• il y a 2 ans
Anne Fulda reçoit Claire Conruyt pour son livre «Pour qui s’avance dans la nuit» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 - Bienvenue à l'heure des livres, Claire Canruy.
00:01 Alors vous êtes journaliste, vous êtes aussi une jeune romancière.
00:05 Vous avez publié un premier roman il y a deux ans, avec un titre superbe,
00:09 qui s'appelait "Mourir au monde".
00:10 Et là, vous venez de publier "Pour qui s'avance dans la nuit".
00:13 C'est paru aux éditions de l'Observatoire.
00:15 C'est une sorte de conte des temps modernes, avec une écriture très belle.
00:22 C'est entre rêve et réalité, un peu mystique.
00:26 Et décidément, vous aimez aller où on ne vous attend pas,
00:29 parce que le premier livre se passait dans un couvent.
00:31 Ce deuxième, ce livre-là, se passe sur une île de l'Adriatique,
00:37 une île imaginaire, un autre endroit sauvage.
00:43 C'est un décor idéal, une île, pour poser comme ça un huis clos assez dense et lourd ?
00:49 - Oui, c'est un endroit idéal parce que, comme vous l'avez dit,
00:54 on est tellement isolé du monde que, surtout quand on est enfant,
01:01 ce qui est le cas de deux des personnages,
01:03 on peut à peu près tout imaginer, imaginer une autre vie,
01:07 imaginer des rêves, s'y perdre complètement.
01:09 Et alors, pour ça, l'île de Siena était absolument propice à cela
01:14 et m'a semblé être l'endroit parfait.
01:16 - Alors, il y a ce huis clos géographique.
01:20 Il y a surtout un huis clos humain entre une mère et deux de ses fils.
01:26 Il y a Pierre, le narrateur, et Orphée, qui est le plus jeune fils avec qui
01:31 elle a une relation très particulière.
01:33 C'est à la fois son confident et elle s'appuie dessus.
01:37 C'est une relation très lourde, en fait.
01:40 C'est amusant que vous soyez penchée sur ce type de relation.
01:44 - Oui, c'est une relation que, d'ailleurs,
01:48 certains apercevraient comme étant relativement malsaine.
01:51 Parce qu'en fait, la mère, qui s'appelle donc Bérénice,
01:53 est née avec un genre de grande mélancolie
02:00 et elle a trouvé comme confident et surtout comme être,
02:05 pour partager ce fardeau, Orphée, qui est son plus jeune fils,
02:09 qui est un peu le petit poète de la famille,
02:12 qu'elle a modelé comme ça sur mesure
02:16 pour qu'il puisse absolument la comprendre.
02:18 Et donc, il y a une espèce de relation fusionnelle assez dingue entre les deux.
02:22 Et Pierre est en effet l'aîné
02:24 et là pour raconter leur histoire et raconter toute
02:29 la difficulté et la beauté d'une telle relation.
02:32 - Pierre, puisque c'est Pierre qui parle,
02:35 il écrit "Ma mère entraînait Orphée dans des contrées qui, chez elle,
02:38 étaient grises et que lui seul savait colorier".
02:40 Parce qu'effectivement, en fait, c'est celui qui l'aide à supporter ce monde
02:46 et à vivre bien ces humeurs variables.
02:50 - Exactement. Orphée est un peu le traducteur des mots de la mère.
02:57 - Ou M.A.U.X. - M.A.U.X, bien sûr.
02:59 Là où on aurait pu, si on était un peu peut-être un psychiatre, un médecin,
03:03 apposer les mots très durs de dépression,
03:07 de, je ne sais pas, d'une forme de maniaque aux dépressions.
03:11 J'en sais rien. Orphée n'est pas du tout dans ce cadre-là
03:14 et sublime totalement la folie de la mère,
03:17 accepte d'aller très loin dans ses idées saugrenues.
03:20 Et oui, c'est vraiment le petit poète qui traduit les affres de sa mère.
03:27 - Alors, il s'appelle Orphée, évidemment, d'aucuns diront que vous revisitez
03:32 le mythe d'Orphée, puis les thèmes de l'amour, de la mort, de la poésie.
03:39 Vous nourrissez beaucoup de la mythologie ?
03:43 - Oui, ça m'a évidemment beaucoup accompagnée
03:47 au cours de l'écriture du livre.
03:49 Et évidemment, c'est une espèce de réinterprétation du mythe d'Orphée.
03:53 Avec cette idée, Orphée descend aux enfers
03:57 pour aller chercher son épouse Eurydice.
04:00 Là, c'est un peu différent.
04:02 C'est Orphée qui décide d'aller.
04:04 C'est la grande question, en fait.
04:06 Jusqu'où peut-on accompagner quelqu'un dans sa folie ?
04:11 Orphée va jusqu'au bout, comme dans le mythe.
04:15 Alors, est-ce qu'il se retourne ou pas ?
04:16 Ça a toujours été ma grande interrogation.
04:18 Qu'est-ce qui se serait passé si Orphée ne s'était pas retournée ?
04:21 J'essaye d'y répondre dans le livre à ma manière.
04:24 - Et c'est ce thème de l'amour fou, effectivement,
04:28 de l'amour fraternel aussi, que vous évoquez.
04:31 Vous écrivez à la fin que ce roman est né dans la nuit,
04:34 qui fut éprouvante et longue.
04:36 Vous en êtes sortie de cette nuit grâce à ce livre ?
04:38 - En grande partie.
04:40 Mais il est vraiment né littéralement dans la nuit,
04:45 ce qui n'était pas le cas pour le premier.
04:47 J'écrivais beaucoup le matin.
04:50 Et là, en effet, l'exercice d'écriture est arrivé
04:52 dans un moment très difficile personnellement.
04:55 Et c'est donc avec beaucoup d'émerveillement
05:00 que je peux dire que la littérature sauve, pour de bon.
05:04 - En tout cas, je vous conseille ce livre.
05:07 C'est un très joli livre.
05:08 On retrouve votre plume étonnamment mature, mûre,
05:13 parce que cette écriture qu'on trouvait déjà dans "Mourir au monde".
05:17 Et là, ça s'appelle "Pour qui s'avance dans la nuit ?"
05:19 et c'est donc paru aux éditions de l'Observatoire.
05:21 Merci beaucoup, Claire Fendry.
05:22 - Merci, Angela.
05:24 [Musique]
05:27 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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