La France est-elle en déclin depuis Louis XIV ? - En Toute Vérité avec Philippe De Villiers

  • l’année dernière
Alexandre Devecchio reçoit Philippe De Villiers pour présenter son nouveau livre "Le Roman du Roi-Soleil"

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##EN_TOUTE_VERITE-2023-10-29##

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00:00 En toute vérité, chaque dimanche entre 11h et midi sur Sud Radio, Sécurité, Économie, Numérique, Immigration, Ecologie.
00:11 Pendant une heure, chaque semaine, nous débattons sans tabou des grands enjeux pour la France d'aujourd'hui et de demain.
00:16 Et cette semaine, nous avons le plaisir de recevoir le fondateur du Puy du Fou, Philippe Devilliers.
00:21 Il nous parlera de son nouveau livre, le roman de Louis XIV qui vient de paraître chez Plon.
00:27 En seconde partie d'émission, Philippe Devilliers évoquera avec nous également l'actualité et répondra à quelques questions sur les élections européennes.
00:34 Mais tout de suite, Louis XIV, Louis XIV c'était l'apogée de la France, mais aussi peut-être le début de la fin.
00:39 Sommes-nous en déclin depuis la mort du roi Soleil ? Quelle leçon politique tirée de son règne pour aujourd'hui ?
00:44 Macron, Louis XIV, peut-on comparer l'incomparable ? Tout de suite les réponses de Philippe Devilliers, En Toute Vérité.
00:55 Philippe Devilliers, bonjour. - Bonjour. - Ravi de vous recevoir pour ce nouveau livre, le roman du roi Soleil.
01:02 Après Clovis, Saint-Louis, Jeanne d'Arc, c'est un nouveau chapitre finalement de votre roman national à vous.
01:09 D'où vous vient cette passion pour l'histoire, cette passion que vous transmettez aussi avec le Puy du Fou ?
01:16 D'où ça vous vient et pourquoi cette envie de la transmettre de manière aussi urgente aujourd'hui ?
01:23 Quand vous êtes dans l'obscurité, dans une maison qui s'effondre, vous suivez le conseil de l'architecte et du maçon.
01:38 Et le conseil c'est d'aller à tâtons vers les murs porteurs. Parce que seuls les murs porteurs vous indiquent la sortie.
01:50 Nous sommes dans une maison qui s'effondre, dans l'obscurité, la pauvre France dont les hôtes ne savent plus où ils habitent.
02:01 Et les murs porteurs, ce sont ceux qui ont fait la France, qui nous ont laissé une trace glorieuse, souvent méconnue,
02:09 et qui nous ont permis d'hériter de ce trésor que nous sommes en train aujourd'hui de dissiper.
02:18 Et donc le Roi Soleil, c'est non seulement une grande période de l'histoire de France, mais c'est aussi beaucoup de leçons qu'on ferait bien d'appliquer aujourd'hui.
02:28 Si nos politiciens avaient une culture historique, je pense qu'ils feraient moins d'erreurs.
02:35 On parlera justement des leçons de Louis XIV pour aujourd'hui, mais vous avez commencé sur l'effondrement en quelque sorte,
02:43 et la manière dont l'histoire peut nous aider à nous relever ou nous donner des repères.
02:49 Quelque chose m'a frappé dans l'actualité, c'était maintenant il y a déjà trois semaines,
02:53 mais cet attentat islamiste contre un professeur à Arras a visé finalement Dominique Bernard, qui était professeur de français,
03:03 mais le terroriste voulait viser un professeur d'histoire. C'est tout un symbole, non, Philippe de Villiers ?
03:09 Je me souviens surtout de la cérémonie qui a eu lieu dans la cathédrale d'Arras,
03:19 avec cette dame aimante, au lutrin, souffrante, lumineuse,
03:29 et qui explique qu'il ne faut pas regarder son mari comme une victime, parce qu'une victime tombe malgré elle,
03:42 mais plutôt comme un héros, en l'occurrence un héros littéraire, qui tombe pour nous, pour la France tumefiée, la France humiliée, la France abattue,
03:56 afin que nous soyons capables de saisir d'une main à l'est, et avec un peu d'élégance, de sa main, de la main du héros littéraire,
04:10 dans une nation qui est un acte littéraire, grand ce haut, tu tourneras ma tête vers France la douce, de saisir son panache.
04:19 Et c'est la grande leçon de Dominique Bernard, c'est la leçon d'un professeur de lettres qui aimait la France à travers sa littérature, à travers le verbe vivant.
04:31 Je pense que dans les semaines qui viennent, dans les mois qui viennent, dans les années qui viennent,
04:38 on regardera cette disparition symbolique, comme une sorte d'allégorie, c'est un monde qui meurt, c'est une civilisation qui meurt.
04:52 Jacques Hedélia, ce grand poète breton, disait "Quand un paysan meurt, c'est comme une bibliothèque qui brûle".
05:01 J'ajouterais "Quand un professeur de lettres cultivé est assassiné, c'est la civilisation qu'on blesse mortellement".
05:14 Justement, effectivement, cette civilisation est attaquée, et on attaque effectivement les professeurs de lettres et les professeurs d'histoire.
05:24 Est-ce que c'est justement parce que la littérature, l'histoire, ce sont des remparts finalement dans ce choc de civilisation ?
05:32 Est-ce qu'en exaltant notre histoire, nos grands hommes, vous espérez faire rempart, Philippe de Villiers ?
