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Documentaire télévision ivoirienne

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00:00 Bonsoir et bienvenue dans 52 minutes pour comprendre votre magazine d'enquête.
00:04 Ce soir, nous vous proposons une immersion inédite au cœur de la prostitution à Abidjan.
00:09 Dans le quotidien de ces travailleuses et de ces travailleurs du sexe,
00:12 nous allons tenter de comprendre pourquoi ces femmes et ces hommes qui ont fait des
00:17 relations tarifées une activité au quotidien et une activité comme une autre.
00:21 Prostitution à l'hôtel, dans les bars, sur la toile, dans la rue et dans les ghettos,
00:26 l'aspect économique est très souvent le moteur de ce marché.
00:30 Alors, qui sont ces femmes et ces hommes qui ont basculé dans la prostitution ?
00:34 Quels risques prennent-ils au quotidien ? Comment peuvent-ils s'en sortir ?
00:38 Et quelles sont les structures qui travaillent à leur côté ?
00:41 Cette émission comprend ou contient des propos ou des images qui pourraient
00:47 choquer des moins de 12 ans. 52 minutes pour comprendre le phénomène de la prostitution
00:52 à Abidjan, un reportage inédit réalisé par les équipes de ce prod.
00:56 La prostitution en Côte d'Ivoire comme ailleurs est protéiforme.
01:11 Prostitution dans les hôtels, les bars, sur la toile, dans la rue ou dans les ghettos,
01:16 l'aspect économique est souvent le moteur de ce marché.
01:20 Enquête dans les bas-fonds de ce business pour tenter de comprendre le quotidien de ces femmes
01:26 ou de ces hommes qui ont fait de leur relation tarifée une activité comme une autre.
01:32 Ghetto d'Anoumabo, dans le sud d'Abidjan.
01:37 Il faut tout utiliser avec ton client parce que la personne vient sans capote,
01:41 beaucoup d'argent, si c'est pas qu'un problème il a.
01:44 Il peut être infecté, il peut avoir le sida, toi tu connais pas.
01:48 Le travail qu'on a dedans c'est pour pouvoir s'en sortir, se marier.
01:51 Mais est-ce que toi tu es malade ? Tu as eu l'argent et puis tu es malade.
01:56 Est-ce que l'argent va te servir ? Ça va tout va gâter, ça va aller dans le médicament.
02:01 Donc prenez le préservatif avec tous les clients.
02:04 Lui qui va à des médicaments sans capote, il faut lui dire c'est bon, c'est pas la peine.
02:08 Awa travaille pour une ONG depuis plus de 10 ans.
02:12 Deux fois par mois, elle arporte les ruelles de différents ghettos de la capitale.
02:18 Objectif, sensibiliser les travailleuses du sexe aux maladies sexuellement transmissibles.
02:24 Distribution de préservatifs, conseils, écoute,
02:28 Awa incite également les filles au dépistage.
02:32 Le moment où tout est dans notre main, on veut en dépistage.
02:36 Parce que c'est pas tout le monde qui veut qu'on connaît l'héritier.
02:40 Quand on vient faire la sensibilisation, tout le monde veut qu'on connaît l'héritier.
02:43 Donc tout est bienvenu. Voilà, ça s'accuse et ça c'est dû dans ma main.
02:48 Quand je viens, je la donne à un, un accadori, un à secours, un par témoin pour pouvoir faire.
02:53 Donc c'est ça, vous avez vu déjà où tout est dans ma main.
02:57 Dans ce ghetto, une centaine de filles âgées entre 18 et 60 ans se prostituent sur place,
03:04 dans ces abris de fortune de 4 mètres carrés, sans sanitaire, sans fenêtre.
03:11 Chacune d'entre elles aurait entre 5 et 10 clients par jour.
03:16 Dépasse à 1000 francs CFA en majorité, mais qui peuvent monter jusqu'à 10 000 francs CFA
03:21 si la fille accepte les relations sans préservatifs.
03:25 Alors, les maladies font partie du quotidien.
03:28 - Y a quoi en bas de toi ? Ça t'égrate, c'est les boutons, c'est l'eau qui coule.
03:34 C'est les boutons.
03:37 Mais c'est fini, ça y est, toujours là.
03:41 Ça y est là. Donc, on va partir à la clinique.
03:44 Tu as compris ? Parce que si on ne va pas soigner, c'est pas bon.
03:47 Si on laisse, on ne sait pas c'est quel genre de boutons.
03:49 Voilà. Elle dit qu'elle n'a pas de clignotants, que c'est les boutons qui sont là-bas.
03:55 Ça t'égrate.
03:57 - Tu avais quel âge quand tu as commencé ?
03:59 Avant tes premiers rapports.
04:01 - Avant mes premiers rapports ?
04:03 J'avais 16 ans.
04:07 - Et puis tu fais ce métier depuis combien d'années ?
04:09 - Depuis 10 ans, 15 ans.
04:13 C'est moi qui les ai éclatés.
04:15 - En ce moment, tu as quel âge ?
04:17 - 27 ans.
04:19 - Comment tu es venu à ce métier, la conversion de médecine ?
04:24 Comment ça a commencé ?
04:26 - C'est la dame qui me fait le mouvement.
04:28 - C'est pas assez sept-huit.
04:30 - J'étais petite.
04:32 Elle était au Mali.
04:34 Ma tante est partie nous prendre au Mali.
04:36 Et puis on est venu.
04:38 On travaillait avec elle.
04:40 On venait pour elle.
04:42 Elle nous m'a traité.
04:44 - Vous venez quoi ?
04:46 - On venait pour les petites outils.
04:48 Nous, on se promène.
04:50 Il y a deux, trois, six, sept.
04:52 On était au moins huit personnes.
04:54 Je suis arrivée au Mali en 2004.
04:56 On a commencé à connu la rue en 2007.
04:58 J'étais petite.
05:00 J'étais à Djamil.
05:02 Il y avait un centre là-bas aussi.
05:04 C'est eux qui nous ont pris.
05:06 On était là-bas.
05:08 Ils nous donnaient de la mangère.
05:10 On était avec eux.
05:12 Quand on a commencé à grandir un peu,
05:14 on est venu à Makouri.
05:16 - Tu l'as vu, on avait le courant.
05:18 - Voilà.
05:20 - Tu étais dans les salles de travail.
05:22 - Oui.
05:24 - Tu étais dans les salles.
05:26 On s'occupait bien de toi.
05:28 Mais pourquoi tu as commencé à te rendre ?
05:30 - J'étais avec les camarades.
05:32 Les camarades qui étaient au poids.
05:34 C'est ça qui m'a mis dans ça.
05:36 - Cette jeune femme accepte
05:38 de suivre Awa pour se faire soigner.
05:40 Les filles des bidonvilles
05:42 ont confiance en elle.
05:44 Il faut dire qu'Awa a fréquenté
05:46 les trottoirs d'Abidjan durant huit ans.
05:48 Ancienne prostituée,
05:50 elle parle le même langage que toutes ses femmes.
05:52 Elle connaît leurs peurs,
05:54 leurs peines et leurs rêves.
05:56 - Moi, j'ai commencé à...
05:58 Parce que moi, mon mari est décédé.
06:00 Mon mari est décédé, il m'a laissé avec mes enfants.
06:02 Donc quand mon mari est décédé,
06:04 il m'a laissé avec mes enfants.
06:06 Mes beaux-parents, ils m'ont chassé.
06:08 Ils n'appelaient pas quelqu'un.
06:10 Moi aussi, mon père ne vit pas.
06:12 Ma maman ne vit pas.
06:14 Donc c'est une camarade qui m'a mis
06:16 dans ce travail pour dire qu'on va sortir.
06:18 Donc voilà comment moi aussi,
06:20 je suis rentré dans la prostitution.
06:22 Il est arrivé un moment,
06:24 avec mon âge, là, j'ai vu que je ne peux plus supporter.
06:26 Et puis ça a arrêté.
06:28 Aujourd'hui, j'ai trois garçons.
06:30 Je suis grand-mère. Je me suis occupé de mes enfants.
06:32 - Qu'est-ce que ça te fait quand tu entends
06:34 tout ça, des petits démons?
06:36 - Ça me fait...
06:38 Ça me donne consience.
06:40 - Tu comptes arrêter ou bien continuer
06:42 et puis t'es préservé?
06:44 - Je compte arrêter, oui, arrêter.
06:46 Mais mes projets, quand même.
06:48 - Voilà, ma fille.
06:50 Ce que j'ai hâte, c'est dire...
06:52 Il faut toujours...
06:54 Le travail qu'on fait, là, c'est vrai.
