C’est l’un des fils rouges de la huitième Université du très haut débit organisée par Infranum à Bourges : le déploiement massif de la fibre optique. Alors qu’elle est censée remplacer le réseau cuivre à l’échéance 2030, avons-nous anticipé toutes les implications de cette bascule ? Comment faire pour que cet objectif soit atteint ? A cette occasion, nous avons posé 3 questions à Patrick Chaize, sénateur de l’Ain et président de l’Avicca.
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00:00 - Trois questions à Patrick Chaise.
00:06 Très honoré de vous recevoir, monsieur le sénateur,
00:08 sénateur Delain.
00:09 Vous êtes aussi le président de l'Avica.
00:11 Vous pilotez cette association des collectivités qui travaille
00:16 sur l'aménagement numérique de leur territoire.
00:18 Et ici, à l'Université du Très Haut Débit,
00:21 vous allez tenir une discussion sur le nouveau cap à donner
00:24 pour cet aménagement.
00:25 Pourquoi un nouveau cap?
00:26 Qu'est-ce qu'il est en train de se passer, Patrick Chaise?
00:29 - Alors, je suis aussi ravi d'être avec vous pour cet événement.
00:35 Donc, sur votre question, qu'est-ce qui est en train de se passer?
00:39 Plusieurs choses sont en train de se passer.
00:40 Tout d'abord, on arrive non pas à la fin,
00:45 mais dans la phase finale du déploiement de la fibre
00:48 sur les territoires.
00:49 Et c'est à ce moment-là qu'on peut donc se rendre compte
00:55 qu'un certain nombre de problématiques ou de questions
00:58 n'ont pas été réglées à l'origine des projets,
01:02 parce que chaque chose en son temps.
01:05 Deuxième chose qui est en train de se passer,
01:08 c'est un changement vraiment de paradigme avec l'annonce
01:13 de la part d'Orange de l'extinction du cuivre.
01:16 - D'ici à 2030. - D'ici à 2030.
01:19 Ce qui fait que globalement, le réseau de communication
01:24 de fibre optique qui était déployé en parallèle du réseau cuivre
01:31 et qui était un choix finalement pour les abonnés,
01:33 devient quelque chose qui va s'imposer à tout un chacun.
01:38 D'où une responsabilité supplémentaire,
01:40 c'est de ne laisser personne sur le bord de la route.
01:44 Ça veut dire que, eh bien, dans le contexte que nous traversons,
01:51 il faut régler l'ensemble des difficultés,
01:54 l'ensemble des problèmes pour faire en sorte d'atteindre l'objectif.
01:58 Puisque c'est un objectif que l'on partage et qui est d'importance,
02:03 puisque le seul réseau de communication de demain
02:06 sera le réseau fibre optique.
02:08 - Est-ce que selon vous, c'est ma deuxième question,
02:10 on n'a pas forcément encore tout anticipé des impacts
02:14 de cette bascule du cuivre vers la fibre optique ?
02:16 - Absolument pas.
02:18 J'allais dire, il y a des questions d'ailleurs essentielles
02:21 sur lesquelles on n'a pas encore les réponses.
02:25 Je vais en citer une qui me paraît la plus déterminante,
02:29 c'est de dire que veut-on pour notre pays ?
02:33 Est-ce qu'on veut du 100% fibre ?
02:36 Est-ce que chaque administré,
02:39 chaque citoyen français aura droit à la fibre optique ?
02:44 Aujourd'hui, quand j'entends certains grands opérateurs
02:48 sur des chaînes publiques dire que le 100% n'existera pas,
02:54 je suis inquiet.
02:55 - Pourquoi ? C'est possible de tirer de la fibre optique
02:58 pour tous les foyers jusqu'à chaque maison en France ?
03:02 - Mais bien sûr que c'est possible.
03:04 Mais bien sûr que c'est possible.
03:05 On l'a fait avec le réseau cuivre.
03:07 On l'a fait avec le réseau électrique.
03:10 On l'a fait avec le réseau d'eau.
03:12 Pourquoi on n'y arriverait pas avec de la fibre ?
03:13 - Pour une question d'investissement, peut-être, de coût ?
03:15 - Après, il faut s'en donner les moyens.
03:17 Évidemment, il faut faire en sorte
03:20 qu'on puisse avoir de la solidarité aussi.
03:23 D'où, donc, des réflexions sur la création des fonds de péréquation.
03:29 Parce qu'on va rentrer aussi dans une autre phase,
03:31 qui est la phase d'exploitation.
03:33 Jusqu'à aujourd'hui, on était dans une phase de construction.
03:36 Ce n'est pas le même sujet.
03:38 Et dans cette phase d'exploitation,
03:40 on sait très bien qu'exploiter un réseau dans un secteur très rural,
03:45 ça n'a pas les mêmes coûts que de le faire au centre de Paris.
03:49 Donc, globalement, il faudra bien qu'on trouve les moyens
03:53 qui permettent, puisque le tarif est péréqué,
03:57 c'est-à-dire sur le territoire national,
03:59 où que vous soyez, votre abonnement est le même.
04:02 - Absolument, oui.
04:03 - Donc, il faudra bien qu'on trouve les moyens
04:05 de faire une répartition de moyens
04:10 pour faire en sorte que les réseaux soient
04:13 entretenus de la même façon que vous soyez fin fond
04:16 d'une vallée de montagne qu'au centre de Paris.
04:19 - Ça, ce sont vraiment les points de vigilance,
04:21 selon vous, pour les prochaines années ?
04:24 Enfin, même les prochains mois, parce qu'on y est dans cette bascule.
04:27 - Ce sont quelques points de vigilance.
04:28 Aujourd'hui, j'ai recensé au moins 60 points
04:33 qui nécessiteraient des éclaircissements,
04:37 qui nécessiteraient des prises de position,
04:40 mais aussi surtout des réponses.
04:42 - Merci beaucoup, monsieur le sénateur Patrick Kiez.
04:44 Et j'imagine qu'ici, vous êtes venu aussi entendre
04:47 ce qui traverse ce secteur des infrastructures numériques,
04:51 leurs difficultés.
04:52 Je vous souhaite un très bon salon.
04:54 - Merci. - Merci.