CABU _ Je ne respecte rien - Canard Enchainé & Charlie Hebdo
Transcript
00:00 [Musique]
00:06 Bonjour Cabu !
00:07 Bonjour !
00:07 L'un des plus grands dessinateurs de presse français, le canard enchaîné, Charlie Hebdo évidemment.
00:11 Et voici ses dessins cruels qui sont publiés au Cherchemidi.
00:15 Pourquoi Cabu des dessins seraient-ils cruels ?
00:19 Vous savez c'est l'éditeur, c'est Philippe Héraclès du Cherchemidi qui a voulu ce titre.
00:29 Moi je sais pas.
00:31 Vous les trouvez pas cruels vous les dessins ?
00:33 Non, non, non.
00:35 On va en voir quelques-uns. Ils sont quand même cruels contre la classe politique, contre Chirac, contre Hollande.
00:40 Vous ne respectez personne.
00:42 Écoutez c'est mon rôle sinon si je fais des dessins, qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?
00:47 Des dessins à la Penet par exemple, avec des personnages politiques ça marcherait pas.
00:53 Alors là on y voit ses flambilles à le PO, on continue de voir encore des dessins, voilà le suivant.
00:58 On voit que c'est Jacques Chirac, c'est les Intouchables.
01:01 Mais là vous avez vu qu'il était maigre à cette époque-là Hollande.
01:05 Oui, maintenant vous le faites de revenu un peu plus joufflu.
01:09 Alors il a un rême Hollande.
01:12 Ah oui.
01:14 Excusez-moi si je ris parce que je me rappelle plus de mes bêtises.
01:18 Mais vous riez en dessinant Cabu.
01:20 Ça c'est rare mais ça peut arriver oui.
01:24 Ça veut dire que la vie politique vous fait marrer non ?
01:28 Oui, la comédie humaine me fait rire bien sûr.
01:31 C'est pour ça que c'est... parce qu'on me demande toujours "mais t'en as pas marre ?"
01:34 Non non j'en ai pas marre parce que c'est toujours nouveau, c'est toujours inattendu.
01:38 Regardez ce qui s'est passé à l'UMP, aussi bien à droite qu'à gauche d'ailleurs.
01:43 Les aventures galantes de François Hollande, ça ça vous inspire.
01:47 Valérie Trévillère.
01:49 Le casque de Hollande et d'ailleurs un autre caricaturiste dans un genre différent que je connais, c'est Laurent Gérard.
01:57 Dans son spectacle, il fait trois minutes de mime, il arrive casqué et c'est formidable.
02:02 Puis il fait toujours avec une manche comme ça.
02:06 Là on a vu un dessin, vous comparez Nadine Morano à une dinde.
02:10 Là vous devez pas me dire que vous n'êtes pas cruelle.
02:12 Oui c'est vrai, ça c'est vrai.
02:14 Oui c'est vrai, quand même vous le reconnaissez.
02:16 Alors on dit évidemment vite la comédie humaine, Kabu.
02:20 La politique c'est une forme de comédie humaine ?
02:23 Ah oui vraiment.
02:24 Oui, ils doivent d'ailleurs être un peu acteurs, il y a des bons acteurs puis il y a des mauvais.
02:30 Si si c'est un théâtre, je vois ça comme un théâtre.
02:33 Mais c'est un monde cruel, ça c'est vrai.
02:36 Je sais pas si mes dessins le sont mais c'est un monde très très cruel.
02:39 Ils se détestent.
02:41 Ils se détestent.
02:42 Mais vous évidemment c'est grâce à tout ça que vous faites des dessins qui sont superbes.
02:46 Bien sûr, je vis comme un morpion si vous voulez sur ce monde là.
02:53 Oui oui j'avoue, j'avoue que j'en vis.
02:57 Mais puis rien ne change vous savez, parce que vous savez quelquefois j'ai un personnage qui s'appelle mon beauf.
03:04 Mais les beaufs qui voient ça, ils ne savent pas qu'ils sont des beaufs.
03:08 Donc je peux dessiner ça éternellement, ça n'a aucune conséquence.
03:12 C'est-à-dire que personne ne se reconnaît dans vos dessins.
03:14 Non, voilà.
03:15 Vous préférez ne pas se reconnaître.
03:16 Mais là on a bien reconnu Jean-Marie Le Pen là par exemple et François Fillon sur ce dessin là.
03:20 Il y a des réserves de voix à droite.
03:23 Alors vous n'épargnez pas Marine Le Pen.
03:26 Non, non parce que je pense que c'est pas une grande démocrate.
03:29 Elle me fait peur, ses idées me font peur.
03:32 Donc ma seule arme c'est d'essayer de faire rire et de montrer le grotesque de ses discours vous voyez.
03:38 Mais j'y arrive pas non plus.
