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Née d'une PMA, une avocate part à la recherche de ses origines, une longue quête d'identité. Pour en parler, Audrey Kermalvezen, avocate spécialiste en bioéthique et fondatrice de l'association Origines.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 05 octobre 2023 avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau.

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00:05 Les trois questions du petit matin. C'était une avancée très attendue par de nombreuses personnes nées d'une procréation médicalement assistée.
00:12 Depuis un an, la loi permet aux enfants nés grâce à un don de sperme de connaître l'identité du donneur.
00:19 Mais entre l'intention politique de départ et la réalité, il y a un gouffre assez vertigineux.
00:25 En un an, trois réponses positives pour 434 demandes.
00:30 Bonjour Audrey Kermal-Wezen.
00:32 Bonjour.
00:33 Vous êtes avocate, vous avez fondé l'association Origines et vous-même vous êtes née d'un don de sperme, c'est en 1980.
00:40 Et vous avez cherché votre père biologique sans succès, malgré donc cette loi.
00:46 Tout à fait. En fait, ça fait depuis 2009 que je demande qu'on pose la question à mon donneur et qu'on respecte sa décision.
00:53 Parce que ce que beaucoup de gens ne savent pas, c'est que la règle de l'anonymat, elle a été inscrite dans la loi en 1994, donc quand j'avais 14 ans.
01:00 Je voulais qu'on lui pose la question à lui, sachant que de toute façon, il est protégé contre toute demande d'héritage, de filiation, etc.
01:08 Et qu'on respecte sa décision. Et cette possibilité de lui poser la question m'a été refusée depuis 2009, de façon constante.
01:16 Et lorsque la loi a enfin changé et que j'ai pu saisir une commission pour que cette commission accepte de rechercher mon donneur et lui pose la question, il s'est avéré qu'il était décédé.
01:26 Et en cas de décès, le législateur a considéré que l'enfant ne devait avoir accès à aucune information, ni l'identité, ni même les données non identifiantes.
01:39 Donc vous n'avez aucun élément sur lui, sur son identité ?
01:42 Aucun élément sur lui, aucun élément sur les membres de ma fratrie biologique.
01:47 Par exemple, je n'ai pas le droit de savoir si mon frère, celui avec lequel j'ai été élevé, a été conçu avec le même donneur.
01:53 Est-ce qu'on a le même père biologique ? Ça, je n'ai pas le droit de savoir.
01:57 Est-ce que mes demi-frères et soeurs biologiques se comptent sur les droits d'une main, ou en dizaines, ou en centaines ?
02:02 Je ne peux pas le savoir non plus. Alors qu'à l'époque de ma conception, les donneurs étaient rémunérés.
02:07 100 francs à chaque don, et il n'y avait pas de limite au nombre d'enfants qu'on pouvait faire avec un même donneur.
02:13 Et moi j'ai trois enfants, évidemment, si j'ai plein de demi-frères et soeurs dans la nature, j'imagine qu'ils pourront potentiellement aussi rencontrer des congénères sans le savoir.
02:23 D'où cette quête que vous menez depuis 14 ans ?
02:27 Tout à fait.
02:28 C'est une obsession pour vous de connaître l'identité de ce père biologique ?
02:34 Si vous voulez, moi le donneur, il ne m'a pas transmis un cœur, un rein, un foie, même pas un bras, il m'a donné la vie.
02:42 Donc je le porte en moi, en fait, il me constitue à 50%, son patrimoine génétique, je l'ai transmis à mes enfants.
02:49 Ma mère a été concernée par le dongamède à un instant T au moment de la grossesse, mais moi c'est toute ma vie.
02:57 Et c'est quelque chose que je transmets aussi à mes enfants.
03:00 Et je comprends que ça puisse être difficile pour certains de le concevoir, mais quand on ne sait pas qui est son père biologique, on peut se dire que ça peut être absolument n'importe qui.
03:10 Et c'est fatigant, en fait, d'être confronté à cette absence de réponse.
03:14 Et surtout, je ne comprends pas pourquoi le législateur a subordonné même le fait d'avoir des données non identifiantes à l'accord du donneur.
03:22 Et en pareil cas, vous savez, quand une femme qui a accouché sous X est décédée avant d'avoir pu dire ce qu'elle souhaitait, son identité est transmise à l'enfant.
03:32 Là, pour le donneur, ça verrouille tout. Le décès verrouille l'identité, alors qu'on peut se dire qu'à titre posthume, de toute façon, il n'a plus rien à craindre.
03:41 Et aussi, tout type d'infos, les antécédents médicaux, le nombre de demi-frères et sœurs...
03:49 - Je voulais dire, si je vous suis bien, puisque vous êtes avocate en plus, Audrey Kermal-Wezen, qu'il va falloir peut-être changer la loi.
03:56 - En tout cas, moi, je vais militer pour... Alors, vous savez que j'ai perdu devant la Cour européenne des droits de l'homme.
04:01 Je vais demander un réexamen de mon affaire devant la grande chambre.
04:04 Et je vais continuer à militer pour que la situation soit plus satisfaisante.
04:10 Parce que, quand j'ai entendu le ministère de la Santé dire que c'était un succès cette première année, alors qu'on est à moins de 1% de droit d'accès effectif à ses origines,
04:20 je me dis qu'il y a un problème. Il y a un écart entre la volonté politique et la réalité.
04:24 - Rapidement, pour conclure, votre mari est né d'une PMA, et lui, il a retrouvé son père.
04:28 - Oui, voilà. Donc, je sais d'autant... Nous, on dit "donneur", parce qu'il a déjà un père, mais je sais d'autant plus ce que ça fait de retrouver son donneur.
04:36 Et je trouve qu'ils s'entendent très bien, ils sont très contents de cette découverte l'un l'autre.
04:41 - Merci beaucoup Audrey Carmal-Wezen, avocate et fondatrice de l'association Origines.
04:46 On a compris que votre combat n'était pas terminé. Merci beaucoup. Belle journée à vous.
04:51 Wouf !

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