• l’année dernière
Chaque semaine, le tour de l'actualité cinéphile avec des sujets inédits, des entretiens, des analyses de séquences, des archives, des montages et des nouvelles rubriques pour combler les amoureux du cinéma.
Transcription
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00:42 - Salut à tous et bienvenue sur "Ciné + Classique".
00:45 C'est l'heure de votre viva cinéma consacrée cette semaine
00:47 à Louis Brooks.
00:49 Au sommaire également, le rosebud de Sacha Guitry
00:52 ♪ ♪ ♪
00:54 La mélodie du bonheur de Grégoire Blanc
00:56 ♪ ♪ ♪
00:58 Et le cinéma retrouvé de Lindsay C. Vickers.
01:01 Vous êtes prêts? On y va!
01:03 ♪ ♪ ♪
01:05 (rire)
01:07 Véritable star du muet,
01:09 Louis Brooks a aussi été une des seules actrices
01:12 hollywoodiennes à tourner en Europe.
01:14 Elle rencontre le cinéaste allemand Georg Wilhelm Papst
01:17 le temps de deux films, "Loulou" et "Journal d'une fille perdue"
01:21 qu'elle tourne en 1929.
01:22 Pour parler de cette escapade européenne,
01:24 Martin Barnier, professeur en études cinématographiques
01:27 à l'université Lumière-Lyon II
01:29 et auteur de "Une brève histoire du cinéma",
01:32 et Sabrina Bus, metteuse en scène et actrice
01:35 qui a, comme Louis Brooks, interprété le personnage de "Loulou"
01:38 dans la pièce "Looking for Lulu".
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01:55 Née en 1906 dans le Kansas,
01:57 Louis Brooks commence très tôt sa carrière
02:00 en tant que danseuse à Broadway avant de devenir actrice.
02:03 Elle obtient ses premiers rôles à 19 ans,
02:05 tourne avec Howard Hawks, William Wellman
02:07 et devient une icône avec sa coupe de cheveux,
02:10 reconnaissable entre toutes.
02:12 C'est alors que le cinéaste Georg Wilhelm Papst,
02:14 qui prépare son film "Loulou", entend parler d'elle
02:17 et lui propose de venir la rejoindre à Berlin.
02:20 ♪ ♪ ♪
02:22 - Les années 1920, c'est une période d'attraction énorme
02:24 des Européens vers les États-Unis,
02:26 et Louis Brooks est une exception,
02:28 comme très souvent dans sa vie.
02:30 Elle a un parcours unique
02:32 et donc elle est très bien accueillie en Allemagne
02:34 et elle est très contente de rencontrer un metteur en scène
02:37 qui soit un intellectuel
02:39 et qui l'aide finalement à...
02:41 qui la stimule intellectuellement.
02:43 Et donc, voilà, sur le tournage,
02:46 elle continue de se cultiver par elle-même.
02:48 Elle est autodidacte,
02:50 elle lit donc Proust, Schopenhauer, etc.
02:52 ♪ ♪ ♪
02:56 Après, on peut pas dire que ça se passait de façon magnifique
02:59 avec les restes des équipes avec qui elle tournait.
03:02 Les acteurs lui reprochaient d'être en retard,
03:04 d'arriver dès le matin bourré au champagne sur le tournage,
03:09 des choses comme ça, quoi,
03:11 parce qu'elle faisait la fête toute la nuit, en fait.
03:13 Elle, alors, elle est très jeune, là, hein.
03:15 Elle a 23 ans quand elle tourne en Europe.
03:18 Pour elle, la vie, c'est juste une fête, quoi.
03:20 Faut en profiter un maximum,
03:22 sans jamais penser à "Il y a ma carrière,
03:24 "c'est important ce que je suis en train de faire,
03:26 "parce qu'après, je vais pouvoir faire tel film ou tel film."
03:28 ♪ ♪ ♪
03:34 "Loulou", c'est un film exceptionnel de nombreux titres,
03:38 parce que...
03:40 elle va être un personnage d'une innocente complète
03:44 qui propage le chaos autour d'elle.
03:48 C'est pour ça que ça s'appelle "Dibux d'Air Pandora",
03:51 la boîte de Pandore.
03:53 C'est Pandore, elle ouvre la boîte,
03:55 et tous les problèmes, les maux, les perversités, etc.,
04:00 qui sont dans la boîte sortent et sont révélés au monde,
04:03 d'une certaine façon, pour reprendre le mythe de Pandore.
