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Actualité au Sénégal, économie régionale, Zlecaf ou encore rôle des entrepreneurs à l’aube de la prochaine élection présidentielle de février 2024, le cofondateur de la start-up sénégalaise Paps fait le point sur les faits saillants qui émaillent son quotidien.

L'intégralité de l'entretien est à retrouver sur Jeune Afrique : https://www.jeuneafrique.com/1510676/economie-entreprises/bamba-lo-au-senegal-nous-avons-ete-marques-par-le-silence-du-gouvernement/

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00:00 Eco d'ici, Eco d'ailleurs, le grand invité de l'économie RFI Jeune Afrique, Aurélie Mbida, Bruno Faure.
00:09 Bonjour, bonjour à tous, c'est le retour du grand invité de l'économie, votre rendez-vous avec les rédactions de RFI et de Jeune Afrique,
00:19 que j'ai le plaisir d'animer avec ma camarade Aurélie Mbida, chef du pôle économie de Jeune Afrique. Bonjour Aurélie.
00:26 Bonjour Bruno, bonjour à tous.
00:28 Et c'est avec tout autant de plaisir que nous accueillons aujourd'hui dans le studio 51 de RFI, une personnalité au parcours intrigant,
00:36 et pour tout vous dire assez fulgurant, qui va nous livrer, c'est le cas de le dire, sa vision de l'économie africaine et de son secteur, qui a le vent en poupe, la logistique.
00:46 Bonjour Bambalo. Bonjour Bruno Faure.
00:48 Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous êtes le cofondateur de PAPS, une application de livraison à domicile, lancée au Sénégal et qui tisse sa toile en Afrique de l'Ouest.
01:00 Et d'abord, avec Aurélie, l'histoire de votre vie intercontinentale.
01:06 Oui, intercontinentale, c'est le mot, puisque pour vous Bambalo, trois continents ont façonné votre histoire, l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Afrique.
01:17 Mais c'est le continent africain que vous choisissez finalement pour installer votre business et la création de la start-up déjà très en vue, PAPS, un déclic que vous avez eu tout petit.
01:30 Dans la prime enfance, votre premier voyage au Sénégal avec votre famille, une évidence, une connexion, vous rentrez, vous ne voulez même plus parler français, c'est le Wolof ou rien.
01:41 C'est vrai ça.
01:43 Pour l'histoire, en effet, Bambalo, vous êtes né à Sergy-Pontoise, dans le nord de Paris, en 1985.
01:50 Vos parents sont arrivés en France dix ans auparavant environ.
01:55 Vous grandissez ensuite à Sarcelles, en banlieue parisienne.
01:58 Et même si vous reconnaissez que la vie n'a pas toujours été facile, vous tissez déjà de forts liens avec l'Afrique.
02:06 Des allers-retours à Dakar pendant les vacances, vos parents vous inculquent aussi des valeurs solides, des ménages à Paris, le XXème arrondissement à l'est de Paris, le foot, la culture, les copains, j'en cite quelques-uns qui sont assez connus, Gims, Black M, les FA, en gros les sections d'assaut, sont alors vos amis.
02:29 Vous auriez pu être musicien, vous avez raté une carrière ?
02:33 Pas musicien, je pense que je suis resté sur la bonne voie puisqu'à l'époque, effectivement, je m'occupais un petit peu de manager le groupe, qui était un groupe d'amis, comme vous le disiez.
02:42 On passait pas mal de nos week-ends entre studio, terrain de foot et jeux vidéo.
02:48 Et effectivement, de voir la carrière qu'ils ont eue par la suite, c'est juste une superbe inspiration qui m'a inspiré.
02:53 Donc déjà chef d'entreprise déjà à l'époque, d'une certaine manière.
02:57 Le raccourci, je pourrais dire chef d'entreprise, mais non, plutôt dans l'organisation.
03:05 Et voilà, j'ai toujours aimé organiser, gérer.
03:08 Je pense qu'aujourd'hui, ça fait de moi la personne que je suis.
03:11 Et vous êtes toujours en lien avec ces gens-là, effectivement très connus aujourd'hui.
03:14 Oui, toujours.
03:16 Bon, alors finalement, vous ne choisissez pas la musique, en tout cas pour votre business.
03:20 À la fin de votre cursus en France, vous êtes diplômé d'une école de commerce à Paris.
03:25 Vous partez en échange au Sénégal, toujours.
03:28 Le grand saut approche, attention.
03:30 Puis le Canada, dont vous ressortez diplômé de la prestigieuse université McGill à Montréal.
03:37 Le Canada, les États-Unis à la frontière.
03:40 L'Amérique du Nord finalement fait le plus grand bien à votre cheminement.
03:45 La liberté, celle d'entreprendre, plus de diversité aussi.
03:49 Et des exemples plus nombreux de réussite de personnes noires en Amérique du Nord.
03:54 Qu'en Europe.
03:55 C'est là aussi que vous touchez du doigt le rôle de la diaspora.
03:59 Vous créez deux entreprises, en France un centre d'appel.
04:04 Un pied au Sénégal, un autre en Tunisie, puis la tête à Paris.
04:07 Période compliquée, non ?
04:09 D'un point de vue personnel, d'être comme ça, un pied entre chaque rive de la Méditerranée ?
04:14 Non, super excitant.
04:15 Oui.
04:16 Période super excitante, oui, effectivement.
04:19 Et puis, c'est, je dirais, c'est toute la phase préparatoire.
04:22 Je suis toujours en préparation, on apprend toujours.
04:25 Mais c'est vraiment à la phase où j'ai appris ce que c'était que l'entrepreneuriat
04:28 et où j'ai pris goût à l'entrepreneuriat.
04:30 L'esprit start-up, c'est ça, d'être toujours, effectivement, en projet ?
04:35 L'esprit entreprenant, pas toujours en projet, mais lorsqu'on va sur un projet,
04:40 pouvoir être focus pour essayer d'aller jusqu'au bout de ce projet.
04:43 Et ce centre d'appel, c'est ça.
04:45 On commence à Paris, ensuite en Tunisie, ensuite au Sénégal.
04:48 Et arrivé au Sénégal, c'est à ce moment-là où je me rends compte qu'il y a encore
04:51 beaucoup d'opportunités qu'on peut développer autour du service, de manière générale.
04:56 Ce qui m'amène vers la suite, j'imagine Aurélie, de votre récit.
05:00 Exactement, on est en 2016.
05:02 Avec votre associé Rokayassi, vous pensez et créez PAPS, diminutif de Papy,
05:08 symbole du gars sympa, jeune, débrouillard.
05:12 Vos nouvelles recrues, d'ailleurs, sont plongées dans le bain,
05:15 dans cette philosophie de PAPS-ers.
05:18 C'est un mot qui rentre dans le vocabulaire maintenant.
05:21 En effet, vous êtes les pionniers de la livraison à la demande,
05:25 qui fonctionne via la géolocalisation.
05:28 Et puis, au début, c'est une implication.
05:32 Elle met en relation client et livreur à vélo.
05:35 Vous acheminez en un temps record divers produits,
05:37 que ce soit de la pizza à la paire de clés oubliées.
05:40 Et puis, deux ans plus tard, vous commencez à offrir des services
05:44 de transport et de logistique qui sont plus taillés sur mesure
05:47 pour les entreprises.
05:49 On retrouve ainsi Orange, Jumia, des médias, des banques.
05:52 Les clients se multiplient.
05:54 Et puis, en 2022, il y a cet événement.
05:57 Vous pesez une centaine d'employés,
06:00 une flotte de plus de 500 véhicules partenaires,
06:03 plus de 10 millions de livraisons, au compteur, d'ailleurs.
06:06 Ça fait du chiffre dont vous devez forcément être fier.
06:09 Et vous avez peut-être une pensée pour votre arrière-grand-père.
06:13 Dites-nous en quelques mots.
06:15 Qui était-il ?
06:17 Ça fait du chiffre dont on est fier.
06:19 Après, on n'est pas encore au moment de faire le bilan.
06:22 On a tellement de choses à faire encore.
06:24 Et puis, il y a tellement de problèmes à résoudre.
06:26 Et mon arrière-grand-père, oui, c'est le fondateur de La Poste
06:29 au Sénégal.
06:31 Donc, effectivement, c'est un beau clin d'œil de l'histoire.
06:33 Abdoulaye Isek, Marie Parsine.
06:35 C'est ça, exactement.
06:37 Bon, alors, il y a votre levée de fonds.
06:39 Vous dites que vous êtes au début de l'histoire.
