Les Dossiers Macabre de Joseph Naso

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La police découvre un journal intime dans lequel Joseph Naso, un voleur de 76 ans, dresse la liste des femmes qu'il a violées. Pourra-t-elle prouver sa culpabilité à temps ?....

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00:00:00 Tout a commencé par un contrôle de mise à l'épreuve chez un retraité condamné pour vol.
00:00:09 C'était comme un film d'horreur.
00:00:15 On parle d'un homme de près de 80 ans qui passe son temps à habiller des mannequins,
00:00:23 avec de la lingerie.
00:00:27 Les nécrophiles ne sont pas uniquement attirés par les cadavres.
00:00:34 Il a dessiné une ligne sur les bas pour que ça ressemble à une couture.
00:00:39 Le charme, c'était sa meilleure arme.
00:00:43 Des dizaines de femmes ont été ses victimes.
00:00:45 C'est l'affaire la plus complexe de toute ma carrière.
00:00:50 On était face à un monstre, mais on n'avait aucune idée de l'ampleur de cette affaire.
00:00:58 Elle a été jetée comme un tas d'ordures.
00:01:01 Ma mère a été retrouvée dans un sac plastique noir.
00:01:05 Et puis on a trouvé la liste.
00:01:08 Elle a pleuré.
00:01:20 J'ai aimé ça.
00:01:22 Elle a pleuré.
00:01:23 La liste de 10 a ouvert la boîte de Pandore.
00:01:26 J'ai été enquêteur dans différentes forces de police pendant 26 ans.
00:01:54 En travaillant pour la brigade criminelle, j'ai arpenté le Nevada en long et en large.
00:02:01 En décembre 2008, un homme âgé appelé Joseph Naiso s'est rendu dans la ville de South
00:02:10 Lake Tahoe, en Californie.
00:02:12 Et il a tenté de sortir d'un supermarché sans payer, avec un caddie plein d'alcool
00:02:19 et de nourriture.
00:02:21 Mais il a été arrêté et un juge l'a condamné à un an de mise à l'épreuve.
00:02:25 On est devant la maison où Joseph Naiso habitait à l'époque de sa mise à l'épreuve.
00:02:48 En gros, il devait se faire oublier et il y avait plusieurs conditions à remplir.
00:02:55 Il n'avait pas le droit de boire de l'alcool en quantité excessive, ni d'être en possession
00:03:00 d'une arme, de tout ce qui pourrait être considéré comme une arme dangereuse.
00:03:04 Et tout le monde s'accordait à dire qu'il ne posait pas de problème.
00:03:07 Donc les autorités judiciaires considéraient que le risque de récidive était faible.
00:03:12 Et comme malheureusement les contrôleurs judiciaires sont débordés, avec plus de
00:03:20 100 dossiers à suivre chacun, Joseph Naiso ne faisait pas partie des priorités pour
00:03:27 ce qui est des visites et des contrôles.
00:03:28 En février 2010, le dossier de M.
00:03:35 Naiso est confié à un nouveau contrôleur judiciaire qui s'appelle Wesley Jackson.
00:03:40 Et le 13 avril 2010, l'agent Jackson vient à l'improviste à la maison de M.
00:03:46 Naiso pour faire un contrôle à domicile.
00:03:48 À l'intérieur de la maison, l'agent Jackson découvre deux pièces fermées à clé.
00:04:02 Il y a des loquets en métal et des cadenas à l'extérieur.
00:04:14 Donc l'agent Jackson commence à soupçonner M.
00:04:19 Naiso de cacher quelque chose.
00:04:21 Il exige de pouvoir accéder à ces deux pièces.
00:04:28 Et M.
00:04:29 Naiso est vraiment sur la défensive.
00:04:30 Il refuse de dire où sont les clés des cadenas.
00:04:33 C'est une violation des conditions de mise à l'épreuve.
00:04:39 Donc l'agent Jackson passe les menottes à M.
00:04:42 Naiso.
00:04:43 Là, il fait une fouille corporelle et il trouve dans ses poches une balle ainsi qu'une
00:04:50 petite annonce de journal.
00:04:51 Et cette annonce propose à la vente une arme de poing du même calibre que la balle découverte
00:04:56 par l'agent.
00:04:57 C'est une autre violation des conditions de mise à l'épreuve.
00:05:00 Donc l'agent Jackson met M.
00:05:04 Naiso en état d'arrestation.
00:05:05 Il demande alors du renfort pour procéder à une fouille complète de la propriété
00:05:14 de M.
00:05:15 Naiso.
00:05:16 Et c'est là que tout commence pour moi.
00:05:22 Lorsque j'arrive sur place, on est obligé de passer par-dessus la clôture pour accéder
00:05:29 au jardin parce que M.
00:05:31 Naiso a condamné la porte d'entrée avec des planches.
00:05:33 Dans la cuisine, il y a une odeur de poubelle.
00:05:43 Le salon est entièrement plongé dans l'obscurité.
00:05:52 La maison est extrêmement encombrée.
00:05:55 Il y a des piles de journaux, de notes, de calendriers qui remontent à des années et
00:06:04 des années.
00:06:05 On trouve des cartes de visite.
00:06:10 Joseph Naiso, photographe.
00:06:11 Et des photos en noir et blanc où il pose avec un appareil.
00:06:16 On trouve des piles de livres et de magazines de faits divers avec des images de femmes
00:06:27 ligotées et baïonnées, plus ou moins dévituées.
00:06:30 Sur la couverture d'un magazine, on voit une femme qui semble décédée et le titre
00:06:36 est « Soit mon esclave sexuel ou soit mon cadavre ».
00:06:39 On trouve les clés pour accéder aux deux pièces fermées.
00:06:47 On y découvre des mannequins.
00:07:08 Il y a des mannequins dans le placard, dans les coins de la pièce.
00:07:14 Et ils sont tous sans tête.
00:07:17 Parfois, il n'y a que des jambes.
00:07:22 On trouve des jambes dans des valises.
00:07:24 On ouvre une valise et il y a deux jambes à l'intérieur.
00:07:30 C'est extrêmement bizarre de trouver ça chez quelqu'un.
00:07:35 Et c'est encore pire quand on va voir le garage.
00:07:40 Il y a une dizaine de mannequins qui portent des bas, des petites culottes, des porte-jartelles.
00:08:01 Un des mannequins semble suspendu à un noeud coulant.
00:08:05 C'est extrêmement malsain.
00:08:12 On parle d'un homme de près de 80 ans qui passe son temps à habiller des mannequins
00:08:22 dans son garage, dans sa maison isolée, dans le désert du Nevada.
00:08:26 Et il les habille avec de la lingerie.
00:08:30 Et ça ne s'arrête pas là.
00:08:36 Dans toutes les pièces de la maison, il y a des piles de photos.
00:08:43 Des milliers de photos représentant des femmes de tout âge.
00:08:49 Et elles portent presque toutes des bas.
00:08:52 Des bas résilles, ou bien des bas avec la couture à l'arrière.
00:08:57 C'était des images érotiques, représentant des femmes plus ou moins dévêtues, parfois
00:09:07 nues.
00:09:08 Parfois du bondage, ce genre de choses.
00:09:12 Mais il y a surtout une chose qui a retenu l'attention des enquêteurs.
00:09:18 Plusieurs photos représentent des femmes qui semblaient être soit inconscientes, soit
00:09:27 décédées, au moment où la photo avait été prise.
00:09:30 Et il y en a des milliers.
00:09:34 Jusque là, tout ce que les policiers trouvent dans la maison est bizarre et malsain.
00:09:44 Mais il n'y a rien de vraiment criminel.
00:09:46 Sur une petite table à manger, je trouve un écritoire en métal, avec des rangements
00:09:56 pour y glisser des rapports ou des feuilles.
00:09:58 Et je découvre plusieurs pages de notes, écrites à la main par M.
00:10:04 Nayso.
00:10:05 C'est une énumération de dizaines de cas.
00:10:09 Joseph Nayso raconte toutes les agressions sexuelles qu'il a commises.
00:10:13 Il y a un ordre chronologique.
00:10:18 D'abord les années 50, ensuite les années 60, 70 et ainsi de suite.
00:10:22 Salina Kansas, une fille rencontrée au studio de danse Fred Astaire.
00:10:29 Très jolie, avec des jambes magnifiques, bas nylon, talons.
00:10:33 J'ai dû la violer dans ma voiture par une froide nuit d'hiver, mercurie 1947.
00:10:37 Il note le modèle de la voiture.
00:10:39 Jolie fille, rencontrée sur Main Street.
00:10:44 17 ans seulement.
00:10:46 Je l'ai fait monter dans une chambre d'hôtel, je l'ai fait boire.
00:10:49 Je lui ai bien donné, 1958.
00:10:53 Fille rencontrée dans le bus, en allant à Kansas City.
00:10:58 Très jolie fille rencontrée au bal.
00:11:01 Fille prise en auto-stop à Buffalo.
00:11:03 Une bonne pipe.
00:11:05 Je l'ai prise sur le siège avant.
00:11:07 Je l'ai fait boire, je lui ai bien donné.
00:11:10 J'ai dû la violer par terre.
00:11:12 J'ai dû la forcer, elle a pleuré mais pas moi.
00:11:15 J'ai aimé ça.
00:11:17 Par la suite, on a appelé ces notes les carnets de viol.
00:11:22 Donc à ce moment là, compte tenu de tout ce que j'ai vu dans la maison, les photos,
00:11:28 les notes, les mannequins, je pense avoir affaire au minimum à un violeur en série.
00:11:35 Tout a commencé par un contrôle de mise à l'épreuve chez un retraité condamné
00:11:43 pour vol.
00:11:44 Ensuite, dans la maison, les policiers découvrent une scène d'horreur.
00:11:50 Et puis ils trouvent un dernier élément.
00:11:54 Sur une petite feuille de papier, on découvre une liste, écrite à la main.
00:12:02 Et il y a dix numéros avec de vagues références à des endroits, mais pas de noms.
00:12:07 C'est presque comme une liste de course, une sorte d'aide mémoire.
00:12:15 En numéro un, il y a "Fille près de Helzberg, comté de Mandocino".
00:12:21 Numéro deux, "Fille près de Port Costa".
00:12:24 Numéro trois, "Fille près de Loganitas".
00:12:28 "Dame au 839 Leavenworth".
00:12:32 C'est une énumération.
00:12:34 Fille, fille, dame, fille, fille.
00:12:38 Mais quand j'essaie de comparer avec les carnets de viol, je ne trouve pas de correspondance.
00:12:45 Cette liste de dix ne se retrouve pas ailleurs.
00:12:49 Est-ce que ce sont des femmes auxquelles il veut s'en prendre ? Est-ce qu'il les connaît
00:12:54 ? Est-ce qu'il est déjà passé à l'acte ? On n'en sait rien.
00:12:57 Et il y a dix numéros dans cette liste.
00:13:00 On a appelé ça la liste des dix.
00:13:05 Dès le départ, on a eu le sentiment de faire face à un prédateur, une sorte de monstre.
00:13:12 Mais on n'avait aucune idée de l'ampleur de cette affaire.
00:13:16 La liste de dix a ouvert la boîte de Pandore.
00:13:19 J'avais déjà fouillé des maisons.
00:13:35 J'avais travaillé sur beaucoup d'homicides, des agressions sexuelles.
00:13:39 Mais je n'avais jamais rien vu de tel.
00:13:41 C'était bizarre et malsain.
00:13:45 Les mannequins en lingerie, les livres sur des faits divers, les carnets de viol, l'ensemble
00:13:54 nous donne l'impression d'avoir affaire à un délinquant sexuel, potentiellement multirécidiviste.
