• il y a 2 ans
Que reste-t-il d’un acteur disparu à l’âge de 23 ans ? Une œuvre, une idée, une image ? L’étude actorale de River Phoenix fait apparaître l’invention d’un jeu narcoleptique, qui a inspiré toute une génération.

Cours de cinéma par Fabien Gaffez, directeur artistique du Forum des images, du 13 octobre 2023.

Dans le cadre de la thématique Acteurs, Actrices & Avatars :
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00:09:01 -Vous aurez peut-être reconnu "Explorers" de Joe Dante au mi-temps des années 80.
00:09:08 C'est le premier film de cinéma de River Phoenix.
00:09:12 Il avait fait un peu de télé avant, mais c'est vraiment son tout premier film de cinéma.
00:09:15 Vous aurez peut-être également reconnu "The Handhook", le premier petit garçon que l'on voit apparaître.
00:09:21 Comment River Phoenix devient-il au cinéma ?
00:09:24 C'est le premier plan avec lui, c'est un réveil.
00:09:28 Qu'est-ce qui se passe dans la tête d'un ado à cette époque qui se réveille et s'éveille au cinéma
00:09:34 dans cette nouvelle et unique maison qui va être la sienne, celle du cinéma.
00:09:38 C'était une manière symbolique de commencer avec lui et de voir le premier des visages de River Phoenix.
00:09:47 On peut dire que c'est un acteur qui a marqué toute une génération,
00:09:51 une génération d'acteurs et d'actrices, aux yeux desquels il apparaissait à l'époque
00:09:56 comme un modèle ou comme un éclaireur.
00:09:59 La liste est longue de celles et ceux qui l'ont considéré de son vivant,
00:10:03 pas après sa mort, mais de son vivant, comme un contemporain capital.
00:10:07 On peut citer Brad Pitt, Essan Hawke, Leonardo DiCaprio, qui en était justement très fan
00:10:14 et qui a peut-être occupé l'un des terrains que River Phoenix aurait pu occuper par la suite.
00:10:18 Patricia Arquette, Keanu Reeves, son ami et bien d'autres.
00:10:23 C'est une génération, toute une nouvelle génération d'acteurs, un peu plus jeunes ou du même âge que River Phoenix.
00:10:28 Et pour qui la "star" du moment, celui dont il fallait s'inspirer, c'était River Phoenix.
00:10:36 Le nom de River Phoenix, du fait de sa disparition prématurée,
00:10:41 appelle un "zeitgeist", l'esprit d'un temps révolu, celui du passage des années 80,
00:10:47 comme on en voit un exemple ici, dans ce film de Joe Dante, du passage des années 80 aux années 90,
00:10:53 qui vit la marge arrivée au centre du jeu et le cinéma indépendant parvenir à un statut inédit,
00:10:59 symbolisé par le succès à l'époque de Sundance ou la naissance de Miramax,
00:11:04 qui allait faire le cinéma indépendant des années 90.
00:11:07 Au milieu de cette liste, il y a le cas Johnny Depp, son double maléfique, si j'ose dire, et j'y reviendrai.
00:11:14 Et bien des réalisateurs, après avoir tourné avec River Phoenix, ne tarissaient pas d'éloge sur la maturité de son jeu,
00:11:20 dès son plus jeune âge. Ils lui promettaient un avenir artistique radieux.
00:11:24 Peter Weir, Rob Reiner, Sidney Lumet, Laurence Cazedan, Steven Spielberg, Peter Boganovich ou Gus Vancent.
00:11:33 Cette énumération donne une idée, déjà, des réalisateurs de renom avec lesquels il a eu le temps de collaborer.
00:11:40 On ne connaît pas de méthode, d'école ou de formation du jeu de River Phoenix.
00:11:46 C'est d'abord un enfant artiste et autodidacte qui n'est jamais allé à l'école,
00:11:51 qui n'a jamais rien appris des officines officielles et qui a vécu une grande partie de son enfance au Venezuela,
00:11:59 puis dans une secte post-hippie radicalisée, les enfants de Dieu.
00:12:04 Il a été agressé sexuellement entre l'âge de 4 et 10 ans et a vite occupé le rôle de père
00:12:09 de cette fratrie de trois sœurs et un frère, subvenant aux besoins de la famille,
00:12:13 en chantant dans les rues notamment et en donnant des spectacles avec ses frères et sœurs.
00:12:17 Il était l'aîné donc. Ce défaçage culturel, cette maturité prématurée
00:12:23 et sa progressive sécession idéologique ont pu nourrir son jeu si particulier,
00:12:28 mélange de sauvagerie à la Mark Twain, de sensibilité extrême et de charisme terre à terre.
00:12:34 Il serait dans tous les cas inept ou faux d'inscrire Fénix par exemple dans l'héritage de l'actor studio,
00:12:40 ce qu'on peut lire parfois, actor studio dont on reparlera dans ce programme au mois de novembre,
00:12:45 mais qui à son époque a plutôt des allures d'académisme dans le jeu hollywoodien.
00:12:50 Certes, River Fénix s'investit et parfois se perd dans ses rôles.
00:12:55 La fiction rejoint souvent la réalité, mais toute œuvre d'art est une tresse indénouable de vécu et d'imagination.
00:13:02 Fénix puise dans son expérience, travaille d'arrache-pied et se laisse porter par une profonde foi artistique.
00:13:09 Selon Peter Bodganowicz qui va le diriger dans l'un de ses tout derniers films,
00:13:13 son tout dernier film achevé en tout cas, Nashville Blues en 1993.
00:13:19 Selon Peter Bodganowicz, River avait en tête l'entière structure du film quand il était sur le plateau
00:13:25 et pas simplement son propre rôle. Et en cela, il réfléchissait déjà comme un réalisateur.
00:13:30 C'est un témoignage que Gus Vonsant aussi pourra faire.
00:13:34 La trajectoire fictive et esthétique de River Fénix est d'abord celle d'un observateur,
00:13:39 un observateur des codes qu'il va ensuite détourner, assimiler ou faire voler en éclats,
00:13:45 puisque lui-même n'avait pas les codes, comme on dit, ni les codes sociaux, ni les codes artistiques.
00:13:50 Il a des allures d'ingénue vol terrien au pays du cinéma.
00:13:54 River Fénix a marqué ses pairs, je l'ai dit, mais il a également marqué une génération,
00:14:01 celle à laquelle j'appartiens, et peut-être certains d'entre vous, née dans les années 70.
00:14:06 Il a incarné quelque chose de son époque et pour son époque.
00:14:10 Sa mort prématurée en a trop vite fait un James Dean grunge, une icône à rebours, un ange de la désolation,
00:14:17 autant d'étiquettes faciles du marketing nécrologique.
