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Comment définir un plan d'action pour la réduire sa consommation d'eau ?



Grâce au plan comptage eau, il est plus facile de quantifier et définir une feuille de route pour gérer ces problématiques. L'eau est une ressource limitée et notre préoccupation se renforce sur le sujet, ce qui nécessite des solutions efficaces. Cet outil est donc une solution pour toutes les entreprises engagées pour l'environnement.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:06 Bonjour Aurélien Giraud, bienvenue.
00:08 Bonjour.
00:08 Vous êtes donc directeur du pôle industrie chez CertiNergie et Solutions.
00:12 On va présenter l'entreprise pour commencer.
00:14 Fournisseur de solutions de sobriété, on peut dire ça comme ça ?
00:17 Oui, d'efficacité énergétique.
00:18 Fournisseur, donc à la fois réalisateur et financeur.
00:21 Ok.
00:22 Sur trois grandes verticales.
00:25 L'industrie, que je représente,
00:27 l'habitat collectif et le tertiaire,
00:29 et le transport.
00:31 D'accord, donc trois grandes verticales
00:32 avec des enjeux sur lesquels on va se concentrer dans cette interview,
00:36 des enjeux de consommation d'eau.
00:38 Peut-être une question assez générale pour commencer.
00:40 Est-ce que c'est une nouvelle préoccupation des entreprises
00:44 ou des collectivités en général ?
00:46 Alors, nouvelle, je ne pense pas qu'on puisse dire ça.
00:48 Par contre, renforcée, oui, clairement.
00:50 Tout cet environnement de changement, de dérèglement climatique,
00:57 clairement, anime à la fois des problématiques RSE,
01:01 les sociétés, les industries souhaitent s'intégrer correctement dans leur environnement.
01:05 L'eau est un lien direct avec leur environnement extrêmement proche,
01:08 leur acceptabilité sociale par rapport à leurs employés,
01:11 les mairies autour d'elles,
01:13 rendent cet enjeu primordial.
01:16 Et une partie également sur...
01:19 Oui, parce que quand on discute,
01:24 là, on est en train de faire cette interview,
01:26 il y a encore des inondations majeures dans le Pas-de-Calais, par exemple.
01:29 Donc, ça peut sembler paradoxal de se dire,
01:31 on parle des enjeux de sobriété, d'économie, d'eau,
01:35 les avantages de faire un plan de comptage,
01:38 alors qu'on a des situations comme celle-là.
01:40 Mais si on regarde quand même dans le détail la carte française,
01:44 c'est très disparaître, c'est très hétérogène.
01:46 Il y a des départements qui sont encore en forte pénurie dans les nappes phréatiques, par exemple.
01:49 Oui, tout à fait. Ils n'ont pas encore récupéré leur retard de l'été.
01:53 Plus que par département, c'est plutôt par saison.
01:55 Ce qu'on observe en ce moment, c'est un phénomène plutôt autonale soutenu,
02:00 alors que le printemps dernier, on a eu une longue période sans pluie.
02:05 Et c'est ça le problème avec les nappes phréatiques.
02:07 Souvent, les industriels, quand même, prélèvent dans les nappes phréatiques.
02:10 Donc, le problème, c'est la réaccumulation, le re-remplissage des nappes phréatiques.
02:14 Et du coup, une pression sur leur prélèvement,
02:20 accentuée par des décisions politiques aussi.
02:23 En mars dernier, au début du printemps,
02:26 on a eu l'annonce du plan eau par le président de la République,
02:29 autour du barrage de Serre-Ponçon. Les images étaient assez jolies.
02:32 Le but, c'est de réduire de 10% la consommation d'eau globale,
02:36 tout secteur confondu, d'ici 2030, avec des actions plus ciblées sur les industriels,
02:41 notamment les industriels ICPE, classés à la protection de l'environnement.
02:47 Donc, globalement, c'est plutôt des grosses usines.
02:51 Et une pression accrue sur eux pour leur exemplarité.
02:56 – Oui, alors, c'est ce que j'allais vous dire, c'est important,
02:58 parce que si on veut que les consommateurs citoyens s'emparent
03:01 de ces enjeux de sobriété, notamment sur l'eau,
03:03 il faut aussi que les gros, gros consommateurs donnent l'exemple.
03:06 Et on fera notamment un focus sur l'industrie agroalimentaire avec vous.
03:09 Je voudrais d'abord que vous nous expliquiez ce plan de comptage de eau,
03:13 c'est quoi ? En quoi ça consiste ?
03:15 – En fait, c'est savoir combien on consomme.
03:17 – C'est simple, mais bon, sauf qu'on ne se posait pas vraiment la question ?
