• l’année dernière
Les intervenant·es : Sylvie Pierre-Brossolette, Thomas Foehrlé, Thomas Rohmer, Anna Matteoli, Camille Beau, Diane Saint-Réquier et Ursula Le Menn.
Transcription
00:00:00 Merci à vous cinq, je crois, pour ce pas de côté, cette touche de fraîcheur.
00:00:06 Dans une salle noire toute la journée, ça ne fait pas de mal.
00:00:10 Je meuble, car on réinstalle la salle, mais merci beaucoup à toutes les cinq pour cette proposition.
00:00:17 On me dit dans l'oreillette qu'on n'est pas prêt. Nous allons bientôt néanmoins accueillir Sylvie-Pierre Brossolette.
00:00:32 C'est l'occasion de prendre le temps de vous la présenter.
00:00:36 Elle est évidemment présidente du Haut Conseil à l'égalité, mais elle a aussi été membre du cabinet de Françoise Giroux,
00:00:45 première secrétaire d'État à la condition féminine, et Sylvie-Pierre Brossolette a également été journaliste pendant 35 ans.
00:00:55 Elle a présidé pendant cinq ans le comité droit des femmes du Conseil supérieur de l'audiovisuel.
00:01:01 Elle a également présidé la commission du HCE du Haut Conseil à l'égalité autour de la lutte contre les stéréotypes et les rôles sociaux.
00:01:12 Elle est membre de la Fondation des femmes et a dirigé la Cité Audacieuse depuis sa création.
00:01:19 Quelques mots peut-être pour vous rappeler avant d'accueillir Sylvie-Pierre Brossolette, le programme de l'après-midi.
00:01:28 Elle va donc intervenir, puis nous pourrons avoir un temps d'échange avec la salle.
00:01:35 Je sais que ces temps sont précieux, surtout dans ces moments de colloque où le temps est compté.
00:01:41 Ce sera l'occasion en tout cas d'entendre et de répondre à vos questions, toujours dans une idée de bienveillance et d'un bon déroulé de nos échanges.
00:01:55 En tout cas, nous pourrons alors, je l'espère, avoir ce temps qui a pu manquer ce matin.
00:02:00 Après l'intervention de Sylvie-Pierre Brossolette, nous aurons deux tables rondes qui permettront cette fois d'accueillir les associations de terrain et d'entendre leurs paroles.
00:02:14 Merci. Je laisse nos régisseurs finir d'installer avant d'accueillir Sylvie-Pierre Brossolette.
00:02:21 (Applaudissements)
00:02:26 (...)
00:02:55 (...)
00:03:07 Sylvie-Pierre Brossolette, c'est à vous. Merci.
00:03:10 (Applaudissements)
00:03:17 Tout ça est très impressionnant. Vraiment, vous faites les choses en grand. C'est formidable, Strasbourg.
00:03:22 Ce n'est pas le petit HCE. On n'a pas des locaux comme vous. Ceux qui font partie du HCE qui sont ici le savent.
00:03:30 Donc, bonjour à tous et à toutes. Je salue tous ceux qui devraient être nommés par leur grade. Je ne sais pas très bien qui est dans la salle ou qui ne l'est pas.
00:03:41 La maire, quand elle sera arrivée. Notre maire déléguée ou maire adjointe à l'égalité qui est ici. Enfin, toutes les autres.
00:03:49 Et puis, évidemment, mon amie Céline Pic qui est intervenue ce matin et qui nous fait l'honneur non seulement d'être à Ousselles Féministes,
00:03:56 mais surtout de présider la commission de lutte contre les violences et donc, évidemment, au premier chef de la pornographie.
00:04:05 Donc, je suis très, très heureuse d'être là. J'aime beaucoup Strasbourg. J'y suis allée beaucoup comme journaliste, puisqu'il y a toujours beaucoup d'actualités, de congrès, de campagnes.
00:04:14 C'est une ville dont j'ai aimé à la fois, effectivement, les artères, les bons restaurants. Parce qu'il y a une époque où, quand on était journaliste politique,
00:04:23 on fréquentait les bons restaurants. Maintenant, c'est fini. C'est la dèche pour tout le monde. Mais donc, très bons souvenirs à Strasbourg.
00:04:32 Souvent un peu frisquet, mais excellent. Alors, pourquoi est-ce qu'en dehors du plaisir d'être ici, de me rappeler de bons souvenirs, je suis venue vous parler de pornographie ?
00:04:43 Pourquoi le HCE ? D'abord, est-ce que vous savez ce que c'est que le HCE ? Non, personne en France ne sait ce que c'est que le HCE.
00:04:49 Donc, j'essaye depuis 6 mois d'expliquer ce que c'est. Le Haut conseil, parce que tout le monde est toujours haut en France, haut commissaire, haut conseil.
00:04:56 Alors, je suis président du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes depuis 6 mois, après avoir, comme vous l'avez dit, présidé la commission de lutte contre les stéréotypes.
00:05:05 Et évidemment, ce HCE s'intéresse aux droits des femmes, à défendre les femmes, à proposer des recommandations qui peuvent améliorer la situation.
00:05:16 Et quelle est la situation la plus grave à l'heure actuelle qui touche les femmes ? C'est celle qui est créée par l'industrie pornographique, ces vidéos affreuses, terribles,
00:05:28 qui vous a occupé déjà la moitié de la journée et qui va vous occuper utilement encore l'après-midi. Beaucoup de gens avant moi ont dit des choses très, très pertinentes.
00:05:37 Vous continuez après moi. Et du coup, je me suis demandé ce que je pouvais vous apporter de particulier venant du HCE. C'est Eline ayant dit déjà énormément de choses,
00:05:47 qui sont partagées évidemment par le HCE. Je vais vous apporter d'abord mon soutien, parce que toute ma force de conviction sur ce sujet, tout ce que je peux contribuer à aider
00:06:01 via le HCE, via mes possibilités de communication, de réseau, je le ferai parce que d'abord, la cause féministe me tient à cœur depuis l'âge de 20 ans,
00:06:13 après effectivement chez Françoise Giroud, dans le premier secrétariat d'État à la condition féminine. À l'époque, on ne parlait pas de pornographie.
00:06:20 Il était temps d'abord de donner un chéquier aux femmes. Vous vous rendez compte ? On a fait quand même du chemin. Et puis, on se battait pour l'avortement.
00:06:29 J'ai eu la joie d'être à l'Assemblée quand cette loi a été votée. Mais comme vous le voyez, il faut encore se battre pour qu'elle puisse être appliquée.
00:06:36 Le HCE, évidemment, a toutes les valeurs et tous les combats qui sont nécessaires pour combattre la pornographie, qui est un concentré de tout ce que les femmes subissent.
00:06:52 Alors, il y a tout. Il y a les violences, le sexisme, la discrimination, l'indifférence, l'humiliation, les propos et les gestes dégradants, l'exploitation des corps,
00:07:06 la marchandisation des corps, la domination masculine. Vous pouvez y aller. C'est toute la série de choses qui subissent les femmes, qui sont un concentré dans la pornographie.
00:07:21 Donc, la question sur laquelle je voulais m'interroger avec vous aujourd'hui, c'est comment, dans la société actuelle, en 2021, on est arrivé là à tolérer que des scènes de violences
00:07:38 qui sont passibles du code pédale puissent être admises dans nos sociétés si respectueuses des personnes, respectueuses des droits et respectueuses, supposément, des femmes.
00:07:52 Eh bien, j'ai réfléchi. Je me suis dit comment ça se fait. On se bat sur beaucoup de choses. Mais là, il y a eu un angle mort complet.
00:08:00 Et heureusement, depuis quelques mois, des femmes ont porté plainte, des magistrats et des policiers se sont réveillés. Et il va y avoir des procès. Il y a eu des articles.
00:08:13 Enfin, ce grand tabou de la société française va être peu à peu levé. Et on va pouvoir traiter le problème. Ça ne répond pas au fait que pourquoi seulement maintenant ?
00:08:24 Je pense que c'est l'évolution. Et j'aimerais réfléchir avec vous pourquoi c'est arrivé à ce point. Je crois qu'il y a d'abord la libération sexuelle,
00:08:34 qui a été saluée évidemment par toutes et tous, qui est évidemment un progrès, mais qui a fini par, parfois, se retourner contre les femmes elles-mêmes.
00:08:44 Quand tout est permis, plus rien n'est interdit, y compris la violence. Et peu à peu, c'est immiscé dans les rapports sexuels, en tout cas les rapports qui étaient filmés, diffusés,
00:09:00 de plus en plus de violence, de plus en plus de mépris, de plus en plus d'humiliation. Et quand ces séquences passent, il n'y a pas de plainte.
00:09:18 Il y a la satisfaction de ceux qui consomment. Et donc personne, pour l'instant, enfin juste qu'il y a très récemment, ne s'est plaint.
00:09:29 Et il y a eu un phénomène de toujours plus qui a été expliqué ce matin, pour que dans une société de plus en plus vaccinée contre la violence,
00:09:39 il y a, pour que ça fasse quelque chose, on monte en grade, on monte la capacité à toucher les spectateurs et on pratique des choses de plus en plus intolérables.
00:09:55 C'est plus de sensations fortes, toujours plus, toujours plus, et on en demande. Et c'est toléré.
00:10:01 Au nom de la sacro-sainte liberté, liberté de création de pseudo-oeuvres, liberté individuelle de regarder des horreurs.
00:10:09 Tout cela au profit d'une industrie, n'oublions jamais, qui continue à s'enrichir à milliards sur le crime et entretient dans la population des fantasmes de domination des femmes.
00:10:20 C'est quand même, on a abouti à une situation invraisemblable. Tout ça partant de la liberté.
00:10:29 Deuxième effet pervers, la libre communication sur Internet. Ça aussi, formidable Internet.
00:10:34 Libre communication, les réseaux sociaux, la solidarité entre nous, les réseaux de femmes, c'est merveilleux dans le monde entier, sans entrave, on communique.
00:10:46 C'est une formidable révolution technologique. Mais malgré tous ces avantages, elle s'accompagne malheureusement d'une montée des violences et de leur banalisation.
00:10:57 Les échanges sur Internet et sur les réseaux sociaux sont quelquefois plus que passionnés, deviennent violents.
00:11:05 Les vidéos diffusées contiennent énormément de contenus violents, sexistes, souvent racistes, homophobes, enfin on trouve tout.
00:11:17 Et ces diffusions de vidéos porno occupent un pourcentage impressionnant de la bande passante.
00:11:24 Certains disent même que ça peut atteindre la moitié de la bande passante de temps en temps, tellement elles trouvent de clients.
00:11:33 Le développement de ce secteur numérique est d'autant plus inquiétant dans ce qu'il charrie de violences et de vidéos quand même terrifiantes.
00:11:46 C'est qu'il y a une explosion de ces contenus grâce à la mondialisation. Là aussi, concept sympathique au départ, on voit tout en temps réel, on est partout, on a accès à toutes les cultures.
00:11:57 Et là, on a aussi accès à ce qu'il y a de plus désagréable et de plus répréhensible.
00:12:04 Comme ce secteur n'est pas régulé, évidemment, la liberté n'a aucun frein, n'a aucune limite. Ce n'est pas la définition de la liberté.
00:12:15 La liberté s'est toujours exercée dans le cadre des lois et il faut des freins. Il y a un problème, mais partout sur Internet, on considère que c'est la liberté,
00:12:29 la liberté éventuellement du renard dans le poulailler comme vieil exemple. Mais sur Internet, c'est pour l'instant ça.
00:12:38 Il n'y a pas de contrôle, sauf pour le terrorisme, la haine en ligne et la pédocriminalité. Et sur le sexisme et les violences faites aux femmes, on ne voit pas.
00:12:55 Nous avons fait des études au CSA et à la Fondation des femmes sur la nature, par exemple, des 100 séquences les plus vues sur YouTube.
00:13:05 YouTube étant, comme vous le savez, la plateforme la plus vue par les jeunes générations. Eh bien, 38% de ces séquences véhiculent des scènes dégradantes pour les femmes
00:13:18 et 20% contiennent de la violence, verbale ou physique. Eh bien, on laisse faire. Ça fait un bain de violence. Comment voulez-vous que les pornos échappent à cette évolution ?
00:13:32 Troisième évolution, la fin de la censure. Qui serait contre ? On trouve ça formidable, évidemment. Mais à force de permettre tout, de tout trouver normal,
00:13:41 des séries grand public qui commencent, par exemple, devinez laquelle ? Le viol d'une fillette par son frère. Eh bien, c'est Game of Thrones.
00:13:48 C'est formidable. Personne ne dit qu'il y a un problème quand même au début. Il y a partout toujours autant et toujours plus d'hémoglobine dans les séries policières.
00:13:57 Cette violence-là, tout le monde trouve ça très bien. Et puis, plus il y en a d'ailleurs, plus il y a d'amateurs sur les plateformes.
00:14:05 Et puis, quand on parle de télé-réalité, et ça c'est encore à la télé malgré la réculation, et ça j'en étais très fière. J'étais arrivée à faire condamner la chaîne
00:14:20 Canal pour des propos et des gestes dégradants envers des femmes d'Anouna. Mais là, sur la télé-réalité, je me suis acheté le mur de l'argent parce que la télé-réalité
00:14:32 finance les chaînes de télévision. C'est la seule source vraiment qui donne des pubs très chères parce que c'est vraiment très vu. Mais alors, je suppose que vous
00:14:41 ne la regardez pas. Ou si vous la regardez, vous devez vous rendre compte du cliché sexiste des femmes réduites, et des hommes aussi, réduite à un pur rapport de dominés
00:14:51 dominants, de sexualisation à outrance et de vulgarité généralisée. C'est absolument incroyable. Il y avait des scènes vraiment de violence au début.
00:15:02 Ça, on a pu les empêcher. Mais ça reste des scènes terriblement tendues entre femmes et hommes qui s'insultent. Et ça, ça continue joyeusement en fin d'après-midi devant
00:15:14 tous nos jeunes. Bon, donc à partir de tout ça, qu'est-ce qu'on doit faire pour juguler ces problèmes qui étaient des libertés et qu'évidemment on ne va pas y apporter atteinte ?
00:15:29 Je pense que pour lutter, il faut apporter à la fois des réponses spécifiques pour le secteur pornographique et puis des réponses générales pour le secteur en général
00:15:43 de ce qui se passe sur Internet et le sexisme dans la société. Sur la pornographie, nous avons identifié pour l'instant, sans trop dévoiler de secret du travail de Céline Pic qui viendra à maturité
00:15:57 avant l'été, nous pensons d'abord qu'il faut commencer par donner au pouvoir public le moyen d'appliquer la loi. Puisque la procureure de Paris, l'excellente Madame Bécuot, considère que 90% des contenus
00:16:14 de la pornographie relèvent du code pénal, commençons par appliquer le code pénal et punissons ces séquences, les acteurs, les producteurs, les diffuseurs qui sont tous complices de séquences illicites.
00:16:30 Pour mieux pouvoir les poursuivre et les condamner, renforçons la cellule pharos en lui donnant les moyens de retirer les contenus qui mettent en scène des viols et des tortures pour les femmes
00:16:51 et précisons les définitions des notions qui permettent la saisine des différentes instances administratives ou judiciaires qui permettraient de poursuivre tous les acteurs de cette industrie délétère.
00:17:06 Et c'est pas simplement pour défendre les mineurs comme trop souvent on veut le faire dans la classe politique. Bien sûr, il faut protéger les mineurs de ces images traumatisantes. Mais il y a les femmes, ces femmes qui finissent souvent à l'hôpital, qui sont traumatisées, qui sont prises dans un cercle vicieux épouvantable,
00:17:26 qui n'arrivent pas à en sortir, elles sont abîmées, elles sont... au début elles sont là pour gagner un peu d'argent facile, dans une période, qu'elles croient facile, dans une période de crise économique où en plus la permissivité fait que, bon, on fait quelques scènes de sexe, c'est pas si grave et après elles se retrouvent broyées.
00:17:49 Et donc c'est pour vraiment défendre toutes ces femmes, empêcher que ça continue, qu'il faut que nous mettions des verrous. Et nous avons été très frappés avec Céline et toute la commission, je sais pas si Thomas Furley qui fait partie de la commission est là, nous avons assisté à l'audition de Gayle Dine, cette grande dame américaine qui a consacré sa vie à dénoncer les méfaits de la pornographie
00:18:15 et malheureusement l'amplitude grandissante de son influence et de sa diffusion. Elle nous disait "je compte sur vous, il faut, la France doit montrer l'exemple, il faut étouffer cette industrie par tous les moyens".
00:18:32 Alors nous allons l'étouffer par les procédures administratives, par les procédures judiciaires, en leur coupant l'argent, en leur coupant... voilà, on va empêcher cette industrie de vous abîmer et de vous broyer.
00:18:47 On va le faire, en tout cas le HCE à notre petit niveau va le faire, va proposer un mode d'emploi après l'excellent travail du Sénat qui a fait un constat implacable, nous allons poursuivre ce travail en donnant un mode d'emploi aux pouvoirs publics qui n'auront plus aucune excuse pour ne pas arriver à mettre fin à cette industrie nocive et ça réglera en même temps le problème des images pour les enfants, il n'y en aura plus.
00:19:15 [Applaudissements]
00:19:23 Alors évidemment, malheureusement, il faut aussi s'attaquer en amont aux racines du mal et j'en terminerai par là. La lutte contre le sexisme et les violences c'est un tout, il y a un continuum, ça démarre comme on le dit toujours au jardin d'enfants, il faut maintenant une tolérance zéro.
00:19:39 Dès l'éducation, il faut que pour supplier quelquefois la carence des familles, l'éducation nationale vraiment apporte sa pierre, enfin prodigue les cours d'éducation sexuelle promis depuis 20 ans et qui sont dans la loi, mais pas seulement aille plus loin, prodigue une éducation du consentement, relève tout ce qui ne va pas, puis après les orientations professionnelles pour les filles, les garçons, tout ça dans l'éducation nationale.
00:20:08 Tout ça dans l'éducation, et d'ailleurs on va le mettre à notre programme du HCE dans les mois qui viennent, doit être fait, il faut que le terreau de départ soit déjà couvert avant qu'on s'attaque aux malheureux résultats et aux conséquences du sexisme et des violences.
00:20:25 Après, il faut réguler internet, ça n'est pas possible que ce qu'on a réalisé sur l'audiovisuel, c'est-à-dire éliminer l'essentiel des propos et des images sexistes ou violentes, ne se fasse pas sur le numérique.
00:20:41 Pourquoi est-ce qu'on arrive à éliminer les terroristes et pas les violences faites aux femmes ? Ça n'est pas possible, il n'y a pas de raison. Franchement, je pense que maintenant l'opinion est mûre pour comprendre qu'on puisse restreindre un tout petit peu la liberté d'internet pour pouvoir sauver des vies, sauver des corps.
00:21:00 Il n'y a pas de raison de permettre quasiment de l'incitation à la violence et à la haine des femmes. Ce secteur-là doit être protégé, on protège les mineurs, c'est bien, on protège les pays contre le terrorisme, c'est bien, on doit protéger les femmes des violences, y compris sur le numérique, puisque c'est là que c'est pour l'instant en toute impunité.
00:21:23 Je voulais finir en vous posant une question. Est-ce qu'il ne serait pas temps aussi de songer à créer un délit de sexisme ? Il y a évidemment toutes sortes de lois qui permettent, quand il y a une injure à caractère sexuel, une insulte, une agression, un viol, de condamner leurs auteurs.
00:21:42 Mais pour le sexisme ordinaire, rien. Quand on entend, que ce soit dans les campagnes électorales, les émissions de télé, etc., à longueur de journée, ou même on lit dans les journaux, on entend dans les conversations, oui les femmes, publiquement, parce que les propos privés ça ne va quand même pas s'en mêler, mais quand c'est des propos publics, oui les femmes se fait pour rester à la maison, rentrer donc chez vous, personne ne condamne ça.
00:22:06 Quand à l'Assemblée on entend, et à juste titre, quelqu'un être condamné par ce qu'il a dit rentrer en Afrique, à propos d'un homme de couleur, là on s'émeut, c'est bien, il y a une sanction.
00:22:20 Quand on dit aux femmes, rentrez chez vous, vous êtes bonne qu'à ça, vous êtes incapable de conduire, vous n'avez pas le sens de l'orientation, vous êtes bonne qu'à coudre, personne ne dit rien. C'est une dévalorisation, il n'y a pas.
00:22:33 Donc je ne sais pas s'il faut créer un délit de sexisme ou pas, mais il faut en tout cas réagir au sexisme ordinaire, qui est quand même le début de tout, et réfléchissons entre nous à pourquoi est-ce que ce qui est valable à juste titre pour des minorités discriminées ne serait pas valable, applicable à une majorité dominée.
00:22:56 Merci de votre attention.
00:22:58 (Applaudissements)
00:23:14 Nous avons un temps de questions prévues avec Sylvie Pierre-Baudrosolette. Je vous propose de prendre deux questions et qu'elles puissent ensuite y répondre. Je vous rappelle que celles-ci doivent être concises, constructives et précises et qu'elles viennent bien évidemment nourrir nos débats.
00:23:34 Des questions dans la salle ?