05:40 Moi j'ai été marqué par un professeur d'histoire qui, lorsque j'étais en classe de cinquième, a mis sous nos yeux une miniature du 15ème siècle,
06:00 qui s'appelait "Le jardin de paradis". Et ce jardin de paradis figurait les figures idéales de la France, représentait les figures idéales de la France.
06:14 Il y avait un palice d'osiers armoriers, c'était le poursours du jardin, qui deviendra le précaré de Vauban.
06:26 C'était l'idée du jardin de tempérance, le jardin du septième climat. En face du jardin d'Éden, il y avait le jardin de la tempérance, c'est-à-dire la France.
06:40 La deuxième figure, c'était la domina, la femme, la maîtresse, celle qui domine la dame de haut port et de seigneurie, du temps de la chevalerie.
06:55 Et qui va donner Notre-Dame. La France, dira Michelet, à partir de cette miniature, est une femme, la France est une mère, la France est une dame.
07:11 La France est un acte de tendresse morale, la dame au pied de la croix, figure de la consolation et de la désolation, Notre-Dame, à partir du XIIIe siècle, patronne de la France.
07:26 Et la troisième figure, c'est celle que j'ai eu le plus de mal à décrypter, c'est un petit Jésus avec un psaltérion.
07:37 Et en fait, on m'a expliqué tardivement que c'était le verbe vivant. C'est-à-dire en fait, en France, les mots sont des notes, le psaltérion.
07:48 Le verbe se fait chair, il est vivant. Et le verbe passe par la musique. Ce qu'il fera dire un jour à un grand homme de théâtre, Louis Jouvet, le théâtre c'est le verbe.
08:03 Et en fait, la France c'est le verbe. C'est-à-dire que la France est née, c'est la seule nation qui soit née comme un acte littéraire.
08:10 Tu tourneras ma tête vers France la douce. C'est Roncevaux, c'est Roland, c'est la chanson de geste.
08:19 La France est née à partir de cette chanson de geste. Bon, il y a Rabouvine, mais la chanson de geste a été fondatrice.
08:26 Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, la France qui voit l'écriture inclusive remplacer sa langue et la détruire, c'est un drame absolu.
08:44 C'est le drame de ses héritages, de son patrimoine vital.
08:53 — Oui, attaqué par l'écriture inclusive, attaqué aussi par le wokisme, l'idée de faire table rase, d'effacer finalement la culture
09:03 ou de réécrire l'histoire parce qu'on n'accepte pas ce qu'on appelle les heures sombres, comme si l'histoire était quelque chose de totalement manichéen.
09:12 On a parlé tout à l'heure de la menace islamiste. Est-ce qu'il y a une menace wokisme ?
09:17 Et est-ce que les deux menaces, finalement, se conjuguent aujourd'hui ? — Oui, elles se conjuguent, mais ça durera pas.
09:24 Parce que les islamistes, en fait, comme on l'a vu en Iran, ils feront un sort aux wokistes quand viendra le tour des wokistes.
09:33 — Effectivement, les communistes en Iran étaient les premiers à être décapités, si j'ose dire, quand la Romagne a pris le pouvoir.
09:42 Alors qu'ils allaient cheminer ensemble. — Alors qu'ils allaient cheminer ensemble. Alors pourquoi ils cheminent ensemble ?
09:48 Parce que les islamistes et les wokistes veulent que nous nous mettions à genoux, que nous fassions repentance.
10:01 C'est en train de se faire. Pour que nous fassions repentance, il faut que nous changions notre regard sur notre propre histoire.
10:13 Il faut que nous acceptions d'être – et je prends les mots des wokistes du livre de Brunstein –
10:22 nous sommes des esclavagistes colonialistes, des hommes blancs. Le petit homme de Kipling avait du sang dans son biberon, disent-ils.
10:37 Et donc il faut que nous acceptions de dire que tout notre passé est affreux, puisque nous avons un passé colonial.
10:45 Et l'idée des wokistes, c'est de décoloniser la France. Et en fait, les wokistes vont décoloniser la France et les islamistes la recolonisent.
10:56 Et donc il y a entre les wokistes et les islamistes un partage du travail. D'un côté, les wokistes décivilisent.
11:09 Et ensuite, les islamistes recivilisent. Une fois que les premiers ont fait la table rase, les seconds arriveront – ils arrivent déjà – pour reciviliser.
11:22 Ils vont quand même avoir un problème. C'est toutes ces affaires de la théorie du genre. Parce que là, ils vont entrer en conflit,
11:33 comme c'est déjà le cas dans certaines écoles en Belgique ou au Canada. Et pour l'instant, au nom de l'intersectionnalité,
11:40 ils s'entendent pour détruire, pour déconstruire l'Occident et au cœur de l'Occident, la fillonnée de l'Église, c'est-à-dire la France.
11:50 Il y a effectivement les wokistes. Il y a aussi un parti politique qui a beaucoup fait parler ces dernières semaines.
11:55 C'est la France insoumise qui a beaucoup cheminé finalement, qui semble cheminer avec les islamistes, très complaisante avec ce qui s'est passé au Proche-Orient,
12:08 avec le Hamas. Là aussi, ça rappelle ce qui s'est passé en Iran, Philippe de Villiers.
12:16 Alors oui, mais là, moi, j'ai une vision assez optimiste par rapport à ce qui s'est passé avec Mme Obono, Jean-Luc Mélenchon, dans le drame d'Arras,
12:36 pour la raison suivante. Pendant des décennies, vous étiez trop jeunes pour connaître les débuts de cette époque, mais moi, j'ai connu ça.