00:14:00 Et il y a la liste des dix.
00:14:03 On ne sait pas de quoi il s'agit.
00:14:09 Est-ce que c'est juste les divagations d'un vieil homme ?
00:14:14 De un à dix, c'est "fille" avec un nom de lieu.
00:14:21 Et les policiers ne savent pas de quoi il s'agit.
00:14:23 Ce qui est clair, c'est qu'il faudra un énorme travail d'enquête pour essayer de retrouver
00:14:27 toutes les victimes.
00:14:28 C'est une enquête qui peut nous amener très loin du Nevada, à l'autre bout des États-Unis.
00:14:37 Donc, quand on a réalisé l'ampleur de cette affaire, on a commencé à former une équipe
00:14:42 spéciale, le groupe de travail NACO.
00:14:46 C'est l'affaire la plus complexe de toute ma carrière et celle qui m'a demandé le
00:14:52 plus d'investissement personnel.
00:14:53 Lorsque les autorités judiciaires du Nevada ont exécuté le mandat de perquisition, des
00:15:02 milliers de photos et de documents ont été saisis et considérés comme des pièces à
00:15:07 conviction.
00:15:08 Honnêtement, je pense que la seule chose qu'on a laissée dans la maison, c'était
00:15:13 le réfrigérateur.
00:15:14 Quelques jours après l'arrestation de M.
00:15:32 Nassau, Judith Nassau, son ex-femme, lui rend visite à la prison du comté de Washoe.
00:15:37 Malgré leur divorce, ils entretiennent toujours des bons rapports et ils sont assez proches.
00:15:44 Notamment parce que Charles, leur fils cadet, a eu des problèmes de santé mentale pendant
00:15:50 ses études à l'université.
00:15:52 Il n'est pas inapte, mais un juge a décidé qu'il n'était pas en mesure de prendre
00:16:01 soin de lui-même.
00:16:04 Donc, Charles a été placé dans un centre d'accueil dans la région de Reno et la visite
00:16:12 de Mme Nassau est enregistrée.
00:16:14 Pendant leur conversation, M.
00:16:18 Nassau lui dit qu'il y a des choses dans la maison que la police ne doit pas trouver
00:16:24 et qu'il faut les récupérer.
00:16:25 Donc, M.
00:16:28 Nassau dit à son ex-femme d'envoyer Charles pénétrer dans la maison par effraction et
00:16:34 dans le tiroir d'une commode, il doit récupérer des clés de coffre se trouvant à la banque.
00:16:40 Mme Nassau refuse et M.
00:16:43 Nassau s'énerve, il commence à lui crier dessus.
00:16:46 Cela nous mène à faire la demande d'un autre mandat de perquisition et on retrouve
00:16:53 ces clés de coffre.
00:16:54 Grâce à d'autres documents saisis dans la maison, les inspecteurs savaient dans quelle
00:17:00 banque se trouvaient ces coffres.
00:17:02 Et dans le premier, ils ont trouvé 152 000 dollars en liquide.
00:17:06 L'autre coffre est dans une agence Wells Fargo qui se trouve à quelques pâtés de
00:17:12 maison et on y trouve des photos et des articles de journaux fixés sur des panneaux en carton.
00:17:19 Les photos représentent une femme qui semble inconsciente ou décédée.
00:17:28 Et de l'autre côté, il y a un article de journal sur une femme habitant le comté
00:17:35 de Yuba en Californie qui a été retrouvée morte assassinée.
00:17:39 Et cette dame s'appelle Pamela Parsons.
00:17:48 L'article retrouvé dans le coffre s'intitule "Mort suspecte d'une habitante de Linda".
00:17:58 Linda est une petite ville du comté de Yuba.
00:18:01 Or à l'époque, Joseph Neisow vivait juste à la limite du comté à Yuba City.
00:18:07 Et dans la liste des 10 retrouvés dans sa poche, le numéro 9 était "Fille de Linda".
00:18:14 C'est la première vraie piste et à ce moment-là, je commence à penser qu'il s'agit potentiellement
00:18:20 d'une liste de meurtre plutôt que d'une liste de viol.
00:18:24 Je me souviens que sur l'une des photos retrouvées, on voyait Pamela allongée sur un canapé.
00:18:33 Elle était nue et soit elle faisait semblant d'être décédée, soit elle était décédée.
00:18:41 Il y avait une autre photo similaire où elle était allongée sur le lit.
00:18:46 Elle était sur le dos, ses bras et ses jambes dépassaient et elle avait les yeux fermés.
00:18:51 Elle semblait soit décédée, soit inconsciente.
00:18:54 Prendre des photos de femmes qui posent volontairement plus ou moins des vêtus en faisant semblant
00:19:05 d'être inconsciente ou d'avoir été assassinée, c'est une chose et ce n'est pas criminel.
00:19:13 Mais prendre des photos de femmes qu'on a réellement assassinées pour réaliser ces
00:19:23 fantasmes de photographe de fait divers, c'est totalement différent.
00:19:27 Ça n'a plus rien à voir.
00:19:31 Pendant la fouille de la maison, on a trouvé des panneaux en carton empilés dans la chambre.
00:19:37 Et dessus, il y avait d'autres photos de Pamela Parsons.
00:19:41 Il était clair qu'elle avait posé.
00:19:44 Sur certaines photos, elle était nue.
00:19:47 Mais sur la plupart, elle portait de la lingerie, un égligé, une petite culotte et des bas.
00:19:55 Joseph Naiso était fétichiste des bas à l'ancienne avec la couture à l'arrière.
00:20:03 Donc s'il prenait une photo et que la couture n'y était pas, il utilisait un marqueur
00:20:10 ou un stylo pour la rajouter.
00:20:11 Le meilleur exemple, c'est la photo où Pamela Parsons se penche sur une commode.
00:20:20 Il a dessiné une ligne sur les bas pour que ça ressemble à une couture.
00:20:27 Il utilisait aussi un stylo rouge pour colorier les lèvres, comme si elle portait un rouge
00:20:34 à lèvres très vif.
00:20:35 Même sur les photos de sa femme, il coloriait les lèvres pour donner l'impression qu'elle
00:20:41 avait un rouge à lèvres très brillant.
00:20:43 J'avais deux ans quand elle est décédée.
00:20:55 Je ne savais pas ce qu'il s'était passé, mais je savais qu'elle n'était plus de ce
00:21:00 monde.
00:21:01 Je me souviens que quelqu'un m'a dit qu'elle avait été assassinée, mais on ne comprend
00:21:06 pas vraiment ce genre de choses quand on est petit.
00:21:08 Je n'ai aucun souvenir d'elle ou des circonstances de sa mort.
00:21:15 Je me souviens d'avoir été placée dans un foyer d'accueil et je ne comprenais pas
00:21:20 du tout ce qu'il se passait, pourquoi j'étais là.
00:21:23 C'est sûrement mon oncle qui était le plus proche d'elle, puisqu'il n'avait que 14
00:21:28 mois d'écart.
00:21:29 Il a dit que c'était sa meilleure amie, qu'elle était un garçon manqué, qu'elle
00:21:33 aimait les grenouilles et les salamandres.
00:21:35 Elle était très rigolote, exubérante, c'est l'idée que je me fais.
00:21:40 Et comment on dit, charismatique.
00:21:43 Peut-être que ça a attiré des gens, des mauvaises fréquentations.
00:21:47 Elle était très photogénique, magnifique, avec les cheveux bruns, les yeux marrons.
00:21:55 Je pense qu'elle savait qu'elle était très belle.
00:21:58 Le 15 septembre 1993, le compagnon de Pamela Parsons a signalé sa disparition.
00:22:10 Et le 19, un passant a découvert un corps près de Simpson Lane, dans le comté de Yuba.
00:22:18 C'était à proximité d'un verger.
00:22:21 C'est une région très rurale.
00:22:23 Finalement, le corps a été identifié comme celui de Pamela Parsons.
00:22:27 Pamela était nue, allongée sur le dos.
00:22:35 Il y avait des traces de ligatures sur sa gorge.
00:22:38 Quelque chose de fin avait été enroulé autour.
00:22:42 Peut-être du fil de fer, ou une corde.
00:22:45 Peut-être un collant.
00:22:47 Si c'était lui le meurtrier, il a échappé à la police pendant des dizaines d'années.
00:22:58 On s'est concentré notamment sur les calendriers découverts chez M. Naiso.
00:23:06 On a envoyé des copies au bureau du shérif du comté de Yuba.
00:23:12 C'était des calendriers classiques, avec des photos d'un côté, et de l'autre côté,
00:23:19 les jours du mois.
00:23:20 Et dans chaque petit carré correspondant à une journée, Joseph Naiso notait les événements
00:23:26 marquants, tout ce qui lui était arrivé.
00:23:28 J'ai rendu visite à mon fils, j'ai été à la brocante.
00:23:31 S'il recevait un coup de téléphone, il le notait.
00:23:34 S'il rencontrait une jolie femme, il le notait aussi.
00:23:37 Parfois, il marquait "très jolie fille".
00:23:41 Il était méticuleux et très soigneux pour noter tous les événements de la journée.
00:23:49 On a examiné tous ces calendriers.
00:23:53 Pamela Parsons a disparu le 15 septembre 1993.
00:24:00 Donc on a cherché cette date et la date de sa mort sur les calendriers.
00:24:05 Et le 15 septembre, il était marqué "Pris ma revanche dans une vieille histoire".
00:24:13 Sur ce calendrier, on regarde les semaines précédentes et on trouve le jour où il
00:24:18 a rencontré Pamela.
00:24:20 C'était deux semaines avant sa disparition.
00:24:23 Elle a dit à ma tante qu'un photographe lui avait proposé de poser, et elle était
00:24:31 enthousiaste.
00:24:32 Les apparences, sa beauté, ça a toujours été important pour elle.
00:24:38 Et puis, elle avançait en âge.
00:24:40 Donc c'était excitant à 34 ans d'être abordée par un photographe qui lui dit qu'elle
00:24:45 est magnifique.
00:24:46 Ma tante a essayé de la dissuader.
00:24:48 Elle lui a dit que c'était de la folie, que c'était dangereux.
00:24:51 Mais ma mère était têtue.
00:24:53 C'est une des choses que mes tantes m'ont souvent dit.
00:25:00 Elle faisait ce qu'elle avait envie de faire, et quand on lui déconseillait quelque chose,
00:25:05 elle s'en têtait encore plus.
00:25:06 Je sais ce que je fais.
00:25:09 J'ai pas besoin de tes conseils.
00:25:11 Je veux mener ma vie comme je l'entends.
00:25:13 Tout va bien se passer.
00:25:17 Sur le calendrier, il mentionne une sorte de séance photo.
00:25:26 Et il note qu'il a passé environ quatre heures avec elle.
00:25:30 En parlant de cette rencontre, il dit qu'elle est jolie, qu'elle a de belles jambes et que
00:25:36 c'est une autostoppeuse.
00:25:37 Et à la fin, il écrit de sa main, "Elle m'a volé."
00:25:43 Cela nous mène à penser que par colère, il a cherché à se venger de Pamela Parsons
00:25:52 parce qu'elle lui avait volé quelque chose.
00:25:54 La découverte de ces notes sur Pamela Parsons dans un des calendriers, c'était un énorme
00:26:01 pas en avant.
00:26:02 Pour nous, il ne faisait aucun doute que le numéro 9 de la liste, c'était Pamela Parsons.
00:26:08 C'était elle, la fille de Linda.
