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Aujourd’hui c’est le comédien Benjamin Lavernhe qui est l’invité de Marie et Thomas. Il est à l’affiche de « L’abbé Pierre, une vie de combats », un film de Frédéric Tellier.

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Transcription
00:00 Et nous ne sommes pas avec n'importe qui ce matin.
00:02 Nous sommes avec Benjamin Lavergne de la comédie française.
00:05 Bonjour Benjamin.
00:06 Bonjour, je pensais que vous n'alliez pas me la faire et bien si.
00:08 C'est vrai ?
00:08 C'est vrai en même temps, je suis de la comédie française.
00:10 Et tout le monde ne vous appelle pas comme ça en faisant des courbeaux ?
00:13 Non, là vous avez mis le geste avec la parole et ça me touche particulièrement.
00:16 Ah, ben merci, on est ravis de vous recevoir Benjamin, bienvenue.
00:19 Le film "L'Abbé Pierre, une vie de combat" vient de sortir au cinéma avec Emmanuel Berco.
00:23 Vous êtes bluffant dans le rôle, vraiment clairement.
00:25 Je pense que tout le monde vous l'a dit.
00:27 Comment vous avez fait pour vous...
00:29 Je prends, je prends.
00:29 ...abbé-pierriser ?
00:30 Alors j'ai lu que vous aviez écouté beaucoup, beaucoup sa voix, la manière dont il a parlé.
00:35 Oui, il y a plein de manières de préparer ce rôle, de le faire arriver
00:38 parce qu'on a besoin de se remplir, de se sentir légitime aussi.
00:41 Parce que c'est une sacrée responsabilité.
00:43 Et donc, il y a énormément de matière quoi.
00:46 C'est-à-dire qu'il donnait beaucoup d'interviews, c'était un personnage médiatique
00:49 qui était très friand de ça aussi, très client des caméras, des micros.
00:53 Et puis, une personnalité très complexe, assez ambiguë.
00:58 On pense connaître l'abbé Pierre et puis on ne le connaît pas.
01:00 Et donc, en lisant, en regardant beaucoup d'archives, en l'écoutant,
01:03 parce qu'il y a des archives sonores de ses conférences dans les années 50
01:06 qui sont bouleversantes.
01:07 Même quand on en parle, on l'entend l'abbé Pierre.
01:08 C'est marrant, on l'a en tête.
01:10 Il n'est jamais loin.
01:10 Non, là, c'est Benjamin Laverne.
01:12 Oui, mais c'est étonnant ce que vous dites parce que...
01:14 Il en reste peut-être un peu encore.
01:15 On vous a déjà reçu sur d'autres films, ici, Benjamin.
01:17 Et là, je vous regarde, j'ai vu le film et je trouve que vous lui ressemblez physiquement
01:21 à ce que je n'avais jamais vu.
01:22 Le front, les yeux...
01:24 Moi, je n'y croyais pas.
01:24 Et quand j'ai vu des photos de lui jeune, parce que dès que j'ai reçu le scénario
01:27 dans ma boîte mail, j'ai dit "Vous êtes sûr que c'est le bon choix ?"
01:29 Et en fait, je dis "Oui, il y a quelque chose dans le regard."
01:32 Quand on est acteur, jouer un personnage comme ça qui a vraiment existé,
01:35 qu'est-ce que ça change ?
01:36 Comment faire pour jouer sans imiter, surtout des personnalités
01:39 aussi fortes, aussi marquantes ?
01:41 Oui, surtout qu'imiter, c'est un peu une connotation négative.
01:44 Oui.
01:45 C'est s'imprégner, c'est-à-dire d'essayer d'approcher sa vérité.
01:49 Sa vérité, c'est le cœur immense qu'il avait, une sincérité ahurissante
01:53 et surtout une urgence.
01:55 Et l'urgence, c'est viscéral.
01:57 Il y avait une compassion, une indignation qui était très, très...
02:00 C'était une grande liberté.
02:02 C'est-à-dire, il n'y avait pas de langue de bois.
02:04 Et donc, oui, le mimétisme, c'est aussi parce qu'il est tellement connu
02:08 physiquement, il a une silhouette, il y a l'iconographie de l'abbé Pierre,
02:11 son beret, sa cape.