00:23:36 Ah oui, il y a un micro qui va arriver.
00:23:42 Bonjour. Je ne sais pas si vous m'entendez. C'est plutôt une question pour l'organisation en général. Je suis présente depuis ce matin et je m'interroge sur le parti pris de n'avoir invité que des personnes au point de vue abolitionniste.
00:24:04 (Applaudissements)
00:24:16 Est-ce que je peux finir ma question ? Merci. D'autant plus que, comme on peut le voir présent, une antenne du syndicat des personnes travailleuses du sexe sont présentes sur Strasbourg. Pourtant, personne n'a été invité pendant ce colloque.
00:24:33 Il n'y a aucune actrice, aucune travailleuse du sexe qui n'a été invitée pour parler des vraies conditions. Le seul témoignage qu'on a eu a été ce matin lors d'une courte vidéo présentée par une intervenante et qui a encore dû se battre pour que vous acceptiez de la passer.
00:24:50 Donc du coup, j'aimerais avoir les justificatifs, en tout cas de l'organisation, sur le principe du contradictoire au sein de ce colloque qui, pour l'instant, n'est absolument pas présent.
00:25:04 (Applaudissements)
00:25:27 Je vous remercie, Madame, pour votre question. Donc nous avons, comme je l'ai présenté ce matin, préparé la programmation avec un ensemble d'associations. Nous avons souhaité apporter du débat, de la nuance, de la contradiction.
00:25:43 La journée n'est pas terminée, donc ce type de remarques auraient été intéressantes en fin de journée. Donc je vous demanderais d'attendre, d'avoir pu entendre toutes les intervenantes et tous leurs points de vue.
00:25:58 Nous avons lancé des invitations très diverses et très larges, notamment à Ovidie, qui avait accepté dans un premier temps et qui a ensuite dû décliner pour des raisons personnelles.
00:26:11 Nous sommes retournés vers certaines réalisatrices qui sont aujourd'hui à l'étranger. Ce n'est pas faute d'avoir essayé d'apporter plus de nuance dans cette journée.
00:26:25 Mais je vous invite vraiment à écouter les propos des intervenantes jusqu'à la fin de la journée pour vraiment déterminer s'il y a eu, comme vous le dites, si peu de nuance. Merci.
00:26:37 (Applaudissements)
00:26:41 On peut prendre une deuxième question au public. Est-ce qu'il y a une deuxième question ?
00:26:52 Bonjour à tous. Moi, je voudrais juste avoir l'occasion de parler avec madame qui est au commissariat de l'égalité, juste pour soulever la question.
00:27:04 Puisque vous avez dit qu'il est important qu'on change les représentations, qu'on a de la femme et qu'on va montrer à nos enfants pour l'avenir.
00:27:12 Et que ça pourrait se faire à commencer avec l'école, etc. Enfin, tout ce qu'on a dit depuis ce matin.
00:27:18 Et j'aimerais savoir dans quelle mesure on pourrait inclure différentes parties, différentes religions ou différents groupes qui existent en France.
00:27:38 Parce que moi, je fais partie d'une communauté religieuse, par exemple, dans laquelle ce genre de débat ne serait pas toléré.
00:27:45 Parce qu'on cherche à maintenir la femme dans une position de soumission. Et donc, au-delà de la pornographie, si on arriverait à supprimer l'industrie pornographique,
00:27:56 on arriverait déjà à changer les schémas qu'on a dans nos têtes. Mais il faudrait, si c'est possible, mais ce serait peut-être un autre débat,
00:28:03 inclure les enfants qui sont dans différentes écoles, y compris de la ville, pour qu'on ait une question d'égalité entre femmes et hommes,
00:28:15 et enfants, etc. qui inclue toute la population française. Je ne sais pas si je me suis bien exprimée.
00:28:23 Oui, mais vous parlez des écoles qui ne seraient pas sous contrat ?
00:28:26 Pas forcément.
00:28:29 Dès qu'il y a un contrat avec l'État, il y a des matières obligatoires. Et normalement, c'est le même programme pour tout le monde.
00:28:35 C'est ça l'avantage de l'école publique et des règles qui existent maintenant. Tout le monde a au minimum les mêmes matières,
00:28:43 quitte à ce que dans certaines écoles confessionnelles, il y ait en plus un enseignement confessionnel.
00:28:50 Mais cette éducation sexuelle et l'éducation au consentement, elle doit évidemment, enfin c'est comme ça que je la conçois,
00:28:56 diffuser partout, enseigner partout, et beaucoup plus que trois séances par an, parce que c'est un travail de tous les jours,
00:29:05 une formation des professeurs pour qu'ils soient sensibles eux-mêmes à ce que c'est qu'un stéréotype,
00:29:12 parce qu'on a constaté, c'est une statistique, que par exemple, les professeurs donnent beaucoup plus facilement,
00:29:18 enfin c'est une statistique générale, je ne veux pas dire que tous les professeurs le font, mais c'est une majorité,
00:29:23 ils donnent plus facilement la parole aux garçons qu'aux filles, par exemple, quand ils demandent aux gens de se lever pour répondre à une question.
00:29:29 Enfin, il y a des tonnes de petits détails, la cour de récréation, et puis il y a surtout tout ce qui peut être éducatif,
00:29:35 il n'y a pas que les cours, il y a les films, les vidéos, les choses adaptées qui peuvent montrer ce que c'est, il y a l'humour qui peut servir.
00:29:42 Je me rappelle une campagne à France Télé qui était formidable, et ça a touché même les plus jeunes,
00:29:48 il y avait des clips pour le 8 mars, c'était il y a 3 ou 4 ans, il y avait les stars de France Télé, les femmes,
00:29:53 qui pinçaient les fesses des hommes à la machine à café, et on disait "oh mon petit chéri, t'es mignon ce matin,
00:29:58 mais t'as l'air d'avoir mal dormi, t'as t'intérêt aujourd'hui ?" C'était très très drôle, quand on inverse les rôles,
00:30:04 on arrive à capter l'attention, mais il faut faire une gigantesque campagne, via l'école, via les réseaux sociaux,
00:30:10 maintenant que c'est ça qui regarde, il faut capter l'attention des enfants et des adultes qui s'en occupent le plus tôt possible,
00:30:17 effectivement, afin de contrecarrer des stéréotypes séculaires, séculaires, et qui en plus continuent à être véhiculés
00:30:26 souvent dans les familles, malheureusement, et peu à peu on y arrivera, mais c'est un travail de longue haleine.
00:30:31 Il y a deux choses à faire, il y a d'une part réprimer ce qui est monstrueux, illégal, et rendre un maximum de choses illégales,
00:30:38 et puis pour ce qui est juste dans les têtes, là on ne peut pas mettre les têtes en prison, il faut les faire évoluer,
00:30:45 que la culture évolue, que les enfants baignent dans un autre jus culturel, que les garçons sont faits pour être ingénieurs et conduire,
00:30:57 et les femmes sont faites pour être infirmières et faire la cuisine à la maison, ce qui ressort de toutes les enquêtes de stéréotypes,
00:31:05 on en a fait, au ACL l'année dernière, et je peux vous donner un scoop, notre prochaine enquête qui va sortir en janvier,
00:31:12 sur l'état du sexisme en France, montre que malheureusement ces vieux stéréotypes machos sont profondément ancrés encore dans la population,
00:31:23 et encore et surtout et malheureusement chez les plus jeunes. Donc il y a un boulot énorme à faire, bien sûr dans l'éducation,
00:31:30 dans tous les systèmes éducatifs, et partout ailleurs.
00:31:35 (Applaudissements)
00:31:43 Merci beaucoup, j'étais ravie de venir vous voir, vous êtes formidable.
00:31:46 Merci Sylvie Pierre-Brosolette.
00:31:48 (Applaudissements)
00:31:51 Merci pour votre intervention cet après-midi.
00:31:54 Et en parlant d'éducation, c'est maintenant l'occasion je crois de faire intervenir nos deux tables rondes, pardon, de l'après-midi.
00:32:05 J'accueille Thomas Feurlet, qui va animer la première de cette deuxième partie de journée.
00:32:13 Il est directeur de l'association SOS Femmes Solidarité, qui lutte contre les violences faites aux femmes,
00:32:21 notamment au sein du couple, et membre, Sylvie Pierre-Brosolette l'a dit, du Haut Conseil à l'égalité. Bonjour Thomas.
00:32:28 Bonjour, pardon, bonjour. Merci beaucoup, merci beaucoup.
00:32:33 Alors, je suis ravi d'entamer cet après-midi qui a pour but, vraiment, non pas de reprendre ce qui a été dit de manière théorique ce matin et jusqu'à maintenant,
00:32:44 mais vraiment d'en faire quelque chose de concret, et de montrer à l'ensemble de ceux qui nous écoutent aujourd'hui,
00:32:48 comment est-ce qu'effectivement on va pouvoir, avec les apports théoriques qu'on a eu ce matin et jusqu'à présent,
00:32:54 comment est-ce qu'on peut travailler directement avec, notamment, les enfants et les adolescents.
00:32:59 Puisque notre table ronde, ça va être de travailler et de se questionner sur l'accès de la pornographie aux mineurs.
00:33:05 Alors pour cette table ronde, je vais inviter, enfin je vais inviter, c'est pas moi qui les invite, je vais leur dire de venir,
00:33:12 simplement sur la scène, Delphine Rideau, Marie Pinsmaill et Thomas Romer, que je présenterai au fur et à mesure des questions que je vais leur poser.
00:33:22 (Applaudissements)
00:33:32 Alors, l'idée, oui c'est vrai, l'idée, je veux juste aussi préciser qu'on va essayer d'être assez concis dans nos interventions,
00:33:39 pour qu'on puisse avoir effectivement après un débat avec vous, pour qu'on ait le temps des questions,
00:33:43 parce que je sais qu'on a beaucoup parlé d'éducation, je sais que l'éducation c'est quelque chose sur lequel on se base beaucoup.
00:33:48 La question de cette table ronde, ça va être de se dire, qu'est-ce qu'on met dedans ?
00:33:51 Qu'est-ce que ça signifie éduquer ? Qu'est-ce que ça signifie, quelles sont les actions locales,
00:33:55 notamment pour les deux associations qui sont représentées ici, Temis et la Maison des Adolescents,
00:33:59 mais aussi avec Thomas Romer, quelles sont les questions autour de la parentalité, de la parentalité numérique aussi,
00:34:03 puisque on a bien vu ce matin, on a bien compris qu'un des moteurs de l'exposition aux violences était la diffusion massive par le biais d'internet et des réseaux sociaux.
00:34:14 Donc, je vais commencer, je vais commencer, donc première question, je vais l'adresser à vous, enfin à toi,
00:34:20 parce que c'est vrai que on se tue toi en dehors, donc je ne vais pas, si ça vous va, je ne vais pas faire plus de formalisme que ça.
00:34:25 Donc à toi Marie, donc Marie Pinsmaille, tu es coordinatrice des actions pédagogiques à l'association Temis,
00:34:31 et tu es éducatrice spécialisée de formation, ça c'est très très bien.
00:34:34 L'association propose donc un accueil individuel à tous les enfants ou aux jeunes qui se questionnent sur ces droits,
00:34:40 et vous proposez également des actions collectives d'éducation à la citoyenneté et aux droits humains.
00:34:47 Alors vous rencontrez les enfants dans leurs différents lieux de vie, ça c'est important, que ce soit la maison, que ce soit l'école,
00:34:53 que ce soit la protection judiciaire et de la jeunesse, que ce soit les clubs sportifs,
00:34:57 vous abordez avec elles différentes thématiques, les droits en ligne, le consentement dans les relations à l'autre,
00:35:02 la prévention des infractions à caractère sexuel, et toi en particulier tu animes des ateliers dans le cadre de mesures d'alternatives aux poursuites
00:35:10 pour des jeunes auteurs de violences sexistes et sexuelles.
00:35:14 Alors ma première question pour cette table ronde, ça va être un petit peu de voir avec toi si, on l'a vu, l'accès est très facile.
00:35:20 Aujourd'hui un jeune à un smartphone, l'âge moyen de son premier smartphone, ça aussi entre 9 et 11 ans, ça dépend un petit peu,
00:35:29 en tout cas voilà c'est très jeune. On sait, ça a été dit ce matin, en deux clics on peut arriver sur du contenu pornographique par l'intermédiaire des smartphones.
00:35:36 On sait que les réseaux sociaux c'est 31% des contenus pornographiques des 15-17 ans, c'est 24% via la messagerie.
00:35:44 Alors ma question pour toi Marie, ça va être effectivement, est-ce que les ados rencontrés à Temis ont conscience des liens entre le smartphone et l'accès qu'ils ont,
00:35:57 entre les messageries qu'ils ont, entre WhatsApp, entre les fans, etc. Et comment est-ce que ça peut être discuté avec eux cette question-là ?
00:36:03 Alors, est-ce que ça marche ? Oui. Alors bonjour à toutes et à tous, je suis ravie d'être avec vous cet après-midi.
00:36:11 Donc comme l'a dit Thomas, Temis mène des actions d'éducation à la citoyenneté et aux droits humains.
00:36:17 On n'est pas les seuls à faire ça, c'est vraiment des actions qui sont complémentaires avec le travail des professionnels de l'éducation nationale
00:36:23 et des autres structures et associations qui sont engagées contre les violences sexistes et sexuelles et pour l'égalité des droits.
00:36:29 Alors nous on rencontre du coup des jeunes dans différentes tranches d'âge, ça va vraiment de l'école primaire jusqu'à des jeunes adultes,
00:36:39 dans différents lieux où ils sont accueillis, où ils sont scolarisés. Pour vous donner un petit peu une idée de chiffre par rapport aux élèves qui sont en primaire,
00:36:48 on rencontre des élèves qui sont en CM1, CM2 dans le cadre de projets quotidiens. Et l'année dernière, on a mené une enquête auprès de 856 jeunes
00:36:57 de l'euro-métropole de Strasbourg et de Colmar qui étaient âgés entre 8 et 11 ans. Et ils nous ont affirmé qu'un enfant sur trois avait été choqué
00:37:08 par des contenus visibles en ligne. Alors c'était à la fois des contenus qui pouvaient être violents ou des contenus pornographiques.
00:37:16 Un enfant sur six nous a aussi dit s'être ressenti en danger sur Internet et les réseaux sociaux. Alors ils ont précisé qu'on leur posait notamment des questions
00:37:25 qui les dérangeaient sur les réseaux sociaux ou sur les jeux en ligne. Des utilisateurs qui essaient d'entrer en contact avec eux pour leur demander des photos d'eux
00:37:32 ont envoyé des photos intimes notamment d'eux. Et notamment, quand il y a cette mise en contact avec des personnes qui ne connaissent pas, il peut y avoir aussi des liens
00:37:44 vers des sites pornographiques. Donc on s'est rendu compte qu'il était vraiment fondamental de dialoguer avec les enfants sur cette question, de parler de leur ressenti
00:37:53 face à ces images, de les orienter vers des adultes de confiance et dialoguer avec eux parce qu'on sent qu'il y a un fort sentiment de culpabilité quand même
00:38:02 puisque les enfants normalement à cet âge-là n'ont pas accès aux réseaux sociaux. Mais on sait bien que dans la réalité c'est différent. Et donc on pense vraiment
00:38:11 que c'est très important de dialoguer avec eux. J'ai souvenir notamment l'année dernière d'un atelier en classe avec des CM2 où un enfant nous a confié
00:38:20 avoir vu des images qu'il nous a dit qu'il ne fallait pas voir avec son cousin qui était plus âgé. Et en fait, on était en cercle dans la classe et il y a quelque chose
00:38:29 de très intéressant qui s'est passé où on a pu vraiment verbaliser le fait qu'on ait été choqué par ces images, qu'on n'ait pas voulu les trouver, qu'est-ce que ça a produit
00:38:38 chez ce petit garçon qui avait 10 ans et qu'il y ait un pouvoir d'action face à ces images choquantes et que le jeune ne se sente pas seul et que la classe sache aussi
00:38:47 qu'on peut ouvrir des espaces de discussion sur ces situations-là. J'ajouterai une dernière petite chose par rapport à l'utilisation des réseaux sociaux.
00:38:56 Notamment pour les ados, on voit qu'il y a une fascination de l'utilisation de la transmission de photos intimes. Ça fait partie aujourd'hui d'une des pratiques
00:39:05 de relations chez certains jeunes. Et voilà, on dialogue avec les jeunes sur cette question du partage de photos intimes, notamment pour questionner la relation
00:39:16 de confiance qu'il peut y avoir entre les jeunes et également la question de la culpabilité, ou en tout cas de la responsabilité de l'acte. Il y a beaucoup de jeunes
00:39:24 qui nous disent que c'est de la responsabilité de la personne qui a envoyé la photo, elle n'aurait pas dû. Donc voilà, nous, notre posture en intervention, c'est de rappeler
00:39:33 que la responsabilité provient uniquement de l'auteur de cette infraction, du coup du non-respect du droit à l'image ou du revenge porn. Et on dialogue beaucoup avec eux
00:39:40 sur cette question de la responsabilité. Il y a certaines idées qui ont vraiment la vie dure en disant "oui mais bon, c'est pas tellement la faute de l'auteur, c'est la personne
00:39:49 à la base qui n'aurait pas dû envoyer". Donc on a beaucoup de dialogues avec les jeunes sur ces questions de la responsabilité. Je vous remercie.
00:39:56 Merci. On reviendra de toute façon sur cette question des conséquences.
00:40:00 Sur cette question des conséquences, effectivement, pour les adolescents, est-ce qu'ils ont une notion un petit peu, des notions de ce qui risque en termes tout à fait légaux.
00:40:10 Mais avant j'aimerais poser la deuxième question à Delphine. Delphine Rideau, tu es assistante sociale de métier et actuellement directrice de la maison des adolescents à Strasbourg,
00:40:19 depuis son ouverture en 2011. Tu es par ailleurs secrétaire générale depuis 4 ans de l'association nationale des maisons des adolescents qui rassemble aujourd'hui à peu près,
00:40:28 on en parlait tout à l'heure, il y a quasiment tous les départements qui sont couverts maintenant par une maison des adolescents, y compris en Outre-mer.
00:40:37 Plusieurs engagements associatifs, plusieurs engagements politiques qui font que pour toi la question de l'ambiance faite aux femmes et particulièrement aux jeunes filles s'impose toujours plus
00:40:46 avec son corollaire relatif à l'éducation des garçons. Et donc ma question qui relève de ton travail à la maison des adolescents,
00:40:55 les adolescents, est-ce qu'ils arrivent à parler du porno, vu ou subi ? Dans quelle mesure il est possible effectivement de leur donner cette parole-là ?
00:41:09 Est-ce qu'ils ont un discours sur ce porno-là ? Est-ce qu'ils ont des moments où ils peuvent effectivement élaborer des choses par rapport à ce qu'ils voient,
00:41:16 plutôt que, comme on a vu ce matin, les absorber ?
00:41:19 Merci, bonjour à toutes et à tous. C'est vrai qu'en maison des ados, on a plutôt un métier d'accompagnement, donc d'écoute des difficultés,
00:41:29 et qu'on pourrait penser que ces questions-là viennent, vu tout ce qui en a été dit en plus ce matin, assez régulièrement, assez quotidiennement.
00:41:40 Je ne crois pas que ce soit tant le cas que ça. Je parle pour la maison des ados de Strasbourg, mais aussi pour les autres maisons des ados,
00:41:48 pour une raison qui me semble importante, c'est qu'on n'a pas suffisamment formé, jusqu'à maintenant, de professionnels pour qu'ils soient en capacité d'aborder ces questions-là,
00:42:00 et de les questionner, en plus, j'ajouterais, de les questionner dans une posture d'accueil et d'accompagnement qui ne soit pas moralisatrice,
00:42:14 ce qui devient là encore plus sensible, et dans une posture d'éducation qui ne soit pas la posture d'éducation qu'on adopte, en tout cas en France,
00:42:30 pour enseigner les maths, l'histoire-géo ou le français. Ce sont des sujets qui nous imposent de pouvoir dialoguer avec des ados,
00:42:39 de pouvoir échanger, de pouvoir débattre, et on a bien entendu tout à l'heure ce besoin de débattre, encore plus pour des ados,
00:42:49 sans imposer une vision, quand bien même on en aurait une, mais sans imposer une vision unilatérale.
00:42:57 Et en l'occurrence, on travaille sur ces questions-là, je crois, sur les écarts, et moi je dirais les écarts entre toutes sortes de nos hypocrisies d'adultes,
00:43:10 l'hypocrisie d'une société capitaliste, l'hypocrisie des pornocrates, on l'a dit beaucoup, mais aussi l'hypocrisie d'énormément de politiques ou de religieux de toutes sortes,
00:43:22 et nous, nous sur le terrain, on va en parler, on est juste face à ça, et à cette obligation qu'on porte, avec je pense d'ailleurs beaucoup de professionnels qui sont dans la salle,
00:43:40 de retisser un lien entre ces écarts, et pour pas dire ces gouffres.
00:43:46 Merci.
00:43:52 Ça nous permettra de revenir aussi effectivement sur la question de la formation des adultes qui doivent accompagner cette parole, puisque c'est pas forcément une chose qui est tout à fait évidente,
00:44:01 mais avant j'aimerais poser une première question aussi à Thomas Romère.