03:19 – Alors, c'est plutôt comprendre comment on consomme et qu'est-ce qu'on consomme.
03:23 Généralement, les industriels, comme chacun chez soi, reçoit des factures.
03:28 Les prélèvements d'eau sur le réseau ou les pompages
03:31 qu'ils font dans les nappes phréatiques.
03:33 Ça, généralement, ils sont à peu près tous au courant.
03:35 Le problème, c'est savoir où ça part, où il y a des inefficacités,
03:40 et du coup, qu'est-ce qui est améliorable.
03:42 – Ça permet de définir une feuille de route, après ?
03:45 – Ça permet en effet de définir une feuille de route.
03:46 Ça permet de quantifier, de rationaliser, de justifier une feuille de route.
03:50 – Mais je dis, on ne se posait pas vraiment la question.
03:52 Je reviens à toute première question.
03:54 On a plutôt été un pays béni des dieux en matière de ressources d'eau.
03:59 Donc, effectivement, je suis d'accord avec vous, ce n'est pas nouveau,
04:02 mais l'intensité des enjeux, elle, elle est nouvelle, on peut dire ça.
04:08 – Alors, ce qui est particulièrement nouveau, c'est les arrêtés sécheresses.
04:11 – Bien sûr.
04:12 – Et l'impact que ça peut avoir sur la production des usines.
04:15 Une usine dans un bassin versant particulièrement exposée à un arrêté sécheresse
04:19 peut être amenée à réduire, dans les nouvelles directives,
04:23 de 25% sous 3 jours sa consommation d'eau.
04:26 Pour une usine qui, généralement, est optimisée,
04:28 réduire de 25%, ça peut vouloir dire se mettre complètement à l'arrêt.
04:31 – Bien sûr.
04:32 – Ça peut vouloir dire couper la moitié de sa production.
04:34 J'ai deux lignes, j'en coupe une.
04:36 – D'où l'importance d'avoir fait un plan de comptage d'eau,
04:38 parce que ça permet aussi de répondre précisément à des injonctions
04:41 ou des demandes de renseignement des pouvoirs publics, c'est ça ?
04:43 – Pour ce que je ressens du plan eau et de la manière dont les autorités locales,
04:48 les agences de l'eau, l'Adréal, s'en emparent,
04:51 c'est quand même plutôt, les bons élèves seront plutôt épargnés.
04:54 Donc ces agences demandent à ce que les industriels soient proactifs
04:58 sur la compréhension, le partage des enjeux eau pour leur usine.
05:03 Le suivi, pour des grosses usines, il est quand même très personnalisé.
05:06 Et du coup, qu'il y ait un échange régulier sur les problématiques, les ambitions
05:12 et du coup, quand la préfecture typiquement doit faire appliquer les arrêtés,
05:16 forcément les mauvais élèves, à mon avis, seront plus sévèrement sanctionnés
05:23 en termes d'obligation de s'arrêter qu'un gros consommateur
05:26 qui a déjà réduit de 50% sa consommation d'eau sur les 10 dernières années.
05:31 – Alors on va, oui bien sûr, je suis d'accord avec vous,
05:34 on va prendre comme premier exemple de l'agroalimentaire.
05:36 Vous avez mené une enquête au printemps dernier, je crois,
05:39 auprès d'industriels français, dans tous les secteurs de l'agroalimentaire.
05:44 – Alors c'était assez varié, c'était notre première enquête,
05:47 il y a eu une vingtaine de répondants, plutôt à niveau direction,
05:49 supervision, maintenance ou énergie.
05:52 En effet, c'était assez varié, on avait de la viande, des laiteries, de la biscuiterie,
05:59 donc des niveaux de consommation un peu disparates.
06:02 – Qu'est-ce qui en ressort ?
06:04 On peut peut-être commencer par les activités les plus consommatrices d'eau.
06:08 – Alors c'est un industriel agroalimentaire.
06:10 – Pour le coup, on est dans l'agroalimentaire,
06:11 donc ce qui ressort en premier, c'est souvent tout ce qui est nettoyage,
06:14 les normes sanitaires, on va avoir le nettoyage en place,
06:18 donc qui est typiquement dans une laiterie, il y a des tuyaux partout,
06:21 on ne peut pas démonter, on ne peut pas passer des goupillons dans les tuyaux,
06:25 donc en fait il y a des cycles de lavage des tuyaux,
06:27 et ça c'est très consommateur d'eau, de produits chimiques de nettoyage,
06:31 sous d'acide et d'énergie.
06:33 Ensuite on va avoir tout ce qui est utilité,
06:36 les utilités dans une usine agroalimentaire,
06:40 ça va être essentiellement la production de vapeur,
06:42 d'eau chaude, souvent c'est lié, et le refroidissement.