06:41 Vous avez attiré la société de capital risque 4DxManchers.
06:46 Vous avez attiré également Orange Sonatel, votre tour de table.
06:50 C'est le temps de l'expansion.
06:52 Le Sénégal, la Côte d'Ivoire, et vous pensez Afrique de l'Ouest en général.
06:56 Mais également au niveau de votre activité,
06:59 puisque vous avez diversifié la logistique, le stockage,
07:02 le transport national, international, par voie aérienne, terrestre, maritime.
07:07 Bref, la livraison, même jusqu'au dernier kilomètre,
07:11 le chargement du début à la fin.
07:14 Voilà, alors, Bambalo, que reste-t-il à conquérir
07:17 pour le PAPS de la livraison que vous êtes ?
07:20 Que reste-t-il à conquérir ? C'est une question assez difficile.
07:25 Je pense qu'on a encore beaucoup de clients aujourd'hui
07:30 qui sont dans des zones qui ne sont pas desservies.
07:33 Et donc, nous, notre postulat, il a été de dire
07:36 qu'on doit créer une solution en zone urbaine, mais pas seulement,
07:39 parce qu'effectivement, le cœur de l'économie est centré sur les grandes villes.
07:42 On doit aussi permettre à des utilisateurs, des potentiels clients,
07:46 en zone rurale, en région, de pouvoir avoir accès à des produits,
07:50 mais à des coûts maîtrisés, ce qui n'était pas le cas avant qu'on commence.
07:53 Donc, le métier qu'on exerce, finalement, c'est la vocation d'une poste
07:58 mêlée à la vocation d'un armateur, parfois, ou d'un gros opérateur logistique.
08:03 Donc, on est sur un environnement assez vierge.
08:06 Malheureusement, et heureusement, on doit tout construire,
08:10 mais heureusement, c'est une grande opportunité qui est là, continentale.
08:13 Les terrains à défricher par Bambalo, cofondateur de PAPS,
08:18 grand invité de l'économie RFI Jeune Afrique.
08:21 Entretien à voir ou à revoir en vidéo sur la chaîne YouTube de RFI,
08:25 rubrique "Les invités de l'économie".
08:28 Entretien à lire sur jeuneafrique.com et bien sûr,
08:32 tous nos réseaux sociaux pour partager, pour commenter les échanges qui vont suivre
08:36 et qui vont, à mon avis, vous intéresser.
08:39 Bonne émission à toutes et à tous.
08:41 Et puisque vous aimez la musique Bambalo,
08:46 on va entendre brièvement l'un de vos choix musicaux,
08:50 Youssou N'Dour, l'un de vos compatriotes,
08:52 Boule Baïeko, extrait de l'album "Alzheimer Day", c'était en 2007.
08:57 [Musique]
09:23 Qu'est-ce qu'elle dit cette chanson, chanson pour motiver, on sent qu'elle entraîne.
09:28 Oui, chanson pour motiver, en fait, la traduction littérale de ce titre,
09:32 c'est "Ne te laisse pas aller".
09:33 Et en fait, c'est une chanson qu'on écoutait beaucoup au départ,
09:37 lorsqu'on a lancé PAPS dans les bureaux et tout,
09:40 parce que finalement, on servait le particulier.
09:43 Et donc, on avait des horaires qui étaient assez compliqués,
09:44 de 8h à 23h tous les jours.
09:46 Et parfois, des moments de la journée, on mettait de la musique
09:48 et celle-ci, elle revenait assez souvent.
09:50 D'accord, alors Yusundour, c'est aussi un artiste engagé, voire politisé.
09:55 On imagine que vous aussi, en tant qu'entrepreneur,
09:58 vous suivez la campagne présidentielle au Sénégal,
10:01 sans entrer dans le débat partisan.
10:03 Est-ce que vous trouvez qu'on parle suffisamment d'économie ?
10:08 Est-ce que vous avez des attentes particulières ?
10:10 Oui, effectivement, je suis comme tout bon citoyen à la campagne,
10:14 avec attention et attente de voir ce que nous offrira,
10:19 en tout cas, le prochain président comme programme et comme définition.
10:23 Ou la prochaine présidente.
10:24 Ou la prochaine présidente, en l'occurrence, d'ailleurs,
10:26 parce qu'on a effectivement des candidats de femmes.
10:30 Pour autant, pour le moment, on n'a pas encore eu des sujets d'économie,
10:35 des sujets liés à l'entrepreneuriat, des sujets liés à l'entreprise,
10:38 de manière générale, ou des sujets liés à la compétition
10:41 et vraiment beaucoup de choses qu'on pourrait faire.
10:44 Donc certains candidats ont des approches très radicales sur le sujet
10:49 et donc on y viendra peut-être au cours de notre conversation.
10:54 Mais en tout cas, moi j'attends un peu plus de substance
10:59 sur qu'est-ce qu'un entrepreneur aujourd'hui,
11:01 avec une société d'une centaine de personnes,
11:03 doit pouvoir attendre de l'État et quelles collaborations
11:06 on doit pouvoir créer pour créer encore plus d'emplois
11:08 et d'opportunités pour nos clients.
11:10 Vous avez des solutions, vous, à mettre sur la table ?
11:13 Vous n'êtes pas candidat, bien sûr,
11:15 mais si vous aviez quelque chose à dire à ces candidats.
11:18 Non, je n'ai pas la prétention de venir ce matin
11:22 vous proposer des solutions pour les prochaines élections.
11:24 Je pense que j'observe, comme tout le monde,
11:27 j'ai un environnement direct sur lequel j'arrive à essayer
11:32 de faire changer les choses, qui est ma famille, mon entreprise, mon quartier.
11:37 C'est ce que je maîtrise.
11:39 Au-delà de ça, je reste un entrepreneur
11:41 qui a pour vocation de créer de la valeur et apporter des solutions.
11:45 Parmi les attentes dans la population,
11:49 il y a les questions sociales.
11:51 Vous êtes dans le domaine de la logistique, des livraisons.
11:54 On pense évidemment aux conditions de travail de vos salariés.
11:59 On pense peut-être aussi à la féminisation de votre secteur.
12:03 Qu'est-ce que vous avez à dire sur ce sujet ?
12:06 Sur les deux questions, les conditions de travail,
12:11 pour pouvoir apporter de la performance dans une entreprise,
12:14 il faut à un moment donné avoir de bonnes conditions de travail.
12:17 On essaie tant bien que mal de mettre le top du top
12:20 en termes de conditions de travail pour que nos employés
12:22 puissent travailler dans des bons environnements,
12:25 puissent avoir des contrats décents, dignes,
12:28 et surtout puissent avoir envie tous les matins de venir au travail
12:30 et de porter la mission de PAPS.
12:32 De l'autre côté, au niveau de la féminisation,
12:35 on en est aujourd'hui, c'est assez difficile ce sujet-là.
12:39 Parce qu'en fait, ce qu'on nous demande finalement,
12:43 c'est de pouvoir créer une culture d'entreprise
12:47 basée sur le client au centre et sur la performance
12:50 étant l'indépendant vraiment cardinal de ce qu'on fait.
12:55 On a réussi, et ce n'était pas forcément délibéré,
12:58 mais on a réussi à féminiser à 40% notre entreprise aujourd'hui
13:02 en se basant uniquement sur des compétences.
13:04 - Donc il y a des PAPSEUES aujourd'hui ?
13:06 - Il y a des PAPSEUES, qui sont des convoyeurs,
13:08 qui sont des livreurs, mais dans l'administration également,
13:11 il y a à peu près 40% de notre effectif qui est composé de femmes.
13:14 Et en fait, on ne voit pas forcément une femme ou un homme.
13:17 Lorsqu'on recrute quelqu'un, on voit la compétence.
13:20 Et pour 40% de nos collaborateurs, ça a été des femmes
13:23 qui étaient les meilleures sur leur poste.
13:25 - Alors sur un autre sujet qui n'est pas forcément positif,
13:29 mais si on en revient quelques mois en arrière,
13:32 c'est les émeutes de juin au Sénégal.
13:35 On a pu constater le rejet d'un système
13:38 emmené par la politique du président, des dommages aussi,
13:41 nombreux, portés aux infrastructures,
13:44 un peu partout dans les grandes villes du pays,
13:46 contre les entreprises aussi.
13:48 Vous en avez souffert ?
13:50 - Oui, on en a souffert.
13:52 De revoir ces images, ça ne fait pas plaisir.