12:47 Pendant des décennies, il y avait un partage accepté entre la droite et la gauche. La droite avait des positions et la gauche avait le magistère moral.
13:06 Et la gauche avait ce que Laurent Fabius avait appelé une exigence morale. Et la droite s'acceptait comme légèrement fascisante.
13:22 Du côté, la morale n'est plus à gauche, le parti fascisant et peut-être la France insoumise. On en reparle après une courte pause sur Dredd.
13:32 On continue aussi à parler de votre livre, Le roman du roi Soleil, séché plomb, ça vient de paraître assez passionnant.
13:38 A tout de suite sur Sud Radio avec Philippe de Villiers.
13:40 En toute vérité, 11h30 sur Sud Radio, Alexandre de Vécu.
13:45 Nous sommes de retour en toute vérité sur Sud Radio avec Philippe de Villiers. On parle de son nouveau livre, Le roman du roi Soleil.
13:52 Vous écrivez finalement la biographie du roi Soleil, mais à la première personne, Philippe de Villiers, vous vous glissez dans la peau de Louis XIV.
14:02 Pourquoi choisir de faire comme ça des biographies à la première personne ?
14:07 Pour entrer dans l'intimité du personnage que je veux présenter, notamment à la nouvelle génération qui ne connaît pas ces personnages.
14:21 Et alors en l'occurrence, à regarder pendant des années, d'un œil attentif, le célèbre tableau du célébrissime Yacin Trigo,
14:37 j'étais frappé par le fait que le roi était vieux, les traits tirés, accablés et qu'il avait le sceptre à l'envers.
14:51 Je me suis dit je lui remettre le sceptre à l'endroit, je vais présenter le roi à travers ses enfances, ses élans, ses ferveurs, ses grands mots.
15:07 Il aimait parler, il frappait les mots comme des médailles et entrer dans son intimité pour voir ce que c'était ses arrières pensées régaliennes.
15:22 Et donc j'ai écrit à la première personne.
15:25 Et d'ailleurs le livre commence à la première personne en disant "je suis né avec deux dents de lait".
15:31 Mais c'est drôle parce que les historiens, qui sont souvent des médecins légistes, ils repèrent pas ce genre de détails.
15:39 Est-ce que l'histoire c'est aussi ça ? C'est aussi quelque chose de très incarné finalement et c'est pour ça que vous avez essayé de l'écrire à la première personne.
15:47 On est de plus en plus dans de l'histoire sociologique où on prend beaucoup de distance.
15:53 Vous, vous aimez les anecdotes historiques, l'incarnation, ce qui est l'histoire faite de chair finalement.
16:00 Est-ce que c'est pour ça peut-être qu'on la transmet le mieux ?
16:03 Pour comprendre l'histoire, il faut Michelet, Max Gallo, Alain Decaux et Franck Ferrand.
16:12 Il faut toutes les histoires.
16:15 Mais la petite histoire se loge dans la grande histoire et souvent on l'explique.
16:19 En l'occurrence, je reviens aux deux dents du roi. La nourrice, Madame de la Giraudière, fait part de sa surprise à ses supérieurs.
16:34 Et les ambassadeurs eux-mêmes envoient ce qu'on appelle aujourd'hui des "téllexes".
16:41 Envoient des messages à leur chancellerie, notamment l'ambassadeur de Suède qui dit qu'il ne se contente pas de tarir le lait de ses nourrices.
16:51 Il a eu sept nourrices en six mois. Mais il est mort, il est mort les mamelons.
16:57 Donc il faut se méfier de ce roi qui est prêt à mordre.
17:02 En réalité, Mazarin, en apprenant cela, que son fille a les deux dents, va dire "c'est le roi qu'il nous faut".
17:11 Mais en fait, c'est une sorte de symbole prémonitoire.
17:18 Je raconte cette histoire parce qu'elle est frappante.
17:21 Elle va montrer aussi l'évolution de Louis XIV, plutôt chétif au début, qui va mordre et prendre de l'envergure.
17:30 Il va mordre, mais surtout il n'est pas comme les autres.
17:33 Il y a une illustration de cette personnalité hors normes que raconte l'historien Philippe Beaussens.
17:49 Louis XIV a donc comme parrain Mazarin.
17:54 Mazarin surveille son filleul et prend des cours de lutte, comme tous les enfants des rois, depuis le Moyen-Âge.
18:07 Le lutte royal, c'est l'instrument de la cour à cordes pincées.
18:12 Un instrument très fin, très ennuyeux, mais élégant.
18:17 Et lui, en fait, il voit arriver un jour, qui fait irruption dans le salon de musique,
18:23 toute une bande de la Comedia dell'Arte, promue, invitée, convoquée par Mazarin, le cardinal.
18:38 Le cardinal présente au jeune dauphin, qui a 10 ans, un personnage étonnant qui s'appelle Scaramouche,
18:51 qui a des perroquets sur les épaules, des singes, des oiseaux, et qui joue un instrument bizarre qui s'appelle la guitare.
19:04 Et qu'est-ce que va faire le roi ? Il va lâcher son lutte, se précipiter sur la guitare de Scaramouche,
19:12 et va se mettre à jouer de la guitare.
19:15 Et à ce moment-là, la cour lui dit "Non, un roi ne peut pas jouer de la guitare, c'est pas un instrument noble, le lutte est un instrument noble."
