L’opposition optera-t-elle pour une candidature unique face à Félix Tshisekedi, qui brigue un second mandat ? Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Denis Mukwege ou encore Matata Ponyo semblent au contraire bien décidés à mener campagne, au risque de la dispersion des suffrages, analyse François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Plus d’informations : https://www.jeuneafrique.com/evenements/election-presidentielle-rdc/
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00:00 Bonjour François Soudan. Bonjour Catherine.
00:06 Faisons tout d'abord le point sur les candidatures avec tout d'abord celle du président sortant,
00:12 Félix Tchisekedi.
00:13 Alors aucune vraie surprise, Félix Tchisekedi vous voulez le dire, sera bien sûr candidat
00:17 à sa propre succession. Il a annoncé la poursuite de son combat pour l'indépendance économique
00:23 de son pays, combat qui dit-il ne plaît pas aux étrangers. On l'a vu aussi récemment
00:27 à le Bumbachi à Koloési, distiller des messages à l'encontre de ses adversaires.
00:32 Sa campagne s'annonce à la fois souverainiste, patriotique entre guillemets, axée sur le
00:37 péril étranger que représente à ses yeux le Rwanda.
00:41 Félix Tchisekedi qui fait face à plusieurs adversaires de poids.
00:45 Alors celui qui de l'avis général y compris dans les sondages d'ailleurs très contradictoires
00:50 qui se succèdent apparaît comme son premier concurrent c'est Moïse Katumbi, l'ancien
00:55 gouverneur du Katanga. Mais il y a aussi Martin Fayoulou qui a décidé de prendre
00:59 sa revanche sur les résultats du scrutin de 2018 qu'il soutient toujours avoir remporté.
01:03 Et puis un autre candidat en vue qui est Denis Mukwege dont le slogan "réparer le Congo"
01:08 est tout droit issu du film "L'homme qui réparait les femmes" qui lui a été consacré.
01:12 Le prix Nobel c'est un adversaire inédit pour Tchisekedi. Il est issu de la société
01:16 civile, il n'a jamais collaboré avec les précédents pouvoirs, mais il n'a ni expérience
01:21 politique, ni ancrage territorial, ni parti structuré. C'est un petit peu l'ovni,
01:25 le facteur X de cette élection Mukwege. Il ne faut pas oublier non plus les anciens
01:30 premiers ministres Matata Ponyo, Adolphe Muzito ainsi que l'ancien coordonnateur du mouvement
01:35 citoyen Philimbi, Floribert Anzolini. Alors le scrutin étant à un seul tour, la question
01:41 de l'union de l'opposition évidemment se pose, l'éparpillement des voix profitant
01:44 au candidat sortant. Elle s'était faite cette union très laborieusement en 2018 autour
01:49 de Fayoulou. Il n'y a pas encore aujourd'hui de signe tangible que l'on aille dans la
01:53 même direction, mais ça n'est pas encore tout à fait exclu.
01:56 Alors François Soudan, cette élection présidentielle aura donc lieu le 20 décembre, mais il y
02:03 aura en même temps des élections législatives provinciales et communales. Et là, les candidatures
02:09 sont très nombreuses, elles se comptent par milliers. Comment peut-on expliquer cet engouement ?
02:14 Ça fait de bonnes 500 sièges de députés sont en jeu par exemple, pour lesquels il
02:18 y a 24 000 dossiers de candidature, soit 10 000 de plus qu'il y a 5 ans. C'est une inflation
02:24 dont le principal motif, ne nous voilons pas la face Catherine, a guère à voir avec le
02:28 zèle civique des Congolais, mais plutôt avec la traite matérielle. Vous savez au
02:32 Congo, où une personne gagne en moyenne 80 dollars par mois, le salaire d'un député
02:36 c'est 21 000 dollars mensuels. À cela s'ajoute l'octroi d'un véhicule de luxe et la possibilité
02:41 de truffer son cabinet avec tes parents. Alors c'est dire si la politique c'est une industrie
02:46 attractive. Ces avantages ont d'ailleurs pris l'ascenseur sous l'actuelle présidence
02:50 de Félix Tshisekedi. Les députés de l'Union sacrée, qui est la coalition au pouvoir,
02:55 touchent ainsi outre leur salaire une prime dite de fidélité. Résultat fin septembre,
02:59 Catherine, l'Assemblée nationale avait consommé 145 % de son budget et le Sénat 184 %. Faut
03:06 pas oublier que nous sommes dans un pays, l'ARD Congo, où les dépenses des ministères
03:10 et des institutions engloutissent encore 70 % du budget annuel de l'État et où le
03:15 coût d'une élection comme celle de 2023 dépasse largement le milliard de dollars.