Questions Economiques du 19 Octobre 2023

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00:00 [Musique]
00:14 Madame, Monsieur, bonsoir et bienvenue à cette édition des questions économiques de la fourchette de 1150 à 1300 homologués.
00:23 Les prix des huiles végétales varient aujourd'hui entre 1500 et 1800 francs CFAD, voire 2000.
00:30 Une augmentation dont les consommateurs font les frais sans en comprendre les causes.
00:34 Alors, que se passe-t-il ?
00:36 Question au Dr Emmanuel Koulou-Adda, qui est président du comité de régulation des filières des eaux de l'Iagineux.
00:43 Bonsoir, Docteur.
00:44 Bonsoir, Madame.
00:46 Alors, avant que nous n'entrions dans le vif du sujet, permettez que nous fassions un tour dans les marchés, précisément dans les marchés de Garoua,
00:53 pour avoir un aperçu des prix des huiles végétales.
00:57 Et c'est dans ce reportage de Ousmane Assanda, de CRTV Garoua.
01:01 [Musique]
01:05 Le panier de la ménagère du Nord subit de plein fouet les effets de la hausse du prix des huiles végétales.
01:11 Dans les marchés à Garoua, elles sont aux abois.
01:14 L'huile est devenue très chère. Je ne sais même pas comment on va faire. Dans bientôt, on va préparer sans l'huile.
01:19 Une situation qui impacte considérablement le budget des ménages.
01:23 L'huile qui était, disons, majeure, avant, était à 1 150. Maintenant, on se retrouve à 1 800, 2 000.
01:29 Pour une famille qui n'a pas assez d'argent, ce n'est pas facile.
01:31 Ça fait vraiment beaucoup pour un ménage, même si vous n'êtes que deux dans la maison.
01:37 L'inflation observée sur la plupart des denrées alimentaires touche particulièrement ce secteur, malgré la production de certaines huiles dans la région.
01:47 Il est inadmissible que là où on fabrique l'huile, l'huile soit très chère.
01:53 En attendant le retour à la normale, elles ont le regard tourné vers les pouvoirs publics.
02:00 Alors, M. le Président, de 1 150, on l'a dit, à 1 800, voire 2 000 pour ce qui est du marché de garrois à la bouteille, d'huile végétale.
02:12 Dites-nous, que se passe-t-il? Vous, vous pensez que c'est simplement de la spéculation?
02:17 D'entrée de jeu, je voudrais dire merci de l'opportunité que vous me donnez de présenter aux consommateurs la situation qui prévaut aujourd'hui sur les marchés.
02:29 Il faut partir de ce que le prix de revient de l'huile raffinée par la structure des coûts de production des unités de production, notamment des unités de transformation.
02:41 Et au regard de cette structure des coûts, les prix homologués ont été arrêtés, comme vous l'avez dit, sur une fauchette de 1 050 à 1 300.
02:54 Et jusqu'à présent, du contraire, aucun autre prix n'a été homologué en dehors de cette fauchette de prix.
03:02 Elle reste de mise.
03:04 Elle reste de mise, cette fauchette de prix. Cependant, il faut tout de même noter que sur le marché, nous vivons un certain phénomène, je dirais dramatique, tel que nous venons de le suivre au niveau du reportage.
03:20 En effet, vous savez, une filière comme la nôtre est sous le prisme d'une chaîne de valeur, partant de la production, de la transformation et de la distribution.
03:36 Le problème actuel se trouve donc au niveau du volet distribution, qui part de l'unité de production au détail sur le marché.
03:47 Au niveau des unités de production, je peux vous assurer que jusqu'à présent, malgré le surenchèrement de certains paramètres, certains déterminants de leurs coûts de production, aucune augmentation n'a été enregistrée.
04:02 Cela veut dire donc que par rapport à cette chaîne, il faut voir le problème au niveau de la distribution en aval, c'est-à-dire du marché de détail.
04:13 Et là, on se rend compte donc que c'est un phénomène de spéculation, un phénomène de spéculation qui est une pratique illicite à reprimander.