00:44:05 Thomas Romère, donc toi tu es fondateur de l'OPEN, c'est-à-dire l'Observatoire de la Parentalité et de l'Éducation,
00:44:10 donc qui accompagne et incite la communauté éducative à questionner sa pratique autour des enjeux, notamment de l'éducation numérique, et ça tombe bien, puisque voilà, on en a beaucoup parlé.
00:44:19 Alors tu es également expert au sein de différentes institutions, notamment l'ARCOM, on en a un petit peu parlé,
00:44:27 la personne a qualifié aussi au sein du Haut Conseil de la Famille, de l'Enfance et de l'Âge.
00:44:32 Alors ma première question, Thomas, et puis après on pourra effectivement discuter, revenir sur certains points que vous avez déjà avancés et qui me semblent déjà importants.
00:44:40 Ma première question c'est de savoir en quoi, là on va parler de parentalité, puisque parler d'éducation c'est aussi parler de parentalité,
00:44:47 qu'est-ce qui l'accès à la pornographie, alors ma question elle est très large, mais je te fais confiance pour pouvoir effectivement répondre de manière plus concise,
00:44:57 l'accès à la pornographie, modifie-t-il le lien éducatif parent-enfant ? J'entends par là, en quoi est-ce que la sexualité est peut-être plus tabou ou moins tabou ?
00:45:04 Et de fait, en quoi est-ce que la sexualité et l'accès au numérique, parce que les deux, on l'a vu beaucoup ce matin, sont souvent liés,
00:45:11 comment est-ce qu'effectivement ça influe la relation éducative entre parents-enfants ? Comment est-ce qu'on en parle ? Comment est-ce qu'on en parle moins ?
00:45:16 Est-ce qu'on se dit qu'on va supprimer le smartphone, du coup on supprime aussi l'accès au numérique, mais qu'est-ce que ça engage dans la relation parent-enfant ?
00:45:24 C'est un ensemble sur lequel il y a peut-être des premiers éléments à sortir.
00:45:29 Vaste question. Merci, j'en profite pour remercier les organisateurs, les organisatrices de l'invitation.
00:45:38 Je dirais que peut-être que ce sujet ne vient pas modifier le lien, mais le complexifier, parce qu'on a la croisée de plusieurs chemins.
00:45:50 Tu l'as dit, pour rappel, le premier smartphone arrive en moyenne en France, qu'est-ce que ce soit le milieu social entre les mains des enfants en fin de CM1, désormais.
00:46:02 Aux Etats-Unis, ça fait plusieurs années que c'est à l'âge de 7 ans, et on se dirait "je suis tout droit".
00:46:08 Et que quand on questionne les motivations premières des parents sur cet équipement, c'est surtout à des fins de réassurance.
00:46:16 Je veux pouvoir joindre mon enfant 24h/24, 7j/7, voir le géolocalisé, parfois, puisqu'on assiste aussi à ses comportements, malheureusement.
00:46:27 Et quand on regarde ça, qu'est-ce que ça dit ?
00:46:30 Ça dit que beaucoup de familles qu'on rencontre, nous, partout en France, nous envoient pas mal d'un état d'esprit très angoissé des parents, aujourd'hui.
00:46:40 Les parents sont particulièrement angoissés, inquiets, de cette société un peu anxiogène dans laquelle on vit,
00:46:47 et qui est en train de redéfinir aussi un petit peu l'expression de la parentalité.
00:46:51 C'est-à-dire, je trouve parfois qu'on bascule un peu trop dans des postures un peu radicales à ce niveau-là, où être parent se résumerait uniquement à hésiter les risques.
00:47:04 Et je pense que c'est pas ça être parent, en tout cas ce n'est pas que ça.
00:47:10 Et définir sa parentalité uniquement autour d'éviter les risques, c'est en plus quelque chose d'inatteignable,
00:47:15 parce qu'un enfant ne vit pas sous cloche, donc il faut accepter aussi qu'il nous échappe.
00:47:20 Et puis là, je raccroche le wagon avec ta question, c'est que aussi, me semble-t-il, notamment à l'adolescence,
00:47:27 on est au cœur d'un processus d'autonomisation que les adultes doivent accompagner.
00:47:32 Ils ont tous passé par là, et être ados, c'est avant tout s'envoler et voler de ses propres ailes.
00:47:37 Donc sur la question de la sexualité et des images pornographiques, on voit que le dialogue est compliqué, mais il a toujours été compliqué.
00:47:48 Je ne suis pas persuadé que le rôle des parents soit si simple ou si clair que ça, et que forcément ce soit quelque chose qui leur incombe.
00:48:01 La seule chose dont je suis persuadé, c'est que quand on est un adulte et qu'on est en contact d'un enfant ou d'un adolescent
00:48:08 qui est en phase de questionnement sur ces sujets-là, on n'a pas le droit de le laisser tout seul, sans réponse.
00:48:14 Et à minima, si on ne s'en sent pas capable, on réoriente vers des professionnels, vers des associations spécialisées
00:48:21 qui vont pouvoir tout simplement mettre des mots et ouvrir un espace de discussion,
00:48:26 parce que force est de constater qu'on discute très mal de ce sujet en France. La sexualité, on en parle très mal,
00:48:32 toujours de manière très caricaturale, on le voit bien dans les expressions publicitaires, etc.
00:48:38 La sexualité est quand même un sujet de discussion sociale très mal abordé, ou abordé toujours de manière caricaturale.
00:48:44 Et à un âge où on est en quête de repères, où on s'identifie aussi par rapport à une construction, par rapport à ses pères, P.A.I.R.S.,
00:48:51 c'est quelque chose d'assez compliqué, sachant que, bien sûr, ça peut parfois conduire à certains parents à adopter une posture un petit peu radicale.
00:49:03 J'ai juste terminé sur un exemple. Nous, quand on a démarré à intervenir auprès des familles, il y a de ça 7 ans,
00:49:09 on intervenait essentiellement en collège et lycée. Maintenant, on nous demande d'intervenir de plus en plus en école primaire.
00:49:15 Et parfois, quand on dit la vérité aux parents, parce qu'à un moment il faut aussi tenir un discours de vérité,
00:49:22 sans pour autant jouer sur les angoisses, mais la réalité c'est qu'aujourd'hui, il est impossible d'empêcher qu'un enfant accède à ses contenus,
00:49:29 de par l'équipement smartphone, de par les difficultés de régulation qu'on rencontre.
00:49:34 On s'est nous-mêmes pas mal battus pour essayer de tenter de mettre en place une régulation raisonnée et raisonnable,
00:49:40 et pour l'instant c'est un échec. Et donc aujourd'hui, certains parents nous disent "ok, comme vous me dites que c'est impossible
00:49:50 que mon enfant n'y ait pas accès, je vais peut-être faire le job". J'ai des parents qui m'ont tenu ce genre de discours,
00:49:58 c'est-à-dire au niveau d'angoisse que ça génère chez eux, ils se disent "il faut peut-être mieux que moi je regarde un film porno avec eux
00:50:04 et que je déconstruise des images plutôt que d'autres s'en chargent à la place". Non, non, mais je prends cet exemple exprès très polarisant,
00:50:12 mais pour montrer vraiment le niveau d'inquiétude des parents. Bien sûr, évidemment, je rappelle juste, parce qu'il faut que du coup,
00:50:19 si on fait ça, on tombe sous l'article 227-24 du code pénal, donc c'est strictement interdit de faire ça, mais c'est pour montrer quand même
00:50:27 à quel point, par moments, les parents sont démunis face à ces questionnements et peuvent en arriver à des postures complètement contradictoires
00:50:35 et qui vont à l'encontre eux-mêmes de ce qui les anime à savoir protéger leurs enfants.
00:50:39 Merci. Alors justement, pour amener un peu de contenu, parce que là, vous êtes tous les trois d'accord, et on l'a entendu, effectivement,
00:50:47 sur l'éducation, sur des postures éducatives qui ne doivent pas être forcément uniquement dans l'interdit, mais dans l'accueil de la parole.
00:50:54 Alors j'ai envie de vous poser une question, et peut-être Delphine peut commencer à y répondre, puis après ça peut être les uns et les autres qui peuvent intervenir.
00:51:01 C'est finalement cette posture d'éducation, qu'est-ce qu'on doit y mettre dedans pour qu'effectivement cette parole, sur ce sujet-là en particulier,
00:51:09 puisse intervenir de manière libre, sans moralisation extrême, et de manière à ce que l'ado puisse se sentir libre de se dire,
00:51:17 "ben, il y a des choses peut-être que j'aime", mais sans avoir conscience de ce qu'il regarde et de ce qu'on a, nous, décrypté derrière,
00:51:23 parce que nous on a mis une demi-matinée, enfin une demi-journée à décrypter ça, l'ado ne va pas avoir eu le coloc en tête,
00:51:29 donc peut-être se dire, "ben, moi je ne comprends pas, moi c'est des choses qui me plaisent, je ne comprends pas pourquoi c'est mal,
00:51:33 donc comment est-ce qu'on peut travailler cette posture-là sans forcément lui dire non, parce qu'on sait très bien que si on lui dit directement l'interdit,
00:51:39 la première chose qu'on fait, si on dit quelque chose à ne pas faire, on pousse plutôt à faire qu'à ne pas faire, donc est-ce qu'il y aurait,
00:51:45 oui on en a parlé tout à l'heure, est-ce qu'il y aurait effectivement comme ça une posture, parce qu'il y a des professionnels dans la salle qui peut-être se posent cette question aussi ?
00:51:53 Alors, c'est vrai que là, moi je parle vraiment des ados, pas des enfants, je pense que la question se pose pas de la même manière,
00:52:03 et pas non plus des adultes. S'agissant des ados, on est face à un public qui, ça a été dit un petit peu ce matin, du fait de l'entrée dans la puberté,
00:52:19 du fait que tout ça remue beaucoup, n'est pas forcément réceptif à ce qu'on appellerait des messages de prévention classiques.
00:52:30 Alors je suis pas sûre que ces messages de prévention que je nomme classiques fonctionnent non plus toujours, même avec des adultes.
00:52:40 Je vais prendre l'exemple de Fumétu, le porno c'est mal, je suis pas sûre que ça suffise.
00:52:49 Donc déjà, c'est pas des enjeux forcément comme ça de messages chocs, si justement ils sont pas expliqués derrière.
00:52:57 L'autre enjeu, c'est vraiment, j'insiste sur la formation des professionnels, parce qu'il faut pouvoir apporter un certain nombre de connaissances,
00:53:07 et je pense que tous ceux qui se sont confrontés à des actions de prévention avec des groupes d'ados peuvent en témoigner,
00:53:15 mais en les distillant de façon suffisamment bien pensée, avec des outils qui vont permettre aux ados d'échanger, de débattre,
00:53:29 voire de construire eux-mêmes leur pensée préventive, pour eux, pour le groupe auquel ils appartiennent, et pour éventuellement même un groupe plus large.
00:53:43 Ce qu'on essaye de construire avec un certain nombre d'ados, dans un certain nombre de structures aujourd'hui,
00:53:51 c'est surtout pas du prêt-à-penser distillé, le pire étant l'écrit ou le powerpoint, de façon unilatérale,
00:54:02 mais au contraire, se mettre en posture d'écoute, d'attente, de leur questionnement.
00:54:09 C'est des questionnements qu'on peut susciter par des outils, on travaille, pour ce qui nous concerne, à la maison des ados de Strasbourg,
00:54:16 avec Thomas Huard, qui est un designer qui s'est spécialisé dans la conception d'outils pédagogiques, sur d'autres sujets aussi,
00:54:22 et c'est des outils qui permettent d'élaborer une parole, chacun son tour, et qui va faire qu'un certain nombre de sujets vont pouvoir entrer en débat,
00:54:32 et ensuite, on va pouvoir distiller aussi des éléments de connaissances.
00:54:37 Mais le fait d'asséner quelque chose autour de la connaissance, on se rend compte assez couramment que ça produit l'effet inverse,
00:54:44 on a quelque chose de contre-productif, on l'a beaucoup eu, et j'ai été ravie d'entendre un certain nombre de parallèles ce matin
00:54:52 avec la prévention des radicalisations violentes, du terrorisme, et donc, on a travaillé en amont en prévention sur la laïcité.
00:55:02 Et bien la laïcité, vu la manière dont on l'a plébiscité, soutenue dans beaucoup de groupes après les attentats,
00:55:12 a été souvent, dans un certain nombre de situations, individuelles ou collectives, soit clivantes,
00:55:19 donc avec des groupes qu'on a scindés en deux, les pour et les contre, soit en exacerbant pour quelques jeunes,
00:55:25 quelque chose qui était latent du côté d'une forme de radicalisation.
00:55:32 Et c'est aujourd'hui, on l'a bien vu en fait, on est là face à des sujets qui sont possiblement clivants,
00:55:38 et tous ces sujets clivants font qu'un certain nombre de professionnels ne veulent plus s'y confronter,
00:55:43 quand bien même ils ont un socle de connaissances relatifs, et il faut donc y aller à plusieurs, il faut y aller régulièrement,
00:55:51 parce que tant que ce ne sera pas interdit, si ça l'est un jour, on n'a que ça en fait,
00:55:57 mais il faut pouvoir y aller en permettant le débat.
00:56:01 Ça veut dire aussi permettre que nos oreilles, en tant que professionnels, à certains moments saignent.
00:56:09 Parce que ce qu'on va entendre, quand on permet ça, de la part d'un certain nombre de jeunes,
00:56:15 ce n'est pas forcément du tout ce qu'on imagine entendre, et ce qu'on aimerait entendre.
00:56:22 Mais si on n'écoute pas ça, si on ne fait pas cet effort là, on n'a rien fait en fait.
00:56:27 Ok, merci.
00:56:29 (Applaudissements)
00:56:34 J'allais dire la même question pour les enfants, puisque Delphine a répondu pour les ados,
00:56:39 mais peut-être aussi réagir, et après je laisserai Thomas réagir sur cette question.
00:56:42 Alors oui, je voulais rajouter quelque chose par rapport aux ados, du coup.
00:56:46 En fait, je voulais vous partager une expérience qu'on a régulièrement à l'association Temis,
00:56:52 puisqu'on utilise des outils d'animation et d'éducation populaire pour aborder ces sujets avec les jeunes.
00:56:58 Et il y a un outil absolument incroyable qui est le débat mouvant,
00:57:02 où on va donner une affirmation qui n'est ni juste ni fausse,
00:57:06 et où les jeunes vont devoir se positionner s'ils sont d'accord ou pas avec cette affirmation.
00:57:10 Donc ils se déplacent dans la salle et ils argumentent.
00:57:12 L'idée c'est vraiment de débattre sur le contenu.
00:57:15 Et avec les plus grands, on utilise la phrase, avec les plus grands,
00:57:18 donc j'entends collégiens, collégiennes, lycéens, lycéennes et apprentis.
00:57:22 La phrase qu'on utilise c'est "Aujourd'hui c'est positif d'avoir accès à de la pornographie, d'accord, pas d'accord".
00:57:28 Je vous ai rapporté un peu les phrases qui reviennent souvent, les arguments qui sont souvent utilisés par les jeunes.
00:57:33 Quand les jeunes ne sont pas d'accord avec cette phrase,
00:57:37 ils vont dire "Pour les petits c'est pas adapté, ça peut les choquer".
00:57:40 A noter qu'ils ne se considèrent pas vraiment comme touchés par ça,
00:57:43 ils ne parlent jamais d'eux, ils parlent toujours des plus petits qu'eux, même s'ils ont 14 ans par exemple.
00:57:48 Ils vont dire "C'est pas la vraie vie, ça donne une fausse image des relations sexuelles, c'est un peu ce qu'on évoquait ce matin, c'est trop violent, c'est que des hétéros".
00:57:57 Donc là il y a la question de la norme dominante hétérosexuelle aussi,
00:58:00 où les situations vécues dans le porno sont très souvent hétéro-centrées.
00:58:06 Et ça questionne les différentes orientations sexuelles, l'identité de genre.
00:58:09 Donc ça c'est vraiment les jeunes qui apportent ces arguments pendant les débats.
00:58:12 Et il y a des jeunes qui sont d'accord avec cette phrase et qui disent "Ça permet d'éviter à ce que des gens agressent sexuellement les personnes".
00:58:19 Voilà, donc cette fonction du porno est perçue un petit peu comme un exutoire entre guillemets,
00:58:25 pour les pulsions que certaines personnes ne pourraient pas contrôler à leurs yeux.
00:58:28 C'est vraiment les arguments des jeunes que je vous transmets.
00:58:31 Et ils disent souvent "Ça nous permet de savoir comment on fait en vrai pour avoir une relation avec quelqu'un".
00:58:37 Et je pense que ça montre vraiment le besoin criant des jeunes sur cette question-là,
00:58:41 de savoir en fait qu'est-ce qui se passe dans une relation sexuelle, qu'on leur parle vrai aussi en tant qu'adultes.
00:58:46 Et on sent qu'ils sont démunis par rapport à cette question de savoir comment on fait pour rencontrer quelqu'un,
00:58:51 pour être dans une relation avec une autre personne qui soit respectueuse.
00:58:56 Et ils utilisent parfois l'outil du porno dans leur pratique pour un outil pédagogique.
00:59:04 Alors c'est pas du tout ce qu'on souhaite, mais en tout cas c'est une réalité qui nous est transmise par certains jeunes.
00:59:10 Thomas, est-ce que tu veux réagir sur cette question globale ?
00:59:19 Aussi par rapport aux parents, est-ce qu'on peut éduquer les parents à quelque chose dans cet ordre-là ?
00:59:23 Éduquer les parents ? Bonne question.
00:59:28 En tout cas les accompagner, au moins, ce serait déjà pas mal.
00:59:31 Les accompagner, une fois encore, à pouvoir aborder ces questions,
00:59:35 à être conscient de la nécessité d'ouvrir des espaces de discussion au source de ces sujets,
00:59:42 ne serait-ce que montrer un espace de disponibilité.
00:59:45 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce qu'on constate aussi, c'est qu'un jeune enfant qui tombe sur ces contenus,
00:59:50 souvent il y a une espèce de phénomène de sidération qui fait qu'il se replie sur lui-même,
00:59:56 il a l'impression d'avoir fait une bêtise, donc il n'en parle pas.
00:59:58 Et c'est là que les images deviennent extrêmement traumatiques, et que ça a un impact assez fort.
01:00:04 Et donc l'idée, c'est me semble-t-il, la place de l'adulte, et c'est vrai aussi à l'adolescence d'ailleurs,
01:00:09 c'est de montrer aussi des espaces de disponibilité et de discussion,
01:00:14 et qu'une fois qu'on est sollicité, de pouvoir soit y répondre si on s'en sent capable,
01:00:19 et il faut aussi respecter et connaître ses propres limites si on s'en sent pas capable,
01:00:23 pouvoir à minima réorienter vers des ressources, vers des personnes physiques,
01:00:28 parce qu'on parle beaucoup du mal qui vient d'internet, mais les solutions viennent aussi parfois d'internet,
01:00:33 il y a énormément de jeunes qui se mobilisent, il y a énormément de comptes sur Insta qui sont animés
01:00:37 par des jeunes femmes formidables qui cherchent à aussi déconstruire toutes ces notions,
01:00:41 et qui contribuent grandement à faire évoluer le débat.
01:00:44 En tout cas, c'est quelque chose qui me semble impératif, dont il faut qu'on s'embarque,
01:00:49 parce qu'on ne peut pas continuer à mettre des pansements sur une jambe de bois
01:00:54 quand on met en place par exemple une très bonne loi qui a le mérite d'exister sur le harcèlement de rue,
01:01:00 si on ne traite pas les problèmes à la racine.
01:01:03 Donc voilà, il y a une nécessité d'avoir quand même un continuum, que ce soit dans l'exercice de la parentalité,
01:01:10 mais aussi une nécessité que le législateur soit peut-être un petit peu plus à nos côtés.
01:01:16 (Applaudissements)
01:01:24 Oui, excusez-moi, avec question ou sans question, les cinq minutes restantes ?
01:01:29 Avec question, ah ! Donc ça veut dire que, ce que je vous propose, c'est peut-être qu'on passe à l'échange avec la salle,
01:01:34 puisqu'il reste cinq minutes et que j'avais annoncé, donc je tiens ma parole,
01:01:38 pour que vous puissiez éventuellement poser des questions à Marie, à Delphine ou à Thomas
01:01:43 sur cette question de l'éducation et de l'accès des mineurs au contenu pornographique.
01:01:48 Alors je ne sais pas s'il y a des personnes qui veulent effectivement poser des questions.
01:01:53 Alors j'ai une question, ah ! Monsieur et puis après il y a Madame devant.
01:02:00 Merci, je commence par remercier les organisateurs de ce colloque.
01:02:07 Depuis ce matin, on a appris beaucoup de choses et j'étais un peu frustré le matin,
01:02:12 je voulais poser ma question à la sénatrice et puis à la présidente du Haut Conseil, le HCE.
