Jaleh Bradea reçoit Yann Arthus-Bertrand, photographe, réalisateur et président de la fondation GoodPlanet. L’organisation sensibilise aux enjeux écologiques, sociaux et solidaires à travers des évènements artistiques et culturels. La Fondation GoodPlanet axe son action autour de 5 grandes thématiques : la biodiversité, l’agriculture durable, l’énergie propre, les déchets et l’éducation. Une action dans le prolongement des valeurs portées par Yann Arthus-Bertrand dans ses œuvres. Le militant engagé parle de la Terre, de son environnement mais aussi du rôle des humains dans ses combats actuels.
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00:06 -Bonjour et bienvenue dans "Envie d'agir",
00:09 où je suis particulièrement heureuse d'accueillir
00:12 aujourd'hui Yann Arthus-Bertrand.
00:14 Bonjour, cher Yann. -Bonjour.
00:16 -Ca fait longtemps qu'on a envie de vous avoir dans "Envie d'agir",
00:20 depuis le début, depuis la saison 1.
00:22 Vous êtes militant écologiste,
00:24 président de la fondation Goûts de planète,
00:27 réalisateur, reporter,
00:29 photographe.
00:30 Il y a encore d'autres choses,
00:32 mais si on mettait tout ça dans l'ordre,
00:34 qu'est-ce qu'il remonterait ? -Peut-être réalisateur.
00:38 Je dois reconnaître que la puissance du cinéma
00:40 et des films m'intéressent, et j'ai la chance inouïe
00:43 de faire les films que j'ai envie de faire.
00:46 C'est formidable. Je vais là où est mon intérêt.
00:49 C'est vraiment un métier... Je dis souvent que je vieillis pas,
00:52 je grandis. -Je suis d'accord avec vous.
00:54 Moi aussi, je grandis. -Tous les jours,
00:57 je me réjouis, j'apprends, je deviens meilleur.
00:59 Il y a du chemin à faire. -Et effectivement,
01:02 le grand public, je pense, vous a connu en 1999
01:05 avec la sortie de ce livre magnifique et très grand
01:08 "La Terre vue du ciel".
01:09 Photo extraordinaire du monde.
01:11 Qu'est-ce qui vous a emmené vers ce désir de photo ?
01:14 C'est la beauté ? -D'abord,
01:16 quand j'étudiais les Lyons avec ma femme au Kenya,
01:19 il y a très longtemps, quand j'avais 30 ans,
01:21 pour gagner ma vie, j'étais pilote de montgolfière.
01:24 Je me suis dit que la photographie aérienne
01:27 amenait une dimension supérieure à la photo du sol.
01:30 C'est à l'époque aussi, on n'avait pas sur nos téléphones
01:33 la photo de nos maisons, il n'y avait pas Google Earth.
01:36 Je suis rentré là-dedans. En 1999,
01:38 quand il y a eu la conférence de Rio,
01:40 j'ai voulu préparer un grand travail pour l'an 2000.
01:43 On a fait "La Terre vue du ciel".
01:45 Ca m'a ouvert le coeur d'une façon incroyable.
01:47 J'étais parti pour montrer la beauté du monde.
01:50 Je suis parti pour expliquer la Terre.
01:53 La première photo que je faisais, c'est ce que je racontais.
01:56 Quand on commence à creuser, c'est souvent des chiffres inquiétants.
02:00 La chance que j'ai eue inouïe. Le livre est devenu un succès
02:03 très vite, assez naturellement, à cause des libraires.
02:06 Surtout, les musées ont tous refusé les photos.
02:09 On a inventé les expos dans la rue, à Paris, rue de Médicis.
02:12 -Au tour du Jardin du Luxembourg. -On en a fait 250 dans le monde.
02:16 -Est-ce que vous pensez que si vous deviez refaire ce livre,
02:20 il y a des paysages qui seraient résolument différents ?
02:23 -Non, pas vraiment.
02:25 Mais aujourd'hui, je dois reconnaître que la beauté
02:28 qui m'intéresse, c'est les gens qui s'engagent.
02:31 C'est la beauté des gens qui m'intéresse.
02:33 C'est la beauté qui... Peut-être plus l'amour.
02:36 Aujourd'hui, la beauté...
02:37 Bien sûr que la beauté existe, je ne vais pas m'en priver,
02:41 mais la beauté des gens qui font, c'est plus intéressant.
02:44 -Vous me tendez la perche. C'est ma prochaine question.
02:47 Dans la version de vos films, "On se filme",
02:50 entre 2009 et 2023, ça commence avec la Terre,
02:52 mais on voit que ça va vers l'humain.
02:55 Vous aviez "Homme" en 2009,
02:57 après "Planète océan",
03:00 puis "Human" en 2015,
03:02 puis "Woman" en 2020,
03:04 et maintenant, aujourd'hui, jusqu'à "La France",
03:07 "Une histoire d'amour", en 2023.
