le scénario de Mathieu,
00:36 j'ai vu quelque chose de bizarre.
00:38 Donc déjà, ça m'attirait.
00:39 J'ai vu qu'il y avait la promesse, une promesse de cinéma,
00:43 de pouvoir travailler plusieurs genres.
00:44 Ça, ça me plaisait aussi.
00:46 Je voyais aussi un scénario de quelqu'un de bien névrosé.
00:50 Donc ça me parlait, moi-même bien névrosé également.
00:52 Et je me suis dit qu'il y avait de la place pour illoger mes propres névroses
00:57 et de pouvoir effectivement faire un film vers lequel je ne serais pas allé
01:01 spontanément, mais où, en revanche, il y avait moyen de faire des vraies
01:05 propositions de cinéma.
01:06 Ça, c'était quelque chose qui me plaisait énormément.
01:09 Il y a quelque chose, en fait, du film de genre,
01:11 mais qui épouse en plus l'identité française.
01:13 C'est un vrai film de genre français qui ignore pas sa société et ce qui s'y passe dedans.
01:18 Je trouve que c'est un film qui parle de beaucoup de choses,
01:19 et notamment d'une société brutale, violente, de tous les types de violences.
01:24 Il y a la violence morale, la violence physique.
01:27 Parce que le pitch du film, c'est quand même un gars que tout le monde veut tuer.
01:30 Personne ne sait pourquoi.
01:31 Il a un déferlement de violences assez inouïes qui se passent sur sa personne.
01:37 Et j'avoue, j'étais très heureux de ressortir vivant du film.
01:41 Voilà, c'était déjà un objectif en soi très, très fort.
01:44 Et le film, en plus, épouse la comédie, le burlesque.
01:48 Et je trouve qu'il est assez jouissif pour un spectateur.
01:52 En tout cas, c'est un film que j'ai adoré faire pour ça,
01:56 parce que je trouve que c'est un film tourné vers complètement le spectateur.
02:00 À la fois pré-apocalyptique, film parfois de zombies,
02:05 film qui parle de la violence morale, de la violence physique,
02:08 de la violence sociétale, de la violence faite aux femmes,
02:10 de la violence faite aux enfants, de la violence tout court.
02:13 Et je trouve que c'est un film qui est un miroir détonnant de la société française.
02:19 Et je trouve ça super d'avoir ça sans être dans un truc qui fait la morale
02:23 ou un truc qui est un pamphlet ou un truc qui se voudrait intelligent.
02:28 Et je trouve qu'il raconte ça à travers les corps concrètement,
02:31 puisqu'on s'en fout plein la gueule.
02:34 Et c'est beau parce que c'est un film d'action aussi,
02:38 avec des physiques ordinaires,
02:41 ou en tout cas des physiques de gars qui n'ont pas toujours des tablettes d'abdos,
02:45 ou en tout cas, ils ont beaucoup, dans mon cas, ils ont fondu depuis bien longtemps.
02:48 Si un jour elles ont existé, je ne sais pas.
02:51 Et c'est un film justement où c'est pas un personnage à la Jason Statham,
02:55 mais c'est des gens ordinaires qui se battent.
02:59 Et ça crée du burlesque et de l'extrême violence aussi parfois.
03:02 Et qui a quelque chose de beau, je trouve.
03:06 J'ai lu et moi, j'ai trouvé ça vraiment super.
03:09 Et j'ai rencontré, mais en même temps à double tranchant,
03:12 parce que c'est un film où j'ai l'impression qu'il y a un peu tous les ingrédients
03:15 pour que ce soit pas bien.
03:17 Il y a du gore, il y a de la violence.
03:20 C'est un mélange des genres.
03:22 C'est très casse-gueule, en fait.
03:24 Et du coup, le risque, moi, c'est une notion que j'adore.
03:28 Et je me suis dit, par contre, ça dépend tellement de la personne qui fait ça.
03:32 Et quand j'ai rencontré Stéphane Castan, je me suis dit là, c'est qui tout double.
03:36 Et on est allé boire des coups.
03:38 On a bu de la vieille prune jusqu'à 2 heures du matin à Strasbourg Saint-Denis, à Paris.
03:42 Et on a parlé plein de livres, de plein de choses.
03:46 Et dès que je l'ai vu, en fait, j'ai vu cette immense tendresse,
03:50 ce magnifique regard sur le monde.
03:52 Et je me suis dit que c'était évidemment cette personne qui devait raconter cette histoire.
03:56 Parce que, justement, c'est surtout de l'amour et de la tendresse dont il veut parler.
04:00 Et donc, ça passe à travers parler de la violence du monde.
04:04 J'étais à mon poste de travail et on m'agressait.
04:07 Il y a une absence au niveau du regard, mais ils font sur moi.
04:10 Arrête ! Arrête !
04:12 J'ai l'impression qu'il y a un délire autour de moi.
04:14 Vous vous êtes senti en colère ces derniers temps ?
04:18 Ils étaient très divers.