01:02:20 Mais là, je suis content d'avoir la parole parce que je pense qu'il y a des personnes,
01:02:26 peut-être beaucoup plus sur le terrain, plus techniques, qui pourront répondre à mon inquiétude.
01:02:33 Et je pense que l'année dernière ou l'année de ce passé, on a reçu une pétition en tant que parents
01:02:40 où on voulait introduire l'éducation sexuelle pour les enfants à partir de la grande section.
01:02:47 Alors je voudrais vous poser la question de savoir quel est l'intérêt de parler de sexualité à un enfant de la grande section.
01:02:58 Delfine, puis Thomas.
01:03:05 Je pense que déjà quand on parle d'éducation sexuelle ou à la sexualité, tout dépend de ce qu'on cache derrière.
01:03:14 Il y a énormément de choses qui sont faites de manière très différente et incarnées par des personnes aussi malheureusement différemment formées.
01:03:21 C'est un champ sur lequel il y a énormément de choses à faire. C'est vraiment nécessaire de le faire le plus tôt possible.
01:03:28 Je pense tout simplement, comme ça a été dit par Madame Pierre-Brosolette, c'est qu'aborder la question du consentement,
01:03:35 ça me semble nécessaire de faire quasiment les premiers cris de l'enfant.
01:03:41 Et on n'a pas besoin forcément d'ailleurs, chez les tout-petites, de passer par la sexualité pour aborder la question du consentement.
01:03:47 Le consentement, ça commence dans une cour de récréation, je te prends ton ballon, tu ne me le prends pas.
01:03:52 Il y a des moyens aujourd'hui, sans être trop frontal, tout en respectant le rythme de chacun et de chaque enfant,
01:04:00 et aussi ce que souhaitent les familles, d'aborder ces notions et de les faire germer dès le plus jeune âge dans le cerveau des enfants.
01:04:06 Et je pense que c'est même plus qu'une urgence.
01:04:14 Dans le même sens, c'est une question de pouvoir en parler avec tout le monde, à tous les âges.
01:04:24 On a parlé ce matin des différentes classes sociales, de tous les environnements des humains.
01:04:31 Donc ça commence au plus jeune âge, et si c'était que moi, ce serait à partir de la petite section maternelle,
01:04:37 parce que c'est là que commencent les premières relations sociales.
01:04:43 Et donc le consentement, on va l'aborder au travers du ballon, mais on va aussi l'aborder au travers de se tenir la main et du premier bisou.
01:04:51 Dans combien de familles encore on impose aux enfants des bisous qu'ils n'ont pas choisis,
01:04:58 et ils reproduisent ou elles reproduisent ça avec leurs camarades,
01:05:03 c'est quelque chose dont on pourrait vraiment utilement parler déjà avec les petits.
01:05:13 Merci.
01:05:15 Alors je crois qu'Alissa Rabaret, vous aviez une question ?
01:05:18 Si un micro pouvait...
01:05:21 Ou sinon...
01:05:23 Voilà, merci.
01:05:26 Je vous remercie.
01:05:27 Merci à tous les intervenants pour vos propos, c'est très intéressant.
01:05:33 Moi je fais aussi des interventions auprès des jeunes,
01:05:37 et je constate que souvent lors de ces interventions on reçoit des témoignages de violences.
01:05:44 Aujourd'hui je crois qu'avec la multiplication de la pornographie, comme ça vient d'être dit,
01:05:48 il y a une reproduction de ce que les jeunes voient entre eux,
01:05:51 et puis aussi il y a la question de la pédocriminalité et de l'inceste.
01:05:54 D'après le Conseil de l'Europe, c'est un enfant sur cinq qui subit ça en Europe.
01:05:58 Du coup, est-ce que vous avez des conseils ou des bonnes pratiques
01:06:02 pour identifier des enfants qui seraient victimes de violences,
01:06:06 ou alors accueillir la parole des victimes et les témoignages quand ils jaillissent ?
01:06:13 Je vous remercie pour votre question.
01:06:15 Ça nous arrive en fait, heureusement pas régulièrement,
01:06:18 mais c'est vrai que c'est des situations qui arrivent.
01:06:21 Quand on ouvre la parole, le dialogue sur ces questions,
01:06:24 soit de ce qui peut se jouer sur Internet et les réseaux sociaux,
01:06:28 soit dans le cadre du consentement dans les relations intimes,
01:06:32 en général on essaye de permettre à l'enfant ou jeune qui nous confie des propos inquiétants
01:06:38 de pouvoir avoir un espace safe pour discuter.
01:06:40 Donc on va se mettre à l'écart du groupe,
01:06:42 on va expliquer au groupe qu'on a besoin de parler tranquillement avec cet enfant
01:06:45 parce que ce qui a été dit a été important,
01:06:47 parce que parfois ça fuse en plein milieu du groupe
01:06:49 et on a besoin de temps pour se calmer un petit peu,
01:06:52 pour expliquer au groupe qu'on a besoin de prendre le temps avec le jeune,
01:06:55 sans le stigmatiser, mais en expliquant que c'est important.
01:06:58 Et ensuite, en tant que professionnel, on a une obligation de signalement
01:07:01 quand on a des situations d'enfants qui sont en situation de risque ou de danger
01:07:04 ou qui sont victimes d'infractions pénales,
01:07:06 on a cette obligation de signalement,
01:07:08 donc peut-être de tout de suite le signaler,
01:07:10 le signifier à l'enfant ou jeune qui se confie à nous
01:07:12 en disant qu'il va y avoir peut-être des suites par rapport à ce qui est dit,
01:07:16 qu'on sera là pour l'accompagner, pour l'informer,
01:07:19 mais c'est vraiment fondamental qu'il ait tout de suite cette information en tête
01:07:22 et qu'il ne se sente pas piégé par la suite.
01:07:24 Il faut que je me taite ? Non, ça va.
01:07:26 (Rires)
01:07:28 D'accord.
01:07:29 Voilà, en tout cas, c'est peut-être les conseils qu'on pourrait donner
01:07:32 et s'assurer aussi que le signalement parte bien,
01:07:34 que ce soit de l'éducation nationale ou de l'intervenant ou l'intervenante,
01:07:38 mais en tout cas qu'il y ait des suites qui soient données à cette parole
01:07:41 et que la parole ne tombe pas dans le vide.
01:07:43 C'est vraiment intéressant pour un enfant qui se confie et qui ne se passe rien par la suite.
01:07:47 (Applaudissements)
01:07:49 Et si je peux apporter un complément et me faire un peu l'avocat du diable,
01:07:54 quand on intervient notamment parfois en PJJ,
01:07:57 par exemple Protection Judiciaire de la Jeunesse,
01:08:00 ils nous disent aussi qu'en ce moment, il y a aussi un autre phénomène assez inquiétant
01:08:04 qui est par moment, et ça renvoie à la nécessité de former les professionnels,
01:08:10 à la multiplication et l'explosion des signalements, par exemple en maternelle,
01:08:16 parce que tout simplement, moi j'estime que,
01:08:22 je ne sais pas comment ça se passe à la ville de Strasbourg,
01:08:26 donc pardonnez-moi, je vais tenir une généralité,
01:08:28 mais j'estime pour ma part que la plupart des enfants en école maternelle dans notre pays
01:08:33 sont maltraités par l'institution au regard de la piètre considération
01:08:39 qu'on a de leur intimité, ne serait-ce que quand ils se rendent aux toilettes.
01:08:43 (Applaudissements)
01:08:45 C'est-à-dire que comment voulez-vous remettre de la cohérence éducative,
01:08:53 déployer des actions efficaces dès le plus jeune âge des enfants,
01:08:57 quand on fait déféquer à heure fixe des enfants qui sont tout petits,
01:09:02 souvent dans des conditions où aucune intimité n'est respectée,
01:09:05 il n'y a même pas une porte qui ferme,
01:09:07 donc Kevin, 3 ans, passe devant ses petits camarades,
01:09:11 le pantalon baissé, et va chercher un bout de papier toilette qui traîne au fond des toilettes,
01:09:17 parce qu'on en est là quand même dans notre pays,
01:09:20 et ce qu'on impose aux très jeunes enfants,
01:09:22 et je pense que ça serait ne serait-ce que commencer par la base,
01:09:25 les respecter et leur montrer que l'intimité, les adultes sans souci, leur intimité.
01:09:31 (Applaudissements)
01:09:33 Merci. Alors je crois qu'on a encore le droit à une question, non ?
01:09:36 Ah, on n'a plus le droit, j'ai cru qu'on avait le droit encore à une question,
01:09:39 mais en tout cas merci beaucoup, merci beaucoup pour ces échanges,
01:09:41 merci beaucoup pour ces exemples concrets, merci à vous.
01:09:44 (Applaudissements)
01:09:56 Merci à tous les 4 pour cette première table ronde,
01:10:01 j'accueille maintenant Anna Matteoli, qui est directrice du centre d'information
01:10:07 sur les droits des femmes et des familles du Barin.
01:10:10 (Applaudissements)
01:10:13 Je note également l'arrivée de Madame la maire Jeanne Barzéguian,
01:10:17 qui aura pour le coup le mot de la fin, bienvenue parmi nous.
01:10:20 (Applaudissements)
01:10:24 Merci. Et je te laisse la parole Anna, pour présenter cette table ronde
01:10:28 "Sexualité, consentement et plaisir pour une éducation féministe". Merci.
01:10:33 Est-ce que je peux appeler les intervenantes avant, et comme ça je commence ?
01:10:36 Oui, bien sûr.
01:10:37 Donc il y a Diane, Camille et Ursula, si vous voulez venir.
01:10:41 (Applaudissements)
01:10:48 Donc on a préparé un petit numéro de danse, vous vous souvenez des parts ?
01:10:51 Bien sûr.
01:10:52 Oui.
01:10:53 (Rires)
01:10:54 Ah, il faut le machin.
01:10:56 (Propos inaudibles)
01:11:17 Chères participantes, chers participants, j'ai le plaisir,
01:11:22 en tant que représentante du CIDF du Bara, d'animer cette dernière table ronde,
01:11:29 et bien conscience que la fatigue commence à pointer.
01:11:34 Mais dans notre table ronde, on va parler de sexe, de consentement et de plaisir,
01:11:40 donc ça devrait aller.
01:11:43 Notre titre exact, on a un titre un peu plus sérieux,
01:11:48 c'est "Sexualité, consentement et plaisir pour une éducation féministe".
01:11:55 Comme le titre nous invite à poser un regard sur le terme "féministe",
01:12:01 j'aimerais également relever ce terme comme un garde-fou de nos débats.
01:12:06 Et oui, notre débat sera infusé de toutes les valeurs féministes,
01:12:12 c'est-à-dire un refus de domination quelle qu'il soit et un respect de la parole de l'autre.
01:12:19 C'est la lecture de "Joie militante" de Carla Bergman et Nick,
01:12:24 mon accent montgomerie,
01:12:27 qui peut nous alerter sur la nécessité d'avoir des garde-fous dans le domaine militant,
01:12:34 puisque grand scoop, en effet, les bonnes intentions ne suffisent pas.
01:12:38 L'autrice et l'auteur précisent que quelque chose circule dans de nombreux espaces,
01:12:45 mouvements et milieux radicaux, en sapant la puissance de l'intérieur.
01:12:50 C'est le plaisir de se sentir plus radicale que les autres et l'inquiétude de ne pas l'être assez.
01:12:58 Dans le cadre de notre lutte féministe,
01:13:01 il peut être intéressant de résister à ce mouvement en développant une joie militante.
01:13:09 Comment ? L'auteur et l'autrice nous conseillent de réfléchir,
01:13:14 toutes et tous ensemble, à laisser entrer de l'air frais et trouver de l'espace pour se déhancher.
01:13:22 C'est cette méthode que nous nous sommes données pour cette dernière table ronde.
01:13:28 D'autant plus que les constats dramatiques relatifs à la pornographie ont déjà été explorés ce matin
01:13:36 et que les questionnements pourraient encore se développer à travers notamment l'analyse de la culture du viol
01:13:44 et que la complexité des enjeux a pu être relevée ce matin.
01:13:48 Si on revient à la thématique de notre table ronde, c'est bien de relations sexuelles qu'il s'agit, et donc d'intimité.
01:13:56 Comme l'intime est politique, il s'agit alors par une éducation sexuelle, féministe et joyeuse
01:14:04 de poser les fondements d'une société où la domination, la violence, ne s'exprimerait pas comme un modèle des rapports sexuels.
01:14:13 C'est bien donc d'une révolution dont on va parler, mais une révolution sexuelle et féministe.
01:14:22 Je vous propose de reprendre ces questionnements avec nos trois experts, nos trois révolutionnaires.
01:14:29 On verra comment vous voulez vous définir.
01:14:31 J'ai le plaisir de vous présenter.
01:14:34 Tout d'abord, il y a Camille Beau qui est au milieu.
01:14:38 Depuis 2016, tu as été fortement impliquée au sein du planning familial du Barin
01:14:47 et tu es également membre des jeunes militantes du planning familial.
01:14:53 Depuis 2019, tu travailles comme animatrice de prévention au planning familial des Hauts-de-Seine et maintenant à Paris.
01:15:05 Donc notre deuxième intervenante est Ursula Le Men.
01:15:10 Tu es juriste et porte-parole d'OLF, Barin ou Strasbourg ?
01:15:16 National !
01:15:19 Tu as mené l'élaboration et la diffusion de la campagne "Balance ton porno".
01:15:25 Enfin, Diane Sarekhié sera notre troisième intervenante.
01:15:31 Tu es animatrice et formatrice en santé sexuelle depuis 12 ans.
01:15:35 Tu es fondatrice de Sexy Soucis, une association féministe d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle.
01:15:43 Vous pouvez également la retrouver sur Instagram.
01:15:46 C'est le moment d'aller consulter votre Instagram si vous n'êtes pas allée depuis cinq minutes.
01:15:51 Je vous propose de successivement vous soumettre trois questions
01:15:57 et en fonction du temps qui nous restera, pouvoir prendre quelques questions.
01:16:03 Dans un premier temps, pour qu'on puisse mieux vous connaître,
01:16:09 pouvez-vous nous parler de votre structure, vos actions,
01:16:14 notamment si elles s'appliquent à un public uniquement de jeunes ou d'adultes,
01:16:18 et quelques constats que vous avez envie de nous exposer,
01:16:22 en d'autres termes, pourquoi avoir engagé une action en matière d'éducation à la sexualité.
01:16:29 Diane, tu veux commencer ?
01:16:32 Ça a marché.
01:16:36 Pour me présenter rapidement, je suis fondatrice de Sexy Soucis,
01:16:41 une association féministe qui oeuvre dans le champ de la santé sexuelle.
01:16:45 Je tenais à dire en préambule de ma prise de parole,
01:16:49 et je serai très brève puisque ce n'est pas l'objet de notre table ronde,
01:16:53 pour moi c'était important de marquer le fait que ma posture et celle de Sexy Soucis
01:16:58 sont plutôt dissonantes par rapport à ce qui nous a été présenté depuis ce matin,
01:17:02 dans le sens où on ne se positionne pas contre la pornographie,
01:17:06 pour nous le fait que les jeunes et les moins jeunes consomment de la pornographie
01:17:10 n'est ni bon ni mauvais, il est, et on fait avec.
01:17:14 Nous croyons que c'est en abordant ce constat de manière pragmatique
01:17:18 qu'on peut au mieux saisir les enjeux de cette consommation de porno,
01:17:21 en discuter sans jugement avec les jeunes et les moins jeunes, encore une fois,
01:17:25 et aussi repérer et prévenir d'éventuelles situations de violence ou d'emprise.
01:17:29 On pourra revenir dessus tout à l'heure, parce qu'il y a une question qui a été posée,
01:17:33 peut-être revenir aussi sur ce que peuvent être des signaux
01:17:37 qui peuvent aider à dépister des situations de violence,
01:17:41 que ce soit intrafamiliales, conjugales ou autres.
01:17:44 Et pour terminer sur ce petit disclaimer, à nos yeux,
01:17:48 la porno n'a pas le monopole du sexisme, du racisme, des LGBT-phobies
01:17:52 des associations stéréotypées des corps et des rôles de genre.
01:17:56 On les retrouve partout dans la société, dans les publicités, dans les films,
01:17:59 dans les séries, dans la littérature, etc.
01:18:02 Ça aurait été bien étonnant que la pornographie en soit dépourvue.
01:18:05 (Applaudissements)
01:18:09 Pour revenir à nos actions, sur le terrain,
01:18:18 puisque on est également une association de terrain,
01:18:22 nos actions se font principalement auprès de publics ados et jeunes adultes,
01:18:26 lors d'animations ou de stands, en milieu scolaire ou festif,
01:18:30 beaucoup en milieu festif, même si pendant le Covid, évidemment,
01:18:32 cette partie-là a un peu disparu, puisqu'il n'y avait plus de fêtes.
01:18:36 C'est ainsi que, récemment, on a pu participer à une conférence
01:18:40 qui s'appelait "C'est mon corps" et qui était menée à l'université de Nanterre,
01:18:44 où on a pu échanger avec les étudiants et étudiantes
01:18:48 sur les questions du consentement, de la contraception, de l'anatomie,
01:18:52 du plaisir, mais aussi des cyber-violences.
01:18:56 L'association Sexy Soucis a également une mission de formation
01:19:00 des professionnels du médico-social, de la jeunesse et de l'éducation à la vie affective,
01:19:04 relationnelle et sexuelle. C'est dans ce cadre, par exemple,
01:19:08 qu'on a formé récemment les professionnels de l'IREPS Nouvelle-Aquitaine,
01:19:12 des professionnels en Belgique et, plus récemment encore, du planning familial à Angers.
01:19:16 Quelle que soit la forme que prend l'action ou le public que nous visons à ce moment-là,
01:19:20 notre approche féministe, pro-choix et droit des personnes LGBTQIA
01:19:24 est toujours au cœur de la démarche. Et je vais m'arrêter là pour cette première question.
01:19:28 Merci beaucoup Diane de nous avoir présenté le cadre dans lequel tu interviens.
01:19:34 Et je propose à Camille alors de continuer.
01:19:38 Est-ce qu'on m'entend ? Oui, super. Du coup, pareil, avant de commencer,
01:19:42 vous l'avez peut-être vu, le planning familial de Strasbourg a sorti un communiqué de presse.
01:19:46 Donc je voulais qu'on rappelle effectivement qu'au planning familial,
01:19:50 on n'est pas en accord avec le thème qui a été choisi et on se questionne
01:19:56 par rapport à l'amalgame qui est fait entre la pornographie, le travail du sexe
01:20:00 et les violences faites aux femmes et aux minorités de genre. Nous, on s'interroge
01:20:04 sur la notion aussi d'interdiction à propos de la pornographie, puisque pour nous,
01:20:08 interdire l'accès à la pornographie chez les jeunes n'empêchera pas sa visualisation
01:20:12 et ça permet aussi de renforcer son tabou, alors qu'on devrait plutôt promouvoir
01:20:16 un regard critique fondé sur le consentement envers les productions pornographiques,
01:20:20 qu'elles soient alternatives ou non, et un espace de dialogue afin de déconstruire
01:20:24 aussi les stigmatisations subies. Au planning familial...
01:20:28 (Applaudissements)
01:20:32 Donc le planning familial, j'imagine que vous connaissez un peu, c'est une association
01:20:36 qui date de 1956, qui a été créée par des militants et militantes qui défendaient
01:20:40 dans un premier temps l'accès à la planification volontaire, notamment sur la contraception
01:20:44 et l'avortement, puis ensuite en 1960, ça s'est fait appeler le planning familial.
01:20:48 Et maintenant, on intervient vraiment dans les champs de droit sexuel et reproductif,
01:20:54 sur les thématiques de la vie affective et sexuelle. Et en tout cas, nos différentes
01:21:00 actions, elles sont assez larges, autant on peut proposer des consultations médicales
01:21:04 pour un accès à l'avortement pour tous et toutes, également un accès à la contraception,
01:21:10 mais aussi on intervient auprès de publics scolaires, mais pas que, aussi auprès des
01:21:16 jeunes, mais des moins jeunes, dans des animations, des séances d'éducation à la sexualité,
01:21:20 dont on aura l'occasion de revenir un peu plus par la suite. Et également, on propose
01:21:26 des entretiens individuels, des entretiens collectifs, et on a également un numéro
01:21:32 vert, qui est un numéro gratuit et anonyme, pour que les personnes qui ne souhaitent pas
01:21:36 forcément se déplacer puissent aussi appeler et être informées et orientées concernant
01:21:40 les sexualités, la contraception et l'avortement, encore une fois. Et les violences, tout à
01:21:48 fait. Je laisse la parole à Ursula.
01:21:52 Merci Camille de préciser dans quel cadre tu interviens, et c'est vrai que cette première
01:22:00 question montrera nos différences de manière globale sur cette question, qui sont à priori
01:22:06 les différences partagées dans la salle, et je pense que les questions d'après montreront
01:22:11 ce qui fait commun entre nous. Ursula, si tu veux intervenir.
