Hendrik Davi (LFI) : "Le Capital c'est nous".

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Le député LFI de la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône, vient de publier un "manifeste pour une justice sociale et écologique". Un ouvrage intitulé "Le Capital c'est nous". ...

Vidéo publiée le : 08/10/2023 à 13:01:00

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00:00 (Générique)
00:11 - Rue de la République reçoit aujourd'hui le député de la France Insoumise
00:14 de la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône.
00:16 Bonjour Hendrick Davy. - Bonjour.
00:18 - Bonjour et merci d'être avec nous. Je suis aux côtés de Léo Purguet pour vous recevoir dans cette émission.
00:22 - Bonjour Léo. - Bonjour.
00:24 - Vous publiez un manifeste pour une justice sociale et écologique, un livre,
00:28 autrement dit vous êtes universitaire de formation, qui s'intitule "Le capital c'est nous".
00:33 Je le montre pour ceux qui regardent l'émission.
00:36 Vous êtes directeur de recherche, il faut d'abord le dire.
00:39 - J'étais. - Vous étiez, parce que maintenant vous êtes un vrai politique, pas un politicien.
00:42 Je vous noterai la nuance.
00:44 Est-ce que ça veut dire que, parce que le sous-titre est très clair,
00:47 c'est un manifeste pour une justice sociale et écologique,
00:50 qu'aujourd'hui la politique doit essentiellement être écologique
00:54 et ce qui va faire finalement différencier les choix qu'on va faire dans l'avenir ?
00:58 - Alors je pense que non, dans le livre c'est vraiment équilibré.
01:01 Je pense qu'on vit un moment de crise grave, à la fois de crise sociale,
01:05 parce que les injustices n'ont jamais été aussi fortes,
01:08 les inégalités n'ont jamais été aussi criantes, je pense, dans notre société.
01:11 Et en même temps on est face à un mur, et ce mur c'est le mur écologique.
01:14 Effectivement, en tant que chercheur, j'ai pu travailler sur ces questions-là depuis 2004,
01:17 puisque j'ai eu une thèse en 2004 sur l'effet des changements climatiques sur les forêts.
01:21 Et pour moi, il y a une impossibilité à continuer dans cette direction.
01:25 Et c'est quoi cette direction ? C'est ce que j'explique dans une grande partie,
01:28 la première partie du livre, c'est qu'on est dans une société où, en gros, le mantra,
01:32 c'est "travailler plus", vous vous souvenez de ça, "pour gagner plus",
01:36 "pour consommer plus", "pour consommer plus", et à la fin "pour polluer plus".
01:40 Tout ça pour qu'il y ait un certain nombre de gens,
01:43 qui sont les actionnaires des grands groupes,
01:45 qui puissent faire un maximum de bénéfices et qui s'enrichissent de façon totalement indu.
01:49 Et bien cette maxime-là, en fait, elle est pas tenable dans un environnement
01:53 et dans une planète qui est finie.
01:54 Donc ce que j'essaie d'expliquer dans le livre, c'est qu'il faut arrêter
01:58 cette logique infernale du capital et de cette logique infernale...
02:02 Et Marx avait déjà posé un stand de jalons sur le fait que ce système-là
02:06 est un système qui nous conduit à beaucoup de crises,
02:09 une crise sur consommation, voilà.
02:11 Et là, je rajoute une analyse aussi assez forte sur pourquoi ce système-là
02:15 est incompatible avec la finitude de la planète.
02:18 Et puis je croise ça avec d'autres questions comme le féminisme,
02:21 comme l'antiracisme, et j'ai essayé de livrer un livre de synthèse
02:25 sur ces questions-là.
02:26 - Alors pourquoi ce titre ? Parce qu'à gauche, le capital, c'est plutôt le camp d'en face ?
02:29 - Eh bien, j'ai voulu expliquer que l'accumulation du capital...
02:32 C'est un clin d'œil, vous avez compris.
02:34 L'accumulation du capital, on a l'impression que c'est les capitalistes
02:37 qui sont les responsables de ça, et c'est pour ça d'ailleurs
02:40 qu'on a besoin de capitalistes.