06:56 C'est dans ça qu'on paie nos paies.
06:58 C'est dans ça qu'on paie notre manger.
07:00 C'est dans ça qu'on prend pour payer notre maison.
07:02 C'est-à-dire l'argent, là-même, là.
07:04 C'est ça qu'on prend pour vivre.
07:06 Notre travail, là,
07:08 c'est comme... c'est un métier pour nous.
07:10 Comme les gens vont dans les bureaux,
07:12 ils se lèvent maintenant.
07:14 Ils s'en vont au bureau.
07:16 Donc notre travail, là, c'est comme nous aussi.
07:18 C'est le travail du bureau.
07:20 Mais ce travail que tu fais, là, il faut que toi-même, là,
07:22 tu prends soin de toi.
07:24 Parce qu'avant de sortir,
07:26 ce travail qu'on est dedans,
07:28 tu vois, un jour, on doit arrêter.
07:30 C'est marier, avoir les enfants,
07:32 avoir une famille
07:34 ou bien s'asseoir.
07:36 - Donc la solution pour toi, c'est quoi?
07:38 - Ne bouge rien, ma vie.
07:42 - Pour soigner les filles,
07:44 l'ONG pour laquelle travaille Awa
07:46 dispose de 4 centres de soins à Abidjan.
07:48 Mireille Capé est infirmière.
07:50 Elle va s'entretenir avec la jeune fille
07:52 pour pouvoir cerner ses problématiques.
07:54 - Tu es mariée, tu es célibataire.
07:56 Tu viens d'acheter à la maison.
07:58 - Oui.
08:00 - Tu viens d'y aller à la maison.
08:02 - Non, je ne suis pas allée.
08:04 - Tu viens d'y aller à la maison.
08:06 Mais tu n'es pas allée dans la même maison.
08:08 - Je ne suis pas allée dans la même maison.
08:10 - Tu n'es pas allée dans la même maison.
08:12 - Je n'ai pas été allée.
08:14 - Tu es célibataire.
08:16 - Toutes ces questions de précaution.
08:18 - On pose ces questions
08:20 pour essayer de voir un peu
08:22 quel genre de personnes
08:24 on a à faire.
08:26 Un peu comme ça.
08:28 Parce que c'est informel.
08:30 Il faudrait qu'on sache au moins
08:32 quel genre de personnes sont au juste.
08:34 En fonction de ça,
08:36 on va voir comment on parlait
08:38 avec cette fille-là.
08:40 - Ça fait combien de temps que tu gères l'ISI ?
08:42 - 5 ans.
08:44 - 5 ans.
08:46 - Tu utilises le pré-débatif à tout moment ?
08:48 - Oui.
08:50 - Et quand il vient et que tu dis non,
08:52 lui, il n'a pas pré-débatif, mais il a un seran de nuit.
08:54 - Non.
08:56 - D'accord.
08:58 Je vous laisse entrer là.
09:00 C'est un peu confidentiel.
09:02 Vous avez besoin de nous laisser.
09:06 - Le reste de l'entretien
09:08 se fera hors caméra.
09:10 La clinique de confiance
09:12 accueille essentiellement des prostituées
09:14 et des malades du SIDA.
09:16 C'est le Dr Fofana
09:18 qui dirige cette clinique depuis 2015.
09:20 - Bonjour, bonjour, bonjour.
09:22 - Bonjour, docteur.
09:24 - Le numéro suivant. Voilà.
09:26 Venez, madame.
09:28 - Le prochain numéro,
09:30 parce que le début...
09:32 - Pardon. Allons rapidement.
09:34 Allons rapidement.
09:36 - Si cette femme
09:38 est si pressée,
09:40 c'est qu'elle peut enchaîner
09:42 jusqu'à 50 patients par jour.
09:44 - Ici, il y a beaucoup de services
09:46 que nous offrons ici.
09:48 Parmi ces services,
09:50 on fait le dépistage du VIH.
09:52 On va faire le dépistage aussi
09:54 des infections sexuellement transmissibles.
09:56 Vous savez que sur le terrain,
09:58 vous avez beaucoup de clients.
10:00 Et on doit voir
10:02 si vous n'avez pas d'infection,
10:04 tout ça. Si on fait l'examen,
10:06 on fait le prélèvement,
10:08 on analyse qu'il y a une infection,
10:10 on va vous donner des médicaments.
10:12 Tout est gratuit. Comment vous avez connu ici?
10:14 - C'est une dame qui s'appelle Ami.
10:16 - Hum-hum.
10:18 - C'est elle qui est allée dans le ghetto.
10:20 - Oui.
10:22 - Qui m'a censurisée.
10:24 C'est par temps que je suis venue ici.
10:26 - D'accord. Et ça fait longtemps
10:28 que tu cherches?
10:30 - Ça fait 10 ans.
10:32 - D'accord. Mais tu n'avais pas
10:34 entendu parler de la clinique de confiance?
10:36 - Non, non.
10:38 - Ah, toi aussi, tu as duré, hein?
10:40 Alors que nous sommes réputés, hein?
10:42 D'accord. Mais il n'est jamais tard pour bien faire.
10:44 Ne t'inquiète pas, tu auras tous les services qu'il faut.
10:46 - Merci, madame.
10:48 - Pourquoi vous êtes rentrée dans le métier et tout ça?
10:50 - Je suis rentrée dans le métier
10:52 parce que j'ai trop... En tout cas,
10:54 j'ai trop de problèmes. Trop.
10:56 J'ai des enfants en charge.
10:58 Les enfants ont perdu le père.
11:00 Il n'y a personne.
11:02 Donc, moi, je ne peux pas... En tout cas,
11:04 je n'ai pas d'activité.
11:06 Donc, un jour, j'ai croisé une camarade
11:08 qui est dans le milieu.
11:10 Je la suivi par temps, dès là.
11:12 Je suis rentrée dedans.
11:14 C'est comme ça que ça s'est passé.
11:16 - Et vous vous en sortez?
11:18 - Oui. Je m'en sors très bien.
11:20 - Très bien. - Hum-hum.
11:22 - Quand vous dites "très bien",
11:24 ça veut dire que vous gagnez combien par jour?
11:26 - Par jour, en tout cas,
11:28 avant la crise, là,
11:30 tu pouvais avoir 50 000,
11:32 30 000.
11:34 Maintenant, là, ça est devenu un peu dur.
11:36 C'est comme un marché.
11:38 Ça est devenu très dur, maintenant.
11:40 - D'autres professeurs,
11:42 combien de personnes vous recevez?
11:44 - Nous recevons en moyenne
11:46 30 personnes, 30 travailleurs du CSO.
11:48 Nous avons 30 bénéficiaires.
11:50 Parmi ces bénéficiaires,
11:52 il y a les hommes ayant des rapports sexuels
11:54 avec d'autres hommes.
11:56 Il y a les travailleurs du CSO
11:58 qui viennent.
12:00 Il y a les transgenres, il y a les lesbiennes.
12:02 Donc, la moyenne, c'est 30 personnes.
12:04 Mais il y a des jours
12:06 où vraiment il y a une très grande influence.
12:08 On peut aller jusqu'à plus de 50 personnes.
12:10 Je prends attention pour voir...
12:12 Demande ton bras gauche.
12:14 - Que direz-vous,
12:16 c'est que vous, le plus souvent?
12:18 - Au niveau de ces patients,
12:20 on a... par rapport à leur activité,
12:22 on a souvent des écoulements.
12:24 Des écoulements au niveau du CS.
12:26 Les écoulements sont souvent fétides.
12:28 On a des plaies au niveau du CS.
12:30 On a des boutons
12:32 que nos prénoms en chargent.
12:34 - Depuis sa création en 2004,
12:36 la clinique de confiance
12:38 enregistre plus de 18 000
12:40 travailleurs du sexe,
12:42 donc 17 600 femmes
12:44 et 695 hommes.
12:46 La clinique de confiance
12:48 a fait sa création
12:50 en 2005.
12:52 Elle a créé un groupe de 6 000 personnes
12:54 qui sont en train de se faire vacciner.
12:56 - Je vais vous donner des médicaments.
12:58 - Bon, madame.
13:00 Les résultats sont arrivés.
13:02 Euh...
13:04 On a dit que vous avez
13:06 une infection.
13:08 C'est pas grave.
13:10 On va vous donner des médicaments.
13:12 Quand tu vas prendre ces médicaments-là,
13:14 il faut arrêter l'alcool pendant un moment
13:16 pour que les médicaments
13:18 aient une bonne efficacité.
13:20 - Cette patiente, le mal diagnostiqué,
13:22 c'est les gens
13:24 avec ses autres collègues?
