Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 16 novembre 2023 : l’acteur et chanteur, Jacques Dutronc. Il publie ses mémoires aux éditions du Cherche-Midi "Et moi, et moi, et moi".
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00:00 Bonjour Jacques Dutronc.
00:02 Bonjour, je suis bien sur France Info.
00:04 C'est ça.
00:05 Alors je suis d'accord, bonjour, bonjour.
00:07 La grande difficulté quand on a la chance de vous rencontrer,
00:09 c'est de se demander comment le présenter.
00:11 C'est vrai qu'en 60 ans de carrière, il y a beaucoup de choses à dire.
00:14 Vous êtes considéré comme l'un des plus grands artistes français.
00:16 D'ailleurs, le mot artiste est sans conteste celui qui vous convient le mieux.
00:20 Alors quand on dit Jacques Dutronc, on pense à quoi ?
00:22 On pense à la musique, évidemment, avec d'une part une réincarnation,
00:25 une réelle présence sur scène, comme le diront beaucoup de spécialistes
00:28 et d'afficionados tout au long de votre carrière,
00:30 avec des titres cultes certes, mais surtout devenus des Madeleines de Proust,
00:33 car elles sont associées à nos vies.
00:35 Et ce, depuis plusieurs générations.
00:37 Vous faites même partie de l'histoire de France,
00:39 grâce à Georges Pompidou, qui a cité les cactus comme référence de certains comportements.
00:45 Vos titres "J'aime les filles", "Il est 5h", "Paris s'éveille", "Les Playboys",
00:49 "Merde in France" ne sont plus les vôtres, mais les nôtres.
00:52 On pense aussi au cinéma, quand on parle de vous,
00:54 avec comme point de départ Antoine et Sébastien et Jean-Marie Perrier.
00:57 Par la suite, il y aura des collaborations, parfois des amitiés,
01:00 avec Claude Lelouch, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Jean-Pierre Mocky,
01:03 André Zulawski ou Maurice Pialat, qui vous confia le rôle de Van Gogh,
01:08 avec au final César, du meilleur acteur.
01:10 Mais quand on parle de vous, on pense aussi à l'amitié,
01:13 avec en premier lieu le gang des vieilles canailles, Johnny et Eddie.
01:16 On pense à Gainsbourg, on pense aussi à la fidélité,
01:18 avec Françoise Harvey et Sylvie.
01:20 Vous dites "Françoise a sauvé ma vie, Sylvie m'a sauvé la vie".
01:24 Il y a un fil rouge dans tout ça, c'est l'humour,
01:26 qui est sans doute votre plus grande marque de fabrique.
01:28 Tous ces ingrédients, on les retrouve dans vos mémoires,
01:31 le livre "Et moi, et moi, et moi" aux éditions du Cherche-Midi.
01:34 On peut lire sur la couverture le mot "enfin".
01:38 Pourquoi "enfin", Jacques Dutronc ?
01:41 Ce n'est pas du Gaston Lagarde, c'est l'éditeur.
01:46 Ça fait quelques temps qu'il me tarabustait pour Héraclès,
01:50 à l'époque célèbre éditeur du Cherche-Midi.
01:54 Il m'a demandé d'écrire une bio,
01:57 et moi j'ai tout de suite dit "biologique".
02:01 Bien sûr, bien sûr, parce que j'adore les analyses,
02:04 les laboratoires, c'est hitchcockien, je trouve.
02:08 Parce qu'on se dit "merde, peut-être que là j'ai trop exagéré,
02:11 j'ai peut-être trop bouffé de ceci ou cela",
02:13 et c'est très hitchcockien en attendant les résultats.
02:16 En tout cas, c'est un livre que l'on peut lire,
02:19 contrairement à Tintin, beaucoup plus que ce qu'on fait en 17 ans.
02:24 Le premier chapitre s'intitule "Premiers cris".
02:27 Les vôtres, vous les avez poussés le 28 avril 1943 à Paris.
02:31 Votre père est joué du piano dans une famille très musicienne,
02:34 comme votre oncle d'ailleurs, Jacques, décédé au front en 1940,
02:37 à qui vous devez votre prénom, il était jazzman.
02:40 On se rend compte en fait que la musique vous a toujours accompagné, Jacques Dutronc.
02:43 Oui, jazzman c'est un grand mot pour mon père.
02:46 Non, non, je ne crois pas.
02:49 Non, il déchiffrait très bien, il déchiffrait du bac toute la journée,
02:53 il jouait du piano classique, comme on dit,
02:57 de belles pièces, de beaux opus, opi par exemple,
03:00 vous savez, si on parle latin jusqu'au bout.
03:03 Et puis, ça m'a fait un peu détester le piano quand même,
03:10 parce que j'habitais un appartement tout à fait modeste
03:13 et j'étais obligé de l'entendre.
03:16 Et le piano m'importunait, car à part les oreilles, c'était le piano fermé,
03:22 parce que vu la grandeur des pièces, ce n'était pas un piano à queue,
03:27 comme je n'ai rien dit,
03:30 et donc c'était un piano droit, pas mal d'ailleurs,
03:35 et lorsqu'il était fermé, c'était mon terrain de jeu avec mes "deenkey toys".
03:42 Donc je mettais toutes mes bagnoles "deenkey",
03:46 j'étais contre les "solidos" ou "no rev", j'étais "deenkey toys" absolument.
03:52 Donc alors mon père m'empêchait de jouer, puisqu'il ouvrait le truc,
03:57 il virait toutes mes bagnoles, les "deenkey toys" et tout ça.
04:01 À un moment donné, vous avez décidé d'arrêter, on est en 1973,
04:07 il y a un heureux événement qui va arriver d'ailleurs le 16 juin,
04:11 c'est la naissance de Thomas.
04:13 Thomas a effectivement organisé cette tournée avec vous, "Dutronc et Dutronc",
04:19 il raconte toute l'influence que vous avez eue dans sa vie d'homme,
04:23 est-ce que vous êtes fier de l'homme qu'il est devenu ?
04:25 Il ne m'a pas déçu en tout cas, pas du tout,
04:28 et quand j'ai revoi les images, il était très très laid, très très très laid,
04:33 puisque quand j'ai débarqué à l'hostel, il y en avait plein dans les trucs,
04:38 j'ai dit je me suis là, il me dit non c'est lui,
04:41 je dis oui mais lui il a des traces, la rouge, il n'est pas très...
04:45 Non non c'est lui, votre fils, c'est lui, c'est étonnant,
04:49 effectivement il a les mêmes doigts que moi, il avait le doigt tordu,
04:52 enfin moi ils sont passés.
04:54 Et donc, ce qui me plaît c'est la fameuse photo, je ne sais pas qui l'a prise,
05:00 j'ai un cigare allumé dans la gousse, je suis pensé sur lui,
05:05 François dans les bras, dans la chambre de l'hôpital,
05:10 putain cette photo maintenant il reste à montage.
05:13 Vous dites que vous n'aimez pas les enterrements,
05:15 que vous n'êtes pas sûr d'aller aux vôtres,
05:17 quel regard vous portez sur ces 60 ans de carrière ?
05:21 60 ans de carrière, c'est énorme, il faut faire un anniversaire,
05:24 il faut faire un truc, ils n'ont rien fait, les maisons de disques,
05:27 il faut que j'organise un truc, alors pour les 60 ans de carrière,
05:31 j'ai organisé toute une soirée sur France Info.