01:22:15 Oui, alors, Osel Féminisme, on est une association qui a été créée en 2009, donc on a fêté
01:22:19 nos 13 ans cette année. On est une association militante et également généraliste, c'est-à-dire
01:22:25 qu'on va vraiment traiter tout type de sujet qui intéresse de près ou de loin les droits
01:22:29 des femmes, et évidemment la lutte contre les violences contre les femmes. On est présente
01:22:33 dans toute la France, donc on est une association à dimension nationale, et notre programme
01:22:39 tout simplement c'est détruire le patriarcat, est-ce que vous êtes avec nous ou pas ?
01:22:43 (Applaudissements)
01:22:49 Ensuite on a différents modes d'action qui, idem, se déploient vraiment sur toute la France.
01:22:54 Donc ça va être tout d'abord le plaidoyer, qui est mené principalement par les porte-parole,
01:22:58 donc ça va être auprès des élus, des institutions publiques, que ce soit françaises, européennes,
01:23:02 internationales, pour vraiment faire avancer le niveau de féminisme dans la société.
01:23:06 Ça va également pousser les sujets féministes dans le débat public, notamment à travers
01:23:10 les interpellations dans les médias, donc interpellations de l'Etat mais pas que,
01:23:14 pour parler des défaillances qui existent en la matière, à travers également aussi
01:23:18 des tribunes et des communiqués de presse. Plus récemment, on a aussi commencé un nouveau
01:23:23 volet qui sont les actions en justice, donc on est partie civile dans les deux procédures
01:23:28 pénales qui vont avoir lieu, les procès bientôt, enfin dans quelques années, contre
01:23:33 donc Jacquie et Michel et donc l'affaire qui est dite Pascal O.P., dont on a parlé ce matin.
01:23:38 Donc on est partie civile dans ces deux procédures et on accompagne une soixantaine de victimes
01:23:42 et donc le chiffre grandit de jour en jour. On a également attenté une action en justice
01:23:48 contre Miss France, devant les primes d'hommes, on aura le résultat en janvier.
01:23:53 Également, et ça c'est vraiment le cœur de ce qu'on fait, on fait de la sensibilisation
01:23:58 auprès du grand public, donc ça va s'organiser à travers les différentes antennes mais
01:24:02 aussi au niveau national, à travers nos réseaux sociaux, etc. Donc ça prend la forme d'événements
01:24:07 féministes, de manifestations, d'interventions en milieu scolaire, et donc je développerai
01:24:11 un peu plus tout à l'heure, de la création de contenu féministe pour nos réseaux sociaux
01:24:16 et principalement sur Instagram, on a environ 90 000 abonnés. Et on est surtout connus
01:24:22 pour nos grandes campagnes nationales, qui a toujours été vraiment la marque de fabrique
01:24:26 d'OZL Féminisme, qui sont ensuite diffusées sur plusieurs plateformes, donc des campagnes
01:24:31 multiplateformes, qui sont développées par les groupes de travail thématiques de l'association,
01:24:36 donc pour en citer quelques-uns, on a un groupe qui est dédié au féminisme antiraciste,
01:24:40 un groupe qui est dédié à l'abolition de la marchandisation du corps des femmes,
01:24:44 un groupe qui s'appelle Féminisme et Justice, et un groupe sur la libération des sexualités,
01:24:48 qui est le groupe qui a développé tout notre contenu sur l'éducation à la vie sexuelle
01:24:54 et affective, dont je développerai aussi tout à l'heure. Pour un peu présenter le
01:24:58 groupe Libération des sexualités, on l'appelle aussi l'Effrongine, et donc il est consacré
01:25:02 à la création de nos analyses et de nos supports concernant l'éducation à la vie
01:25:06 sexuelle et affective. Et ce qui est important aussi pour poser un cadre, nous à OZL Féminisme,
01:25:12 tout notre travail, que ce soit sur le contenu d'éducation à la vie sexuelle et affective,
01:25:17 mais pas que, se fait vraiment en conscience du fait qu'on se trouve dans une société
01:25:21 patriarcale de prime abord, et une société où la pornographie et son imagerie est omniprésente
01:25:27 d'autre part. Je te rejoins, c'est évidemment pas uniquement sur les sites pornographiques,
01:25:32 ça se trouve partout, l'imagerie pornographique, l'imagerie d'objectification des femmes,
01:25:36 c'est omniprésent. Pour n'en citer qu'une, mais il y a d'autres études qui ont été
01:25:39 citées ce matin, il y a une étude européenne qui a compacté des études faites dans 5
01:25:46 pays européens, et donc ça a déterminé qu'en moyenne, 47% des garçons de 14 à 17 ans
01:25:52 regardent régulièrement de la pornographie, et 4% des filles du même âge. Donc notre
01:25:57 travail au quotidien prend vraiment en compte ces réalités, et l'impact du porno sur les
01:26:01 jeunes auxquels nous nous adressons, notamment les impacts sur le cerveau, que a détaillé
01:26:06 tout à l'heure madame Hernández, et donc on est vraiment en conscience de cette réalité
01:26:13 là, de ces impacts là, sur leur sexualité, l'adhésion au mythe de la culture du viol
01:26:18 qui est renforcée sur l'image de soi, et donc c'est dans ce contexte là qu'on travaille.
01:26:22 Alors merci pour la présentation, toutes les trois. Il est important de poser le contexte
01:26:29 dans lequel les outils que vous utilisez prennent vie, et là on va passer à la question plus
01:26:37 concrète, quels sont les outils que vous mettez en œuvre dans vos interventions, et
01:26:42 je propose de recommencer, peut-être par Camille pour changer un petit peu.
01:26:48 Oui, alors le planning féminin c'est une association féministe et d'éducation populaire,
01:26:53 et du coup on a vraiment à cœur d'engager nos publics grâce à une approche qui place
01:26:59 les personnes au centre de leur apprentissage, et on va reconnaître la légitimité des savoirs
01:27:04 de chaque personne sur sa propre sexualité, et aussi sur son propre contexte de vie, puisque
01:27:10 c'est vraiment partir des situations complexes que les personnes vont vivre pour les accompagner
01:27:15 dans leur cheminement, dans une approche non jugeante, et vraiment centré sur la personne,
01:27:20 tout en apportant les informations et les connaissances nécessaires à l'exercice de
01:27:25 leurs droits et à la formulation de leurs demandes et de leurs besoins, et ça va notamment
01:27:29 avec un programme qu'on met en place qui s'appelle un programme Jeunes Relais, qui
01:27:33 est la formation de jeunes qui leur permettent de devenir par la suite des personnes ressources
01:27:37 auprès de leur père, donc c'est vraiment renforcer leur capacité de chaque personne
01:27:42 à aborder les questions de sexualité, développer l'écoute active, et promouvoir une réduction
01:27:47 des risques. On parlait aussi tout à l'heure des enfants, on a aussi un programme qui s'appelle
01:27:54 le ProDAS, où c'est vraiment se baser sur les compétences psychosociales, et donc travailler
01:28:00 sur les émotions à partir de situations concrètes des personnes, par exemple c'est
01:28:04 aller dans une classe et proposer de mettre un chapeau sur la tête pour respecter un
01:28:10 cadre confidentiel, et partir de par exemple le jour où j'ai eu peur, où chaque personne
01:28:14 vont réfléchir à cette situation là, et vont réfléchir de comment je peux me sortir
01:28:21 de cette situation là pour ne plus avoir peur, et réfléchir aussi notamment potentiellement
01:28:26 collectivement, mais ça passe aussi par des outils inclusifs qu'on va avoir pour proposer
01:28:33 des représentations diverses et variées de toutes les orientations sexuelles, des identités
01:28:38 de genre, et pas produire aussi un discours normatif sur les notions de famille ou de
01:28:43 couple, et justement sortir de ce cadre hétéro cis normatif qui est partout, en questionnant
01:28:49 les normes de genre.
01:28:51 - Camille, peut-être parce que je pense qu'il y a eu un petit afflux dans la salle ce matin,
01:28:56 est-ce que tu peux définir hétéro cis normatif ?
01:29:01 - Je pense que ça peut être intéressant.
01:29:03 - Oui, alors l'hétéro cis normativité c'est la norme dominante dans la société de hétéro
01:29:11 sexuel, et cis pour les personnes cisgenre.
01:29:15 - Cisgenre ?
01:29:17 - Pour les personnes qui ont leur sexe assigné à la naissance et qui se reconnaissent dans
01:29:23 leur genre assigné à la naissance.
01:29:25 - Merci Camille, et désolée de cette interruption.
01:29:27 - Non, pas de soucis.
01:29:29 Donc voilà, effectivement, des outils inclusifs, et questionner les normes de genre et les
01:29:36 représentations sexistes, et les LGBT-phobies notamment, pour tenter de les déconstruire.
01:29:41 Et c'est vraiment au plenifamilial, on s'attache dans ces actions collectives à rendre visible
01:29:47 la diversité des relations affectives et amoureuses possibles, et les séances d'éducation
01:29:54 à la sexualité sont centrales aussi dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
01:30:01 Ça permet de prévenir ces violences par la prévention et l'apprentissage du consentement,
01:30:06 et ça peut être un dépistage des violences dont on pourra peut-être revenir par la suite.
01:30:13 - Et peut-être Camille, juste l'âge des enfants, et est-ce qu'il y a des adultes aussi
01:30:19 auprès desquels ces séances peuvent être faites ?
01:30:23 - Oui, alors ça va dépendre d'où on intervient.
01:30:27 Quand on intervient dans les milieux scolaires, forcément quand c'est des élèves qui sont
01:30:32 en 6ème, ça va être autour de 11 ans, mais on peut aussi intervenir auprès d'adultes,
01:30:37 et même dans des centres sociaux, mais ça va être plus notamment sur la relation par
01:30:44 enfant par exemple.
01:30:45 Donc on va vraiment adapter nos sujets en fonction, encore une fois, de la demande des
01:30:51 personnes, puisque voilà, on met vraiment au cœur les personnes dans nos actions.
01:30:57 - Merci Camille.
01:30:58 Ursula, est-ce que tu veux prendre la suite ?
01:31:01 - Oui, alors on va voir si ça marche le PowerPoint.
01:31:05 Visiblement, non.
01:31:07 Donc j'avais...
01:31:08 Voilà, merci.
01:31:09 Merci beaucoup.
01:31:10 Alors, pour revenir un peu sur le matrimoine de l'association, je voulais commencer par
01:31:14 parler de cette campagne qu'on avait sortie en 2011 qui s'appelait "Osai le Clito".
01:31:18 Et donc vous allez voir qu'il n'y a pas si longtemps, c'était vraiment provocateur
01:31:23 de parler de clitoris, puisqu'on a eu la presse qui titrait des articles disant "Osai
01:31:26 le Clito, les féministes vont-elles trop loin ?"
01:31:29 Donc on revient de loin, puisqu'à l'époque, en 2011, le clitoris n'existait pas dans
01:31:34 les manuels scolaires, c'est que depuis 2017 que dans certains manuels scolaires, le clitoris
01:31:38 est apparu.
01:31:39 Et donc vous pouvez voir dans le contenu de l'article que je vous ai mis un peu, les
01:31:42 campagnes chocs, voilà.
01:31:45 Et donc on revient de loin, donc ça c'était un peu l'étape matrimoine de l'association.
01:31:50 Et donc c'était aussi le point de départ du travail d'Osai le Féminisme sur le contenu
01:31:57 d'éducation à la vie sexuelle et affective.
01:31:59 En fait on démarrait de là, c'est-à-dire simplement informer sur l'existence du clitoris
01:32:03 et de son utilité pour la sexualité.
01:32:07 Alors ensuite, notre travail s'est développé au sein du collectif Les Frangines dont je
01:32:12 vous parlais un peu tout à l'heure.
01:32:14 Donc qui sont les Frangines ? Les Frangines c'est un groupe de militantes, bénévoles
01:32:18 je précise, qui travaille à déconstruire les sexualités des filles et des femmes dans
01:32:23 le but de libérer des violences.
01:32:25 Le contenu qui a été produit par le groupe des Frangines c'est tout simplement ce que
01:32:30 nous on aurait aimé savoir et le contenu auquel on aurait aimé avoir accès quand nous
01:32:34 on était adolescente ou même avant, c'est-à-dire même enfant.
01:32:38 Tout ce qui nous a manqué en fait dans la construction de notre sexualité.
01:32:42 Et également bien sûr proposer une alternative féministe à la pornographie.
01:32:46 Pourquoi ? Parce que je vous le disais tout à l'heure quand je vous parlais du contexte
01:32:49 dans lequel on se place, on sait et on a tout à fait conscience et en fait c'est une réalité
01:32:53 de terrain que quand on intervient auprès des jeunes, on intervient toujours après
01:32:56 la pornographie.
01:32:57 On intervient en réaction, en réponse à la pornographie.
01:33:00 Et donc forcément notre travail se trouve complètement dimensionné par ça.
01:33:04 Alors on a commencé par créer un site internet, donc ça a pris beaucoup de temps parce que
01:33:09 comme je vous le disais on est toutes bénévoles.
01:33:12 Ce travail a commencé en 2016 et le site internet a été publié en 2020.
01:33:16 Donc la tranche d'âge visée par le site internet c'était plutôt collège.
01:33:21 Le but du site internet c'était de revenir sur un certain nombre de mythes qui existent
01:33:25 autour de la sexualité.
01:33:27 Donc par exemple la première foi, la virginité, ce qu'on appelle nous aussi le syndrome des
01:33:32 coucougnettes bleues.
01:33:33 Donc pour vous définir un peu ce que c'est, c'est quand un homme par exemple va dire,
01:33:38 si on commence à avoir un rapport sexuel et qu'en fait on n'en a plus envie, il va dire
01:33:43 "ah oui mais si je n'éjacule pas j'ai mal".
01:33:46 Donc c'est ça en fait le syndrome des coucougnettes bleues, c'est vraiment cette rétorique en
01:33:49 fait qui a pour but d'obliger en général la fille ou la femme en face à quelque part
01:33:55 rendre service à l'homme qui souffre.
01:33:58 Et donc également on a sur le site internet une partie sur tout simplement le corps des
01:34:08 filles, donc là les parties du corps etc.
01:34:11 Aussi comme je vous le disais parce que ça a été éminemment invisibilisé dans l'histoire
01:34:16 et ça l'est encore toujours malheureusement beaucoup.
01:34:18 Et aussi une partie glossaire, donc tout simplement les mots que les jeunes peuvent rencontrer
01:34:24 sur internet ou ailleurs d'ailleurs et qu'ils ne comprennent pas forcément, donc tout simplement
01:34:28 une partie définition.
01:34:29 Donc le travail s'est poursuivi avec la création d'un compte Instagram qui lui est aussi dédié
01:34:39 plutôt aux tranches d'âge collège lycée.
01:34:41 Donc tranches d'âge collège lycée, et donc là l'intérêt du compte Instagram c'est de
01:34:51 pouvoir aussi rentrer en dialogue avec les filles qui nous posent des questions sur Instagram
01:34:57 que ce soit via commentaire, que ce soit via MP.
01:34:59 Et donc vraiment être dans cet échange avec les filles qui nous posent des questions,
01:35:06 qui réagissent à notre contenu et donc aussi de faire de la médiation, de la sensibilisation
01:35:10 par ce biais là.
01:35:12 On a également plus anecdotiquement une page Facebook des frangiles mais en réalité
01:35:17 c'est vraiment plutôt sur le compte Instagram qu'on s'est concentré.
01:35:21 Et donc tout ce travail a abouti à la publication en septembre 2021 d'un livre qui s'appelle
01:35:28 "Petit guide pour une sexualité féministe et épanouie", donc tout un programme.
01:35:32 Là aussi c'est le fruit d'un long travail militant et encore une fois bénévole des
01:35:38 militantes aux ailes féministes, donc ça a pris à peu près un an et demi d'écriture
01:35:41 pour sortir, enfin publier ce livre, sachant qu'il y avait déjà le travail de base qui
01:35:46 avait été fait sur le site internet.
01:35:48 Et donc ça a été un travail d'écriture collective, en sororité, c'était pendant
01:35:53 la période du Covid, donc c'était beaucoup de réunions via Zoom, ensuite partage des
01:35:58 tâches, etc.
01:35:59 Donc vraiment dans la joie et dans la sororité et vraiment dans le partage des points de
01:36:05 vue, le dialogue, le débat.
01:36:07 Et donc on a réussi à aboutir à la publication de ce livre il y a un an déjà, vous pouvez
01:36:11 le retrouver d'ailleurs au stand du Quai des Brumes.
01:36:14 Et là, la tranche d'âge visée, c'était aussi collège, lycée, à partir de 13 ans
01:36:20 plus ou moins, mais on dit que c'est le livre de toutes les premières fois, donc ça peut
01:36:24 également être très utile pour les adultes.
01:36:26 Alors, pour vous détailler un peu le contenu du livre, il y a plusieurs chapitres, donc
01:36:31 là on les a mis en BD, sur le corps, la sexualité, la santé sexuelle, les relations affectives
01:36:39 et sexuelles, le plaisir féminin, les relations en ligne et enfin la culture du viol.
01:36:43 Donc on a voulu garder la partie sur les violences dans un chapitre dédié, tout simplement
01:36:48 pour que les lectrices et les lecteurs puissent naviguer dans le livre et s'intéresser par
01:36:52 exemple au sujet des violences, que si elles sont prêtes ou prêts et ont en fait les
01:36:57 armes ou le bon mood pour s'attaquer à ce sujet là.
01:37:01 Mais dans le reste du livre, on a développé toutes les thématiques que je vous ai dites
01:37:05 précédemment.
01:37:11 Donc dans le livre, on adresse bien évidemment la question de la pornographie, on explique
01:37:16 comment la pornographie fonctionne et existe en tant qu'industrie, comment elle infiltre
01:37:21 également la culture mainstream, donc les pubs, la télé-réalité, les réseaux sociaux,
01:37:26 en parlant de culture pornographique.
01:37:28 Tout ça c'est basé sur des travaux sociologiques, scientifiques, de féministes universitaires
01:37:33 ou d'universitaires qui ne sont pas forcément féministes d'ailleurs.
01:37:36 Et donc l'impact que ça peut avoir sur l'image de soi, la déformation des corps, comment
01:37:40 ça peut être un vecteur de violence, un peu tout ce qu'on a abordé ce matin aussi
01:37:43 avec les experts scientifiques.
01:37:45 Dans le livre aussi, tout au long de tous les chapitres, il y a des témoignages systématiquement,
01:37:50 donc pour illustrer ce dont on parle, on pense que tout simplement en parler entre nous,
01:37:55 c'est aussi important de créer cette sororité, de dire "Ok, il n'y a pas que moi qui ai
01:38:00 ce vécu là, il n'y a pas que moi qui me sens comme ça", parce que souvent on le
01:38:04 sait, c'est des sujets qui sont assez tabous.
01:38:06 Et donc également l'importance de la BD, des dessins, pour là aussi être un outil
01:38:13 de médiation plus ludique en fait, pour faire passer nos messages féministes.
01:38:18 Donc c'est vraiment sur ces méthodes là qu'on a développé le livre.
01:38:23 Ursula, est-ce que tu as encore beaucoup de choses à dire ?
01:38:30 Non, j'ai juste cette slide là.
01:38:33 C'était pour savoir.
01:38:34 J'ai bientôt fini.
01:38:35 Alors on a également développé une campagne qui s'appelle "Balance ton porn" cette fois-ci
01:38:39 sur le compte Instagram national d'Oseille Féminisme, qui là était vraiment uniquement
01:38:44 sur le sujet de la pornographie et qui s'adresse à un public beaucoup plus large, donc ça
01:38:47 peut aller vraiment des jeunes jusqu'aux adultes.
01:38:50 Et je vous en parlerai aussi un peu plus longuement tout à l'heure, mais je vous invite à aller
01:38:53 regarder sur notre Instagram la campagne "Balance ton porn", on l'a publiée en novembre 2020
01:38:58 et à nouveau en novembre 2021.
01:39:01 Et juste pour finir, tout le contenu que je vous ai présenté avant sur l'éphangine,
01:39:07 on le développe également en module pour des interventions au milieu scolaire.
01:39:10 Donc ça aussi c'est une action qu'on mène.
01:39:13 Merci Ursula.
01:39:15 Alors peut-être Diane, c'est vrai que tu as, je pense on peut dire, beaucoup d'expérience
01:39:26 dans l'éducation, les interventions collectives, pourtant sur l'éducation à la sexualité.
01:39:33 Est-ce que tu veux nous en dire plus par rapport à ces actions-là ?
01:39:39 Et notamment, c'est vrai qu'on a beaucoup parlé des lycéens, des collégiens, et comme
01:39:44 il y avait la question tout à l'heure des plus jeunes, je sais qu'il y a déjà une
01:39:49 partie de la réponse qui a été donnée, mais si jamais tu veux aussi en dire quelque
01:39:52 chose, c'est...
01:39:54 Ce serait bien volontiers, mais moi je n'interviens pas auprès des plus jeunes.
01:39:57 C'est déjà une réponse.
01:39:59 Qui intervient ?
01:40:00 Je n'interviens pas auprès des plus jeunes, mais je pense que ce qui a été dit sur la
01:40:02 table ronde précédente, du fait qu'il y a plein de notions qui bénéficieraient à
01:40:06 être discutées et amenées dès le plus jeune âge, avec des contenus adaptés à l'âge,
01:40:11 je pense que c'était très clair et très bien.