04:22 Néanmoins, le ministère du Commerce, qui est chargé des prix, veille au grain. Mais vous savez, les habitudes ont la peau dure.
04:30 Dès lors qu'il s'est installé, cette illégalité par rapport à ce prix spéculatif, il est difficile de combattre.
04:38 Mais petit à petit, le ministère, à travers ses services centraux et déconcentrés, mène le combat pour la régularité du prix au mot de grain.
04:48 Alors, vous dites que le problème se situe au niveau de la distribution, si je vous ai bien compris.
04:52 Les commerçants ou les distributeurs sont donc les seuls responsables de cette spéculation, sauf qu'ils pourraient vous rétorquer qu'ils ne peuvent pas tourner à perte.
05:01 D'ailleurs, la loi commerciale le dit. Peut-être qu'ils s'approvisionnent plus cher et du coup vendent plus cher pour rentrer dans leurs frais.
05:09 Nous avons, dans le cadre du comité de régulation, fait des missions d'évaluation sur le terrain auprès des unités de transformation.
05:22 Je répète et je vous l'assure, au regard de ce qui s'y passe, le prix au niveau des unités de transformation n'a pas bougé.
05:33 Donc, le véritable problème se retrouve au niveau des détaillants.
05:39 Et c'est pour cela qu'on instruit, selon la loi de 2015 sur l'activité commerciale, que les unités de production puissent assurer la traçabilité du produit depuis l'amont jusqu'à l'aval.
05:53 Pour s'assurer effectivement où se trouve le tranglement qui permet qu'on ait des prix en sur-enchaire.
06:00 Alors, à partir de là, le ministère du Commerce prend le relais pour veiller au grain, pour s'assurer que le consommateur rentre dans ses droits en consommant au juste prix et en valeur qualitative prescrite.
06:16 Cette spéculation est de temps plus, j'ai envie de dire, suspecte.
06:20 On ne retrouve presque pas d'huile végétale dans les grandes surfaces, dans les rayons des grandes surfaces.
06:26 Par contre, on en trouve dans les marchés et à prix d'or.
06:31 Ils vont même plus loin, j'ai pu vous le dire.
06:34 Ils vont même à des ventes conditionnées.
06:37 Vous pouvez acheter parfois une bouteille d'huile, on vous demande d'acheter un autre article.
06:43 Ce qui est aussi une pratique illicite.
06:45 C'est vrai, aujourd'hui, la conjoncture est telle que tout est à l'assurance-chair.
06:51 Mais je dis que c'est une pratique illicite.
06:53 Tant il est vrai que jusqu'à présent, les pouvoirs publics n'ont possédé aucun réaménagement à la hausse du prix du litre d'huile végétale.
07:04 Mais un réaménagement qui n'est pas totalement, est-ce que le regard de la conjoncture actuelle, il y a des concertations qui sont en cours ?
07:11 Naturellement, Madame.
07:12 Il faut s'adapter à l'évolution, à la dynamique des prix.
07:17 Aujourd'hui, il se pose effectivement un problème d'inflation de par le monde.
07:24 Le Cameroun n'est pas le seul dans cette situation.
07:27 Je peux vous dire qu'en Europe aujourd'hui, certains magasins imposent des ventes conditionnées,
07:36 où on ne peut pas acheter au-delà d'une certaine quantité d'huile raffinée dans les supermarchés.
07:44 Mais qu'est-ce que cela ne tient ? En revenant dans le cas du Cameroun, il faut dire que ces opérateurs économiques, notamment en amont,
07:55 ne pouvant plus supporter véritablement la surenchère de leurs coûts de production,
08:02 sollicitent quand même du gouvernement certains allégements à l'effet de ne pas vendre à perte.
08:09 Les concertations sont certes en cours, mais en l'état, aucune résolution n'a été prise à l'effet d'assurer une augmentation quelconque.
