PAF : Analyses, décryptages et investigations sur les émissions télé !
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00:00 - Oui, pourquoi on parle de Michel Sardou ? Pour plusieurs raisons.
00:03 D'abord, il commence à tourner ce soir, première date à Rouen.
00:05 33 dates au total.
00:07 Et hier, BFM TV lui consacrait un documentaire.
00:10 On a beaucoup vu Michel Sardou.
00:11 Oui, vous l'avez vu le documentaire ?
00:12 - Bien fait. - Ligne rouge ?
00:13 - Non, c'était très bien fait.
00:14 Il y avait un mot que je n'ai pas aimé dans le documentaire.
00:16 - Un mot ? Ça va ?
00:17 - Non, il y a un mot qui n'était pas mal choisi en tout cas
00:20 parce que le commentaire, je ne sais pas qui a écrit ce commentaire
00:22 en disant à la voix de Michel Sardou, "c'est iol".
00:25 - Ah ! Ça a été vrai à une toute petite période ?
00:28 - Non. Moi, j'ai vu Sardou 28 fois sur scène depuis 1973.
00:32 - Vous savez quoi ? On va en parler.
00:34 On regarde un extrait et on en parle après.
00:36 - Avec plaisir.
00:37 La main levée pour rappeler le salut nazi.
00:40 Le chanteur, tout juste 20 ans, n'a pas peur de faire la leçon aux jeunes hippies.
00:45 Ce soutien aux GI aurait presque pu passer inaperçu
00:49 si la sortie du disque n'était pas tombée au pire moment.
00:53 - Et je sors la chanson "Les Ricains".
00:55 Non, le jour où la décision a été prise d'évacuer les bases américaines en France.
01:01 Évidemment, ce n'était pas le moment de sortir "Les Ricains".
01:03 Mais je ne pouvais pas savoir que ça tombait pile le jour où je sortais ma chanson.
01:07 Alors, il y a un gendarme qui est arrivé à Europe 1
01:10 et on fait comprendre gentiment qu'il valait mieux.
01:12 Ce qui a été formidable d'ailleurs parce qu'une chanson interdite, c'est un rêve.
01:17 - Le général de Gaulle quand même.
01:19 Une chanson interdite par le général de Gaulle, "Les Ricains".
01:21 Le général de Gaulle avait interdit la chanson
01:23 parce qu'il détestait les Américains de Gaulle.
01:25 Donc, c'est la seule chanson qu'il a interdite.
01:27 - Voilà, c'est quand même incroyable. C'était une pub formidable.
01:30 - Mais c'est génial pour l'ancien artiste surtout.
01:32 En 1967, de Gaulle décide que toutes les bases américaines
01:35 qui sont du côté de Limoges, Châteauroux là-bas,
01:37 on enlève tout et on les fait repartir depuis la Libération.
01:40 Ils s'y étaient installés en France.
01:42 - Michel Sabou, chanteur polémique.
01:44 - Oh oui, polémique.
01:45 - Et depuis le début, il a fait des chansons sur la peine de mort.
01:50 Il a fait des chansons sur l'homosexualité.
01:52 Il a fait des chansons sur le viol.
01:54 - Sur les colonies aussi.
01:56 - Oui, bien sûr.
01:57 - Non, ça c'est un malentendu.
01:59 - Non, mais c'est important d'expliquer.
02:01 Quand Sardou chante "Les villes de solitude" en 1973,
02:04 il dit dans sa phrase, "Je voudrais violer des femmes", etc.
02:08 Béry Balavoine, en 1978, chante une chanson dans l'opéra rock
02:13 de Michel Berger où il dit...
02:15 - "Quand on arrive en ville".
02:16 - "Quand on arrive en ville", exactement.
02:18 Et il nous dit, "Voilà, nous on viole les femmes dans les parkings".
02:21 Personne s'est soulevé à ce moment-là.
02:23 - Pas grand-chose à voir.
02:24 - Non, mais c'est la même...
02:26 Il faut savoir que Michel Sardou n'est pas l'homme de ses chansons.
02:29 Comme les acteurs.
02:31 Les acteurs ne sont pas les gens qu'ils incarnent sur scène.