13:55 On en a souffert par les conséquences de ce qui s'est passé,
14:01 mais également le silence à ce moment-là du gouvernement
14:09 a fait mal à beaucoup de monde.
14:12 Jusqu'à présent, ça m'émeut de voir ces images-là.
14:17 - Votre métier, c'est aussi la logistique.
14:21 Vous avez un modèle qui repose sur des infrastructures solides
14:25 et un climat serein, justement,
14:28 pour pouvoir exercer tranquillement.
14:32 Quel genre de difficultés vous avez éprouvées ?
14:35 Comment vous avez surmonté ?
14:37 - Durant cette période ?
14:39 On n'a pas travaillé.
14:41 On a fermé pour dire les choses de manière très claire.
14:44 On a une responsabilité,
14:47 c'est d'être tiers de confiance pour nos clients, vers leurs clients.
14:51 On a du matériel, parfois de valeur, qu'on transporte,
14:54 mais aussi on a des employés
14:56 qu'on ne peut pas amener au front au risque de se faire agresser.
15:00 Tout peut se passer.
15:02 La consigne qu'on avait en interne, c'était de rester à la maison
15:05 et de patienter que tout aille mieux.
15:08 - Vous dites que vous regrettez le silence de l'époque du gouvernement.
15:12 Qu'est-ce qu'il aurait dû dire ou faire plus rapidement ?
15:16 - Je pense que vous allez anticiper ma réponse.
15:19 "Dû", c'est un grand mot.
15:21 Ce que beaucoup ont attendu durant cette période-là,
15:25 c'est de prendre la parole plus tôt.
15:29 Ce qui a été fait un peu tard, durant cette période-là.
15:33 Prendre la parole, c'est rassurant.
15:36 Le peuple compte sur ses élites, sur ses rôles modèles,
15:41 sur son leader.
15:43 À un moment donné, on n'a pas eu ce retour-là.
15:46 Je pense que ça a fait mal à beaucoup de monde.
15:49 - Les élites ont sous-estimé ce mouvement,
15:52 en se disant que ça allait se calmer ?
15:55 - Oui. Le Sénégal n'a pas été dans son histoire un pays violent.
16:00 On n'a pas connu de guerre ni d'affrontements majeurs au Sénégal
16:05 depuis les indépendances.
16:08 Donc c'est vrai que ça aurait été difficile d'anticiper
16:12 tout ce qui s'est passé durant cette période-là.
16:16 Après, ça n'explique pas non plus le silence.
16:20 Ça ne coûte rien de prendre la parole
16:23 et de rassurer les inquiétés,
16:26 et surtout les personnes qui ont perdu des membres de leur famille.
16:30 - On sait qu'à l'origine de ces troubles,
16:34 il y a le chaos Manzonco.
16:37 Il y a aussi un malaise plus général dans la société sénégalaise,
16:41 dans la jeunesse.
16:43 Je voudrais vous faire réagir au propos qu'a tenu Baïd Diane.
16:47 Il était le président du Conseil national du patronat sénégalais.
16:51 Il s'exprimait dans le Grand invité de l'économie
16:55 sur le rôle des entreprises et du secteur privé.
16:58 - Quand on prend nos pays, on a un problème un peu partout.
17:02 On a des populations jeunes.
17:04 Au Sénégal, chaque année, il y a près de 200 000 personnes
17:08 qui viennent dans le monde du travail.
17:11 La capacité du secteur privé à date d'aujourd'hui
17:15 est de plus en plus importante.
17:17 C'est tout ça.
17:19 Mais la responsabilité première que nous avons, c'est ça.
17:23 Nous sommes aussi, je pense, un régulateur social.
17:27 Au-delà de ce que nous faisons en termes d'investissement
17:31 et d'emploi créés, nous participons activement
17:34 dans toute la société pour réguler,
17:37 pour apporter des soutiens, pour soigner, éduquer.
17:41 - Est-ce qu'il faut abaisser un peu les moyens d'âge
17:45 pour prévenir ce genre de mouvement ?
17:48 - L'entreprise, son objectif aussi premier n'est pas
17:51 de créer de la valeur.
17:53 Ce n'est pas parce que tu es jeune ou parce que tu as un peu plus d'âge.
17:57 C'est comment on crée plus de la valeur.
18:00 - Le rôle de régulateur des entreprises
18:04 et la nécessité avant tout de créer de la richesse.
18:08 - Avant de penser génération, créer de la richesse pour tout le monde.
18:12 - Je suis tout à fait d'accord.
18:14 Il faut que chacun connaisse son rôle.
18:17 Dans la société, le rôle de l'entreprise est là.
18:20 Il est de trouver des problèmes, y apporter des solutions,
18:23 créer de la valeur, créer de l'emploi.
18:26 Et puis, dans une mesure peut-être un peu plus lointaine
18:29 de son cœur de mission, essayer d'avoir un impact
18:32 autour de son environnement.
18:34 Beaucoup de sociétés font des actions.
18:37 Nous, on en fait certaines à notre portée.
18:40 Mais le rôle de l'entreprise et de l'entrepreneur,
18:43 c'est vraiment de faire en sorte que sa société
18:46 prospère et perdure.
18:48 - Pas de discrimination positive pour la jeunesse
18:51 qui a pourtant bien besoin d'être employée très rapidement.
18:55 - C'est une question assez difficile.
18:58 C'est une question assez difficile pour moi
19:01 parce que je me positionne plutôt dans le sens inverse.
19:04 C'est-à-dire que pas de discrimination négative
19:07 pour les seniors, au final.
19:09 Parce que lorsqu'on regarde nos économies,
19:12 c'est que des jeunes.
19:14 Et on y va comme ça.
19:16 Dans 30 ans, l'Afrique, c'est 2,5 milliards de personnes,
19:20 en forte majorité jeunes.
19:22 Donc c'est plutôt comment on fait pour que ces jeunes-là
19:26 puissent construire, mais en intégrant des seniors.
19:29 On construira.
19:31 Est-ce que le jeune qu'on a sur le continent africain,
19:34 il doit être inséré dans une société, avoir un emploi?
19:37 Les sociétés présentes ne peuvent pas absorber
19:40 les 200 000 personnes qui sortent tous les jours du système,
19:43 pardon, tous les ans du système scolaire.
19:45 L'entreprenariat est une voie.
19:47 Par contre, il faut l'encadrer.
19:49 Et c'est une vocation aussi.
19:51 Donc il y a des choses à apprendre.
19:53 Je pense que n'importe qui peut être entrepreneur,
19:56 mais tout le monde ne peut pas être entrepreneur.
19:59 Il faut se lancer dans le chemin, partager,
20:01 et faire en sorte que ceux qui sentent la flamme
20:04 puissent se lancer le plus rapidement possible,
20:06 avoir leurs premiers échecs, leurs 2e échecs,
20:08 et continuer le chemin.
20:10 - Une question d'Aurélie Mbida, de Jeune Afrique.
20:12 - La jeunesse, elle utilise Internet.
20:15 Comme on fait quand il y a des coupures Internet,
20:18 des coupures des réseaux sociaux.
20:20 Il y a eu TikTok lors des manifestations de soutien
20:23 en Semaine Sonko qui a été suspendue.
20:26 D'autres coupures sont sans doute à craindre lors de l'élection.
20:30 Quand on sait aujourd'hui la forte augmentation
20:33 du nombre de commerçants qui utilisent les réseaux sociaux,
20:36 WhatsApp, pour vendre leurs produits,
20:38 cela vous inquiète-t-il ?
20:40 - Clairement. Clairement.
20:44 Parce qu'on parle parfois de moyens de communication,
20:47 de transaction, de...
20:49 Et lorsqu'on regarde l'évolution,
20:51 vous parliez de l'exemple de TikTok,
20:53 qui aujourd'hui en Asie, c'est devenu de l'e-commerce,
20:56 sous format vidéo.
20:58 Les gens se filment et vendent leurs produits à travers TikTok.
21:01 Ce qui est excellent.
21:03 On n'a pas encore cette version de TikTok en Afrique,
21:06 mais ça arrivera.
21:08 Il ne faudrait pas que quand ce soit là,
21:10 les gens soient contraints de ne plus pouvoir faire
21:13 leur business comme ils le souhaitent.
21:15 Après, de l'autre côté, il y a le sujet aussi
21:18 de la liberté d'expression,
21:20 lorsqu'on restreint la communication et l'accès
21:23 à des réseaux sociaux, à des lignes téléphoniques,
21:26 ou à d'autres supports, en tout cas, de communication.