08:19 Mais dans cette dynamique, puisque le gouvernement tient toujours à assurer la parabelle entre la production et la consommation,
08:28 il va de soi que cette concertation intègre tous les maillons de la chaîne,
08:32 à l'effet de trouver un juste prix qui s'adapterait à la conjoncture actuelle.
08:38 Voyez-vous, aujourd'hui, et comme par le passé, le gouvernement a toujours eu en cadre la filière,
08:45 en accordant des avantages préférentiels à l'importation compte tenu du déficit structurel de la production nationale.
08:54 Ceci a un effet d'allègement des coûts au niveau de la transformation.
09:01 Donc, s'il faut augmenter les prix, il faudrait qu'on s'assoie encore sur la table, comme c'est en train d'être mené,
09:08 de manière qu'ensemble, en toute collégialité, qu'on puisse trouver le juste milieu à l'effet de satisfaire en même temps la production et en même temps la consommation.
09:21 Et c'est pour cela que c'est tous les maillons de la chaîne qui se trouvent pendant ces concertations.
09:26 Mais cette spéculation a bien une cause. Elle n'est pas sortie de nulle part.
09:32 On sait, par exemple, que depuis quelques temps, le prix de la matière première a augmenté.
09:37 Est-ce que ça ne peut pas expliquer la crise et le déficit que connaît même le secteur de l'huile de palme, comme on nous le dit ?
09:44 Je vous dirais que même au niveau de la première transformation, je voulais dire au niveau des huileries, des agro-industries, le prix n'a pas changé.
09:52 Le prix de la matière première, notamment le prix de l'huile de palme brut, n'a pas changé.
09:57 Donc, il n'est pas question qu'au niveau de la première transformation, les prix ne changent pas.
10:03 Au niveau de la deuxième transformation, les prix ne changent pas, mais qu'on se retrouve à avoir des prix à la hausse au niveau du détail.
10:11 Ça veut dire qu'effectivement, c'est une pratique anticoncurrentielle, c'est une pratique illicite.
10:18 Vous savez, il est souvent admis que l'occasion fait le daron.
10:23 Certains distributeurs d'Italia estiment que vu la conjoncture inflationniste de par le monde, ils peuvent faire la part belle dans leurs affaires.
10:33 Mais je dis que c'est une pratique illicite, tant qu'officiellement, on n'a pas changé les prix homologués.
10:42 Et j'insiste là-dessus, le prix officiel demeure celui qui a été arrêté depuis de longues dates.
10:51 C'est vrai qu'il peut arriver à amener des aménagements compte tenu de la conjoncture.
10:56 Mais en l'état, nous devons respecter les prix homologués.
11:00 Alors, vous l'avez dit dans votre propos, le Cameroun connaît un déficit structurel en matière de production d'huile végétale.
11:09 A quoi est dû ce déficit ?
11:12 En effet, aujourd'hui, ce n'est un secret pour personne.
11:18 Nous vivons un déficit structurel de la production nationale d'huile de pâtes brutes qui se situe au niveau de 160 000 tonnes l'an.
11:28 C'est dû au fait que l'offre ne suit pas la demande grandissante dans la filière.
11:40 Ceci est dû au fait qu'aujourd'hui, on a véritablement une seule structure qui alimente l'offre en production nationale,
11:51 la Soka Palm et puis, ça dérivait, la Safakam.
11:57 Vous êtes sans ignorer que la situation sécutaire dans le Nozo a réduit les potentialités, les capacités de production des autres agro-industries,
12:08 notamment la CDC et la PAMOL.
12:11 Ceci vient donc freiner la dynamique de production qui pouvait amener à augmenter l'offre.
12:19 Par ailleurs, s'agissant uniquement de la Soka Palm, il y a un problème de rendement qui se pose aujourd'hui.
12:28 Les plantations sont vieilles, il y a donc un problème de renouvellement.
12:32 Et lorsqu'il faut renouveler, soit en termes de "planting", pour utiliser le langage à la matière,
12:42 le palmier à huile a une durée de production.
