Longtemps reléguées aux fonctions subalternes, les femmes ont maintenant la charge des services les plus essentiels de notre sécurité nationale. Avec des centaines d’hommes sous leurs ordres. Revue des troupes
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 La police française, c'est vraiment une juxtaposition de clans, de chapels, de familles.
00:04 Mais finalement, la grande nouveauté de ces 15 dernières années, on va dire,
00:08 dans cette police, c'est la montée en puissance des femmes.
00:11 Pendant des années, elles ont été cantonnées dans des rôles subalternes.
00:15 Elles étaient à la photocopie, au café, secrétaires, éventuellement dans les brigades des mineurs.
00:20 Et puis tout d'un coup, la police judiciaire a ouvert ses portes à quelques inspectrices.
00:23 Elles ont eu beaucoup de mal à s'imposer.
00:25 C'était pas facile, mais la police avait besoin de ces binômes
00:28 pour faire des filatures dans la rue, par exemple,
00:30 pour déjouer l'attention des voyous qu'il s'agissait de suivre.
00:33 C'était bien d'avoir des couples, par exemple.
00:35 Donc ça a commencé comme ça.
00:37 Et quand j'ai démarré cette enquête sur les réseaux qui fédèrent et traversent la police,
00:41 tout d'un coup, je me suis dit que le nouveau réseau,
00:44 dont on avait très peu parlé jusqu'à présent, c'était celui des femmes.
00:48 Longtemps, le slogan mis en avant par la place Beauvau, c'était "la police, un métier d'homme".
00:53 Il a fallu des années et des années pour sortir de cela
00:56 et faire admettre déjà aux gardiens de la paix
01:00 qu'ils pouvaient travailler dans les rues avec des gardiennes de la paix,
01:04 que ça n'allait pas forcément les affaiblir.
01:05 Mais il y avait des réticences culturelles, on va dire, extrêmement fortes.
01:11 Donc l'ouverture s'est faite dans les années 70,
01:15 mais ensuite, ça a été très, très, très, très lent.
01:18 Aujourd'hui, on a à peu près 25-26% des gardiens de la paix sont des femmes.
01:23 Donc c'est énorme l'évolution qui s'est faite à ce niveau-là.
01:27 Les réticences ont été vaincues, mais elles ont été vaincues
01:30 parce que les femmes ont su s'organiser en lobby,
01:32 ont créé cette association "Femmes de l'intérieur" pour se battre,
01:36 pour aller rencontrer le directeur général, pour aller rencontrer les ministres,
01:39 pour essayer de se regrouper et de faire entendre leur voix
01:43 et de dire qu'elles ne voulaient plus de quota,
01:46 mais qu'elles voulaient être demain, aujourd'hui, pourquoi pas,
01:50 des "aujourd'hui légales" des hommes dans la police.
01:53 Ce sont vraiment des femmes qui ont décidé de lutter
01:56 contre toutes ces réticences historiques
01:59 ancrées dans l'esprit des policiers français à tous les échelons
02:03 et qui ont réussi à pousser la porte et à finalement à s'imposer.
02:07 Et aujourd'hui, on s'aperçoit que le patron des CRS, c'est une femme.
02:12 Le patron des services de protection des hautes personnalités, c'est une femme.
02:17 Le patron de l'unité de coordination de la lutte antiterroriste, c'est une femme.
02:21 Et enfin, c'est une femme, aujourd'hui, qui est numéro 2 de la direction générale de la police nationale.
02:25 Sur cette photo, on voit une trentaine de femmes
02:30 qui occupent toutes des grades assez élevés dans la police,
02:34 que j'ai rassemblées pour le temps de faire cette image,
02:36 dans les jardins d'un hôtel à Bercy, dans lequel elles étaient réunies.
02:40 Ça n'a pas été facile de rassembler une trentaine comme ça de femmes galonnées,
02:45 on va dire, au même endroit, à la même heure, pour une photo de groupe.
02:49 J'ai profité d'un séminaire qui a eu lieu à Paris,
02:53 de réflexion sur une réforme en cours de la police nationale,
02:56 pour les faire sortir du rang, les séparer des hommes le temps d'une image,
03:01 et les amener à faire cette photo qui, à mon avis,
03:05 est la première du genre qui n'a jamais été faite au ministère de l'Intérieur.
03:08 [Musique]