01:40:15 Les enfants avant l'adolescence, c'est vraiment pas trop mon domaine.
01:40:20 Je suis plutôt sur ados et jeunes adultes, et adultes moins jeunes d'ailleurs.
01:40:24 Mais alors peut-être, avant de te laisser la parole, peut-être constater quand même,
01:40:27 parce que Camille, il me semble que tu parlais aussi de collégiens et de lycéens, et peut-être
01:40:32 qu'il serait intéressant de voir ce qui peut se faire pour les plus petits.
01:40:36 De toute façon, ce qui serait intéressant, ce serait que la loi de 2001 soit appliquée.
01:40:40 Déjà pour commencer, je pense que ce serait pas mal, même si c'est vrai qu'on a pu
01:40:45 entendre ce matin que l'éducation ne servait à rien.
01:40:47 Moi je pense que ça sert à quelque chose, je pense que c'est fondamental.
01:40:50 Je pense que c'est comme ça qu'on fait bouger les choses, lentement, malheureusement,
01:40:54 et à la force des bras et en râmant et tout, mais vraiment je pense que c'est fondamental.
01:40:59 Et que effectivement, la situation à l'heure actuelle en France, c'est que, en tout cas
01:41:03 moi sur les jeunes que je rencontrais en lycée ou en CFA, je leur demandais s'ils avaient
01:41:07 déjà eu des séances d'éducation à la vie affective et sexuelle.
01:41:10 La plupart du temps c'est non, ça veut dire qu'ils ont un one-shot une fois, deux heures,
01:41:14 pour couvrir des questions qui vont de la prévention des IST à la contraception, en
01:41:18 passant par le consentement, le sexisme, le rapport à soi et à son corps.
01:41:22 Donc effectivement c'est un petit peu compliqué.
01:41:25 Donc si c'était appliqué, ce serait déjà pas mal.
01:41:27 Juste pour parler de ce qui distingue peut-être, ce qui fait qu'elles ne sont pas si classiques
01:41:32 que ça, les actions de sexisme aussi, je voulais vous parler de ce qu'il y a sur nos stands
01:41:37 par exemple.
01:41:38 Donc sur nos stands, en plus des classiques préservatifs internes et externes, qu'on
01:41:43 a appelé anciennement féminin et masculin, et du lubrifiant, nous aussi on essaye de
01:41:49 mettre en avant des outils qui viennent parler et s'adresser à des personnes qui ne sont
01:41:53 pas forcément cisgenres, qui ne sont pas forcément hétérosexuelles, et qui n'ont
01:41:57 pas forcément des rapports pénétratifs avec une verge.
01:42:00 Donc par exemple ça va être avoir des brochures sur le lavement anal, qui peut concerner toutes
01:42:05 les personnes qui ont des pratiques sexuelles anales, des brochures qui s'adressent spécifiquement
01:42:10 aux personnes trans, sur les différents parcours et sur les différentes orientations qu'il
01:42:15 peut y avoir, sur la santé sexuelle des femmes bi et lesbiennes, sur le BDSM consenti, ça
01:42:21 existe.
01:42:22 Mais aussi, on a aussi sur nos stands des éponges menstruelles, pour parler de sexe
01:42:28 pendant les règles par exemple, et on a des spéculums, donc ça souvent ça attire un
01:42:33 petit peu l'attention, on a des spéculums sur nos stands qu'on distribue à la fois
01:42:38 pour pouvoir parler d'auto-observation, et aussi pour pouvoir remettre un peu dans les
01:42:42 mains des personnes cet outil qui a finalement été utilisé souvent sur elles, sans leur
01:42:47 être montré, sans leur être expliqué, et du coup ça, ça vient amener aussi la question
01:42:51 du rapport au soignant, des violences gynécologiques, etc.
01:42:55 Donc on essaye vraiment d'avoir un scope assez large, et d'amener aussi la question
01:42:59 des violences sexistes et sexuelles.
01:43:01 En fait on a des stickers d'Asso Sympa, des trucs comme ça, on a des fanzines aussi
01:43:05 sur les violences sexistes et sexuelles, et en fait ce qui est peut-être un peu
01:43:09 contre-instinctif, c'est qu'en fait même en milieu festif, il y a des gens qui viennent
01:43:12 nous voir, et que ça accroche en fait, et chez qui ça peut déclencher une conversation
01:43:18 sur ces sujets-là.
01:43:20 Et on a aussi un clito 3D qui génère des conversations, parce que quand même maintenant
01:43:25 les clitoris sont censés être dans les manuels scolaires, ils ont eu des campagnes
01:43:28 d'affichage et tout, mais il y a encore des gens pour nous dire que c'est un porte-torchon
01:43:31 ou un pingouin !
01:43:32 Donc il y a encore un peu de boulot !
01:43:36 - Un pingouin ?
01:43:38 - Un pingouin, ouais ! Une petite tête avec des petits bras comme ça, je sais pas.
01:43:42 - Tu fais très bien le pingouin ?
01:43:43 - Je fais super bien le pingouin !
01:43:45 Mais donc on a appris à des...
01:43:47 Récemment sur Instagram, on a appris à deux hommes hétérosexuels de 50 ans, ce qui
01:43:51 était le clitoris, donc c'était...
01:43:53 Il mieux vaut tard que jamais !
01:43:55 Et du coup, juste sur cette question de sexualité joyeuse, un des trucs qui nous tient à cœur
01:44:01 aussi chez SexySouci, c'est de faire le lien entre le plaisir, le désir et la prévention,
01:44:07 et de ne pas en faire des choses qui soient dichotomiques, parce que dans l'esprit des
01:44:10 gens, il peut y avoir l'idée que tout ce qui va amener du safe sex, que ce soit la question
01:44:15 de la protection vis-à-vis des IST, de la contraception, du consentement, les gens sont
01:44:19 là "mais c'était tu l'amour !" Non, c'est pas vrai en fait, et donc du coup on essaye
01:44:22 vraiment de pouvoir lier les deux et de pouvoir amener les deux, parce qu'en fait, c'est
01:44:27 important de parler de ça, parce que la sexualité, à l'origine, c'est quand même un lieu où
01:44:31 on recherche du plaisir, ou en tout cas quand on est dans une sexualité intime et gratuite,
01:44:36 et du coup ramener ça au centre, et pouvoir montrer aussi que c'est pas incompatible,
01:44:40 pouvoir avoir par exemple, je sais pas, des capotes aromatisées, texturées, des dics
01:44:46 dentaires à la fraise, des trucs comme ça qui peuvent permettre de parler de protection
01:44:52 tout en ayant du plaisir, du fun, et de rester dans quelque chose de sympathique et joyeux.
01:44:57 Là tu parlais de stand, mais j'imagine aussi qu'il y a des entretiens peut-être individuels
01:45:02 qui se font avec les personnes, pour peut-être évoquer de manière plus approfondie certaines
01:45:09 questions, ou tout se passe ?
01:45:11 Si, sur les stands, de toute façon, ça peut être du collectif ou de l'individuel, il
01:45:15 y a vraiment les deux, et on intervient aussi sur des formes plutôt comme des ateliers.
01:45:19 Dans les outils qu'on a, il y en a un qui a été évoqué tout à l'heure, qui a été
01:45:24 présenté sous le nom de "débat mouvant", je sais qu'au Planning Family ils disaient
01:45:28 "jeu de la ligne", mais c'est vrai que c'est un outil qui permet de mettre la parole des
01:45:32 personnes au centre, et de pouvoir faire entendre aussi que même à l'intérieur d'une même
01:45:37 classe, même à l'intérieur d'un même groupe, il y a des points de vue dissonants, il y a
01:45:40 différents avis, on parle pas tous et toutes du même endroit, donc ça c'est intéressant
01:45:44 à entendre aussi, puisque quand ça passe par les pairs, on sait pour le coup, et ça
01:45:49 a été étudié, que les discours qui proviennent des pairs ont beaucoup plus d'impact que ceux
01:45:54 qui proviennent d'un adulte ou d'une autorité ou quelque chose comme ça.
01:45:58 Alors merci beaucoup à toutes les trois pour nous avoir montré ce que vous faites au quotidien,
01:46:04 et puis la méthode avec laquelle vous le faites. Maintenant il nous reste un temps
01:46:09 très réduit pour parler des effets que produisent vos actions selon vous. En fait en gros la
01:46:17 question c'est à quoi ça sert tout ce que vous faites ? Je propose de commencer par Ursula,
01:46:22 comme ça on va peut-être, mais vraiment deux minutes, pas plus.
01:46:26 On avait dit cinq, attention.
01:46:28 Oui, mais en fait, le temps qui est contrôlé par Leïla est deux minutes, il est 23 jusqu'à 25.
01:46:38 Alors ce qu'on constate déjà c'est que quand on va faire des interventions au milieu scolaire,
01:46:43 quand on dialogue tout simplement avec les jeunes, que ce soit sur les réseaux sociaux ou ailleurs,
01:46:47 il y a des clés de compréhension et des mots qui n'existaient pas dans les générations précédentes.
01:46:53 En tout cas je parle pour la mienne, j'ai que 32 ans et pourtant à mon époque au lycée,
01:46:57 le patriarcat c'était très très loin de nous. Donc là c'est sûr qu'on voit l'effet des avancées
01:47:02 féministes et du phénomène #MeToo, ne serait-ce que dans les mots, patriarcat, consentement.
01:47:07 Alors nous sur la notion de consentement on essaye aussi d'aller plus loin et de vraiment
01:47:11 éveiller chez les jeunes cette notion de désir, vraiment ne pas simplement être dans une posture
01:47:16 de consentir un acte sexuel parce qu'on peut voir à quel point c'est piégeux, on l'a vu dans le témoignage
01:47:21 important de la victime du procès ce matin, et donc vraiment aller vers le désir, le désir réciproque
01:47:27 et que les relations sexuelles soient la rencontre de désirs.
01:47:31 [Applaudissements]
01:47:34 Alors ce qu'on voit aussi sur les interventions au milieu scolaire, c'est que, en tout cas,
01:47:38 surtout chez ados, donc collège, lycée, la pornographie est vraiment omniprésente
01:47:43 et moi je passe, quand j'en fais, un temps vraiment assez important à créer de l'empathie
01:47:48 envers les femmes qu'ils voient dans les vidéos pornographiques, parce que ça a bien été expliqué
01:47:52 également par madame Hernández, il y a vraiment une rupture d'empathie avec des mots qui sont
01:47:56 ceux de la pornographie, du système porno-criminel, qui sont complètement repris par les ados.
01:48:01 En fait elles veulent ça en fait, quelque part on n'a pas à avoir d'empathie pour elles
01:48:05 parce qu'elles ont quelque part mérité toute cette violence sexuelle.
01:48:09 Donc on passe quand même un temps assez important à recréer cette empathie.
01:48:13 Ensuite pour parler plus spécifiquement de la campagne Balance ton porn,
01:48:17 nous on ne savait pas comment la campagne allait être reçue, parce qu'évidemment
01:48:21 elle s'oppose à un discours dominant concernant la pornographie.
01:48:25 Quand je dis discours dominant, c'est tout simplement, je ne sais pas si vous vous rappelez,
01:48:29 mais il y a encore 10 ans de cela, moi je regardais la télé à l'époque quand j'étais ado,
01:48:33 il n'y avait pas eu de place dans les émissions comme la méthode Cowee sur TF1.
01:48:37 Donc on est vraiment sur un discours dominant dans les médias, comme quoi la pornographie
01:48:41 c'est un peu un sujet de blague, un peu rigolo, mais jamais sous l'angle des violences
01:48:45 qui peuvent être vécues par les femmes dans la pornographie, et surtout les conséquences
01:48:49 que ça peut avoir sur toutes les filles et les femmes dans la société.
01:48:53 Et au contraire l'accueil de la campagne a été très positif, avec beaucoup de jeunes filles
01:48:57 sur les réseaux sociaux qui nous ont dit "enfin, enfin on adresse la pornographie
01:49:01 comme un sujet de blague ou au contraire de humiliation des femmes,
01:49:05 mais comme quelque chose qui est violent pour nous". Elles ne se reconnaissaient pas
01:49:09 dans le discours qui existait auparavant, et donc cette campagne a été vraiment très bien reçue.
01:49:13 Et je voudrais juste conclure sur le fait que tout ce qu'on fait,
01:49:17 et tous les efforts que nous on peut déployer, qu'on soit bénévoles, salariés,
01:49:21 dans les associations féministes, ce ne sera jamais suffisant en fait,
01:49:25 en comparaison à la pornographie qui est accessible 24h/24,
01:49:29 Serge Rousset avec n'importe quel téléphone ou ordinateur, on arrive en permanence
01:49:33 en réaction, après que les jeunes aient vu de la pornographie, qu'ils en aient consommé.
01:49:37 On doit faire notre contenu, faire nos interventions en fonction de la pornographie,
01:49:41 déconstruire ce que la pornographie a malheureusement construit.
01:49:45 Et donc c'est difficile de rivaliser dans ces conditions, on essaie quand même de le faire,
01:49:49 mais pour nous il est essentiel que la loi soit appliquée sur le fait que les mineurs n'aient pas accès
01:49:53 à la pornographie, pour qu'on soit en construction de la sexualité,
01:49:57 pour qu'il n'y ait pas un schéma unique de sexualité qui soit
01:50:01 complètement copié-collé chez tout le monde.
01:50:05 Cette uniformisation, on le voit au quotidien, et qu'on puisse développer
01:50:09 nos propres désirs, c'est vraiment anti-libertaire au final, la pornographie,
01:50:13 au contraire, ça empêche la construction de sa propre fantasmagorie,
01:50:17 de sa propre orientation sexuelle. Par exemple, il y a encore quelques années, quand on tapait "lesbienne"
01:50:21 dans Google, tous les résultats de la première page de Google, c'était de la pornographie.
01:50:25 Et je parle en connaissance de cause, en étant lesbienne moi-même,
01:50:29 c'est vraiment une dépossession de la création de nos propres sexualités.
01:50:33 Et donc ma conclusion finale, c'est
01:50:37 que d'un point de vue pragmatique, en dehors de toutes
01:50:41 les positions qu'on peut avoir au sein des mouvements féministes, abolitionnistes, pas abolitionnistes,
01:50:45 d'un point de vue pragmatique, ce qui nous est présenté
01:50:49 comme une solution, c'est-à-dire la pornographie éthique ou féministe,
01:50:53 c'est un mot qui est utilisé depuis 50 ans, par l'industrie pornographique, depuis le début,
01:50:57 pour faire une stratégie d'homme de paille, c'est-à-dire qu'au lieu de parler de ce qu'est la pornographie
01:51:01 en grande, grande, grande majorité, et ce qui est consommé,
01:51:05 et ce qui a un effet sociétal sur tout le monde, sur les filles et les femmes,
01:51:09 on parle uniquement de cette pornographie qui pourrait exister, mais ça fait 50 ans qu'on nous dit la même chose,
01:51:13 et surtout, ça a été bien expliqué par Mme. Hernandez-Morin,
01:51:17 simplement d'un point de vue pragmatique,
01:51:21 et surtout au niveau du cerveau et de la modification du système de récompense
01:51:25 et de l'accoutumance au contenu, fait que même si on rentre par cette pornographie
01:51:29 plus soft, qui soit non-violente, moins violente, moins misogyne,
01:51:33 ça suffira plus, en fait, on va aller vers une pornographie de plus en plus violente,
01:51:37 et ça c'est prouvé par les études scientifiques, donc même, simplement, au-delà de nos...
01:51:41 - Je vais être obligée, parce qu'on a dit qu'on était dans un débat
01:51:45 où on respectait le temps de parole pour tout le monde, et je pense que...
01:51:49 - Je ne m'inquiète pas. - Au-delà de ces positions politiques,
01:51:53 si on prend les choses d'un point de vue pragmatique, comment ça se passe matériellement ?
01:51:57 Tout simplement, on voit que ça ne peut pas marcher.
01:52:01 (Applaudissements)
01:52:05 - Alors, peut-être, on avait...
01:52:09 Vous avez bien vu que les positions de départ n'étaient pas les mêmes,
01:52:13 et que notre ambition, c'est quand même d'arriver à du commun,
01:52:17 et on pourrait retenir que ces actions ont comme objectif
01:52:21 de réintroduire la notion de désir dans les relations sexuelles.
01:52:25 On a bien entendu les propos que tu as mis en place
01:52:29 par rapport à la pornographie, mais si on revient sur l'éducation sexuelle,
01:52:33 on pourrait retenir la réintroduction du désir
01:52:37 dans les relations sexuelles.
01:52:41 Je regarde avec peur Léila... Non, ça va.
01:52:45 Je propose, Camille, si tu veux bien,
01:52:49 également, on va dire deux minutes, mais tu as ta conception des deux minutes,
01:52:55 (Rires)
01:52:59 pour pouvoir également nous dire, selon toi, à quoi servent
01:53:03 les actions qu'on mène en matière d'éducation à la sexualité.
01:53:07 - Oui, je voulais juste rebondir sur ce qu'a dit David Didiane tout à l'heure
01:53:11 sur le fait que la loi de 2001 n'est pas encore appliquée.
01:53:15 Et effectivement, il y a un rapport de l'Inspection générale de l'éducation nationale
01:53:19 qui est sorti en 2021 où moins de 15% des élèves bénéficient
01:53:23 de trois séances d'éducation à la sexualité pendant l'année scolaire,
01:53:27 en école, au collège ou lycée, ce qui est très peu. Nous, au sein du Planning Familial,
01:53:31 on remarque que c'est une demande sur deux qui est rejetée,
01:53:35 parce qu'il y a clairement un manque de temps dédié dans les établissements scolaires
01:53:39 et du temps là, dans les emplois du temps, comme temps de séance d'éducation à la sexualité.
01:53:43 Et du coup, on voit qu'il y a une application inégale de la loi de 2001,
01:53:47 autant au niveau du temps, au niveau des financements,
01:53:51 et au niveau aussi d'un manque de professionnels de l'éducation nationale
01:53:55 qui est formé, tout simplement. Et en tout cas, un des effets
01:53:59 qu'on peut remarquer au sein de nos actions,
01:54:03 c'est... du coup, pour le coup, je vais prendre un exemple contraire,
01:54:07 mais j'étais dans un collège où le collège avait décidé de faire respecter cette loi-là,
01:54:11 justement, et que de la 6e à la 3e,
01:54:15 tous les élèves avaient ces séances d'éducation à la sexualité là, et moi, j'étais intervenue
01:54:19 auprès des 3e sur la notion de consentement et de violence sexuelle.
01:54:23 Et je voyais bien la différence avec des élèves qui,
01:54:27 depuis la 6e, on parle de ces notions-là, sont beaucoup plus
01:54:31 en capacité, ont déjà acquéri ces connaissances-là
01:54:35 sur les moyens qu'ils et elles peuvent mettre en place
01:54:39 et finalement être acteur et actrice
01:54:43 de leur vie et pouvoir décider par soi-même,
01:54:47 notamment, ça fait partie pour nous de l'autodétermination des personnes qu'on défend au planning,
01:54:51 où ça a vraiment un apprentissage qui se développe
01:54:55 au cours de ces séances-là et au cours de la vie.
01:54:59 Mais il y a aussi un effet où ça permet
01:55:03 auprès des 6e, notamment, j'avais fait un atelier où c'était des cartes
01:55:07 avec des émotions notées dessus, "je me sens triste", "je me sens amoureux",
01:55:11 "je me sens joyeuse", "je me sens fragile", etc., où chaque élève
01:55:15 piochait une carte et on revenait dans le groupe et les élèves pouvaient discuter
01:55:19 de leur carte et une élève avait choisi "je me sens fragile"
01:55:23 et expliquait qu'elle avait beaucoup de pression à l'école,
01:55:27 etc., et on avait fini par discuter des violences intrafimales.
01:55:31 Comme on l'a dit tout à l'heure, dans la table ronde juste avant, il y a une obligation
01:55:35 de signalement, mais c'est aussi offrir un espace pour ces personnes-là,
01:55:39 offrir un lieu où elles peuvent venir s'exprimer, où ça va être un espace
01:55:43 non jugeant, où elles sauront qu'elles pourront échanger avec nous.
01:55:47 Merci beaucoup Camille.
01:55:51 On voit bien que la méthode
01:55:55 c'est quelque chose qui vous tient à cœur au planning
01:55:59 et que moi je retiens qu'effectivement
01:56:03 les effets c'est offrir un espace de discussion pour parler
01:56:07 de ces sujets qui sont encore tabous dans notre société,
01:56:11 afin de rendre les jeunes acteurs et actrices de leur vie
01:56:15 ou de leur vie sexuelle, et effectivement
01:56:19 peut-être que les effets se verraient de manière
01:56:23 plus forte si on appliquait cette loi. Tu nous as alerté
01:56:27 là-dessus, il a déjà été dit à différentes entreprises qu'il y avait un système
01:56:31 législatif qui ne concerne pas tout le monde, mais en tout cas qui concerne
01:56:35 collégiens et lycéens et qu'il faudrait l'appliquer.