02:35 Et je pense qu'on confond un peu tout.
02:37 On fait un amalgame quand ça nous arrange contre l'un ou l'autre.
02:40 - Justement, Ludivine, elle a parlé de le temps béni des colonies.
02:44 Honnêtement, il se met dans la peau d'un mec qui profite du système.
02:48 - Exactement.
02:49 - Lui, il ne l'était pas du tout.
02:50 Vous avez compris l'inverse de ce que dit la chanson.
02:53 C'est ça qui est terrible.
02:54 C'est le malentendu Sardou.
02:55 Tu crois que Raquel Garrido et Alexis Corbière, ils adoreraient Sardou
02:58 si Sardou était ce qu'on dit qu'il est ?
03:00 - Mais quelque soit, en fait, il y a des personnes qui arrivent à détacher
03:02 l'artiste de certaines de ses chansons.
03:04 - C'est ça le malentendu.
03:05 - Moi, je m'y refuse.
03:06 Et je pense qu'après, voilà, on a des vérités arrangeantes
03:08 en fonction de...
03:09 - Mais tu vois, la malhonnêteté absolue des médias,
03:13 et notamment des journalistes comme Libération
03:15 quand ils parlent de la France-France,
03:17 c'est qu'on parle de connusse pour les Restos du Cœur.
03:20 À la création des Restos du Cœur, le soir de la création,
03:23 il y a Sardou qui a donné 100 000 francs aux Restos du Cœur.
03:26 Il est le seul à l'avoir fait.
03:27 C'est lui qui a poussé, qui a subi Goldman tout de suite,
03:29 qui a poussé Johnny, Eddie Mitchell et Véronique Samson
03:31 à faire la première tournée en 85.
03:33 On ne lui en a jamais fait crédit.
03:35 Et comme il ne sait pas se faire aimer des gens dont il n'a rien à foutre,
03:38 il ne l'a jamais dit.
03:40 - Heureusement que tu rétablis ça.
03:42 - Mais oui, mais oui.
03:43 Je trouve ça malhonnête de ne jamais le dire.
03:45 - Le fait que ce soit un chanteur clivant...
03:47 Moi, je dis toujours que si Maxime Le Forestier avait chanté Le France,
03:51 Le France serait une chanson de gauche.
03:53 Et si Sardou avait chanté La Montagne de Jean Ferrat,
03:56 La Montagne serait devenue une chanson de droite.
03:58 - Voilà, exact.
03:59 - Puisque c'était la polémique de cet été aussi à travers des propos de Juliette Armanet.
04:02 Eh bien, ce qui est très important de comprendre,
04:04 c'est qu'on met les gens dans des cases et on ne peut plus en sortir.
04:07 Et c'est le cas de Sardou qui n'est pas l'homme de ses chansons.
04:10 Il a le droit d'interpréter.
04:11 - Et il dit Copan Coluche.
04:12 - Encore une fois de plus.
04:13 - Bien sûr.
04:14 Et Isabelle a raison de le rappeler.
04:15 C'est qu'histoire, c'est très important.
04:17 Donc c'est ça.
04:18 Mais moi, la plus belle anecdote sur Sardou...
04:20 - Fabien, Fabien.
04:21 - Non, non.
04:22 - C'est quoi la plus belle anecdote ?
04:23 - La plus belle anecdote dont personne ne parle jamais.
04:25 - Ah, une anecdote, Fabien.
04:27 - Sardou détient un record.
04:29 - Lequel ?
04:30 - Au monde.
04:31 - De vente ?
04:32 - Non, non.
04:33 Non, non, mais là, on connaît les 100 millions de disques vendus, tout ça.
04:34 Non, non.
04:35 Là, c'est un vrai record.
04:36 Ça n'existe pas.
04:37 Ça va peut-être te choquer.
04:38 - Non, mais il n'y a plus rien qui me choquerait de Michel Sardou.
04:41 - C'est-à-dire qu'en fait, Sardou a été papa de 2 enfants à 33 jours d'intervalle.
04:48 C'est-à-dire que la 2e fille qu'il a eue avec sa 1re femme, Françoise, est née le 4 décembre 1973.
04:54 Et son 1er fils qu'il a eu avec sa compagne à l'époque, Babette, il est né le 6 janvier 1974.