02:42 Moi, je dis toujours que la plus-value, pour revenir à quelque chose de marxiste,
02:46 c'est-à-dire que quand vous travaillez, il y a un sur-travail
02:49 qui est approprié par le capital.
02:51 Et en fait, ce sur-travail, c'est bien vous qui le faites,
02:53 c'est bien les salariés de ce pays qui le font, qui le génèrent.
02:56 C'est pas le capitaliste qui y voit là parce qu'il est génial, en fait.
02:59 En plus, la plupart du temps, celui qui est propriétaire des moyens de production,
03:02 en réalité, il n'est même pas le PDG.
03:04 Donc c'est même pas lui qui pense les investissements.
03:06 Donc moi, ce que je voulais rappeler, c'est que tout le capital,
03:09 à la fois toutes les richesses qui sont accumulées et qui sont accumulées
03:12 dans peu de mains, en fait, nous appartient à nous.
03:15 Et la société finalement éco-socialiste que j'essaye de défendre,
03:19 c'est une société dans laquelle on se réapproprie nos communs
03:22 au travers de services publics, etc.
03:24 - Sauf que ça marche pas comme ça, en fait, dans le monde d'aujourd'hui.
03:27 - Et voilà. C'est pour ça que dans mon livre, j'essaye à la fois d'écrire
03:30 pourquoi il faudrait aller vers des révolutions et reprendre le volant,
03:33 en fait, aux capitalistes, pourquoi il faut aller vers une société éco-socialiste.
03:37 Et ça, c'est une originalité de mon livre, c'est de décrire la société éco-socialiste
03:40 telle qu'elle pourrait être. Et c'est pas le socialisme soviétique.
03:43 - Voilà, c'est pas le communisme, on est bien d'accord.
03:45 - C'est pas le communisme, non. C'est quelque chose d'un peu intermédiaire,
03:47 de différent. Et la troisième partie et la quatrième partie, c'est les stratégies.
03:51 C'est-à-dire comment on y parvient. Et oui, c'est pas un long chemin tranquille.
03:55 Mais là où je pense que j'ai quelque chose d'assez original dans ce que j'explique,
03:59 c'est qu'on a besoin, dans nos stratégies, de construire des collectifs.
04:03 Donc pour moi, c'est des partis, des syndicats, qui se battent,
04:07 qui arrivent à reprendre le volant à ceux qui nous gouvernent.
04:11 Y'a rien de totalement révolutionnaire dans cette stratégie-là,
04:14 puisqu'en gros, c'est la stratégie qui a permis aux partis communistes,
04:16 typiquement dans les années 1920, d'être la force principale.
04:19 Mais je pense qu'il faut juste changer de logiciel,
04:21 parce qu'il faut intégrer la question écologique et la question féministe.
04:24 Mais sinon, la stratégie pour atteindre le pouvoir, c'est les luttes, à la base,
04:29 les grèves, et puis aussi les élections, gagner à des élections intermédiaires,
04:33 et dans un processus de révolution permanente.
04:36 Et j'ai essayé de penser, dans le dernier chapitre, et je finirai là-dessus,
04:39 sur le jour d'après, parce que c'est quelque chose qui me traumatise beaucoup.
04:41 C'est-à-dire que je dis, bon, Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin ou Clémentine Autain
04:45 gagnent en 2027. Vous savez, je choisis pas entre les trois.
04:48 On y viendra.
04:50 Ils gagnent en 2027. Comment on s'assure que ça soit pas une réédition
04:53 de ce qui s'est passé en Grèce, avec Syriza,
04:56 ou que ce soit pas une réédition de ce qui s'est passé avec Mitterrand, Hollande,
04:59 ou Jospin et Hollande ? - Ou même en Espagne aussi, à un moment donné.
05:02 - Voilà. Il faut arriver quand même, quand on arrive au pouvoir,
05:05 à changer suffisamment la vie des gens, et à s'affronter suffisamment au capital,
05:08 on revient quand même au titre, pour que, en réalité,
05:12 on soit dans un processus révolutionnaire.
