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00:00 A seulement 26 ans, ado André a dû faire face à une maladie qui a chamboulé toute
00:11 sa vie.
00:12 Aujourd'hui, chaque semaine, il parcourt des kilomètres pour effectuer sa dialyse.
00:16 Vous l'aurez compris, ado André souffre d'insuffisance rénale.
00:21 Et pourtant, ce jeune homme affiche malgré tout un sourire et une joie de vivre qui ne
00:26 laisse personne indifférent.
00:28 Ado André, c'est le visage de tous ces jeunes dialysés dont l'espoir s'évapore
00:33 parfois sous le poids de cette maladie rénale.
00:36 Afin d'aider les jeunes dialysés à surmonter ce couloir sombre de leur vie, il a choisi
00:41 de partager son expérience, sa lutte, à travers un livre intitulé Dialyser, ce n'est
00:48 pas la fin.
00:49 Et il est avec nous sur ce plateau.
00:50 Ado André, bienvenue.
00:51 Merci madame.
00:52 Alors, comment vous allez ?
00:53 Ça va bien, et chez vous ?
00:54 Je vais très bien.
00:55 Merci.
00:56 Alors Dialyser, ce n'est pas la fin.
00:58 C'est un livre autobiographique qui raconte donc votre parcours, votre lutte, votre expérience
01:04 de jeune dialysé.
01:05 Mais pourquoi était-ce si important pour vous de le faire ?
01:08 Déjà, je veux remercier l'intérêt que vous portez à ce projet, à ce livre-là.
01:15 J'ai voulu partager cette tranche de ma vie pour pouvoir montrer la réalité des
01:23 dialysés, surtout des jeunes dialysés.
01:25 Et compte tenu du fait que c'est un sujet assez tabou, je dirais même encore d'ivoire,
01:30 de parler de souffrir d'insuffisance rénale, j'ai trouvé bien vraiment de partager cette
01:34 expérience-là que moi j'ai eue dans la vie et faire connaître aussi ce monde-là
01:38 qui est un peu méconnu des Ivoiriens.
01:41 D'accord.
01:42 On parle là bien sûr d'insuffisance rénale, mais à quel moment vous avez su que vous
01:46 étiez atteint de cette maladie ?
01:48 Comment ça s'est passé ?
01:49 J'ai été… on m'a diagnostiqué cette maladie-là lorsque j'étais en Tunisie
01:56 pour mes études.
01:57 Et là, suite à un malais, je me suis rendu à l'hôpital.
02:00 On m'a informé.
02:03 Après plusieurs années, on m'a dit « je souffre d'insuffisance rénale ».
02:06 Je vous jure que c'était le ciel qui me tombait dessus parce que c'était quelque
02:10 chose qui…
02:11 Ça a été très difficile pour vous dans votre situation.
02:12 Très, très, très difficile.
02:13 Et là, à 26 ans, lorsqu'on vous dit « vous avez une insuffisance rénale », vous…
02:18 « pourquoi moi ? ». Voilà, la première réaction, c'est « pourquoi moi ? ». « Pourquoi
02:23 j'ai cette maladie ? ». « Pourquoi ? ». « Pourquoi ? ».
02:25 Il n'y avait pas de signe avant qui vous alertait quand même, non ?
02:28 Non, non, non.
02:29 Déjà, il fallait que je sache c'était quoi les signes.
02:32 Déjà, je n'avais aucune information sur la maladie.
02:34 Je n'avais déjà pas de… je ne savais même pas c'était quoi l'hypertension,
02:38 tout ça.
02:39 Donc, je n'avais rien.
02:40 Mais avec le temps, j'ai découvert que j'avais des signes mais que je les ignorais.
02:44 Donc, je ne savais vraiment pas.
02:46 Voilà.
02:47 Alors, à seulement 26 ans, vous l'aviez dit, vous devriez faire face à un nouveau
02:51 mode de vie aussi, la dialyse.
02:53 Est-ce que vous aviez déjà entendu parler de cela ?
02:55 La dialyse ? L'insuffisance rénale, oui.
02:59 Parce qu'il y a la célèbre Syrie, ma famille, avec Bouiri Michel, il y a eu un épisode
03:04 où il avait…
03:05 Donc, comme je dis, quand on m'a parlé de l'insuffisance rénale, je me suis dit
03:08 qu'il va me planter, il a besoin d'un rein, de tout ce que j'avais en tête.