19:22 Et il dit "J'en oublierai la guitare."
19:25 Et donc, à partir de cet instant, on comprend, quand on suit la psychologie et l'évolution de la psychologie de ce jeune roi,
19:33 qu'il ne va rien faire comme les autres, et que quand on lui propose l'aller du roi, il va prendre une contre-allée.
19:39 Qu'est-ce que ça va donner plus tard, cette histoire que je vous raconte, avec Scaramouche ?
19:44 C'est quand on va lui proposer de construire le prolongement du Louvre et des Tuileries, ça c'est le lutte, on continue le lutte,
19:59 il va dire "Non, je vais faire Versailles, la guitare."
20:02 C'est-à-dire quelque chose de complètement nouveau, avec un style qui ne sera ni le style classique, ni le style baroque.
20:07 Voilà, ça c'est Louis XIV, la guitare, et dans tous les domaines ce sera comme ça.
20:12 C'est aussi le roi, par excellence, des lettres et des arts, au-delà de la politique, il incarnait une forme d'esprit français,
20:21 et justement, est-ce que la politique à la française, ce n'est pas mêlé de littérature, et c'est ce qui vous passionne aussi,
20:30 sans oser la comparaison avec Louis XIV, vous vous inscrivez dans cette filiation d'hommes politiques qui aiment également la littérature, les arts, la poésie peut-être, l'histoire bien sûr.
20:46 Dans le temps, moi quand j'étais député, et que j'arrive à l'Assemblée, les mains que je serrais c'était des mains d'académiciens.
21:00 Il y avait la moitié de profs agrégés d'histoire, comme Mermas, etc, puis des académiciens comme Donio, Perfit...
21:08 Aujourd'hui c'est les technocrates.
21:10 Et aujourd'hui la Macronie a produit son fruit, c'est-à-dire "young global leader", après l'homo faveur, l'homo sapiens, l'homme qui zappe.
21:24 Mais je reviens à Louis XIV, parce que la grande leçon de Louis XIV c'est que l'art de gouverner s'accorde au gouvernement des arts.
21:42 Qu'est-ce que ça veut dire ?
21:44 Ça veut dire que Louis XIV va s'entourer d'artistes. Il est lui-même un artiste. C'est un grand danseur, c'est un architecte, c'est lui qui dessine Versailles.
21:57 C'est un jardinier, c'est lui qui dit à l'un autre "voilà ce qu'il faut faire, je veux un jardin de paradis, un jardin régalien, peut-être on y reviendra".
22:06 Et il parle à Molière comme personne ne sait parler à Molière. Et d'ailleurs il écoute les pièces avant tout le monde, parce que ça l'intéresse.
22:18 Il y a une anecdote qui m'a passionné. Quand il rencontre Molière, Molière a tellement confiance en lui qu'il lui demande d'être le parrain de son fils.
22:33 Est-ce que vous vous rendez compte qu'à l'époque, le roi de France parrain d'un psaltin bancaire. Mais ça va plus loin.
22:42 Un jour, le roi convoque Molière et lui dit "allez-y, écrivez, écrivez, écrivez".
22:50 Et Molière est intrigué, il lui dit "pourquoi vous voulez que j'écrive ?" Il dit "parce que c'est mieux que Colbert".
22:57 Il dit "pourquoi c'est mieux que Colbert ?" "Parce que 10 édits de Colbert ne valent pas une pièce de Molière".
23:03 Et il dit "mais pourquoi vous dites ça ?" "Parce qu'avec vos pièces, vous corrigez les mœurs des grands, beaucoup mieux que je ne saurais le faire avec des lois".
23:12 Formidable, merci Philippe Devilliers. On continue à parler de l'8/14, de la politique française, des leçons peut-être de l'8/14.
23:19 Pour notre temps, après une courte pause, on se retrouve en toute vérité avec Philippe Devilliers sur Sud Radio. A tout de suite.
23:24 En toute vérité, 11h30 sur Sud Radio, Alexandre Desvecquiaux.
23:28 Nous sommes de retour en toute vérité sur Sud Radio avec notre invité ce dimanche, Philippe Devilliers, qui vient nous parler de son dernier livre, "Le roman du roi Soleil".
23:37 C'est édité chez Plon. Avant la pause, on expliquait que le roi Louis XIV était aussi le roi des arts, des lettres, que d'une certaine manière, c'était un artiste lui-même.
23:50 Lui-même, on n'a pas encore parlé de votre grande création artistique, Philippe Devilliers, qui est le "Puy du fou".
23:57 Vous êtes même auteur des spectacles, des cinéscénies. "Puy du fou", qui est aussi une forme de roman national et qui a un énorme succès, Philippe Devilliers.
24:10 Oui, c'est un signe, ce succès.
24:13 C'est signé de quoi, alors, du coup ?
24:16 Je pense que les Français sont de plus en plus nombreux à se sentir étrangers chez eux.
24:27 Ils se sentent privés de leur patrimoine vital et le Puy du fou est la colline du dépôt millénaire, la mémoire vivante.
24:47 Donc les gens viennent à la source, ils viennent chercher ce dont ils sont privés.
24:52 Aujourd'hui, il y a beaucoup de Français qui ont encore une patrie charnelle, mais qui n'ont plus la grande patrie, parce que personne ne leur en a parlé, à l'école ou ailleurs.
25:12 Donc ils ont la petite patrie, mais ils n'ont plus la grande.