12:47 Au point que, même s'il faut planter aujourd'hui, il faut attendre une certaine durée pour que ces palmiers à huile soient en production.
12:56 Et du coup, le déficit ne fait que s'augmenter.
13:00 Donc, en réalité, il se pose là un véritable problème de mettre une stratégie de développement du palmier à huile
13:10 à l'effet d'avoir des poches de production dans des bassins de production pour alimenter l'offre nationale.
13:17 Il y a quelques entreprises qui produisent, à peu près, à la station, vous parliez de deux,
13:23 mais à côté, il y a la production, ce que vous appelez production villageoise.
13:26 Tout à fait.
13:27 Quel est son apport ?
13:29 Aujourd'hui, la production villageoise représente pratiquement 40% de la production nationale.
13:34 Et c'est pour cela que le gouvernement met en place des stratégies de développement du palmier à huile
13:40 à partir des bassins de production des zones villageoises.
13:45 Et je crois que c'est une des pistes salvatrices qui pourraient amener à booster l'offre en huile de palme brute.
13:55 Parallèlement, il y a une autre option, l'intégration verticale des unités, même de transformation,
14:02 qui peut, en même temps qu'elle transforme, procéder à des plantations de palmier à huile
14:10 à l'effet d'alimenter et leur communauté et l'offre nationale de manière générale.
14:17 Mais là, il va se poser justement un problème, le problème de terre, qui est encore...
14:23 On va en parler sur ce problème-là.
14:25 Le problème de financement. On va y revenir.
14:27 Je voudrais qu'on reste dans cette situation de spéculation, d'augmentation des prix.
14:34 Est-ce que le marché actuel est suffisamment approvisionné ?
14:40 Oui. Le marché est approvisionné partant de la chaîne en amont, comme je le disais,
14:47 c'est-à-dire des unités qui transforment.
14:50 Elles bénéficient certes de la petite quantité de la production locale,
14:56 mais elles bénéficient aussi des importations accordées par le gouvernement.
15:04 Donc, à leur niveau, il n'y a pas de problème de production.
15:08 Il y a du produit.
15:11 Et là, nous revenons au problème que nous avons suivi.
15:14 Ce n'est pas ce que les industriels semblent dire.
15:17 Ils semblent dire qu'ils sont, depuis un certain temps, à l'étroit dans l'approvisionnement.
15:23 C'est vrai qu'ils sont à l'étroit.
15:25 C'est vrai qu'ils sont à l'étroit du fait qu'aujourd'hui, les prix à l'international ont pratiquement doublé.
15:31 De 400 à 1200 francs.
15:33 Non, à l'international, de 650 à 1200, 1200, 1300, selon les zones de provenance de l'île de Pâques.
15:40 Mais, parce que ce sont des entreprises citoyennes,
15:43 elles continuent à respecter les prix homologués, malgré ce surenchérissement du prix à l'international.
15:51 Mais jusqu'à quand ?
15:52 Et c'est pour cela que, justement, vous l'avez souligné et nous l'avons dit,
15:56 il y a des consultations qui sont en cours pour essayer d'ajuster autant que faire se peut les prix
16:03 pour que ces entreprises ne tournent pas à perte et pour que la consommation aussi ne puisse pas en pâtir.
16:10 Mais comment cet approvisionnement est régulé ?
16:13 La régulation se fait justement au niveau du comité que je préside.
16:18 C'est-à-dire qu'on essaie de voir, au regard des quantités dont on dispose par rapport aux agro-industries,
16:24 on procède à une repartition en fonction des capacités de production de chacune des unités, en toute équité.
16:32 Il va de soi qu'on constatera que pour des unités à grande capacité,
16:38 elles bénéficieront beaucoup plus des quantités d'huile.
16:43 Mais c'est en toute équité de manière à ce que toute entreprise appartenant à la filière puisse travailler
16:51 et fournir le produit fini au niveau du marché.
16:56 De deux, la régulation se fait aussi au niveau de la qualité du produit mis à disposition sur le marché domestique.