03:12 J'ai besoin d'un rein qui va me donner un rein.
03:15 Je vais mourir parce que dans cet épisode-là, Bouiri, il va mourir.
03:19 Voilà.
03:20 Donc, c'était ça qui me revenait.
03:21 C'était la seule fois où j'ai entendu parler d'insuffisance rénale.
03:24 C'était là seulement.
03:25 Et je lui ai dit, c'est peut-être un cliché, mais voilà, j'avais cette manière-là.
03:30 Mais je vais mourir.
03:31 C'est cette maladie-là, donc je vais mourir.
03:32 Qui va me donner un rein ? Où je vais trouver de l'argent pour me faire transplanter ? Est-ce
03:38 que… ?
03:39 Justement, dans ce livre, vous indiquez que vos parents et vous avez dû passer par différents
03:43 moyens pour trouver des solutions.
03:44 Oui, oui.
03:45 Vous savez, déjà depuis la ténésie, j'ai été obligé d'abandonner mes études et
03:50 rentrer.
03:51 Et c'est parce que les parents ne savaient pas, ne maîtrisaient pas.
03:55 On avait tendance à suivre déjà ce qui se passe sur les réseaux sociaux, les gens
03:59 qui grissaient d'insuffisance rénale, les parents qui disaient « non, on peut soigner
04:02 ici.
04:03 On peut soigner le mal en Côte d'Ivoire, la médecine traditionnelle, tout ça et tout.
04:09 » Et là, le fait qu'on ne sache pas vraiment comment cette maladie-là se passe.
04:16 Vous étiez donc sans information.
04:17 Sans information.
04:18 Donc les parents ont décidé de venir déjà, de rentrer au pays, de venir me faire soigner.
04:22 Et arrivé ici, on a eu tellement de personnes qu'on allait voir parce que tout le monde
04:26 disait qu'ils pouvaient guérir.
04:27 Donc on est passé par des hommes religieux, on est passé par des traduits praticiens,
04:33 on est passé même par des médecins et tout.
04:35 Je suis allé même juste aller voir des pseudo-prophètes.
04:37 Je me suis lavé au cimetière, je vous dis.
04:39 Au cimetière ? Je me suis lavé au cimetière, chez une tombe.
04:41 En pleine nuit en plus.
04:42 Voilà, tout seul.
04:43 Tout ça pour, dans le but de trouver la guérison.
04:46 La guérison.
04:47 Donc du coup, j'ai fait tout ça et puis bon voilà.
04:50 Je pense que… Et ça n'a pas abouti.
04:51 Ça n'a pas abouti.
04:52 Voilà.
04:53 Je vous ai dit qu'on était obligé de suivre ça parce que sans se mentir, quand on vous
04:59 dit que quelqu'un peut vous guérir et que vous souffrez, franchement vous suivez tout
05:03 le monde.
05:04 Et ça, c'est vraiment une erreur que beaucoup de personnes font et tout.
05:06 Ils ne suivent pas vraiment la voie normale.
05:08 Et là, vous avez jugé bon de retourner voir la médecine moderne.
05:13 La médecine moderne, c'est encore mieux.
05:14 Et c'est encore mieux.
05:15 J'aime souvent dire que lorsqu'on a une insuffisance rénale, lorsqu'on vous dit
05:21 que vous avez une insuffisance rénale, généralement c'est après un bilan qu'on le fait.
05:24 Donc si on vous dit que c'est après un bilan qu'on le fait, c'est une médecine
05:27 qui a permis que vous sachiez ça.
05:28 Donc avant d'aller faire d'autres pratiques, très franchement, c'est de commencer cette
05:31 pratique-là, pas cette médecine-là qui vous a donné ce résultat-là.
05:33 Je pense qu'on a l'habitude de dire que quand on trouve le non et ton mal, généralement
05:39 on peut trouver sa solution après.
05:40 Donc c'est bien de pouvoir vraiment se conformer à cette façon de marcher-là.
05:45 Il ne faut pas souvent suivre des gens.
05:48 Il ne faut pas suivre des gens pour…
05:49 Pour moi, je suis venu avec un état assez… pas vraiment poussé.
05:52 Mais aujourd'hui, à force de me balader, de me mettre en pratique, aujourd'hui mon
05:57 état s'est aggravé et j'ai fini malheureusement en dialyse.
06:00 Alors justement, comment vous avez accepté le fait que la dialyse fasse désormais partie
06:05 de votre vie ?