06:46 Ces deux grands éléments-là consomment de l'eau,
06:49 la chaudière, même chez vous, consomme de l'eau, quand il faut faire l'appoint d'eau,
06:54 et en évaporation, sur du froid, c'est pareil, ça dégage l'eau.
06:59 Et le troisième grand, ça va être les éléments process,
07:02 qui vont être notamment tout ce qui est pasteurisation.
07:06 Donc là ça donne un tableau assez précis.
07:09 Ce qui est intéressant aussi, c'est que vous avez posé à ces industriels
07:12 des questions sur leur utilisation, leur consommation d'eau,
07:16 et on va voir deux chiffres que j'ai retenus,
07:18 70% des industriels considèrent que leur activité est exposée
07:23 à un risque d'arrêt ou de baisse par manque d'eau,
07:25 et puis un autre chiffre, 80% prévoient de mettre en place des actions
07:28 dans les trois prochaines années pour réduire leur consommation.
07:31 Je commence sur le risque d'arrêt ou de baisse par manque d'eau.
07:36 On a un peu répondu à la question, mais quand même, ce risque, il est réel,
07:39 il s'est déjà... ce que vous décriviez, c'est-à-dire une industrie confrontée
07:44 à un arrêté sécheresse qui doit finalement s'arrêter de tourner,
07:46 c'est déjà arrivé ?
07:48 - Ce qu'on a vu notamment, c'est dans le sud de la France,
07:52 dans les Pyrénées-Atlantiques, des coupures d'eau aussi, dues à la sécheresse.
07:57 Déjà on peut avoir un effet qui n'est pas directement lié à l'obligation
08:00 de s'arrêter, mais juste une indisponibilité de la ressource eau.
08:04 Et je ne sais pas vous répondre sur la partie...
08:09 Est-ce que cette action a déjà mis en place ?
08:13 Par contre, ce qu'on observe par nos contacts industriels,
08:17 c'est que les préfectures sont proactives sur la mise en route de ce plan,
08:22 c'est-à-dire elles commencent à interroger tous les grands consommateurs
08:25 sur se mettre finalement en œuvre de l'application de ce dogme.
08:31 - Et anticipons les prochaines sécheresses et anticipons les prochains arrêtés.
08:35 - Finalement, pour pouvoir l'appliquer, il faut quand même des mesures préalables
08:40 pour savoir sur qui l'appliquer.
08:43 - Et alors justement, ça nous mène à l'autre chiffre que je donnais,
08:47 80% des industriels qui prévoient des actions.
08:50 La plus efficace, toujours difficile de répondre à ces questions,
08:53 parce que j'imagine que ça dépend de l'entreprise, ça dépend du secteur, etc.
08:56 Il y a quoi ? Il y a la récupération des eaux de pluie, il y a la réutilisation,
09:00 il y a un certain nombre de...
09:02 - La récupération d'eau de pluie, c'est souvent évoqué,
09:04 ce n'est pas vraiment...
09:05 - C'est pas ce qui est le plus...
09:06 - Ce n'est pas le processus en fait, c'est assez secondaire peut-être pour un industriel.
09:12 La récupération en interne, c'est probablement la première action.
09:18 Typiquement, on a des industriels, des usines qui ont été construites
09:21 quand en effet il y avait un temps d'insouciance,
09:23 où en fait, l'eau, on la pompe, on s'en sert et on la rejette.
09:28 - Donc là, circularisons l'utilisation.
09:31 - Si on arrive à circulariser, sur les laiteries, il y a des sujets sur ce qu'on appelle les eaux de vache.
09:35 Dans une laiterie, on amène du lait entier, on l'écrème,
09:39 et on peut le sécher pour produire de la poudre.
09:42 Tout ça, ça produit de l'eau, de l'eau qui est directement issue du lait.
09:46 Et ça, on peut le réinjecter dans le process ou dans les utilités,
09:50 notamment, les utilités sont des très bons destinataires
09:53 pour la bâche alimentaire de la chaudière-vapeur
09:57 ou pour l'eau d'évaporation des tours de refroidissement.
10:00 - Et ce que je retiens, merci beaucoup Aurélien Giraud,
10:03 c'est que finalement, à chaque secteur, il y a des solutions adaptées,
10:06 d'où l'importance de faire ce plan de comptage de l'eau pour ensuite définir la feuille de route.
10:11 Merci beaucoup d'être venu témoigner sur ce plateau.
10:14 Je vous dis à bientôt sur Bismarck.
10:16 On passe à notre débat, on va évoquer les questions de santé au travail.

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