Alors que les Droits TV n'ont pas trouvé preneur, faut-il se faire du mouron pour la Ligue 1 et ses clubs ? Quel est le prix de la L1 ? Qui va l'acheter ? Et pourquoi se vend-elle mal ? Martin Mosnier et Maxime Dupuis ont décrypté ce sujet majeur dans le FC Stream Team, émission à écouter en intégralité en podcast chaque semaine (Réalisation : Sebastien Petit / Graphisme : Quentin Guichard)
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00:00 Est-ce qu'il faut être inquiet pour le football français ?
00:02 La LFP a lancé son appel d'offres, aucun des prix planchers pour les lots 1 et 2 n'ont été atteints.
00:08 Bref, pour l'instant, avant la négociation de gré à gré, la Ligue n'a pas de diffuseur pour la Ligue 1.
00:14 Sachant que le championnat de France dépend et télé dépendant et TV droit dépendant.
00:21 Bref, on est dans une sacrée panade.
00:23 Hier, Luc Daillon, l'ancien président de Strasbourg et de Nantes et qui a collaboré avec Canal+ pendant longtemps,
00:27 nous disait qu'il était très inquiet, qu'il y avait une vraie tension dans le championnat de France.
00:34 Maxime, le BB est très mal engagé.
00:38 C'est très mal engagé et à vrai dire, on l'avait vu venir.
00:40 Et j'imagine que la Ligue l'avait vu venir aussi, notamment Vincent Labrune qui réclamait,
00:44 enfin qui réclamait, qui espérait le milliard.
00:46 Quand on parle du milliard, c'est évidemment les droits locaux, les droits à l'international.
00:52 On n'y sera pas, a priori. Il faudra vraiment un miracle.
00:55 Déjà, première chose que je voudrais dire, je ne suis pas certain qu'il faille complètement blâmer la Ligue,
01:00 du moins la Ligue actuelle avec Vincent Labrune.
01:03 Je ne suis pas sûr qu'il y avait d'autres solutions.
01:04 Il est arrivé en novembre 2020.
01:07 Est-ce qu'il fait les choses à l'envers ? Pour le coup, je ne suis pas convaincu.
01:11 Le seul reproche que je ferais, moi, c'est d'imaginer récupérer un milliard parce que c'est illusoire.
01:16 Regardez les prix à l'étranger. La première Ligue est à 1,8.
01:20 Et un milliard, ce serait le mettre juste derrière la Bundesliga et devant la Liga et la Serie A.
01:24 Et même à plus de 3 milliards si on compte le droit international.
01:26 Si on compte l'international.
01:28 Donc pour moi, c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup trop pour un championnat qui n'est pas de ce niveau-là.
01:34 Ce qui m'a étonné, moi, en revanche, c'est que le prix de réserve,
01:37 vous regardez toutes les appels d'offres depuis 20 ans, le prix de réserve n'était jamais annoncé en amont.
01:43 C'est-à-dire qu'on ne vous disait pas, c'est en dessous, on n'accepte pas.
01:46 Et je pense que c'est sûrement une stratégie d'avoir fait ça pour aller vers ce que Labrune voulait, c'est-à-dire le gré à gré.
01:52 Mais le gré à gré, c'est-à-dire que là, on oublie tous les packs, pack 1, pack 2.
01:55 C'est-à-dire que vous pouvez venir et dire, moi, je veux juste le match du dimanche soir et je fais un prix, etc.
02:00 Est-ce que c'est une bonne solution ?
02:01 Je ne sais pas parce que je ne suis pas certain que la Ligue, là aussi, soit en position de force.
02:05 Alors oui, c'est un problème pour la Ligue 1.
02:07 La Ligue 1 est en danger, mais je dirais que la Ligue 1 s'est mise en danger elle-même depuis des années.
02:13 Là, hier, Martin, tu as interrogé des acteurs, des économistes,
02:16 on va dire qu'ils connaissent les affaires du football français,
02:18 qui ont estimé que le prix des droits télé serait entre 680 et 800 millions.
02:23 Moi, ça me paraît plutôt pas mal.
02:25 Mais si la Ligue 1 est en danger, ce n'est pas tant parce qu'elle serait payée au prix qu'elle doit l'être,
02:32 parce que pour moi, c'est à peu près le bon prix, simplement que les clubs, depuis des années,
02:36 et quand je dis des années, ce n'est pas depuis 2 ans, 3 ans, 4 ans, depuis 10 ans, tout ce que l'on veut,
02:39 c'est une fuite en avant permanente.