01:56:39 Merci pour ces éléments
01:56:43 et tu veux rajouter quelque chose ? Non, je me permets, c'est une loi
01:56:47 qui dit qu'il y a trois séances d'éducation à l'esprit étudié, de la maternelle au lycée,
01:56:51 et pas juste collège-lycée en fait. D'accord.
01:56:55 Merci beaucoup Camille et Diane,
01:56:59 tu as également deux minutes pour
01:57:03 peut-être revenir sur des points sur lesquels tu voulais dire quelque chose.
01:57:07 Oui, oui, oui. J'ai senti que tu voulais réagir.
01:57:11 Si tu veux réagir sur certains points, peut-être dans un temps
01:57:15 réduit, mais aussi peut-être parler des effets, à quoi ça sert
01:57:19 ce que vous faites à Sexy Souci. Dans le meilleur des cas,
01:57:23 on espère que ça sert à changer le monde pour le mieux et créer une société
01:57:27 égalitaire, etc. Bon, ça c'est dans un monde idéal,
01:57:31 probablement que c'est avec des petits bouts de trucs
01:57:35 de différentes structures, différents assos et différentes choses
01:57:39 que ça fonctionne. C'est un écosystème
01:57:43 qu'il faut un peu travailler. Peut-être que quand Gérald Darmanin sera plus
01:57:47 ministre de l'Intérieur, ce sera plus facile d'avoir une parole audible sur
01:57:51 le sujet. Je pense que c'est clouter contre la culture du viol aussi.
01:57:55 Parce qu'on est quand même dans une dissonance cognitive
01:57:59 totale. Donc ça c'est compliqué. C'est compliqué
01:58:03 parce que les jeunes y vivent aussi. Donc voilà, je pense qu'on sème
01:58:07 des petites graines et qu'on peut espérer qu'elles vont être arrosées par quelqu'un d'autre
01:58:11 et qu'il y aura encore quelqu'un d'autre qui va les éclairer et que ça va pousser comme ça.
01:58:15 Mais je voudrais quand même dire un dernier tout petit mot
01:58:19 sur la question de la pornographie. J'entends
01:58:23 ce qui a été dit. Et moi aussi, ayant ma carte du club
01:58:27 lesbienne, je comprends et je sais cette question du
01:58:31 référencement de la pornographie qui est en plus de la porno, fait par des
01:58:35 mecs hétéros pour des mecs hétéros avec une sexualité
01:58:39 qui ressemble très peu ou pas du tout à celle
01:58:43 que peuvent avoir les meufs entre elles. Pour autant
01:58:47 la pornographie c'est aussi un endroit où des personnes LGBT
01:58:51 peuvent se voir parfois pour la première fois. Alors maintenant
01:58:55 on a des représentations qui changent, on a des séries Netflix, on a des machins
01:58:59 avec des personnes LGBT etc. Mais historiquement, la porno
01:59:03 c'est un des premiers endroits par exemple où les hommes gays ont pu faire communauté.
01:59:07 Ça reste un des endroits où les gens sans avoir besoin
01:59:11 d'aller voir quelqu'un etc. peuvent dire "tiens, je vais regarder, qu'est-ce qui me plaît, qu'est-ce qui me plaît pas
01:59:15 quelqu'un qui soupçonnerait, tiens j'ai peut-être des attirances pour une meuf, alors qu'est-ce que ça me fait
01:59:19 quand je vois une scène entre meufs. Je dis pas que c'est parfait, je dis juste que ça, ça existe
01:59:23 en fait. Cette pratique identitaire exploratoire dans la pornographie
01:59:27 elle existe. Et par ailleurs, la pornographie indépendante
01:59:31 la pornographie féministe, la pornographie queer, elle a beau être minoritaire
01:59:35 je trouve ça vraiment très dur de dire qu'elle n'existe pas. Je trouve ça vraiment très dur
01:59:39 de toujours la ramener à cette question de l'industrie mainstream
01:59:43 parce qu'ils bagarrent déjà, parce qu'il et elle bagarrent déjà pour faire valoir
01:59:47 des représentations différentes, pour mettre en scène des corps qui sont moins stéréotypés
01:59:51 pour mettre en scène des sexualités qui mettent en avant
01:59:55 le plaisir des meufs, qui mettent en avant la communication, qui mettent en avant le consentement
01:59:59 donc je trouve ça vraiment dur de les renvoyer comme ça aux oubliettes. Ça existe
02:00:03 et si je peux vous dire une dernière chose sur qu'est-ce que c'est que de consommer de la pornographie éthique
02:00:07 le début, c'est payer. Payer pour le travail
02:00:11 comme on paye pour son Netflix, comme on paye pour son compte Spotify
02:00:15 il faut payer, parce que si on ne paye pas et si on a effectivement
02:00:19 si on a une poursuite de ce modèle majoritaire où en fait l'accès
02:00:23 il est gratuit, c'est pas étonnant qu'en Bhoutchène en fait il y ait des conditions de travail
02:00:27 dégradées pour les personnes. Donc ça je pense que c'est hyper important à avoir à l'esprit
02:00:31 c'est pas que la question des représentations, il y a un côté matérialiste aussi
02:00:35 matérialiste...
02:00:39 il y a un côté matériel de qu'est-ce qu'on paye, comment
02:00:43 est fait la porno qu'on regarde et est-ce qu'on se renseigne là-dessus
02:00:47 donc voilà, je trouve que ça c'est important et je trouve que c'est important aussi de pas mettre toute la pornographie
02:00:51 dans le même sac. Je trouve ça très injuste. Voilà.
02:00:55 (Applaudissements)
02:00:59 Alors, avec ces derniers propos
02:01:03 ça veut dire qu'on doit rester encore demain
02:01:07 pour continuer ce débat, donc il faudra réserver
02:01:11 encore le demain, on peut rester ici pour demain ?
02:01:15 Non je ne sais pas. Mais voilà, on voit bien que effectivement
02:01:19 quand on part de l'éducation à la vie sexuelle
02:01:23 les constats de départ sont quand même
02:01:27 toujours très importants et peuvent différer et qu'il y a nécessité encore
02:01:31 d'en discuter pour pouvoir
02:01:35 conclure sur le titre de la table ronde
02:01:39 c'est vrai, je pense qu'il est important aussi
02:01:43 de pas faire fi de ce contexte, mais le contexte il peut être encore plus global
02:01:47 il a été rappelé avec la loi de 2001, il a été rappelé également avec
02:01:51 l'exemplarité... c'est dur à dire, c'est dur à faire et à dire
02:01:55 exemplarité de nos représentants politiques
02:01:59 donc ça c'est important quand on parle de ces sujets là et effectivement
02:02:03 alors peut-être que dans cette table ronde on n'a pas réussi à faire
02:02:07 totalement une révolution sexuelle, mais comme on recommence demain, on pourra la faire demain
02:02:11 et je crois qu'il y a le temps encore pour des questions ? Oui !
02:02:15 On a 5 minutes !
02:02:19 Voilà, il y a le temps pour des questions, je dirais 2
02:02:31 Du coup déjà je voulais remercier Diane et Camille d'avoir enfin apporté
02:02:35 un petit peu de contradictoire dans ce colloque, je trouve quand même ça
02:02:39 très dommage que ça soit arrivé en dernier moment
02:02:43 de colloque et surtout que vous ayez eu à prendre sur un temps qui n'était pas
02:02:47 le sujet de base pour apporter du contradictoire
02:02:51 mais merci beaucoup, et ensuite je voulais
02:02:55 réagir à un propos de Ursula qui parlait
02:02:59 du coup de l'uniformisation de nos sexualités
02:03:03 à cause du porno
02:03:07 en tant que porte-parole de Osel Féminisme, je vais vous englober
02:03:11 avec toutes les autres militantes d'Osel Féminisme
02:03:15 qui ont pris la parole aujourd'hui et je trouve ça très
02:03:19 ironique que ce soit vous qui parliez d'uniformisation de nos sexualités
02:03:23 à cause du porno quand vous nous avez enfermés
02:03:27 depuis le début de la journée dans des débats autour d'une sexualité
02:03:31 uniquement hétérosexuelle et uniquement cis
02:03:35 en tant que personne trans et queer
02:03:39 je ne me suis pas sentie représentée aujourd'hui et en plus
02:03:43 marginalisée honnêtement parce que en tant que personne qui pratique aussi
02:03:47 le BDSM, me réveiller à 7h du matin pour venir me faire
02:03:51 dire à 8h30 que je torture mon partenaire sexuel
02:03:55 (applaudissements)
02:03:59 (applaudissements)
02:04:03 en tout cas je pense que...
02:04:07 plus de... plus son? ah si ça y est, mon partenaire sexuel
02:04:11 était très content d'apprendre que je le torture au lit
02:04:15 et même si je respecte
02:04:19 votre point de vue parce que je respecte toute personne féministe
02:04:23 qui se bat pour la cause des femmes, j'espère que dans le futur
02:04:27 vous aurez à coeur d'inclure un petit peu plus
02:04:31 d'ouverture d'esprit dans la manière dont vous parlez
02:04:35 de nos sexualités et de vous ouvrir aussi à des personnes
02:04:39 travailleuses du sexe, je vais pas prendre la parole pour elles parce que
02:04:43 elles sont là si elles veulent prendre la parole mais
02:04:47 elles ont beaucoup de choses à dire et elles sortent
02:04:51 de vos clichés et de ce que vous pensez en fait de leur travail
02:04:55 et il serait peut-être temps que vous leur parliez et que
02:04:59 vous regardiez vraiment ce que c'est le travail du sexe et pas juste
02:05:03 votre petite croisade contre elle en fait.
02:05:07 (applaudissements)
02:05:11 Alors peut-être avant de laisser la parole à Ursula, il me semble important quand même
02:05:15 on savait que c'était un sujet clivant et je pense que effectivement toutes les personnes
02:05:19 qui sont dans cette salle sont féministes et je pense
02:05:23 qu'il est important, comme vous aviez parlé de la méthode de se rappeler
02:05:27 de comment on peut se parler et comment on peut avancer ensemble
02:05:31 je pense qu'ici il y a assez de
02:05:35 discussions possibles qui peuvent continuer, tout ne se passe pas
02:05:39 ici, qui peuvent se continuer ici et ailleurs et je pense
02:05:43 après la fin de ce colloque, il y a un stand d'OLF ?
02:05:47 Oui. Voilà, vous pouvez aller au stand d'OLF, je pense qu'il pourrait y avoir
02:05:51 une discussion très riche, ça ne s'arrête pas ici.
02:05:55 Alors je vais essayer de répondre à tout mais si j'oublie quelque chose, peut-être me le rappeler
02:05:59 parce qu'il y avait pas mal de choses. Peut-être sur l'organisation du colloque
02:06:03 nous on est invité au colloque donc on prend la parole en tant qu'association
02:06:07 pour ce qui est du programme, malheureusement je ne peux pas vraiment vous répondre, étant donné qu'encore une fois
02:06:11 on n'en est pas à l'origine, c'est un collectif d'association qui est à l'origine du programme
02:06:15 avec la mairie. Ensuite, dans l'ordre, c'était
02:06:19 l'uniformisation des sexualités. Alors, notre
02:06:23 position sur le fait que la pornographie engendre une uniformisation
02:06:27 des sexualités, c'est pas une position simplement idéologique où l'OLF a décidé que c'était
02:06:31 comme ça et pas autrement, c'est basé en fait sur un nombre d'études scientifiques
02:06:35 qui est quand même assez important, pour vous en citer que deux, mais il y en a beaucoup
02:06:39 il y a eu une étude scientifique qui a
02:06:43 analysé le fait que chez les jeunes il y avait une pratique beaucoup plus importante de la
02:06:47 sodomie que chez les populations un peu plus âgées, donc les générations avant
02:06:51 l'ère d'internet, vous pouvez la retrouver la référence de l'étude sur
02:06:55 la campagne Balance ton porno, et quand en fait les questions ont été posées
02:06:59 aux jeunes hommes de pourquoi ils pratiquaient la sodomie, la réponse
02:07:03 numéro un à cette question c'était parce que je l'ai vu dans le porno, quand
02:07:07 la question était posée aux filles, la réponse à cette question était parce que
02:07:11 mon petit copain me l'a demandé. Donc on voit là directement
02:07:15 l'influence de la pornographie sur les sexualités, l'uniformisation
02:07:19 des sexualités et des pratiques sur les injonctions. Un autre cas par exemple
02:07:23 c'est une étude en Angleterre qui a prouvé que chez les moins de 40 ans il y a une augmentation
02:07:27 fulgurante des violences évidemment non sollicitées dans le cadre
02:07:31 d'une relation sexuelle qui était au prime abord consentie, c'est à dire on commence à avoir
02:07:35 un port sexuel, et là l'homme va frapper, insulter
02:07:39 gifler, tirer les cheveux de la partenaire sans lui avoir
02:07:43 demandé son avis bien évidemment, et ça c'est en augmentation fulgurante, et vous pouvez voir le lien
02:07:47 là aussi avec la pornographie. Donc c'est des constats, et pour ce qui est de la sexualité
02:07:51 hétéro, moi en fait je suis tout à fait d'accord avec vous, la pornographie met en
02:07:55 avant un modèle de sexualité qui est hégémoniquement hétérosexuel
02:07:59 et qui capte en fait les homosexuels de leur
02:08:03 sexualité puisque ça la rend un spectacle pour les hommes. Moi c'est
02:08:07 comme ça qu'on m'a privé de mon orientation sexuelle pendant toute mon adolescence.
02:08:11 Donc le point de vue hétéro qui serait porté par OZF, je ne le comprends pas
02:08:15 trop étant donné qu'on travaille sur la question de la lesbophobie, de l'hébiphobie depuis très longtemps
02:08:19 on a un livre qui s'appelle "Naissance lesbienne" que je vous invite à aller découvrir au centre d'OZF
02:08:23 et qu'on est nous-mêmes au sein de l'association énormément de femmes lesbiennes et bisexuelles
02:08:27 donc là dessus c'est vraiment pas du tout un angle mort de l'association.
02:08:31 [Applaudissements]
02:08:35 Pour la question de l'inclusion des femmes qui sont en situation
02:08:39 de prostitution ou de pornographie, idem dans le mouvement abolitionniste
02:08:43 idem là aussi dans le mouvement abolitionniste, les femmes en fait qui sont survivantes du système
02:08:47 porno-criminel et du système prostitutionnel ont toujours fait partie du mouvement abolitionniste
02:08:51 on a cité ce matin Andrea Dworkin qui est vraiment une penseuse
02:08:55 éminemment importante de la pensée abolitionniste et de la pensée féministe radicale
02:08:59 et elle est survivante de prostitution au sein des associations d'accompagnement
02:09:03 des femmes en situation de prostitution, là aussi il y a beaucoup de survivantes
02:09:07 et pour vous répondre sur la question des violences sexuelles, moi aussi j'ai pratiqué le BDSM
02:09:11 et je suis survivante et je me définis comme ça par rapport à cette question là du BDSM
02:09:15 pourquoi ? parce que pour moi le BDSM a été une violence, peut-être pas pour vous
02:09:19 mais entendez que pour d'autres c'est le cas et donc nous on ne veut pas
02:09:23 au contraire exclure les femmes qui ne se reconnaissent pas dans la promotion
02:09:27 du BDSM comme de la liberté sexuelle et qui l'ont vécu comme une violence
02:09:31 il faut que de votre côté vous écoutiez ces discours aussi et nous en tout cas
02:09:35 on les écoute au quotidien. Je vous invite
02:09:39 à visiter le blog "Elles aiment ça"
02:09:43 qui est un blog de survivantes de la prostitution, de la pornographie et du BDSM
02:09:47 qui aborde tous ces sujets et pour conclure en fait toutes les femmes
02:09:51 sont concernées par la pornographie, toutes les femmes, en tout cas dans les nouvelles générations
02:09:55 c'est évident, on a été victime de pratiques qui nous ont été imposées
02:09:59 parce que vu dans la pornographie, moi ça m'est arrivé, ça est arrivé à toutes les femmes
02:10:03 auxquelles j'en ai parlé. Nous sommes toutes concernées, toutes.
02:10:07 (Applaudissements)
02:10:11 Je pense que c'est la fin de cette table ronde
02:10:15 vous voyez qu'il y a plein de questions qui sont encore à débattre
02:10:19 et comme je disais, tout ne s'arrête pas ici
02:10:23 et puis vous pouvez effectivement encore échanger
02:10:27 après la fin de ce colloque. Merci beaucoup à toutes les trois.
02:10:31 (Applaudissements)
02:10:35 Merci à toutes les quatre et pour continuer sur cette question
02:10:39 nous avons souhaité laisser la parole
02:10:43 au Strasse, au syndicat du travail sexuel que j'invite
02:10:47 à nous rejoindre sur scène avant que Madame la maire puisse conclure.
02:10:51 (Applaudissements)
02:10:55 Je vous invite à venir au pupitre
02:10:59 prendre la parole.
02:11:03 Bonjour, nous sommes ici pour
02:11:23 être visibilisés car comme
02:11:27 tout le temps nous sommes invisibilisés des luttes féministes
02:11:31 et des discussions sur le travail du sexe de manière générale
02:11:35 Vous parliez de
02:11:39 position féministe tout à l'heure, je ne sais pas pour vous mais pour moi
02:11:43 le féminisme, les valeurs du féminisme c'est que toutes les femmes
02:11:47 soient libres de choix, de disposer de leur corps
02:11:51 Voilà, moi
02:11:55 votre guerre
02:11:59 contre nous, vos revendications politiques
02:12:03 ce n'est pas du féminisme, je ne vois pas comment on peut se revendiquer
02:12:07 féministes en reproduisant les schémas masculinistes
02:12:11 que l'on est censé combattre
02:12:15 comme la confiscation de la parole, l'infantilisation des travailleuses du sexe
02:12:19 (applaudissements)
02:12:23 et que vous parliez toujours en notre nom
02:12:31 sans notre présence, je ne sais pas comment mais visiblement
02:12:35 vous savez mieux que nous ce que nous vivons et ce qui se passe
02:12:39 sur des tournages pornos
02:12:43 je pense qu'aucune de vous n'a déjà été présente
02:12:47 sur un tournage
02:12:51 tu veux prendre la parole ?
02:12:55 Bonjour, alors moi je suis travailleuse du sexe
02:12:59 et notamment actrice porno, alors je ne travaille pas comme Beverly
02:13:03 pour des productions, je travaille en tant qu'indépendante
02:13:07 parce que oui c'est aussi possible de travailler par choix
02:13:11 et puis surtout de produire le contenu qu'on veut
02:13:15 depuis quelques années je pense que vous êtes au courant qu'il y a une émergence de plateformes privées
02:13:19 donc il est possible de poster du contenu qu'on produit nous-mêmes
02:13:23 voilà, moi par exemple je prends mon téléphone ou ma caméra
02:13:27 je commence à filmer, si il y a un jour où je n'ai pas envie de tourner
02:13:31 je ne tourne pas, parce que l'avantage de pouvoir être indépendante
02:13:35 c'est de pouvoir produire du contenu quand on veut, si on ne veut pas on laisse tomber
02:13:39 et il ne faut pas effectivement mettre, de positionner
02:13:43 toutes les tds comme des victimes, parce qu'il y a des tds comme moi
02:13:47 qui sont contentes de produire du contenu, et ça m'a vraiment
02:13:51 beaucoup appris sur ma propre sexualité, il ne faut pas
02:13:55 voir ça d'un mauvais oeil, je veux dire à partir du moment où il y a le consentement c'est l'essentiel
02:13:59 et on peut être totalement équilibré, ne pas avoir
02:14:03 voilà, on est des personnes comme n'importe qui
02:14:07 vous me voyez dans la rue, vous ne vous dites pas, je ne sais pas, vous ne vous dites pas que
02:14:11 j'ai un problème, je fais du porno, non, on est comme n'importe qui, je pense que vous avez tous une sexualité
02:14:15 des préférences, maintenant effectivement c'est important
02:14:19 d'être au courant de certaines choses, je veux dire
02:14:23 il y a des dangers avec le porno, il ne faut pas se lancer en espérant que
02:14:27 voilà, comment dire, en sachant que
02:14:31 il y a des dangers
02:14:35 de vol de contenu par exemple, déjà surtout vis à vis de votre travail, effectivement
02:14:39 il faut savoir quand même que ce qui est sur internet reste sur internet
02:14:43 mais toutefois, on peut totalement s'assumer, aimer ce qu'on fait
02:14:47 et même produire du contenu BDSM sans pour autant
02:14:51 être traumatisé ou quoi que ce soit
02:14:55 (Applaudissements)
02:14:59 (Applaudissements)
02:15:03 On ne nie pas les violences qui peuvent exister au sein du travail du sexe
02:15:07 Quoi ?
02:15:11 Il y a un problème ?