00:26:10 Quand on a pu établir un lien entre les photos, les articles de journaux découverts dans
00:26:18 le coffre et le numéro 9 de la liste, je me suis dit, "On est peut-être tombé sur
00:26:28 un tueur en série."
00:26:30 S'il a tué Pamela Parsons, il a peut-être tué toutes les femmes de la liste.
00:26:35 Là, on ne parle plus de quelqu'un qui va se faire taper sur les doigts à cause d'une
00:26:54 violation de sa mise à l'épreuve.
00:26:56 On a un suspect qui est potentiellement un tueur en série.
00:26:59 À ce moment-là, on est déterminés à rassembler des preuves pour inculper Joseph Naissot
00:27:07 au moins du meurtre de Pamela Parsons.
00:27:09 Mais on sait qu'il y a potentiellement 9 autres victimes dans la liste.
00:27:13 Dans le coffre de banque, on a aussi découvert 66 photos sur lesquelles on ne voit que le
00:27:25 corps des modèles.
00:27:26 On ne voit jamais la tête d'aucune de ces femmes.
00:27:29 Mais on a pu établir qu'il y avait 4 femmes différentes.
00:27:34 On roule en direction du Nord sur B Street à Marysville.
00:27:45 Joe et moi, on a été embauchés à peu près en même temps au bureau du shérif.
00:27:52 On a tous les deux débuté au grade de sergent dans la brigade criminelle et on a travaillé
00:27:59 en étroite collaboration sur cette affaire.
00:28:01 On a passé beaucoup de temps à voyager ensemble, à étudier les documents découverts chez
00:28:08 Joseph Naissot.
00:28:10 Je crois que pendant toute cette période, je voyais Joe plus souvent que ma femme.
00:28:15 En plus des photos, dans le coffre, il y avait aussi un article de 1994 du "Epil Democrate",
00:28:25 le journal local de l'époque.
00:28:28 Il y était mentionné un corps découvert au bord de la route, juste à l'extérieur
00:28:32 de Marysville.
00:28:33 Et ce corps avait été identifié comme celui de Tracy Tafoya.
00:28:37 Lors de l'autopsie, le médecin légiste n'avait pas pu déterminer la cause du décès.
00:28:49 C'était une affaire non résolue.
00:28:52 Les inspecteurs qui avaient travaillé dessus n'avaient jamais réussi à arrêter un suspect
00:28:57 ou à trouver un coupable.
00:28:59 Le numéro 10 dans la liste, c'était "Fille de MRSV", ce qui pour nous signifie "Marysville".
00:29:09 Et entre parenthèses, il était marqué "Cimetière".
00:29:12 Donc est-ce que Tracy Tafoya était la numéro 10 ?
00:29:16 On a commencé à contacter des amis à elle et des membres de sa famille.
00:29:25 Tracy Tafoya est ma soeur cadette.
00:29:31 Elle avait 10 ans de moins que moi.
00:29:34 Elle était comme une petite poupée.
00:29:36 Je m'occupais d'elle.
00:29:38 On était très proches.
00:29:40 Déjà toute petite, elle était extravertie.
00:29:46 À l'âge de 3 ans à peu près, elle a pris de la monnaie dans les poches de son père
00:29:50 et elle est montée sur son tricycle pour aller à l'épicerie au coin de la rue.
00:29:54 Là, elle a frappé à la porte jusqu'à ce qu'on lui ouvre en disant qu'elle voulait
00:29:58 acheter des bonbons.
00:29:59 Mais c'était au milieu de la nuit.
00:30:01 Ils en ont même parlé dans le journal.
00:30:03 Elle était toujours souriante, ou presque.
00:30:07 Elle adorait danser et elle aimait la musique country.
00:30:10 Même adulte, elle avait gardé son âme d'enfant.
00:30:16 Elle adorait camper.
00:30:19 Pas dans un camping-car comme ça se fait aujourd'hui.
00:30:22 Le vrai camping.
00:30:24 Le genre où on dort par terre et si on a de la chance, dans une tente.
00:30:29 Le camping classique avec un réchaud pour faire son café et tout ça.
00:30:34 Elle aimait les grands espaces.
00:30:36 Elle s'est mariée très jeune et puis elle a commencé à faire des enfants l'un après
00:30:43 l'autre.
00:30:44 Elle a eu deux filles et deux garçons.
00:30:47 Jusqu'à ce que son mari parte avec les enfants.
00:30:50 Ils sont montés en voiture et on n'a plus jamais eu de nouvelles.
00:30:55 Là, elle a rencontré Rick.
00:30:59 Elle est tombée amoureuse et elle s'est mariée.
00:31:01 Très vite, elle est tombée enceinte et puis elle a accouché.
00:31:06 Elle était heureuse dans sa nouvelle vie.
00:31:10 Folle de son bébé.
00:31:11 Et puis tout à coup, je reçois un coup de téléphone de mon frère.
00:31:16 Et il m'annonce que le bébé est mort.
00:31:19 Il avait 30 jours.
00:31:22 Ils ont dit que c'était le syndrome de la mort subite du nourrisson.
00:31:26 Et c'est là qu'elle a craqué.
00:31:27 C'était fini.
00:31:29 Elle s'est séparée de Rick et elle est revenue vivre chez notre mère pendant un
00:31:35 moment.
00:31:36 Mais elle avait besoin d'argent et c'est pour ça qu'elle a commencé à se prostituer.
00:31:41 Elle a promis à ma mère qu'elle l'appellerait tous les soirs pour dire que tout allait bien.
00:31:47 Un jour, ma mère m'appelle et elle dit qu'il a dû arriver quelque chose à Tracy parce
00:31:58 qu'elle n'a pas appelé hier soir.
00:32:00 Alors je dis « Tu sais, peut-être qu'elle est encore avec quelqu'un, elle n'a pas eu
00:32:04 l'occasion de téléphoner ». Un peu plus tard, elle rappelle et elle dit « Ils ont
00:32:10 trouvé le corps d'une femme ». Je sais que c'est elle.
00:32:13 Elle pleure et elle me dit que Rick va aller voir le corps.
00:32:18 Un quart d'heure après être arrivé au travail, je reçois l'appel.
00:32:22 Ma mère pleure, je commence à pleurer aussi.
00:32:25 Je dis « C'est elle alors ? » Et elle me répond « Oui ».
00:32:28 On est au bord de la route nationale 70, juste au nord de Marysville.
00:32:53 Le corps de Pamela Parsons a été retrouvé à quelques kilomètres.
00:33:00 Et c'est ici que le corps de Tracy Tafoya a été découvert, le 14 août 1994.
00:33:08 De l'autre côté du talus, quelques mètres plus loin.
00:33:12 Elle était allongée dans l'herbe.
00:33:14 Ils ont dit qu'elle était entièrement nue, elle n'avait aucun vêtement.
00:33:20 Et pour moi, c'était ça le plus difficile à accepter.
00:33:24 Excusez-moi.
00:33:25 Elle a été jetée comme un tas d'ordures alors qu'elle était un être humain.
00:33:30 Je ne sais pas depuis combien de temps elle était là, mais j'ai lu le rapport d'autopsie
00:33:41 et le corps était déjà bien décomposé.
00:33:43 À l'époque, c'était le mois d'août.
00:33:47 Il faisait très chaud.
00:33:51 Et son corps était presque momifié.
00:33:54 Donc c'était très difficile de l'identifier.
00:33:57 Impossible de se baser sur le visage.
00:34:00 Rick a dû l'identifier.
00:34:04 Il lui manquait une phalange.
00:34:06 Son doigt était à peu près comme ça.
00:34:08 C'était à cause d'un pétard.
00:34:11 Donc j'imagine que Rick a dû en parler au policier et il a été voir le corps pour
00:34:16 l'identifier.
00:34:17 Je sais que ça a dû être horrible pour lui de voir sa femme comme ça.
00:34:23 Le plus dur pour moi, c'était de ne pas savoir ce qu'il s'était passé.
00:34:27 On est près du cimetière de Marysville, à une centaine de mètres derrière.
00:34:34 Dans la liste de Joseph Nesso, il était écrit "Fille de MRSV", entre parenthèses cimetière.
00:34:40 Donc il y a un lien entre Tracy Tapoya et la liste de Diss.
00:34:45 Je me souviens que ce jour-là, Wendell et moi en revenait de Reno.
00:34:58 Depuis le début de cette affaire, on devait prendre la route presque tous les jours, pour
00:35:03 aller à Reno, au lac Tahoe, à plein d'endroits différents.
00:35:06 Il était tard, on était sur le chemin du retour.
00:35:08 Joe Millon conduisait la voiture.
00:35:12 Et moi, je lisais les notes de Joseph Nesso sur le siège passager.
00:35:16 Il y avait des milliers de pages à éplucher, pour essayer de trouver un lien entre lui
00:35:22 et Tracy Tapoya.
00:35:24 Wendell examine le calendrier, et quand il arrive à la date du 6 août, le jour de la
00:35:30 disparition de Tracy Tapoya, il me dit "Tu ne vas pas le croire".
00:35:35 Joseph Nesso avait écrit "Aie rencontré Tracy, je lui ai donné".
00:35:41 C'est une expression qu'il utilisait souvent, pour dire qu'il avait eu une relation sexuelle
00:35:47 ou qu'il avait commis un viol.
00:35:49 Quand il a dit ça, j'en ai eu des frissons.
00:35:52 Je le sens encore maintenant.
00:35:54 C'était l'élément qui nous manquait pour prouver qu'il y avait un lien entre Tracy
00:35:58 Tapoya et lui.
00:36:00 Mais on ne pouvait pas prouver sans aucun doute possible qu'il avait tué Pamela Parsons
00:36:05 et Tracy Tapoya.
00:36:07 On n'a jamais eu de preuves irréfutables.
00:36:10 Dans les deux affaires, on n'avait que des preuves indirectes.
00:36:15 Au mieux, on avait des difficultés pour arriver au stade du motif raisonnable.
00:36:20 On n'avait pas de preuves ADN l'incriminant directement.
00:36:24 Quand M.
00:36:25 Nesso a comparu pour la violation de sa mise à l'épreuve, le juge l'a condamné à
00:36:33 un an de prison ferme.
00:36:34 Donc, à partir de ce moment-là, on savait qu'on avait un an devant nous pour essayer
00:36:40 de rassembler des preuves.
00:36:41 On était conscient de l'ampleur de la tâche.
00:36:50 Il fallait absolument identifier les autres femmes de la liste.
00:36:53 Si on ne parvient pas à trouver des preuves, le seul crime à son actif, c'est la violation
00:37:00 de sa mise à l'épreuve.
00:37:01 Donc, une fois sa peine d'un an purgée, il sera remis en liberté.
00:37:05 C'est ça, c'est ça.
00:37:31 Le sergent Millon et moi, on a interrogé Joseph Nesso dans la prison du comté de
00:37:47 Washoe.
00:37:48 Notre objectif, au bout du compte, c'était d'obtenir des aveux ou alors de recueillir
00:37:54 des informations pour faire le lien avec d'autres victimes en dehors du comté de Yuba.
00:37:59 On espérait le faire parler pour qu'il identifie des femmes sur la liste et pour
00:38:05 qu'il reconnaisse avoir été en contact avec Pamela Parsons et Tracy Tafoya.
00:38:12 Si on parvenait juste à lui faire dire ça, on obtenait une autre preuve indirecte importante,
00:38:20 en dehors de ses notes et de ses photos.
00:38:23 Au départ, il pense qu'on enquête sur la violation de sa mise à l'épreuve.
00:38:30 Et il accepte de parler sans la présence d'un avocat.
00:38:34 Il nous dit "J'ai étudié le droit, je m'y connais mieux que les avocats commis d'office
00:38:39 que vous allez appeler."