00:14:21 Ce qui est certain, c'est que la disparition d'un artiste, quel qu'il soit, transforme sa vie en destin,
00:14:26 son oeuvre prenant alors un sens univoque qu'un imaginaire paresseux amalgame volontiers avec sa vie terrestre.
00:14:32 Ce qui est certain, et ce qui est si triste aujourd'hui, c'est ce côté Mozart qu'on assassine,
00:14:37 tout ce que River Fénix n'a pas pu vivre à l'écran et que d'autres ont vécu à sa place ou à sa suite,
00:14:43 tel son petit frère Joaquin, dont on peut imaginer sous la forme d'un fardeau ou d'un flambeau qu'il a repris le relais.
00:14:50 Alors ce qu'il en reste, ce sont quelques séries télévisées, une poignée de chansons, il était musicien, d'abord musicien,
00:14:56 et 14 films de cinéma, dont un inachevé.
00:15:00 Ces trois films les plus importants, ces trois chefs-d'oeuvre au sens propre de ce qui tient en tête de l'oeuvre,
00:15:06 sont à mon sens Stand By Me de Rob Reiner en 1986,
00:15:11 A bout de course de Sidney Lumet en 1988 et que vous pourrez voir après cette séance,
00:15:16 et My Home Private Hidde A Hole de Gus Van Sant en 1991.
00:15:20 D'autres films sont des goodies de la pop culture, comme Explorers dont on vient de voir un extrait,
00:15:27 ou Indiana Jones et la dernière croisade, troisième volet de la saga réalisée par Spielberg.
00:15:32 Certains films sont des objets méconnus, comme Dogfight dont je vous montrerai un extrait tout à l'heure,
00:15:37 ou des objets boiteux, Mosquito Coast par exemple de Peter Weir,
00:15:41 ou Nashville Blues, le film de Modgenovich dont je vous parlais.
00:15:44 D'autres films sont plus anecdotiques, tout en recelant quelques éclats de beauté,
00:15:49 ou un intérêt purement actoral. Je cite les titres Jimmy Reardon, Little Nikita, Je t'aime à te tuer, ou Les Experts.
00:15:57 Je vais vous parler du phénomène de grandir à l'écran,
00:16:03 qui est le mot qu'on consacre ce mois d'octobre à ce phénomène actoral.
00:16:08 Nous avons toutes et tous grandi avec le cinéma, en tout cas la majeure partie d'entre nous,
00:16:13 nés avant les années 2000. Le cinéma est une expérience à la fois esthétique et personnelle.
00:16:19 Les films deviennent les marqueurs de notre biographie, des capsules temporelles
00:16:23 qui nous renseignent sur nous-mêmes et sur le monde auquel nous avons un jour appartenu.
00:16:27 Le plus souvent, nous sommes marqués à vie par les films qui ont regardé notre enfance,
00:16:32 selon le mot fameux de Jean-Louis Schaeffer, repris par Serge Dané et par plusieurs générations de cinéphiles.
00:16:37 Schaeffer écrivait par ailleurs, je cite, que les films vus autrefois
00:16:41 "gardent la mémoire de ce qu'ils avaient regardé en nous".
00:16:44 Il me semble qu'on peut élargir cette vue au-delà de l'enfance,
00:16:47 bien que cet âge de la vie soit le plus impressionnable à tous les sens du terme.
00:16:51 L'expérience est similaire avec les livres.
00:16:55 À ce titre, quand on prépare un cours comme celui-ci, ou qu'on écrit un livre,
00:16:59 on est souvent parasité ou alors soutenu par ce que l'on est en train de lire
00:17:04 au moment de préparer la chose, et qui n'a a priori rien à voir avec notre sujet.
00:17:09 Tout a toujours à voir.
00:17:11 Notre cerveau est à l'affût des idées et notre esprit devient perméable
00:17:15 suivant l'idée fixe de notre recherche obsessionnelle.
00:17:19 Bref, je lis en ce moment, et je vous le conseille, "L'échiquier" de Jean-Philippe Toussaint,
00:17:23 livre semi-autobiographique qui a tout à voir avec cette idée de grandir avec les œuvres.
00:17:28 À la page 117, très exactement, il évoque "Roi, Dame, Valet", un livre de Nabokov,
00:17:34 qu'il a lu jadis et qu'il relit au moment du confinement en 2020.
00:17:38 Toussaint écrit "En ouvrant le livre, je me suis tout de suite rendu compte
00:17:42 que je ne cherchais pas à retrouver dans ces pages l'histoire que j'avais lue 40 ans plus tôt,
00:17:47 à reconnaître des situations ou à retrouver des personnages,
00:17:50 mais à établir un pont temporel immatériel entre le présent de ma lecture
00:17:54 et ce temps disparu de Medea où j'écrivais "La salle de bain",
00:17:58 son premier livre à Medea, donc en Algérie.
00:18:00 Me souvenant d'une réflexion de Proust dans le temps retrouvé,
00:18:03 j'avais conscience que je n'étais pas le relecteur du livre que j'étais en train de lire,
00:18:07 mais j'étais le relecteur de moi-même.
00:18:09 De même, on peut établir un pont temporel immatériel entre le présent du film
00:18:14 que l'on revoit et le temps disparu où on l'a vu pour la première fois.
00:18:18 Nous sommes les relecteurs et les revoyeurs, si j'ose dire, de nous-mêmes.
00:18:22 La particularité du cinéma, c'est qu'on peut y voir, pas nécessairement ni seulement,
00:18:26 mais l'on peut y voir des acteurs et des actrices qui nous ressemblent,
00:18:30 qui font société avec nous, plus que pour les réalisateurs ou les réalisatrices.
00:18:36 Ou alors, dans le cas des minorités invisibles,
00:18:38 ces acteurs peuvent opposer une dissemblance, voire une longue domination violente.
00:18:43 Dans tous les cas, on y voit des êtres humains qui nous rappellent à l'espèce.
00:18:47 Ce sont des corps qui font événement et jouent de leur devenir image,
00:18:51 et c'est ce qui fait que l'acteur et l'étude des acteurs est passionnante.
00:18:55 Cette connivence avec les films est d'autant plus étroite
00:18:58 quand on voit grandir l'acteur, quand on le connaît jeune, qu'il est jeune,
00:19:02 quand on voit grandir l'acteur ou l'actrice à l'écran, puis quand on les voit vieillir.
00:19:06 Le River Phoenix, lui, n'a pas eu le temps de vieillir,
00:19:08 et nous sommes devenus ses aînés par contumace.
00:19:12 Ce premier mois de programmation raconte l'histoire de cette connivence.