05:02 C'est du jamais vu au monde.
05:04 Alors ça existe dans certaines familles.
05:06 Bon, à l'époque, il n'y avait pas les réseaux sociaux.
05:08 Du tout.
05:09 Personne n'en a parlé.
05:10 - Il faisait la même chose.
05:11 - Il en a parlé, lui.
05:12 - Bien sûr, je précise, avec 2 femmes différentes.
05:13 - Il en a parlé, lui.
05:14 - Il en a parlé.
05:15 Moi, il m'en avait parlé déjà en 1980 dans une interview que j'avais faite de lui pour
05:18 un journal pour jeunes à l'époque qui s'appelait Stéphanie.
05:21 Et il avait balancé le truc, etc.
05:23 Mais ça n'avait pas été repris plus que ça.
05:25 Il n'y avait pas cette finalité qu'on a aujourd'hui sur un mot, une parole.
05:29 - Et c'est qui Michel Sardou ?
05:30 Parce qu'il arrive encore à faire parler de lui, effectivement, avec la polémique sur les lacs du Connemara, comme on a entendu.
05:35 - Il n'avait rien demandé, d'ailleurs.
05:36 - Pardon ?
05:37 - Il n'avait rien demandé.
05:38 - Il n'avait rien demandé, effectivement.
05:39 Michel Sardou est toujours là.
05:40 Est-ce que c'est la dernière grande icône française ?
05:43 - Oui.
05:44 - Chanson française.
05:45 - C'est un monument.
05:46 Il est atypique.
05:47 C'est une sorte de bardeau masculin.
05:48 Il n'en a rien à foutre.
05:49 Il dit "je suis comme ça, j'ai dit des conneries, je suis français, je suis râleur".
05:52 Mais c'est surtout...
05:53 Moi, j'ai fait une semaine en Irlande avec lui en 88.
05:55 Il y avait Renaud, il y avait Pierre Perret, il y avait Chadier, il y en avait plein.
05:58 Il y avait Dao.
05:59 On s'est dit, c'était une émission de Denis Zon.
06:01 On s'est dit "il va faire chier, Sardou".
06:03 En plus, il avait du chagrin.
06:05 Le deuxième mari de Mireille d'Arc venait de mourir.
06:07 Enfin bon, bref.
06:08 Il était vraiment très triste.
06:09 Eh bien, il est arrivé le seul qui a chanté 12 000 fois "Les lacs du Connemara" pour les pochetrons du Connemara,
06:15 qui a été adorable, c'est Sardou.
06:17 Tous les autres se sont tirés, sont allés faire leurs petites affaires.
06:20 Et lui, il a été génial.
06:21 - Michel Sardou est très sympa, Fabien.
06:22 Il a toujours eu deux Frances en France.
06:25 Là, aujourd'hui, on a la France de Cyril Hanouna, de Yann Barthez.
06:29 - Cyril Hanouna, il a mis trois minutes.
06:33 - Mais c'est très important.
06:35 On a eu la France de Guy Lux et de Jacques Chancel dans les années 70.
06:38 Il y a toujours eu deux Frances.
06:40 C'est-à-dire que les deux ont raison et ont tort en même temps.
06:43 C'est-à-dire que c'est comme ça, on ne peut pas plaire à tout le monde, encore une fois de plus.
06:46 - Une question.
06:47 Quel impact, Michel Sardou, va-t-il laisser la nouvelle génération de chanteurs français ?
06:51 Est-ce qu'il a eu, ou est-ce qu'il a une influence particulière ?
06:54 Est-ce qu'il y a un successeur, Michel Sardou ?
06:56 - Oui, c'est chaud, ça.
06:57 - Ça, c'est une question, c'est une vraie question, parce qu'un successeur,
07:00 probablement, il y a des artistes de talent dans la nouvelle génération, aujourd'hui.
07:03 Maintenant, c'est les auteurs-compositeurs.
07:05 Parce que si vous écoutez bien l'œuvre de Sardou, elle est magistrale.
07:08 C'est des grands, grands noms autour de lui.