21:30 - C'est quand même un problème pour vous,
21:33 quand on coupe, quel que soit le moyen de communication,
21:37 il se trouve que celui-là s'adresse plutôt aux jeunes.
21:40 Donc on cible la coupure vers les jeunes.
21:43 - Oui, oui. Clairement.
21:45 Ce n'est pas la bonne manière de le faire.
21:48 C'est exactement ce qu'on nous a expliqué autour des fake news.
21:52 C'est difficile à gérer Internet en réalité aujourd'hui.
21:56 C'est vrai, c'est un fait.
21:58 Par contre, une utilisation individuelle
22:01 de quelqu'un qui veut communiquer ou partager des vidéos
22:05 ou des messages avec sa famille,
22:07 c'est peut-être un peu extrême
22:09 de lui couper l'accès à Internet.
22:11 - Vous utilisez, vous, les réseaux sociaux en tant que citoyen,
22:15 ou en tant que chef d'entreprise ?
22:17 - Oui, je utilise les réseaux sociaux en tant que citoyen
22:20 et chef d'entreprise, oui.
22:22 - Bambalo, cofondateur de PAPS,
22:24 grand invité de l'économie RFI Jeune Afrique,
22:27 venons-en plus précisément à cet écosystème tech,
22:30 plus généralement en Afrique,
22:32 bien plus dynamique en Afrique anglophone.
22:35 On pense au Nigeria, on pense aussi au Kenya.
22:38 5% seulement des investissements sont captés
22:41 par l'Afrique francophone,
22:43 alors que l'Afrique anglophone,
22:45 rafle l'essentiel des levées de fonds.
22:48 Ça aussi, c'est un problème pour vous ?
22:51 - Non, c'est pas un problème.
22:53 En soi, c'est pas un problème,
22:55 c'est le cycle naturel des choses.
22:57 Lorsqu'on compare les différents écosystèmes,
23:00 les écosystèmes anglophones sont beaucoup plus grands
23:03 en termes de marché, sont beaucoup plus matures
23:06 du fait de l'exposition des anglophones.
23:09 Beaucoup de fondateurs du Nigeria, du Kenya
23:12 ont travaillé dans des GAFA, ou dans des start-up,
23:15 en tout cas, qui ont eu l'expérience de levée de fonds.
23:18 Et puis surtout, l'écosystème est là depuis beaucoup plus longtemps.
23:22 On parle parfois de Jumia, ça s'est lancé au Nigeria à l'époque.
23:26 Donc tout ce qui a été fait dans la phase d'inception
23:29 de cette société-là a été fait au Nigeria.
23:32 Et tous ceux qui ont participé à cette activité-là,
23:35 aujourd'hui, certains d'entre eux sont des entrepreneurs,
23:38 des investisseurs, etc.
23:40 Mais l'autre chose, c'est que ça a ruissellé vers d'autres écosystèmes,
23:44 dont l'écosystème francophone, qu'on pourrait scinder
23:48 entre le Maghrébin, l'Afrique du Nord,
23:51 et l'Afrique de l'Ouest subsaharienne,
23:54 la zone dans laquelle j'évolue plus particulièrement,
23:57 qui est un écosystème d'une quinzaine d'années
24:00 qui a commencé très modestement,
24:03 mais avec des entrepreneurs super courageux
24:06 qui ont montré la voie et ont ouvert les portes
24:09 à des entrepreneurs de ma génération qui font de leur mieux.
24:12 Et puis demain, il y en aura de meilleurs.
24:15 C'est comme ça que l'écosystème va grandir.
24:18 - Les rapports de force pourraient évoluer ?
24:21 S'inverser, on est peut-être loin, mais le Sénégal a beaucoup d'exemples.
24:24 Il y a aussi la Côte d'Ivoire, mais de start-up qui sont dynamiques.
24:27 Est-ce qu'on entrevoit, d'ici quelques années,
24:30 un petit changement de rapport de force ?
24:33 Les investisseurs regarderont davantage en Afrique de l'Ouest francophone ?
24:36 - Oui, mais je ne sais pas s'il y a un rapport de force en réalité.
24:39 - Quand on est investisseur américain, par exemple,
24:42 et qu'on voit qu'il y a plus de levées de fonds au Nidjara,
24:45 et qu'il y a une start-up sénégalaise qui demande de l'argent,
24:48 est-ce qu'on ne va pas naturellement aller vers le marché énorme
24:51 où il y a des levées de fonds régulières ?
24:54 - Non.
24:57 Certains, peut-être. Je ne peux pas dire non de cette manière-là.
25:00 Peut-être que certains en se réflèquent.
25:03 D'autres regardent l'Afrique comme un ensemble de pays
25:06 avec pour chaque pays des avantages, des inconvénients,
25:09 et pour certains avec une position stratégique
25:12 qui permet en tout cas de se positionner comme un hub.
25:15 Je prends le Sénégal pour parler de cet exemple-là.
25:18 La position géographique du Sénégal
25:21 permet d'être la porte d'entrée parfaite
25:24 de la francophonie en Afrique.
25:27 Quand on parle de francophonie, on intègre la France,
25:30 l'Outre-mer, l'Afrique, et tout de suite,
25:33 ça donne un marché énorme, qui est finalement plus grand
25:36 que le marché nigérian. Tout est une question de perspective.
25:39 Pour le fondateur que je suis, le sujet, c'est
25:42 est-ce qu'on est en mesure de tenir une conversation
25:45 avec un investisseur anglophone ?
25:48 Là, nous, on a eu beaucoup d'efforts à faire
25:51 parce qu'il faut angliciser, si je peux dire,
25:54 notre manière de faire, notre manière de présenter les choses
25:57 pour que l'investisseur américain comprenne
26:00 plus facilement ce qu'on essaie de faire.
26:03 Vous avez parlé du hub sénégalais. C'est le cas aussi pour la côte d'Ivoire ?
26:06 Selon vous ?
26:09 Qu'est-ce qui est le cas exactement ?
26:12 D'être un hub de développement ?
26:15 Oui, géographiquement, je pense que tous ces pays frontaliers,
26:18 en tout cas proches des côtes, sur les côtes,
26:21 sont en quelque sorte des hubs et peuvent permettre
26:24 de toucher les pays interlands de manière beaucoup plus simple.
26:27 Lorsqu'on regarde la situation de la côte d'Ivoire
26:30 avec le Burkina Faso ou du Sénégal avec le Mali,
26:33 ce sont des cas à peu près similaires. Après, c'est à des entrepreneurs
26:36 de prendre avantage de cette position-là, à des investisseurs de croire
26:39 en des entrepreneurs et de parier pour qu'on puisse en faire quelque chose,
26:42 nous, de notre côté, en tout cas. Ce qu'on veut faire, c'est de faire
26:45 du Sénégal un hub logistique, qui serait une porte d'entrée
26:48 vers l'Afrique francophone et qui permettrait à des milliers d'entreprises
26:51 de se renverser avec des clients éduqués
26:54 et qui sont invités de produits de qualité.
26:57 - Et puis, si l'on parle du Sénégal, il y a le rôle aussi de l'État
27:00 et des pouvoirs publics au Régime.
27:03 - Effectivement, le Sénégal, c'est un des pays qui a adopté
27:06 son Start-up Act, c'est en 2019.
27:09 Il y a tout un tas de mesures d'incitation,
27:12 notamment d'exonération fiscale, la suppression
27:15 du minimum de perception et puis d'autres dispositifs.
27:18 - Donc, le cadre réglementaire convient-il à une jeune pousse
27:21 aujourd'hui qui veut s'installer dans le pays ?
27:24 - Il convient mieux qu'avant, c'est sûr. On a fait des progrès
27:27 par rapport à... Parce que je prenais l'exemple
27:30 des entrepreneurs des générations précédentes qui se sont lancés.
27:33 On est dans un environnement où il est quand même
27:36 plus simple d'entreprendre aujourd'hui
27:39 parce qu'on a une couverture technologique,
27:42 Internet, qui est quand même de haut niveau au Sénégal.
27:45 On a un coût de l'Internet qui est
27:48 accessible, en tout cas pour des entrepreneurs.
27:51 On a des institutions qui peuvent
27:54 aujourd'hui parier sur des sociétés,
27:57 donc avec des petits montants, mais qui peuvent quand même le faire.
28:00 Et donc ça, c'est des initiatives qui permettent de lancer un projet
28:03 et de pouvoir y aller. Maintenant, le problème qu'il y a, c'est que
28:06 comme vous le disiez tout à l'heure,
28:09 il y a beaucoup de jeunes, beaucoup de monde.