00:19:16 Et nous reviendrons également en décembre, avec les généalogies,
00:19:20 sur ce phénomène de l'acteur fétiche que l'on voit évoluer de film en film,
00:19:24 sous un même regard.
00:19:25 L'exemple canonique de Jean-Pierre Léo témoigne de cette mutation fragile et unique
00:19:30 qui est comme l'incarnation mise à nu, et le degré zéro du jeu d'acteur,
00:19:36 à savoir voir un corps grandir, vieillir et muter à travers cette évolution.
00:19:40 Certains d'entre vous se souviendront peut-être que nous avions évoqué ici,
00:19:44 en 2019, le cas des enfants de cinéma, avec Melville Poupot,
00:19:48 pour un très beau programme conçu avec lui, qui s'appelait "Mille Melville".
00:19:52 Vous aurez toutes et tous en tête ces enfants que vous avez vus grandir,
00:19:56 alors que dans la vie, on ne voit pas grandir ces enfants.
00:19:59 Les films sont des archives que l'on peut consulter à loisir,
00:20:01 elles attestent de la mutation de nos idoles.
00:20:04 Ce sont un peu des soirées diapos en famille, si vous voulez,
00:20:07 sous le regard mélancolique des parents, et celui plus contrarié des enfants devenus grands.
00:20:11 C'est aussi le temps qui passe à toute vitesse au fil des swipes sur les photos du téléphone.
00:20:15 On peut ainsi revoir à travers le temps, Drew Barrymore, Sandrine Bonner ou Anaïs Demoustier,
00:20:20 qui sera notre invitée, l'effet est encore plus saisissant
00:20:24 quand on a été le contemporain de telle actrice ou tel acteur,
00:20:29 quand on a eu sensiblement le même âge, et en même temps,
00:20:32 une forme d'étrange intimité s'installe entre eux et nous.
00:20:36 Et si je parle en mon nom ici, et fort probablement en nom d'une génération,
00:20:39 j'ai grandi avec River Phoenix.
00:20:41 Trente ans nous séparent de sa mort, et chacun peut se demander ce qu'il a fait de ces trente ans.
00:20:46 Plus prosaïquement, chacun peut se demander ce qu'il en reste,
00:20:49 ce qu'il reste dans le monde des films de River Phoenix.
00:20:52 Et quelle mémoire ont gardé ces films de ce qu'ils avaient autrefois regardé en nous.
00:20:56 Garder et regarder appartiennent ici à la même famille,
00:21:00 regarder c'est garder une nouvelle fois et peut-être pour toujours.
00:21:04 Donc vieillir à l'écran, c'est aussi vieillir avec l'écran.
00:21:07 Mesurer la distance qui nous sépare du moment, non seulement où le film a été réalisé,
00:21:11 mais aussi, disais-je, du moment où l'on l'a vu pour la première fois.
00:21:15 Donc je pense que la généalogie du rapport aux oeuvres est aussi importante
00:21:18 que la généalogie des oeuvres elles-mêmes.
00:21:21 D'abord, tout film invite à une expérience paradoxale de notre propre finitude.
00:21:25 Tout ce que je vois à l'écran est mortel et c'est l'oeuvre du temps qui s'expose à travers la mise en scène
00:21:30 et de quelque chose d'à peu près éternel, l'aspiration de l'art à la postérité.
00:21:35 C'est pourquoi on parle peut-être encore de River Phoenix aujourd'hui.
00:21:38 Et concernant River Phoenix, voyons comment il a grandi entre 1985 et 1993,
00:21:44 entre l'âge de 14 ans à peu près, au moment où il tourne le film,
00:21:47 à l'âge de 23 ans, l'âge de sa mort, ce qui est le passage exact de l'adolescence à l'âge adulte.
00:21:54 Je ne vous fais pas la descriptive de tous ces films,
00:21:57 mais vous voyez dans l'ordre à peu près chronologique,
00:22:01 les 14 films dans lesquels on a pu le voir,
00:22:04 Explorers, Stand By Me, Mosquito Coast, Jimmy Riordan, etc.
00:22:09 Et le tout dernier que vous voyez en bas à droite, en 1993, n'est pas sorti à l'époque.
00:22:14 Ça s'appelle Dark Blood, et un remontage, en tout cas des séquences tournées,
00:22:19 est sorti en 2012, sorti que en DVD ou dans certains festivals.
00:22:24 Il interprétait un Indien dans ce film.
00:22:28 Il y a bien entendu, ce que l'on peut constater ici, l'évolution physique,
00:22:32 passant du visage poupin au visage en lame émaciée,
00:22:35 du corps aux vestiges potelés de l'enfance, à la minceur nerveuse.
00:22:40 Le corps est l'instrument principal dont tout acteur doit apprendre à jouer,
00:22:44 composant avec ses particularités physiques.
00:22:46 Dans la fiction, et ce fut le cas pour River Phoenix,
00:22:49 il y a le difficile négoce du passage à l'âge adulte, pour un acteur enfant.
00:22:54 Ce qui veut dire choisir des rôles qui font passer d'un registre de jeu à un autre,
00:22:59 d'une dimension existentielle à une autre.
00:23:02 On connaît bien des acteurs et des actrices qui se sont fracassés sur ce mur de l'âge adulte,
00:23:07 des actrices et des acteurs enfants.
00:23:09 Pour nous en tenir au cinéma américain récent, pensons à Macaulay Culkin
00:23:14 ou à Halle Joel Osment, l'acteur de Sixième Sens et de A-High, de Steven Spielberg,
00:23:21 qui ont continué, mais pas avec la même force, en tout cas pas la même force,
00:23:24 n'ont pas pu négocier le virage de l'âge adulte.
00:23:27 Dans le cas de River Phoenix, il existe une contradiction heureuse.
00:23:31 La maturité de son jeu et de ses personnages,
00:23:35 il est souvent celui qui doit se prendre en charge lui-même et prendre en charge les autres dans les films,
00:23:40 donne déjà l'impression d'un adulte dans un corps d'enfant.
00:23:44 Il y a toujours chez lui un temps d'avance, un âge d'avance.
00:23:48 De manière burlesque, c'est déjà son personnage qu'on a vu tout à l'heure de nerd dans Explorers,
00:23:52 déjà un petit adulte avec ses livres, un petit scientifique.
00:23:56 De manière plus précise, on sent l'enfance toujours déjà perdue au fond de son regard.
00:24:00 C'est d'ailleurs l'une des partitions qu'il va jouer au fil des films.
00:24:04 L'enfance refusée, contrariée, volée, c'est quelque chose d'extrêmement profond et de bouleversant,
00:24:10 cet état d'une enfance muselée qui ne s'autorise pas à exister
00:24:14 et qui désigne plus largement une condition humaine en pleine déréliction,
00:24:18 un champ de possibles oblitéré.