17:05 Parce que vous voyez, il faut aussi aller dans le sens, respecter la valeur qualitative du produit soumis à la consommation.
17:15 Le Cameroun produit pour certains 300 000 tonnes.
17:18 Est-ce que la primauté de l'offre nationale est accordée à cette production, à cette transformation locale ?
17:25 Est-ce que l'huile de palme ne vit pas un peu ce qui se passe avec le secteur du soja ?
17:32 Alors, je vous dirais, si on établit une certaine trend depuis au moins cinq ans,
17:39 la production varie annuelle, varie entre 200 000 et 300 000 tonnes, pas au-delà.
17:46 Maintenant, avec la situation sécuritaire dans le noso, cette production a baissé.
17:53 Parce que nous avons eu des pertes de pratiquement 60 à 70 % des unités provenant de cette zone,
18:01 notamment la CDC et la PAMOL.
18:05 Ce qui fait qu'avec la rareté de l'huile brute, la primauté revient à la production, à la transformation nationale.
18:17 Il est vrai qu'on peut noter certaines disparités en violation de ce qui est demandé,
18:25 n'est-ce pas, par des mesures forduleuses en exportation.
18:28 Mais en l'état, toute l'huile produite, l'huile brute produite,
18:34 est mise à la disposition des transformateurs, des ménages, des restaurateurs, etc.
18:41 La filière est donc contrôlée. Alors, pour parler du déficit dont on a parlé,
18:46 le déficit de 160 000 tonnes de Cameroun importe donc.
18:51 Mais ces importations ont également un impact sur les coûts, les différents coûts qui sont pratiqués.
18:57 Tout à fait. Tout à fait.
18:59 Puisque je vous ai dit que le prix de revient est tributaire, n'est-ce pas, de la structure des coûts de production.
19:04 Une fois qu'on passe, par exemple, du paramètre prix à l'international,
19:08 qui part du simple double, il y a un impact certain sur la structure des coûts de ces entreprises.
19:14 Donc, les consultations, aujourd'hui, vont dans le sens de trouver un juste équilibre,
19:20 de manière à assurer l'équilibre financier de ces unités.
19:24 Et j'insiste, c'est une démarche globale. On ne doit pas regarder qu'un pan.
19:30 On regarde aussi l'autre pan qui est la consommation.
19:33 Parce que, imaginez-vous aujourd'hui qu'on passe à la montée des prix de manière vertigineuse.
19:39 Regardez aussi au niveau social ce que ça peut créer.
19:42 Donc, les consultations visent à voir les leviers sur lesquels on peut jouer dans cette structure de coûts
19:49 à l'effet de permettre aux uns de faire leurs chiffres et aux autres de consommer au juste prix.
19:58 C'est l'objet des consultations.
20:00 Et je vous le dis, pour l'instant, les consultations se poursuivent
20:05 et le gouvernement ne s'est pas encore prononcé de manière officielle sur un quelconque prix en augmentation.
20:13 Ces importations, parlons-en, elles étaient parties pour être conjoncturelles,
20:19 mais depuis quelques années, elles semblent plutôt se pérenniser. Pourquoi ?
20:24 Je préfère utiliser le terme « pérenn ».
20:28 C'est vrai que ce sont des situations conjoncturelles,
20:32 mais qui aujourd'hui deviennent des situations pérennes, pas structurelles,
20:36 du fait que, effectivement, le déficit structurel de la production nationale va grandissant.
20:43 Et ces importations sont exécutées à la limite du gap de la production nationale
20:52 pour faciliter l'approvisionnement du marché.
20:56 Alors, aujourd'hui, on peut véritablement dire que c'est structurel.
21:00 Je préfère que nous disions que cette conjoncture devient une situation pérenne.
21:05 Et à partir de là, il faut trouver des solutions aidoines,
21:09 à l'effet de stopper le regain de ces importations.
21:15 Parce que, voyez-vous, en même temps, il y a perte de devises.