00:38:41 Généralement, quand un délinquant fait ça, c'est parce qu'il est idiot ou paranoïaque.
00:38:48 Mais dans ce cas précis, Joseph Nesso n'est ni l'un ni l'autre.
00:38:53 D'après moi, ce comportement s'explique en partie par narcissisme.
00:38:57 Il pensait faire un meilleur travail qu'un avocat.
00:39:00 Et il pensait aussi pouvoir user de son charme, ce qui n'est pas faux.
00:39:04 Le charme, c'était sa meilleure arme.
00:39:06 Le charme et le charisme jouent un rôle important dans son mode opératoire.
00:39:12 J'ai toujours dit que le charme et le charisme sont un signal d'alerte, qui indique un comportement
00:39:18 prédateur.
00:39:19 Une personne charmante et charismatique, il ne faut pas l'épouser ni lui donner de l'argent.
00:39:25 À ce moment-là, je me demande comment faire pour établir une relation avec Joseph Nesso.
00:39:33 Et parmi les photos, les magazines découverts dans sa maison, il y avait des images de pin-up,
00:39:41 similaires aux décorations peintes sur les avions de chasse et les bombardiers pendant
00:39:44 la Seconde Guerre mondiale.
00:39:46 Donc, j'ai mis au point une histoire, comme quoi mon grand-père avait combattu pendant
00:39:51 la Seconde Guerre mondiale et qu'il collectionnait le même genre d'images de pin-up dans son
00:39:58 garage.
00:39:59 Alors, ma grand-mère nous avait défendu, à moi et mes cousins, d'aller dans le garage,
00:40:05 parce qu'elle ne voulait pas qu'on voit ces images.
00:40:07 En dehors du fait que mon grand-père avait effectivement combattu pendant la Seconde
00:40:13 Guerre mondiale, rien de tout ça n'était vrai.
00:40:16 Mais ça m'a permis d'établir une relation avec Joseph Nesso, qui a commencé à parler
00:40:22 et à se vanter de ses prouesses de séducteur.
00:40:24 Il était en confiance, il était curieux, et puis, au fur et à mesure, de plus en
00:40:32 plus vantard.
00:40:33 Honnêtement, ce n'était pas très difficile de flatter son égo.
00:40:39 Il adore se sentir important et qu'on lui dise « Vous êtes le meilleur photographe
00:40:43 que j'ai jamais vu », qu'on le pense sincèrement ou non.
00:40:46 Je lui ai montré des photos de plusieurs femmes et j'ai demandé s'il les avait
00:40:53 prises.
00:40:54 On a commencé par des photos où des femmes prenaient clairement la pose.
00:40:59 Et il disait « Oui, je me souviens d'elle, elle a posé pour moi dans les bois ». Là,
00:41:05 il a raconté comment il faisait pour convaincre ces femmes de poser.
00:41:08 Parmi ces photos, il y en avait une de Pamela Parsons.
00:41:14 Quand on est arrivé à la photo de Pamela Parsons, apparemment morte, allongée sur
00:41:19 le canapé, il a dit qu'elle avait juste posé, comme si elle avait été victime
00:41:24 d'un meurtre, et que grâce à son savoir-faire, elle avait l'air morte.
00:41:27 Il s'est vanté de ses talents de photographe.
00:41:31 On lui a demandé comment il l'avait rencontrée et il a dit « C'était une autostopeuse,
00:41:36 elle avait de jolies jambes », ce qui confirmait ses notes.
00:41:39 Donc il a reconnu qu'il la connaissait.
00:41:41 Après cinq heures et demie d'interrogatoire environ, il fallait vraiment essayer de le
00:41:50 coincer sur quelque chose.
00:41:51 Et le sergent Millon a pris l'initiative.
00:41:54 En dernier recours, on a voulu voir si c'était possible de prendre un monstre par les sentiments.
00:42:01 J'ai essayé de lui expliquer « Peut-être que pour vous ces femmes étaient des prostituées,
00:42:07 des toxicomanes, mais elles avaient des enfants, une famille, qui a le droit de savoir ce qu'il
00:42:12 s'est passé.
00:42:13 L'espace d'un instant, il n'a rien dit.
00:42:15 Il est resté les yeux dans le vague.
00:42:18 Et juste après, pour le mettre sous pression, j'ai dit « Ces femmes sont décédées et
00:42:23 vous êtes le dernier à les avoir vues.
00:42:25 Je pense que c'est vous qui les avez tuées.
00:42:27 » Et là, il a mis un terme à l'interrogatoire.
00:42:29 Il a reconnu qu'il connaissait Pamela Parsons, qu'il l'avait prise en photo et qu'elle
00:42:37 l'avait volée.
00:42:38 Donc on a pu établir un lien.
00:42:40 Mais il n'a pas avoué le meurtre.
00:42:43 Globalement, ça ne changeait pas grand-chose.
00:42:50 Parce qu'on n'avait pas beaucoup plus d'informations qu'avant.
00:42:53 Donc on savait qu'on avait encore beaucoup de travail devant nous.
00:42:56 Dans le deuxième coffre, à la banque, il y avait une sorte de portefeuille ou de petit
00:43:08 sac à main.
00:43:09 Et à l'intérieur, on a trouvé des pièces d'identité et des cartes de visite d'entreprise
00:43:14 situées au Texas.
00:43:15 Il y avait deux pièces d'identité, un permis de conduire de l'état du Texas et un passeport
00:43:21 américain, tous les deux au nom de Sarah Dillon.
00:43:25 Dans le coffre, il y avait aussi un article de journal sur Bob Dillon, mais qui mentionnait
00:43:31 sa femme, Sarah Dillon.
00:43:33 Là, c'est de nouveau le branle-bas de combat.
00:43:35 Je me dis « Mais est-ce que ce type a tué ou violé la femme de Bob Dillon ? » Je ne
00:43:41 sais même pas s'il est marié, Bob Dillon.
00:43:44 Comment on va gérer ça ?
00:43:45 Cet appel sera enregistré quand le mensonge est en ligne.
00:43:56 L'argent, le sexe et la dupédité sont au cœur de toutes nos enquêtes.
00:44:01 Taisez-vous et tout va bien se passer.
00:44:03 Ils écoutent.
00:44:04 La question est, est-ce que nous trouverons suffisamment de preuves pour boucler cette
00:44:08 affaire ?
00:44:09 Écoutez bien, elle apporte l'argent.
00:44:11 Quel argent ?
00:44:12 C'est un psychopathe.
00:44:13 Faites-la disparaître.
00:44:14 Elle est sérieuse ?
00:44:16 Ça fait froid dans le dos.
00:44:17 Sur Écoute, confession de détenus, tous les lundis à 21h, sur Haïti.
00:44:26 On m'a confié l'enquête sur cette nouvelle piste, Sarah Dillon.
00:44:38 J'ai commencé par faire des recherches sur Internet pour voir si Sarah Dillon, la
00:44:45 femme de Bob Dillon, était décédée.
00:44:47 J'ai pu trouver des articles de journaux selon lesquels elle était toujours en vie
00:44:52 et vivait en Californie du Sud.
00:44:55 Là, j'ai contacté la police de Los Angeles qui m'a informé que ces pièces d'identité
00:45:00 n'appartenaient pas à la Sarah Dillon mariée à Bob Dillon.
00:45:04 Ils m'ont dit que le manager de Bob Dillon leur avait parlé d'une femme, considérée
00:45:10 comme une groupie, qui suivait le chanteur et son groupe tout autour du monde.
00:45:15 Et cette femme avait changé de nom légalement pour devenir Sarah Dillon.
00:45:25 J'ai appris que l'une des entreprises pour lesquelles Sarah Dillon avait travaillé se
00:45:35 trouvait au Texas.
00:45:36 Et par ce biais-là, j'ai pu obtenir le contact de son frère.
00:45:42 Il m'a dit que sa sœur avait disparu depuis 1992.
00:45:47 Ensuite, il m'a expliqué qu'elle avait été adoptée et qu'avant son changement
00:45:52 de nom, elle s'appelait René Chapiro.
00:45:57 Après moi, mon père et ma mère ne pouvaient plus avoir d'enfants, donc ils ont adopté
00:46:04 ma petite sœur.
00:46:06 Et ils l'ont appelée René Michel Chapiro.
00:46:12 Elle n'avait pas un caractère très sociable.
00:46:18 Je ne dirais pas que c'était quelqu'un de très épanoui.
00:46:23 Un jour, elle est rentrée dans le salon avec un disque à la main.
00:46:35 Et sur la pochette, il y avait une photo de Bob Dylan.
00:46:39 Elle nous l'a montré et elle a dit "J'ai dansé avec lui à Austin et je veux l'épouser."
00:46:53 Elle a quitté l'université et elle a changé de nom légalement pour devenir Sarah Dylan.
00:47:03 Et puis elle a commencé à voyager à travers le monde en suivant les tournées de Bob Dylan.
00:47:09 Donc j'ai été voir un groupe de fans sur les réseaux sociaux, je suis entré en contact
00:47:14 avec certains membres et ils m'ont dit qu'ils avaient une amie appelée Sarah Dylan qui voyageait
00:47:19 avec eux pour les concerts.
00:47:21 Mais elle avait disparu brutalement en 1992.
00:47:25 La dernière fois qu'ils l'avaient vue, c'était à un concert à Hawaii.
00:47:29 Ils avaient prévu de se retrouver au concert suivant en Californie, mais personne n'a
00:47:34 plus jamais eu de nouvelles.
00:47:35 Dans le coffre à la banque, parmi les autres objets qui selon nous appartenaient à Sarah
00:47:43 Dylan, il y avait une carte de visite.
00:47:46 Et au dos, il était écrit "2 mai 1992, Théâtre Warfield".
00:47:51 Et ce jour-là, c'était une des deux dates de concert de Bob Dylan à San Francisco sur
00:47:58 cette tournée.
00:47:59 L'écriture semblait familière.
00:48:02 Elle ressemblait aux notes découvertes chez M.
00:48:09 Nayso.
00:48:11 La mère biologique de Sarah Dylan nous a fourni un échantillon ADN, mais on n'a pas
00:48:19 trouvé de correspondance dans la base de données.
00:48:21 Lorsque la piste de Sarah Dylan aboutit à une impasse, on a plus ou moins terminé l'exploitation
00:48:30 des pièces à conviction retrouvées dans le coffre.
00:48:34 On a identifié deux victimes correspondantes au numéro 9 et 10 de la liste.
00:48:40 Et on a identifié une personne disparue, c'est-à-dire Sarah Dylan.
00:48:45 Mais à ce moment-là, on a épuisé toutes les pistes exploitables.
00:48:50 Oui, donc, on s'est penché sur le reste de la liste, en commençant bien sûr par
00:49:03 le numéro 1, fille de Helzberg, comté de Mendocino.
00:49:08 On a contacté le bureau du shérif local, qui n'a pas pu établir de lien avec une
00:49:14 affaire non résolue.
00:49:16 Le numéro suivant sur la liste, c'était fille de Port Costa.
00:49:21 J'ai fait des recherches sur Internet et j'ai vu que Port Costa était dans le comté
00:49:27 de Contra Costa.
00:49:28 Et la police locale nous a informé d'une affaire remontant à 1978.
00:49:33 Un agent de la patrouille d'autoroutes de Californie se trouvait sur une route de campagne
00:49:44 entre la ville de Martinez et Port Costa.
00:49:47 C'est une région très boisée, avec beaucoup de broussailles.
00:49:52 Et il a senti une odeur très forte de chair en décomposition.
00:49:56 Au départ, il a pensé que ça devait être un animal mort.