04:20 Alors, il y a une figure, on pourrait dire qu'il y a une figure tutélaire, ces Carpenters.
04:24 Alors plutôt le Carpenter, d'ailleurs, d'Invasion Los Angeles,
04:28 qui a une veine presque satirique.
04:31 Puisque dans l'Invasion Los Angeles, il explique que le capitalisme vient des extraterrestres,
04:34 ce qui est, à ma foi, une explication la plus probable.
04:37 Et il y avait aussi Romero, mais plutôt le Romero des débuts,
04:42 des années 70, de The Cruises, de la guerre de Paris.
04:46 De The Cruises, de Martin, de Zombi, bien sûr.
04:50 Et puis d'autres films, je pense, After House de Scorsese,
04:57 qui est aussi l'histoire d'un corps persécuté.
05:02 Week-end de Godard aussi, pour les séquences vers la fin.
05:07 Et Bunuel également, pour l'absurdité,
05:13 je dirais plus que l'humour, l'ironie qui traverse tout le film.
05:18 Dans le film, il y a une scène qui a été une vraie bascule pour toute l'équipe.
05:25 C'est justement la scène du combat avec le facteur,
05:29 qui est arrivé pas tout à fait à mi-parcours du tournage, mais pas loin.
05:32 Quand on a filmé ce combat, qui est donc un combat dans une fosse sceptique,
05:37 une fosse sceptique, on va dire, de bonne taille,
05:41 pour tout le monde, que ce soit pour les acteurs et pour l'équipe technique,
05:47 on s'est tous rendu compte, tout d'un coup, de ce qu'on était en train de faire.
05:50 En tout cas, tout d'un coup, on se disait,
05:52 ouais, là, on fait quand même un truc un peu bizarre.
05:54 Et c'était une vraie bascule, parce qu'on avait déjà traversé
05:58 des moments d'humour, déjà des combats, mais là, on montait d'un cran.
06:04 Ce qui est super beau, c'est la métaphore de gens qui sont dans la merde
06:08 et qui essaient de combattre pour survivre.
06:10 Ça, c'est aussi ce que ça raconte aussi le film.
06:13 On part d'un personnage, le mien, qui est un personnage
06:17 ni sympathique ni antipathique au départ, mais qui est un personnage content de lui
06:21 et qui ne regarde pas ce qui se passe autour.
06:23 Et tout d'un coup, qui va avoir une vraie évolution morale
06:27 et sur le plan aussi intellectuel,
06:29 et qui va regarder les autres différemment,
06:31 vu qu'on le regarde un peu différemment lui aussi.
06:33 On construisait un peu, on sculptait la matière au fur et à mesure des séquences.
06:38 Et moi, je sais qu'il y a une scène où on est vraiment, vraiment ivre dans le bateau
06:42 quand on a bu toute la bouteille de Bourgogne.
06:44 Et puis ensuite, comme on fume un pétard, on a fumé tout un sachet de CBD
06:48 et carrément, en plus, on ne fume pas du tout.
06:50 Donc, on était mais jet lagos total.
06:54 Et ça m'est parfois arrivé de tourner ivre,
06:57 mais là, c'était stratosphérique.
07:01 Et ça, c'était très, très jouissif.
07:03 Pour moi, Karim était le partenaire et l'acteur idéal pour Vincent,
07:18 parce que pour Vincent, vous pouvez imaginer un corps plus évident.
07:21 Pour un film, il y avait autant d'action.
07:24 Et non, il fallait quelqu'un qui ait justement cette dualité.
07:27 Et Karim, c'est quelqu'un qui est à la fois, peut-être monsieur tout le monde
07:31 et en même temps, une très grande singularité,
07:35 qui est quelqu'un de très doux, qui peut avoir une très grande brutalité.
07:39 Et il me semblait que
07:41 avec ce qui se dégageait de Karim,
07:44 il y avait quelque chose qui faisait qu'on était justement dans une
07:47 forme de réalisme qui allait marcher pour le film.
07:51 On en avait, là dessus,
07:52 j'avais plusieurs collaborateurs avec qui on a regardé ensemble comment faire.
07:57 Que ce soit Manu Lacosse, le chef opérateur, ou Manu Lanzi,
08:01 qui était le régleur des combats.
08:03 Moi, je ne voulais pas qu'on fasse, que ce soit fun.
08:07 En tout cas, je trouve que très souvent,
08:09 La Violence, ces dernières décennies, quand elle est filmée,
08:13 elle est filmée comme un spectacle préjubilatoire, très agréable,
08:16 mais comme quelque chose de fun.
08:18 Étant donné ce qu'on raconte avec ce film, ça me semblait un peu
08:22 pas honnête.
08:23 Il fallait, j'avais l'impression que moi, ce qui m'intéressait,
08:26 c'était quand on assiste à des gens qui se battent dans la rue.
08:29 Souvent, c'est sale.
08:31 Ce n'est pas des patates comme on voit au cinéma.
08:34 C'est des choses un peu maladroites, des coups qui ripent.
08:38 Et donc, il fallait qu'on travaille sur cette forme de réalisme.