05:14 - Alors, vous nous parlez d'éco-socialisme. Ce que les gens vivent actuellement,
05:18 c'est de plus en plus un capitalisme vert, et finalement,
05:22 l'écologie devient la raison de leur mot,
05:26 avec les difficultés à circuler, les difficultés à boucler les fins de mois, etc.
05:29 Comment on arrive à résoudre cette difficulté, cet antagonisme,
05:34 avec les catégories populaires sur cette question-là ?
05:38 - Je pense que, comme dans beaucoup de choses, il faut repartir des luttes.
05:41 C'est-à-dire que, sur une lutte, on arrive à mettre les gens ensemble,
05:46 et à essayer de trouver les communs. Je prends un exemple qui est Fuvo.
05:49 Récemment, je suis allé, il y a un propriétaire de golf
05:52 qui a décidé de construire des villas piscinables près d'Aix.
05:57 Ce qui était passionnant, c'est que les jeunes qui se sont mis là,
06:00 c'est des jeunes d'extinction rébellion, plutôt des jeunes de classe moyenne,
06:05 et ils ont eu comme alliés des très riches.
06:08 C'est la première fois que j'avais, face à moi,
06:10 j'ai discuté avec les intervenants, une lutte vraiment interclassiste.
06:14 C'est-à-dire qu'on avait des gens très différents,
06:16 mais parce qu'ils avaient un objectif commun.
06:18 Il faut arriver à faire en sorte que la lutte contre la pollution,
06:22 soit une lutte que se réapproprient les classes populaires.
06:25 Et si on parle des quartiers Nord de Marseille et des boîtes aux Troisières,
06:29 on en discutera peut-être si la proposition de loi que j'ai déposée cet été,
06:32 ce sont des choses qu'on peut trouver.
06:35 Par contre, il faut éviter, ça c'est très important,
06:38 de faire une écologie qui met en difficulté les classes populaires.
06:42 Et qui les culpabilise.
06:44 Moi, je lutte complètement contre cette logique de culpabilisation.
06:47 La logique de culpabilisation, c'est un renvoi à une responsabilité individuelle.
06:51 Alors que la responsabilité, elle est collective,
06:53 et que c'est toujours les plus riches qui polluent le plus.
06:55 De toute façon, sur les gaz à effet de serre, c'est extrêmement criant.
06:59 C'est-à-dire, c'est complètement lié à votre revenu.
07:02 Vous avez beau être, on va dire, manger bio,
07:06 faire tous les efforts que vous voulez,
07:08 si vous êtes riche, vous vous déplacez plus, notamment en voiture,
07:11 vous prenez l'avion et vous polluez plus que le salarié
07:15 ou celui qui est au chômage, etc.
07:18 Je pense que ça qui est très important, c'est arrêter avec cette culpabilisation.
07:22 On est quand même sur un fil un peu ténu,
07:24 puisqu'il y a des gens qui nous écoutent,
07:25 qui ne croient absolument pas à tout ce que vous êtes en train de dire,
07:27 qui pensent qu'on nous manque, qu'il n'y a pas de réchauffement climatique, etc.
07:30 Donc, il faut aller les chercher ces personnes-là ?
07:32 Bien sûr qu'il faut aller les chercher.
07:34 Il faut essayer de continuer à convaincre.
07:36 Sur le climat, je pense qu'on vient de vivre un été,
07:39 et encore un automne, qui semble indiquer quand même qu'il y a un réchauffement climatique.
07:42 C'est le premier chapitre de mon livre.
07:45 C'est pour ça qu'il faut les convaincre.
07:47 Là, j'ai pris ma casquette d'écologue,
07:49 qui a travaillé pendant 20 ans sur le chauffement climatique.
07:51 Je donne tous les éléments de la crise écologique.
07:53 La biodiversité, les pollutions, etc.
07:56 Les cancers liés aux pollutions.
07:57 Je reprends tous les chiffres.
07:58 Et j'essaie de détailler ça scientifiquement.