04:05 - Ce que Louise Brooks évoque, pour moi,
04:08 c'est la femme fatale, en fait.
04:10 La femme fatale, c'est en fait une femme
04:12 qui est l'objet de beaucoup de projections,
04:15 voire qui est l'objet d'une appropriation.
04:18 D'ailleurs, dans le texte original de "Vedekind",
04:21 tous les hommes qui tournent autour d'elle
04:23 lui donnent un nom différent.
04:25 Elle est Nellie, elle est Lulu, elle est Katia,
04:29 elle est Mignon, chacun l'appelle différemment.
04:32 C'est vraiment le signe de cette appropriation.
04:35 ♪ ♪ ♪
04:48 - Elle n'est pas tellement...
04:50 Il est assez peu question d'elle, d'où elle vient, qui elle est,
04:54 et son corps, qu'est-ce qu'elle ressent.
04:56 En fait, on ne le sait jamais.
04:58 Et tout ça vient encore appuyer cette idée
05:00 de surface de projection.
05:02 - Elle, ce qui est extraordinaire,
05:04 c'est qu'elle parcourt le film avec une innocence complète
05:07 qu'on voit sur son visage.
05:09 C'est-à-dire qu'elle rencontre des gens,
05:11 tous les gens tombent amoureux d'elle.
05:13 Une femme tombe amoureuse d'elle,
05:15 essaie de la séduire en dansant avec elle,
05:18 ce qui ne se fait jamais dans le cinéma à l'époque.
05:21 On ne parle pas de l'homosexualité,
05:23 surtout de façon comme ça, à peu près,
05:26 sans jugement moral.
05:28 ♪ ♪ ♪
05:36 - Et donc, elle semble extrêmement libre.
05:38 Est-ce que c'est elle qui se joue des hommes,
05:40 qui la poursuit sans jamais réussir à l'attraper?
05:43 Elle est également la victime de ces hommes
05:45 qui la poursuivent jusqu'à... jusqu'à s'étouffer.
05:48 Et... et finalement, elle est très libre.
05:52 Elle est un peu comme un poisson dans l'eau,
05:54 mais dans l'eau d'un bocal.
05:56 Voilà, elle n'est pas dans l'océan.
05:59 (rire)
06:01 ♪ ♪ ♪
06:04 - Après "Loulou", la collaboration entre Louise Brooks
06:07 et Georg Wilhelm Pabst se prolonge le temps
06:09 d'un autre film, "Journal d'une fille perdue",
06:12 un mélodrame dans lequel l'actrice incarne à nouveau
06:15 une jeune femme au destin tragique.
06:17 ♪ ♪ ♪
06:21 - Les deux films de Pabst sont des films
06:23 qui sont extrêmement osés pour 1929.
06:25 Et elle, elle cristallisait l'érotisme des années 20,
06:28 la "flapper", une femme libre qui fume, qui boit,
06:32 qui n'a absolument aucun tabou,
06:35 qui peut avoir une sexualité, une bisexualité,
06:38 sans se poser de questions.
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06:55 Son image va être censurée, les films vont être coupés.
06:58 Dans presque tous les pays du monde, il va y avoir
07:01 des coupes, des coupes, parce que c'est beaucoup trop cru
07:04 par rapport à ce qu'on avait l'habitude de montrer
07:07 à cette époque-là.
07:09 ♪ ♪ ♪
07:11 Elle, elle va subir ça de plein fouet aussi.
07:14 ♪ ♪ ♪
07:21 Quand elle a décidé de repartir à Hollywood,
07:24 c'était très malheureux.
07:25 Il était amoureux d'elle, il aurait voulu continuer
07:27 à faire des films avec elle.
07:28 Mais c'est vrai qu'elle parlait qu'anglais,
07:30 elle parlait pas allemand, elle pouvait pas continuer.
07:32 C'était le passage au parlant.
07:34 Et là, à partir de 1930, en Allemagne,
07:36 la production parlante va être très importante.
07:38 - Quand elle trouvera la parole, quand le parlant va arriver,
07:42 tout d'un coup, elle n'est plus une femme fatale,
07:45 parce qu'en fait, on ne peut plus projeter sur elle
07:48 exactement tout ce que l'on projetait.
07:50 Et elle y tombe en désuétude.
07:53 C'est vraiment terrible.
07:55 Et c'est ce qui se passe également dans le film, en fait.
