Anne Fulda reçoit Claire Norton pour son livre «Par la force des choses» dans #HDLivres
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00:00 Bienvenue à l'heure des livres, Claire Norton.
00:02 - Bonjour. - Alors, vous êtes...
00:03 Vous êtes romancière depuis peu,
00:05 parce que vous avez un métier à côté,
00:06 vous êtes directrice des ressources humaines,
00:08 mais vous avez écrit déjà sept romans,
00:09 notamment "Celle que je suis",
00:11 qui a reçu le Grand Prix des lecteurs Pocket en 2022.
00:14 Et là, vous venez de publier "Par la force des choses",
00:17 c'est votre sixième roman, en fait,
00:19 et ça vient de paraître chez Robert Laffont.
00:22 Alors, on exergue de votre livre,
00:25 l'IA Vert, très connu, d'Aragon,
00:28 "Aimer à perdre la raison",
00:29 chanté ensuite par Jean Ferrat,
00:31 parce que vous vous attaquez, finalement,
00:33 à un thème universel, l'amour, avec un grand A,
00:36 l'amour passionnel entre un homme et une femme,
00:39 Lisa et Victor,
00:42 mais qui, a priori, sont l'un et l'autre mariés.
00:47 Pourquoi vous vous êtes attaquée
00:49 à ce thème qui, finalement, est rebattu,
00:53 que l'on connaît tous ?
00:55 Alors, à l'origine, j'avais précédemment évoqué
00:58 le sujet de l'amitié et exploré le chant
01:00 et les limites de ce sentiment,
01:01 et j'avais très envie de faire la même chose
01:03 avec le sentiment amoureux,
01:04 et je suis justement partie de la citation
01:07 que vous venez de donner,
01:09 parce que, finalement, "aimer à la folie"
01:11 ou "aimer à en perdre la raison", qu'est-ce que ça signifie ?
01:14 Est-ce que ça signifie être prêt à mourir pour l'autre,
01:18 être prêt à perdre ses valeurs,
01:19 aller jusqu'à se perdre soi ?
01:21 Donc, j'ai voulu partir de cette extrémité-là
01:23 pour essayer, justement, d'investiguer le chant passionnel.
01:26 Et est-ce que ce n'est pas une chimère, aussi, la question ?
01:30 -Rafiki Gras. -C'est vrai qu'on a tendance
01:32 à idéaliser le sentiment amoureux
01:34 en imaginant que, finalement, cette passion,
01:36 ce coup de foudre du départ,
01:39 c'est quelque chose qui va rester éternel.
01:40 Bien évidemment, ça, c'est une illusion.
01:42 Oui, parce que dans le livre, s'affrontent quand même,
01:44 il y a toujours ce débat entre un peu la raison et la passion.
01:48 Ce débat agite notamment les héros du livre,
01:52 qui sont Elisa et Victor.
01:54 Est-ce que vous pouvez nous faire une présentation rapide ?
01:57 Alors, Elisa, c'est une jeune femme pragmatique, rationnelle,
02:00 qui a été élevée, ou plutôt nourrie par le féminisme de sa mère.
02:03 Elle a été élevée avec l'idée
02:05 que le mariage était un instrument de domination.
02:08 Alors, évidemment, elle conçoit le couple
02:09 comme un simple partenariat fondé sur l'envie d'avancer ensemble.
02:13 Quant à Victor, c'est un peu la même chose.
02:14 Il a un rapport à la relation amoureuse très particulier.
02:17 Et donc, rien n'était fait pour qu'ils se rencontrent.
02:20 Mais il est vrai que cette rencontre va bousculer
02:22 toutes leurs convictions et réinterroger toutes leurs priorités.
02:25 Ce qui est intéressant chez Victor,
02:27 c'est qu'il incarne un courage bien différent de celui d'Elisa.
02:29 Parce que finalement, dans ce roman,
02:31 il y a deux formes de courage qui vont s'affronter.
02:33 Il y a celui qui consiste à ne jamais cesser de se battre
02:35 pour ceux qu'on veut,
02:36 et celui qui consiste, au contraire,
02:39 ou plutôt qui amène à des sacrifices.
02:41 Voilà.
02:43 Avec en filigrane, justement, cette question lancinante du choix,
02:47 des choix que l'on fait dans la vie et qui déterminent le reste de la vie,
02:50 et des choix qui sont très souvent pris
02:53 en fonction d'empreintes familiales,
02:55 d'expériences que l'on a vécues.
02:58 Oui, et d'aléas aussi.
03:00 Parce que c'est vrai que ce roman combine également deux approches.
03:03 On a une confrontation
03:05 entre une argumentation un peu volontariste,
03:07 qui consiste à penser que chaque chemin que nous choisissons d'emprunter
03:12 reste...
03:13 Nous sommes libres d'emprunter le chemin que nous voulons,
03:16 et puis une autre qui consiste davantage à croire
03:18 que toutes nos trajectoires sont le fruit de hasard ou de la fatalité.
03:22 Ce qui n'est pas le cas.
03:24 En fait, aussi, il y a la question finalement aussi du destin,
03:27 c'est-à-dire que la volonté a ses limites,
03:29 et les personnes les plus volontaires peuvent voir leur choix entravé
03:32 par le destin.
03:33 Par le destin ou par...
03:35 - Ou les décisions d'autres. - Les décisions des autres.
03:37 Parce qu'on nous dit souvent que nous sommes la somme de nos choix,
03:38 mais nous sommes aussi le fruit des choix des autres.
03:42 Alors, il y a aussi...
03:44 La musique et les chansons sont présentes dans le livre.
03:49 Ça correspond à un goût personnel ?
03:52 Là, c'est les chansons de Jean-Jacques Goldman.
03:54 Absolument.
03:56 Qui plaisent à Lisa.
03:57 Oui. Alors, Jean-Jacques Goldman, d'abord,
04:00 est un chanteur qui parle à tout le monde.
04:01 Je crois que nous avons tous rêvé, dansé, pleuré,
04:04 en tout cas été portés par l'une des chansons de Jean-Jacques Goldman.
04:07 Mais Jean-Jacques Goldman, la particularité,
04:09 d'une part, c'est qu'il est parolier et compositeur.
04:12 Donc, lui aussi écrit des histoires de vie,
04:14 mais il le fait en chanson.
04:15 Et par ailleurs, M. Goldman,
04:16 c'est un homme que j'admire pour les valeurs qu'il incarne.
04:19 La sincérité, la simplicité, l'altérité aussi.
04:24 Voilà, c'est quelque chose que j'admire chez lui.
04:27 Alors, il en est question,
04:29 mais dans ce vraiment joli livre,
04:32 il est plutôt, surtout, question d'amour,
04:34 des aléas de l'amour.
04:36 Ça s'appelle donc "Par la force des choses".
04:39 Merci, Claire Norton. Et c'est paru chez Robert Laffont.
04:42 Merci à vous.
04:43 (Générique)
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