00:24:21 Si bien que le scénario d'une libération de ses fers intérieurs
00:24:25 domine la filmographie courte de River Phoenix.
00:24:28 Scénario certes assez conventionnel, mais qui atteint chez lui une forme d'incandescence inouïe
00:24:33 et dont, à bout de course, le film de Sidney Lumet est la fiction majeure, presque la démonstration scientifique.
00:24:39 Outre la transformation physique dont je viens de parler et qu'on voit ici à l'écran,
00:24:44 ce passage à l'âge adulte va très vite être traité par un biais plus symbolique dans les fictions
00:24:48 et un biais beaucoup plus concret, la sexualité.
00:24:52 Quand Stand By Me était largement composé de grossiers fantasmes adolescents,
00:24:56 dès 1988 avec Jimmy Reardon, que vous voyez en haut à droite.
00:25:00 En réalité, le film est sorti en 88, mais j'ai mis 86-88 parce qu'il a été tourné en 86.
00:25:07 Et pour l'anecdote, c'est le premier film de Matthew Perry,
00:25:10 le Chandler Bing de Friends.
00:25:12 Donc si vous voulez découvrir ça au moins pour lui, faites-le.
00:25:15 C'est un film assez agréable.
00:25:17 Mais pour ce rôle, il choisit un rôle de donjon des années 60.
00:25:21 Il se fabrique un corps légèrement plus musclé, ce n'est pas très visible ici,
00:25:24 mais plus musclé que pour cet ado qu'il était, en se faisant des abdos, etc.
00:25:28 Il y a plusieurs scènes de sexe dans le film.
00:25:30 Et c'est d'ailleurs tout le sujet du film.
00:25:32 Faire l'amour pour la première fois avec la fille qu'il aime.
00:25:35 Et surtout, on le voit coucher avec une femme beaucoup plus âgée,
00:25:38 amie de sa mère, tout cela sur un ton plutôt léger.
00:25:42 Bref, sous son vernis patriarcal usuel, on voit River Phoenix préparer le terrain
00:25:47 de rôle plus adulte.
00:25:48 Et la romance inquiète, la romance inquiète, fera partie de sa panoplie
00:25:52 dans des films comme "À bout de course", "Je t'aime à te tuer" ou "Dogfight".
00:25:56 Et de ce point de vue et de tant d'autres points de vue,
00:25:59 "My own private idol" sera la déconstruction sublime d'une sexualité ouverte
00:26:03 et de son cœur amoureux.
00:26:05 Phoenix n'ayant jamais, dans sa carrière, n'ayant jamais abusé du registre
00:26:09 du jeune premier qu'il aurait pu incarner,
00:26:11 ni jamais joué la carte de la virilité boursouflée et à l'époque réganienne.
00:26:18 En 2020, Joaquin Phoenix, le frère, recevait l'Oscar du meilleur acteur
00:26:23 pour sa prestation dans "Joker".
00:26:25 Il terminait son discours de remerciement, d'ostensible résilience,
00:26:30 si vous connaissez ce discours, par ces mots.
00:26:33 "Quand il avait 17 ans, mon frère écrivait ses paroles.
00:26:35 Il disait 'Courre à la rescousse avec amour et la paix viendra'
00:26:39 'Run to the rescue with love' 'Courir à la rescousse avec amour'
00:26:43 L'oeuvre de River Phoenix n'est que cela, courir à la rescousse et avec amour.
00:26:49 C'est même l'une des figures de son style, à mi-chemin du corps burlesque
00:26:54 de l'athlète vagabond, à la rescousse de quoi, de qui ?
00:26:57 C'est un secret qu'on peut tenter de révéler ici, au moins d'identifier.
00:27:00 Courir, River Phoenix ne fait que ça, il ne cesse de courir dans les films.
00:27:05 Pas comme Tom Cruise, dont c'est devenu aujourd'hui le gimmick presque clinique
00:27:09 et inquiétant, si vous avez encore vu, c'est le moment Tom Cruise du film,
00:27:13 la course, mais chez Tom Cruise, c'est l'homme contre la vieillesse,
00:27:17 contre la machine, la course contre le métronome de la forme,
00:27:20 comme machine à remonter le temps et ça en devient vraiment inquiétant.
00:27:24 Nous ne sommes pas non plus dans la rescousse, on va dire, du film d'action.
00:27:27 River Phoenix n'est pas un avatar dégrossi de Bruce Willis.
00:27:31 Ici, c'est plutôt la course du chien fou, de celui qui ne tient pas en place,
00:27:34 qui cherche sa place dans le monde et qui ne la trouve pas.
00:27:37 C'est parfois une course folle et en rond, c'est la même course du fauve encagé.
00:27:42 C'est toujours une course, en tout cas, qui donne de l'élan au film
00:27:45 et guide le mouvement de la mise en scène.
00:27:48 Alors pourquoi et après quoi court-on au cinéma ?
00:27:51 On peut courir pour fuir quelque chose, dans de nombreux de ses films,
00:27:54 notamment dans "Échapper à un train sur un pont" dans "Stand by me".
00:27:58 On court pour presser le pas, pour entretenir son corps et travailler son souffle,
00:28:02 pour exprimer une émotion intense, pour gagner quelque chose
00:28:05 et la course devient sportive. C'est aussi un élément du romanesque.
00:28:08 Pensons au film de Jean-Paul Rapneau. Petite publicité, je vous conseille
00:28:11 le dossier dans "Positif" consacré à Jean-Paul Rapneau.
00:28:14 Donc le romanesque arrive par cette vitesse de course tout le temps.
00:28:18 En tout cas, toujours, il s'agit de dépasser quelqu'un, quelque chose, soi-même.
00:28:22 On court contre le temps et la course est d'abord une expérience temporelle.
00:28:26 Cela rejoint l'idée de grandir à l'écran. On court après le temps,
00:28:30 ayant peur de le perdre. Ou alors, on court après lui,
00:28:33 sans contrôle ni prise. On a l'impression de ne rien faire de bien,
00:28:36 d'être pris par ce temps et à la gorge. Voir River Phoenix courir,
00:28:40 quand on connaît sa destination finale, revêt cette course de vague à l'âme.
00:28:44 Comme s'il savait que le temps lui était plus compté qu'aux autres.
00:28:48 Voyons un extrait d'un film qui s'appelle "Little Nikita",
00:28:52 tourné en 1988 par Richard Benjamin.
00:28:57 - Go Air Force! - Yeah, go Air Force!
00:29:00 - Will you sit down? - Don't fall on the floor.
00:29:03 - Put the radio on! - Hey, look at this guy!