02:12 Il y a aussi une manière de parler, d'écouter aussi.
02:14 Il écoutait énormément comme ça, d'une manière très concentrée,
02:17 et d'essayer de...
02:19 Oui, d'essayer de lui être le plus fidèle et le plus proche possible.
02:23 Donc, il y a le physique, mais il y a aussi l'habité de l'intérieur.
02:27 Justement, on en parle, mais on aimerait bien voir quelques images.
02:30 Regardez la bande-annonce.
02:32 Mes amis, croyez-moi, je comprends votre désarroi.
02:36 J'étais à vos côtés, résistant contre l'envahisseur.
02:40 Nous nous battons contre l'infamie, contre la dictature.
02:43 Ce que vous faites, c'est très bien, mais si vous êtes grillés,
02:46 vous ne sauverez plus personne.
02:47 Je vais bien vous aider.
02:49 Vous allez devoir changer d'identité.
02:50 Abbé Pierre, ça vous va ?
02:52 Va pour abbé Pierre.
02:53 J'étais à vos côtés, sur les bords de l'Assemblée.
02:57 Les malheureux souffrent et regardent vers vous.
03:00 Et vous ne faites rien !
03:01 J'étais à vos côtés, dans la rue et le froid.
03:05 On m'a appelé la voix des enfants.
03:10 On m'a célébré, on m'a applaudi.
03:13 On m'a trahi.
03:15 Un milliard pour le logement d'urgence, c'était encore trop pour vous
03:18 et vos amis parlementaires ?
03:19 J'ai douté.
03:22 Vous passez trop de temps avec les médias.
03:23 Les gens, ils voient de moins en moins la charité et la bienveillance.
03:26 Emmaüs, c'est fini.
03:28 C'est à nous de vous aider, maintenant.
03:30 Je me suis souvent trompé.
03:33 C'est sorti hier, l'abbé Pierre.
03:35 Vous parliez tout à l'heure de légitimité.
03:37 Oui.
03:38 Est-ce que c'est lourd à porter comme costume un personnage historique comme ça ?
03:42 On dit par exemple que Marion Cotillard a mis beaucoup de temps à se débarrasser d'Édith Piaf.
03:45 Est-ce que ça a été le cas pour vous ?
03:46 Moi, je n'ai pas trop envie d'aller voir un exorciste.
03:49 Je l'aime bien, l'abbé Pierre, et il ne me dérange pas, même s'il m'engueule beaucoup.
03:53 J'ai l'impression qu'il est là, quand je suis dans la rue et que je passe
03:56 devant des sans-abri qui me donnent un coup de pied.
03:58 Ça vous a changé, alors, de faire ce rôle ?
03:59 Oui, oui.
04:00 Ça donne un élan.
04:01 Je pense que ce film peut vraiment susciter des élans d'engagement,
04:05 mais lumineux, parce qu'il est chargé d'espoir, ce film.
04:08 Et puis, lui, c'est devenu un peu un héros, quelque part.
04:11 Je me suis mis à l'aimer très fort et il m'inspire tous les jours.
04:15 Et...
04:16 Il vous a touché, quand même.
04:17 Comment ?
04:18 Il vous a touché, quand même.
04:18 Ah bah, oui.
04:19 J'avais les larmes aux yeux régulièrement sur le tournage.
04:22 J'étais très chargé.
04:23 Parfois, quand on est comédien, on se dit "il faut que j'aille chercher des émotions".
04:26 Là, c'était limite plus "il faut que je les calme".
04:27 Ah oui.
04:28 Jean-Marie Lavergne, vous n'êtes pas seulement en admiration pour l'abbé Pierre,
04:31 vous êtes aussi fan d'un jeu télé, un vieux jeu télé qui s'appelle "Qui est qui".
04:35 C'est vrai ou c'est pas vrai ?
04:36 "Qui est qui" avec Marie-Ange Bardy.
04:37 Je suis fan, oui, bien sûr.
04:39 Regardez ce générique, par exemple.
04:40 Eh bien, nous allons jouer à "Qui est qui" avec vous ce matin.