00:49:59 Mais en fouillant la zone, il a trouvé le corps de Carmen Colon.
00:50:06 À l'époque, Joseph Naiso vivait à Oakland.
00:50:13 Le corps ayant été abandonné dans les bois, les inspecteurs ont conclu un homicide.
00:50:18 Et le médecin légiste a fait des prélèvements sous les ongles.
00:50:23 Il a coupé les ongles.
00:50:24 Même si à l'époque, en 1978, les analyses ADN n'avaient pas encore été découvertes.
00:50:30 L'objectif, c'était d'essayer de déterminer un groupe sanguin pour éventuellement faire
00:50:37 le lien avec un suspect possible.
00:50:39 On a pu extraire un échantillon ADN à partir de ses coupures d'ongles.
00:50:46 Il y avait de l'ADN sous les ongles.
00:50:48 Et on a fait une recherche dans la base de données.
00:50:51 C'est peut-être la clé de l'énigme.
00:50:55 Tous les jours, des adultes abusent de mineurs sur Internet.
00:51:16 Je m'appelle Ro, j'ai 38 ans et 3 enfants.
00:51:19 Grâce à mon équipe, nous nous faisons passer pour leur cible.
00:51:22 Rentre, maintenant ! Pour protéger les jaloux.
00:51:25 Ro, tu devrais te baisser, ils te fixent.
00:51:28 La traque au cyberprédateur, tous les dimanches à 21h, sur Heidi.
00:51:35 Depuis le début, Joseph Naiso procède toujours de la même manière.
00:51:41 Il attire ses victimes en essayant de les mettre à l'aise.
00:51:47 Il cherche à se montrer gentil et amical avec ses femmes.
00:51:51 Ensuite, à un moment donné, il les agresse.
00:51:55 Et puis, quand il a fini, il se débarrasse d'elles.
00:52:02 Et il passe à la victime suivante.
00:52:05 Je suis la plus jeune fille de Carmen Colon.
00:52:14 Elle m'a eue à 17 ans.
00:52:17 J'avais 4 ans quand ma mère est décédée.
00:52:20 Je ne me souviens pas de son visage.
00:52:23 C'est la seule photo que j'ai d'elle.
00:52:26 Elle était jeune, elle a 12 ans sur cette photo.
00:52:31 J'ai très peu de souvenirs d'elle.
00:52:35 Mais je me souviens que juste avant sa mort,
00:52:38 elle nous a habillés avec de belles robes, ma sœur et moi,
00:52:42 pour jouer au mariage.
00:52:46 Et quand elle nous a mariés,
00:52:48 elle nous a fait promettre à toutes les deux de toujours rester proches.
00:52:56 Je me souviens bien de ce jour-là, comme si c'était hier.
00:53:01 Ma mère nous avait déposés chez la baby-sitter
00:53:04 et quand les adultes ont commencé à discuter,
00:53:07 en disant qu'elle n'était pas là pour revenir nous chercher,
00:53:10 j'ai tout de suite su qu'il s'était passé quelque chose.
00:53:14 Même à 4 ans, je savais qu'on avait un rythme,
00:53:17 qu'il y avait eu une rupture
00:53:19 et que plus rien ne serait jamais comme avant.
00:53:23 Je savais que ma mère n'allait pas revenir.
00:53:28 Quand ma mère a été assassinée,
00:53:37 la police a juste pensé que ça ferait une prostituée au moins.
00:53:42 C'est pas très important, on a d'autres choses à faire.
00:53:47 Mais c'était important.
00:53:49 Elle était un être humain.
00:53:52 Elle avait des parents, elle avait des enfants, des frères, des sœurs.
00:53:59 J'ai appris par la suite que bien avant tout ça,
00:54:05 Joseph Naiso avait déjà été accusé de viol par plusieurs femmes,
00:54:09 à l'époque où il habitait à New York.
00:54:14 Dans les années 50, il est accusé de viol,
00:54:19 mais il est condamné à 3 ans de mise à l'épreuve.
00:54:22 Il ne va pas en prison.
00:54:23 Après ça, il s'enrôle dans l'US Air Force.
00:54:27 En 1958, il quitte l'armée
00:54:29 et il est de nouveau accusé, cette fois de tentative de viol.
00:54:32 Il n'y a pas de procès,
00:54:34 mais il plaide coupable d'agression sexuelle.
00:54:37 Et au lieu de le poursuivre en justice,
00:54:41 ils l'ont expulsé de l'état de New York,
00:54:44 pour qu'il aille causer des problèmes ailleurs, dans un autre état.
00:54:49 Alors il s'installe à Oakland, en Californie.
00:54:54 Et en 1961, Joseph Naiso passe devant un arrêt de bus du centre-ville.
00:55:02 Là, il s'arrête pour parler à une étudiante de l'université de Berkeley.
00:55:07 Il lui propose de la raccompagner en voiture.
00:55:10 Et la jeune fille accepte.
00:55:12 Alors, il la ramène chez elle.
00:55:15 Mais quelques jours plus tard, cette étudiante est de nouveau à l'arrêt de bus.
00:55:20 Et Joseph Naiso lui propose encore une fois de monter dans sa voiture.
00:55:24 Comme elle s'était sentie en sécurité la première fois
00:55:26 et qu'il n'y avait pas eu de problème, elle accepte.
00:55:30 Il lui propose d'aller boire quelque chose.
00:55:33 Et ils vont dans un bar. Ils prennent quelques verres.
00:55:38 Après ça, elle commence à avoir mal à la tête.
00:55:41 Alors il s'arrête devant une maison à Oakland et il dit
00:55:45 qu'il va lui chercher un médicament pour son mal de tête.
00:55:48 Elle répond "non merci, ça va".
00:55:51 Là, il arrive avec une pilule à la main.
00:55:54 Et il lui met dans la bouche de force.
00:55:57 Elle l'avale.
00:55:59 Elle commence à avoir des étourdissements.
00:56:02 Elle pense qu'il l'a droguée. Donc elle essaie de descendre de la voiture.
00:56:07 Il la pousse sur le siège arrière et se met à l'étrangler.
00:56:13 Elle commence à perdre connaissance et elle se dit qu'elle va mourir.
00:56:18 Là, il la viole.
00:56:28 Elle a eu l'inculpation.
00:56:31 Un inspecteur de police ne croit pas à la version de la victime.
00:56:36 Il pense qu'elle a inventé ça pour rendre son petit ami jaloux.
00:56:44 Il y a une autre femme qui l'avait agressée sexuellement à Oakland.
00:56:49 Il l'a droguée et il l'a violée sur le siège arrière de sa voiture.
00:56:54 Elle était gênée et ne voulait pas en parler à son mari parce que lui aussi connaissait Joseph Naiso.
00:57:00 Et quand ils sont allés porter plainte, deux ou trois jours plus tard,
00:57:04 malheureusement, les policiers n'y ont pas cru.
00:57:08 Ils ont dit qu'ils doutaient de sa version parce qu'elle avait attendu trop longtemps avant d'informer la police.
00:57:14 Si on avait cru ces femmes qu'il accusait,
00:57:21 on aurait pu empêcher tous ces meurtres.
00:57:25 Peut-être que ma mère serait encore en vie.
00:57:31 Je pense que si M. Naiso avait été poursuivi en justice en 1961,
00:57:37 la liste des dix n'existerait pas.
00:57:41 Et ces dix femmes seraient toujours en vie.
00:57:45 [Musique]
00:58:00 Lorsque l'échantillon d'ADN a été introduit dans la base de données,
00:58:05 on a été informé qu'il y avait une correspondance avec le profil de M. Naiso.
00:58:11 Mais c'était une correspondance partielle, donc il pouvait s'agir de lui ou d'un parent de sexe masculin.
00:58:17 Ce n'était pas un élément à charge suffisant pour convaincre un procureur d'engager des poursuites.
00:58:23 Après plusieurs semaines d'enquête, on a remarqué quelque chose d'étrange avec les victimes qu'on avait pu identifier.
00:58:37 Elles avaient tous un nom de famille et un prénom commençant par la même lettre.
00:58:42 Pamela Parsons,
00:58:44 Tracy Tafoya,
00:58:46 Carmen Colon.
00:58:48 Et un des membres de notre groupe de travail s'est souvenu d'une série de meurtres commis à Rochester, dans l'état de New York.
00:58:55 Les médias avaient parlé du tueur de l'alphabet.
00:58:59 Parce que les très jeunes filles assassinées avaient elles aussi des noms à double initiales.
00:59:05 D'ailleurs, il y avait une autre Carmen Colon parmi les victimes.
00:59:09 Donc, ça a retenu notre attention, parce que Joseph Naiso avait grandi à Rochester, dans l'état de New York.
00:59:23 Ses affaires remontaient aux années 70, et lui avait déménagé en Californie dans les années 60.
00:59:30 Mais on a quand même examiné ses calendriers pour voir s'il mentionnait les endroits où ses victimes avaient été découvertes.
00:59:37 Et on a découvert qu'il était revenu dans la région à plusieurs reprises dans les années 70, pour rendre visite à des membres de sa famille.
00:59:45 Cela signifiait clairement qu'il y avait peut-être plus de 10 victimes.
00:59:52 À ce moment-là, si on ne parvient pas à rassembler de preuves une fois sa peine de prison purgée, il sera de nouveau un homme libre.
01:00:01 Cet appel sera enregistré.
01:00:08 Quand le mensonge est en ligne.
01:00:10 L'argent, le sexe et la cupidité sont au cœur de toutes nos enquêtes.
01:00:14 Taisez-vous, et tout va bien se passer.
01:00:17 Ils écoutent.
01:00:18 La question est, est-ce que nous trouverons suffisamment de preuves pour boucler cette affaire ?
01:00:22 Écoutez bien, elle apporte l'argent.
01:00:25 Quel argent ?
01:00:26 C'est un psychopathe.
01:00:27 Faites-la disparaître.
01:00:29 Elle est sérieuse ?
01:00:30 Ça fait froid dans le dos.
01:00:31 Sur Écoute, confession de détenus, tous les lundis à 21h, sur Haïti.
01:00:43 On a contacté la principale force de police de Rochester et on leur a envoyé un échantillon ADN de M. Naiso.
01:00:50 Mais en fin de compte, l'analyse ADN l'a disculpé.
01:00:55 On a établi qu'il n'y avait aucun lien entre les meurtres à Rochester et ceux qui avaient été commis en Californie.
01:01:03 D'après notre enquête, le fait que les noms et prénoms commencent par la même lettre, c'était une simple coïncidence.
01:01:12 Donc, il nous restait la liste des dix et il fallait qu'on essaie de rassembler des éléments.
01:01:18 Tout ce qu'on avait, c'était des références très vagues à des noms de lieux en Californie.
01:01:23 Et on a commencé par contacter le bureau du shérif dans le comté de Marine.
01:01:28 Dans la liste, le numéro 4 était fille sur le mont Amalpaïs.
01:01:40 Le numéro 4
01:01:44 Quand j'ai vu la liste des dix pour la première fois, il y a plusieurs choses qui m'ont frappé.
01:01:55 D'abord, c'était vague. Pas de nom, pas de date.
01:01:58 Juste une vague indication géographique.
01:02:03 Au bureau du shérif, on tient à jour un inventaire complet des homicides commis dans le comté de Marine depuis les années 40.
01:02:11 Donc, quand j'ai vu la liste, ma première réaction a été de chercher s'il y avait des affaires qui pouvaient correspondre dans cet inventaire des homicides.
01:02:23 Le numéro 4 était fille sur le mont Amalpaïs.