03:09 Donc, effectivement, on est parti de la Terre, de la planète,
03:13 aux personnes, peut-être de l'écologie à la philanthropie.
03:17 -Etre écolo, c'est d'aimer la vie, tout simplement.
03:19 La vie, c'est tout ce qui vit sur Terre,
03:22 les oiseaux, les gens, il ne faut pas oublier ça.
03:25 C'est un ensemble. -Tout à fait.
03:26 -On travaille sur un film sur les migrants.
03:29 C'est le dernier volet, "Human", "Woman" et "Les migrants",
03:32 qui parle de réchauffement climatique,
03:35 de la puissance, de la force de ces gens
03:37 qui vont enrichir nos pays.
03:39 -Vous savez pourquoi vous êtes passé de la Terre
03:42 aux gens, à l'amour ?
03:44 -Je pense que c'est une évolution naturelle.
03:47 Et...
03:48 Plus ça va, plus j'aime les gens.
03:52 C'est assez curieux. Je ne suis pas du tout en colère.
03:55 J'ai essayé de comprendre.
03:56 Et...
03:58 D'abord, ça vient d'un...
04:00 Le film "Human", il y avait 6 milliards d'autres
04:03 qu'on avait montrés au Grand Palais.
04:05 Un jour, je suis tombé en panne d'hélicoptère
04:07 dans un village en Afrique.
04:09 Les agriculteurs de subsistance, les gens qui ne vendent rien,
04:12 qui font beaucoup d'enfants pour avoir des bras,
04:15 pour nourrir leur famille.
04:17 Je suis resté 3 jours dans une famille qui m'ont tout donné.
04:20 Ils m'ont raconté leur vie.
04:22 C'était des gens qui étaient très loin de ma façon de vivre.
04:25 Ils ne savaient pas lire, pas écrire,
04:27 loin de tout, ne connaissant rien du monde.
04:30 Et si proche de moi.
04:31 Ils voulaient un bel avenir pour leurs enfants,
04:34 peur de la mort, toutes ces choses importantes.
04:36 Je me suis dit, dans mon travail sur la Terre,
04:39 il me manque la parole des gens.
04:41 D'avoir écouté les gens, ça m'a transpercé le coeur.
04:44 -On est tous les mêmes.
04:46 Tous ces gens qui vous...
04:47 C'est toi qui parles.
04:49 -Exactement. Regardons le film en gestation en ce moment,
04:52 "Sur les réfugiés".
04:53 Je propose qu'on regarde un extrait ensemble.
04:56 ...
05:18 -Marco, tu vas te faire un bourg-bourg.
05:21 -Je suis enceinte. Je suis enceinte.
05:23 -J'ai perdu toute ma famille.
05:25 -C'est pour ça que je n'ai pas de chaleur.
05:27 -Je n'ai pas de chaleur.
05:29 -Ca devient de plus en plus compliqué.
05:32 -Par la corruption.
05:33 -Il y a des problèmes de la vie.
05:35 -Ils m'ont dit que si je revenais, ils allaient me tuer.
05:39 -Ils m'ont arrêté.
05:41 -Il y avait le chef du village qui voulait me tuer.
05:45 -Pour le divorce.
05:47 -Parce que je ne pouvais pas avoir une amie libre.
05:51 -Il était stressé.
05:53 -Au final, j'avais envie de faire des études,
05:57 de devenir ce que je voulais.
05:59 -Il avait très peur.
06:01 Il avait très peur.
06:03 ...
06:28 -On est tous des enfants.
06:30 C'est l'histoire du monde, cette ronde infernale
06:33 où on cherche une meilleure vie.
06:35 -C'est ce qu'on voit.
06:37 Le réfugié devient une personne qui nous ressemble.
06:40 -Je veux montrer les réussites,
06:42 comment les gens s'installent,
06:44 comment ils sont incognites.
06:46 Ce qu'ils aiment de fort.
06:48 -Entre les visages de la France
06:50 et ces beaux visages qu'on voyait de partout dans le monde,
06:54 est-ce que ces visages se ressemblent ?
06:56 Peuvent-ils s'aimer ?
06:58 -Je suis toujours étonné de la force de ces femmes
07:02 qui nous parlent droit dans les yeux.
07:04 C'est pas elles qui parlent, c'est toi qui parles.
07:08 Pour parler des réfugiés,
07:09 j'aide une bonne soeur à Brazzaville,
07:12 qui est en orphelinat.
07:13 Tous ces gosses qui, aujourd'hui, par Internet,
07:16 regardent comment on vit,
07:18 ils savent très bien quel est le salaire moyen,
07:21 qu'ils vivent dans un pays sans démocratie,
07:24 sans services de santé, sans éducation,
07:26 sans accès à un système de soins,
07:28 sans accès à un système de soins,
07:31 sans accès à un système de soins,
07:33 sans accès à un système de soins,
07:35 sans accès à un système de soins,
07:37 sans accès à un système de soins,
07:40 sans accès à un système de soins,
07:42 sans accès à un système de soins,
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