25:16 Ceux-là viennent, mais il y en a d'autres qui viennent de plus en plus nombreux. Ils n'ont plus la grande patrie, ils n'ont plus la petite.
25:23 Et ils viennent chercher une patrie de substitution.
25:27 Alors ça peut agacer certains historiens de la gauche bien pensante, mais ce succès devrait y réfléchir.
25:35 Ça veut dire que si on remettait à l'école le roman national, en partant du principe que la France est un rêve tramé dans l'étoffe des songes,
25:47 et que si on ne fait plus rêver les enfants, ils cherchent d'autres rêves, soit des rêves vidéo, des jeux vidéo, soit des rêves qui peuvent se terminer pour nous en cauchemar.
26:00 Parce que si on ne leur présente pas nos drames, nos larmes, nos héros, nos saints, nos chefs-d'oeuvre, nos trésors,
26:10 ils vont chercher d'autres drames, d'autres héros, d'autres passions, etc.
26:15 Et c'est ce qui se passe en ce moment.
26:18 Philippe Devilliers, oui, vous l'avez dit, c'est votre parc, malgré son succès, est attaqué par des historiens bien pensants de gauche,
26:26 par France Télévisions, on l'a vu récemment.
26:30 Comment vous expliquez toutes ces attaques et est-ce que ça vous passe par-dessus, finalement ?
26:37 Alors, je vais vous dire, ça fait 45 ans que j'attends ça.
26:44 Parce que rien n'est pire qu'une indifférence.
26:47 Donc vous vous en réjouissez, finalement.
26:49 Ça veut dire que vous existez plus que jamais, que votre parc en tout cas existe plus que jamais.
26:54 Oui, parce qu'en fait ce qui compte, ce qui serait embêtant, c'est que le public boude
27:00 et que les têtes pensantes de notre pays se prosternent.
27:09 Là c'est l'inverse, la foule devient de plus en plus nombreuse et il y a quelques grains cheveux.
27:20 En fait, j'ai dit dans une interview récemment au Figaro Magazine, c'est tout à fait naturel
27:28 et amusant à entendre toute cette crapaudaille qui coasse dans la douve croupissante,
27:35 ne goûtant pas et ne sachant pas goûter le sabot harmonieux du trop de la chevalerie qui passe.
27:49 C'est joli, c'est une manière élégante de répondre aux critiques.
27:56 Mais est-ce que ces critiques, vous avez dit tout à l'heure que le succès du parc était finalement un symptôme,
28:02 le fait que les Français cherchaient à se retrouver dans votre parc,
28:06 est-ce que les critiques ce n'est pas aussi un symptôme d'une forme de haine de soi, justement, d'une partie des élites ?
28:12 Vous avez tout à fait raison.
28:14 Il y a eu le roman national.
28:20 Le roman national, il a été créé par les grands historiens républicains
28:30 qui voulaient sauver la France après la défaite de Sedan.
28:35 Ernest Lavis, les Jules, Jules Quichirat, Jules Michelet, etc.
28:40 Puis après, il y a eu un atoll France, etc.
28:42 Et le roman national, il est mort en mai 68,
28:46 "Court camarade, le vieux monde est derrière toi".
28:51 Et il y a eu trois coups portés au roman national.
28:56 Le premier coup porté au roman national, c'est Giscard.
28:59 Quand il a dit "Je sors la France de l'histoire pour l'abriter du malheur".
29:07 C'est un mot que Raymond Aron, d'ailleurs, lui a reproché.
29:12 Et là, il y a eu René Habille avec le Collège unique.
29:17 Et l'histoire est devenue une discipline d'éveil.
29:20 Elle n'était plus la primauté de l'histoire.
29:26 On a descendu une marche.
29:29 Deuxième marche descendue, c'est plus tard, des années 80, avec François Omitterand.
29:35 L'histoire a été livrée aux sciences sociales jargonnantes et mortifères.
29:42 Vous y avez fait allusion.
29:44 Et donc, c'est là que les historiens sont devenus des médecins légistes.
29:48 Donc il n'y a plus de chronologie, il n'y a plus d'épopée.
29:51 On n'a plus la tête épique, comme aurait dit Hugo.
29:54 Et la troisième phase, vous venez d'en parler,
29:57 c'est la phase où on analyse le livre d'heures.
30:03 On a une histoire halale, parce qu'il faut faire attention.
30:09 On a une histoire halale et "a walk".
30:12 Et donc, dans les deux cas, on fait repentance.
30:15 Et l'histoire consiste à s'excuser de ce que les autres ont fait.
30:20 Pour qu'on ne recommence pas ce qu'ils ont fait.
30:22 Donc en fait, c'est la déconstruction de l'histoire.
30:26 Puisque l'histoire de France, c'est l'homme blanc, hétérosexuel, colonialiste, esclavagiste.
30:34 Donc il faut tout jeter avec le walkisme, et il ne reste rien.
30:39 Et partout où il y a des livres ou des romans vivants
30:49 qui racontent l'histoire de France, il y a le succès.
30:52 Parce qu'il y a une soif de savoir d'où on vient.
30:55 Et le drame de notre pays, c'est de couper les jeunes français de leurs racines.
31:02 Et Christopher Lash, le grand sociologue américain, disait
31:09 "le déracinement déracine tout sauf le besoin d'un racinement".
31:13 Et donc en fait, quand vous coupez les gens de leurs racines,
31:17 ils les recherchent et ils les retrouvent.
