La chronique du Dr Milhau du 07/11/2023

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Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau

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Transcript
00:00 Alors, c'est une maladie
00:01 neurodégénérative qui touche
00:03 essentiellement les neurones du
00:05 cerveau.
00:06 Et c'est important, qui touche
00:08 270 000 personnes
00:09 en France. Donc, c'est fréquent.
00:11 10 millions de personnes à travers
00:12 le monde. Et cette maladie,
00:14 elle touche les neurones du cerveau
00:16 et notamment une substance, un
00:17 neurotransmetteur que l'on appelle
00:19 la dopamine et qui est
00:21 essentiellement, enfin, qui est
00:22 responsable de beaucoup de choses,
00:23 mais essentiellement du mouvement.
00:25 Je vous ai mis là les principaux
00:26 symptômes de la maladie de
00:28 Parkinson.
00:29 Il y en a beaucoup d'autres.
00:30 On les voit.
00:32 Un déficit cognitif qui peut
00:34 entraîner une dépression, une
00:35 absence d'expression puisque ça
00:37 touche un peu tous les muscles,
00:38 une absence d'expression faciale,
00:41 des troubles de la parole, de
00:43 l'élocution, difficulté à
00:45 mâcher, à avaler, à déglutir.
00:46 Vous voyez, ça peut toucher
00:47 absolument tout.
00:48 Ça ralentit aussi le transit.
00:50 Il y a une constipation.
00:51 Il y a des tremblements.
00:53 Les tremblements, je le précise,
00:54 sont des tremblements au repos dans
00:56 la maladie de Parkinson,
00:57 contrairement à une autre maladie
00:59 où il y a des tremblements, mais
01:00 de mouvements et surtout
01:01 des troubles de la posture, des
01:03 troubles de la marche qui vont
01:05 entraîner ce qu'on appelle un
01:06 freezing, c'est-à-dire un petit
01:08 dépiétonnement.
01:09 Les patients piétinent.
01:10 Après, ils vont trébucher.
01:12 Et bien souvent, il y a des
01:13 chutes.
01:14 Donc, voilà pour la maladie de
01:16 Parkinson en général.
01:17 Malheureusement, quand on
01:19 s'aperçoit, quand on commence à
01:20 avoir des signes, il y a déjà à
01:22 peu près 60 % des neurones
01:24 qui sont atteints, qui n'ont plus
01:26 de dopamine, donc ce qui permet
01:27 tous ces mouvements.
01:28 Voilà là, l'idée
01:30 de génie d'une équipe
01:32 franco-suisse.
01:33 Il y a des gens de l'Inserm, du
01:35 CNRS, tout ça.
01:36 Ils se sont dit "oui, OK,
01:38 le cerveau, il va mal dans cette
01:40 maladie neurodégénérative.
01:41 Ce sont les neurones du cerveau qui
01:43 sont touchés, mais les neurones
01:45 de la moelle, ils ne sont pas
01:46 touchés. Donc, qu'est-ce qu'on va
01:48 faire ? On va court-circuiter
01:50 le cerveau.
01:51 On va faire une espèce de pont au
01:52 dessus et on va aller stimuler
01:54 directement la moelle
01:56 des patients.
01:57 Et donc, c'est formidable.
01:58 Qu'est-ce qu'ils ont fait ?
01:59 Ils ont pris, ils ont...
02:01 Je vous raconte ça simplement,
02:02 c'est des années de recherche.
02:04 Ils ont fait une petite lame comme
02:07 ça, une petite plaque
02:08 avec 16 électrodes dessus.
02:10 Ils ont relié ça à un générateur
02:13 et un simulateur.
02:14 Il y a une batterie.
02:15 Donc, on appose
02:16 la petite lame.
02:18 Donc là, on le voit sur
02:20 la moelle épinière.
02:21 On appose cette petite lame avec
02:23 les électrodes sur la moelle
02:24 épinière et le générateur, et ça
02:26 va aller stimuler les muscles.
02:27 Mais autre idée de génie,
02:29 c'est qu'au lieu de stimuler par
02:31 bloc musculaire, ils vont
02:33 stimuler à la fois dans
02:35 l'espace et dans le temps.
02:36 C'est-à-dire qu'on va avoir
02:37 vraiment tous les mouvements fins
02:40 de la marche.