28:12 Donc il faut vraiment... C'est dur
28:15 d'y arriver, en réalité. C'est que s'il y a
28:18 beaucoup de jeunes et peu d'opportunités, peu d'argent.
28:21 Alors justement, on le sait que dans la tech, il n'y a pas
28:24 que des réussites, il y a aussi des échecs.
28:27 Il y a aussi des faillites avec forcément toujours de bonnes raisons.
28:30 On va entendre à ce propos Marem Dieng,
28:33 c'est la représentante en Afrique de l'Ouest
28:36 de 500 Global. C'est un investisseur
28:39 californien, c'est un 100 Global en français.
28:42 Elle parle très bien anglais.
28:45 Pour le coup, elle a parlé lors de l'Affise, le grand rendez-vous
28:48 de l'industrie financière africaine. C'était
28:51 en novembre à l'OME, au Togo.
28:54 Lorsqu'une entreprise fait faillite,
28:57 nous devons prendre le temps
29:00 de comprendre pourquoi elle a échoué.
29:03 Nous devons savoir si cela est dû à des erreurs commises
29:06 par les entrepreneurs, à une éventuelle fraude
29:09 ou alors si cela a réellement à voir avec la réalité
29:12 d'un marché qui évolue rapidement.
29:15 Et cela fait une grande différence, car si nous ne pouvons pas
29:27 apprendre des erreurs de nos entreprises, nous nous retrouvons
29:30 dans un cycle sans fin, nous retournons 20 ans en arrière.
29:33 Les entrepreneurs qui échouent actuellement, souvent à cause
29:36 de la réalité du marché, je vous garantis que la plupart
29:39 d'entre eux, s'ils recréent une entreprise, ils ne feront pas
29:42 le même type d'erreur. Et nous ferions mieux de les garder ici
29:45 sur le continent, en les motivant pour continuer à créer des entreprises,
29:48 à apprendre de leurs erreurs, plutôt que de les laisser
29:51 partir sur un autre marché.
29:54 On voit parfois des entreprises lever des millions de dollars
29:57 sans déterminer leur modèle économique.
30:00 Quelle est leur cible ? Leurs produits sont-ils adaptés
30:03 au marché ? Je pense donc que ça dépend aussi des discussions
30:06 qu'ils peuvent avoir avec nous, les investisseurs.
30:09 Comment mieux raconter leur histoire ? Comment faire partie
30:12 d'un écosystème où il peut y avoir de la trompette ?
30:15 Comment faire en sorte que les entreprises puissent
30:18 continuer à créer des entreprises ?
30:21 Comment faire partie d'un écosystème où il peut y avoir
30:24 de la transparence ? C'est un élément clé dans la technologie.
30:27 La technologie est une affaire de transparence.
30:34 Il faut montrer aux gens pourquoi les choses fonctionnent
30:37 et pourquoi elles ne fonctionnent pas. Il faut que nous puissions
30:40 apprendre de nos échecs et nous améliorer.
30:46 Maren Dieng de 500 Global, investisseur californien,
30:49 c'est la représentante en Afrique.
30:52 On va essayer de résumer en quelques mots.
30:55 La technologie doit être transparente.
30:58 Et Bambalo, il faut miser sur ceux qui ont échoué
31:01 et qui ont donc accumulé de l'expérience.
31:04 Vous êtes d'accord ?
31:07 Je suis tout à fait d'accord. Je pense que les meilleurs
31:10 moments d'apprentissage, c'est l'échec.
31:13 On apprend peu de choses de ses réussites.
31:16 Il est difficile de parfois même définir le pourquoi
31:19 de ses échecs. Par contre, on apprend beaucoup de choses.
31:22 Il faut donner une deuxième chance en Afrique
31:25 à celui qui ne l'a pas réussi dans un moment.
31:28 Oui, je pense que l'entrepreneur se donne une deuxième chance
31:31 en croyant qu'il peut y arriver, en étant convaincu
31:34 que la manière dont il a abordé les choses n'était peut-être
31:37 pas la bonne manière la première fois, mais qu'il a appris
31:40 des choses qui lui permettront demain de progresser.
31:43 Pour ça, il faut que les investisseurs suivent aussi.
31:46 Il faut que les investisseurs suivent, mais il faut que l'entrepreneur
31:49 aussi ait la responsabilité de s'éduquer et de grandir.
31:52 Et pour ça, c'est tout un écosystème. Ce n'est pas que les investisseurs.
31:55 Il y a l'entrepreneur et son idée. Il y a son équipe.
31:58 Parce qu'on parle d'entrepreneur, mais il ne travaille pas tout seul.
32:01 Il travaille avec des employés, avec une équipe qui doit aussi
32:04 progresser et pouvoir en tout cas porter et tenir sa position.
32:07 Et de l'autre côté, il y a les investisseurs effectivement
32:10 qui doivent à un moment donné, comme disait Mariam tout à l'heure,
32:13 investir sur une trajectoire.
32:16 Mais lorsqu'elle parlait de l'exemple d'investir sur des sociétés
32:20 qui n'ont pas de product market fit, qui n'ont pas de MVP,
32:24 ça paraît aberrant.
32:27 Il faut être clair sur ses objectifs.
32:30 On le voit encore. Je vois même des sociétés ici
32:33 qui lèvent des centaines de millions d'euros en France
32:36 sur un concept note.
32:39 C'est important quand même les réussites.
32:42 Vous dites qu'on n'apprend rien des réussites, mais quand on est une équipe,
32:45 une équipe a besoin d'être galvanisée par une réussite.
32:48 Ce n'est pas qu'on n'apprend rien des réussites.
32:51 Ce que j'ai dit, c'est qu'on apprend plus des échecs.
32:54 On apprend des réussites, certes, mais dans l'échec,
32:57 tout le processus d'échec nous transforme en réalité.
33:00 La plupart du temps, on arrive à... En fait, c'est une question de choix.
33:03 A chaque fois, c'est toujours une question de choix.
33:06 Je choisis d'investir sur tel produit, je ne réussis pas.
33:09 Je choisis de ne pas recruter telle ressource à tel moment,
33:12 je le regrette quelques temps et finalement, je n'ai pas réellement économisé,
33:15 j'ai perdu de l'argent.
33:18 En tout cas, l'échec nous permet de pouvoir ressortir plus fort
33:21 pour, lorsqu'on lance un produit, essayer d'avoir plus de certitude
33:24 au moment de se lancer ou au moment d'investir sur un produit.
33:27 Mais oui, effectivement, la réussite sert à quelque chose.
33:30 - On en a un peu parlé tout à l'heure, la population au Sénégal,
33:33 notamment, elle est en pleine mutation, on a de la chance,
33:36 il y a eu un recensement qui a été révélé récemment.
33:39 On apprend que les Sénégalais sont plus jeunes qu'avant,
33:42 plus de la moitié de la population à moins de 19 ans,
33:45 sous les trois quarts, moins de 35 ans.
33:48 - Vous êtes un vieux Bambaloo.
33:51 - Ça y est, c'est fini, bientôt la retraite.
33:54 - Désolée. Ça signifie quand même pour un entrepreneur comme vous
33:57 un créneau sur lequel surfer la jeunesse ?
34:00 - Ça augure de très bonnes choses pour le futur.
34:03 Parce que, moi, lorsque j'entends ces chiffres,
34:06 j'essaie de step back un peu et regarder les choses
34:09 de manière un petit peu plus globale, prendre du recul.
34:12 On voit que les pôles économiques, ils ont shifté de l'ouest à l'est.
34:15 Pourquoi ? Parce que la Chine...
34:18 - J'essaie de traduire en français.
34:21 - Parce que c'est 4 milliards de personnes.
34:24 Voilà. En Europe, il y aura 400 millions de personnes dans 30 ans.
34:27 En Afrique, 2,5 milliards de personnes.
34:30 La francophonie, dans sa globalité,
34:33 je crois qu'on sera à peu près à 800 millions de personnes,
34:36 dont la majeure partie en Afrique. C'est des opportunités.
34:39 Et donc, ces gens qui ont 19 ans aujourd'hui sont finalement
34:42 le potentiel de croissance de demain.
34:45 Deux sociétés qui se trouvent ici, mais qui ont une grande capacité
34:48 de croissance de demain.
34:51 Deux sociétés qui se trouvent ici, mais également
34:54 d'une manière de faire du business de manière plus intégrée, à mon avis.