00:29:06 Jeffrey Grant?
00:29:10 Alright!
00:29:14 Good luck, buddy!
00:29:17 And remember, you live in fame, go down in flames!
00:29:20 Off we go!
00:29:25 Into the sun!
00:29:27 Here it comes!
00:29:29 Go Air Force!
00:29:31 Dans cette séquence, toute simple, mais c'était pour voir l'image de ce film.
00:29:45 Dans cette séquence, on voit que c'est la jeunesse qui s'exprime.
00:29:48 C'est la vitalité à l'état pur.
00:29:50 À peine contrarié par le costume qui leur appelle un peu à l'ordre
00:29:53 par rapport à la fiction.
00:29:55 La course est une joie sautillante et désinvolte ici.
00:29:58 Un spectacle anarchique, la course désordonnée de River Phoenix
00:30:01 est à contre-courant, par exemple, de la course martiale des soldats
00:30:04 qui s'entraînent et qu'ils croisent.
00:30:06 L'individu brouillon face au groupe ordonné.
00:30:09 C'est toujours de ça qu'il s'agit concernant l'acteur.
00:30:12 Il est le brouillon d'un individu.
00:30:14 Ce contre-courant est la recherche de soi-même.
00:30:16 Il remonte le courant de la norme et des injonctions sociales dans ses films.
00:30:20 Comme l'image mentale des saumons remontant la rivière
00:30:23 rythmera bientôt "My hand pleuvit très d'eau".
00:30:26 Dans la séquence suivante, dans ce film, il est face à Sidney Poitier,
00:30:31 acteur qui aura une importance pour lui.
00:30:33 Il y a toujours des acteurs comme ça qui seront comme des modèles.
00:30:36 Harrison Ford en sera un autre.
00:30:38 Et Sidney Poitier, il le retrouvera plus tard dans un film
00:30:41 qui s'appelle "Les experts".
00:30:43 Bref, dans la séquence suivante, face à Sidney Poitier,
00:30:46 il doute précisément de son identité.
00:30:48 "Je ne sais pas qui je suis", dit-il nerveusement.
00:30:50 Et c'est le sujet du film.
00:30:52 Parce qu'il est le fils, l'enfant, qui a des parents top du KGB.
00:30:56 Il ne sait pas que ses parents sont des espions du KGB.
00:30:59 Et donc il y a ce décalage entre lui et ses parents.
00:31:02 Il y a une défection, une démission, si vous voulez, des modèles.
00:31:08 Et ça sera un petit peu l'histoire de tous ses films dans "Mosquito Coast" également.
00:31:12 Bref, le mouvement de l'acteur entraîne le travelling latéral avec lui.
00:31:16 L'acteur devient l'épicentre de la mise en scène.
00:31:19 Et il fait signe à ses amis qui le regardent.
00:31:21 Mais c'est la caméra qui le regarde.
00:31:23 C'est nous, la galerie, qui l'amuse.
00:31:25 Je trouve ce geste simple et émouvant au milieu d'un film par ailleurs très moyen.
00:31:31 Deux choses définissent le style et l'oeuvre d'un acteur ou d'une actrice.
00:31:36 La manière dont il incarne les affects.
00:31:38 Et celle dont il incorpore la dramaturgie du film.
00:31:42 Ce qui relie ces deux manières, c'est le tempo
00:31:45 que saura donner et suivre l'acteur.
00:31:47 Le tempo phénixien, si on peut le dire ainsi,
00:31:50 c'est donc cette vitalité à contre-courant,
00:31:52 ou cette vitalité contrariée, symbolisée par la course.
00:31:56 Cela donne un jeu qui ressemble à une bombe à retardement,
00:31:59 des émotions qu'il faut tout le temps dompter,
00:32:01 et un feu dont il faut circonscrire le foyer.
00:32:05 Et à l'autre bout de l'échiquier, par exemple, si on peut le comparer à d'autres acteurs,
00:32:08 un acteur comme Clint Eastwood a fait de la marche le métronome.
00:32:12 Et quand Clint Eastwood court, c'est très rare,
00:32:14 il se passe toujours quelque chose de mauvais.
00:32:16 La séquence célèbre pour ça et métronomique,
00:32:18 c'est la séquence de la première fusillade dans "Dirty Harry",
00:32:23 l'inspecteur Harry, quand il va neutraliser un braqueur de banque
00:32:31 en marchant sur une musique jazz, en mangeant son hot dog et sans se presser.
00:32:34 Ça, c'est le rythme de l'acteur, le tempo qu'il va donner à ses films.
00:32:37 "Phoenix", ce n'est pas la même chose.
00:32:39 Dans l'œuvre de "Phoenix", on trouve ainsi des variations sur ce motif.
00:32:43 Que la course soit visible et extérieure, on vient de le voir,
00:32:46 ou invisible et intérieure.
00:32:48 Dans "Dogfight", nous aurons le contre-emploi absolu de ça.
00:32:52 La course freinée, qui correspond moralement dans le film à une forme de cruauté.
00:32:57 La cruauté de son personnage, le début du film, très rapidement,
00:33:02 c'est dans les années 60, avant de partir en guerre,
00:33:05 un groupe de Marines va simplement faire un concours pour aller en boîte,
00:33:09 c'est-à-dire de choisir la fille la plus moche et l'amener danser.
00:33:14 Et voilà, ils jouent de l'argent là-dessus.
00:33:17 La jeune femme que rencontrent River Phoenix, c'est Lily Taylor,
00:33:22 autre actrice impressionnée par River Phoenix.
00:33:25 J'en reparlerai de ce film.
00:33:27 Le Marine revient du Vietnam, blessé, il boite, il ne peut plus courir.
00:33:31 Et d'une autre manière, Marion Private Hideo casse ce corps énergique,
00:33:36 casse cette vitalité.
00:33:38 Il recherche un vertige intérieur, une course au-dedans,
00:33:41 une narcolepsie de l'élan, une course vers l'abîme junkie.
00:33:46 La course, c'est aussi un espacement, quelque chose qui donne de l'espace,
00:33:51 une technique pour redéfinir l'espace de la mise en scène pour l'acteur
00:33:55 et pour quadriller le terrain de jeu à tous les sens du terme.
00:33:58 C'est la libération du corps que l'on filme alors tout entier.
00:34:01 C'est le retour aux zoopraxographies de Muybridge,
00:34:05 ces mouvements aux origines du cinéma où on filmait le mouvement de course
00:34:09 ou de saut, etc.
00:34:11 On revient au plan large, au corps livré à lui-même, qui donne lieu,
00:34:15 ce sont les origines même du cinéma et de l'acteur,
00:34:17 cette course du corps vers son image.