08:41 Et effectivement, avec des corps qui, non seulement, ne sont pas faits
08:44 pour les combats, ou presque même des corps tabous,
08:46 comme vous l'avez rappelé, pour les enfants.
08:49 Donc, il fallait trouver des actrices, des acteurs dont il ne soit pas évident.
08:56 Pour la scène du facteur, on aurait pu très bien imaginer
08:58 un cascadeur pour le rôle du facteur.
09:00 Moi, je ne voulais surtout pas.
09:01 Il déploie les métaphores, il déploie le sens.
09:03 Et aussi, je trouve qu'il divertit en avertissant.
09:06 Et cette chose-là, je trouve que c'est vrai que c'est divertissant,
09:12 mais c'est pour mieux se divertir du réel, s'en détourner,
09:17 pour mieux y retourner après, quand on sort de la salle.
09:20 Je tiens à parler de Suzy.
09:25 On m'a fait la réflexion d'ailleurs.
09:27 Je l'appelle par son nom d'actrice.
09:29 Je m'en excuse, Suzy est la petite Stafy, la chienne qui joue dans le film,
09:33 qui s'appelle Sultan dans le film.
09:35 Donc, je tiens à signaler son nom d'actrice,
09:37 qui fait une performance canine de plus haut niveau.
09:40 Il faut voir le film, mais elle a des regards qui sont dingues.
09:42 C'est une Stafy qui marche un peu comme ça,
09:45 un peu différemment des autres Stafy.
09:47 C'est super beau parce que c'est un chien qui a été casté.
09:51 On a fait un casting du chien.
09:52 Cette façon de faire...
09:53 Il y a de l'émotion dans sa voix.
09:55 On sent que la pauvre, elle est au bout du rouleau,
09:59 qu'elle ne maîtrise pas tout.
10:00 Et c'est hyper beau parce que c'est une émotion qui la déborde.
10:03 Elle a un regard surtout sur le monde des humains à un moment.
10:06 En tout cas, une performance canine d'actrice incroyable.
10:09 Voilà, je suis fan de Sultan, de Suzy.
10:13 J'espère, je fais une confidence intime,
10:16 mais j'espère comme un dingue qu'elle gagnera la Palme d'Oc.
10:20 Tu entends le chien ? Très important, le chien.
10:22 Il est vrai à toi-même.
10:23 Son piton, c'est trop dangereux.
10:25 Personne ne peut t'aider.
10:26 Moi, je me fais tuer direct.
10:38 Je suis d'une lâcheté épouvantable.
10:41 Soit je me suicide,
10:45 soit je pense que de toute façon, je me ferai tamer direct.
10:49 Donc, je ne tiendrai pas aussi longtemps que lui.
10:53 Comme le personnage, à un moment, j'essaierai de me défendre.
10:56 Comme le personnage,
10:58 j'ai le physique que j'aime,
11:00 et que même en prenant des cours de sport ou tout ça,
11:03 il y a un moment où je ne serai jamais, comme l'appelle mon réalisateur,
11:08 et ça me fait beaucoup rire, en premier degré, Jason Statham.
11:11 Je ne serai jamais, je crois que malheureusement.
11:14 Mais du coup, comme je ne serai jamais Jason Statham,
11:18 du coup, j'essaierai de me défendre.
11:20 Je pense qu'il y aurait une part de burlesque, de drôle dans cette défense.
11:25 Mais surtout, au-delà de ça,
11:31 je pense que comment réagir à la violence, c'est toujours une vraie question
11:34 auquel moi, je n'ai pas de réponse.
11:36 Un acteur n'a pas de réponse.
11:39 En vrai, non, mais je ne sais pas.
11:40 Je ne sais jamais comment on réagit aux choses.
11:44 Mais en tout cas, oui, j'essaierai de me défendre.
11:48 Ou soit je l'aurais dû.
11:49 Non, je crois qu'en vrai, si j'étais plus intelligent,
11:52 je me dirais, allez, tuez-moi.
11:53 De toute façon, ça ne sert à rien de faire une tentative de défense
11:55 qui va être ridicule.
11:56 Je vais me faire buter au bout de trois secondes.
11:58 Allez, on y va.
11:59 Allez, faites-vous plaisir.
12:00 Si au moins, je pouvais apporter du plaisir aux gens,
12:03 au moins dans leur démarche de violence.
12:05 Je crois que je reprendrai le Krav Maga,
12:08 parce que vraiment, ça, c'est un truc,
12:09 j'en ai fait pas beaucoup de temps.
12:11 J'ai fait du karaté pendant dix ans,
12:13 mais après, j'ai commencé le Krav Maga un an.
12:15 Et c'est vraiment très efficace.
12:17 Je pense qu'il fait erreur avec la bombe Lacrymo et le taser.
12:21 Je pense que vous cherchez l'attention des gens qui vous agressent quelque part.
12:25 Vous n'êtes pas d'accord avec moi ?
12:30 Sous-titrage ST' 501
12:32 [Musique]
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12:36 [SILENCE]