13:26 - Sur 10 tests, il y a 9
13:28 qui présentent une infection sexuellement transmissible.
13:30 Donc, il fallait
13:32 s'attendre à ça parce qu'elle
13:34 prend pas les mesures d'hygiène.
13:36 Elle est exposée.
13:38 Et il y a des fois aussi,
13:40 les préservatifs sont cassés.
13:42 C'est pour cela qu'elle était inquiète.
13:44 Elle a pris des risques.
13:46 - Quand vous avez vu ça se passer,
13:48 lors de vos ébats séchés, est-ce que vous avez eu peur?
13:50 - Très peur. J'ai eu peur.
13:52 Sincèrement peur.
13:54 Parce que j'avais entendu déjà parler
13:56 du VIH, mais je ne croyais pas.
13:58 En tout cas, c'est quand
14:00 je suis arrivée ici que
14:02 j'ai vu les malades.
14:04 Non, maintenant, je crois à ça.
14:06 - Tu vas aller
14:08 prendre les médicaments.
14:10 On va te donner les médicaments.
14:12 Et tu vas à la pharmacie
14:14 pour prendre ces médicaments.
14:16 - La majorité des prostituées
14:18 sont arrivées dans le milieu
14:20 grâce à une connaissance,
14:22 faute de formation
14:24 et faute de moyens.
14:26 Abidjan, 23h,
14:28 quartier Marcory-Biétry.
14:30 Dans les rues,
14:32 les filles de Joie se promènent
14:34 en quête d'un client.
14:36 Brigitte et Julie, agents communautaires
14:38 de l'ONG Espaces Confiance,
14:40 rencontrent une jeune fille
14:42 qui se prostitue ce soir
14:44 pour la première fois.
14:46 Impossible pour nous d'approcher
14:48 les filles sur le trottoir
14:50 et de les interviewer.
14:52 Nous tournons donc en caméra cachée.
14:54 - Qu'est-ce qui a eu de difficile ici?
14:56 Parce qu'on constate qu'il n'y a pas
14:58 beaucoup d'hommes.
15:00 - C'est pas la première fois que vous êtes venus.
15:02 - Ah, d'accord.
15:04 - Mais ne restez pas comme ça,
15:06 bougez un peu.
15:08 - C'est une femme.
15:10 - Ah!
15:12 - Non, mais ici, là, c'est caché.
15:14 - Mais le véhicule passe.
15:16 - Chut!
15:18 - Ah!
15:20 - Mais tu peux vraiment afficher
15:22 "Je rentre chez toi par personne."
15:24 - Je l'ai jamais vu ça.
15:26 - Donc, aujourd'hui, une nuit, là,
15:28 tu dis "J'arrête."
15:30 - D'accord.
15:32 - Donc, c'est Jake qui a fait qu'on est venus vers toi.
15:34 Tu as fait ton test, c'est propre, propre, là.
15:36 Tu t'es casse.
15:38 - Une autre jeune fille arrive,
15:40 nouvelle également sur le trottoir.
15:42 Elle en profite pour s'entretenir
15:44 avec Brigitte et Julie.
15:46 - Donc, comme vous êtes nouvelles,
15:48 si vous voulez, vous faites dépister aussi.
15:50 On a nos...
15:52 - Tu as un test, là, ici.
15:54 - Oui, on a nos tests tous, c'est pourquoi on est venus.
15:56 Donc, comme vous dites que c'est la première fois...
15:58 Ça, là.
16:00 Regarde.
16:02 Ça, là, tu fais pas ça.
16:04 Si t'es gentille, ici.
16:06 Tu fais tout le tour de ta bouche avec.
16:08 - J'espère que c'est moi, celui que tu veux.
16:10 - C'est pas devant toi, il est ouvert.
16:12 Très bien.
16:14 - L'objectif de ces sensibilisations
16:16 est de lutter certes contre le VIH,
16:18 mais également de faire le suivi
16:20 de ces jeunes filles.
16:22 Entre les maladies, les agressions,
16:24 la drogue,
16:26 la prostitution est un milieu dangereux.
16:28 Mais nous n'avons pu continuer
16:30 à tourner, car notre caméra
16:32 a été repérée par 2 jeunes
16:34 qui prétendent protéger les filles.
16:36 - Allez-y, débranche, alors.
16:38 - On va aller filmer.
16:40 - Filmer.
16:42 - Allez-y, allez-y.
16:44 - Ils sont descendus dans la voiture.
16:46 - Non, c'est un adresse.
16:48 - Nous, on n'a pas descendu dans la voiture.
16:50 - C'est moi qui t'ai parlé.
16:52 - On n'est pas descendus dans la voiture.
16:54 - On a l'habitude de venir ici.
16:56 - On n'a pas descendu dans la voiture.
16:58 - Va-t'en, va-t'en, viens, viens, viens.
17:00 - Brigitte et Julie doivent quitter les lieux.
17:04 Elles se rendent donc
17:06 dans une autre rue du quartier.
17:08 Ici, encore plus de filles,
17:10 des jeunes majoritairement dans la vingtaine.
17:12 Nous sommes toujours en caméra cachée.
17:14 - Quand tu as...
17:16 À quel âge tu as commencé à venir dans la rue?
17:18 - Moi, ici, là, ça fait pas un an.
17:20 - Ça fait pas un an, mais actuellement,
17:22 tu as quel âge, toi?
17:24 - Moi, j'ai 23 ans.
17:26 - Tu as 23 ans, donc ça veut dire
17:28 que ça fait 2 ans que tu es venue.
17:30 - Non.
17:32 - Ça fait pas un an, non?
17:34 - Non, il y en a pas un, là, ici, dans l'île.
17:36 - Donc, ça fait 3 ans que tu es venue.
17:38 Mais quand tu viens ici souvent,
17:40 tu peux avoir combien de clients comme ça?
17:42 - Quelqu'un t'a une fois géré,
17:44 tu es passé géré avec, il t'a frappé,
17:46 il t'a pas donné l'argent.
17:48 - Il m'a pas frappé, mais seulement...
17:50 - Il t'a pas donné l'argent,
17:52 il m'a volé.
17:54 À part ça, vous,
17:56 il n'y a pas d'autres difficultés?
17:58 Les jeunes qui passent, ils ne vous frappent pas?
18:00 - Non. - Rien.
18:02 - Au contraire, c'est les jeunes d'ici
18:04 qui nous suivent. C'est la police qui nous fatigue.
18:06 - Ah, c'est la police.
18:08 - Quand ils nous attendent par là, dans le moine,
18:10 ils nous frappent.
18:12 - Super.
18:14 En Côte d'Ivoire, la prostitution n'est pas un délit.
18:16 Seul le proxénétisme
18:18 et le racolage actif sont condamnables.
18:20 Si ces jeunes filles sont attrapées
18:22 alors qu'elles abordent des clients,
18:24 elles pourraient être condamnées
18:26 et écopées d'une peine allant jusqu'à 3 mois de prison
18:28 et d'une amende
18:30 comprise entre 50 000 et 500 000 francs CFA.
18:32 Nous sommes à Cocody-Hengray,
18:38 au Dropping Center,
18:40 un des centres de l'ONG Espaces Confiance.
18:42 C'est ici
18:44 que toutes les informations collectées
18:46 par les agents communautaires sur le terrain
18:48 sont acheminées et traitées.
18:50 - Vous avez eu de bons résultats dans la semaine?
18:54 - C'est moyen.
18:56 - Moyen? D'accord.
18:58 - Présente-moi. Qu'est-ce que tu vois?
19:00 - Alors, ici, ils sont en train de faire...
19:02 remplir les données, mettre à base
19:06 les données à jour.
19:08 Ils sont allés travailler sur le terrain.
19:10 Ils ont récolté un certain nombre d'informations.
19:12 Et donc, chaque semaine, ils viennent,
19:14 ils ont des tablettes à partir desquelles
19:16 ils vont rentrer toutes les activités qu'ils ont eu à réaliser
19:18 en temps réel.
19:20 Et voilà, cette base aussi sera transmise
19:22 aux partenaires qui auront aussi en temps réel
19:24 tous les éléments que nous faisons sur le terrain.
19:26 Tout ce que nous faisons s'inscrit
19:28 dans les plans stratégiques
19:30 et les plans d'action
19:32 du Programme National de lutte contre le SIDA
19:34 et la population pour laquelle nous,
19:36 on travaille. Donc, nos bénéficiaires
19:38 sont des travailleuses du sexe,
19:40 autres hommes et interpréteurs prosexuels
19:42 avec d'autres hommes et avec aussi
19:44 pour les transgenres, femmes.