03:40 Oui, là on voit ici que là-bas elle ne veut pas être qualifiée d'extrême droite.
03:44 Non.
03:45 Vous, vous l'écrivez pourtant, vous n'avez pas peur.
03:47 Non, non, non, j'ai pas peur.
03:49 J'ai déjà eu des procès avec son père d'ailleurs mais tant pis je continue.
03:54 Ah oui, vous avez toujours comme ça des ennuis de temps en temps.
03:57 Oui, c'est normal, j'accepte si vous voulez, j'attaque certaines personnes, j'accepte d'être attaqué.
04:03 Mais ce qu'on ne peut pas accepter avec tous mes copains de Charlie et du Canard c'est d'avoir des fatouates en même temps.
04:09 Pour un dessin être condamné comme Charles qui est condamné à mort quand même pour certains dessins.
04:15 Ah oui, condamné à mort.
04:17 Il est toujours gardé par des policiers depuis deux ans.
04:22 Oui.
04:23 Et c'est inadmissible ça pour des dessins, c'est parce que en France on admet la caricature, voyez, mais il y a des pays qui ne reconnaissent pas la caricature,
04:37 qui ne reconnaissent même pas le droit à représenter Mahomet.
04:43 Oui, on a vu la une, c'est vous qui l'aviez décidée d'ailleurs, de Charlie avec le scandale que ça a pu faire.
04:48 Oui, c'est parce que certains pays ne reconnaissent pas, c'est terrible, de rire avec des dessins.
04:58 Oui, rire avec les religions par exemple.
05:00 Ah oui, c'est ça qui a changé beaucoup en 20 ans, c'est que toutes les religions sont devenues plus radicales, notamment la religion musulmane, c'est vrai.
05:08 Oui, et la religion catholique vous ne l'épargnez pas.
05:11 Oui, mais ça depuis longtemps, au moins la religion catholique ne poursuit pas aussi souvent que la religion musulmane, parce qu'on a eu des procès avec plusieurs associations musulmanes,
05:26 mais on n'a pas été condamné parce que les tribunaux français ont reconnu le droit à la caricature justement.
05:33 Oui, on a le droit de caricaturer comme on le voit ici, Jésus a dit "prenez des préservatifs grande taille" sur ce dessin là.
05:41 C'est justement le Brésil, là, on reconnaît le...
05:45 En fait, vous êtes un peu un rebelle à l'autorité, Kavé.
05:50 Oh, légèrement, vous savez, je suis un républicain, parce qu'on me catalogue souvent d'anarchiste, je ne suis pas anarchiste du tout, moi je suis pour l'application des lois.
05:58 Nous sommes dans un pays laïc et on doit respecter la laïcité, voilà.
06:03 Oui, et alors la laïcité c'est dire tout ce qu'on pense et d'être toujours libre.
06:09 Oui, et de prendre... Pour moi une religion c'est une idéologie comme une autre, on a le droit de critiquer l'idéologie de droite ou de gauche, on doit avoir le droit de critiquer une religion, bien sûr.
06:24 Oui, et la caricature est faite pour bousculer, comme ça, pour dire... C'est une piqûre de rappel sur la liberté.
06:31 Exactement, pour faire réfléchir, pour que les gens aient toujours cet esprit critique, un petit peu, ne pas se laisser justement aller à des discours d'extrême droite qui sont débiles, entre autres.
06:44 C'est ça, mais au-delà de ça, il y a des choses que vous aimez, il y a Charles Preyné, il y a la vie, il y a tout ça.
06:52 Il y a le jazz, je vous dirais que c'est beaucoup plus difficile de faire des dessins pour que de faire des dessins contre.
06:59 C'est-à-dire ? C'est plus difficile de montrer ce qu'on aime ?
07:01 Oui, exactement, parce que de faire rire en même temps, enfin de faire sourire au moins, j'y arrive pas toujours.
07:08 Tandis que parce que je fais des dessins contre couramment, mon boulot c'est de faire des dessins contre tel ou tel.
07:15 Mais de faire des dessins pour, c'est bien plus dur, oui.
07:18 Oui, mais vous êtes resté un grand du-duche un peu, hein, quelque part.
07:22 Ben, vous me faites des compliments, mais j'en suis plus là, malheureusement.
07:27 C'est-à-dire cet adolescent un peu rêveur, comme ça, un peu mai 68 ?
07:31 Non, mais je crois que j'ai toujours les mêmes goûts.
07:35 Vous savez, quand j'ai commencé à dessiner, j'admirais beaucoup Dubout et j'admire toujours Dubout.
07:41 J'ai découvert Charles Preyné un jour et j'aime toujours Charles Preyné.
07:45 Je pense que oui, ce qu'on découvre à 15 ans, je crois qu'on l'aime toute sa vie.
07:51 On était ravis de vous accueillir.
07:53 Je vous remercie.
07:54 À bientôt.
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