08:00 Parce que je pense qu'il faut convaincre les gens que la crise est là.
08:03 Et je pense que les gens me disent qu'il faut aller les chercher.
08:06 Les gens ont quand même compris que la surconsommation,
08:09 quand la planète est finie...
08:11 - Oui, parce qu'à leur niveau, on ne peut rien faire, c'est ça surtout.
08:13 - C'est surtout ça.
08:14 Moi, je crois qu'il y a surtout de la résignation,
08:16 plutôt que réellement...
08:18 Je crois que c'est plutôt de la résignation.
08:22 Les gens n'ont plus besoin qu'on les convainque qu'il y a une crise écologique.
08:24 - Alors, en revanche, on leur dit qu'il faut passer à l'électrique,
08:27 passer à la voiture électrique, etc.
08:30 Et puis, des forces comme la vôtre,
08:32 et puis les écologistes aussi,
08:34 disent que pour autant, il faut fermer les centrales nucléaires.
08:37 Est-ce que c'est tenable ?
08:38 Est-ce que ça ne décrédibilise pas cette perspective ?
08:41 - Alors, je pense qu'un des problèmes que j'ai avec le tout électrique
08:44 et aussi le nucléaire, c'est que ça élude le vrai débat.
08:47 Le vrai débat, c'est qu'il faut aller vers de la sobriété énergétique et matérielle.
08:51 Parce que quand bien même vous dites
08:53 "On n'utiliserait plus d'énergie fossile",
08:55 c'est des batteries, c'est des ressources naturelles qu'il faut aller chercher.
08:58 Et donc, ce n'est pas tenable non plus.
09:00 Le problème n'est pas que climatique,
09:01 c'est pas que le problème des énergies fossiles.
09:03 Le problème, c'est qu'à chaque fois que vous consommez de l'énergie
09:06 et que vous consommez de la matière,
09:08 c'est l'énergie et la matière qui proviennent d'une planète finie.
09:11 Donc, il ne faut pas éluder ce débat sur la sobriété,
09:14 c'est-à-dire sur le fait de diminuer notre impact global sur l'environnement.
09:18 Une fois qu'on a dit ça, j'élude pas le débat sur la question énergétique.
09:22 Le problème, c'est qu'il faut diminuer massivement notre consommation électrique
09:26 et notre consommation de ressources naturelles.
09:28 Et pour ça, il n'y a qu'une seule solution,
09:29 c'est les transports en commun et l'isolation des bâtiments.
09:32 Et ça doit être ça la priorité.
09:34 Après, pour l'énergie qui nous reste, on peut ouvrir un grand débat.
09:37 Moi, personnellement, je pense que le nucléaire est une fuite en avant
09:40 parce que ça empêche, y compris d'aborder le débat de la sobriété,
09:44 et puis parce que c'est vraiment dangereux le nucléaire.
09:46 Mais ouvrons un grand débat, c'est ce qu'on avait proposé en 2012
09:49 avec les communistes, on avait un programme commun par exemple.
09:51 Ouvrons un grand débat, un référendum à la fois,
09:53 pour savoir ce qu'on fait comme bouquet énergétique.
09:57 Moi, personnellement, ma position dans ce débat-là,
09:59 c'est plutôt la sortie du nucléaire.
10:01 Mais j'entends qu'il faut qu'on ait le débat.
10:03 - Hendrick Davy, vous êtes député LFI, la France insoumise.
10:06 On se souvient d'un espoir pour la gauche au lendemain des élections législatives.
10:11 On allait changer les choses, effectivement, même si on n'est pas majoritaire.
10:15 Qu'est-ce que vous dites aux gens qui pensent aujourd'hui
10:18 que c'est un spectacle de la nuppes qui est assez pitoyable,
10:21 avec des dirigeants qui se déchirent,
10:23 avec finalement des réponses qui ne sont pas apportées
10:26 à leurs problèmes au quotidien ?
10:28 - Moi, j'ai envie de dire qu'il faut partir des enjeux...
10:31 C'est pour ça que j'écris ce livre, "Les enjeux 1 de la planète".