02:41 C'est-à-dire qu'en fait, on va
02:42 reproduire réellement en
02:44 stimulant non pas un
02:46 bloc entier de muscles, mais
02:47 vraiment et dans le temps.
02:49 Et vous savez qu'il y en a un qui
02:51 se met en marche en premier, puis
02:52 après un autre.
02:53 Mettre en marche, c'est le cas de
02:53 le dire. En premier, puis après
02:55 un autre, puis après un autre.
02:56 Eh bien là, ils ont réussi ce
02:58 deuxième exploit d'arriver à
03:00 faire ça.
03:00 Et donc, ça a été fait sur un
03:02 patient de 62 ans,
03:04 Marc, un bordelais, qui a été
03:07 opéré il y a deux ans.
03:08 Ce patient, il a été touché
03:10 par la maladie de Parkinson à
03:12 l'âge de 36 ans.
03:13 Voyez, on peut être atteint jeune.
03:15 Et lui, la maladie a eu une longue
03:17 évolution et il finissait par
03:19 chuter trois, quatre fois par
03:21 jour.
03:22 Et d'ailleurs, il n'était plus...
03:24 Il était en fauteuil roulant
03:25 parce que sa vie était
03:26 insupportable.
03:27 En plus, vous vous désocialisez
03:28 quand vous chutez comme ça, quand
03:30 vous ne pouvez plus marcher, quand
03:31 vous ne pouvez plus rien faire.
03:32 Finalement, on s'isole.
03:33 On imagine tous les troubles que
03:35 ça peut avoir.
03:36 Eh bien, ce patient, on le voit
03:37 maintenant avec,
03:38 évidemment, de la rééducation,
03:40 mais on voit bien qu'il arrive
03:42 à marcher.
03:43 Il n'a pratiquement plus de chute.
03:45 Il y en a encore... Il y en avait
03:46 cinq par jour.
03:46 Là, il y en a trois à quatre par
03:48 semaine.
03:48 C'est le cerveau qui commande.
03:49 Alors, la commande, elle vient
03:51 toujours du boss.
03:51 Mais on a court-circuité
03:53 les neurones et on a fait
03:55 directement, à partir de la
03:57 zone du bas de la moelle épinière,
03:58 qui commande la marche.
04:00 Il y a un intermédiaire entre le
04:00 cerveau et la moelle.
04:01 Comme les neurones de la moelle,
04:04 eux, ils ne sont pas touchés, ils
04:05 sont allés stimuler directement
04:07 les neurones du bas de la moelle
04:09 épinière qui sont en charge de la
04:11 marche.
04:12 Et voilà. Et ce patient remarche.
04:13 Et alors, autre surprise à
04:15 laquelle les chercheurs ne
04:17 s'attendaient pas.
04:18 On sait que quand on fait
04:19 travailler...
04:20 Pardon.
04:21 Pardon, Gauthier.
04:22 Quand on fait de la
04:23 musculation, par exemple, avec le
04:26 bras gauche, on sait que ça va
04:27 stimuler le bras droit un petit
04:29 peu. Ça va le muscler aussi.
04:30 On savait qu'il y avait une
04:31 question dans les muscles de
04:32 symétrie.
04:33 Mais là, on s'est aperçu qu'en
04:35 faisant marcher ce patient, eh
04:37 bien, on a restimulé aussi le haut
04:39 du corps.
04:40 C'est-à-dire qu'il a plus de
04:41 mobilité et de facilité, même au
04:43 niveau des bras.
04:44 Donc, voilà. Enfin, c'est
04:45 incroyable.
04:46 C'est un espoir pour les
04:47 parkinsoniens.
04:48 Il va y avoir six patients.
04:50 Il va y avoir six patients traités
04:51 en 2024 entre New York,
04:53 Lausanne et Bordeaux.
04:55 Et vous savez, on
04:56 reste toujours très prudent sur les
04:58 espoirs. Mais là, on pense que
05:00 d'ici cinq ans, on pourrait
05:02 tout de même équiper les patients
05:04 de cette neuroprothèse.
05:06 Je précise juste, le patient,
05:08 elle n'est pas en marche tout le
05:10 temps. C'est le patient qui décide
05:11 de la mettre en marche ou de
05:13 l'arrêter. Et la nuit, quand il
05:14 dort ou quand il veut rester assez
05:16 longtemps, il l'arrête.
05:17 C'est lui qui décide, évidemment.
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