06:06 Difficilement.
06:07 Difficilement que la dialyse fasse partie de ma vie.
06:10 Mais comme je vous l'ai dit, je n'avais pas le choix.
06:15 Et avec beaucoup de force, j'ai accepté la chose parce que savoir qu'on est jeune
06:23 à 26 ans et tout, avoir cette maladie-là, on se disait… j'étais carrément dans
06:27 le déni.
06:28 J'étais carrément dans le déni.
06:29 Il n'y a pas que moi.
06:30 Il y avait aussi les parents qui disaient « tu vas guérir, tu vas guérir, tu vas guérir,
06:34 ça va passer », et tout, avec la foi, tout ça et tout.
06:36 Donc c'était difficile.
06:38 Mais finalement, j'ai compris que voilà, il vaut mieux accepter.
06:42 Et je pense que quand tu acceptes déjà le premier pas dans cette guérison, si vous
06:47 voulez, en griffe, c'est déjà d'accepter qu'on est malade.
06:51 Et quand on sait qu'on est déjà malade, on sait que son mode de vie va changer.
06:54 Et quand ça change, maintenant, on essaie de concilier cette ancienne vie-là à cette
06:59 nouvelle vie-là, essayer de pouvoir savoir de quoi je souffre, comment ça marche, comment
07:04 ça fonctionne, comment je peux faire pour allier mes plaisirs, mes loisirs avec cette
07:10 nouvelle vie-là.
07:11 Et je pense que c'est ce qui m'a poussé à vraiment accepter ça facilement.
07:14 Et j'ai eu des personnes dans mon entourage aussi qui m'ont aidé, des personnes que
07:18 j'ai rencontrées tout au long de mon parcours mondialiste qui m'ont aussi aidé.
07:21 Alors c'est vrai qu'il faut l'accepter, mais quel est le moment le plus difficile,
07:27 je veux dire, quel est le plus difficile dans cette tranche de vie, dans cette étape-là ?
07:31 Est-ce que c'est le fait de se dire qu'on est jeune et qu'on soit atteint d'une insuffisance
07:35 rénale ? Pour vous, c'était quoi le plus difficile ?
07:37 Que je sois atteint d'une insuffisance rénale.
07:40 Que je ne puisse plus faire ce que j'aimais.
07:43 Moi, j'étais, comment on appelle ça ? J'aimais beaucoup la musculation et tout.
07:49 Et je ne pouvais plus faire ça.
07:51 J'aimais beaucoup voyager compte tenu des centres de dialyse.
07:54 On voulait dire que la dialyse a changé votre mode de vie.
07:56 A changé, a changé mon mode de vie, très franchement.
07:58 Et c'est vraiment l'une des choses, quand tu vois qu'aujourd'hui tu étais assez mobile,
08:02 tu faisais beaucoup de choses et qu'aujourd'hui tu ne peux pas, comme auparavant, ça change.
08:08 On voit qu'on ne peut plus même avoir du boulot souvent à cause de notre santé,
08:14 ça change et tout.
08:15 Mais voilà, comme on dit, ce sont les joies de la vie.
08:20 Voilà, c'est un peu ça.
08:23 Donc, on essaie de faire… C'était vraiment ça.
08:25 Le fait d'être jeune et puis avoir cette maladie-là.
08:27 Et le fait même de ne pas avoir d'information dessus.
08:30 C'est tout ça.
08:31 C'est tout ça.
08:32 Et surtout le régime alimentaire.
08:33 Ça, c'est tout.
08:34 Tu as pris un coup.
08:35 Tu as pris un coup.
08:36 Vous n'aviez plus l'appétit.
08:38 Je n'avais plus l'appétit.
08:39 Il fallait même pour être… Il faut suivre un régime alimentaire assez strict.
08:43 Voilà, assez strict.
08:44 Et ce régime alimentaire, je vais dire quelque chose qui va peut-être choquer les gens.
08:48 Il n'est pas fait en phase en fonction des dialysés d'ici.
08:51 Il est calqué généralement sur un régime de diabétique et tout.
08:55 Donc, du coup, c'est compliqué.
08:57 C'est un régime qui est assez strict et tout.
08:59 La dialyse, c'est quelque chose qui est méconnu.
09:01 Et quand on n'arrive pas à te donner ce que tu veux manger, généralement les parents
09:07 leur disent « bon, tu ne manges pas ça, tu ne manges pas ça, tu ne manges pas ça,
09:10 tu ne manges pas ça ». Les parents veulent te voir guéri.
