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00:00 - Heureux Pas Matin - Nicolas Carro ce matin, vous nous parlez, c'est votre livre du jour d'un écrivain qui fait souvent figure de favori des rentrées littéraires.
00:08 - Et du public aussi. Serge Chalandon, il publie "L'Enragé" chez Grasset, il fait beaucoup parler, peut-être grâce au sujet dur, ça se passe à Belle-Île en 1934.
00:18 Vous savez que là-bas, jusqu'en 1977, il y avait sur l'île un centre d'éducation pour mineurs de 12 à 21 ans, une colonie pénitentiaire, en fait un truc horrible, très violent, un cauchemar.
00:28 - C'est l'histoire des jeunes prisonniers ? - D'un en particulier, mais aussi de leur évasion.
00:32 On ouvre le roman en 1932 au réfectoire avec Chotan, un ancien sous-officier reconverti en gardien boudiné dans son uniforme qui impose le silence à tous, même aux plus fortes têtes.
00:42 Moisan, Trousselot, Ptimalo et même Soudard le Cahide, écrit Chalandon, tous ont la tête dans les épaules pour éviter de croiser le regard de Chotan.
00:50 Et voilà la teigne, alias Jules Bonneau, celui qui raconte "s'il soutient son regard, ça va très mal finir". Et je vous laisse découvrir la suite.
00:57 - Alors on sait déjà qu'il va s'évader. - Oui, puisque ça c'est l'histoire de la vraie.
01:01 Effectivement en 1934, 56 jeunes prisonniers se sont évadés à cause d'une injustice de plus et d'un nouveau passage à tabac par les gardiens.
01:08 56 réussissent à sortir, donc que voulez-vous faire ? Sur une île ? C'est peine perdue en plus à l'époque !
01:14 Et ça c'est vrai, écoutez bien, à l'époque on donnait 20 francs par enfant à ceux qui en retrouvaient.
01:18 Et donc ils ont tous été récupérés, tous, sauf un.
01:21 - Ah bah le héros c'est lui l'enragé du titre ? - C'est lui, et ça c'est de la fiction.
01:25 Jules Bonneau en 1934, mais c'est aussi Sorge Chalandon, les lecteurs de Chalandon le savent.
01:30 L'écrivain journaliste a eu une enfance difficile, il s'est même échappé de chez lui à 16 ans avec un père qui justement lui promettait la maison de correction.
01:36 Mais dans ce 11e roman, il parle de lui en cruant sans doute, mais c'est de la fiction romanesque et de la bonne.
01:42 On court avec Jules et c'est bouleversant.
01:44 - L'enragé signé Sorge Chalandon, et vous lui donnez des chances pour les prix littéraires cet automne ?
01:50 - Un peu moins que les rentrées précédentes, peut-être parce que justement c'est hyper romanesque,
01:54 et les rentrées littéraires pour les prix on aime bien les trucs un peu auto-fiction et tout ça.
01:58 Mais c'est génial.
01:59 - Et donc qui va gagner le concours cet année ?
02:01 - Je fais plus de pronostics moi.
02:02 - Je vous attends, j'attends vos pronostics.
02:04 Nicolas Carreau et Loïse Goua, la série de la semaine c'est une comédie qui ne fait pas de cadeau à la diplomatie française, écoutez bien mon cher Vincent.
02:12 - Oui c'est le moins qu'on puisse dire, le quai d'Orsay en prend pour son grade dans la série "Sous contrôle"
02:17 - Je peux vous dire qu'on en redemande, cette fiction est drôlissime et très maligne.
02:21 Léa Drucker y incarne Marie Tessier, une dirigeante d'ONG idéaliste qui reçoit un coup de fil pour le moins inattendu.
02:27 - Bonjour Marie, vous allez bien ?
02:28 - Oui, oui, et vous monsieur le président ?
02:30 - Vous avez fait tout ce que vous pouviez dans l'humanitaire, il est temps d'agir à un autre niveau, en tant que nouvelle ministre des affaires étrangères.
02:36 - Bon, Marie est flattée...
02:37 - Le cauchemar de l'année.
02:38 - Ça c'est le coup de fil de l'année.
02:39 - C'est ça.
02:40 - Marie est flattée de cette nomination prestigieuse, mais c'est qu'elle ne sait pas encore que ce ministère est un cadeau empoisonné.
02:47 - Ah bon, pourquoi ?
02:48 - Parce que la France a un léger pépin à gérer, deux touristes français ont été pris en otage au Sahel par un groupe terroriste.
02:54 C'est le début d'une descente aux enfers pour Marie qui découvre la complexité du protocole français.
02:59 Mais heureusement, le président de la République est là pour donner de bons conseils.
03:02 - Rien ne doit filtrer, hors de cette pièce, ni dans la presse.
03:05 - Blackout, qu'on ne sache même pas entre nous qu'on sait.
03:09 - C'est clair ?
03:10 - C'est très clair, oui.
03:11 - C'est très clair.
03:12 - Même les terroristes au Sahel sont épuisés par le fonctionnement du gouvernement français.
03:16 - Ambassade de France, bonjour.
03:18 - Ici le groupe armé pour l'islam. Nous avons des otages français. Nous voulons parler à l'ambassadeur.
03:21 - Le plus sain serait de nous contacter via le formulaire sur le site de l'ambassade. On vous rappellera ?
03:25 - J'ai dit !
03:26 - Je ne sais pas s'il faudrait vous pleurer en fait, en entendant ça.
03:31 - Non mais regardez l'image que ça donne de notre diplomatie, c'est catastrophique.
03:34 - C'est vrai, et qui mieux qu'un belge pour se moquer, bien comme il faut, de notre diplomatie.
03:40 C'est l'écrivain Charlie Delvarte qui signe cette série.
03:43 Les dialogues sont ciselés, les 6 épisodes de 30 minutes sont ultra rythmés.
03:47 Léa Drucker est extraordinaire dans le rôle de cette ministre débordée, ébouriffée,
03:52 qui s'acharne malgré tout à faire croire que tout est sous contrôle, alors que pas du tout.
03:56 Grand coup de cœur pour cette fiction jubilatoire qui a tout de même remporté le prix de la meilleure série en compétition française au festival Sérimania.
04:03 - Il était Charlie Delvarte et Léa Drucker, ils étaient les invités de Culture Média sur Europe 1.
04:07 D'ailleurs vous pouvez les réentendre sur europe1.fr.
04:09 Vincent, peut-être un commentaire ?
04:11 Moi je trouve ça désespérant de voir à quel point la diplomatie française est devenue un objet de moquerie aujourd'hui.
04:15 - C'est assez classique quand même, mais on ne tire pas sur une ambulance, ni sur un corps diplomatique qui est à terre.
04:21 - Merci les amis !