07:58 Dans le film "Loulou", c'est une lente et longue descente
08:03 aux enfers.
08:05 ♪ ♪ ♪
08:07 - Elle va décliner dans sa carrière et dans sa vie.
08:10 Elle va se retrouver à un moment dans la misère
08:12 la plus complète.
08:13 Sans doute qu'elle a également été obligée de se prostituer.
08:16 Ce que l'on voit dans le film "Loulou"
08:18 et ce qui est aussi présent dans le film "Le journal
08:21 d'une fille perdue".
08:22 Donc, c'est comme si ces deux films, d'une certaine façon,
08:26 avaient tracé un destin pour elle, quoi,
08:29 un destin tragique.
08:30 - C'est vrai que Louis Brooks mourra d'Hollywood.
08:34 C'est peut-être Hollywood qui l'a créée,
08:36 mais c'est Hollywood qui l'a tuée aussi.
08:38 Et effectivement, c'est tragique, elle non plus.
08:41 Elle n'a pas échappé à son destin.
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08:51 - Le fait d'avoir incarné à ce point la femme fatale
08:53 le fait rejoindre le destin de ce concept assez enfermant.
08:57 Et quand tout d'un coup, vous n'existez plus
08:59 dans les yeux comme femme fatale,
09:01 ben, vous n'existez plus, en fait.
09:03 Plus du tout.
09:04 Or, c'était une actrice extraordinaire
09:06 et qui pouvait exister bien au-delà,
09:08 bien en dehors de tout ça.
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09:14 - Elle va mourir à 78 ans, beaucoup plus tard.
09:18 Mais là, elle va vivre de façon très, très difficile.
09:21 Il y a quand même quelque chose d'heureux
09:23 dans la fin de sa vie, c'est que les cinéphiles
09:25 l'ont pas oubliée.
09:26 Parce que Pabst.
09:27 Parce que les deux films avec Pabst,
09:29 "Loulou" et "Le journal d'une fille perdue",
09:32 font que Henri Langlois est fasciné par Louis Brooks,
09:35 que toutes les cinémathèques en Europe,
09:38 dans les années 50-60, qui sont en train de se développer,
09:41 qui sont devenues des institutions,
09:43 veulent que Louis Brooks vienne.
09:45 Grâce à ses films, on pourrait dire,
09:47 un retournement à la fin, presque à "Happy End",
09:50 avec des gens qui viennent la voir
09:53 parce qu'elle avait fait les films avec Pabst, oui.
09:56 ♪ ♪ ♪
10:02 - Précipitez-vous sur Ciné+ Classique
10:04 pour voir ou revoir les prestations étincelantes
10:07 de Louis Brooks dans "Loulou" et "Journal d'une fille perdue",
10:11 deux chefs-d'oeuvre de Pabst à voir absolument.
10:14 ♪ ♪ ♪
10:19 ♪ ♪ ♪
10:22 12e film de Sacha Guitry en seulement 5 ans,
10:25 "Ils étaient 9 célibataires", fut conçu, dialogué,
10:28 porté à l'écran et interprété par l'auteur,
10:31 comme nous l'annonce modestement le générique.
10:34 Cette comédie échevelée est l'une des plus belles réussites
10:37 de Guitry sur grand écran.
10:39 Fanatique du cinéma parlant, après avoir tant détesté le muet,
10:42 cet homme de théâtre aime le son du cinéma,
10:45 sa capacité à reproduire la voix humaine.
10:48 Et puis les dialogues, ces dialogues,
10:50 qui éclatent, qui crépitent. Écoutez.
10:53 - Nous dignions l'un en face de l'autre,
10:55 et ce soir-là, je vous ai vu nerveuse, angoissée
10:58 au sujet de ce décret-loi.
11:00 - Ah, c'était vous? - Oui, c'était moi.
11:02 - Mais oui, je retrouve ce regard insistant.
11:04 - Vous avez exaspéré, madame, excusez-moi,
11:06 mais ce soir-là, s'il m'était difficile de vous regarder plus,
11:09 il m'était impossible de vous regarder moins.
11:11 - C'était mon droit, d'ailleurs. - Oui, mais vous en abusiez.
11:14 - Comme vous abusiez du droit de me séduire.
11:16 - Moi, je vous séduisais? - Mais oui, par exemple.
11:18 - Oh, mais est-ce que c'était ma faute?
11:20 - Est-ce que c'était la mienne? - Admettons que vous m'avez trouvé bien.