02:15:15 Mais concrètement et politiquement
02:15:19 qu'est-ce qu'on fait pour lutter contre ça ? Il faut arrêter
02:15:23 de s'en prendre aux actrices porno et à la pornographie
02:15:27 en elle-même, c'est le système patriarcal qu'il faut remettre en question
02:15:31 et contre lequel il faut lutter
02:15:35 (Applaudissements)
02:15:39 Je pense que
02:15:43 qu'on pourrait juste tout simplement travailler ensemble
02:15:47 vous abolitionnistes et nous travailleurs du sexe
02:15:51 pour lutter contre ces violences et pour lutter contre
02:15:55 le patriarcage tout simplement
02:15:59 J'en perds mes mots, désolé
02:16:03 (Applaudissements)
02:16:07 Je repense aussi à ce midi, une personne qui est venue me parler
02:16:11 et qui me disait que le porno n'existait pas, qu'on n'existait pas en tant qu'actrice porno
02:16:15 Je sais pas, mais on est là en chair et en os
02:16:19 Nos revenus ne sont pas fictifs
02:16:23 contrairement à certaines personnalités politiques
02:16:27 Nos revenus existent bien, on est là
02:16:31 et en fait on réclame juste des droits humains et fondamentaux
02:16:35 On veut pouvoir travailler en sécurité et dans des conditions correctes
02:16:39 Je vous remercie pour votre intervention
02:16:43 (Applaudissements)
02:16:47 Très rapidement s'il vous plaît
02:16:51 Juste, déjà merci de nous avoir donné la parole
02:16:55 C'était pas gagné, on a dû se battre comme d'habitude pour pouvoir s'exprimer
02:16:59 sur des sujets pourtant qui nous concernent
02:17:03 Je voulais simplement me présenter en tant que travailleuse du sexe et féministe
02:17:07 car oui c'est possible
02:17:11 Le travail du sexe me permet d'être indépendante financièrement
02:17:15 d'explorer ma sexualité, d'avoir les horaires que je veux
02:17:19 ça me permet tout simplement de vivre la vie que je veux
02:17:23 en tant que femme libre et ça m'a permis une libération
02:17:27 et je pense qu'il n'y a pas de féminisme possible sans les travailleuses du sexe
02:17:31 (Applaudissements)
02:17:35 (Applaudissements)
02:17:39 Merci à vous trois
02:17:43 On nous a dit de changer de travail et oui on a la parole, je la garde pour l'instant
02:17:47 (Rires)
02:17:51 Donc la personne de ce midi m'a dit de changer de travail
02:17:55 si on rencontrait des problèmes
02:17:59 mais on n'a pas envie de changer de travail
02:18:03 on aime ce qu'on fait et je ne vois pas en quoi ça vous dérange
02:18:07 et vous n'iriez pas dire ce genre de propos aux employés de McDonald's
02:18:11 qui subissent du harcèlement sexuel, vous ne leur diriez pas de changer de travail
02:18:15 (Applaudissements)
02:18:19 Merci à toutes les trois
02:18:23 Madame la maire, je vous invite à monter sur scène
02:18:27 et à conclure cette journée d'échange
02:18:31 Bonjour à toutes et à tous
02:18:43 et très heureuse de vous retrouver pour la clôture de ce grand moment de débat
02:18:47 et de démocratie
02:18:51 féministe qu'est ce colloque de lutte contre les violences faites aux femmes
02:18:55 et je dois vous dire mon plaisir de vous retrouver
02:18:59 et de voir les forces féministes de notre ville
02:19:03 dans leur diversité, nombreuses et rassemblées
02:19:07 Je salue mes collègues ici présents
02:19:11 à commencer bien sûr par mon adjointe Christelle Vidère qui a pu ouvrir ce colloque ce matin
02:19:15 et je remercie les collègues qui sont ici
02:19:19 et je remercie l'ensemble des organisateurs et organisatrices
02:19:23 de ce colloque ainsi que les personnes présentes aujourd'hui
02:19:27 Je tâcherai d'être pas trop longue
02:19:31 parce que j'imagine que vous commencez aussi à fatiguer
02:19:35 après 8 heures de débat et d'intervention
02:19:39 Juste vous dire que le débat a eu lieu aujourd'hui
02:19:43 il vient encore d'avoir lieu
02:19:47 il a eu lieu depuis des mois dans le cadre de la préparation du colloque
02:19:51 et il a lieu depuis des années au sein des mouvements militants
02:19:55 pour étudier les liens entre pornographie
02:19:59 et violences faites aux femmes
02:20:03 et j'en suis convaincue, j'en suis encore plus convaincue après avoir entendu les derniers échanges
02:20:07 et les dernières interventions, ce débat est légitime
02:20:11 il est pertinent, ne serait-ce que parce qu'il anime les réseaux
02:20:15 et les collectifs, parce qu'il préoccupe des professionnels
02:20:19 dans de nombreux domaines et parce que tout simplement il fait référence
02:20:23 à un phénomène de société majeure
02:20:27 qu'il ne serait pas normal de ne pas traiter, qu'il ne serait pas normal de laisser
02:20:31 sous le tapis. Et je remercie toutes celles et ceux
02:20:35 qui se sont investis dans les travaux et au sein du groupe de travail
02:20:39 du colloque et aussi en dehors et vous toutes et toutes pour votre présence
02:20:43 je salue notamment la présence des agentes et agents
02:20:47 de la ville et de l'euro métropole de Strasbourg qui se sont saisis
02:20:51 de cette journée dans le cadre de leur formation continue
02:20:55 et je vous le dis, je suis fière que notre municipalité ait mis ce sujet
02:20:59 sujet difficile, sujet délicat, mais ait mis ce sujet
02:21:03 sur la place publique pour qu'il ne soit pas cantonné
02:21:07 au débat d'initié et pour que le plus grand nombre puisse se forger
02:21:11 une opinion éclairée. Je remercie Christelle Wider
02:21:15 pour sa détermination à animer ce débat de société
02:21:19 après qu'il a été, vous pouvez
02:21:23 l'applaudir, après qu'il a été choisi par la majorité
02:21:27 des membres de la commission plénière parce que c'est bien un travail collectif
02:21:31 et de co-construction qui est mené toute l'année et en amont de ce
02:21:35 colloque, la commission plénière droit des femmes et égalité
02:21:39 de genre. Je remercie aussi notre mission de notre
02:21:43 municipalité, mission droit des femmes et égalité de genre pour son investissement
02:21:47 toujours sérieux et exigeant et à toutes celles et ceux qui ont contribué
02:21:51 bien sûr à la construction, à l'animation aussi de cette journée, toutes les intervenantes
02:21:55 et intervenants qui se sont succédés. Je ne doute
02:21:59 pas, et on vient de l'entendre encore, que certains aspects du débat
02:22:03 n'auront pas pu être détaillés, que toutes les voix
02:22:07 n'auront pas pu être entendues aujourd'hui, je le sais, je sais que pour certaines d'entre
02:22:11 vous, vous le regrettez, je le comprends, je peux le partager également
02:22:15 on a eu des désistements de dernière minute qui ont aussi restreint
02:22:19 la diversité de certaines prises
02:22:23 de paroles et notamment pour entendre la voix des travailleurs
02:22:27 et travailleuses du sexe impliqués dans la production de films pornographiques
02:22:31 et c'est la raison pour laquelle il me semblait important de pouvoir
02:22:35 donner la parole à la fin au syndicat du travail sexuel
02:22:39 pour qu'elle puisse faire entendre leur voix
02:22:43 Pour autant, et si ce colloque
02:22:47 manquait peut-être de certaines
02:22:51 de ces parties prenantes, encore une fois pour des raisons indépendantes de notre volonté
02:22:55 je ne souhaite pas qu'on minimise l'apport des travaux qui ont été
02:22:59 menés pendant cette journée, ça ne doit pas nous faire oublier
02:23:03 la pertinence et la multiplicité des éléments qui ont été
02:23:07 portés à notre attention et je souhaite que nous nous saisissions
02:23:11 de cette journée comme d'une introduction, déjà bien complète
02:23:15 à partir de laquelle ce débat va pouvoir continuer
02:23:19 et je suis heureuse d'entendre que cela peut créer des passerelles, que cela peut créer
02:23:23 aussi des discussions qui peut-être habituellement ont du mal
02:23:27 à se tenir, et bien je crois que ce colloque, comme tout le travail
02:23:31 partenarial qui est animé par la ville de Strasbourg, il est là pour cela
02:23:35 il est là pour croiser nos regards, personne ne détient une seule
02:23:39 et juste vérité, on a besoin
02:23:43 justement de croiser nos regards, de croiser nos expériences de vie
02:23:47 pour pouvoir avancer dans ce qui nous unit ici
02:23:51 toutes et tous, et qui est la lutte résolue contre les violences
02:23:55 faites aux femmes, donc je souhaite que cette journée soit
02:23:59 une introduction à ce débat et qu'il continue dans nos espaces militants
02:24:03 comme dans la société, et que nous puissions continuer
02:24:07 d'enrichir ces différents éclairages qui auront été
02:24:11 apportés, et bien sûr d'agir en conséquence, chacune et chacun
02:24:15 dans nos fonctions et responsabilités, car oui, il est temps
02:24:19 d'agir, et je suis convaincue, et je crois que cela a été
02:24:23 dit largement aujourd'hui, que l'industrie
02:24:27 pornographique telle qu'elle existe aujourd'hui peut générer
02:24:31 des violences, peut générer des victimes, ça ne signifie pas qu'il n'y a pas une autre
02:24:35 forme de pornographie qui existe, mais massivement, nous avons
02:24:39 aujourd'hui, nous faisons face à une industrie
02:24:43 qui massivement est diffusée à des échelles astronomiques, et qui
02:24:47 très majoritairement, et je crois qu'on peut s'entendre là-dessus, sans
02:24:51 minimiser l'importance d'initiatives féministes
02:24:55 qui, à mon avis, vont dans le bon sens, mais se dire que très majoritairement
02:24:59 les contenus diffusés par une industrie
02:25:03 pornographique, souvent tenue et gérée par des hommes
02:25:07 on peut se le dire, n'est pas féministes, et n'est pas sécurisantes
02:25:11 et c'est là que ça pose un problème, il ne s'agit pas de dire qu'on est pour ou contre
02:25:15 la pornographie, il s'agit de dire où est-ce que ça génère des violences
02:25:19 comment, et comment ça influe sur notre société, comment ça peut diffuser
02:25:23 une culture du viol, et comment est-ce qu'on peut lutter pour que ça ne soit plus
02:25:27 le cas à l'avenir. Donc moi je suis ravie qu'on ait pu entendre
02:25:31 différentes voix, notamment dans la dernière table ronde qui s'est
02:25:35 tenue, pour montrer aussi qu'il y a des explorations
02:25:39 des initiatives, encore une fois, et je pense qu'il faut les
02:25:43 soutenir pour aller vers une pornographie qui soit
02:25:47 féministe, qui soit émancipatrice
02:25:51 et beaucoup plus sécurisante et éthique.
02:25:55 Mais voilà, le phénomène de société est là, vous en avez largement
02:25:59 débattu, aujourd'hui des enfants voient des vidéos
02:26:03 pornos, des femmes sont violées et maltraitées devant
02:26:07 les caméras, ou parce que des vidéos ont inspiré
02:26:11 leurs agresseurs, on a malheureusement, on constate
02:26:15 des dérives terribles sur internet, vous le savez, il y a des
02:26:19 forums par exemple, où le processus d'intelligence artificielle
02:26:23 appelé "deepfake" permet à des hommes de générer
02:26:27 des vidéos pornographiques avec le visage de leur voisine
02:26:31 et cela, on ne peut pas le nier, cela a des conséquences
02:26:35 et ça a des conséquences notamment pour de nombreux personnels
02:26:39 souvent féminins, de nombreuses éducatrices, je dirai pourquoi j'insiste
02:26:43 sur ce féminin, j'y reviendrai, qui se retrouvent démunis
02:26:47 face aux comportements d'enfants qu'elles décellent et qui sont entrés
02:26:51 en contact avec des vidéos pornographiques. Cela a été dit
02:26:55 aujourd'hui, 2/3 des enfants de moins de 15 ans, 1/3
02:26:59 des enfants de moins de 12 ans ont déjà eu accès à des images pornos
02:27:03 dès 12 ans, un enfant sur 3 a déjà vu une vidéo porno
02:27:07 et donc souvent, et ça on peut se le dire, et ça n'est pas être
02:27:11 réducteur dans le débat de se le dire, souvent, c'est pas une vidéo
02:27:15 produite avec éthique et avec responsabilité et c'est bien
02:27:19 cela qui pose problème. Donc je tiens à revenir
02:27:23 sur ce qui selon moi ne fait pas débat entre
02:27:27 nous aujourd'hui, ce qui ne fait pas débat c'est que nous devons
02:27:31 gérer collectivement les conséquences néfastes de l'industrie
02:27:35 pornographique, ces conséquences qui génèrent des violences
02:27:39 nous devons gérer collectivement les traumatismes qui se multiplient
02:27:43 chez les plus jeunes parce qu'ils ont accès à des images où les femmes
02:27:47 sont utilisées comme objet ou sont maltraitées, nous devons gérer
02:27:51 collectivement la perpétuation et la diffusion de la culture
02:27:55 de viol dans les esprits, dans les réseaux, dans les espaces publics qui est encore
02:27:59 extrêmement présente et cette question elle est éminemment
02:28:03 féministe, cette question il faut qu'on la pose
02:28:07 parce que ne pas interroger nos
02:28:11 fonctionnements, ce serait ne pas vouloir voir que finalement
02:28:15 des professionnels sont aux prises avec les conséquences directes
02:28:19 de l'industrie pornographique actuelle, je pense aux professionnels
02:28:23 du CARE, ces femmes qui sont en première ligne dans nos écoles
02:28:27 nos structures sanitaires et sociales ou de jeunesse, je ne dis pas qu'il n'y a
02:28:31 pas d'hommes, évidemment il y a des hommes qui travaillent dans les écoles mais je regarde les chiffres
02:28:35 et très majoritairement 70% des CPE sont des femmes
02:28:39 96% des infirmières scolaires sont des femmes, donc c'est le tableau
02:28:43 actuel, une industrie massivement gérée par des hommes
02:28:47 qui profite massivement et majoritairement à des hommes et qui va avoir
02:28:51 des conséquences croissantes et parfois extrêmement
02:28:55 inquiétantes qui doivent être gérées majoritairement et tant bien que mal
02:28:59 par des femmes et je pense qu'il est important de pointer cela
02:29:03 pour avoir le tableau de ce à quoi
02:29:07 nous faisons face. Alors, que faire ?
02:29:11 Bien sûr à Strasbourg, notre municipalité investit massivement
02:29:15 dans les écoles, dans le secteur social, nous remobilisons des moyens
02:29:19 pour les professionnels de ces secteurs, nous avons triplé
02:29:23 le budget de la mission Droit des femmes et Égalité de genre
02:29:27 y compris l'enveloppe consacrée au soutien aux acteurs de terrain
02:29:31 mais force est de constater que nous ne pouvons faire
02:29:35 avec les moyens d'une municipalité, que ce que nous pouvons
02:29:39 faire avec les moyens d'une municipalité reste insuffisant face aux
02:29:43 difficultés, face aux frustrations et face à la souffrance des travailleurs
02:29:47 et travailleuses des structures concernées. Et donc, quand
02:29:51 j'entends qu'il est compliqué de réguler l'accès au site
02:29:55 pornographique, alors qu'on sait que c'est techniquement possible et qu'il y aurait plusieurs
02:29:59 pistes opérationnelles qui existent, et bien quand j'entends cela, ça me met en colère
02:30:03 parce que je peux entendre qu'il soit difficile de
02:30:07 revenir sur des phénomènes de masse ayant pour conséquence
02:30:11 des violences, je peux entendre avec impuissance qu'il n'est
02:30:15 pas simple d'éviter les conflits armés provoqués par des hommes
02:30:19 et des systèmes d'oppression institués par des hommes qui font tant de victimes
02:30:23 parmi nos soeurs du monde entier, en Iran, en Ukraine ou en
02:30:27 Afghanistan, pour ne citer que ces quelques exemples d'actualité.
02:30:31 Je peux entendre qu'il n'est pas simple de remettre à plat du jour au lendemain
02:30:35 l'ensemble des modèles économiques qui génèrent tant d'inégalités.
02:30:39 Mais j'ai du mal à entendre qu'une industrie
02:30:43 qui génère tant de profits ne puisse pas être
02:30:47 encadrée, ne puisse pas être régulée. Et je suis
02:30:51 convaincue que c'est la volonté politique qui permettra
02:30:55 de le faire, en mettant le féminisme, en mettant
02:30:59 les droits des femmes en priorité, en faisant
02:31:03 enfin que l'égalité femmes-hommes et la protection de l'enfance
02:31:07 soient réellement une priorité de ce
02:31:11 nouveau quinquennat. Ainsi,
02:31:15 (Applaudissements)
02:31:18 Ainsi, mesdames et messieurs, je suis convaincue que
02:31:22 les législateurs et législatrices, nous avons de nouveaux députés,
02:31:26 une assemblée nationale renouvelée, nos sénateurs et sénatrices,
02:31:30 qu'ils doivent maintenant s'emparer de ce sujet pour de bon,
02:31:34 pour réguler l'accès au site pornographique
02:31:38 et une des intervenantes de la dernière table ronde, je crois
02:31:42 de Sexis aussi, parlait de la possibilité de rendre
02:31:46 payants certaines plateformes.
02:31:50 C'est une piste qu'il faut pouvoir explorer. Pour réguler
02:31:54 les conditions de travail et protéger les travailleurs et les travailleuses
02:31:58 du sexe. Pour outiller efficacement
02:32:02 les personnels en prise avec les effets de la diffusion tout azimut
02:32:06 de contenus pornographiques. Et enfin, et ça a été dit très largement
02:32:10 aujourd'hui, pour éduquer, j'ai bien aimé l'expression,
02:32:14 éduquer à une sexualité qui puisse être aussi respectueuse que joyeuse.
02:32:18 Voilà, une sexualité pas normative, pas
02:32:22 enfermée, mais qui soit éthique, qui soit émancipatrice
02:32:26 et qui soit respectueuse et joyeuse. Je reprends les termes des intervenantes
02:32:30 de tout à l'heure. Alors, en conclusion
02:32:34 et je terminerai là-dessus, je crois que c'est là-dessus que nous devons
02:32:38 continuer à avancer. Continuons de faire avancer les lois
02:32:42 pas pour interdire, mais pour protéger.
02:32:46 C'est bien à cela que doivent servir ces législations.
02:32:50 Nous ne savons ici que trop bien à quel point il est facile
02:32:54 à quel point il peut être rapide de revenir sur les droits
02:32:58 des femmes, de revenir sur des législations entières
02:33:02 protectrices des femmes. Et on a toutes, évidemment
02:33:06 tous et toutes ici en tête la question du droit
02:33:10 à l'avortement si structurellement attaqué à travers le monde.
02:33:14 Ce matin j'étais au Parlement européen pour fêter les 70 ans de cette institution
02:33:18 et nous avons à nouveau rendu hommage à Simone Veil
02:33:22 qui était la première femme présidente
02:33:26 du Parlement européen.
02:33:30 Et c'est pour cette raison également que je suis convaincue que ce droit à l'avortement
02:33:34 doit être inscrit dans la Constitution française.
02:33:38 (Applaudissements)
02:33:42 Donc continuons de faire avancer ces lois.
02:33:46 Ce dont nous avons besoin, tant dans nos lois que dans nos priorités politiques
02:33:50 c'est bien d'une stratégie qui nous permette de mettre fin
02:33:54 au règne de la domination et de l'exploitation sous toutes ses formes.
02:33:58 L'exploitation des femmes, des minorités, des ressources,
02:34:02 de la nature, tout ce qui est inhérent au modèle capitaliste patriarcal.
02:34:08 Nous devons déployer à la place et dans tous les champs
02:34:12 et dans nos fonctionnements une éthique de l'écoute et de l'expérimentation.
02:34:18 Et c'est bien à cela que sert ce colloque.
02:34:22 Moi je me réjouis des échanges et des débats, parfois forts et intenses,
02:34:26 qui ont eu lieu. Je pense que du moment qu'ils sont respectueux,
02:34:30 et bien ils sont les bienvenus, ces débats et ces échanges.
02:34:34 Ce colloque est là pour tisser des passerelles entre l'ensemble des forces féministes
02:34:38 et au-delà, pour continuer de faire avancer la cause des droits des femmes.
02:34:42 Je voudrais vous remercier tous et toutes,
02:34:46 et tout particulièrement les organisatrices de ce colloque.
02:34:50 Vous remerciez pour votre engagement féministe, pour vos actions et vos convictions complémentaires.
02:34:56 Merci à vous toutes pour votre exigence, pour votre énergie.
02:35:00 Et ensemble, dans notre diversité, puisons la force de continuer de lutter
02:35:06 toujours contre les violences faites aux femmes.
02:35:10 Puisons dans cette richesse de notre diversité, la force d'agir,
02:35:14 de faire grandir une société toujours plus féministe,
02:35:18 de faire grandir toujours plus les droits des femmes.
02:35:22 Merci beaucoup et bonne fin de journée à vous.
02:35:26 (Applaudissements)
02:35:36 Merci Madame la maire pour ce mot de la fin.
02:35:40 Et avant de vous laisser partir, je vous donne rendez-vous le 16 novembre 2023
02:35:45 pour le colloque de l'année prochaine.
02:35:48 Merci à toutes et à tous, et à toutes les équipes.
02:35:52 (Applaudissements)
02:35:56 (...)

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