31:20 - Donc on parlait du Puy du Fou, il n'y a toujours pas de spectacle sur l'Ui-14 ?
31:26 C'est le prochain spectacle ? - Oui.
31:29 - Ah, on a un scoop alors, vous êtes en train de l'écrire ?
31:35 - On s'arrêtera là. - D'accord, on s'arrêtera là.
31:39 Bonne surprise, l'Ui-14 justement.
31:43 Revenons à l'Ui-14, j'étais assez surpris que vous fassiez une bio très personnelle de l'Ui-14.
31:51 Parce que je ne vous inscrivais pas forcément dans sa filiation.
31:55 Vous avez parlé de Colbert tout à l'heure, l'Ui-14 c'est l'État jacobin, centralisé.
32:01 Donc vous êtes réconcilié avec cet État-là, vous vous dites que c'est quand même mieux que l'État technocratique d'aujourd'hui ?
32:08 - Non mais là, vous êtes un homme cultivé, Alexandre.
32:14 Vous venez de livrer un poncif. - Merci, Philippe de Vellier.
32:20 J'ai livré un poncif justement pour que vous déconstruisiez, Philippe de Vellier, ce poncif.
32:26 - Je vous donne un exemple. Quand le roi traverse la France,
32:33 quand il arrive à Bordeaux, il attend à la porte, il attend le grand Porsche pour avoir les clés.
32:40 Donc la France est bardée de privater les guesses, de privilèges provinciaux, etc.
32:48 Le pouvoir régalien est fort, mais il reste un pouvoir régalien.
32:55 Colbert, lui, ce qu'il dit, il faut faire des grandes manufactures, les Gobelins ça a pas mal réussi.
33:02 Et pour le reste, il faut le mercantilisme, c'est-à-dire le commerce, la liberté du commerce.
33:07 C'est exactement le contraire de ce qu'on dit aujourd'hui. Aujourd'hui, on fait exactement le contraire.
33:11 Et la technocratie, ça consiste à substituer à la politique le rêve saint-simonien,
33:16 c'est-à-dire au gouvernement des hommes, on substitue l'administration des choses.
33:24 Colbert, lui, c'est le régalien par excellence.
33:28 Au point que, par exemple, je raconte dans mon livre ce moment incroyable entre le roi et le nôtre.
33:39 Quand vous imaginez un roi qui parle avec un jardinier, le roi il est pas jardinier.
33:46 L'autre, c'est spécialiste des fleurs, il est par terre, des broderies.
33:52 Et le roi lui dit, le nôtre, je veux un jardin régalien.
33:58 Et le nôtre dit, pardon Sire, un jardin régalien ?
34:02 - Qu'est-ce que c'est ? - Moi qui suis jardinier, je sais pas ce que c'est.
34:06 Et le roi reprend, l'ordre et la justice.
34:11 Donc l'ordre, c'est le sceptre, et la justice, la main de justice.
34:15 Ça a un sens pour lui. Mais pour un jardinier, aucun.
34:18 Et à ce moment-là, le roi réfléchit, regarde le nôtre, le prend par l'épaule et lui dit,
34:26 le nôtre, l'ordre, en esthétique, c'est la symétrie.
34:33 La justice, en esthétique, c'est la perspective.
34:39 Voilà, le jardin à la française.
34:41 On continue à parler de Louis XIV et de la France après une courte pause avec Philippe Devilliers, en toute vérité, sur Sud Radio.
34:48 À tout de suite.
34:49 En toute vérité, 11h30 sur Sud Radio, Alexandre Desvecques.
34:53 Nous sommes de retour en toute vérité avec Philippe Devilliers qui nous parle de la France,
34:59 de son roman du roi soleil qui vient de paraître chez Plon.
35:02 C'est passionnant, on parlait avant la pause de Louis XIV et de Colbert, de le nôtre aussi,
35:09 mais on parlait de ce qu'était finalement l'État régalien.
35:14 Louis XIV est vraiment le concepteur de cet État régalien,
35:19 qui est, comme l'histoire de France, j'ai envie de dire,
35:23 de plus en plus déconstruit par les élites politiques contemporaines.
35:28 C'est-à-dire qu'en fait, Louis XIV nous laisse quoi ?
35:33 Un État-nation. Un État fort, un État moderne, avec les intendants, etc.
35:41 mais les provinces, la liberté des provinces, et une nation souveraine.
35:48 Et donc le roi incarne la souveraineté au nom du peuple.
35:53 Et Louis XIV, en fait, il a eu trois intuitions.
36:00 Trois intuitions. La première, il faut un État ramassé sur lui-même, fort,
36:06 il faut que le roi gouverne. Ensuite, il faut abaisser les grands.
36:12 Les féodaux, les nobles, une partie de la noblesse.
36:16 C'est une préoccupation capétienne depuis Saint-Louis, abaisser les grands,
36:21 donc les attirer à lui pour en fait les mettre sous surveillance.
36:26 C'est la cour.
36:28 Et puis ensuite, maintenir le Parlement à sa vraie place.
36:33 Les juges ne sont pas des législateurs.
36:37 Ils sont là pour enregistrer les édits et non pas pour les disputer.
36:41 Parce qu'il est très marqué par la mort en février 1649
36:48 de son cousin, le tyroir d'Angleterre, décapité,
36:52 à la suite des décisions du parlement anglais.
37:00 Donc il ne veut pas de ça en France.
37:02 Donc il dit que la justice est une autorité, ce n'est pas un pouvoir.
