Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 2 décembre 2024 : l’auteur, compositeur, interprète et comédien Eddy Mitchell. Il est de retour avec un 40ᵉ album : "Amigos".
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00:00Bonjour Eddie Mitchell.
00:01Bonjour, bonjour.
00:02Votre histoire d'amour avec le public a démarré il y a six décennies, d'abord avec les chaussettes
00:06noires et le titre Daniela, puis en solo.
00:08Le temps n'a pas altéré votre plaisir de monter sur scène, ni celui de chanter et
00:11d'enregistrer avec les plus grands musiciens.
00:13Si on ajoute à cela une décennie supplémentaire, on obtient le moment exact au cours duquel
00:17la musique est entrée dans votre vie, et plus exactement le rock'n'roll.
00:21Avec ce concert de Bill Alley and the Comets à l'Olympia en 1958 qui a été un réel
00:26coup de foudre.
00:27Vous avez trois passions, inaltérables, indissociables de l'artiste que vous êtes, le dessin et
00:32la bande dessinée de J.G., le rock et le cinéma américain, et plus précisément
00:36les westerns, du Golfe Drouot avec les Five Rocks ou Cinq Rocks, à vous de choisir d'ailleurs
00:40l'appellation que vous préférez, à la dernière séance au cinéma, en télé ou
00:44en musique, en passant par les Vieilles Canailles, que vous avez si bien incarnées aux côtés
00:48de Jacques Dutronc et de Johnny Lydet.
00:49Louis-Eddie, vous faites partie de nous, de nos souvenirs, du passé, du présent et donc
00:54de notre avenir.
00:55Aujourd'hui, vous êtes de retour avec un 40e album intitulé Amigos, littéralement
00:59ça veut dire « Amis », soit douze titres habillés à la façon Eddie avec cette voix
01:03qui n'a pas pris une ride, accompagnée par des amis, Souchon, Chanfort, Scheller,
01:09Obispo, Sansevierino avec plein de premières fois.
01:11L'album démarre avec le titre en décapotable Pontiac, c'est une invitation à parcourir
01:17une route en décapotable avec en toile de fond les routes du Nevada.
01:20Il y a un côté point de départ de votre carrière, j'ai l'impression, Eddie Michel,
01:24dans cet album et donc avec ce titre notamment.
01:26Ah ben ça c'est… Chacun voit Emilie à sa porte, si on peut dire.
01:31Non, parce que c'est un texte que Souchon et moi-même avons concocté et donc non,
01:41c'est plutôt l'histoire d'un braquage qui me tourne mal.
01:44Côté Bonnie and Clyde, inévitablement, mais la toile de fond, c'est le sujet que
01:48j'aime.
01:49Ah oui, la toile de fond, c'est les grands espaces.
01:52Les grands espaces, l'aventure aussi, beaucoup, d'ailleurs, c'est le titre qui s'enchaîne
01:57juste derrière.
01:58J'ai l'impression que ça a été le moteur de votre vie, Eddie, d'aller chercher l'aventure
02:03et de choisir l'aventure que vous souhaitiez vivre.
02:06Ah ben oui, c'est-à-dire que comme tout le monde, enfin comme beaucoup de gens, j'imagine,
02:12on rêve tous d'aventure, on rêve tous de grands espaces, de gens inoubliables, de
02:19filles fantastiques, de décors exceptionnels.
02:23Voilà, donc on en rêve et j'ai mis en chanson, c'est vrai, je l'ai mis en plusieurs chansons.
02:29Ce disque, il montre à quel point vous n'avez jamais oublié d'où vous venez.
02:34C'est aussi ce qu'il raconte, ce disque.
02:37Votre père se levait à 4 heures du matin pour aller travailler.
02:40Quand il revenait, évidemment, les devoirs, c'était le cinéma avec vous.
02:44Tout ça pour dire que cet album, c'est aussi une belle façon de rendre hommage à travers
02:49une chanson que vous avez écrite déjà avec Sansevérino, vous abordez les travailleurs
02:54de l'ombre, ce qui est Sleveto, justement, avec qui vous travaillez.
02:58J'aimerais qu'on en parle, justement.
03:00Oui, parce que c'est des gens, c'est des gens simples, mais qui sont quand même des héros
03:06quelque part, parce que quand je dis le mot héros, je pèse mes mots.
03:14C'est des gens, c'est des gens sans qui, s'ils n'existaient pas, on ferait comment ?
03:20Parce que ce sont des héros.
03:22Le type qui part travailler le matin et qui va être dans les encombrements, etc.
03:29S'il décidait d'un seul coup de dire, moi, j'arrête tout, bon, le monde s'arrête.
03:34Le monde s'arrête. Il ne faut pas l'oublier, ça.
03:37On se rend compte à quel point votre père a été ce pilier dans votre vie.
03:41C'est lui qui vous a montré, justement, le chemin, ce qu'il ne fallait pas perdre de vue.