01:02:29 Le numéro 4
01:02:32 Il y avait une affaire remontant à 1977, je crois, qui nous semblait très prometteuse.
01:02:39 Une jeune femme de la région de San Francisco qui avait disparu après avoir dit à ses amis qu'elle avait rendez-vous avec un photographe.
01:02:46 Personne ne l'a plus jamais vue vivante et on a retrouvé son corps sur le mont Amalpaïs quelques jours plus tard.
01:02:54 Donc une jeune fille qui avait rendez-vous avec un photographe, ça correspond bien au profil de Joseph Naiso.
01:03:00 Malheureusement, on n'avait pas d'échantillon ADN.
01:03:04 C'était comme les affaires dans le comté de Yuba, on n'avait pas de preuve ADN pour incriminer Joseph Naiso.
01:03:10 Fille de Miami, près de la péninsule.
01:03:15 Fille de Berkeley.
01:03:17 Dame au 839 Leavenworth.
01:03:20 Fille à Woodland, près du comté de Nevada.
01:03:24 À ce moment-là de l'enquête, aucun inspecteur n'avait trouvé de piste pour ces éléments de la liste.
01:03:30 Ce qui ne laissait que le numéro 3.
01:03:33 Le numéro 3 dans la liste, c'est "Fille de Loganitas".
01:03:38 En fait, Joseph Naiso avait fait une faute, le vrai nom c'est "Lagunitas".
01:03:46 Lagonitas est une toute petite ville où il n'y avait pas d'affaires de meurtre non résolue.
01:03:51 Mais on a élargi nos recherches aux villes environnantes.
01:03:54 Et la première affaire non résolue qui a attiré notre attention, c'est le meurtre de Roxanne Rogash en janvier 1977.
01:04:04 Le corps de cette jeune femme avait été retrouvé près de la ville de Fairfax, à une quinzaine de kilomètres de Lagunitas.
01:04:15 Roxanne était ma sœur.
01:04:18 On n'avait pas le même père ni la même mère, mais on était des sœurs dans tous les sens du terme.
01:04:24 Je crois que j'ai refoulé beaucoup de mes souvenirs avec elle, à cause du traumatisme.
01:04:33 Elle avait 18 ans quand elle a été assassinée.
01:04:39 Pendant notre enfance, on était proches.
01:04:42 Quand on était toutes petites, nos parents nous habillaient comme des jumelles des fois.
01:04:46 Je détestais ça.
01:04:48 On n'avait pas du tout l'air de jumelles, mais alors pas du tout.
01:04:51 Elle était rousse avec des taches de rousseur, donc on la remarquait.
01:04:57 Moi j'étais plus calme, elle plus exubérante.
01:05:00 Elle aimait les animaux, les enfants, faire du babysitting.
01:05:07 Quand Roxanne était adolescente, comme les parents avaient tendance à nous surveiller de près,
01:05:13 elle a commencé à résister à leur autorité, ce qui est assez normal je crois à cet âge-là.
01:05:19 Donc elle avait tendance à se rebeller.
01:05:22 Elle a fugué plusieurs fois.
01:05:25 Un jour, je crois qu'elle avait environ 16 ans, elle a dit à mes parents qu'elle voulait partir avec un cirque.
01:05:35 Un de mes tout derniers souvenirs de Roxanne, c'est un jour où elle est rentrée à la maison
01:05:40 et j'ai remarqué qu'elle était très nerveuse.
01:05:43 Elle allait constamment regarder par la fenêtre.
01:05:46 Donc je lui ai demandé "ça va, qu'est-ce qui se passe ?"
01:05:50 Elle n'a pas répondu tout de suite, mais elle a fini par se confier.
01:05:55 Elle avait l'impression que quelqu'un voulait sa mort.
01:05:58 C'était difficile à imaginer pour moi, j'avais 16 ans à l'époque.
01:06:04 Donc je n'y ai pas beaucoup réfléchi.
01:06:07 Mais avec le recul, je me dis "bon sang".
01:06:11 Si j'avais su que ça risquait de se réaliser.
01:06:15 C'est le dernier souvenir que j'ai, quand elle m'a dit que quelqu'un voulait sa mort.
01:06:20 Après ça, elle passait de temps en temps à la maison, je la voyais rarement.
01:06:25 J'ai appris que Roxanne se prostituait à Auckland.
01:06:30 Et le dernier témoin à l'avoir vue vivante a déclaré que c'était environ 5 jours avant la découverte du corps.
01:06:36 Les inspecteurs n'avaient pas beaucoup d'éléments.
01:06:39 Ils ont suivi quelques pistes, ils ont distribué des appels à témoins.
01:06:43 Mais l'enquête a rapidement abouti à une impasse, et l'affaire est restée non résolue jusqu'en 2010.
01:06:48 J'ai toujours eu l'impression que la police n'avait pas fait beaucoup d'efforts à cause des circonstances de sa mort.
01:06:54 C'est juste une prostituée de plus.
01:06:57 Je me souviens avoir pensé, mais pourquoi ils ne font pas plus d'efforts pour retrouver le tueur ?
01:07:02 Peut-être que ça aurait pu changer les choses pour d'autres femmes plus tard.
01:07:07 Au départ, je n'étais pas très optimiste sur nos chances d'incriminer Joseph Neisow.
01:07:16 Rien n'indiquait qu'il connaissait bien la région.
01:07:19 Joseph Neisow vivait à Piedmont à l'époque.
01:07:24 À environ 60 kilomètres de l'endroit où le corps a été retrouvé.
01:07:28 Mais il allait parfois faire du camping avec ses fils,
01:07:32 dans le parc national Samuel Pytelor.
01:07:36 Et c'est le long de la route qui y mène,
01:07:41 que le corps a été retrouvé.
01:07:44 Donc Joseph Neisow connaissait la région.
01:07:49 Il savait que c'était boisé et isolé.
01:07:54 On pouvait s'y débarrasser d'un corps en toute discrétion.
01:07:58 Lorsque Roxanne Rogach a été retrouvée,
01:08:02 elle portait un collant à l'envers, sur le bas du corps.
01:08:06 Elle avait un collant dans la bouche,
01:08:08 maintenu par un autre enroulé autour de la tête pour la baïonner.
01:08:12 Et il y avait un autre collant autour de son cou.
01:08:16 On a déterminé que la cause du décès était la strangulation.
01:08:20 Elle avait été étranglée avec ce collant.
01:08:23 Si on compare avec les objets découverts dans la maison de Joseph Neisow,
01:08:27 et sa passion pour les bas nylon dans ses photos,
01:08:31 il semble y avoir un lien assez clair entre son mode opératoire
01:08:35 et cette affaire remontant à 1977.
01:08:39 À la fin de l'année 2010,
01:08:43 on sait qu'il nous reste à peu près 4 mois
01:08:46 pour essayer de rassembler des preuves suffisamment solides
01:08:50 dans au moins une des affaires
01:08:52 où on est parvenu à identifier la victime.
01:08:55 Lorsque l'enquête sur le meurtre de Roxanne Rogach a été rouverte,
01:09:00 on a découvert que les collants avaient été conservés.
01:09:04 Ils étaient intacts, comme si l'affaire datait d'hier.
01:09:08 Et c'était incroyable, puisque 30 ans s'étaient écoulés depuis le meurtre.
01:09:14 Dans la plupart des affaires,
01:09:18 ce n'est pas réaliste de faire des prélèvements ADN
01:09:21 sur toutes les pièces à conviction provenant d'une scène de crime.
01:09:24 Le premier objet qui a été analysé, c'est l'arme du crime,
01:09:29 parce qu'on était sûr à 100% que le tueur
01:09:31 avait touché le collant retrouvé autour du cou.
01:09:33 Il l'avait étranglé avec,
01:09:36 et il avait fait un nœud au collant.
01:09:39 Le premier test pratiqué sur les collants retrouvés autour du cou de la victime
01:09:46 n'a pas permis d'établir une correspondance avec l'ADN de Joseph Neisow.
01:09:50 À la fin 2010, on a obtenu un résultat important.
01:10:02 Le laboratoire a découvert sur l'arme du crime
01:10:05 de l'ADN appartenant à Judith Neisow,
01:10:07 qui était mariée à Joseph Neisow à l'époque.
01:10:13 Si l'ADN de Judith Neisow a été retrouvé sur la scène du crime,
01:10:17 c'est parce que ce collant lui appartenait.
01:10:20 On pense que Joseph Neisow les a pris à leur domicile
01:10:24 puis s'en est servi pour étrangler Roxanne Rogach.
01:10:27 Et l'ADN de Judith Neisow était toujours dessus
01:10:31 parce qu'il n'avait pas été lavé.
01:10:33 À ce moment-là, on sait que l'enquête avance bien.
01:10:37 Mais l'accusation ne dispose pas encore d'éléments suffisants
01:10:41 pour obtenir la condamnation de Joseph Neisow pour meurtre.
01:10:45 Ensuite, c'est le collant que portait la victime qui est analysé.
01:10:57 Le laboratoire découvre dessus des tâches de sperme
01:11:01 dont l'analyse ADN prouve qu'il appartient à Joseph Neisow.
01:11:08 Donc, on a établi la présence de son ADN sur la scène de crime.
01:11:11 Et c'est un grand moment pour nous.
01:11:13 On espère que tout notre travail va aboutir.
01:11:16 Mais je sais que ce sera difficile de prouver sa culpabilité.
01:11:20 Dans les affaires du comté de Yuba,
01:11:23 il y a les photos et les notes découvertes dans le coffre.
01:11:26 Dans le cas du meurtre à Port Costa, les preuves sont plus minces.
01:11:29 Et dans notre dossier, il y a les analyses ADN.
01:11:31 Mais pour chacune de ces quatre affaires prises individuellement,
01:11:34 les éléments à charge sont assez minces.
01:11:37 Et le 11 avril 2011, Joseph Neisow doit être libéré de prison.
01:11:41 Il n'y avait aucun secret ici.
01:11:50 Enfin, c'est ce qu'on pensait.
01:11:53 Elle ne méritait vraiment pas de mourir si jeune.
01:11:57 Cessez de ne pas pleurer.
01:12:00 Qui fait ça ?
01:12:01 Les membres de la communauté s'en sont pris des uns aux autres.
01:12:03 C'est difficile de croire qu'il y avait un tel monstre parmi nous
01:12:06 et que personne ne savait ce qu'il faisait.
01:12:08 Certaines personnes sont complètement folles.
01:12:09 Est-ce que vous connaissez vraiment vos voisins ?
01:12:11 Sentier meurtrier, mercredi à 21h sur ID.
01:12:15 Il est 7h du matin, il fait froid,
01:12:31 il y a toujours un peu de neige là-haut sur les montagnes.
01:12:35 Joseph Neisow va quitter la prison du comté d'El Dorado.
01:12:39 Il s'apprête à profiter de sa journée d'homme libre.
01:12:43 Il pense avoir échappé à la justice.
01:12:45 Et il a l'air réellement surpris lorsque trois inspecteurs
01:12:51 viennent lui signifier qu'il est mis en état d'arrestation
01:12:53 pour plusieurs meurtres.
01:12:55 Je me souviens encore du regard qu'il m'a jeté.
01:12:59 On voyait dans ses yeux qu'il avait compris.
01:13:03 Il a réalisé tout à coup que la journée n'allait pas se passer comme prévu.
01:13:07 On a 3h30 ou 4h de route à faire pour rentrer dans le comté de Marine.
01:13:16 Il y a un peu de tension dans la voiture.
01:13:22 Le silence règne depuis un moment.