11:22 Vous n'avez pas le droit de l'écrire à haute voix.
11:24 - Je n'ai pas commencé, j'ai répondu. - Est-ce que je vous ai questionnée?
11:26 - Vous! Mais vous ne faites que ça. - Oh!
11:29 - Vos yeux, vos mains, vos bras, vos épaules
11:32 sont autant de questions posées,
11:34 et votre dos, lui-même, est interrogatif.
11:36 Les couleurs que vous portez ne hurlent pas,
11:38 elles parlent, elles s'inquiètent, et vos robes s'informent,
11:41 et vos cheveux sont comme un cri,
11:43 et votre allure est éloquente,
11:45 et ce chapeau n'est qu'une question que vous vous êtes posée
11:47 à vous-même au bord de l'oeil, et à laquelle je dois répondre,
11:50 "Oui, madame, il vous va très bien."
11:52 Et vous n'allez pas me dire que ça vous étonne
11:54 d'être regardée alors, que vous avez toujours l'air
11:56 d'être venue pour vous montrer.
11:58 - Il y a "regard, regard". Je trouvais le vôtre indécent, l'autre soir, monsieur.
12:01 - Indécent? Si vous m'aviez regardé moins souvent, vous l'auriez oublié déjà.
12:04 - Ils étaient 9 célibataires, c'est l'histoire d'une loi
12:07 qui, du jour au lendemain, déclare indésirables les étrangers de France.
12:10 - Laissez-moi vous faire observer que vous ne vous contentez pas d'envahir la France.
12:13 Maintenant, vous voulez essayer d'en chasser les Français.
12:16 - Profitant de l'aubaine, un aventurier mondain,
12:19 incarné par Sacha Guitry, propose à de riches étrangères
12:22 de les marier, pour de faux, à de vieux célibataires fauchés,
12:25 moyennes en finances.
12:27 Nous sommes en 1939, et Guitry, réputé frivole et apolitique,
12:31 s'attaque à un sujet brûlant.
12:33 Écoutons le metteur en scène Bernard Murat nous en parler.
12:36 - Quand on dit "Ah, Guitry n'est pas un auteur politique",
12:39 "Il a tourné le dos à tous les malheurs de son siècle",
12:42 quand il fait "Ils étaient 9 célibataires", excusez-moi,
12:45 faire un film sur un sujet qui dit "Demain matin, tous les étrangers
12:48 "doivent quitter le territoire national sauf à se marier avec un Français
12:51 "ou avec une Française", et qu'il dit "Tiens, il y a un petit mec
12:54 "qui monte une agence matrimoniale, du coup, pour marier des étrangères
12:57 "riches, avec des clodos".
12:59 C'est une idée formidable.
13:01 C'est une façon de répondre à ce qui se passe à Berlin
13:04 exactement à la même heure, au même moment.
13:07 - Plutôt que de nous infliger un film à message sur un sujet grave,
13:11 Guitry préfère distiller un peu de gravité dans une comédie légère
13:15 à travers ses 9 célibataires, vieux clochard auquel il porte
13:18 une évidente tendresse.
13:20 Star du théâtre devenu cinéaste, Guitry aura subi de plein fouet
13:24 les assauts de la critique qui lui reprocheront
13:27 sa désavolture technique, André Bazin, et surtout,
13:30 le pire des crimes, sa façon de faire du théâtre filmé.
13:33 Dépourvue de grands mouvements de caméra et centré sur les comédiens
13:37 et le dialogue, les films de Guitry sont peut-être
13:40 anti-cinématographiques en apparence, mais, et c'est là
13:43 tout le paradoxe, parviennent toujours à échapper au théâtre filmé.
13:47 C'était en tout cas la thèse de François Truffaut,
13:50 qui réhabilita Guitry cinéaste à l'aube des années 60,
13:53 mais c'est une autre histoire.
13:55 Pour prendre l'innantescence de l'esprit français
13:58 et savourer un cinéma de pure jubilation, faites-vous plaisir
14:01 et regardez "Ils étaient neufs célibataires" de Sacha Guitry,
14:04 1939, actuellement sur Ciné+ Classique et à tout moment sur My Canal.
14:08 - Portez-vous bien, messieurs. Bon appétit et bonne nuit.
14:11 - Le térémine a été inventé à la fin des années 20
14:19 par le russe Léon Térémine.
14:21 Aujourd'hui, rares sont les musiciens qui pratiquent
14:24 le térémine en allant à l'aura mystérieuse.