03:46C'est-à-dire que mon père m'a initié, non pas la musique, non, parce que la musique était plutôt fâchée.
03:51C'est plutôt votre mère, la musique, d'ailleurs.
03:53Oui. Non, mais il m'a initié à la lecture, énormément.
03:59Parce que chez nous, on lisait aussi bien Sartre que Peter Cheney.
04:03Donc, je suis au courant de tout.
04:06Il m'a initié aussi au cinéma, il m'a initié à plein de choses.
04:11Et c'est vrai que vous aviez un ami qui travaillait dans une grande maison d'édition.
04:15Oui, oui. C'est comme ça que vous aviez accès.
04:17Cousin. Vous voyez, mon père allait chercher les bouquins dans un sac à dos toutes les semaines.
04:23Et c'était des bouquins où il manquait des pages ou alors qu'il partait au pilon, comme on dit.
04:29Et donc, on avait droit à tout.
04:32Je dis bien, ça partait de Jean-Paul Sartre à Jémessa Lechesse.
04:37Quand on regarde bien, finalement, que ce soit par la bande dessinée,
04:41on parlait de Giger tout à l'heure, ou que ce soit par la littérature,
04:46ce qu'on comprend, c'est que vous avez eu très tôt le besoin de sortir de chez vous,
04:50même en termes d'imaginaire, d'abord dans l'imaginaire.
04:53Ah oui, parce que j'avais pas envie de travailler, vraiment.
04:57Ça, c'était évident. Et ma mère m'a obligé un petit peu parce que moi,
05:02quand j'ai commencé à travailler, j'avais à peine 14 ans.
05:06Et parce que j'avais réussi mon certificat d'études.
05:11Donc, à l'époque, qui dit certificat d'études, dit le droit de travailler
05:15et surtout le droit de ne plus aller à l'école. Donc, ça, c'était formidable.
05:19Par contre, on grette un petit peu parce que les langues...
05:22Enfin bref, on grette les études ensuite.
05:24Mais pour l'instant, sur l'instant, on est très heureux.
05:27– Souchon a travaillé avec vous sur cet album.
05:30– Oui.
05:30– Vous signez ensemble le titre « Boogie-Bougon ».
05:33Il évoque quoi, ce titre ?
05:34– Ça, pour moi, ça veut dire que l'ami Alain Souchon m'a bien vu sur scène
05:42et m'a bien bien bien observé.
05:44Et qu'il faut quand même avoir un certain recul pour chanter ce genre de choses.
05:50Et il faut savoir aussi que pour l'écrire, il faut avoir aussi le recul.
05:55Et ça, bravo.
05:56– Les adaptations, c'est particulier quand même,
06:00de réussir à adapter une chanson,
06:02de faire une proposition sur un titre déjà existant.
06:05Et en même temps, c'est l'une de vos spécialités, Eddy Michel.
06:08– Non, c'est-à-dire qu'une chanson, une chanson, de toute façon,
06:14avant toute chose, quand on l'écoute, je veux dire,
06:16si on l'écoute d'une oreille distraite, c'est différent.
06:19Mais si on l'écoute vraiment, on a envie de l'entendre en français, par exemple.
06:26Il y a plein de chansons comme ça qu'on a envie d'entendre.
06:27Tiens, en français, ça sonnera peut-être aussi bien ou sinon mieux.
06:32Ou peut-être plus mal, et là, on abandonne.
06:34Mais donc, d'essayer de faire un texte dessus.
06:37Et ça, c'est un travail qui est marrant à faire, qui est drôle, qui est amusant,
06:42qui est tordant même parfois.
06:44Mais on s'éloigne souvent du texte original.
06:48Ce n'est pas grave.
06:49L'important, c'est que le résultat compte.
06:52– Quel regard porte le petit garçon que vous étiez, Eddy, sur ce parcours ?
06:55Le petit garçon de Belleville.
06:57– Je ne suis pas mécontent.
07:00Je ne suis pas mécontent, le garçon, c'est vrai.
07:03– Est-ce qu'il est fier ?
07:04– Fier, peut-être pas, mais pas mécontent.
07:06Pas mal, pour un petit gars de Belleville, de toute façon, pas mal.
07:09– On sent qu'il est différent, cet album, qu'il vous raconte tellement.
07:13– Vous savez, il est différent d'abord parce qu'il n'y a pas une composition,
07:17bien sûr, de mon vieux compagnon Pierre-Papa Diamandis.
07:22Mais il est différent, mais en même temps, il n'en est plus, je crois, à Pierre.
07:26Je crois qu'il n'en est plus, justement, dans le côté finition,
07:30dans le côté magique qui ressort de cette opération,
07:36entre tous ces merveilleux compositeurs qui m'ont accompagné dans cette œuvre.
07:41– J'ai une dernière question.
07:43Je me demandais si vous plaisiez dans le monde dans lequel on vit aujourd'hui.
07:46– Ah oui, je préfère ce monde-là, d'ailleurs, à celui de ma jeunesse.