09:12 Et vous particulièrement, qu'est-ce qui vous était interdit ?
09:15 Moi, la loco.
09:17 La loco.
09:18 La loco.
09:19 La banane contient beaucoup de potassium, alors que le potassium est un nutriment qui
09:21 est bon pour l'organisme.
09:23 Toutefois, je peux expliquer un peu le fonctionnement des choses ?
09:25 Oui, bien sûr.
09:26 OK.
09:27 Par exemple, quand vous avez un régime alimentaire au niveau des insulins renaux, il y a généralement
09:30 le potassium et d'autres nutriments.
09:32 Généralement, le potassium agit sur les muscles.
09:35 Et donc, on va vous mettre sur un régime assez, ce qu'on appelle un régime hydro…
09:40 comment on appelle ?
09:41 Oh ! Hypokalémique.
09:42 Hypokalémique.
09:43 Voilà, hypokalémique, pour baisser le taux de potassium, vu que ça va agir sur les muscles
09:49 et tout.
09:50 Et beaucoup d'aliments qu'on aime contiennent du potassium.
09:53 Et donc, il faut faire attention, il faut manger ça, si on ne mange pas de la banane.
09:57 Moi, j'adore la loco.
09:58 Donc, pas de foutu, non ?
09:59 Pas de foutu, pas de foutu.
10:01 Pas d'haricots, pas… il y a certaines sauces, les sauces feuilles, que tu ne manges pas et tout.
10:07 Et c'est vraiment, c'est vraiment quelque chose… parce que tout contient du potassium.
10:11 Voilà, donc du coup, on ne mange pas ça parce qu'il y a du potassium.
10:14 Il y a ceci, il y a cela et tout.
10:15 Et qu'est-ce que tu avais privilégié finalement ? Les légumes ?
10:17 Oh, non, il fallait… moi, je vous jure que j'ai mangé du plat kali, la sauce au bérgine,
10:23 avec du poisson cap frais, sans sel.
10:26 Donc, vous imaginez déjà ce que je mangeais.
10:28 Il n'y a pas de goût et tout.
10:30 C'est très évident.
10:31 Voilà, il n'y a pas de goût.
10:32 Donc, déjà, la dialyse va t'épuiser, ça, il faut le dire, parce que ça va te nettoyer.
10:37 Mais après, ça fatigue aussi souvent, parce qu'on n'est pas en forme, tout ça.
10:42 Et quand on est nouveau, c'est encore difficile.
10:44 Donc, on ne mange pas bien.
10:46 Le médecin a dit aux parents, ne mangez pas ça, sans toutefois expliquer bien c'était quoi.
10:51 J'ai dit dans mon livre qu'on mange tout, mais on ne mange pas tout, grâce à un ami personnel,
10:58 Evy, qui m'a dit qu'on mange tout, mais on ne mange pas tout, parce qu'on a besoin de ces nutriments-là
11:04 pour que l'organisme fonctionne bien.
11:06 C'est l'excès de ces nutriments-là qui pose un problème.
11:09 Et comme quelqu'un qui est bien potent, par exemple, quand vous arrivez à éliminer l'excès de ces nutriments-là
11:14 dans l'organisme, contrairement à nous, vous, vous n'avez pas de problème.
11:17 Vous pouvez manger peut-être 10 plats de la loco sans problème.
11:19 Nous, on mange peut-être 1, 2, 3 plats.
11:21 L'organisme récupère ce qu'il a besoin.
11:23 L'excès reste encore là, parce que le rein n'est pas justement en bon état.
11:26 Donc, du coup, nous, on a ce problème-là.
11:29 N'empêche qu'on a besoin de potassium, ou bien on a besoin peut-être de le faire pour pouvoir bien fonctionner.
11:33 Donc, du coup, il y a vraiment un problème au niveau du régime alimentaire qu'on rencontre.
11:37 Donc, aujourd'hui, on essaie vraiment de s'adapter.
11:41 On essaie un peu de voir comment faire.
11:43 Et on apprend.
11:44 On apprend nous-mêmes, en tant que patients, on essaie de trouver.
11:47 Souvent, on paie le prix.
11:49 Mais au fur et à mesure, on connaît son corps.
11:52 On voit comment son corps réagit.
11:54 À demain, André, nous allons marquer une toute petite pause et revenir juste après.