21:20 Nos unités de transformation payent en devises.
21:24 Ils ont sorti des devises.
21:26 Donc, à la longue, il faut, et le gouvernement s'y attelle,
21:29 il faudrait trouver des axes qui permettraient de booster la production nationale.
21:35 Est-ce que vous parliez tantôt des unités de transformation.
21:39 Elles travaillent en ce moment en nominale et non en réelle du fait de ce déficit ?
21:44 Oui. Je vais schématiser ça d'une certaine manière.
21:49 Les unités de transformation ont ce qu'on appelle des capacités techniques de production.
21:54 Chacune d'elles a une capacité réelle qui pouvait, lors de l'implantation de son unité,
22:00 lui permettre de travailler en plein temps.
22:03 Mais au regard du déficit de la production nationale en matière de palme brute,
22:10 ces unités sont obligées de travailler en semi-régime,
22:15 donc pratiquement à 50, voire 30% de leur capacité en réelle.
22:19 Et dans ce cas, elles travaillent donc en nominale,
22:22 c'est-à-dire par rapport à l'existant de l'heure.
22:27 Parce que s'il faut amener ces entreprises à travailler en totale capacité, en réelle capacité,
22:34 je veux dire, l'État, ce n'est pas possible,
22:38 vu le manque de matières premières qu'il y a sur le marché national.
22:42 Alors justement, ces importations-là, on l'a dit, permettent de combler le gap,
22:49 mais pour combien de temps, est-ce qu'il n'y a pas moyen d'adresser de manière plus agressive ces déficits-là ?
22:58 Mais justement, la voie du salut, c'est de booster la production nationale.
23:03 Et pour ce faire, le gouvernement a entrepris l'élaboration de certaines stratégies dans ce sens.
23:09 Je vous ai parlé par exemple qu'aujourd'hui, on a déjà testé au niveau des bassins Pilotes
23:15 pour voir comment est-ce qu'on peut amener la production villageoise à monter en puissance,
23:22 de manière à venir s'ajouter à la production offerte par les agro-industries.
23:29 Donc aujourd'hui, il y a des stratégies qui sont élaborées dans ce sens.
23:35 Pour amener la production villageoise à être en hausse.
23:43 Parce que voyez-vous, vous l'avez dit, et nous l'avons dit, la production villageoise
23:47 aujourd'hui représente 40% de la production nationale.
23:51 Parce que cette production villageoise va même aussi en ajout de la production des agro-industries.
23:57 Donc si on arrive à booster la production villageoise,
24:01 si on arrive à encadrer la production villageoise de manière structurée,
24:06 forcément, on aura un apport subliminaire significatif
24:11 qui permettrait de monter l'offre nationale en nulle part, non bruite.
24:17 Je vous ai aussi présenté un autre axe, pourquoi pas,
24:22 l'intégration verticale des unités de transformation elles-mêmes.
24:26 De manière à ce qu'elles puissent aller dans le sens de produire la matière première.
24:33 Certaines sont déjà dans ce corridor, je pense à Azure, je pense à CCO,
24:40 et malheureusement le véritable problème qui se pose, c'est une fonction de production.
24:47 Et une fonction de production amène des facteurs de production,
24:50 tels que la terre, tels que le travail, tels que le capital.
24:53 Et justement la question que je me préparais à vous poser,
24:56 c'est celle relative à l'accès à la terre et même celle relative au financement.
25:01 Oui, c'est le véritable problème aujourd'hui, le problème foncier.
25:06 Si un temps soit peu, ces transformateurs pouvaient disposer de la terre,
25:13 mais pas que cela, même d'autres camournets à financement certain,
25:19 si ils pouvaient disposer de la terre, je crois qu'on procéderait à une approche de production plus structurée.
25:27 Et là, vous verrez qu'on diversifierait les sources de production.
25:33 Les agro-industries étant déjà naturellement implantées,
25:37 on aura d'autres structures qui apporteraient de la matière première.