19:46 - 30% des cas enregistrés ici
19:48 sont des travailleurs du sexe.
19:50 Grâce à ces données, les prostituées
19:52 enregistrées peuvent bénéficier d'une assistance
19:54 médicale et psychologique.
19:56 Julien a 24 ans.
20:00 Il travaille dans ce centre depuis 2 ans.
20:02 - La dernière fois,
20:04 je suis parti déposer le prélèvement.
20:06 Voilà, j'en profite en même temps pour
20:08 donner le médicament du jeune
20:10 qui avait le problème de zonale.
20:12 - D'accord, mais est-ce que tu as pu mettre
20:14 la lame, par exemple, sur son portable
20:16 pour qu'il respecte les oeils de prise aussi?
20:18 C'est très important pour lui.
20:20 - Oui, oui, oui. Concernant la lame,
20:22 il a décidé de prendre
20:24 ses comprimés à partir de 21h30.
20:26 - Donc, toi, tu as mis la lame?
20:28 - Oui.
20:30 - Je l'ai vérifiée. Sinon, je n'aurais pas mis.
20:32 J'ai vérifié. Il avait déjà mis le médicament.
20:34 Puisque j'en avais déjà parlé avec lui.
20:36 - D'accord. Donc, tu l'as mis
20:38 sur le prochain bout de cou.
20:40 Parce qu'à partir de nuit, on va dépister
20:42 ces sujets contacts. Mais ça,
20:44 c'est sa collaboration.
20:46 - Qu'est-ce que vous êtes en train de faire?
20:48 - C'est notre causerie de tous les jours.
20:50 En fait, c'est ce qu'on fait quand on va
20:52 à une visite à domicile. Je viens,
20:54 je le fais compondu.
20:56 Et puis, ça arrive, il manque de me donner
20:58 des médicaments. Et puis, j'en ai fait juste après ça.
21:00 - Julien connaît bien le milieu
21:02 de la prostitution, car lui-même
21:04 se prostitue depuis 3 ans.
21:06 Il est homosexuel
21:08 et se fait payer pour avoir des rapports sexuels.
21:10 - Vous êtes prostitué
21:12 homosexuel.
21:14 Comment ça se passe?
21:16 - Il y a beaucoup de personnes qui me draguaient.
21:18 Et cette personne-là, il proposait de la raison.
21:20 Ça, c'était dans les débuts.
21:22 Et après, j'ai vu que c'était pour moi
21:24 une bonne opportunité.
21:26 Voilà, pourquoi ne pas me servir de ça
21:28 pour atteindre mes objectifs?
21:30 Peut-être que c'est une mauvaise pratique.
21:32 Oui, c'est une mauvaise pratique, je vous avoue,
21:34 mais quand même, ça me permet de pouvoir
21:36 réaliser certaines choses que peut-être
21:38 beaucoup ne arrivent pas à faire.
21:40 - Une nuit avec vous,
21:42 ça vous permet?
21:44 - Une nuit avec moi, normalement, c'est 35 000.
21:46 Disons 50 000,
21:48 60 000,
21:50 ça dépend. Et puis, s'il a les moyens.
21:52 Mais pour quelqu'un qui parle
21:54 de façon désintéressée, que c'est toi,
21:56 mais t'en sois qui a besoin,
21:58 tu peux juste aller suivre
22:00 la base de l'insigne.
22:02 C'est simple.
22:04 - Si Julien ne témoigne pas à visage découvert,
22:06 c'est que sa famille ne connaît pas
22:08 son orientation sexuelle.
22:10 Ce jeune se prostituerait
22:12 pour vivre au mieux et se payer
22:14 tout ce dont il a besoin.
22:16 Une quête du luxe qui pourrait mettre
22:18 sa vie en danger.
22:20 - Avec le commerce du sexe,
22:22 dans ce jeu,
22:24 on n'a pas l'habitude
22:26 de faire des choses,
22:28 de faire des folies.
22:30 Je peux arriver dans des hôtels
22:32 de luxe, je peux dormir
22:34 dans des coins où,
22:36 normalement, je ne peux pas arriver
22:38 parce que mes moyens ne me permettent pas.
22:40 Je peux m'offrir un téléphone
22:42 que je veux, je peux
22:44 m'habiller comme je veux, avoir des chaussures
22:46 que je veux. C'est juste du matériel fait.
22:48 - Est-ce que vous pensez
22:50 que vous allez continuer dans ce sens-là
22:52 ou vous allez arrêter puisque vous êtes encore jeune?
22:54 - Juste les trucs de jeunes.
22:56 Je le fais juste parce que
22:58 j'aime beaucoup la vie,
23:00 comme on le dit. Profiter de la vie.
23:02 Mais tôt ou tard, ça finit par s'arrêter.
23:04 Voilà. Donc je pense
23:06 que je vais arrêter aussi,
23:08 faire autre chose.
23:10 - Donc, au moment où vous êtes enfant, vous...
23:12 - Au moment où je vis, je n'ai pas de...
23:14 Je n'ai pas de souci avec ça.
23:16 - OK. Mais comment ça se passe?
23:18 Est-ce que vous arrivez à voir les patinettes?
23:20 Comment ça se passe?
23:22 Est-ce que vous travaillez en réseau?
23:24 - De nos jours,
23:26 comme tout le monde est avec la réunion
23:28 des réseaux sociaux,
23:30 la communication est
23:32 beaucoup plus fluide, plus facile
23:34 que tout un chacun de nous.
23:36 Donc, étant branchés,
23:38 on a forcément des sites, des rencontres.
23:40 On a des...
23:42 des choses qu'on appelle des groupes.
23:44 Soit des groupes WhatsApp,
23:46 soit des groupes Messenger.
23:48 C'est par là qu'on fait des rencontres.
23:51 - Les réseaux sociaux,
23:53 les sites de rencontres ont permis
23:55 au business de la prostitution de se développer.
23:57 Une prostitution 2.0
23:59 qui facilite les rencontres
24:01 et permet de multiplier
24:03 les rendez-vous de manière discrète.
24:05 Nous avons contacté
24:07 plusieurs prostituées inscrites
24:09 sur l'un des sites les plus populaires
24:11 de la Côte d'Ivoire.
24:13 L'échange est rapide, clair et précis.
24:15 (sonnerie)
24:17 - Allô?
24:19 - Allô?
24:21 - Oui, bonjour.
24:23 Je viens de prendre votre numéro sur le net.
24:25 Quels sont les services que vous offrez?
24:29 - Ça se passe... On fait ça comment?
24:35 - Vous payez une chambre de pièce,
24:37 en sucrant,
24:39 et puis c'est 15 000 francs.
24:41 Mais là, c'est sur le lieu que vous payez.
24:43 Maintenant, quand je dois me déplacer
24:45 à l'exprès,
24:47 à André, Portbouy,
24:49 Macori, autres,
24:51 là, c'est 20 000 francs.
24:53 Mais vous payez le transport en avant.
24:55 - Les prostituées du net
24:57 peuvent se déplacer
24:59 ou recevoir à domicile.
25:01 Nous souhaitons les rencontrer
25:03 en direct avec elles,
25:05 mais lorsque nous nous présentons,
25:07 la réponse est claire.
25:09 - Je suis journaliste.
25:11 - Ah bon?
25:13 - Voilà. Je voulais échanger un peu
25:15 avec vous pour connaître un peu
25:17 pourquoi vous avez décidé
25:19 de travailler dans ce milieu-là.
25:21 - Mmh.
25:23 - Est-ce que c'est possible
25:25 qu'on se rencontre?
25:27 - Non.
25:29 (parle en langue étrangère)
25:37 - Oui, oui.
25:39 - D'investigation.
25:43 - Je suis en train de faire
25:47 un reportage sur les travailleurs du CES.
25:49 (bip)
25:51 (bip)
25:53 - Après une trentaine d'appels,
25:55 une accepte enfin de nous rencontrer.
25:57 - Je suis journaliste.
25:59 Je suis en train de faire un reportage
26:01 sur les travailleurs du CES.
26:03 Est-ce qu'on peut se voir?
26:05 - Non.
26:07 - Le rendez-vous est pris.
26:09 Direction Yopougon.
26:11 Nous sommes chez Maya, 27 ans,
26:13 une habituée des sites de rencontres.
26:15 Elle répond au téléphone
26:17 tout en mangeant.
26:19 Une disponibilité à toute heure.
26:21 (sonnerie)
26:25 - Allô? Bonjour, monsieur.
26:27 (parle en langue étrangère)
26:29 D'accord.
26:33 OK.
26:35 J'ai eu quoi? 7 000.
26:37 Je vous l'accorde.
