Thierry Coué, président de la FRSEA Bretagne, invité de France Bleu Armorique ce vendredi 13 octobre.
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00:00 - Avec votre invité, Julien, on s'intéresse à un vote crucial de l'Union européenne aujourd'hui.
00:04 Reconduire ou non, pour dix ans, l'autorisation du glyphosate.
00:07 - Le glyphosate, un herbicide très controversé pour ses effets néfastes sur la santé.
00:12 Emmanuel Macron s'était engagé à le faire interdire en 2017.
00:15 Il est finalement revenu sur cette promesse en 2019.
00:17 La FNSEA, premier syndicat agricole en France, est pour la prolongation de cet herbicide.
00:23 Bonjour Thierry Coué. - Bonjour.
00:24 - Vous êtes président de ce syndicat agricole en région Bretagne.
00:27 Alors pourquoi vous êtes pour cette prolongation ?
00:30 - On est pour, on est surtout confiants en la science et l'EFSA et l'ANSES ont fait aujourd'hui le point là-dessus.
00:41 La Commission européenne a fait toutes les études pendant des années.
00:44 Voilà, nous, on sait aujourd'hui qu'il y a des molécules de retirées depuis 20 ans en France.
00:51 Et la France est plutôt pionnière en termes de retraite produit.
00:54 Là, les analyses, il faut quand même savoir que c'est sans doute le produit le plus analysé au monde aujourd'hui.
01:02 Les controverses soulevées par cette molécule qui est passée dans le domaine public,
01:07 je le rappelle quand même, ce n'est plus Monsanto, ce n'est pas BASF, mais c'est le domaine public qui...
01:13 Cette molécule est dans le domaine public, donc ce sont des fabrications que font toutes les firmes.
01:21 - Le glyphosate a quand même été classé cancérogène probable par l'Organisation mondiale de la santé en 2015.
01:26 - Retiré par l'OMS quand même, qui est sa tutelle.
01:29 - On évoque quand même sa dangerosité à un moment. Est-ce que ça, pour vous, vous doutez de ces études alors ?
01:35 - Je doute pas du tout, je suis même au conseil de l'ANSES avec des environnementalistes.
01:39 On n'est pas non plus les acteurs économiques et les environnementalistes sont au conseil de l'ANSES par exemple, en France.
01:44 Donc ça veut dire qu'aujourd'hui, il faut aussi quand même qu'on fasse un peu confiance en la science.
01:50 Ou alors, ça veut dire qu'aujourd'hui, on nie complètement ce qui se fait et les collectifs scientifiques.
01:56 - Le FSA, vous en avez parlé, l'Autorité européenne de sécurité des aliments,
02:01 parle d'un risque élevé à long terme chez les mammifères, mais avec des données insuffisantes.
02:05 Est-ce que justement, aujourd'hui, on a assez de matière pour juger un produit comme le glyphosate ?
02:10 - Écoutez, ce n'est pas moi qui fais le choix. Nous, on est victime dans tout ça.
02:14 C'est-à-dire qu'on voudrait nous faire porter à la FNSEA le fait de défendre la molécule du glyphosate.
02:20 On ne défend pas la molécule du glyphosate, on défend le fait que c'est un outil, aujourd'hui,
02:26 indispensable pour la décarbonation en France et en Europe. Voilà.
02:30 Et donc, si on veut avancer environnementalement, avancer vers du non-labour et des techniques de culture simplifiée,
02:39 eh bien, il faut des outils comme le glyphosate.
02:43 - Le glyphosate nous permet d'avancer environnementalement ? - Oui.
02:47 - Ça semble un petit peu contradictoire par rapport à cette...
02:50 - Je rappelle quand même que le glyphosate n'est pas utilisé sur les cultures.
02:53 Parce que, là aussi, on dit tout et n'importe quoi sur ce produit.
02:57 On l'utilise très peu et uniquement pour détruire en interculture les herbes qui sont concurrentes des cultures.
03:08 Donc, il faut quand même le savoir et ne pas raconter n'importe quoi.
03:13 - Thierry Coué, vous avez parlé de victimes.
03:15 Beaucoup d'inculteurs ont utilisé le glyphosate dans leurs exploitations et beaucoup sont aujourd'hui malades.
03:20 On parle de cancers, de maladies neurodégénératives.
03:23 Est-ce que vous leur dites "Allez-y, on peut l'utiliser sans crainte, ce glyphosate ?" ?
03:28 - Mais est-ce que vous mangez tous les matins du savon de Marseille ? Non, moi non plus.
03:32 Quand j'utilise un produit comme le glyphosate, je regrette, je prends des précautions.
03:37 Mais comme tout antibiotique ou pesticide, ça suffit.
03:41 Le savon, vous ne la lavez pas comme ça, le shampoing non plus.
03:46 Eh bien, je regrette, un pesticide, c'est la même chose.
03:49 Et un produit de défense des cultures, c'est la même chose.
03:52 - Le savon, c'est pas comme le glyphosate quand même, mais...
03:55 - Bah... Attendez, si.
03:57 Si, regardez et vous verrez.
04:00 Attendez, regardons ce que disent les scientifiques.
04:04 Ensuite, prenons, regardons aussi les avantages et les inconvénients
04:11 pour l'utilisation des antibiotiques ou des produits phytosanitaires.
04:15 On n'arrête pas de faire des progrès pour utiliser en moindre mesure,
04:20 avec une efficacité bien ciblée, ces produits-là.
04:23 Mais arrêtons aussi d'en faire une panacée.
04:28 - On va parler d'une dernière question de la région bretagne,
04:30 qui s'est portée volontaire pour une expérimentation sans glyphosate.
04:33 La région veut montrer qu'il y a des alternatives possibles.
04:36 C'est une bonne chose selon vous ?
04:37 Ça pourrait être une démarche intéressante ?
04:39 - Évidemment que c'est une démarche intéressante.
04:41 Mais c'est une démarche intéressante qui s'inscrit dans le temps.
04:44 Il faut se donner le temps, mais aussi mettre du budget dans la recherche.
04:48 Aujourd'hui, ce qu'on déplore, nous,
04:50 c'est qu'il n'y a pas suffisamment d'argent mis dans la recherche
04:53 et le développement d'alternatives crédibles.
04:58 - Donc aujourd'hui, ces 10 années seraient la bonne période pour vous ?
05:02 - Ce n'est pas la première fois que la Bretagne est terre d'expérimentation.
05:05 On est sans doute l'une des régions les moins utilisatrices,
05:07 mais ce n'est même pas la question.
05:09 La question est d'avoir des alternatives.
05:11 C'est ça la question, de fond.
05:12 - Merci Thierry Coué, maire président de la FRSE à Bretagne.
05:15 Je leur appelle le vote pour la prolongation ou non du glyphosate dans l'Union européenne.
05:19 A lieu aujourd'hui. Merci à vous.