14:27 Parmi eux, Grégoire Blanc interprète le répertoire classique
14:30 et parcourt le monde pour présenter son instrument.
14:33 Pour Viva, il revient sur la première utilisation
14:36 du térémine à Hollywood, dans la bande originale
14:39 de "La maison du Dr. Edwards", spellbound en anglais,
14:42 d'Alfred Hitchcock, "Sa mélodie du bonheur".
14:52 - Je suis téréministe, je joue du térémine.
14:55 C'est un des premiers instruments électroniques de l'histoire
14:58 qui a été vraiment surutilisé dans la musique de film,
15:03 dans un registre bien précis.
15:05 Et spellbound, c'est, je crois, le premier film
15:09 qui fait l'utilisation de cet instrument.
15:12 Donc voilà le térémine sous un format moderne.
15:16 Cet instrument précis a été fabriqué en 2004.
15:20 Et donc on a cette architecture bien spécifique,
15:24 deux antennes, on touche rien.
15:27 À la main gauche, je contrôle le volume.
15:30 Plus je m'éloigne, plus ça va être fort.
15:33 (son)
15:36 C'est très sensible.
15:38 Et à la main droite, la hauteur du son,
15:41 plus je m'approche, plus ça va être aigu.
15:44 (son)
15:48 - Le térémine à Hollywood, c'était un accident.
15:52 Ça s'est fait grâce à Samuel Hoffman,
15:56 le docteur Samuel Hoffman, qui était chiropodiste.
15:59 Je sais pas exactement ce que c'est, un chiropodiste,
16:02 mais c'est un médecin des pieds, je pense.
16:05 Et donc il était violoniste amateur.
16:08 Il jouait dans des orchestres de variété.
16:11 Et donc il a déménagé à Hollywood.
16:14 Il avait un térémine avec lui.
16:16 Il a été inscrit dans l'annuaire des musiciens locaux
16:19 comme téréministe.
16:21 Et c'était le seul.
16:23 Et quand Mitlos Rosa a été appelé pour composer
16:27 la musique de "Spellbound", il s'est dit,
16:30 "Bah tiens, appelons ce brave docteur Hoffman."
16:33 Ce qui est immédiat avec le térémine, c'est...
16:37 bah, tenir une note, par exemple.
16:40 (son)
16:42 Ajouter un vibrato.
16:44 (son)
16:47 Et ça, c'est un peu la recette de "Spellbound".
16:51 Vraiment, dans les moments un peu de suspense,
16:55 on a cette note tenue qui va vivre,
16:58 qui va évoluer en intensité.
17:00 (son)
17:03 (son)
17:06 (son)
17:09 (son)
17:12 (son)
17:15 (son)
17:18 (son)
17:21 (son)
17:24 (son)
17:27 Et le térémine a vraiment ce rôle
17:31 de renforcer la démence du personnage principal.
17:35 Enfin, dès que...
17:37 On parle d'un amnésique, de quelqu'un qui est...
17:41 Qui est complètement désorienté,
17:43 qui est pas très sûr de ce qu'il fait,
17:46 là où il est.
17:47 Il se demande même s'il est pas meurtrier.
17:50 Et dès qu'il est plongé dans son subconscient,
17:53 c'est là qu'on entend "térémine".
17:55 Et ça renforce, évidemment, ce côté...
17:58 irréel, inquiétant aussi.
18:01 (son)
18:04 (son)
18:07 (son)
18:10 (son)
18:13 (son)
18:16 (son)
18:19 (son)
18:22 (son)
18:25 (son)
18:28 (son)
18:31 (son)
18:34 (son)
18:37 (son)
18:40 (son)
18:42 Et puis, il y a le thème global, un peu...
18:46 Enfin, très romantique,
18:48 qui n'est jamais joué au térémine dans le film,
18:51 mais qui est très, très sympa, quand même.
18:55 (son)
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19:34 (son)
19:36 Pour prolonger l'expérience de "La maison du Dr Edwards",
19:39 plongez-vous dans la discographie de Grégoire Blanc
19:42 et découvrez les multiples sonorités du térémine.
19:45 (son)
19:48 (son)
19:51 (son)
19:54 (son)
19:56 (son)
19:59 (son)
20:01 Avec "The Appointment" 1981,
20:04 Lindsay C. Vickers signait un film unique.
