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Chaque mardi, mercredi et jeudi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Gaspard Proust livre son regard sur l'actualité.

Retrouvez "Gaspard Proust - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/gaspard-proust-les-signatures-deurope-1

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Transcription
00:00 Michel Onfray, merci à vous d'être resté pour écouter Gaspard Proust.
00:04 Bonjour Gaspard, comment ça va ce matin ?
00:07 - J'essaye de récupérer après le choc psychologique d'hier soir.
00:10 - Mais que s'est-il passé ?
00:11 - Je ne sais pas ce qui m'a pris, je suis surfé sur internet,
00:13 je suis tombé sur une propriété viticole qui organise,
00:16 tenez-vous bien, je vous jure que c'est sérieux,
00:17 des sessions combinées yoga dégustation de vin.
00:21 - Les deux en même temps ?
00:21 - Oui, j'ai lu ça, vraiment j'ai eu l'impression de recevoir
00:24 la dernière tuile du toit de la civilisation occidentale sur la tête.
00:27 Vin et yoga, alors vin nature évidemment, donc buvez et recrachez,
00:31 ceci est ma piquette versée pour la multitude des barbobos du 11ème.
00:34 Non mais imagine la purge, la posture du pigeon,
00:36 boum, un petit coup de vin nature,
00:38 t'es après la position qui tord le corps, le vin qui tord les boyaux,
00:41 non mais dans quel enfer on vit, j'en peux plus.
00:43 Alors c'est bien, on a un philosophe ce matin,
00:45 qui va nous aider de prendre un peu de recul par rapport à la situation.
00:48 Quoi que Michel Onfray, quand on écoute son analyse sur la situation actuelle,
00:51 bon tu ne sais pas si tu dois prendre des cours de tir
00:53 ou boire directement un verre de cigu,
00:55 mais ceci dit on est quand même content de vous recevoir,
00:57 même s'il y a toujours un côté un peu humiliant pour nous autres commentateurs,
01:00 quand on est invité du calibre de Michel.
01:02 Mais pourquoi ?
01:03 Parce que c'est le seul invité qui, lorsque tu le vois dans le média,
01:05 tu sais que c'est parce qu'il a écrit un nouveau livre.
01:07 Si le journaliste lui demande,
01:08 mais médiatiquement vous êtes quand même très présent,
01:10 il peut répondre direct "c'est normal j'ai écrit un nouveau bouquin".
01:12 Bah ouais qu'est-ce qu'il y a, moi je ponds 50 feuilles par jour,
01:14 350 par semaine, une bibe par mois, excusez-moi de travailler.
01:17 Pour peu que ce soit une notion qui vous soit familière,
01:19 à vous autres, le travail,
01:21 qui consiste grosso modo à paraphraser avec plus ou moins de talent et d'esprit grégaire
01:24 les dépêches de la FP, bam dans ta gueule !
01:26 C'est pas faux, je prends, je prends.
01:28 Vous lisez un peu ce qu'écrit Michel Onfray,
01:30 Gaspard, vous pourriez débattre avec Michel Onfray ?
01:32 Il est beaucoup trop équipé pour moi.
01:33 Attendez, notre invité a quand même prouvé que les rabbins ne croyaient pas en Dieu.
01:37 Il a prouvé ça ?
01:37 Ah ouais, j'ai lu un de ses livres récents qui était une correspondance sur Dieu
01:40 entre notre invité et un rabbin.
01:41 Alors quand je dis rabbin, je parle d'un rabbin normal,
01:43 c'est pas un énervé, pas le mec avec les tresses pour faire du swad élastique aux pellicules.
01:46 Alors figurez-vous que le titre du bouquin c'est "Dieu ? Point d'interrogation".
01:50 Et alors ?
01:50 Vous êtes naïf ou quoi ?
01:51 À un moment, les deux auteurs, ils ont dû négocier le titre.
01:53 Comment ça ?
01:54 Je sais pas, en fait, c'est un rabbin.
01:55 Réussir à mettre le point d'interrogation après le mot "Dieu",
01:58 c'est que c'est Michel qui a pris le dessus sur l'énégo.
02:00 Parce que mettre le point d'interrogation avant ou après le mot "Dieu", ça change tout.
02:04 Comment ça ?
02:04 Si tu mets le point d'interrogation avant le mot, ça fait un peu quoi ?
02:07 Réponse Dieu.
02:08 Si tu le mets après, ça sonne un peu comme "Dieu ? Ah bon ?"
02:12 Donc Michel a plié le game dès le titre.
02:14 Remarque heureusement qu'il n'a pas fait ça avec le pape François.
02:16 Qu'est-ce qu'on aurait eu comme titre ?
02:18 "Dieu, émoji, homme enceinte".
02:20 Est-ce que vous connaissez Michel, mon frère ?
02:23 Non, pas vraiment, mais on a plein de points en commun.
02:25 Lesquels ?
02:25 Vu la chronique qu'il a faite à une époque sur la photo de Macron entourée par les Antillais,
02:29 qui faisait un doigt d'honneur, je pense que les deux, on se méfie des gens tactiles.