34:57 C'est pour ça qu'on oeuvre. Comme je l'explique tout à l'heure,
35:00 le pourquoi est-ce qu'on fait ce qu'on fait,
35:03 c'est oui pour créer cette infrastructure en local,
35:06 mais c'est surtout pour ensuite l'insérer dans un monde
35:09 et dans une économie globale qui est déjà en mouvement
35:12 et parfois qui est en mouvement sans nous.
35:15 - La concurrence, elle vous stimule, elle vous apporte des choses
35:18 ou elle vous mange quand même à un certain moment
35:21 des parts de marché dans un secteur
35:24 qui est en expansion comme le vôtre ?
35:27 - Nous, c'est vrai qu'on a deux types de concurrence.
35:30 On a les acteurs historiques. C'est toutes ces grandes sociétés
35:33 logistiques que vous connaissez et qui sont sur le continent
35:36 depuis des années et des années, mais qui ne se sont pas vraiment
35:39 souciés de ce qui se passait dans les frontières.
35:42 Ils ont arrêté à partir des ports ou des aéroports.
35:45 On peut dire qu'on est complémentaire avec cette concurrence-là,
35:48 bien qu'ils peuvent être un produit de substitut sur certaines lignes.
35:51 - Bolloré, allez. - Par exemple.
35:54 De l'autre côté, sur les sociétés plus locales, technologiques,
35:57 je trouve que c'est une bonne chose parce que ce qu'on fait tous,
36:00 on n'est pas présent au Burkina, on n'est pas présent au Niger,
36:03 on n'est pas en RDC. Qu'il y ait d'autres acteurs là-bas
36:06 pour éduquer le marché, faire en sorte que le produit soit utilisé,
36:09 que ça devienne une habitude pour les gens,
36:12 juste un avantage, le jour où on peut compétir ensemble,
36:15 on compétira pour la qualité de service.
36:18 C'est ce qui nous a fait défaut par le passé.
36:21 Aujourd'hui, en tant qu'entreprise et entrepreneur africain,
36:24 c'est vers ça qu'on tend.
36:27 - Vous avez même en local vos compatriotes,
36:30 les frères Ndiaye, qui ont créé Chargel.
36:33 Eux, ils sont en Côte d'Ivoire. C'est également un des marchés
36:36 sur lequel vous êtes présent. Ils ont récemment levé
36:39 un certain montant en amorçage.
36:42 Ça vous stimule ? - Oui, ça me stimule.
36:45 Et puis je trouve que pour l'écosystème, c'est une super chose
36:48 de manière générale. Vous savez ce que vous disiez par rapport à l'écosystème
36:51 anglophone ? Nous, on applaudit lorsque des start-up, peu importe
36:54 le segment sur lequel elles évoluent, lèvent des fonds.
36:57 Donc effectivement, j'ai eu à les féliciter.
37:00 On a leur demandé aussi parfois des offres.
37:03 Donc on travaille aussi ensemble. C'est un vrai écosystème
37:06 qui est plutôt solidaire et qui grandit ensemble
37:09 de manière saine. - Alors vous êtes rapproché
37:12 d'un autre acteur de la région et du secteur
37:15 qui est Jumia, qui a eu des difficultés
37:18 récemment. Voilà, comment
37:21 est-ce qu'on fait pour évaluer à un partenariat
37:24 le risque fait partie ?
37:27 Quand on n'est pas à l'intérieur de l'autre entreprise, on ne sait pas
37:30 ce qu'elle va devenir dans les mois qui y viennent. - Oui, clairement.
37:33 Je pense qu'il faut revenir aux bases du business et se dire
37:36 que le partenariat doit être win-win.
37:39 C'est ce qu'on essaie de faire avec nos clients et partenaires.
37:42 La relation avec Jumia date de plus de 5 ans maintenant.
37:45 Donc c'est une société qu'on respecte
37:48 beaucoup. C'est un pionnier. Ils ont du volume.
37:51 Ils ont des clients et ils ont des besoins.
37:54 Donc évidemment, c'est une société qu'on sert.
37:57 Après, on n'a pas forcément d'informations sur ce qui se passe dans les coulisses.
38:00 On est comme vous, on lit un petit peu à gauche, à droite
38:03 ce qui se passe. Mais de ce qu'on sait en local, dans les pays
38:06 et avec nos interlocuteurs dans les pays,
38:09 l'activité fonctionne.
38:12 Est-ce que votre modèle pourra évoluer
38:15 du fait de cette concurrence et de ces aléas
38:18 dans le partenariat, même s'ils datent de certaines années ?
38:21 Est-ce que finalement, demain,
38:24 vous ferez de la livraison numérique, peut-être plus de stockage
38:27 de données, puisque vous stockez déjà des denrées ?
38:30 Est-ce qu'un avenir, je ne sais pas,
38:33 à l'Amazon d'Afrique, ça vous fait rêver ?
38:36 Ce qui me fait rêver, c'est de faire en sorte
38:39 que nos clients locaux
38:42 puissent vous vendre ici en France et vice-versa.
38:45 Donc c'est vraiment moi de faire, nous,
38:48 de faire le pont entre l'Afrique de l'Ouest
38:51 et la France. De permettre à
38:54 toutes ces grandes entreprises du CAC 40
38:57 de ne pas forcément miser sur une concentration
39:00 dans un seul marché ou dans un pays, mais vraiment de pouvoir aller
39:03 un petit peu plus loin et cibler la francophonie
39:06 pour avoir plus de clients. Donc c'est ça
39:09 ce qui me garde réveillé, moi, la nuit.
39:12 Et puis, concernant
39:15 la concurrence
39:18 ou l'évolution de nos offres, elles seront de manière naturelle
39:21 en suivant nos clients.
39:24 Comme on dit, vous savez, notre idée au départ, c'était une application mobile
39:27 qu'on donne à un coursier et comme un Uber,
39:30 quelqu'un clique et la livraison est faite. Alors on s'est rendu compte
39:33 que le client, ce n'est pas ce qu'il attendait. Et donc on a dû changer
39:36 et maintenant tout ce qu'on crée est centré autour du client.
39:39 Pour répondre à votre question, ça sera vraiment suivre
39:42 les gros importateurs et les gros exportateurs,
39:45 leur permettre de faire mieux. Et en local, les artisans locaux
39:48 permettent de se déployer dans plusieurs pays d'Afrique, mais également en Europe.
39:51 Vous n'êtes pas résigné face aux critiques
39:54 qui sont émises parfois contre la France.
39:57 Vous dites, oui, on peut encore
40:00 augmenter le business entre la France et l'Afrique de l'Ouest.
40:03 Oui, je pense qu'on peut l'augmenter et puis on doit l'augmenter.
40:06 Si vous regardez sur les deux dernières années,
40:09 il y a dix fois plus
40:12 de sociétés françaises qui ont été créées dans la zone.
40:15 Donc au final, l'entrepreneur français,
40:18 il vient, il crée sa société. Après, qu'il y ait des
40:21 problèmes dans certains pays, c'est normal.
40:24 Et ça, c'est la vie. C'est comme ça.
40:27 Qu'on reproche à la politique ou la posture française
40:30 de certaines choses, c'est aussi un fait.
40:33 Et donc ça, moi, je m'inscris surtout sur certains
40:36 sujets qui sont reprochés. Mais par contre, c'est à nous de prendre cette responsabilité
40:39 et de se dire comment est-ce qu'on co-construit. On ne va pas s'ignorer.
40:42 On co-construit et on crée une situation
40:45 qui est beaucoup plus agréable pour les deux parties.
40:48 Bambalo, cofondateur de PAPS, grand invité de l'économie RFI Jeune Afrique.
40:51 On va à présent parler des enjeux de la sous-région
40:54 et des projets futurs,
40:57 des rêves professionnels de Bambalo.
41:00 Bambalo, on connaît la situation du moment dans certains
41:06 pays du Sahel, avec des bouleversements politiques
41:09 importants. Comment est-ce qu'on fait pour anticiper
41:12 les difficultés logistiques ?
41:15 Il y a le Mali, le Burkina Faso,
41:18 des camions parfois bloqués aux frontières.
41:21 Nous, on est obligé d'être flexibles et agiles.
41:24 L'idée, c'est de pouvoir s'orienter vers les pays
41:27 qui offrent plus de stabilité. Donc ça a été notre choix.
41:30 C'est pour ça qu'on a choisi les pays dans lesquels nous nous trouvons aujourd'hui.
