Retrouvez Promotion de canapé de Maïa Mazaurette sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/burne-out
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AmusantTranscription
00:00 Y a-t-il des sujets qu'on préférerait tasser sous le tapis ?
00:03 Clairement oui.
00:04 Par exemple, on sait que toutes les religions ont un rapport compliqué aux femmes et à
00:08 la sexualité.
00:09 C'est difficile d'en parler dans les médias, mais c'est encore plus difficile dans le
00:12 cas de l'islam.
00:13 Démonstration.
00:14 Hier matin, l'IFOP a publié une étude qui analyse les conséquences du visionnage
00:19 de pornographie sur les comportements sexuels.
00:21 Dans le document, il y a plein de statistiques qui montrent que les personnes de confession
00:25 musulmane sont deux à trois fois plus susceptibles d'adhérer à des stéréotypes sexistes.
00:30 Par exemple, le cliché qui veut que quand les femmes disent non, elles pensent oui.
00:32 13% des catholiques sont d'accord, 35% des musulmans.
00:36 Autre cliché, les femmes aiment avoir mal lors des rapports sexuels.
00:40 16% des catholiques sont d'accord, 43% des musulmans.
00:44 Question.
00:45 En tant que chroniqueuse sexo, qu'est-ce que je fais de cette info ? J'en parle, j'en
00:48 parle pas, j'en fais une question qui fâche.
00:49 Pour aujourd'hui, j'ai décidé de faire une chronique non pas sur l'islam et le sexisme,
00:54 mais sur la difficulté pour les journalistes de donner des chiffres sur l'islam et le
00:58 sexisme.
00:59 Ce que tu dis, c'est que les médias s'autocensurent.
01:00 C'est carrément là que tu vas.
01:01 Alors, je ne sais pas ce qui se passe chez les autres, mais je constate que depuis hier,
01:04 beaucoup de médias parlent de sondage sur les effets de la pornographie, mais sans parler
01:08 de ces chiffres sur les musulmans.
01:09 Et ce n'est pas forcément de l'autocensure.
01:11 Le rapport aborde plein de sujets.
01:12 Il y a forcément un choix qui s'opère.
01:14 Moi-même, en commençant cette chronique, j'aurais pu vous dire que les stéréotypes
01:17 sexistes concernent les chômeurs deux fois plus que les employés.
01:20 J'aurais pu aussi pointer la consommation de porno à un très jeune âge.
01:24 Les hommes qui commencent à regarder du X avant leur 11 ans sont eux aussi deux à
01:28 trois fois plus susceptibles de penser que c'est ok d'oublier de demander le consentement
01:32 ou que c'est ok de forcer une femme si on lui donne un orgasme.
01:35 Alors pourquoi avoir choisi de parler des chiffres sur les musulmans ?
01:37 Il y a deux raisons.
01:38 Primo, ces chiffres apparaissent dès les premières pages du rapport et sont spectaculaires.
01:42 C'est compliqué de faire comme si je ne les avais pas vus.
01:43 Deuxio, ça fait des années que j'ai des chiffres sur la sexualité des musulmans,
01:47 y compris des chiffres rigolos.
01:48 Figurez-vous que les hommes musulmans s'épilent plus que les hommes non-musulmans.
01:51 Le poil c'est rigolo selon Maya Masouret.
01:54 Et pourtant, ça fait des années que je ne parle pas des musulmans.
01:57 C'est le seul sujet que je m'interdis alors que je n'ai aucun problème à parler
02:01 de la sexualité des catholiques sur laquelle j'ai évidemment aussi plein de chiffres
02:04 puisque quand l'IFOP sort une étude, il y a quasiment toujours le détail par religion,
02:08 de même qu'il y a le détail par sexe, par âge ou par niveau de diplôme.
02:11 Mais est-ce que ce n'est pas ton problème à toi ça Maya ? Si d'habitude tu n'en
02:13 parles pas c'est parce que tu as peur qu'on te traite d'islamophobe ?
02:16 Oui carrément.
02:17 En fait, je me retrouve prise entre deux petites voix dans ma tête.
02:19 Il y a une voix qui me dit "attention, tu fais le jeu des extrêmes, tu stigmatises
02:22 une communauté qui n'a pas vraiment besoin qu'on en rajoute".
02:24 Et il y a une autre voix qui me dit "attention, les extrêmes se servent du silence des médias
02:29 pour prétendre que les journalistes cachent des choses aux français".
02:32 Face à ce dilemme, moi aujourd'hui j'ai envie de faire le pari de l'intelligence
02:36 et du discernement.
02:37 Les auditeurs de France Inter sont le plus souvent majeurs et vaccinés.
02:40 Je veux croire que je peux leur donner des chiffres alarmants sur le sexisme et les musulmans
02:43 sans forcément qu'ils en fassent une utilisation malveillante.
02:47 Le chiffre est matière à réflexion et les amalgames, par exemple, c'est le contraire
02:51 de la réflexion.
02:52 Donc tu as décidé de nous en parler quand même ?
02:53 Et la raison pour laquelle j'ai décidé de le faire, elle est simple.
02:56 Quand on est journaliste sexo, on s'aperçoit en fait que les tabous sont rarement à l'avantage
03:00 des plus vulnérables.
03:01 Quand on préfère regarder ailleurs, quand on garde le silence, on crée les espaces
03:04 où se loge la haine des autres, la condescendance parfois de véritables crimes.
03:08 Je rappelle donc que donner des chiffres, y compris des chiffres qui montrent que les
03:12 musulmans sont deux à trois fois plus susceptibles d'adhérer à des stéréotypes sexistes,
03:15 c'est pas la fin de la conversation, c'est le début.
03:18 Et puis surtout, ça dépend de ce qu'on choisit d'en faire avec.
03:20 En une petite chronique, on n'a pas le temps d'entamer un gros débat.
03:23 Mais si nos auditeurs et auditrices veulent s'intéresser aux sexualités arabes et musulmanes,
03:27 je leur recommande un podcast passionnant qui s'appelle Jeans.
03:30 J-I-N-S.
03:31 Il y a plus de 100 épisodes d'une heure à chaque fois, plus que les en bleu.
03:33 Ça donne un exemple de contextualiser les études statistiques et de critiquer les religions
03:38 sans jamais verser dans le racisme.
03:40 La réponse au tabou, ce n'est pas plus de silence, c'est plus de dialogue.
03:44 Merci Maïa, on retrouve ta chronique promotion canapé en podcast sur le site de France Inter.