25:42 Et il y aura une valeur ajoutée, certaine, quant à l'offre qu'on pourra utiliser au niveau de notre pays.
25:49 Pourquoi seulement les agro-industries ?
25:51 Tantôt vous avez parlé de la production villageoise.
25:53 Est-ce qu'on ne peut pas imaginer d'autres stratégies dans des localités
25:58 où la terre est encore fertile, où la terre est encore vierge ?
26:02 On pourrait par exemple imaginer qu'on mette ces populations à contribution
26:05 pour pouvoir, elles, produire et vendre à ces unités de transformation.
26:09 Non. Lorsqu'on parle de la production villageoise,
26:12 ça veut dire que ça intègre les premières propriétés de la terre,
26:16 c'est-à-dire ceux à qui la terre appartient.
26:19 Donc, on ne les produit pas, mais on les encadre de manière à mieux explorer
26:26 les potentialités de leurs localités selon les bassins de production.
26:31 Vous savez, le premier à huile ne se produit pas dans n'importe quelle zone écologique.
26:36 Ça dépend des zones écologiques.
26:38 Donc, à partir du moment où on améliore la production villageoise
26:43 à l'encadrement soutiré, et donc les personnes, les habitants de cette zone,
26:48 vous voyez qu'on ne les met pas en écart, mais on les organise, on les structure
26:53 de manière à avoir une valeur ajoutée certaine.
26:57 Aujourd'hui, ces populations produisent, mais de manière disparate,
27:01 et de manière, je voulais dire, très simpliste.
27:05 Donc, l'apport attendu n'est pas à l'optimum.
27:10 Il faudrait donc les encadrer, les intéresser à la chose selon les zones écologiques,
27:15 les encadrer, et l'encadrement passerait par quoi, madame ?
27:19 Il n'y a pas qu'à leur demander de produire, mais apporter un soutien,
27:22 par exemple, en termes d'engrais, pour multiplier les rendements avec tard dans ces zones.
27:29 Et je dis que de leur donner des financements directs,
27:33 il y aurait mieux de leur accorder des facilités de ce genre,
27:36 l'accès aux engrais, ainsi de suite, l'encadrement, au niveau du renforcement des capacités, etc.
27:43 Vous êtes d'accord avec moi qu'on aurait là une production viable
27:47 qui permettrait d'apporter un output certain.
27:51 Et l'output en question, c'est le produit fini, c'est-à-dire l'huile de palme brute.
27:57 Mais comment se porte la filière aujourd'hui, cette filière ?
28:01 Bon, nous n'observons ces difficultés que nous connaissons,
28:05 qui ne sont pas liées, je le répète, qu'aucun monde,
28:09 qui sont dues à une situation internationale.
28:12 La filière, nous pouvons dire, la filière, tant qu'elle arrive à satisfaire le marché domestique,
28:17 la filière se porte bien.
28:19 Mais, comme toute filière, elle est sujette à certaines difficultés de temps en temps,
28:24 des difficultés conjoncturelles, comme en état, où nous parlons des problèmes de spéculation.
28:29 Mais globalement, malgré les difficultés indéniables qui existent,
28:36 qui ne sont pas propres à la filière, mais qui sont propres à l'économie internationale,
28:43 la filière, pour l'instant, essaie de satisfaire le marché domestique.
28:47 Alors, je voudrais savoir comment le Cameroun,
28:50 aujourd'hui on a parlé tantôt des déficits de production,
28:53 on a parlé des importations,
28:56 pourquoi le Cameroun en est encore à importer l'huile de palme ?
29:01 Selon certains chercheurs, c'est ici que la Malaisie est venue prendre les premiers plans pour l'huile de palme.
29:14 Le Gabon est tout à côté, on importe l'huile de palme du Gabon.
29:21 Comment expliquer que le Cameroun en soit là ?
29:24 Pour ma part, d'abord l'importation est due à la faible production de palme brut.
29:32 Mais maintenant, j'aimerais formuler votre question autrement.