41:33 Et pour pouvoir atteindre des pays frontaliers,
41:36 on passe par des partenaires. On crée des partenaires
41:39 avec des acteurs locaux qui maîtrisent les pays,
41:42 qui connaissent l'environnement. Et avec eux, on essaie de construire
41:45 quelque chose qui tient la route pour que notre client puisse être servi
41:48 lorsqu'il le faut. Ce sont des choses que vous anticipez,
41:51 à mesure que vous grossissez, que vous grossirez,
41:54 avec les partenaires ou non.
41:57 Ce sont des réalités que vous anticipez.
42:00 Les camions bloqués à Cotonou, par exemple, qui ont eu lieu récemment
42:03 au Niger. Ce sont des choses qui sont dans votre plan ?
42:06 Ce sont des choses qui arrivent assez souvent, en réalité.
42:09 Ce ne sont pas des choses qui datent d'aujourd'hui.
42:12 Sur certains axes, on sait que c'est beaucoup plus difficile de livrer que d'autres.
42:15 À partir de ces données-là, on peut déjà transmettre l'information
42:18 aux personnes qui peuvent être concernées, les clients,
42:21 parce qu'ils ne le savent pas tous. Et de l'autre côté, prendre des décisions,
42:24 nous, stratégiques, sur si on doit aller sur un pays ou pas.
42:27 D'ailleurs, vous attendez peut-être beaucoup de la Zlekav,
42:30 la zone de libre-échange continentale africaine,
42:33 parce que finalement, vous faites de la logistique du transport.
42:36 Donc, les questions de douane, les questions de traçabilité,
42:39 ce sont des questions qui seront réglées par...
42:42 Si cette règle, cette zone de libre-échange s'étend,
42:45 vous entendez quoi concrètement ?
42:48 Non, je pense que le concept et l'idée,
42:51 elle est à louer et puis elle est très appréciée.
42:54 Vous savez, nous, on est dans une zone quand même de libre-échange
42:57 en réalité, lorsqu'on regarde la zone UMOA, au final.
43:00 Donc, on vit un petit peu déjà...
43:03 - Les pays d'Afrique de l'Ouest.
43:06 - C'est ça, une même monnaie, zone de libre-échange,
43:09 libre-passage. Donc, on vit un petit peu cette Zlekav-là.
43:12 La crainte que j'ai, en tout cas, au niveau continental,
43:15 c'est que ça creuse les écarts.
43:18 Et donc, il faudra, à mon avis, pouvoir réfléchir aussi
43:21 à une manière de faire en sorte qu'on réussisse
43:24 à pas protéger, mais peut-être encadrer le commerce,
43:27 parce qu'on a des puissances africaines maintenant.
43:30 Donc, il ne faut pas qu'elles avalent, en fait,
43:33 tous les petits pays.
43:36 Et donc, ravi de l'idée et du concept,
43:39 mais voilà, je pense qu'il y a quand même pas mal
43:42 de choses à faire pour pouvoir arriver à quelque chose
43:45 de fini. Et si on pense juste à la monnaie aussi,
43:48 c'est un autre enjeu qui peut être compliqué
43:51 pour cette zone de libre-échange.
43:54 Donc, il y a quand même pas mal de sujets sur la table.
43:57 - Les échanges, ils se font déjà et ils vont se faire
44:00 encore plus dans le secteur des hydrocarbures.
44:03 Il y a des projets d'oléoduc qui sont en train
44:06 de se mettre en place.
44:09 Est-ce que vous voyez ça, vous, d'un bon oeil,
44:12 le développement de l'Afrique via ce secteur
44:15 des hydrocarbures qui est décrié, on le sait,
44:18 dans certaines parties du monde
44:21 pour les conséquences environnementales
44:24 que ça peut avoir?
44:27 - Je pense que tout le monde doit faire sa part
44:30 et que l'Afrique n'est pas exempte de faire sa part.
44:33 Après, c'est vrai qu'on peut toujours avoir cette posture
44:36 de dire que l'Afrique ne pollue qu'à 3% et oui,
44:39 se dire, bon, ben, c'est pas grave, on continue.
44:42 Mais l'avantage qu'on a, c'est qu'on est un continent
44:45 où c'est plus facile de prendre les bonnes manières
44:48 quand on est jeune plutôt que quand on est vieux.
44:51 À mon avis, c'est aussi de pouvoir se dire,
44:54 comme l'exemple du Japon, est-ce que c'est pas
44:57 de l'énergie hydrogène qu'il faut?
45:00 On a le soleil, est-ce que c'est pas créer
45:03 des solutions un petit peu plus innovantes
45:06 même pour le transport, ce qui se fait déjà.
45:09 Mais maintenant, est-ce qu'on réussit à massifier
45:12 les énergies qui s'apprennent sur, soit des grands
45:15 pôles économiques ou sur tout le continent?
45:18 Pas de fatialité au tout pétrole ou au tout gaz.
45:21 C'est ce qu'on comprend.
45:24 On l'a dit plus tôt, vous êtes devenu une figure
45:27 de la diaspora, de retour en Afrique.
45:30 Quelles sont les recettes de la réussite
45:33 pour celles et ceux qui veulent faire la même chose?
45:36 On va entendre l'un de vos amis, qui est passé lui aussi
45:39 à investir au pays, entrepreneur, youtuber, mentor,
45:42 on l'écoute.
45:45 L'un des problèmes aussi dans Souffle la diaspora,
45:48 c'est le manque de visibilité de ce qu'elle fait déjà.
45:51 Il y a beaucoup d'entrepreneurs en Afrique qui font
45:54 de très belles choses, qui sont issus de la diaspora,
45:57 qui sont rentrés et qui ont lancé des projets aujourd'hui
46:00 qui sont porteurs de technologies, qui créent
46:03 beaucoup d'emplois, et puis surtout qui amènent
46:06 des gens qui sont là-dessus quand on rentre
46:09 avec des idées différentes.
46:12 - Je pense qu'il faut savoir comment rentrer aussi.
46:15 On ne rentre pas pour donner des leçons ou expliquer
46:18 aux autres qu'on sait tout et qu'ils n'ont rien compris.
46:21 Ça ne marche pas.
46:24 Il faut avoir beaucoup d'humilité pour comprendre
46:27 que l'Afrique ne nous a pas attendus non plus.
46:30 On n'est pas des sauveurs et qu'on a beaucoup
46:33 d'idées différentes.
46:36 Il faut savoir comment les autres font,
46:39 comment ils comprennent les choses,
46:42 qu'on peut leur apporter la vision complémentaire
46:45 qu'on peut avoir.
46:48 - Philippe Simo entretient en intégralité sur la chaîne
46:51 YouTube de RFI.
46:54 Vous avez déjà été plusieurs centaines de milliers
46:57 à la voir cette vidéo.
47:00 - Je pense que pour l'entrepreneur africain,
47:03 il y a certaines choses à améliorer ou à moderniser.
47:06 L'expérience internationale permet de le faire.
47:09 Pour un entrepreneur issu de la diaspora,
47:12 un porteur de projet ou même un employé issu de la diaspora
47:15 qui veut rejoindre une société,
47:18 à mon avis, c'est utile de venir avec un bagage
47:21 pour pouvoir le mettre au service de sa cause
47:24 ou de sa mission.
47:27 Il faut avoir une posture, il ne faut pas frustrer.
47:30 C'est très humain, l'Afrique.
47:33 Tout est...
47:36 Tout est...
47:39 Les choses peuvent être prises
47:42 aux deux extrémités.
47:45 Soit vraiment très bien...
47:48 - Tout peut être très exacerbé.
47:51 - Je pense que oui, avec de l'humilité,
47:54 ça facilite les choses.
47:57 - La réussite d'audience de Philippe Simo,
48:00 en quelques mots, une petite parenthèse.
48:03 Vous connaissez bien, vous devez y être sensible.
48:06 - La réussite d'audience ?
48:09 - Il est très influent.
48:12 - Il est très influent et très suivi sur les réseaux sociaux.
48:15 Ses messages sont très écoutés.
48:18 - Il est utile, surtout parce qu'il démocratise un savoir
48:21 qui n'est pas forcément accessible à tout le monde.
48:24 On repart dans les années 2015-2016
48:27 pour entreprendre en Afrique.
48:30 Avoir de l'information, c'était très compliqué.
48:33 Aujourd'hui, il rend ça plus simple à différentes personnes
48:36 à travers ses formations, ses contenus.
48:39 Il en faut encore plus, des initiatives comme celle-ci.
48:42 - Votre bagage, notamment, vous êtes formé en France
48:45 et au Canada, mais les ingrédients pour la réussite
48:48 sont retrouvés sur place en Afrique.