02:32 Et c'est vrai que quand tu vois les images qui nous arrivent en ce moment
02:34 du Proche-Orient de Macron avec les otages...
02:37 Mais qu'est-ce qui vous choque ?
02:38 Manu avec les otages, c'est l'histoire du pot de fer contre le pot de glu.
02:41 C'est Manu la glu.
02:42 Il est là, il prend les mains, il reste des heures, il ne veut pas les lâcher.
02:46 Depuis qu'il s'est pris un vent par Mbappé,
02:47 t'as l'impression qu'il passe son temps à chercher des bouées,
02:49 tout le temps à la gripper.
02:51 Je vous verrai qu'après son mandat, il va ouvrir un cabinet de poseuse de mains.
02:54 On va le retrouver en toge, mettre les mains en rotant à voix haute.
02:57 Je suis en train de vous détoxifier les énergies.
03:01 Vous n'êtes pas tactile, vous, Gaspard, non ?
03:02 C'est ma hantise.
03:04 Franchement, parfois, je pense aux enfants bulles et je me dis,
03:06 ils ne savent pas la chance qu'ils ont.
03:08 C'est horrible, dites-moi.
03:09 Vous avez vu que le Hamas a libéré certains otages.
03:12 Qu'est-ce qu'ils sont malins.
03:13 Tu sens qu'ils ont des bases en neurosciences.
03:15 C'est-à-dire ?
03:16 Tu commets les pires horreurs, puis d'un coup, pour t'humaniser,
03:18 tu relâches au compte-goût de quelques otages.
03:20 Et là, d'un coup, tu fais presque oublier que t'es une ordure.
03:22 Non, mais regardez, on a relâché une grand-mère et sa fille,
03:24 au fond, on est des humanistes.
03:26 Même tes gens de gauche le disent.
03:27 Technique de base des neurosciences.
03:29 Développé, développé.
03:30 C'est beaucoup plus payant d'être tout le temps désagréable
03:32 et parfois sympa, que l'inverse.
03:34 Ah, comment ça ?
03:35 C'est facile à comprendre.
03:36 Prenez une personne naturellement sympathique comme Anissa.
03:38 Bon, à un moment, on s'habitue à ce qu'elle soit cool.
03:40 Le jour où elle va craquer et envoyer péter quelqu'un,
03:42 tout le monde dira, Anissa, elle a pris la grosse tête.
03:44 Pour qui elle se prend ? Elle m'a déçu.
03:46 Alors que prenons l'exemple inverse.
03:47 Au hasard, moi.
03:49 T'arrives ici en ignorant à peu près tout le monde.
03:51 Tu confonds régulièrement une pigiste avec une femme de ménage.
03:54 Et un jour, tu viens la voir, tu dis,
03:55 ça me ferait plaisir de t'inviter à déj' parce que
03:57 j'aimerais savoir qui tu es.
03:58 Car comme disait Jean Baudin,
03:59 il n'est de richesse que d'homme.
04:01 Bah là, je te garantis que direct,
04:03 elle va les répéter à tout le monde.
04:04 Non mais en fait, ce mec, c'est pas du tout un connard.
04:06 Je pense que c'est un grand sensible.
04:07 Il a une carapace.
04:09 Bah le vamasse, il fait pareil.
04:10 Non mais quelque part, vous êtes en train de nous expliquer
04:12 que vous êtes un terroriste, finalement.
04:15 Ah ouais ? Écoutez, ma femme, Mathilde Pannot,
04:18 n'a jamais utilisé ce mot pour me décrire.
04:20 Non mais votre femme, vous avez vu qu'elle a...
04:23 secret des relations.
04:25 Vous avez vu qu'elle a encore fait sensation, d'ailleurs, à l'Assemblée.
04:27 Ah ouais, qu'est-ce qu'elle est calme.
04:28 À la tribune de l'Assemblée, dans sa petite robe noire,
04:30 avec sa petite main potelée qu'elle agitait au ciel.
04:33 On aurait dit une veuve corse en train de brailler sur le voisin
04:35 parce que l'âne venait lui bouffer les salades de son potager.
04:38 C'est le genre de truc, moi, qui me fait...
04:40 Bon, je voulais vous entendre là-dessus, Gaspard.
04:42 Est-ce que vous avez vu qu'un homme fiché à se radicaliser islamiste
04:44 a été condamné à six mois de prison ferme
04:46 pour détention d'une quinzaine d'armes à feu.
04:48 Et oui, il avait aussi des milliers de munitions.
04:50 Je précise qu'à ce stade-là, il n'aurait pas de projet terroriste.
04:53 On est rassuré.
04:54 Et on suppose que six mois de prison ferme,
04:56 ça devrait être juste ce qu'il faut
04:58 pour qu'il ait le temps d'avoir un bon projet
05:00 au moment où il va sortir.
05:01 Non mais ce pays est une blague.
05:03 Merci, Gaspard Proust.
05:05 Merci, Michel Onfray.
05:06 Merci.
05:07 Vous voulez rajouter quelque chose ?
05:08 Non, parfait.
05:10 Merci et à bientôt, Michel Onfray.