10:33 Si vous traduisez ça, c'est la fin du livre sur la dernière partie.
10:36 Les enjeux concrets, c'est qu'on risque globalement
10:38 d'avoir un effondrement des écosystèmes.
10:40 La réponse à ça, c'est la victoire de l'extrême droite en 2027.
10:43 Le risque, il est là.
10:45 Moi, je pars toujours de ça.
10:47 - Ce n'est pas un épouvantail qu'on a agi depuis des années ?
10:49 - Ce n'est plus un épouvantail.
10:51 Sincèrement, c'est ma conviction profonde.
10:53 Je me trompe peut-être, mais ce n'est plus un épouvantail.
10:55 Pourquoi ? Parce que le Bloc central,
10:57 c'est très bien expliqué par Piketty et Caget,
10:59 le Bloc central est en train d'avoir son espace politique se réduire.
11:04 Année après année, élection après élection.
11:06 Il est de plus en plus bourgeois.
11:08 C'est ce qu'expliquent très bien Piketty et Caget.
11:10 Par conséquent, il est quand même probable,
11:12 quel que soit le brillant candidat qui va nous sortir,
11:14 que celui-ci s'effondre et que ça se joue entre nous,
11:16 la gauche, et l'extrême droite.
11:18 Et si nous, on n'est pas rassemblés, l'extrême droite gagne.
11:21 Et l'extrême droite, ce n'est pas un épouvantail.
11:23 Elle est au pouvoir en Pologne.
11:25 Elle est au pouvoir en Hongrie.
11:27 Elle est au pouvoir en Italie maintenant.
11:29 Ce n'est pas un épouvantail.
11:30 Et ces idées continuent de progresser un peu partout,
11:32 y compris au sein de la Macronie.
11:34 Donc je pense qu'on a vraiment une responsabilité,
11:36 il faut partir de ça.
11:37 Et par rapport à ça, il n'y a pas d'autre solution que le rassemblement
11:39 de la gauche et des écologistes sur une ligne de radicalité.
11:42 Moi, c'est ça mon projet politique.
11:44 On a réussi à le faire autour de la NUPES.
11:46 C'est pour ça que je dis, la NUPES,
11:48 au législatif, on l'a fait le rassemblement.
11:50 - Pour une élection.
11:51 - Ça n'a pas suffi pour gagner.
11:52 - Alors, bien sûr que ça n'a pas suffi pour gagner.
11:54 Mais enfin, c'est déjà pas mal.
11:55 On a 150 députés.
11:56 On ne les aurait jamais eus si on était partis diviser au législatif.
11:59 Et si on arrivait à se rassembler à une présidentielle,
12:01 on serait au second tour.
12:02 Bon, ça, c'est sûr.
12:03 Donc il faut maintenir l'hypothèse de ce rassemblement jusqu'en 2027.
12:08 Et ça, c'est...
12:10 Ne pas aller vers ça, c'est pour moi criminel.
12:12 Franchement, on a le vrai risque de rassemblement national.
12:15 Donc il faut partir là-dessus.
12:16 Après, on a des désaccords entre nous.
12:18 Comment on les règle ?
12:19 Par le débat, et puis aussi par la démocratie.
12:21 Je suis vraiment un défenseur dans tout mon livre.
12:24 Je défends la démocratie comme solution à tous nos problèmes.
12:27 C'est pour ça que je vous ai répondu au nucléaire par le référendum.
12:30 Il faut qu'on arrive à trouver les cadres au sein de la NUPES,
12:33 y compris au sein de l'intergroupe NUPES, on se l'est dit,
12:35 pour par moments essayer, quand on a des désaccords,
12:38 de les trancher démocratiquement entre nous,
12:40 pour continuer à avancer ensemble.
12:42 Et démocratiquement ou par consensus.
12:44 Il faut trouver les cadres.
12:45 Je ne sais pas lesçons.
12:46 Mais là, on ne peut pas continuer comme ça.
12:49 Ma collègue Clémentine Autain a piqué un coup de gueule en se disant "stop".
12:54 Elle a eu raison.