37:07 Tout le contraire d'aujourd'hui où on est sous le gouvernement des juges.
37:10 Tout le contraire. J'allais oublier quelque chose.
37:14 Quand on vous dit tout le contraire, vous me faites penser à quelque chose.
37:17 Vos bancs.
37:19 Si on avait vos bancs à la place de Darmanin, ça serait pas mal.
37:23 Pourquoi ? Parce que qu'est-ce qu'il ferait le Darmanin vos bancs ?
37:27 Il remettrait la ceinture de fer.
37:29 C'est le mot de vos bancs.
37:31 C'est-à-dire une frontière.
37:33 En fait Louis XIV savait que si la France...
37:35 Le problème de la France, contrairement à l'Angleterre,
37:37 elle n'a pas de frontière naturelle.
37:39 Donc la France est un acte politique.
37:43 Une France sans frontières, ça n'existe plus.
37:47 C'est ce qu'on vit en ce moment.
37:49 C'est pour ça que j'écris ce livre.
37:53 C'est pour que les jeunes générations aillent à la source
37:57 et aillent voir ce que les autres ont fait si la France a duré si longtemps.
38:01 Il y a des raisons à cela.
38:03 Il y a des lois fondamentales.
38:05 Il y a des lois de la vie politique qu'il faut respecter.
38:09 La vie politique c'est comme une science, une science expérimentale.
38:13 Certains ont parlé d'empirisme organisateur.
38:16 Effectivement, France sans frontières,
38:21 France où les juges ont de plus en plus de poids,
38:25 on le voit d'ailleurs sur la question précisément des frontières.
38:29 Aujourd'hui les juges décident qui peut venir, qui peut repartir.
38:33 Ça c'est une dérive profonde.
38:37 Je crois que Mitterrand disait que les juges avaient eu la peau de l'ancien régime
38:41 et qu'ils auraient la peau de la République.
38:44 Est-ce que vous partagez ce constat ?
38:46 Oui. Il a dit ça et il avait raison.
38:49 Mais je dirais à François Mitterrand ce que je lui avais dit en 1991.
38:57 Si vous faites Maastricht,
39:01 vous allez tuer à nouveau d'Artagnan et vous allez tuer la France.
39:05 Et il a fait Maastricht.
39:07 Et Maastricht c'est le transfert de la souveraineté.
39:10 Les Français n'ont toujours pas compris,
39:12 ils n'ont toujours pas vu,
39:14 sauf une toute petite minorité de gens lucides,
39:17 que quand vous transférez votre souveraineté,
39:20 vous n'êtes plus souverain.
39:22 Vous n'avez plus les manettes, vous êtes un manchot.
39:25 Vous n'avez plus...
39:27 Vous ne pouvez plus appuyer sur l'accélérateur ou le frein.
39:30 Donc on est dans une Europe qui est infiltrée par l'islamisme,
39:37 qui n'a pas de frontière interne et qui se conçoit comme un espace sans frontière.
39:42 C'est pas moi qui invente le mot.
39:44 Un espace sans frontière.
39:46 Et donc en fait il n'y a pas de frontière extérieure, pas de frontière intérieure.
39:49 C'est carrément ça raille.
39:51 Un jour au conseil de Léconne en 2001,
39:54 je me souviens ça m'avait beaucoup frappé,
39:56 j'avais demandé une définition de l'Europe
39:58 et le conseil avait répondu
40:00 "La définition de l'Europe c'est la démocratie."
40:03 Et il n'y a pas d'autre frontière à l'Europe que la démocratie.
40:07 C'est pour ça d'ailleurs qu'on a fait rentrer l'Albanie et la Roumanie.
40:10 On est passé à 35-45 pays.
40:12 Il n'y a aucune raison de s'arrêter.
40:14 Et donc en fait à partir du moment où on construit une nouvelle nation
40:20 qui surplombe les nations,
40:22 qui les diminue, qui les humilie,
40:25 et qui n'a pas de définition comme un corps physique, comme un corps social,
40:30 on a une Europe sans racines, sans tête, sans âme et sans corps.
40:40 Cette Europe elle est vouée à disparaître.
40:44 On va parler justement des élections européennes pour terminer cette émission.
40:49 Mais on a parlé de François Mitterrand
40:51 et vous avez pointé sa contradiction finalement.
40:54 François Mitterrand qui avait une dimension assez monarchique
40:57 et en même temps qui a transféré effectivement les commandes de la souveraineté à Bruxelles.
41:02 Est-ce que ce n'est finalement pas exactement la même contradiction
41:06 qu'a Emmanuel Macron qui quand il s'était présenté la première fois
41:09 avait dit qu'il allait restaurer la verticalité,
41:11 que justement la France était une forme de monarchie républicaine
41:15 et qui en même temps, c'est le cas de le dire,
41:18 est sans doute le président le plus européiste qu'on ait jamais vu.
41:23 On voit le résultat en 6 ans.
41:25 Il a parlé à la Florbonne en 2017 de la souveraineté européenne.
41:31 C'était ça son idée.
41:33 En fait, vous ne pouvez pas avoir deux souverainetés.
41:36 Soit vous avez la souveraineté européenne, soit vous avez la souveraineté française.
41:40 Vous ne pouvez pas être à moitié souverain.
41:44 Marie-France Garaud disait très bien, une femme ne peut pas être à moitié enceinte.
41:49 Donc vous êtes souverain, vous n'êtes pas souverain.