04:45 On commence avec une...
04:46 Ah, c'est la musique. La musique est extraordinaire.
04:47 N'est-ce pas ?
04:48 Bien sûr.
04:48 Une première photo qui est assez facile pour vous, normalement.
04:51 Regardez et dites-nous si vous le reconnaissez.
04:53 Alors, je vois pas du tout qui c'est.
04:55 Je crois que c'est Henri Grouet, alias l'abbé Pierre.
04:58 C'est lui, absolument.
04:59 C'était facile, c'était pour chauffer.
05:01 Oui, c'était pas très difficile, là.
05:02 Photo suivante.
05:03 C'est Audrey Tautou.
05:07 En fait, vous avez choisi des photos où c'est des gens que vous connaissez pas.
05:11 C'est la jeune maman dans le "Cousteau", l'Odyssée.
05:13 Vous diriez que quand vous étiez jeune, vous aimiez bien Audrey Tautou.
05:16 Il paraît, oui. J'ai entendu dire ça aussi dans la presse et dans les journaux.
05:20 C'est vrai ? C'est pas vrai ?
05:21 Si, c'était vrai.
05:21 Vous lui écriviez des lettres et tout ça ?
05:23 Je lui ai écrit une lettre, une fois.
05:25 Oui, chez ses parents.
05:26 Je me suis débrouillé pour avoir l'adresse de ses parents à Montluçon, je crois.
05:29 Génial.
05:30 Et je sais pas si elle l'a reçue.
05:32 C'est un non-dit entre vous.
05:34 Oui, on en a pas voulu en parler.
05:35 J'ai pas voulu la mettre mal à l'aise.
05:37 Qu'elle me prenne pour un psychopathe.
05:39 Alors, on passe à la question suivante.
05:40 Et la photo suivante, regardez, qui est-ce ?
05:42 Oh, Emmanuelle.
05:44 Emmanuelle Berco.
05:44 Elle est merveilleuse.
05:45 Elle joue Lucie Coutaz, cette femme que personne ne connaît.
05:48 La femme de l'ombre qui a accompagné l'abbé Pierre
05:50 pour plus de 40 ans de sa vie.
05:52 Qui était résistante, qui lui a fait des faux papiers pendant la guerre.
05:55 Qui lui a trouvé cette identité abbé Pierre,
05:57 parce qu'il s'appelait Henri Grouet.
05:58 Et qui a été vraiment sa fidèle, son âme sœur, vraiment.
06:03 Et ils sont enterrés côte à côte.
06:04 Et ça fait plaisir d'en parler parce qu'on en parle jamais de cette femme.
06:07 Il faut remettre en lumière cette femme,
06:08 sans qui il y aurait pas d'Emmaüs.
06:09 Elle est cofondatrice dans les statuts du mouvement Emmaüs.
06:12 Et tous les compagnons, tous ceux qui la connaissent,
06:15 ont dit qu'elle a été absolument essentielle et indispensable à l'abbé,
06:17 qui était assez gaffeur, un peu éparpillé, bordélique.
06:20 Et elle, c'était l'autorité.
06:22 Elle tenait la baraque.
06:22 La façon dont vous parlez de ce film de l'abbé Pierre,
06:24 j'ai envie d'aller le revoir du coup.
06:26 Benjamin, vous êtes un homme talentueux.
06:28 Il paraît que vous savez imiter à la perfection,
06:30 je sais pas si c'est vrai, le son de la goutte d'eau qui tombe.
06:32 Est-ce que c'est vrai ?
06:34 Allez, c'est bien parce que c'est vous.
06:36 Je vous le fais.
06:36 Alors...
06:38 Oh putain !
06:40 Encore une fois, s'il vous plaît.
06:41 Il a dit putain.
06:43 Cube.
06:44 Pourquoi vous tapez ?
06:45 C'est pour la caisse de résonance.
06:46 Et dans une église, c'est encore plus fabuleux parce qu'il y a la réverbe.
06:50 Je m'en suis pas encore servi dans un film.
06:52 Vous pouvez.
06:53 Donc j'attends, il faut un scénario qui me permette de faire la goutte d'eau.

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