Le témoignage de Delphine, bipolaire de type 2
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00:00J'avais un stage de danse et tout le week-end je suis rentrée du stage et je disais je veux mourir, je veux mourir, je veux mourir.
00:06Bonjour, je m'appelle Delphine et je suis là pour parler de bipolarité.
00:09J'ai été dans le déni pendant 10 ans.
00:11J'ai passé mes nuits à ne pas dormir, ça c'est un gros symptôme, ne pas dormir et ne pas être fatigué.
00:18Sauf qu'après on le paye très cher.
00:20Dans ma période de déni, j'ai fait une tentative de suicide sans le savoir, ce qui est quand même assez drôle.
00:25A l'époque, je n'allais pas très bien, j'étais en prépa, c'était vraiment difficile.
00:31Pour plein de raisons, je suis arrivée à un moment donné où dans ma tête, il y a eu ce trop-plein.
00:38Et je me souviens très bien de ce que j'ai eu comme pensée, c'était je ne sais pas comment exprimer ce mal-être.
00:45La seule chose que j'ai trouvée, c'est de mettre en scène une simulation de je vais me jeter par la fenêtre.
00:55pour qu'on puisse comprendre que je vais vraiment mal.
01:02Mais dans ma tête, je ne voulais pas mourir.
01:05Sauf que dans la pratique, enjamber une balustrade du cinquième étage, ce n'est pas vraiment une chose à faire.
01:10A l'époque, oui, ma famille, mes proches, et même moi-même, on ne s'en rendait pas compte.
01:15Et vu que la société veut qu'on soit dans des cases, ça a souvent été calme-toi quand je suis trop haut.
01:22Et arrête de faire ton caliméro.
01:25Allez, il faut se bouger un peu, etc.
01:27Je me faisais du mal aussi, c'est-à-dire qu'il a fallu me couper les ongles parce que j'utilisais mes ongles pour m'ouvrir la peau.
01:35Et là, pour le coup, j'ai refait une tentative de suicide grave.
01:41Le lendemain, on appelait mon psychiatre, il m'arrêtait et ils m'ont emmenée aux urgences psychiatriques.
01:49Quand je suis arrivée auprès de ce psychiatre, je lui ai raconté un peu ce que je faisais, ce qui s'était passé.
01:56Et à ce moment-là, il m'a donné un long questionnaire et j'ai fait le test.
02:02J'ai donc ce trouble bipolaire de type 2.
02:04La bipolarité de type 1, c'est une alternance d'états dépressifs et d'états qu'on appelle maniaques.
02:11Donc c'est des états vraiment d'euphorie.
02:13Alors que la bipolarité de type 2, il y a toujours les états dépressifs, dommage.
02:17Mais les états hauts, on va dire, c'est des hypomanies.
02:23Donc ça ne veut pas dire que c'est moins fort qu'une manie, c'est juste qu'on garde quand même le contact avec le réel.
02:29Là, je me suis dit, ah, ça y est, donc bipolaire, ok.
02:36Ça correspond à ce que je ressens, à ce qui se passe, etc.
02:40Oui, ça m'a fait un peu l'effet de Frodo à la fin de la quête de l'anneau.
02:43Et je suis enfin libre de pouvoir être moi-même.
02:46Tout ce que je fais a un sens, parce que c'est moi.
02:50Je suis passée aujourd'hui au lithium, qui marche très très bien.
02:54C'est vraiment un régulateur d'humeur pour le coup.
02:56Ça fait un an et demi à peu près que je suis stable en humeur.
03:00Disons que je n'ai pas fait de gros épisodes.
03:02Ça ne va pas altérer mon humeur, ça va juste couper le trop-plein.
03:06Tout ce qui est délétère pour moi, ça va le couper.
03:10Mais par contre, j'ai gardé quand même ma sensibilité.
03:14Ce côté où je peux m'émerveiller d'une feuille, je l'ai toujours.
03:17La bipolarité, c'est 50% les médicaments et 50% l'environnement.
03:24Donc j'étais d'accord pour les médicaments et la partie 50%.
03:27Et la partie environnement, ça voulait dire tout ce qui est bien dormir, bien manger,
03:32faire du sport ou une activité physique.
03:34En plus, j'ai la chance d'être comédienne qui me permet vraiment de m'éclater à faire de la voix,
03:39à incarner des personnages.
03:43Et ça, vraiment, tout ce qui est artistique, en règle générale,
03:48c'est quelque chose qui me fait énormément de bien.