29:38 Malgré ce potentiel, comment se fait-il qu'on n'arrive pas à produire à sa cité ?
29:44 Je crois que c'est de ça qu'il s'agit.
29:46 Tout à fait.
29:47 Il va de soi que tant qu'on ne pousse pas la production à l'optimum, on n'avancera pas.
29:56 Mais qui doit pousser ? C'est vous ou les acteurs ?
29:59 Tous les acteurs.
30:02 Nous nous sommes focalisés, il faut le dire, sur des schémas des arbres industriels.
30:11 D'abord, Soka Pan, Sidisi, Pamron.
30:17 Lesquels aujourd'hui ont des plantations vieillissantes.
30:23 Cela veut dire qu'il n'y a pas eu une véritable stratégie de replanter la part de ces unités de production.
30:31 Par ailleurs, les équipements même sont devenus, pour certains, obsolètes.
30:37 Il va de soi que si l'outil de production devient obsolète, le rendement ne peut plus suivre.
30:45 Je crois qu'après avoir fait ce diagnostic, et le gouvernement est en train d'y aller,
30:51 après avoir fait ce diagnostic froid, que nous n'avons pas pu suivre le train de la modernité,
30:58 en équipement, en investissement pour certaines structures,
31:01 on s'y met aujourd'hui en diversifiant les pôles de production.
31:07 Et cette diversification des pôles de production, si cette diversification va de manière structurée,
31:16 je vous assure qu'on aura dans un moyen terme la production qu'il faut.
31:21 Sauf qu'en attendant, on est à la traîne, on n'importe du gaz bon, même s'il n'y a que 40 000 tonnes, on en importe quand même.
31:27 Il faut jouer du réalisme économique.
31:31 Aujourd'hui on n'en a pas. Faut-il croiser les bras ? Non.
31:36 Nous avons une obligation d'approvisionner le marché.
31:40 Tant que nous ne sommes pas encore à une situation de production optimale,
31:46 nous serons obligés de tendre la main à ceux qui produisent,
31:52 pour que nous puissions assurer l'approvisionnement du marché.
31:58 C'est un devoir égal de l'État, assurer l'approvisionnement du marché domestique.
32:06 J'ai envie de vous dire que l'État ne peut pas tout faire.
32:09 Est-ce que les producteurs ne peuvent pas eux aussi s'organiser pour accroître cette production ?
32:16 L'État est prescripteur, l'État est régulateur.
32:20 Cela veut dire que tous les malins de la chaîne sont impliqués dans ce processus.
32:24 Aujourd'hui on ne peut pas.
32:26 Et vous savez que de plus en plus, l'État se dessaisit des activités de production.
32:31 C'est pour cela justement qu'il y a ce comité.
32:37 Ce comité est un cadre de réflexion qui a un senseur,
32:41 et les producteurs, et l'État, et les associations des consommateurs.
32:46 Vous voyez donc que c'est un consortium qui permet de réfléchir et d'apporter des propositions,
32:51 des solutions éloignées au gouvernement en tant que structure de veille stratégique.
32:59 L'État n'est pas seul. Il faut encourager l'initiative privée.
33:05 Aujourd'hui, j'ai pu vous dire qu'il y a des initiatives privées qui sont développées par-ci, par-là.
33:11 Mais le véritable problème c'est leur encadrement.
33:15 Des élites qui, selon les régions, produisent des pâtes merveilles.
33:20 Mais il faut un encadrement.
33:22 Il faut un encadrement serein de manière à ce qu'ils puissent avoir des rendements.
33:27 Et ce n'est pas au bénéfice de la propriété de la pâte merveille.
33:31 Il faut avoir une vision macroéconomique de la production.
33:35 Et à partir de là, le Cameroun gagnerait.
33:38 Nous allons marquer un arrêt dans cette édition des questions économiques.
33:42 Quelle est la disponibilité? Quels sont également les prix des produits sur les différents marchés?
33:48 C'est la page éco des marchés que signe justement Christelle Béhené.
33:53 [Générique]