12:55 Je pense que c'est totalement délétère.
12:57 C'est plutôt elle pour 2027.
12:59 Et ça construit la résignation de nos concitoyens.
13:01 On vous a coupé tout à l'heure.
13:03 C'est plutôt elle pour 2027 ?
13:05 Non, c'est trop tôt.
13:07 Je suspends mon jugement.
13:09 Parce que je pense que la première chose qu'il faut faire,
13:11 c'est passer les Européennes.
13:13 Divisées ?
13:14 Probablement divisées, malheureusement.
13:16 Sûrement.
13:17 Sûrement divisées.
13:18 Et les Européennes décider d'une mécanique pour avoir un candidat commun en 2027.
13:22 Et de réfléchir à ça après les Européennes.
13:25 C'est mon point de vue à moi.
13:27 Après, quel sera le candidat ?
13:29 J'ai envie de dire, moi je défendrais quelqu'un ou quelqu'une.
13:31 Au moment où il faudra le choisir.
13:35 Mais néanmoins, il faut trouver la mécanique.
13:37 Et si les Français décident que c'est Fabien Roussel,
13:40 ce sera Fabien Roussel.
13:41 S'ils décident que c'est Clémentine Autain, ce sera Clémentine Autain.
13:43 Si c'est Ruffin, ce sera Ruffin.
13:45 Si c'est Jean-Luc Mélenchon, ce sera Jean-Luc Mélenchon.
13:46 Mais il faut qu'on trouve un candidat commun.
13:48 Et un moyen de désigner ce candidat commun.
13:50 Alors aujourd'hui, on en est très loin.
13:52 Il y a un niveau de tension très important à gauche.
13:55 Sofia Chichirou a d'ailleurs injurié Fabien Roussel.
13:59 Vous avez été un des rares à vous démarquer un peu.
14:02 Il y a eu sur France 2, ce documentaire, cette enquête,
14:07 qui fait beaucoup de bruit autour de cette figure de la France insoumise.
14:10 Vous parlez de démocratie.
14:12 Mais semble-t-il, ce qui ressort de cette enquête,
14:15 que dans votre mouvement, il en manque.
14:17 Et on ne peut pas se prononcer sur ce que l'on pense de cette collègue, de cette députée.
14:22 Alors moi, je me suis toujours prononcé comme je voulais.
14:25 D'abord, je distingue, là, ma responsabilité de 50 ans de député,
14:29 c'est ce qu'il se passe dans mon groupe.
14:31 Dans le groupe, on fonctionne démocratiquement.
14:33 Je l'ai dit, je le répète, pour Adrien Quatennens, on a eu des débats.
14:36 On n'était pas d'accord entre nous.
14:37 On a eu plusieurs votes.
14:38 Il a été finalement exclu de notre groupe, je vous le rappelle quand même, pendant 6 mois,
14:42 suite à un vote, etc., par rapport à ce dont on l'accusait.
14:46 Donc, il y a des procédures démocratiques dans le groupe de la France insoumise.
14:50 Concernant le fonctionnement de la France insoumise en tant que telle,
14:53 j'ai écrit des articles, je reviens dessus dans le livre,
14:55 donc je suis tout à fait transparent.
14:57 J'ai écrit un article dans Mediapart, je reviens dessus dans le livre.
15:00 Pour moi, les mouvements gazeux ne peuvent pas fonctionner démocratiquement
15:03 parce qu'il n'y a pas d'adhérents.
15:05 Et j'ai un désaccord là-dessus, sur la question du mouvement gazeux.
15:09 J'ai un vieux désaccord.
15:11 Et je pense qu'il faut qu'on progresse et qu'on ait des adhésions à la France insoumise
15:16 et qu'on ait un fonctionnement plus démocratique.
15:18 Quand vous avez écrit ça, Manuel Bompard vous a répondu
15:20 « il faut vérifier si vous êtes bien insoumis finalement ».
15:23 Je suis encore insoumis.
15:25 Comment on peut résoudre cette binarité ?
15:29 Quand vous inviterez Manuel Bompard, vous lui poserez la question.