00:34:19 Chez Phoenix, un film théorise cela.
00:34:22 Dès son titre et sa traduction en français,
00:34:25 "Running on Empty", "à bout de course".
00:34:28 D'un côté, on tourne à vide, "Running on Empty",
00:34:30 de l'autre, on a trop couru, on est à bout de course.
00:34:33 C'est effectivement un film sur la libération du personnage de River Phoenix.
00:34:37 Je ne vais pas trop en dire pour ceux qui le verront après.
00:34:39 C'est un film sur sa désincarcération symbolique d'une famille en fuite,
00:34:43 d'une famille fugitive.
00:34:45 Le film est d'ailleurs encadré par deux séquences qui se font écho,
00:34:49 première et dernière séquence,
00:34:51 deux séquences où l'on voit River Phoenix courant vers sa famille
00:34:54 pour fuir le danger d'avoir été repéré.
00:34:56 Il passe de ville en ville, car ce sont des,
00:34:59 on va dire non pas des terroristes, mais en tout cas des militants d'ultra gauche
00:35:03 qui ont pu occasionner, après un attentat, la mort de quelqu'un sans le vouloir.
00:35:07 Voyons, analysons des affiches de ce film.
00:35:12 D'un côté, on peut voir l'élan,
00:35:14 de l'autre, la fixation par la photo de famille.
00:35:17 Donc à gauche, nous avons l'affiche originale américaine
00:35:22 et à droite, l'affiche française de sa ressortie il y a quelques années.
00:35:28 L'élan, c'est ce morceau de scotch que vous voyez qui se décolle un petit peu.
00:35:32 River Phoenix, on va le voir, est ce décollement.
00:35:36 C'est un acteur du décollement, décollement des clichés, des images,
00:35:40 des embastillements humains.
00:35:41 Symptomatiquement, l'affiche de la reprise à droite joue littéralement sur la course.
00:35:46 Ce n'est non pas la solitude du coureur de fond,
00:35:48 mais la solitude au fond du coureur.
00:35:50 Et la troisième affiche, je pense que c'était l'affiche soit belge,
00:35:55 soit française de la sortie du film en 1988,
00:35:58 mais le film était passé assez inaperçu.
00:36:01 Cette troisième affiche, on va le voir, joue un autre thème de l'œuvre de Phoenix.
00:36:06 C'est celui de prendre soin de l'autre.
00:36:08 On va le voir ici, c'est sa silhouette à gauche qui prend soin de son petit frère.
00:36:13 Les années 80 ont produit ce phénomène de course à vide.
00:36:17 Je vous rappelle que son œuvre est vraiment s'ancre dans la deuxième moitié des années 80.
00:36:23 Et donc ce phénomène de course à vide face aux imageries anciennes et saturées,
00:36:27 qu'on pense à l'iconique course de Denis Lavant dans "Mauvais sang",
00:36:30 à perdre Haleine et son destination, condamnée à faire demi-tour et à un retour en arrière.
00:36:36 Elle répondait dans ce film de Léo Scarax,
00:36:38 directement à celle de Jean-Pierre Léo à la fin des "Quatre cents coups",
00:36:41 course de libération vers l'infini de la mer,
00:36:43 et mise en portrait de Léo, son accession à l'identité avec le regard caméra final.
00:36:48 Dans les années 80, tout ça tourne à vide, justement.
00:36:51 Le scénario Phoenix, de manière générale, c'est une course à la rescousse
00:36:56 dont l'élan est contrarié par le péril qui pèse sur cela qu'il faut sauver.
00:37:00 Sa famille, soi-même, l'amour.
00:37:03 Car c'est bien à la rescousse qu'il court.
00:37:05 Le personnage phénixien prend soin des autres, comme il le faisait dans la vie.
00:37:10 Il prend soin de sa famille dans Mosquito Coast,
00:37:14 de ses parents dans Little Nikita,
00:37:16 de son frère dans A bout de course, comme on le voit ici,
00:37:18 de la femme trompée par son patron dans Je t'aime à te tuer.
00:37:21 Il prend soin des gens qu'il aime, tout simplement.
00:37:24 Voyons une séquence caractéristique de ce trait de caractère,
00:37:27 et cet extrait de Stand by me.
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00:49:45 Et au-delà de cette dimension physique, il y a une dimension, on va dire, métaphorique, une dimension esthétique.
00:49:51 Il y a une dualité de la vision, une tension entre les deux yeux, deux regards, deux visions,
00:49:58 qui correspond parfaitement au jeu et à la fiction phénixiennes.
00:50:02 Des images mortes pour un œil mort et des images vivantes pour un œil vivant.
00:50:07 C'est le grand sujet esthétique de son œuvre, nous allons le voir,
00:50:10 et c'est l'une des questions explorées avec génie par Gus Van Sant dans My Own Private Idaho dont je vais vous montrer un extrait.
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00:51:02 Beaucoup de choses dans cette séquence qui commence par le "don't walk", ne marche pas, ne bouge pas.
00:51:08 Cela correspond à la course suspendue dont je vous parlais tout à l'heure, à l'élan déconstruit.
00:51:12 Il faut faire le point avec le bon œil.
00:51:15 Ici on a le travelling contrarié, le fameux effet vertigo,
00:51:19 on zoom et on fait un travelling arrière ou inversement,
00:51:23 en même temps ce qui crée ce sentiment de vertige, ici c'est un vertige intérieur.
00:51:27 Et on a cette focalisation, il croit reconnaître quelqu'un, on voit l'image mentale, il croit reconnaître sa mère en vérité.
00:51:32 Et donc cette focalisation où il faut faire le point.
00:51:35 Le film est une étude de la focalisation,
00:51:38 transformant la narcolepsie dont est atteint le personnage en phénomène esthétique.
00:51:43 Faire le point est le tri entre les images mortes et les images vivantes.
00:51:48 Il y a un mouvement que fait River Phoenix très souvent dans les films,
00:51:54 justement pour répondre à cet œil mort, c'est celui-ci.
00:51:58 C'est le début de "My own private ideal", je vous parlerai de la séquence tout à l'heure.
00:52:05 Mais on le voit simplement faire ce geste, qui est aussi sur l'affiche de notre saison, si vous l'avez vu.
00:52:12 Donc simplement pour faire le point, là c'est les trois plans qui se suivent,
00:52:16 et il y a les risques qui se forment pour mieux voir.
00:52:19 Il fait ça sur son œil, j'allais dire, valide.
00:52:24 Ici, on cache l'œil paresseux pour y voir plus clair.
00:52:27 Et cette perspective va donner tout son projet esthétique au film,
00:52:31 qui sera vu à travers le regard double de River Phoenix.