48:51 On a vu des initiatives dernièrement avec le banquier
48:54 nigérien Herbert Wigway qui s'est engagé à investir
48:57 massivement dans une grande université africaine.
49:00 Des bonnes écoles dans la tech, par exemple,
49:03 dans votre secteur.
49:06 Il y en a-t-il assez, selon vous, sur le continent
49:09 pour répondre à tous ces besoins ?
49:12 - Il n'y en a pas assez.
49:15 Les écoles africaines, souvent, servent des sociétés
49:18 qui sont hors du continent.
49:21 Ce qui fait qu'on a quand même une fuite de la compétence,
49:24 même si elle reste sur le continent,
49:27 qui travaille pour des sociétés qui ne créent pas directement
49:30 sur le continent.
49:33 - Comment on évite cette fuite ?
49:36 - Digitaliser, rendre accessible la formation,
49:39 rendre accessible l'entreprise,
49:42 faire plus d'immersion.
49:45 - C'est votre cas ?
49:48 - Oui, on a une initiative avec le groupe
49:51 Subdeco Dakar sur des sujets logistiques.
49:54 D'autres aussi le font.
49:57 Auchan l'a fait.
50:00 Ils ont créé un master.
50:03 Ça crée de l'emploi et de la compétence qualifiée.
50:06 Il en faut encore plus.
50:09 - Parmi vos rêves professionnels,
50:12 vous nous l'avez confié en préparant cette émission.
50:15 Il y a la création d'un club de football.
50:18 D'abord un souvenir de février 2022.
50:22 - Mane !
50:25 Mane !
50:28 Sénégal !
50:31 Nos champions africains !
50:34 Sadio Mane délivre !
50:37 Les lions de Turanga !
50:40 - Le Sénégal, champion d'Afrique pour la première fois.
50:43 Ça vous fait frissonner encore ?
50:46 - Oui.
50:49 C'était un grand moment.
50:52 Un grand moment qui reste gravé dans la mémoire.
50:55 Ce moment a même cassé un plafond de verre
50:58 qui était là sur le sport et le football.
51:01 On ne s'attendait pas.
51:04 On voulait gagner.
51:07 Mais personne ne se disait au début de la compétition
51:10 qu'on irait jusqu'au bout et qu'on gagnerait.
51:13 Comme fan de football,
51:16 j'ai des rêves, des passions.
51:19 - Vous aviez déjà battu la France en 2002
51:22 en Coupe du Monde.
51:25 - Par contre, la France nous a battus dans les U17.
51:28 - Vous suivez vraiment à fond.
51:31 - Il y avait une montée en puissance
51:34 du football sénégalais.
51:37 Comment le Sénégal doit capitaliser
51:40 sur les réussites de son équipe nationale ?
51:43 - Continuer avec la formation.
51:46 Continuer avec la formation de haut niveau.
51:49 On voit ce qui a été fait à l'époque.
51:52 Je prends l'exemple de Djambar.
51:55 C'est sorti des grands joueurs qui sont dans cette équipe.
51:58 Ils ont gagné la Coupe d'Afrique.
52:01 Il pourrait y en avoir encore plus.
52:04 Des clubs de ce type-là.
52:07 Ils ont commencé par la formation.
52:10 Ils sont arrivés jusqu'à créer leur propre équipe
52:13 qui joue le championnat national.
52:16 - Il faut structurer ce championnat national.
52:19 - Il est structuré.
52:22 Il faut plus de moyens.
52:25 Un club comme Djambar,
52:28 avec ses fondateurs, peut-être a accès plus facilement
52:31 au capital qu'un petit club qui se lance
52:34 dans un quartier de la région.
52:37 Il faut des moyens locaux.
52:40 - Vous êtes chef d'entreprise.
52:43 Qu'est-ce que vous allez faire ?
52:46 - Je ne sais pas ce que je vais faire.
52:49 Vous voyez un peu où je veux en venir.
52:52 En local, il y a des choses à faire.
52:55 - Prendre en main un club de football,
52:58 ça fait partie de vos objectifs à court terme ?
53:01 - Non, pas à court terme.
53:04 Je me concentre sur PAPS.
53:07 On a encore beaucoup de choses à faire.
53:10 A moyen-long terme, je me verrais bien faire ça.
53:13 - Le sport business en Afrique,
53:16 un concept qui est très à la mode,
53:19 le sport comme levier de développement,
53:22 c'est votre prochain terrain de jeu.
53:25 Il y a le foot, peut-être pas que le foot.
53:28 Comment vous voyez ça ?
53:31 Cet appel d'un tas de personnalités
53:34 à développer l'Afrique via le sport.
53:37 - Je pense que c'est un vecteur
53:40 d'intégration formidable.
53:43 On le voit avec ce qui se fait
53:46 avec l'NBA et l'Africa.
53:49 Ils font un travail formidable sur le continent.
53:52 Ils sortent des joueurs,
53:55 ils créent leur propre ligue,
53:58 ils créent des choses qui permettent
54:01 à des jeunes de croire en leur rêve.
54:04 Par contre, il manque toujours d'infrastructures.
54:07 Il n'y a pas assez de terrain pour jouer aux normes.
54:10 Il manque des opportunités.
54:13 - Vous ne vous intéressez pas que au sport,
54:16 vous vous intéressez aussi à la culture.
54:19 - Oui, par exemple, dans le cadre de vos activités,
54:22 vous avez développé le transport d'oeuvres d'art
54:25 d'artistes africains.
54:28 Est-ce que c'est pour vous un moyen
54:31 de donner de la visibilité aux artistes locaux?
54:34 - Oui, c'est un bon moyen pour donner de la visibilité
54:37 en local, mais aussi à l'international.
54:40 On transporte beaucoup d'oeuvres d'art
54:43 pour des artistes africains.
54:46 Actuellement, il y a une exposition au Quai Branly
54:49 avec des oeuvres que l'on a transportées jusqu'ici.
54:52 C'est un moyen de montrer ce qui se fait
54:55 sur le continent africain sans pour autant y être.
54:58 Lorsqu'on a une scène artistique aussi large
55:01 que ce qu'on peut avoir en France,
55:04 c'est une opportunité pour des artistes africains
55:07 de pouvoir y être.
55:10 De manière générale, la culture africaine,
55:13 on le voit à travers la musique et les différents choix
55:16 musicaux que j'ai pu avoir au cours de cette émission,
55:19 comme la littérature, le dernier Prix de Bongo
55:22 au Bougar Sarr, mais également beaucoup de chefs
55:25 qui s'inspirent aussi de saveurs
55:28 et de produits venant d'Afrique.
55:31 On essaie d'être au centre de tout ça,
55:34 pas que du business, mais aussi de la vie
55:37 et de proposer des solutions.
55:40 - Si on se quittait en musique,
55:43 avec un autre de vos choix, la star nigériane
55:46 qui était en avril 2022 au Madison Square Garden
55:49 à New York, en duo avec Youssou N'Dour,
55:52 Level Up.
55:55 ...
55:58 ...
56:01 ...
56:04 ...
56:07 ...
56:10 ...
56:13 ...
56:16 ...
56:19 - Level Up, ça vous correspond ?
56:22 Passer à l'étape supérieure ?
56:25 - Ça correspond au continent africain, on est dans cette dynamique.
56:28 - Merci à vous Bande Ballo, merci d'avoir livré
56:31 votre parole ici dans les studios de RFI.
56:34 Vous étiez de passage en France à l'occasion
56:37 d'Emerging Valley, un événement méditerranéen
56:40 autour de l'écosystème startup qui s'est tenu
56:43 à Aix-en-Provence dans le sud de la France.
56:46 Merci Aurélie. - Merci beaucoup Bruno.
56:49 - Cet entretien est à lire dans les colonnes de
56:52 Jeune Afrique sur jeuneafrique.com, il est à voir
56:55 en vidéo sur YouTube, sur la chaîne YouTube
56:58 de RFI où vous retrouvez nos autres invités
57:01 de l'écho, Delphine Traoré très récemment, Ousmane Diagana,
57:04 Philippe Simaud dont on parlait. Merci également
57:07 à Guillaume Meunier et à Stephen Elslie pour la réalisation
57:10 audio et vidéo, à Salim Atakone,
57:13 à Nelly Fualdes et à Quentin Velluet
57:16 qui nous ont aidés à préparer cet entretien.
57:19 Merci à Christelle Jeanne pour les photographies.
57:22 Merci à vous tous de nous suivre sur nos réseaux.
57:25 Bonne journée, bonne soirée, portez-vous bien.
57:28 ♪ ♪ ♪

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