01:13:24 Et puis Joseph Neisow me dit qu'il n'a pas encore fait sa déclaration d'impôt
01:13:30 et qu'il doit absolument rentrer chez lui pour s'en occuper à temps
01:13:33 sinon il aura des ennuis.
01:13:35 C'est ça qui le préoccupe, sa déclaration d'impôt.
01:13:40 Alors que trois inspecteurs viennent de le faire monter dans une voiture
01:13:44 après l'avoir mis en état d'arrestation pour plusieurs meurtres.
01:13:48 L'interrogatoire de Joseph Neisow dure à peu près 8h.
01:13:59 Il a lieu au bureau du shérif du comté de Marine.
01:14:01 Notre objectif est non seulement de recueillir des aveux pour les 4 meurtres dont il est accusé
01:14:06 mais aussi de réussir à identifier les 6 autres victimes de la liste
01:14:10 pour que leur famille puisse enfin savoir la vérité.
01:14:13 Donc j'interroge Joseph Neisow, je lui montre la liste des 10
01:14:19 et je lui demande de quoi il s'agit.
01:14:21 Qu'est-ce qu'elle signifie pour vous ?
01:14:23 Au départ il dit "ça ne prouve rien, c'est juste une liste d'endroits".
01:14:29 Et rien ne prouve que c'est moi qui l'ai écrite.
01:14:31 Ensuite il dit "c'est juste une liste de mes anciennes petites amies".
01:14:36 Alors je commence à passer la liste en revue et sa seule réponse est
01:14:41 "je n'ai pas envie de parler de ça, je refuse d'en discuter".
01:14:44 En plus de la liste, on lui montre les photos retrouvées dans le coffre à la banque.
01:14:51 Sur l'une d'elles, il voit une femme
01:14:56 qui est au mieux inconsciente ou plus probablement décédée.
01:14:59 Je me souviens très bien l'avoir vu sourire en voyant son œuvre.
01:15:04 Il a regardé l'image presque avec désir.
01:15:08 Mais il ne voulait pas nous révéler la signification de ces photos.
01:15:12 J'ai été contacté par le procureur de l'affaire Neisow
01:15:21 parce qu'il connaissait mes recherches sur les tueurs en série sadiques sexuels.
01:15:26 Donc on m'a demandé d'essayer de comprendre la motivation de ces comportements
01:15:35 et d'expliquer certaines découvertes très étranges dans cette affaire.
01:15:44 On m'a envoyé des photos saisies pendant la fouille de la maison
01:15:51 un journal décrit comme des carnets de viol.
01:15:54 Et on m'a aussi fourni les interrogatoires menés par la police.
01:16:00 Pour Joseph Neisow, la liste des dix est juste un net mémoire.
01:16:08 Pour ne pas oublier ses exploits, ne pas oublier ce qu'il a fait.
01:16:15 Il veut pouvoir se remémorer son passé.
01:16:20 Et il a peur d'oublier certaines choses.
01:16:22 C'est vrai aussi des objets personnels des victimes qu'il a gardés.
01:16:27 Je dirais que ce sont des trophées.
01:16:29 Et c'est la même chose pour les souvenirs qu'il a conservés,
01:16:33 comme ces articles de journaux évoquant les meurtres.
01:16:36 Tous ces éléments l'aident à garder un souvenir net de ce qu'il s'est passé.
01:16:41 Parce qu'il a dû investir énormément d'efforts
01:16:45 et prendre beaucoup de risques pour commettre ses crimes.
01:16:49 Donc il a l'intention d'en profiter dans ses vieux jours.
01:16:52 Il veut pouvoir revivre ses crimes.
01:16:55 Si un individu prend spécifiquement des photos de femmes qui semblent mortes ou inconscientes,
01:17:07 et qu'il fait la collection de ces images, ce n'est pas par hasard.
01:17:11 Il y a une raison.
01:17:14 Cela indique une attirance sexuelle pour des femmes incapables de réagir.
01:17:19 C'est ce qui caractérise une déviance sexuelle très souvent mal comprise, la nécrophilie.
01:17:27 D'après mes observations, les nécrophiles ne sont pas uniquement attirés par les cadavres.
01:17:41 Un mannequin peut aussi les exciter.
01:17:44 De même qu'une victime inconsciente.
01:17:48 Et le point commun, c'est que l'objet sexuel ne réagit pas.
01:17:56 Il ne leur résiste pas.
01:17:58 Ils ne protestent pas.
01:18:00 Ils ne les rejettent pas.
01:18:03 Ces hommes en retirent une sorte de sentiment de puissance
01:18:09 et ils trouvent cela plus excitant qu'un partenaire en état de réagir.
01:18:14 Ils peuvent faire ce qu'ils veulent, sans protestation.
01:18:19 Je pense que ce n'est pas une coïncidence s'il y avait dix mannequins dans le garage de Joseph Naiso.
01:18:29 Ils représentaient ses victimes.
01:18:35 Cette exposition pour lui, c'était probablement comme une galerie de trophées.
01:18:40 Cela lui permettait de pouvoir revivre ses crimes et de posséder ses victimes tout à la fois.
01:18:49 Compte tenu de la façon dont les mannequins étaient exposés et comment il les avait habillés,
01:18:55 je pense qu'il s'en servait pour son plaisir sexuel.
01:19:00 L'interrogatoire a été incroyablement frustrant.
01:19:03 Cela a duré huit heures environ.
01:19:07 J'étais épuisé à la fin.
01:19:09 Je pensais être assez bon en interrogatoire, mais aucune de mes techniques n'a fonctionné.
01:19:16 J'ai essayé de faire appel au concept de justice, à son empathie pour les femmes,
01:19:24 mais cela n'évoquait rien du tout chez lui.
01:19:29 À un moment, j'ai parlé des conséquences pour ses enfants à lui, ses deux fils adultes.
01:19:35 Je lui ai dit que s'il passait aux aveux et qu'il s'excusait, qu'il nous aidait à clore ses dossiers,
01:19:41 il pourrait montrer qu'il y avait aussi du bon en lui.
01:19:44 Là, il m'a regardé et il a dit "C'est pas mal ça, et ça te fait plaisir."
01:19:50 Là, il m'a regardé et il a dit "C'est pas mal ça, et ça s'est arrêté là."
01:19:54 J'ai vu son regard se fermer.
01:19:57 Et il n'y avait rien que je puisse dire après ça pour le décider à avouer ce que je voulais savoir.
01:20:18 Joseph Naiso a décidé de ne pas prendre d'avocat.
01:20:21 Et selon moi, il est avare.
01:20:24 Il ne payait jamais rien, c'était les femmes qui payaient l'hôtel, le restaurant.
01:20:30 Il était comme ça, sur le plan financier.
01:20:33 Un radin.
01:20:35 Il s'attendait à gagner le procès, sans avoir à dépenser beaucoup d'argent pour se disculper.
01:20:44 Il a même déclaré que personne ne connaissait l'affaire mieux que lui.
01:20:48 Ce qui nous a paru assez ironique.
01:20:51 D'après moi, monsieur Naiso a une personnalité narcissique et maniaque du contrôle.
01:20:58 Il a besoin de tout maîtriser en permanence.
01:21:03 Il veut exercer sa domination sur les femmes.
01:21:06 Il est toujours plus intelligent que tout le monde.
01:21:10 Et il pense que ça lui permettra forcément de prendre l'avantage.
01:21:13 Il est comme ça.
01:21:15 Sa décision de se représenter lui-même au tribunal, c'était très inhabituel.
01:21:21 Il a dû penser qu'il pourrait charmer le jury.
01:21:24 Le charme, c'était sa meilleure arme.
01:21:27 Même lors du contre-interrogatoire que j'ai subi en tant que témoin, je l'ai trouvé charmant.
01:21:33 Un contre-interrogatoire, généralement, c'est tout sauf ça.
01:21:36 Mais lui avait une façon de présenter les choses et d'établir le contact.
01:21:42 De façon amicale et respectueuse, qui était réellement charmante.
01:21:47 Au départ, monsieur Naiso était assez cordial.
01:21:51 Il utilisait mon grade. Il m'appelait "Sergeant Brown".
01:21:54 Ensuite, quand l'agacement a commencé à monter chez lui, il est passé de "Sergeant Brown" à "Inspecteur Brown".
01:22:01 Et puis juste "Brown".
01:22:03 Il me posait des questions en disant "Ok, Brown, vous avez mentionné des carnets de viol.
01:22:08 Pourquoi vous les appelez comme ça ?"
01:22:11 Et j'ai répondu "Parce que vous avez écrit "Je l'ai violé, je l'ai massacré, j'ai dû la tenir, j'ai dû la sommer."
01:22:19 Et c'est à ce moment-là qu'il a dit que pour lui, le viol, c'était comme faire la cour ou séduire une femme.
01:22:25 Quand des extraits ont été lus, les carnets de viol ont fait l'effet d'une bombe au tribunal.
01:22:39 Avec ses descriptions détaillées d'agressions sexuelles.
01:22:42 Une femme ou jeune fille après l'autre.
01:22:44 Et Joseph Naiso a essayé de noyer le poisson en disant que "viol", ça ne voulait pas vraiment dire "viol".
01:22:51 C'était juste une façon de parler entre hommes.
01:22:53 Le mot "viol", ça voulait juste dire qu'il avait pu coucher avec cette fille.
01:22:58 Pendant le procès, Judith Naiso a raconté plusieurs incidents.
01:23:05 Un jour, elle s'est réveillée après avoir été droguée d'une manière ou d'une autre.
01:23:09 Et il y avait un autre homme allongé sur elle.
01:23:12 Ils étaient nus tous les deux.
01:23:14 Apparemment, M. Naiso avait autorisé un ami à avoir une relation sexuelle avec sa femme inconsciente, pendant que lui prenait des photos.
01:23:23 Il s'agit d'un homme qui a violé plusieurs femmes.
01:23:29 Qui les a parfois tuées par strangulation.
01:23:34 Et qui recherchait des images de femmes apparemment inconscientes, ou alors mortes ou attachées.
01:23:41 Tous ces comportements indiquent clairement que Joseph Naiso est un sadique sexuel.
01:23:47 Ensuite, pendant le procès, on a pu identifier deux autres victimes de la liste.
01:23:58 Donc, si on parvenait à prouver la culpabilité de M. Naiso, on pouvait obtenir plusieurs condamnations à la perpétuité ou à la peine capitale.
01:24:06 Les médias s'intéressaient de plus en plus au procès de Joseph Naiso.
01:24:24 Et une inspectrice de police à la retraite a réalisé qu'elle avait interrogé Joseph Naiso en 1991, dans le cadre d'une affaire d'homicide.
01:24:33 Le corps de la victime avait été retrouvé sur la plage, dans le comté de Marine.
01:24:38 Je suis la fille de Sheria Patton, qui est morte il y a plus de 30 ans.
01:24:51 Elle a été assassinée.
01:24:54 Je m'étais installée près du lac Tahoe.
01:24:57 Elle habitait toujours à Los Angeles.
01:25:00 Et quand elle a pris sa retraite, elle a décidé de venir vivre avec moi.
01:25:04 C'était la fin des années 70.
01:25:07 On s'aimait beaucoup.
01:25:09 On était très proches.
01:25:11 Mais quand elle est venue me rejoindre dans les montagnes, j'avais une vie à moi.
01:25:16 Entre temps, j'avais rencontré quelqu'un et je m'étais mariée.
01:25:21 Donc, c'était un gros problème quand elle est venue s'installer ici.
01:25:24 Mon mari avait du mal à supporter la situation.
01:25:28 On a vécu tous ensemble pendant un an environ.
01:25:32 Et puis, mon mari a dit qu'on devait déménager.
01:25:35 Et il a été lui dire...