00:52:36 Je reviendrai donc sur cette séquence, mais on a chez tout acteur des gestes éloquents,
00:52:42 ce qu'on appelle des gestes éloquents, qui reviennent comme des rimes,
00:52:45 comme des phénomènes dans leur œuvre.
00:52:49 Ce geste éloquent est ici surdramatisé pour rentrer dans la fabrication même de l'image.
00:52:54 C'est l'acteur qui, par son regard, va créer cette image et lancer le film.
00:52:58 Et il le refait à d'autres moments dans le film.
00:53:02 On le voit toujours ce mouvement dans "My Own Private" et "Dao".
00:53:06 Et dans "Jimmy Deardogne", on a toujours ce mouvement qui fait que, dans ce film aussi,
00:53:12 si j'ai le temps, je vous montrerai la séquence dont elle est tirée.
00:53:15 Ici, on se masque l'œil gauche, c'est-à-dire l'œil qui ne voit pas,
00:53:20 quand, dans une scène de confrontation avec son père, il s'oppose à lui et lui dit ce que lui veut faire.
00:53:26 Et il le voit tel qu'en lui-même.
00:53:28 C'est vraiment le signe de l'œil qui voit le vrai et le vivant.
00:53:34 Les images mortes peuvent être réanimées au sens propre, retrouver une âme.
00:53:41 C'est toute la dimension déjà repérée dans "My Own Private" et "Dao".
00:53:45 Et cela forme le code secret de l'œuvre de River Phoenix.
00:53:48 L'œil paresseux peut être dissimulé, mais il peut aussi revivre,
00:53:52 à travers les larmes dont je parlais tout à l'heure.
00:53:55 L'émotion ressuscite l'œil, les larmes s'excavent du tombeau.
00:54:00 Considérons un instant l'image du regard au bord des larmes, comme on le voyait tout à l'heure.
00:54:04 De cette manière, l'œil est soutiré au regard, quand on filme un regard plein de larmes.
00:54:10 L'œil est filmé en tant que tel, comme un organe, voilé par les larmes.
00:54:14 Seul le regard disparaît, puisqu'on ne peut plus voir à travers les larmes.
00:54:18 Le regard disparaît sous le voile, tandis que l'œil est quant à lui dévoilé par cette manifestation liquide.
00:54:25 Jacques Derrida écrivait "Au fond de l'œil, celui-ci ne serait pas destiné à voir, mais à pleurer".
00:54:33 Ajoutant que si les yeux de tous les animaux sont destinés à la vue,
00:54:36 l'homme seul s'est allé au-delà du voir et du savoir, car seul il sait pleurer.
00:54:42 Vous comprenez comment le geste d'un acteur, ici, le bord des larmes,
00:54:46 se transforme en image et permet l'éloquence du film.
00:54:50 Pour ce sujet du bord des larmes, le plus beau et indépassable spécimen de cette poétique des larmes,
00:54:56 c'est la passion de Jeanne d'Arc, de Dreyer, si vous le revoyez.
00:55:00 Enfin, cette éloquence des larmes désigne une autre qualité du personnage de River Phoenix.
00:55:05 La fragilité.
00:55:07 Et il ne faut pas confondre ici la fragilité et la vulnérabilité.
00:55:11 La fragilité a aussi sa force.
00:55:13 La fragilité d'un objet, je n'ai pas de verre ici, par exemple,
00:55:17 mais la fragilité est l'objet qui contient sa propre brisure,
00:55:21 qui à tout moment peut se briser.
00:55:23 C'est sa condition.
00:55:25 C'est une définition parfaite du jeu de River Phoenix.
00:55:28 Quelque chose qui contient toujours sa propre brisure.
00:55:31 Là encore, Gus Vansand va transformer son film en portrait de l'acteur.
00:55:35 Le montage sous la forme d'un collage,
00:55:37 d'un collage venu de la Beat Generation,
00:55:39 le montage sous la forme d'un collage,
00:55:41 c'est aussi un ensemble de brisures,
00:55:43 des bris d'images qu'il rassemble et recompose.
00:55:46 J'ai évoqué plusieurs figures du style de River Phoenix.
00:55:51 J'en rappelle deux, l'art du décollement,
00:55:53 décoller de l'écran des images toutes faites,
00:55:55 se décoller des clichés, etc.
00:55:57 Et la poétique qu'on pourrait appeler,
00:55:59 d'un mot barbare, la poétique amblyopique,
00:56:02 la dialectique entre les images mortes et les images vivantes.
00:56:06 Cela se manifeste chez lui et dans son oeuvre de plusieurs manières.
00:56:10 Tout d'abord, il y a une manière d'être,
00:56:14 comme à contre-courant, je vous le disais,
00:56:16 du cinéma dominant des années 80.
00:56:18 Et qui va faire naître justement,
00:56:20 et c'est en cela que la figure de Gus Vansand est importante,
00:56:23 puisque lui-même sera le réalisateur
00:56:25 qui va apporter ce geste critique dans le cinéma des années 80.
00:56:30 Et il y a donc aussi un geste critique dans l'art de River Phoenix.
00:56:34 Si je schématise, le cinéma des années 80 est un cinéma de la surface.
00:56:38 Et l'image y trouve un nouveau statut.
00:56:40 On peut diagnostiquer une évolution jusqu'aux années 90,
00:56:43 à travers certains réalisateurs,
00:56:45 depuis une forme de saturation optique
00:56:47 vers une réincarnation critique des images.
00:56:49 Il y a une formule de Serge Danais qui dit tout,
00:56:52 dans une critique du film de Coppola "Coup de cœur".
00:56:54 Il dit "Il n'arrive plus rien aux humains,
00:56:57 c'est à l'image que tout arrive."
00:56:59 Et River Phoenix va refaire le chemin à l'envers,
00:57:02 à contre-courant, à rebours,
00:57:04 afin qu'il arrive de nouveau quelque chose aux humains.
00:57:07 Et d'ailleurs, c'est pour ça qu'il y aura très peu de films de genre
00:57:12 dans l'œuvre de Phoenix.
00:57:15 Et dans ce contexte historique du cinéma des années 80,
00:57:18 pour aller vers les années 90,
00:57:20 River Phoenix doit décoller plusieurs images,
00:57:23 plusieurs posters des murs de sa chambre, si vous voulez.
00:57:26 De manière plus théorique, on peut dire qu'on assiste,
00:57:28 dans son jeu, à une inversion des rapports traditionnels
00:57:31 du corps et de l'image.
00:57:33 Ici, l'image arrive toujours en premier,
00:57:35 et Phoenix tente de l'incarner,
00:57:37 de lui donner une consistance et d'en faire autre chose.
00:57:40 Petit exemple, de trois photogrammes
00:57:43 tirés d'About de course.
