Excédés par les fusillades à répétition et l'insécurité, des habitants du quartier du Tonkin, à Villeurbanne, ont décidé de se mobiliser à travers le collectif "Tonkin Pai(x)sible" pour interpeller les pouvoirs publics. Le 8 novembre, les membres du collectif ont notamment réalisé une opération coup de poing en délogeant par eux-mêmes des dealers qui occupaient l’espace public.
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00:00 Il y a deux ans, le ministre vous avait promis de lutter contre le trafic de drogue barre d'immeubles par barre d'immeubles.
00:07 Deux ans plus tard, vous dites "Rien n'a changé, tout est pire".
00:12 Exactement. Alors je vais juste corriger un petit peu. Nous ne sommes pas fous de rage parce que nous aimons beaucoup le nom de notre collectif
00:19 qui s'appelle le Tonkin Paisible, avec une jolie faute d'orthographe au milieu que nous aimons beaucoup.
00:25 Alors oui, effectivement, tout est pire parce que, par exemple, on a une situation qui est pour moi un scandale républicain.
00:34 Une école primaire et maternelle encadrée par de points de deal, comme on l'a dit à M. Darmanin, mais il le sait certainement,
00:42 des fusillades en plein jour, des risques, des rixes sanglantes. Mais surtout, on ne voit pas les choses évoluer dans le bon sens le moins du monde.
00:53 Alors ça fait dix ans qu'on les voit évoluer dans le mauvais sens. Et surtout aussi, on ne cesse d'interpeller, de dire "Mais ça ne va pas,
01:00 mais enfin cette école, c'est un scandale". Puis il y en a une deuxième qui a son point de deal. On ne cesse de le dire.
01:05 Ça fait deux ans qu'on le dit, qu'on réclame, et puis rien. Et puis rien.
01:10 Les habitants, et c'est décrit dans la lettre, ne veulent pas se laisser faire. Vous parlez notamment de ces pères de famille qui descendent
01:18 demander à un gamin de 13 ans de quitter l'entrée de leur immeuble, un gamin qui dillait, c'est ça ? Et le gamin de 13 ans menace d'égorger
01:26 les enfants de ses pères de famille en réponse. Alors évidemment, c'est certainement une menace pour faire peur, mais ça marche bien.
01:33 Alors effectivement, de temps en temps, et puis on l'a fait aussi dans l'immeuble où j'habite, on a décidé qu'en bas de chez nous,
01:41 il n'y aurait pas de fumeurs de craque. Alors à plusieurs reprises, pendant trois semaines, on est descendu, puisque désormais,
01:47 quand on dit tout est pire, tout est pire. Avant, chez nous, au Tonkin, on dillait beaucoup de cannabis. Maintenant, on dit de la cocaïne,
01:54 on dit du craque, et c'est insupportable à voir s'installer. Et alors on est descendu pour dire à ce jeune homme d'aller ailleurs.
02:02 On est légitime sur le pas de sa porte, pas beaucoup plus loin. Il a fallu qu'on y descende à 15, derrière une banderole, pour le repousser.
02:10 Après, on l'a fait s'éloigner en chantant. Voyez, on est très paisible, pas du tout foudrage. J'ai vu dans la presse...
02:18 — Et il est parti ? — Il s'est éloigné de 15 mètres. Il s'est éloigné de 15 mètres. Et effectivement, ce que vous évoquez,
02:24 on a des voisins qui, excédés par ces dealers qui investissaient les espaces privés, le haut de leur immeuble, sont descendus à plusieurs
02:34 pour essayer... Juste pour lui demander de sortir, rien de plus. Et se sont fait menacer de la pire des façons.
02:41 — Mais Sylvie, une question. Ces dealers, qui sont-ils ? Ce sont des jeunes du quartier ? Ce sont avec des familles du quartier ?
02:49 Est-ce que vous les connaissez ? Vous pouvez savoir où ils habitent ? Est-ce qu'ils dorment sur place ? Est-ce que vous avez un ordre d'idée ?
02:56 — Alors, ce ordre d'idée est très vaste. Les dealers du quartier, les charbonneurs au pied des barres d'immeubles sont les esclaves
03:03 des trafiquants, clairement. Alors parfois, ce sont des pauvres gamins qui ont mal viré du quartier. Parfois, ce sont des gens
03:10 qui viennent d'ailleurs. Récemment, on a véritablement quelques toxicaux bien abîmés, SDF, qui sont employés aux plus basses besognes.
03:21 Voilà. Ce sont les fragiles du quartier qu'on veut défendre aussi. Parfois, du quartier ou d'ailleurs. Un bon mélange, malheureusement.
03:30 — Il est faux de dire que la police ne passe pas. Vous l'écrivez d'ailleurs dans la lettre. Mais vous dites que le problème, c'est que
03:35 quand l'équipage de police repart, dealers et consommateurs reprennent leur poste dans le quart d'heure qui suit,
03:42 confisquant toujours ainsi l'espace public. — Je vais vous raconter ce que m'a raconté un de vos collègues journalistes
03:48 aujourd'hui même, qui nous a contactés pour un entretien. Il m'a dit... Je suis venue dans le quartier. J'ai assisté par exemple
03:55 à la présence policière à la sortie de l'école, de cette malheureuse pauvre école qui est coincée entre ces deux points de deal,
04:02 à côté de laquelle ont eu lieu les fusillades. Il m'a dit qu'il était tout à fait très étonné et tristement étonné.
04:09 Quand les policiers sont là au moment de la sortie de l'école, les dealers disparaissent. Quand les policiers repartent parce que
04:14 les enfants sont en classe, les dealers se réinstallent. On avait des quarts de CRS. Et à 20 m, on avait deux points de deal ouverts,
04:23 absolument, mais archi connus, 4 rue Jacques-Brel, 1 rue Jacques-Brel. En ce moment, ils fonctionnent très bien.