41:51 Et le résultat c'est quoi ?
41:53 Regardez en ce moment, la France ignorée a Tel Aviv.
42:03 C'est le seul pays qu'on n'a pas vu.
42:06 On a vu le chancelier, Charles, on a vu le président des Etats-Unis,
42:12 on a vu le premier ministre anglais.
42:15 La France, personne ne la demande, personne ne la convoque,
42:18 personne ne l'invite.
42:19 Vous vous rendez compte du temps du général de Gaulle ?
42:21 La France, elle aurait joué un rôle.
42:23 Mais pendant ce temps-là, il y a des manifs en Tunisie, contre la France.
42:27 On a réussi à se fâcher avec les trois pays du Maghreb.
42:31 Ensuite, on est chassés d'Afrique, du Sahel.
42:36 Ensuite, on n'est pas capable de veiller à la survie de l'Arménie.
42:42 Ensuite, quand on va du côté de la Chine,
42:46 on se fait virer pour une histoire de sous-marins, on est humiliés.
42:50 Ensuite, en Europe, en Ukraine,
42:56 on a tenté d'avoir une parole libre pour faire la paix.
43:00 Et maintenant, on est couché, soumis à l'OTAN.
43:04 On est les bons élèves de l'OTAN.
43:06 On est même en avance sur tous les autres,
43:09 alors que pendant ce temps-là, la Pologne lâche l'Ukraine.
43:12 Donc on n'est pas capable d'être les artisans de la paix en Ukraine.
43:16 On est dans une guerre folle qui n'a aucun sens pour nous.
43:20 On est en train de faire la guerre en Europe.
43:23 Et puis enfin, on obéit à l'Allemagne, malgré tout.
43:28 Et donc, dans une Europe où plus personne ne s'entend,
43:31 parce que la Hongrie, de son côté, elle mène sa vie,
43:35 bientôt avec la Slovaquie, etc.
43:38 Donc en réalité, pauvre France.
43:41 Et qu'est-ce qu'on a fait, en fait ?
43:43 Vous vous rendez compte ? Louis XIV, réveille-toi, ils sont devenus fous.
43:47 Vous vous rendez compte ce qu'on a fait ?
43:49 On a supprimé le corps diplomatique, comme le corps profiterol.
43:54 Donc les deux souverainetés, la souveraineté interne et la souveraineté externe.
43:58 Et on a fait une chose, on a créé un nouveau poste d'ambassadeur au LGBT.
44:05 Alors vous imaginez les Africains, les Chinois, etc.
44:08 L'ambassadeur du LGBT, ils n'en veulent pas.
44:10 C'est tout ce que la France a fait.
44:12 Un ambassadeur au LGBT.
44:14 C'est tout ce qu'on a à proposer au monde.
44:16 Pauvre France.
44:17 Et justement, les élections européennes qui viennent,
44:20 c'est pour vous un enjeu important.
44:22 On sait que vous avez été vous-même candidat aux européennes.
44:26 Vous allez faire un bon score, je crois que c'était en 88.
44:29 Non, en 94 et 99.
44:32 Ah, 94 et 99, oui, excusez-moi.
44:34 99, c'est avec Charles Pasquoie.
44:36 Avec Charles Pasquoie, oui.
44:37 Tout à fait.
44:38 Et puis surtout, vous avez mené la campagne contre Mastkic,
44:42 qui a failli être victorieuse, puis la campagne de 2005,
44:45 qui a été victorieuse.
44:47 Donc pour vous, ça reste un enjeu important.
44:50 Et peut-être que, comment est-ce que vous voyez le fait
44:52 qu'il y aura aujourd'hui les candidats à souverainisme
44:56 qui vont sans doute faire un bon score,
44:59 que ce soit Barbedella, Belle Amie ou Marion Maréchal.
45:03 Je ne vous demande pas effectivement de choisir entre eux,
45:06 mais le fait qu'on ait ces trois-là,
45:08 est-ce que c'est un changement de paysage politique majeur ?
45:10 Est-ce que ça montre peut-être que vous avez été finalement
45:12 entendu avec quelques années de retard,
45:15 peut-être une décennie de retard ?
45:17 Il y aura deux victoires.
45:18 La première, elle vient.
45:19 La première, c'est le fait qu'à droite, on est souverainiste.
45:23 Vous similiez souverainiste.
45:25 Vous savez que c'est moi qui ai prononcé le mot souverainisme
45:28 à l'Académie des sciences morales et politiques
45:30 pour la première fois en 2005.
45:32 Pasquoie et Séguin ne voulaient pas utiliser ce mot-là
45:34 en disant "non, c'est trop québécois".
45:36 Donc trop petit.
45:38 Et c'était Paul Maricouteau qui m'avait suggéré ce mot.
45:42 Et il a été adopté à ce moment-là.
45:45 Oui, et la deuxième victoire qui va venir,
45:47 c'est que ça va être écrasant en fait.
45:49 C'est-à-dire qu'en fait,
45:51 comme disait Marie-France Garot un jour,
45:54 "Philippe, vous savez quel est notre problème ?
45:56 On n'est pas gouverné."
45:58 – Merci Philippe de Villiers.
45:59 Ce sera le mot de la fin.
46:00 On vous réinvitera sans doute pour parler de ces élections européennes.
46:05 Je vous laisse avec les informations
46:07 et je vous dis à la semaine prochaine
46:09 pour un nouveau numéro dans "Toute Vérité".

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