00:57:46 On est dans une chambre d'adolescente,
00:57:49 un placard.
00:57:51 Qui sort du placard ?
00:57:53 River Phoenix.
00:57:55 Qui avait-il au fond du placard ?
00:57:57 James Dean.
00:57:59 On peut revoir ces trois.
00:58:01 Il passe donc, symboliquement, dans ce film,
00:58:04 de Chaplin à James Dean.
00:58:06 Il fait le pont entre le burlesque sentimental de l'un
00:58:09 et le surjeu dramatique de l'autre.
00:58:11 Surtout, il sort du placard, si j'ose dire,
00:58:13 il quitte la chambre.
00:58:15 Symboliquement, c'est la figure du père que l'on voit ici en bas,
00:58:17 qui n'est pas son père, mais qui est le père de sa jeune amoureuse.
00:58:20 Un personnage qui veut l'aider à accomplir son souhait,
00:58:23 c'est-à-dire devenir prodige de piano.
00:58:26 C'est la figure du père qui nous laisse découvrir l'intérieur du placard.
00:58:30 La séquence est un peu plus tardive.
00:58:32 Et le poster iconique de James Dean.
00:58:35 Sortir du placard, ici, c'est révéler sa vraie nature actorale.
00:58:38 Qui ronde avec celle de James Dean,
00:58:40 à tout le moins avec l'imagerie de James Dean,
00:58:42 celle d'une icône de la pop culture.
00:58:44 Et symptomatiquement, dans "The Body",
00:58:47 la nouvelle de King dont est adaptée "Stand By Me",
00:58:51 le personnage principal a peur de visiter la chambre de son grand frère mort.
00:58:55 Et il imagine sortir du placard, pâle et sanglant.
00:58:59 River Phoenix est aussi ce grand frère mort dans le placard.
00:59:02 Autre poster à décoller, celui de James Dean.
00:59:06 La comparaison a été faite ad nauseum.
00:59:09 Sa mort prématurée, James Dean est mort à 24 ans,
00:59:12 évidemment, la comparaison était facile.
00:59:14 Il peut y avoir une certaine ressemblance physique,
00:59:17 mais ça s'arrête là pour moi.
00:59:19 Il faudrait un cours tout entier pour comparer stylistiquement
00:59:22 et historiquement les deux acteurs.
00:59:24 Par exemple, James Dean est un acteur vulnérable,
00:59:27 comme je faisais la distinction tout à l'heure,
00:59:29 alors que River Phoenix est un acteur fragile.
00:59:32 Dans tous les cas, bien des réalisateurs ont à l'époque fait la comparaison.
00:59:36 Et certains en ont même joué de cette ressemblance,
00:59:38 dans les premiers films en tout cas.
00:59:40 On voit même dans ce sous-titre que,
00:59:42 dès que l'on parle de James Dean,
00:59:44 il y a une pose peut-être un peu spécifique
00:59:46 qui peut nous faire penser à James Dean et aux fantômes de James Dean.
00:59:49 Ça vient de Mosquito Coast.
00:59:52 Mais je citerai au moins deux chantiers,
00:59:54 je ne pourrais pas le faire en entier ici,
00:59:56 mais deux chantiers qui seraient intéressants à mener
00:59:58 du point de vue actoral pour cette comparaison.
01:00:00 L'un esthétique et l'autre thématique.
01:00:03 Un qui serait intéressant,
01:00:05 c'est ce que j'appellerais la lignée Jim Stark,
01:00:07 du nom du personnage incarné par James Dean dans "La fureur de vivre".
01:00:11 "La fureur de vivre" propose une configuration Stark,
01:00:14 si vous voulez, autour du personnage de James Dean,
01:00:16 qui va donner lieu à de nombreuses reprises,
01:00:19 remplois, réencodages dans l'histoire du cinéma,
01:00:22 notamment des années 70 et 80.
01:00:24 Plusieurs motifs que l'on pourrait tirer
01:00:27 et voir disséminés à travers d'autres films
01:00:30 qui retravaillent, redéconstruisent un petit peu le film de Nicolas Stray.
01:00:34 J'en cite quelques-uns, le blouson rouge
01:00:36 et l'usage de la couleur en général,
01:00:38 le microscope, le format et son influence sur les corps et sur le monde,
01:00:41 la vitesse symbolisée par la voiture,
01:00:43 l'adolescence et la délinquance juvénile,
01:00:45 la rébellion, la révolte,
01:00:47 la paternité en perdition,
01:00:49 la défaite des modèles, la fureur, la fêlure,
01:00:51 la voiture comme élément mythologique,
01:00:53 les amants tragiques à la Roméo et Juliette,
01:00:55 les décors de fin du monde, pensés au planetarium dans "La fureur de vivre"
01:00:59 ou d'un nouveau monde, le repli hors du monde,
01:01:01 dans une maison abandonnée dans "La fureur de vivre",
01:01:03 et la sexualité en question.
01:01:05 Bref, on y trouve, elle-même, dans cette lignée esthétique,
01:01:08 on y trouve des films comme "Badlands",
01:01:10 "Outsiders", "Rusty James",
01:01:12 "Christine", "The Carpenter",
01:01:14 "Comme un chien enragé", "Indian Runner"
01:01:16 et "My own private Idaho".
01:01:18 Et "River Phoenix" s'inscrit donc dans cette grande déconstruction
01:01:20 du film de Nicolas Stray,
01:01:22 si on le prend strictement du point de vue esthétique.
01:01:25 Et le deuxième chantier, plus thématique, c'est le rapport au père,
01:01:28 à la paternité, donc au modèle,
01:01:31 mais des modèles qu'il faut contourner, remplacer,
01:01:34 donc il faut se séparer.
01:01:36 Ce qui rappelle un très beau film d'Ozu,
01:01:38 "Il était un père", où il y a une vision de l'éducation
01:01:41 comme séparation. Il faut apprendre à se séparer
01:01:44 de ses enfants, et leur apprendre à se séparer de nous.
01:01:47 Et c'est l'un des grands thèmes "James Dinien",
01:01:50 si j'ose dire, surtout dans "À l'est d'Éden"
01:01:53 ou dans "La fureur de vivre", si vous avez les films en tête.
01:01:55 Chez Phoenix, les choses sont beaucoup plus subtiles.
01:01:58 Voyons deux versions du rapport filial,
01:02:01 du rapport au père. L'opposition d'un côté
01:02:04 et la compréhension de l'autre. Deux films dans lesquels
01:02:07 la figure de James Dine apparaît.
01:02:10 Le premier, c'est "Jimmy Reardon".
01:02:13 Le film est sous-titré en anglais, je crois, malheureusement.
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