26:39 Non, il me déplace pas, il me reçoit.
26:41 Il me reçoit, il me déplace pas.
26:43 Je sais pas.
26:45 - C'est un client? - Hum.
26:47 - Il veut être? - Oui, je veux être.
26:49 - Comment ça se passe? Comment c'est fait?
26:51 - C'est parce que mon manager, il est fort,
26:53 il est efficace.
26:55 Il fait mes annonces bien,
26:57 pour qu'on puisse m'appeler.
26:59 - Comment vous le rénumérez?
27:01 - 70 000.
27:03 Il a pris ma photo, il a fait mon annonce.
27:05 Il a eu 70 000.
27:07 Il est 14h à 1h du matin.
27:09 Il s'est rendu, il s'est parti.
27:11 Il m'a dit non, il fait un site payant.
27:13 Tu rentres sur le site,
27:15 tu tapes le site, ma photo, tu vois, premier.
27:17 Il a fait un site payant.
27:19 - Cette prostitution 2.0
27:21 nettoie les trottoirs d'habitants,
27:23 assure une totale discrétion
27:25 et permet de ne pas être arrêtée
27:27 pour racolage.
27:29 - Donc pourquoi vous avez opté
27:31 pour la résolution?
27:33 - En gros, ça fait respecter
27:35 parce que de voir de la rue
27:37 qui ressort les gens chez toi,
27:39 ça fait respecter.
27:41 Et puis à cause de la police aussi, c'est loin.
27:43 En tout cas, c'est pas bien d'aller dans la rue.
27:45 C'est pas bon.
27:47 - Et qui vous a mis des dents?
27:49 - C'est moi-même qui me suis mis des dents.
27:51 Moi, ça a cause de maman.
27:53 Ça a cause de maman, elle fait tout ça, là.
27:55 Ma mère, elle a fait 10 enfants,
27:57 elle a fait un petit frère, un petit soeur,
27:59 et pas un qui s'en sort.
28:01 - Maya gagne en moyenne
28:03 50 000 francs CFA par jour.
28:05 Mais comme toutes les filles,
28:07 son rêve, arrêter de se prostituer.
28:09 - Qu'est-ce que vous arrêtez un jour?
28:13 - Bien sûr.
28:15 Quand je regarde, même le boulot,
28:17 je le marie, c'est chaque fois.
28:19 Tu vas tout le temps regarder ta jambe
28:21 en bas de n'importe qui.
28:23 C'est pas intéressant.
28:25 - Voici Lucie, nigériane,
28:27 ancienne prostituée devenue éducatrice.
28:29 Ce jour,
28:31 elle doit récupérer des cartons
28:33 contenant des préservatifs,
28:35 des autotests et autres.
28:37 - Comment ça va?
28:39 - Bien.
28:41 - Comment ça va?
28:43 - Bien.
28:45 - Comment ça va?
28:47 - Bien.
28:49 - Ça peut arriver?
28:51 - Ça va dépister.
28:53 Ça va dépister les filles.
28:55 C'est ça, aujourd'hui.
28:57 Nadjila a 20 ans.
28:59 Moi, je sais qu'elles seront là
29:01 avant qu'elles ne voient arriver.
29:03 - Direction le ghetto de Zimbabwe
29:05 dans la commune de Port-Boué
29:07 afin de sensibiliser les filles
29:09 provenant du Nigeria.
29:11 - C'est ce que t'as écrit depuis quand?
29:13 - Euh...
29:15 Je sais quitter le Nigeria pour trouver ça là-bas.
29:17 Ça fait longtemps.
29:19 Mais bon, personne qui a appris
29:21 n'est plus là.
29:23 Elle est rentrée depuis longtemps.
29:25 C'est un Nigérian.
29:27 Il faut la trouver là-bas.
29:29 - Ça fait 20 ans?
29:31 - Oui, oui, oui.
29:33 Parce que moi, je suis dans ce pays-là
29:35 depuis 17 ans.
29:37 J'ai trouvé ça là-bas.
29:39 - Il y a toujours des filles?
29:41 - Tous les jours.
29:43 Tous les jours.
29:45 Elles sont là matin, ce matin.
29:47 - Dans ce ghetto,
29:49 il y a une centaine de Nigerianes
29:51 âgées entre 18 et 45 ans.
29:53 - Ici, c'est Zimbabwe.
29:55 Un ghetto.
29:57 Rose Garden.
29:59 Ici, c'est Rose Garden.
30:01 Il y a des filles qui sont beaucoup ici.
30:03 Elles viennent les saluer aujourd'hui.
30:05 Ça va, vous?
30:07 Ça va, vous?
30:09 - Juste laissez votre tête grandir.
30:11 Je veux vous montrer.
30:13 Je veux vous montrer.
30:15 - La sensibilisation peut commencer.
30:17 Lucie explique aux filles
30:19 l'utilisation et l'importance
30:21 de l'autotest pour se dépister
30:23 et dépister leurs partenaires.
30:25 - Non, non.
30:27 - Non, non.
30:29 - Tu vas te faire un boyfriend.
30:31 Fais-le pour ton client.
30:33 Fais-le pour ton client.
30:35 - Comment ça se passe?
30:37 - Ça passe bien, ça passe bien.
30:39 - C'est un peu normal aujourd'hui.
30:41 - Aujourd'hui, là, oui, oui, oui.
30:43 On est une nouvelle fille.
30:45 - C'est une fille qui existe.
30:47 C'est une fille qui existe comme ça.
30:49 - Je ne connais pas comment elle rentre.
30:51 Moi, mon fils est venu
30:53 depuis 10 ans, l'année passée.
30:55 Elle n'est pas partie
30:57 par cause du corona.
30:59 Il n'y a pas de route.
31:01 - Les filles vivent, dorment
31:03 et se prostituent sur ce lieu.
31:05 De quoi nouer des liens
31:07 et se serrer les coudes?
31:09 Anciennes, nouvelles,
31:11 toutes sont dans la même galère.
31:13 Kim est arrivée il y a 3 mois.
31:15 Elle a 24 ans.
31:17 - Tu es arrivée en Côte d'Ivoire quand?
31:19 - 3 mois.
31:21 - Tu as quitté où?
31:23 - Nigeria.
31:25 - Pourquoi tu es venue en Côte d'Ivoire?
31:27 - Je suis venue en Côte d'Ivoire
31:29 à cause de maman et papa.
31:31 Je voulais travailler,
31:33 donner à maman et papa.
31:35 C'est à cause de ça que je suis venue ici.
31:37 Avec mon petit-soeur,
31:39 elle est partie à l'école.
31:41 C'est à cause de ça.
31:43 Je voulais donner l'argent pour la scole.
31:45 - Tu as commencé après ça en Nigéria?
31:47 C'est ici que tu as commencé?
31:49 - C'est ici seulement.
31:51 - Pourquoi tu n'as pas fait le Giroir?
31:53 - Je travaille pour le Giroir,
31:55 mais je n'aime pas.
31:57 C'est mon pays.
31:59 Je ne travaille pas là-bas.
32:01 Ce n'est pas bon.
32:03 C'est à cause de ça.
32:05 - Comment as-tu su que tu devais venir ici?
32:07 Comment tu as expliqué?
32:09 - J'ai venu ici avec mon ami.
32:11 Je suis venue ici
32:13 pour le Giroir.
32:15 Je suis venue ici.
32:17 - C'est bien.
32:19 Elle est ici aussi?
32:21 - Oui.
32:23 Mon ami n'est pas ici.
32:25 Mon frère est à Kondza.
32:27 Je suis venue ici.
32:29 - C'est combien ils donnent comme l'argent?
32:31 - Deux millions.
32:33 - Si demain, tu avais eu beaucoup d'argent,
32:35 est-ce que tu vas arrêter ce métier?
32:37 - Oui, si j'avais l'argent,
32:39 je serais partie en Nigéria.
32:41 - Kim reçoit en moyenne
32:43 4 clients par jour.
32:45 Les clients, des jeunes,
32:47 des moins jeunes,
32:49 qui, tout comme les filles,
32:51 assument plus ou moins
32:53 la pratique de cette sexualité tarifée.
32:55 Alors quand on leur demande
32:57 pourquoi ils sont là,
32:59 la réponse est surprenante.
33:01 - Quand je viens,
33:03 c'est pas forcément pour les frapper.
33:05 C'est pour forcément
33:07 apprendre à parler l'anglais.
33:09 Il y a d'autres filles que je connais.
33:11 Alors que je parle un peu l'anglais,
33:13 je veux vous aider un peu avec.
33:15 Bon, il faisait ça avant,
33:17 mais quand je n'avais pas de copines.