02:41 C'est des clubs qui vivent à perte.
02:43 Ce n'est pas normal d'avoir un championnat et d'avoir des acteurs où on perd de l'argent tous les ans,
02:49 et où c'est accepté, parce qu'aujourd'hui, le garde-fous, c'est la DNCG.
02:53 Et si vous voulez convaincre la DNCG, ce n'est pas de lui montrer des comptes à l'équilibre,
02:56 c'est de lui montrer qu'il y a quelqu'un qui peut remettre de l'argent au pot quand il en manque,
03:00 et ça, ce n'est pas possible.
03:02 Il y a deux problèmes auxquels est confrontée aujourd'hui, pour moi, la Ligue et le Jeu de France.
03:07 Le premier, c'est la valeur du championnat.
03:09 C'est-à-dire qu'on a des joueurs majeurs qui sont partis cet été, Neymar, Messi,
03:11 qui ont le manque de locomotives, vous pouvez tout prendre,
03:14 la Coupe d'Europe, c'est une catastrophe aussi, etc.
03:16 Mais pire que ça, c'est le contexte concurrentiel.
03:19 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il n'y a qu'un acteur qui est capable de rentabiliser une Ligue 1
03:25 à des prix ou à des sommes extravagantes, parce qu'il a 10 millions d'abonnés, c'est Canal+.
03:32 Or, Canal+, qui est donc celui qui a le plus d'abonnés,
03:35 qui est le partenaire de la Ligue 1 depuis des années,
03:40 aujourd'hui est en bisbille avec la Ligue, il y a même une procédure en cours.
03:47 Et donc, si vous voulez, tous les éléments sont aujourd'hui dans le noir.
03:50 Il y a assez peu de motifs d'espoir pour trouver ces sous-là et pour sauver le foot français.
04:00 En plus, le foot français a exposé ce dont il avait besoin, donc ça, c'est jamais bon.
04:04 Parce que quand tu dis que ta maison...
04:08 Quand tu as besoin de 50 millions, tu ne dis pas que ta maison coûte 50 millions.
04:10 Tu ne pars jamais au prix de vente.
04:11 Non, tu ne pars jamais au prix de vente. Donc oui, il faut être inquiet.
04:15 Après, il y a peut-être deux leviers encore, dont m'ont parlé les économistes que tu évoquais tout à l'heure.
04:23 Il y a deux leviers. Il y a une possible pression politique.
04:26 C'est-à-dire qu'à un moment, au sommet de l'État, on dit, écoutez, pour le bien général,
04:30 pour la santé du foot, parce qu'on parle du foot de la Ligue 1, mais du foot amateur de la Ligue 2, etc.
04:35 Comme Sarkozy ou Hollande l'ont fait, donner un petit coup de pouce à des investisseurs ou à des actionnaires,
04:43 en échange, on surpaye un petit peu le prix de la Ligue 1.
04:47 Donc ça, c'est le premier coup de pouce, le premier levier.
04:49 Le deuxième, et il est hypothétique lui aussi, c'est un retour de Canal+ dans le jeu,
04:55 et notamment pour ce fameux match du dimanche soir, qui fait quand même partie de l'ADN de Canal+.
04:59 Si aucun de ces deux leviers-là n'est actionné, et c'est deux leviers qui restent aujourd'hui très très hypothétiques,
05:07 alors là, oui, la Ligue est dans une panade, dans une merde noire.
05:13 Et dernière chose qui noircit encore un peu plus le tableau, c'est si demain, les droits sont vendus 750 millions d'euros,
05:22 les clubs ne toucheront pas 750 millions d'euros.
05:24 C'est-à-dire qu'il y a l'argent qui va à la Ligue 2,
05:27 il y a les frais de gestion de la Ligue qui sont de 50 millions,
05:30 il y a la taxe buffée, et il y a CVC, qui ponctionnera grosso modo 13%.
05:37 Donc, si vous voulez, dans ce dossier-là, absolument rien ne va.
05:40 Or, aujourd'hui, il en dépend de la santé financière des clubs français,
05:45 et même, j'ai envie de dire, de la survie de quelques-uns d'entre eux.
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