• l’année dernière
Xerfi Canal a reçu Anne Stevenot, professeur des Universités à l'IAE de Nancy (Université de Lorraine), Directrice du CEREFIGE, et Membre du Réseau R2E – Recherche & Expertise en Entrepreneuriat, pour parler du capital investissement.

Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

En savoir plus sur le Réseau R2E – Recherche & Expertise en Entrepreneuriat https://r2e.univ-lorraine.fr/

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Transcription
00:00 Bonjour Anne St-Venot. Bonjour Jean-Philippe Denis.
00:13 Anne St-Venot, vous êtes professeure des universités à l'université de Lorraine,
00:16 vous êtes directrice du CEREFI, le centre de recherche en gestion.
00:18 Anne St-Venot, vous êtes membre du réseau R2E. C'est à ce titre que je viens vous voir aujourd'hui.
00:22 Je suis entrepreneur et je me demande s'il n'est pas temps que j'ouvre mon capital et que j'aille
00:26 chercher des investisseurs. Qu'est-ce que je dois avoir en dette ? Effectivement, parfois c'est
00:30 nécessaire, cela devient nécessaire très souvent pour financer le développement de son entreprise.
00:36 L'endettement ne suffit plus. Les investisseurs vont intervenir en fonds propres ou quasi fonds
00:44 propres et donc devenir des actionnaires pour une durée limitée, 7 ans en moyenne. C'est comme un
00:49 couple, un mariage finalement, que vous engagez à durée déterminée. Avec forcément des incidences,
00:58 c'est-à-dire que vous allez devoir rendre des comptes, notamment, c'est la logique disciplinaire.
01:02 Je suis moins libre que quand j'étais célibataire.
01:04 Il y aura du reporting, il y aura des indicateurs, il y aura des échanges réguliers, mais c'est
01:10 aussi la fin d'une solitude, d'un isolement. C'est partager la réflexion, c'est échanger des
01:17 connaissances, des expertises, c'est avoir recours à d'autres réseaux, donc il y a des enjeux
01:24 également qu'on qualifie cognitifs. C'est épouser une nouvelle famille.
01:28 C'est épouser une nouvelle famille. Évidemment, c'est une relation à durée déterminée et parfois
01:36 il y a des conflits, notamment à l'approche de la sortie. C'est un peu comme dans les couples,
01:42 c'est au moment de la séparation que les choses se compliquent, sauf qu'ici, cette sortie,
01:46 cette fin, cette séparation, elle est prévisible, elle s'anticipe et c'est au moment du pacte
01:51 d'actionnaire qu'on négocie en amont qu'il va falloir être particulièrement vigilant pour
01:55 que ça se passe de la meilleure manière possible. On sait que deux couples ne se ressemblent pas.
02:00 Est-ce que finalement les investisseurs, si je dois me mettre en couple avec un investisseur,
02:03 quel type de profil je peux m'attendre à trouver ?
02:06 Alors effectivement, il y a plusieurs profils d'investisseurs et la relation entre le dirigeant
02:12 et l'investisseur ou les investisseurs ne sera pas la même selon les profils d'investisseurs.
02:16 Il y a des investisseurs publics, para-publics,
02:18 Plutôt rassurants.
02:19 Plus rassurants, plus patients, avec des enjeux qui ne sont pas que financiers. On va avoir des
02:24 filiales de banques régionales qui interviennent souvent avec les investisseurs publics. On va
02:28 avoir des indépendants nationaux, internationaux qui sont plus exigeants, avec des horizons plus
02:33 courts. Souvent, on va mettre en place des LBO aussi en même temps. Et puis, on va avoir également
02:38 le CVC, le Corporate Venture Capital avec des enjeux plus stratégiques de captation d'une
02:43 innovation, d'une technologie aussi pour la maison de mer. Alors, il y a le profil de l'investisseur
02:50 qui va jouer, mais il va aussi y avoir la répartition forcément du capital. Et est-ce
02:54 qu'on fait intervenir un seul investisseur ou plusieurs ? Est-ce qu'ils vont être majoritaires,
03:00 minoritaires à plusieurs ? Alors, il y a des dirigeants qui, par expérience, ont vraiment
03:05 choisi une stratégie qui est d'avoir recours à plusieurs investisseurs plutôt qu'un seul,
03:11 de façon à enrichir la relation, les échanges, mais aussi avec une stratégie du diviser pour
03:20 mieux régner. Il ne faut jamais que j'oublie que les investisseurs, Valet, Queljeune, Tourne,
03:24 sont polygames eux-mêmes, c'est-à-dire qu'ils ont plusieurs investissements et donc se penser
03:28 aussi dans cette situation éventuellement à devenir polygames. Parce que n'avoir qu'un seul,
03:33 ça peut être dangereux. Absolument, le polyamour. Bien sûr. Et alors, finalement, pour laisser dur ou
03:37 les convaincre ces investisseurs ? Alors, les investisseurs vont s'attacher à des éléments,
03:42 évidemment, objectifs au travers du business plan, mais il y a aussi des dimensions plus
03:45 psychologiques. J'ai envie de dire « surtout » même, non ? Et certainement, surtout. Il y a un adage
03:49 dans la profession « ce qui compte en un, c'est les hommes, en deux, c'est les hommes, en trois,
03:53 c'est les hommes ». Donc, ils vont également regarder un certain nombre de signaux, éléments
03:57 de langage, culture de gestion, management, ouverture à l'échange aussi. Ce sont des
04:01 éléments qui vont compter. Et puis, il y a quelque chose qu'il faut remettre en question aussi,
04:06 et c'est important de le savoir, c'est l'idée que les dirigeants auraient du mal à trouver des fonds
04:12 pour financer leurs projets. Ce n'est pas toujours le cas. Il y a des cycles économiques régulièrement,
04:17 où c'est plutôt l'inverse. Il y a plus de capital à investir que de bons projets. Donc,
04:21 ça, ça va avoir pour conséquence souvent de faire que l'entreprise va se vendre cher,
04:26 plus cher peut-être que ce qu'elle ne vaut. Alors, le dirigeant peut se dire « super,
04:30 c'est génial », sauf que ça peut être un piège parce que si les résultats ne sont pas au rendez-vous
04:35 ensuite, les investisseurs, qui sont d'autant plus exigeants, vont durcir leur position et ça
04:42 peut être un refus, un gel des investissements, un refus de remettre au pot, des restructurations,
04:50 des gels de salaire, et donc ça peut précipiter les difficultés pour l'entreprise. Les pessimistes
04:55 diront que les histoires d'amour finissent mal en général, les optimistes diront que c'est
04:59 quand même beau une histoire d'amour. Exactement, ça mérite quand même d'être vécu. Mais ce qui
05:02 est sûr, c'est que c'est jamais anodin. Clairement. Merci à vous, Anne Slievenow.
05:05 Merci Jean-Philippe Denis.
05:06 Merci à vous.
05:19 ♪ ♪ ♪

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