20:07 Au sens propre, car c'est le seul long-métrage
20:10 qui l'aura réalisé, et plus encore au sens figuré
20:13 par sa sidérante atmosphère entre fantastique et psychanalyse
20:17 inattendue dans le cinéma anglais du début des années 80.
20:20 Justin Queddy, auteur pour DVD classique,
20:23 décrypte pour nous cette oeuvre météore qu'on a longtemps crue perdue.
20:27 (musique)
20:30 (musique)
20:33 (musique)
20:36 (musique)
20:39 (musique)
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20:54 Lindsay Vickers est un réalisateur relativement,
20:57 voire très inconnu.
20:59 On n'a pas beaucoup d'informations sur sa carrière avant "The Appointment"
21:03 et pas du tout après, vu qu'il a plus ou moins arrêté sa carrière.
21:07 Ce que l'on sait, c'est qu'il a débuté,
21:10 comme beaucoup de réalisateurs anglais talentueux,
21:13 à la BBC, à la télévision.
21:15 Ensuite, il a travaillé au sein de la Hammer.
21:18 Il a également été assistant réalisateur sur "Grand Prix"
21:22 de John Frankenheimer.
21:24 Et ça s'arrête à peu près là sur ce qu'on sait,
21:27 en tout cas sur ses travaux, avant de passer à la réalisation.
21:31 Ensuite, il a signé un court-métrage qui s'appelle "The Lake",
21:35 qui est plus ou moins un proto-brouillon de "The Appointment".
21:39 On retrouve plusieurs éléments,
21:42 que ce soit le cadre rural anglais,
21:45 une sorte de mal insidieux, un peu lié au folk horror,
21:50 et puis un élément très humain, lié à un drame humain.
21:54 (musique)
21:57 (musique)
22:00 (musique)
22:03 (musique)
22:06 (musique)
22:09 (musique)
22:12 (musique)
22:15 (musique)
22:17 Il y a une menace surnaturelle, mais qui est liée à...
22:21 Voilà, des éléments un peu psychanalytiques.
22:24 Le complexe des lectres, c'est l'attirance des filles,
22:28 des filles pour leur père.
22:30 C'est quelque chose qui est au cœur de "The Appointment",
22:34 et qui fait une sorte de lien avec la nature fantastique.
22:39 Ce complexe des lectres,
22:41 qui est lié à quelque chose de très psychanalytique,
22:44 fait un lien avec l'aspect paganique,
22:46 l'aspect indissible, un peu fantastique du film.
22:49 (bruit de vent)
22:52 (bruit de vent)
22:55 (bruit de vent)
22:58 Au départ, c'est un film qui est dessiné à la télévision.
23:02 (bruit de chien)
23:05 La BBC, à l'époque, avait l'habitude
23:07 de produire pas mal de choses expérimentales.
23:10 C'est pour ça qu'on a beaucoup de réalisateurs
23:13 qui ont eu des carrières majeures, qui ont démarré là,
23:16 que ce soit Alan Clarke, Ken Russell et beaucoup d'autres,
23:19 parce qu'ils avaient une forme de liberté
23:21 pour expérimenter, pour tenter pas mal de choses.
23:25 Le film est dessiné à la télévision,
23:26 mais il est suffisamment abouti
23:28 à mériter une sortie seule,
23:31 qui sera relativement limitée,
23:34 très limitée à l'époque.
23:37 Mais début des années 80,
23:39 on commence déjà à basculer dans l'autre chose,
23:42 avec l'arrivée des "Slasher",
23:44 des "Vildead", une sorte d'horreur
23:46 un peu plus grand public,
23:48 un peu plus destinée à attirer les adolescents.
23:50 Le film est peut-être trop étrange
23:53 pour cette bascule-là,
23:55 qui se joue, à ce moment-là, au sein du cinéma fantastique.
23:58 Mais le film reste dans les archives de la Bifi, de la BBC.
24:02 C'est un film, pour ceux qui l'ont vu,
24:04 qui reste relativement culte,
24:06 qui permet sa réémergence aujourd'hui.
24:21 Ne manquez pas le rendez-vous avec "The Appointment",
24:24 distribué par les films du Camellia,
24:26 enfin en salles, à partir du 25 octobre.
24:28 Et n'oubliez pas, votre Viva vous attend à tout moment
24:31 sur les réseaux sociaux de Ciné+ et sur MyKanal.
24:35 (bruit de moteur)
24:38 (musique rythmée)
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24:56 [Musique]

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