33:19 Voilà.
33:21 Et maintenant qu'il a une copine...
33:23 Non!
33:25 En fait, il fait au 10 seulement.
33:27 Je suis venu, mon frère.
33:29 Comme il m'a dit, il a voulu me montrer.
33:31 Sincèrement, il a voulu me montrer ici.
33:33 Voilà.
33:35 On est venus à la grande surprise.
33:37 Il a voulu nous taquiner
33:39 et des trucs comme ça.
33:41 C'est là qu'il causait avec des filles en anglais.
33:43 Ils étaient étonnés.
33:45 C'est les monsieurs comme ça.
33:47 Ils apprennent l'anglais.
33:49 Il y a des filles qui viennent ici et qui parlent anglais.
33:51 - Donc, t'as juste venu pour l'anglais?
33:53 - Oui, je suis...
33:55 Bon, aujourd'hui seulement. Voilà.
33:57 - Difficile d'assumer
33:59 ces relations tarifées avec ces femmes
34:01 qui vivent dans la précarité,
34:03 loin de leur pays,
34:05 loin de leur famille.
34:07 - Tu en as-tu de venues ici?
34:09 - C'est pas tous les jours.
34:11 C'est pas tous les jours qu'ils viennent ici.
34:13 Mais souvent, ils viennent ici.
34:15 C'est pour faire...
34:17 Vous connaissez le mouvement.
34:19 - C'est quoi, pour...
34:21 - C'est ce qu'on fait, nos garçons avec femmes.
34:23 - C'est cher?
34:25 - Non, c'est pas cher.
34:27 150, 2 000, c'est pas cher.
34:29 Ça dépend de...
34:31 Comment on appelle ça?
34:33 - On peut pas tomber d'accord.
34:35 - Fin de sensibilisation pour Lucie.
34:37 L'heure est au boulot.
34:39 - Vous avez bien fini?
34:41 - Ah!
34:43 - Vous avez écrit beaucoup de notes.
34:45 - On a mis au total 11 notes.
34:47 - 11 notes. Et puis...
34:49 - C'est bien passé.
34:51 - Vous avez dispris le capote.
34:53 - Oui.
34:55 - Dieu merci.
34:57 - Le boulot est assumé?
34:59 - Oui, c'est bon. En tout cas, on a vu 11 notes.
35:01 On a bien dispris nos choses,
35:03 nos étranges. C'est bon.
35:05 - Y a pas de personne, maman?
35:07 - Non, non, non, pour le moment, personne.
35:09 Tout le monde est propre.
35:11 Peut-être, la semaine prochaine,
35:13 ils peuvent venir me trouver à la clinique.
35:15 S'il y a un qui a des dents, des dents,
35:17 une maladie des dents là-bas,
35:19 y a pas de problème.
35:21 - Les prostituées rêvent toutes d'un avenir meilleur.
35:23 Mais peu y arrivent.
35:25 Voici Fatime, mère de 4 enfants.
35:27 Elle se prostitue depuis 6 ans.
35:29 Mais parallèlement,
35:31 pour s'en sortir,
35:33 elle tente de développer un business,
35:35 une ferme d'élevage de lapins.
35:37 - Je me dis un jour,
35:39 je dois arrêter
35:41 le monde des TS
35:43 à cause de ça.
35:45 Je me dis que c'est ça qui a fait que je vais arrêter.
35:47 Je vais faire mon business.
35:49 Je vais faire mon business.
35:51 Maman, elle vient...
35:53 - Vous faites combien, la ferme d'élevage de lapins,
35:55 depuis quand?
35:57 - Ça fait un an.
35:59 J'ai commencé avec une case.
36:01 Une case. J'ai fait une case.
36:03 Ça, ça m'a coûté près de 90 000.
36:05 L'autre, ça m'a coûté près de 40, 50 000.
36:07 Ça, c'est juste des cases en occasion.
36:09 Je fais ce que je peux.
36:11 En fait, c'est un peu, un peu.
36:13 - Déterminée à réussir coûte que coûte
36:15 avec son nouveau business,
36:17 Fatime se bat comme elle le peut
36:19 pour mériter le respect des autres.
36:21 - Je veux qu'on me prenne au sérieux.
36:23 Pourquoi?
36:25 Je connais, j'ai deux boulots.
36:27 Deux boulots, je vais juger.
36:29 Je dors dans une maison de 50 000.
36:31 Je paye le courant, je paye l'eau.
36:33 Je paye le petit. Déjà, mon salaire est fini.
36:35 Mais je vais comment?
36:37 Le aliment, ça coûte cher.
36:39 Les médicaments coûtent chers.
36:41 Je suis obligée de faire un peu, un peu, un peu.
36:43 Je me dis, dans un an encore,
36:45 je dois arrêter même tout ça là.
36:47 Gérer mon boulot
36:49 et puis je vais gérer ma femme.
36:51 - Impossible pour elle d'arrêter
36:53 de se prostituer pour le moment.
36:55 Alors, elles seront toujours disponibles
36:57 pour ses clients habituels.
36:59 - Allô?
37:01 - Oui, mon chou.
37:03 - Ça va, mon...
37:05 - Oui, ça va.
37:07 - Comme je disais que tu agresses dans ma maison.
37:09 (rires)
37:11 Tu agresses bien,
37:13 tu agresses pas dans ma maison.
37:15 Maintenant, si tu as 20 000 pour moi,
37:17 ça fait deux mois qu'on m'a pas payé.
37:19 - Non, j'ai vraiment 20 000.
37:21 - Tu sais que...
37:23 Donc, tu as mis dans combien?
37:25 - Elle a 10 000.
37:27 - Donc, tu me fais le dépôt d'abord
37:29 et tu m'envoies. OK.
37:31 - Non, c'est comme ça, ça se fait pas ça d'habitude.
37:35 - Fatim a une quarantaine d'années,
37:39 14 ans de mariage
37:41 et 4 enfants.
37:43 Mais un jour, tout a basculé.
37:45 - J'étais marié.
37:47 J'étais dans le voile islamique.
37:49 Le papa de mes enfants m'a vu
37:51 être en secrétaire de direction
37:53 de ma mariée.
37:55 Il fait 14 ans de mariage.
37:57 Mais quand il veut me battre,
37:59 il me bat devant mes enfants.
38:01 Il me dit à mes enfants,
38:03 "T'es un con, c'est un con."
38:05 A la violence,
38:07 je suis couché avec mon mari
38:09 et puis c'est femme qui l'appelle.
38:11 Je dis à elle une chose.
38:13 Je suis obligé d'accepter.
38:15 Quand je parle...
38:17 - Une vie de couple avec un mari violent,
38:21 l'enfer de son quotidien,
38:23 l'ont fait fuir la maison.
38:25 Conséquence, plus de revenus,
38:27 plus de toi et qu'une seule
38:29 solution à ses yeux,
38:31 la prostitution.
38:33 - Quand j'ai quitté mon foyer,
38:35 j'ai quitté en même temps que je pouvais plus.
38:37 Je suis venu m'installer ici.
38:39 On me connaît pas, on me voit pas.
38:41 C'est ici que je suis.
38:43 C'est en train de sortir un peu.
38:45 - La prostitution, le plus vieux métier du monde,
38:47 une profession pour certains,
38:49 une forme d'exploitation pour d'autres,
38:51 naît souvent d'une détresse sociale.
38:53 Car même si certains disent
38:55 avoir choisi ce métier librement,
38:57 ce prostitué met en danger
38:59 la vie de nombreuses femmes
39:01 et d'hommes de ce milieu.
39:03 - Mesdames, messieurs, nous nous trouvons
39:07 ce soir à la clinique de confiance
39:09 à Bietri et à mes côtés
39:11 le docteur Anoma Camille.
39:13 Bonsoir, docteur. - Bonsoir.
39:15 - Merci de nous recevoir à "Espace confiance"
39:17 pour ce numéro spécial consacré
39:19 à la prostitution et le phénomène
39:21 de la prostitution à Abidjan.
39:23 - Merci de nous recevoir sur votre plateau.
39:25 - Alors, docteur, quelle définition
39:27 faites-vous de la prostitution
39:29 qui, je le rappelle, n'est pas un délit
39:31 en Côte d'Ivoire?
39:33 - Alors, je pense que ce qui est
39:35 admis dans ce que nous faisons,
39:37 nous, on parle plutôt de travailleurs
39:39 ou de travailleuses du sexe. - Oui.
39:41 - Et donc, pour nous, de façon basique,
39:43 - Oui. - est considéré comme un travailleur
39:45 ou une travailleuse du sexe des personnes
39:47 qui offrent des tarifs, des rapports sexuels
39:49 moyennant argent ou moyennant
39:51 biens matériels.