01:25:37 Elle ne l'a pas très bien pris.
01:25:42 Et puis, quelques jours plus tard, je suis rentrée du travail et elle était partie.
01:25:50 Il ne restait plus rien.
01:25:51 Elle avait emporté ses vêtements,
01:25:53 toutes ses affaires.
01:25:55 Elle avait juste laissé un petit mot pour dire qu'elle s'en allait.
01:26:00 Mais je ne savais même pas où elle était partie.
01:26:04 Et je me suis dit qu'elle allait sûrement pas tarder à revenir.
01:26:09 Mais quand le jour de l'an est arrivé, mon anniversaire, elle n'a pas appelé.
01:26:13 Je n'avais toujours pas de nouvelles et je commençais à m'inquiéter.
01:26:19 Ce soir-là, j'étais déjà au lit quand le téléphone a sonné.
01:26:21 Il devait être environ 22h15,
01:26:24 parce qu'un membre de ma famille éloignée avait reconnu ma mère
01:26:27 sur une image composite diffusée pendant le flash d'information de 22h.
01:26:31 La police avait lancé un appel à témoins
01:26:34 pour savoir si quelqu'un reconnaissait cette femme.
01:26:37 Son corps avait été retrouvé à Tiburon,
01:26:43 dans la baie de San Francisco.
01:26:48 Elle était dans un sac plastique noir.
01:26:50 Elle avait été étranglée.
01:26:52 Et la mère avait rejeté le corps.
01:26:56 À Tiburon, c'est un passant qui a trouvé le corps
01:27:01 en marchant le long de la côte.
01:27:03 La marée était descendue.
01:27:06 Cette personne a vu un gros sac en plastique noir
01:27:11 échouer sur les rochers.
01:27:13 Il était ouvert d'un côté.
01:27:17 Et on pouvait distinguer quelque chose
01:27:18 qui ressemblait à des restes humains.
01:27:21 Lorsque le corps a été identifié,
01:27:26 on a prévenu la famille,
01:27:28 qui a découvert que la victime habitait au 839 Leavenworth Street,
01:27:32 à San Francisco.
01:27:34 Les inspecteurs ont contacté le concierge à cette adresse,
01:27:39 et il s'est avéré que c'était Joseph Naiso.
01:27:42 Joseph Naiso a été interrogé,
01:27:46 et il a maintenu qu'il ne connaissait pas du tout Sherry Appleton.
01:27:49 Les inspecteurs n'ont rien trouvé pour l'incriminer,
01:27:52 et l'enquête a abouti à une impasse.
01:27:55 Après avoir été informée du décès de ma mère,
01:28:00 je n'ai plus de nouvelles du bureau du shérif.
01:28:04 J'ai reçu les cendres de ma mère par la poste.
01:28:08 C'est tout.
01:28:10 Et voilà, la vie a continué.
01:28:16 Pendant toutes ces années, je n'ai eu aucune nouvelle.
01:28:18 Et puis, tout à coup,
01:28:21 trente ans plus tard,
01:28:24 les inspecteurs sonnent à la porte,
01:28:26 et ils me montrent des photos.
01:28:29 J'ai amené des photos de filles qui avaient posé pour Joseph Naiso,
01:28:34 avec des vêtements de différents styles,
01:28:37 et j'ai demandé à Rusty Eckert si elle pouvait les identifier,
01:28:41 ou si elle en avait entendu parler par sa mère.
01:28:45 Il y avait une photo d'une jeune fille
01:28:47 qui avait l'air d'avoir environ 16 ans,
01:28:50 et elle portait un manteau en fourrure de lapin,
01:28:53 rien d'autre.
01:28:55 Un manteau gris, avec des rayures noires.
01:28:58 J'ai tout de suite reconnu ce manteau,
01:29:02 parce que j'avais porté le même pendant dix ans.
01:29:06 Un jour,
01:29:08 en faisant du shopping à Tahoe City avec ma mère,
01:29:12 on avait vu des manteaux en fourrure dans une vitrine.
01:29:15 Alors, on est rentrés dans le magasin,
01:29:18 et j'avais dit "Oh, je veux celui-là".
01:29:20 Ma mère avait dit "Moi aussi".
01:29:22 Et elle avait acheté deux manteaux,
01:29:24 un pour chacune.
01:29:26 On présume que, quand il a tué Shoria Patton,
01:29:31 Joseph Naiso a vidé son appartement.
01:29:34 Il a emporté toutes ses affaires, ses bijoux, ses vêtements.
01:29:37 Et à un moment donné, il a fait un tour dans son appartement,
01:29:41 et à un moment donné, il a demandé à une jeune fille
01:29:43 de poser en photo avec le manteau en fourrure de lapin.
01:29:46 Et la seule façon d'expliquer que ce manteau était en sa possession,
01:29:50 c'est qu'il avait dû tuer Shoria Patton.
01:29:53 Donc, Joseph Naiso a proposé à une jeune femme de poser
01:29:58 avec un manteau en fourrure,
01:30:00 appartenant à une femme qu'il avait assassinée.
01:30:04 Là, on a identifié le numéro 7.
01:30:08 Donc, on a des éléments à charge pour 5 des victimes dans la liste.
01:30:12 Et puis, pendant le procès,
01:30:15 le lendemain de la déposition du frère de Sarah Dylan,
01:30:19 on reçoit une nouvelle information.
01:30:22 On est informés par le département de la justice
01:30:26 qu'un crâne retrouvé dans le comté du Nevada
01:30:30 a pu être identifié par ADN.
01:30:34 Un spécialiste des affaires non résolues nous avait informés de cette affaire.
01:30:38 Des restes humains retrouvés le long d'une route nationale dans le comté du Nevada.
01:30:43 Personne ne sait à qui appartenait ce crâne.
01:30:48 Donc, les inspecteurs demandent au département de la justice
01:30:51 de faire un test ADN
01:30:53 et de chercher une correspondance
01:30:56 dans la base de données des personnes disparues.
01:30:59 Et les gens ont été répondus à la question.
01:31:03 Et il s'avère que l'ADN du crâne appartient à Sarah Dylan.
01:31:07 Je pense qu'elle a pris l'avion de Hawaii à Sacramento
01:31:14 pour aller à un concert de Bob Dylan.
01:31:17 Si on reconstitue son parcours,
01:31:20 elle a dû rencontrer Joseph Naiso sur la route nationale 113.
01:31:24 Lui, allait d'Oakland à Yuba City,
01:31:28 et cette route passe très près de l'aéroport de Sacramento.
01:31:33 Peut-être qu'il avait rendu visite à son ex-femme Judith,
01:31:36 qui habitait à Oakland à l'époque,
01:31:39 et il rentrait chez lui.
01:31:41 On sait que Sarah Dylan faisait régulièrement de l'autostop,
01:31:44 elle n'hésitait pas à monter dans la voiture d'un inconnu.
01:31:47 Donc, il l'a probablement prise en stop dans cette zone.
01:31:52 Et à un moment donné, il l'a tuée.
01:32:00 Chacune de ces affaires avait des caractéristiques spécifiques
01:32:03 pour ce qui est des éléments à charge permettant d'incriminer Joseph Naiso.
01:32:07 Mais quand on prend en compte ses actions dans leur globalité,
01:32:11 sa façon de traiter les femmes, et comment il tuait ses victimes,
01:32:14 il y a un mode opératoire qui se dégage,
01:32:17 et qui montre que Joseph Naiso était coupable
01:32:20 des quatre homicides dont il était inculpé,
01:32:23 et aussi des deux autres homicides avec un mode opératoire similaire.
01:32:27 [Musique]
01:32:50 S'il n'avait pas essayé de voler de l'alcool et de la nourriture
01:32:55 dans un supermarché en 2008,
01:32:57 personne ne l'aurait repéré.
01:32:59 Ce serait un autre tueur en série resté inconnu.
01:33:02 Si un contrôleur judiciaire attentif n'avait pas découvert la liste de Joseph Naiso,
01:33:09 ces meurtres seraient restés impunis.
01:33:12 Après sa condamnation, j'ai dû aller témoigner en tant que victime
01:33:16 pour expliquer au jury l'impact que son crime avait eu sur moi.
01:33:24 Je ne voulais pas le voir, mais je l'ai vu.
01:33:26 Et je le vois encore.
01:33:29 Cet homme laid et cruel.
01:33:32 Après tout ça, je suis tombée en dépression,
01:33:36 et j'ai même perdu mon emploi,
01:33:39 parce que j'étais totalement bouleversée.
01:33:42 Mon mari m'a quittée.
01:33:44 Beaucoup de temps a passé, mais la blessure ne s'est pas refermée.
01:33:49 C'est comme ça.
01:33:53 C'était comme s'il avait arraché un morceau de mon cœur.
01:33:56 Son sourire me manque, elle me manque.
01:33:59 Ça me manque de ne plus la voir sourire.
01:34:02 Et puis j'ai perdu confiance dans le monde et les gens autour de moi,
01:34:07 parce que Tracy était tellement gentille, tellement facile à vivre.
01:34:11 Donc l'idée que quelqu'un puisse lui faire ça, c'était complètement fou.
01:34:19 Joseph Naiso m'a volé une partie de ma vie.
01:34:22 Tous les moments qu'on aurait pu partager en vieillissant ensemble.
01:34:27 J'ai l'impression qu'il nous a privés de la possibilité de vivre
01:34:33 un happy end.
01:34:35 Je ne pourrai jamais
01:34:40 lui pardonner ce qu'il a fait,
01:34:43 pas seulement à ma mère,
01:34:46 mais aussi à toutes les autres victimes et leurs familles.
01:34:49 Les frères et sœurs de ces jeunes filles qui sont mortes
01:34:54 dans des conditions tellement atroces.
01:34:57 Donc il y a les six victimes qu'on a pu identifier,
01:35:02 plus quatre autres dans la liste des dix.
01:35:05 Ce qui signifie que quatre familles n'ont jamais eu de réponse.
01:35:08 Elles ne savent pas ce qui est arrivé à un être cher.
01:35:11 Et on reste avec un trou à la place du cœur.
01:35:15 Ça doit être une souffrance inimaginable
01:35:17 de ne pas savoir ce qu'il est arrivé à sa fille ou à sa sœur.
01:35:20 Ensuite, il y a les carnets de viols
01:35:24 qui contiennent tellement de douleurs et de souffrances.
01:35:27 Des dizaines et des dizaines de femmes ont été ces victimes.
01:35:32 Et Joseph Naiso a commis ces crimes en toute impunité
01:35:38 pendant très longtemps, des dizaines d'années.
01:35:44 L'identification des quatre victimes encore inconnues
01:35:46 dans la liste des dix, c'est très important pour moi.
01:35:49 Parce que ces quatre numéros représentent des femmes
01:35:53 qui ont été victimes d'un crime atroce.
01:35:56 Et je pense qu'elles méritent que justice soit rendue.
01:35:59 J'aimerais beaucoup pouvoir aller à la prison de San Quentin
01:36:03 pour interroger M. Naiso.
01:36:05 Si tout va bien, j'en aurai l'occasion un jour.
01:36:08 Mais je ne suis pas sûr qu'il passe aux aveux.
01:36:11 Je ne sais pas.
01:36:12 Je garde l'espoir qu'un jour,
01:36:16 il finisse par admettre ce qu'il a fait.
01:36:19 Même si c'est pour s'en vanter, d'une façon plus ou moins tordue.
01:36:24 J'espère juste qu'il n'emportera pas ses secrets dans la tombe
01:36:28 le jour de sa mort.
01:36:30 [Musique]
01:36:53 *Bruit de la musique*

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