15:32 Moi, je lui la pose régulièrement.
15:34 J'assume ce désaccord et cette question et je continuerai à l'assumer.
15:38 Si on transpose à ce qu'on vit en ce moment à Marseille,
15:41 puisque vous êtes député de Marseille avec des assassinats sous forme de narco-trafiquants,
15:46 la droite tire à boulet rouge sur la politique du printemps marseillais,
15:49 qui est une certaine représentation finalement de la nuppesse,
15:52 qu'est-ce qu'on répond à tout ça ?
15:54 Comment est-ce que vous feriez mieux, vous, éventuellement, aujourd'hui,
15:57 si vous étiez aux manettes ?
15:59 Par rapport à la question de la sécurité ?
16:02 Oui, notamment la sécurité, la salubrité, tout ce qui touche les Marseillais.
16:06 Oui, tout touche aujourd'hui le quotidien des Marseillais.
16:08 Je pense que les Marseillais sont aussi touchés par les questions sociales et écologiques,
16:11 par ailleurs, au premier plan.
16:13 Sur la sécurité, je pense que, très sincèrement,
16:16 j'ai rencontré le chef de police ce matin, du 4-5,
16:19 j'ai des relations régulières, en tout cas, avec la police.
16:22 Deux personnes sont mortes, le rappel, au chute de la vie.
16:24 Au chute de la vie, et je rencontre régulièrement aussi la préfète de police.
16:28 Moi, je pense qu'il faut réfléchir au service public de la police
16:31 qui a été autant fragilisé que les autres services publics.
16:35 Ça, c'est mon point de vue.
16:36 C'est-à-dire que vous allez au commissariat de Noailles,
16:41 vous allez aux urgences de l'hôpital, c'est le même problème.
16:45 Le même problème, un, parce que les services publics ont été affaiblis,
16:48 et aussi le service public de la police,
16:50 mais aussi parce que la pauvreté, les difficultés sociales s'accumulent.
16:55 Il y a une policière qui m'a dit que c'est la même misère aux urgences et à Noailles
17:00 quand vous avez besoin de déposer une plainte.
17:03 Donc moi, je pense qu'il faut à la fois travailler sur le social,
17:06 donc donner un emploi, et c'était vraiment le sujet la semaine dernière,
17:09 que chacun puisse vivre dignement de son travail, déjà,
17:13 parce que ça résoudrait une partie des problèmes.
17:15 Et ensuite, une fois qu'on a ça, il faut donner les moyens au service public de la police.
17:20 Et pour ça, il faut éviter que ce service public de la police
17:23 soit affecté à des choses qu'on pourrait éviter.
17:27 Moi, je pense, j'ai un désaccord avec une partie de la police.
17:31 Je pense qu'il faut avoir une stratégie où il faut que les policiers soient sur le terrain,
17:34 parce que ça rassure la population et puis ça leur permet de faire du flagrant délit.
17:38 Très sincèrement, je préfère...
17:39 La police de proximité, ça va quand même faire ses preuves à un moment donné.
17:41 Oui, mais la police de proximité, c'est à la fois avoir des policiers, ce qu'on n'a plus,
17:45 parce que dans d'autres quartiers, ce qui se passe,
17:47 c'est que les policiers sont rassemblés à des patrouilles,
17:51 ce sont des poules, et ils ne sont plus affectés à un quartier.
17:54 Donc les gens ne connaissent plus les policiers du quartier.
17:56 Il n'y a plus d'îlotage.
17:57 Et la police municipale, visiblement, n'est pas non plus sectorisée de cette façon-là.
18:01 Donc on n'en a pas de la police de proximité actuellement.
18:03 Mais les patrouilles, c'est bien.
18:04 Mais néanmoins, quand vous avez des milliers de plaintes qui sont en souffrance,
18:09 parce que vous avez déposé plainte, mais qu'il n'y a pas les officiers de police judiciaire
18:12 pour traiter les plaintes, on ne peut pas...
18:14 Voilà, c'est ça le problème.