39:53 - Alors, concrètement, combien y a-t-il
39:55 de travailleurs et de travailleuses du sexe
39:57 à Abidjan?
39:59 - Les derniers éléments que nous avons
40:01 en termes de dénombrement des travailleuses du sexe
40:03 à Abidjan, c'est entre 9 400
40:05 et à peu près 10 000.
40:07 - Oui.
40:09 - Donc, c'est des études successives
40:11 qui sont faites, et la dernière qui s'est faite,
40:13 c'était en 2014.
40:15 - Alors, ça fait quand même aujourd'hui presque 7 ans.
40:17 - Oui, ça fait un peu plus de 7 ans,
40:19 donc on peut estimer qu'il y a de fortes chances
40:21 qu'avec la croissance de la population,
40:23 que ce nombre-là soit revu à la hausse.
40:25 Mais pour l'instant, on n'a pas encore eu des études
40:27 beaucoup plus récentes que celles que je viens de mentionner.
40:29 - Quelle est la tranche d'âge de ces...
40:31 On va les appeler des professionnels du sexe.
40:33 - Alors, la tranche d'âge varie de 18 ans
40:35 jusqu'à à peu près 60 ans.
40:37 - Alors, est-ce qu'il y a un profil
40:39 du prostitué ou de la prostituée,
40:41 puisqu'on a parlé de travailleurs
40:43 et de travailleuses du sexe?
40:45 - En tout cas, Abidjan, majoritairement,
40:47 c'est quand même des Ivoiriennes qui se prostituent,
40:49 même si on retrouve aussi
40:51 une forte proportion
40:53 de femmes qui viennent du Nigeria.
40:55 En dehors de ça, elles sont relativement jeunes.
40:57 - Oui.
40:59 - Il y a aussi une bonne proportion
41:01 qui, finalement,
41:03 ne sont pas très scolarisées.
41:05 Ça aussi, c'est la réalité des faits.
41:07 Après, il faut dire aussi que les études sont...
41:09 ont des limites.
41:11 Vous voyez qu'aujourd'hui,
41:13 des nombres de rencontres se font sur Internet, etc.
41:15 Il y a aussi
41:17 toutes celles qui sont
41:19 des étudiantes,
41:21 qui sont des élèves dans des universités, etc.,
41:23 qui aussi ont cette pratique
41:25 pour finalement aussi
41:27 faire face à leurs besoins.
41:29 - Alors, si on vous entend et on vous comprend,
41:31 on va parler de problèmes économiques,
41:33 de pauvreté,
41:35 de réalité sociale qui pousserait
41:37 ces femmes et ces hommes
41:39 à la prostitution?
41:41 - La pauvreté, je ne dirais pas forcément
41:43 parce que vous savez très bien qu'il y a quand même
41:45 de la prostitution de luxe.
41:47 - Elle est clandestine.
41:49 - Elle est clandestine, mais elle existe.
41:51 Je ne pense pas que la seule motivation
41:53 soit nécessairement en lien
41:55 avec la pauvreté.
41:57 Je pense que la pauvreté joue, bien évidemment.
41:59 C'est sûr, c'est des moyens, des ressources.
42:01 Mais aussi, d'autres facteurs jouent,
42:03 comme aussi l'éducation
42:05 qui est donnée peut-être aussi aux femmes
42:07 en disant finalement, c'est un homme
42:09 qui est occupé de vous. Et donc, on trouve
42:11 plus ou moins normal qu'un jour ou un autre,
42:13 on vous offre des ressources financières
42:15 pour avoir des avantages sexuels.
42:17 Donc, il y a aussi plus ou moins
42:19 le regard aussi
42:21 de l'éducation, etc.
42:23 Mais je suis d'accord avec vous pour dire
42:25 que finalement, la pauvreté peut être
42:27 aussi un facteur, mais d'autres facteurs
42:29 conduisent aussi un bon nombre
42:31 de nos concitoyens et concitoyennes
42:33 à faire cette activité.
42:35 - Alors, il ne faut pas avoir peur des mots.
42:37 C'est un business qui est rentable.
42:39 Il y a les souteneurs,
42:41 les proxénètes, etc.
42:43 Et certains estiment
42:45 que cela prospère ou perdure
42:47 parce que ces souteneurs, ces proxénètes
42:49 ont des amis haut placés.
42:51 Alors, est-ce que c'est de la fiction,
42:53 la réalité, de la rumeur ?
42:55 - C'est un phénomène qui existe, mais je peux dire
42:57 que ce que nous nous observons,
42:59 c'est quand même marginal.
43:01 La plupart de celles qu'on rencontre sont quand même
43:03 indépendantes, comme on peut le dire.
43:05 Mais je reconnais qu'il y a aussi
43:07 une forme de traite
43:09 en ce qui concerne
43:11 un certain nombre de jeunes filles,
43:13 notamment, qui viennent de la sous-région,
43:15 auxquelles on fait miroiter
43:17 un certain nombre de choses et qui, finalement,
43:19 sont obligées de mener cette activité.
43:21 - Justement, parlons-en. Ces filles qui viennent
43:23 de la sous-région, comment, vous qui savez, par exemple,
43:25 qu'il y a une forme de traite
43:27 de ces femmes,
43:29 qu'est-ce que vous faites, que vous pouvez faire ?
43:31 - Alors, en général, l'attitude que nous avons
43:33 est une attitude de donner
43:35 les informations à ces jeunes filles
43:37 quand on les rencontre, parce que dans nos différents
43:39 pays, il y a des ambassades et des représentations
43:41 de ces pays, et il leur est demandé
43:43 de s'adresser à ces ambassades
43:45 pour m'aider dans l'action
43:47 qu'il faut pour éventuellement
43:49 être libérée
43:51 en griffe de ces situations-là.
43:53 Après, c'est quelque chose de très difficile.
43:55 Pourquoi c'est quelque chose de très difficile ?
43:57 Parce que nous nous adressons aussi
43:59 à des femmes qui sont en situation de prostitution.
44:01 Donc, c'est un peu gris,
44:03 parce qu'on ne veut pas non plus mettre en danger
44:05 plus ou moins notre activité,
44:07 parce qu'on serait
44:09 dans un positionnement où,
44:11 finalement, une jeune fille vient au niveau du centre,
44:13 elle n'est plus revue...
44:15 - Vous avez peur qu'on vous agresse ?
44:17 - On a peur qu'on nous agresse,
44:19 on a peur qu'il y ait une fausse publicité
44:21 sur ce qui est en train d'être fait,
44:23 parce que, finalement, ce qu'on veut aussi,
44:25 c'est quand même avoir accès
44:27 à ces personnes,
44:29 et je pense aussi que c'est aux autorités
44:31 de ces pays,
44:33 à nos autorités aussi,
44:35 de faire face à ces situations.
44:37 Il y a quand même la police des mœurs.
44:39 Les gens savent où est-ce que les filles sont
44:41 dans les maisons closes.
44:43 Donc, à tout moment, ils sont capables
44:45 d'aller faire des enquêtes et de voir
44:47 ce qu'il y a lieu de faire aussi pour sortir ces femmes
44:49 de ces situations. Mais je sais qu'on a déjà vu
44:51 des exemples qui étaient des enfants
44:53 avec de bons succès, avec des réseaux qui ont été démantelés.
44:55 - Quels sont vos rapports
44:57 avec la police ou la brigade des mœurs?
44:59 - Ce sont nos alliés, parce qu'on peut être dans des situations
45:01 où des bénéficiaires,
45:03 notamment qui sont des personnes vivant avec le VIH,
45:05 se retrouvent incarcérés
45:07 ou prises parce qu'il y a eu des rafles,
45:09 etc. Et voilà, on va commencer
45:11 à faire les négociations pour, finalement,
45:13 tenter d'obtenir la libération
45:15 de ces personnes. Donc, on a quand même
45:17 de très bons rapports avec la police des mœurs.
45:19 - Alors, vous parliez d'un point précis,
45:21 les rafles. Alors, on a vu dans le reportage
45:23 tout à l'heure
45:25 des femmes
45:27 qui affirment que certains policiers
45:29 leur auraient demandé
45:31 entre 15 000 et 50 000 francs pour leur libération
45:33 parce qu'elles ont été raflées.
45:35 Alors, est-ce avéré?
45:37 - Alors, moi, je ne peux pas dire si c'est eu ou non avéré,
45:39 mais on a entendu exactement la même chose aussi,
45:41 ce que vous venez de relater.