07:10 Que ce soit Barbe Olivier, que ce soit Claude Lemel, que ce soit Pierre Delanoë,
07:13 que ce soit Jacques Reveaux, le compositeur, qui a pratiquement composé 80 % de son œuvre.
07:17 C'est-à-dire qu'il est quand même habillé sur mesure.
07:19 Et pour écrire, reliser les chansons de Sardou, vous allez voir,
07:23 c'est sans la musique, c'est des vrais textes.
07:26 Et on sait pourquoi les chansons traversent le temps encore aujourd'hui.
07:29 - Et Olivier, quelle est votre chanson préférée de Michel Sardou ?
07:31 Non mais tout le monde connaît Michel Sardou.
07:33 - Bien sûr.
07:34 - On va tous danser sur Michel Sardou.
07:35 C'est quoi votre chanson préférée ?
07:36 - Je ne sais pas, mais en tout cas, l'évidence qui consiste à dire
07:39 qu'on peut séparer un homme de sa production,
07:41 je pense qu'elle est de moins en moins évidente.
07:43 Et c'est pour ça que, de plus en plus, on se pose la question
07:46 "Est-ce qu'on va étudier demain Céline au lycée ?"
07:49 Et toutes ces questions-là, elles se posent.
07:51 On ne peut pas faire comme si elles ne se posaient pas.
07:52 Je pense qu'effectivement, à une époque qui était peut-être
07:54 les années 60, les années 70, il y avait, même dans les sciences humaines,
07:57 qui étaient très structuralistes, on séparait les choses.
08:00 Là, aujourd'hui, on ne voit pas.
08:02 - Il a dit des chansons.
08:04 - "Femme des années 80 et femme jusqu'au dessin".
08:06 - Je vais t'aimer.
08:08 - J'aime beaucoup.
08:09 - Isabelle.
08:10 - J'habite en France.
08:11 - Non, Michel Sardou, ce n'est pas fan.
08:13 - Non, sa soeur.
08:14 - Il vous a dit sa soeur.
08:15 - Sa soeur, Fabien.
08:17 - Une chanson qui est moins connue, dont il a fait "Paroles et musiques",
08:20 c'est "Verdun".
08:21 - Ah oui.
08:22 - Vraie grande chanson symphonique.
08:23 - Sur la guerre.
08:24 - On l'écoute bien.
08:25 - Vous la connaissez ?
08:26 - C'était en 1979.
08:27 - Est-ce qu'on l'a, "Verdun", en régie ?
08:28 - À mon avis, non pas, parce que ce n'est pas dans les immenses tubes de Michel.
08:29 - Ah bon ?
08:30 - Mais il faut rappeler que c'est un auteur-compositeur brillant.
08:32 - Et votre chanson préférée, Pascal ?
08:33 - Oui, Pascal.
08:34 - "Femme des années 80", je ne m'en lasse pas.
08:36 - C'est la première à danser dessus.
08:37 - Oui.
08:38 - C'est toi qui as dit ça.
08:39 - Oui.
08:40 - Oui, je crois qu'on va pouvoir aller dans ses chansons.
08:41 - On est d'accord.
08:42 - "Femme des années 80".
08:43 - C'est exactement ça.
08:44 Michel Sardou, donc, qui entame une tournée.
08:45 - Une nouvelle tournée.
08:46 - 33 dates.
08:47 Et ce soir, ça commence...
08:48 Non, ce n'est pas ça, dans un voyage en action.
08:49 - Non.
08:50 - Là, franchement, c'est loupé.
08:51 Ce n'est pas grave.
08:52 - Ils sont en train de chercher, les pauvres.
08:53 - Ils sont en train de chercher.
08:54 - Non, dans le documentaire, il y avait une phrase formidable de Didier Barbelivien.
08:59 Sardou lui dit à Barbelivien, au moment où il doit écrire une chanson, je crois que c'est
09:02 au moment où il a fait la chanson "Rouge".
09:03 À un moment donné, il dit, tu sais, ne commence pas à m'écrire des imbécilités ou des
09:07 conneries parce que moi, après, toi, tu les écris une fois, moi, je les chante 500 fois
09:10 derrière.
09:11 - Voilà, exactement.
09:12 - Je trouve que c'est la très grande phrase du documentaire.
09:14 [Musique]