L'analyse du match décevant de l'Afrique du Sud face à l'Angleterre - Rugby - CM
Dans le Salon Tactique du 22 octobre, Jean-François Paturaud, Alex Bardot et Yannick Bru reviennent sur le match décevant des Springboks face à l'Angleterre, samedi soir.
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00:00 Ils ont quand même accumulé...
00:02 Déjà j'ai vu beaucoup d'émotions sur l'île d'Anglais,
00:05 ce qui n'est pas forcément habituel chez eux.
00:09 Donc j'ai dit "Ah, les Anglais ont préparé une mission commando".
00:14 Puis j'ai commencé à voir ces pertes de balles inhabituelles chez l'Esprit Boc.
00:19 Ils se sont contrés sur plusieurs môles, on y reviendra.
00:23 Contrés sur certaines collisions.
00:26 Et là je me suis dit "C'est typiquement le match piège".
00:29 Mais tout va rentrer dans l'or rapidement.
00:32 Puis quand j'ai vu qu'on rentrait dans les 15 dernières minutes
00:35 et que les Anglais étaient toujours devant,
00:37 et après le drop de Wendfarel, j'ai dit "Ils vont faire le casse du siècle".
00:41 Je l'ai pensé, honnêtement.
00:43 Parce que vraiment, là ça a tenu à un fil.
00:46 Il fallait absolument marquer sur cette touche, c'était la seule option.
00:51 Et il fallait encore rentrer ce coup de pied de 50 mètres sous la pluie en fin de match.
00:55 Honnêtement, j'ai trouvé le coaching des Bocs un peu bizarroïde pendant 60 minutes.
01:05 Sortie de l'E-Boc prématurée, la rentrée de Willy Leroux à l'arrière,
01:11 qui fait une très mauvaise rentrée.
01:13 Il y a des choses que je n'ai pas comprises.
01:15 Je me suis dit "Ils sont à côté de la plaque aujourd'hui".
01:17 Mais je ne vais pas dire que le destin fait bien les choses.
01:23 Je pense que si on avait eu un Nouvelle-Zélande-Angleterre en finale,
01:27 là aussi on aurait eu une opposition de force un peu disproportionnée.
01:31 Et toi Alex ?
01:33 Moi j'ai été surpris parce qu'on a beaucoup évoqué la semaine dernière,
01:38 et depuis plusieurs semaines maintenant, le fait que les Bocs sont vraiment très méticuleux
01:44 et qu'ils ont des plans toujours impeccables.
01:48 Et qu'ils sont aussi très forts dans les efforts invisibles, on va dire.
01:52 J'ai trouvé que sur ces domaines-là, ils avaient été battus par les Anglais,
01:56 qui avaient un plan plus précis, qui étaient mieux dans l'engagement physique,
02:00 qui faisaient des efforts considérables, même s'il n'y avait pas eu beaucoup de rythme dans ce match,
02:04 pour pouvoir bien réceptionner les ballons,
02:08 pour pouvoir mettre cette pression-là comme ils l'ont mise sur les môles et dans d'autres exercices,
02:12 il fallait vraiment une grosse débauche d'énergie.
02:15 En préparant l'émission, Yannick a dit que peut-être que les Bocs avaient laissé aussi
02:18 beaucoup d'énergie mentale et physique dans le match contre la France.
02:22 Et c'est vrai que ce n'était pas n'importe quel match.
02:24 Le contenu, déjà, était important, enfin, il était quand même costaud.
02:27 Puis c'était le match face au PIO, peut-être que les Bocs avaient mis beaucoup de gomme
02:34 sur ce match-là et que c'était plus dur à… En tout cas, ils n'avaient pas, eux, la même énergie,
02:38 ni le même plan. Et effectivement, on les a sentis à un moment,
02:41 dans une forme de nervosité inhabituelle. Ils étaient bousculés, on voyait qu'ils râlaient,
02:45 on voyait que le coaching était prématuré. C'était assez étonnant, mais comme dit Yannick,
02:53 le destin fait bien les choses. Moi, je suis content qu'on ait cette finale-là.
02:57 Parce que pour une dixième Coupe du Monde, quitte à ne pas avoir les Bleus,
03:03 autant que ce soit les deux pays phares du rugby mondial qui s'affrontent,
03:07 et qu'à la fin, on sache, après dix Coupes du Monde, qui est le meilleur,
03:12 on est content qu'il y en aura quatre.
03:15 C'est qui le meilleur. Tu parlais de la nervosité, c'est vrai qu'il y a une scène
03:18 qui est assez rigolote, c'est quand Rassi, Arrasmus et Nima Beur se réunissent,
03:22 ils sont chacun à leur place, il y a tout le staff qui monte pour voir les consignes.
03:25 Ils ont l'impression qu'ils sont un peu perdus ou alors ils font une réunion
03:28 comme s'ils faisaient un salon tactique entre eux, en fait. C'est bizarre.
03:33 On a senti, comme a dit Alex, on a senti la nervosité. La nervosité, elle vient souvent
03:39 d'un côté, et on a peut-être pas préparé le match avec la même intensité.
03:43 Quelque part, c'est rassurant, ça veut dire aussi que les Sud-Africains sont humains,
03:48 parce qu'ils ont disputé un paquet de combats de boxe, quand même,
03:52 depuis le début de cette compétition. Et eux, quand on parle de combat de boxe,
03:57 maintenant on sait vraiment de quoi il s'agit dans ce salon tactique.
04:01 Le Tonga, l'Irlande, l'Écosse, ils battent le Pays Haut en quart de finale,
04:07 ils ont poussé très haut l'émotion la semaine dernière.
04:12 Inconsciemment, quand tu vois que la Nouvelle-Zélande met 40 points en demi-finale,
04:18 et que tu les as déjà battus de 30 points il n'y a pas si longtemps,
04:22 et que tu as éliminé le Pays Haut, je pense que c'est humain,
04:26 et c'est rassurant de se dire qu'ils sont humains, et se dire "attends,
04:28 il faut qu'on fasse le boulot contre l'Angleterre, et on a un nouveau rendez-vous
04:32 pour la finale de la Coupe du Monde". Et je pense que certains springboks l'ont pensé,
04:37 puisqu'on l'a tous pensé. Donc, je pense que tout ça explique aussi
04:43 qu'il y a eu pas mal d'intermoments pendant 60 minutes, avec des lancers pas droits,
04:50 un alignement pas performant, des springboks chavirés sur la mise en place de leurs molles,
05:01 des springboks remis en question sur la ligne d'avantage,
05:04 battus dans les duels aériens, battus dans les rebonds aussi,
05:08 puisque c'était rigolo de voir comment, et Dieu sait que la bataille des rebonds
05:12 c'est quelque chose de très très important chez eux dans leur évaluation.
05:15 Ils ont perdu les rebonds, c'est souvent les Anglais qui les ont eus,
05:19 et c'est toujours significatif. Ouais, donc moi, ils étaient vraiment à côté de la plaque,
05:24 et je pense qu'ils avaient déjà la tête aux hommes à noir.