45:43 Comme aussi, on a entendu aussi
45:45 qu'il y a des hommes en uniforme qui vont dans les maisons closes,
45:47 qui cassent les portes
45:49 et qui vont dépouiller les dames,
45:51 qui prennent tout ce qu'elles ont comme ressources,
45:53 les téléphones portables, etc.
45:55 Ça, c'est ce que nous avons comme informations.
45:57 C'est du déclaratif. Nous ne sommes pas en capacité
45:59 de faire des recouvrements nécessaires, des enquêtes
46:01 pour dire finalement si c'est avéré ou pas.
46:03 Mais c'est sûr qu'on a tout un volet
46:05 qui est un volet plaidoyer
46:07 vis-à-vis des forces de l'ordre
46:09 pour faire comprendre que finalement,
46:11 la répression, elle est contre-productive
46:13 parce que nous voulons avoir accès
46:15 à ces personnes parce qu'elles mènent
46:17 une activité qui les oppose au ZST et qui les oppose au VIH.
46:19 Elles ont besoin de prévention,
46:21 elles ont besoin de soins et que finalement,
46:23 trop de répression ferait que finalement,
46:25 on n'aurait pas accès à ces personnes.
46:27 Mais ce n'est pas parce qu'on n'a pas accès à ces personnes
46:29 que l'activité ne continue pas.
46:31 Elle sera beaucoup plus clandestine et finalement,
46:33 ce qu'on veut éviter en termes de problèmes de santé publique,
46:35 ça ne fera qu'amplifier.
46:37 - Alors docteur, est-ce que vous avez des chiffres
46:39 concernant le VIH/SIDA ?
46:41 - Alors oui, si on concerne le VIH/SIDA
46:43 dans la population des travailleurs du sexe,
46:45 on parle de 11 %.
46:47 11 %, ça veut simplement dire que si vous prenez
46:49 des hommes qui sont en train de vivre avec le VIH,
46:51 il y en a 11 qui sont personnes vivant avec le VIH.
46:53 Si vous prenez des hommes qui offrent des services,
46:55 mais principalement, là, je parle essentiellement
46:57 des hommes ayant des rapports sexuels
46:59 avec d'autres hommes,
47:01 on va beaucoup plus haut,
47:03 on est autour de 20 %,
47:05 c'est-à-dire que si 100 personnes,
47:07 vous en avez 20 qui sont personnes vivant avec le VIH.
47:09 - Docteur Anouma,
47:11 qu'en est-il des mineurs ?
47:13 Parce que la prostitution des mineurs, elle existe.
47:15 Et également, elle est peut-être taboue,
47:17 mais comment vous la gérez ?
47:19 - La politique de l'association, c'est d'offrir des services,
47:21 comme on offre des services aux adultes,
47:23 à ces personnes-là.
47:25 - Est-ce que vous recherchez leurs parents ?
47:27 - Alors, c'est toujours quelque chose
47:29 de pas facile.
47:31 Je peux raconter qu'on a...
47:33 on a réussi, certaines fois,
47:35 à retrouver des parents.
47:37 - Oui.
47:39 - Et on s'est rendu compte
47:41 rapidement que les parents étaient
47:43 complètement informés
47:45 de l'association de ces mineurs
47:47 et laissaient faire.
47:49 - Pour quelles raisons ?
47:51 - Mais parce qu'aussi, finalement,
47:53 ces enfants mineurs ramenaient des ressources à la maison.
47:55 - Peut-on dire,
47:57 et sans langue de bois, que ce que font ces parents,
47:59 c'est du proxénétisme de parents ?
48:01 - Moi, je suis tout à fait d'accord avec vous.
48:03 Pour moi aussi, c'est du proxénétisme des parents.
48:05 - Et ça, c'est condamnable par la loi ?
48:07 - Tout à fait.
48:09 - Et pourquoi personne ne réagit ?
48:11 - Personne ne réagit parce que, finalement,
48:13 on ne sait pas. Je veux dire que les voisins
48:15 savent ce qui se passe, l'environnement sait
48:17 ce qui se passe, mais finalement, on laisse faire.
48:19 Je pense qu'on a beaucoup changé
48:21 maintenant dans nos pays.
48:23 Avant, c'était que l'éducation appartenait
48:25 à tous les quartiers.
48:27 - Oui.
48:29 - Aujourd'hui, c'est plus la même chose,
48:31 c'est chacun pour soi, plus ou moins,
48:33 et c'est vraiment regrettable.
48:35 - Alors, ces enfants, on leur vole leur jeunesse,
48:37 leur enfance, ils ne grandissent pas,
48:39 on est censé s'appuyer sur eux pour l'avenir,
48:41 c'est ça ?
48:43 - Tout à fait, c'est un avenir incertain,
48:45 c'est malheureux à dire, mais je pense aussi
48:47 que ces situations devraient interpeller
48:49 tout le monde, parce que c'est quand même
48:51 des situations qui ne sont pas tolérables.
48:53 En tout cas, pour nous.
48:55 - Alors, est-ce que, quelque part,
48:57 parce qu'il faut sortir un peu du déni,
48:59 la prostitution, elle existe, en Côte d'Ivoire,
49:01 est-ce que ce ne serait pas un mal nécessaire
49:03 pour certaines situations, ou dans certaines situations ?
49:05 - Alors, je ne sais pas si on regarderait
49:07 ça comme étant un mal ou un bien,
49:09 mais je pense, moi, que c'est un phénomène social,
49:11 qui répond à des situations données.
49:13 Il faut aussi que la société apprenne
49:15 à regarder ce phénomène différemment,
49:17 parce que ce n'est pas avec la répression
49:19 ou avec des leçons de moral
49:21 que, finalement, on va résoudre ça.
49:23 La Côte d'Ivoire est confrontée à ça,
49:25 on n'est pas le seul pays au monde.
49:27 Il y a des pays qui sont allés jusqu'à pénaliser
49:29 les clients, ça n'a rien résolu,
49:31 ils ont pris des avions, ils sont allés ailleurs.
49:33 Et donc, finalement, je pense qu'il faut faire
49:35 un traitement qui est un traitement différent,
49:37 au niveau de notre association
49:39 et au niveau de la partie nationale,
49:41 de dire que, finalement, il faut regarder
49:43 ce phénomène comme étant un phénomène,
49:45 c'est pris en compte dans nos différents plans
49:47 stratégiques, conséquences et analytiques
49:49 avec le VIH et les IST. Il faut aller davantage
49:51 et voir comment, finalement, à partir d'un certain
49:53 nombre de mesures, qui sont les mesures de protection,
49:55 on peut avoir un meilleur accès à ces personnes,
49:57 et notamment, pourquoi ne pas penser
49:59 à rendre disponible des préservatifs
50:01 gratuitement pour ces personnes-là,
50:03 et faire en sorte que, finalement,
50:05 on a des gens-là qui soient meilleurs.
50:07 - Docteur, comment on se sent,
50:09 après une journée passée, à sensibiliser,
50:11 à accompagner, à écouter
50:13 les personnes qui ont été agressées,
50:15 les pleurs, etc., comment on se sent
50:17 après une telle journée?
50:19 - On pourrait dire... On peut être découragé,
50:21 mais non, au contraire. C'est pas le découragement,
50:23 c'est que, finalement, on se rend compte
50:25 qu'il y a encore beaucoup de choses à faire
50:27 et que jamais rien n'est fini,
50:29 et que tous les jours, il y a des défis à relever.
50:31 Mais je pense aussi qu'on peut être plus ou moins fier
50:33 de tout ce qu'on a accompli jusqu'à maintenant.
50:35 On a été procureur pour ce type d'activités
50:37 au niveau national, au niveau même sous-régional.
50:39 Beaucoup de pays sont venus s'inspirer
50:41 de ce qui se fait ici au niveau de l'espace de confiance.
50:43 On a aussi influencé
50:45 tout ce qui est stratégie nationale
50:47 en s'y conscient de ses populations.
50:49 Donc non, au contraire, je pense qu'il y a
50:51 beaucoup à faire, il y a beaucoup
50:53 de défis à relever, mais justement,
50:55 c'est tout ça, justement, qui motive
50:57 notre engagement.
50:59 - C'est une question
51:01 pour laquelle j'espère
51:03 et nous espérons que nous aurons
51:05 une réponse, parce que ces enfants méritent
51:07 de vivre une vie paisible
51:09 et de faire des études. Merci, docteur Hanouma,
51:11 d'avoir répondu à nos questions. - Merci.
51:13 - Je rappelle que vous êtes
51:15 directeur espace confiance.
51:17 Mesdames, messieurs, nous sommes donc
51:19 au terme de ce numéro spécial
51:21 de 52 minutes pour comprendre

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