18:16 Donc moi, je suis pour qu'on réaffecte plus de policiers aux enquêtes,
18:19 vraiment, pour qu'ils fassent leur travail de démantelage, de démanteler les réseaux, etc.
18:23 Et puis peut-être que si on régularisait les travailleurs sans-papiers,
18:27 il y aurait moins besoin de policiers pour traquer les travailleurs sans-papiers.
18:31 Si on légalisait le cannabis et qu'on investissait massivement aussi
18:36 pour faire de la prévention plutôt que de la répression sur le cannabis,
18:39 les policiers passeraient moins de temps à faire des contraventions sur l'usage du cannabis.
18:43 Certaines associations qui luttent justement contre les trafics
18:45 ne sont pas du tout favorables non plus à la prévention.
18:47 Il faut le signaler quand même.
18:48 Oui, tout à fait.
18:49 C'est un débat, oui.
18:50 On pourrait faire une émission entière.
18:52 Quel sont vos rapports avec la municipalité du Printemps Marseillais ?
18:57 Comment vous travaillez ? Est-ce que vous travaillez ensemble ?
19:00 Oui, on travaille très bien ensemble.
19:02 Vous savez, on est plutôt LFI, la municipalité est quand même plutôt…
19:07 Benoît Payan est au Parti Socialiste.
19:09 Mais néanmoins, on travaille très bien ensemble.
19:10 D'abord avec le maire de secteur et le formidable travail que fait Didier Jau.
19:14 Là, on a une chance.
19:15 C'est un maire de secteur exceptionnel qui a un relationnel exceptionnel.
19:19 Et je pense que les citoyens du 4-5 sont contents.
19:23 Alors même si… On peut avoir d'ailleurs des points de désaccord.
19:26 Il est en bilan mi-mandat en ce moment.
19:28 Il les entend les citoyens en ce moment.
19:30 Sur la ZFE et sur les histoires de…
19:32 Là, j'ai un point de désaccord avec lui.
19:34 Mais néanmoins, je travaille très bien avec lui.
19:35 C'est-à-dire qu'on collabore, on se voit régulièrement, etc.
19:38 Et sur la mairie centrale, on travaille avec les maires adjoints.
19:42 Donc là, sur l'affaire de Montevideo, en fait,
19:46 j'ai travaillé avec celle qui était en charge de la culture.
19:49 J'ai discuté avec Coppola.
19:51 Je travaille avec Mme Audrey Garino sur les questions sociales.
19:54 Mme Aurélie Biancarri-Lopez sur les questions d'université.
19:58 Ça se passe très bien.
19:59 Dernière question.
20:00 Vous êtes un scientifique et c'est la fête de la science ce week-end.
20:04 Il y a néanmoins un lien qui se désagrège entre la science,
20:07 la rationalité et la population.
20:09 Ça s'est vu notamment lors des campagnes de vaccination.
20:11 Comment reconstruire ce lien ?
20:13 C'est un vaste sujet.
20:16 C'est un très vaste sujet qui me passionne.
20:19 Et moi, j'ai pris conscience de ça avec le climato-scepticisme.
20:23 Avec le Covid aussi, c'est revenu, puisque ma femme m'accompagne,
20:26 est médecin.
20:27 Et sincèrement, je travaille là-dessus.
20:29 Donc, la science participative, travailler à la rencontre
20:34 entre scientifiques et citoyens.
20:36 Mais surtout, c'est pareil, refonder le service public.
20:39 Et c'est vraiment mon chantier, puisque vous savez,
20:41 je travaille beaucoup là-dessus, refonder le service public
20:43 de la recherche et de l'enseignement supérieur,
20:45 pour que les chercheurs, au lieu de chercher de l'argent,
20:47 puissent travailler avec les citoyens et discuter.
20:49 Restaurer quelque part aussi la confiance peut-être.
20:51 Merci Hendrik D'Azy d'avoir été notre invité dans cette nouvelle émission
20:56 de rue de la République.
20:57 Et puis, excellente dimanche à tout le monde.
20:59 Merci à vous.
21:00 [Musique]

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